NOM(S) - Cyganik. PRÉNOM(S) - Oze Vitaly, choix merdique de sa mère, comme toutes les décisions qu'elle a pu prendre, d'ailleurs. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - né le trois octobre à Hel, malgré lui. Âgé de vingt trois ans. NATIONALITÉ - anglaise, même si la pologne danse dans ses veines. STATUT CIVIL - très intime avec la cuvette de ses chiottes. ORIENTATION SEXUELLE - on l'a jamais vraiment vu avec des filles, ni avec des hommes, personne n'en sait rien. MÉTIER - en pleine lutte contre le cancer, c'est suffisant.  GROUPE - coeur las. AVATAR - rhuan favoretto.

Oze, c'est pas le gars qu'on remarque. Il est là, assit dans son coin à fixer le vide. Toujours le vide. C'est tellement moins effrayant de plonger dans le rien que dans le regard des autres. Il pourrait être beau si des cernes ne creusaient pas ses yeux en deux orbites de désespoir. Pour combler son manque d'élégance, Oze sourit, souvent. Toujours. Le genre de sourire désespéré. On lui donnerait presque de son âme pour essayer de le réanimer. A croire que c'est juste un peu trop tard. De toute façon, ça sert à rien de lui tendre la main. Il en veut pas, de l'aide des autres. Ça l'effraie, ça le rend même agressif. Le mal est partout, il l'a appris à ses dépends. Sans vraiment le vouloir, comme ça, du jour au lendemain. Sur un lit d'hôpital. Oze s'en souvient comme si c'était hier. Sous ses draps fins et blancs. Ça puait la maladie, la mort, le deuil. Ça respirait le désespoir mais aussi l'espoir. Une sensation étrange qui le panique encore. Un grand médecin qui lui annonce son cancer. Et juste derrière lui, une infirmière, blonde, à tenter de lui donner le courage. C'est fou comme ça pouvait sonner étrangement à ses tympans. C'est un peu comme si on lui avait dit 'hey mec, tu vas crever, mais dans longtemps. Ou peut-être jamais. Mais y a quand même vachement de chance pour pas que tu t'en sortes. Mais en attendant, profite, profite.' Et démerde toi avec ça.
Des tas de personnes lui ont tourné le dos, suite à ça. Les gens ont vraiment été moches. Pourtant, il a pas perdu la face, du moins, pas ouvertement. Oze, il vit encore, sourire aux lèvres, dans sa bulle. Son âme, recouverte d'une épaisse couche de chair aimerait parfois s'y libérer. Retrouver ce bonheur perdu sur un bout de chemin rocailleux.
Au fond, il a envie de vivre, c'est juste plus difficile que prévu, quand la mort vous guette. Une simple balle dans la tête effacerait le désespoir. Oui, dans le crâne, comme tous les hommes. Parce que les femmes, elles, elles visent le cœur, pour détruire ce qui les font souffrir. Les mecs, eux, ils convoitent le cerveau, pour effacer les pensées volatiles, les souvenirs. Les sentiments n'existent plus, seule la torture psychique vit. Une balle dans la tête, la vie d'Oze ne tient qu'à ça, et une once d'hésitation.
Vingt et un grammes d'âme, comme les autres disent, ça mérite pas plus d'importance que ça, quand on y pense.

PSEUDO - l'enfant sauvage. PRÉNOM - amandine. ÂGE - 18 ans. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - ollp, oui oui. COMMENTAIRE(S) - je poste à la sauvage avec un pseudo à la sauvage.   POISSON PRÉFÉRÉ - némo. CODE AVATAR -

Code:

<pris>rhuan favoretto</pris> <ppn> oze cyganik</ppn>

Cancer, abandon, décès et Aristée. C'est ce à quoi sa vie se résume. Surtout à Aristée. Mais aussi à un tas d'autres choses. Aristée.
Ça se dessine en trois grandes étapes de la vie. Trois obstacles presque impossible à franchir, le genre de truc qui vous amoche. Ils égratignent vos genoux, vous cassent la mâchoire et terminent par vous briser les côtes. Les côtes, c'est douloureux, on peut plus respirer correctement après. Et ça il en sait quelque chose, Oze.

bang. (7 ans)

Le premier coup de pute commence à sept ans. Sept ans, c'est jeune, on comprend encore rien à la vie. On sait juste écrire, lire, compter et puis c'est tout. L'important c'est pas la vie mais plutôt ce qu'elle apporte, comme le bonheur. Les amis. L'amour. L'affection. Et Pokémon. Des trucs pour les gosses quoi.
Sauf que j'sais pas, y a eu un problème quelque part. Une sélection de dieu ou une connerie dans le genre. Une loterie acide ayant désignée un petit gars frisé et heureux. Trop heureux : Oze.
Le sort a voulu lui enlever sa superbe chevelure et enfermer sa joie dans une minuscule chambre d'hôpital. Tous les jours, ses parents et sa petite sœur lui rendaient visite, pour l'encourager. Lui dire comme ils pouvaient l'aimer. Et chaque journ ils partaient avec le cœur lourd et l'idée que ce serait peut-être la dernière fois. Une tumeur au cerveau, c'est pas rien. C'est cruel. Surtout sur un pauvre gamin. Mais c'est comme ça, je présume. La nature se doit parfois de faire le tri et tester les espèces qu'elle porte sur ses épaules. Autant dire que Oze était une force de la nature. Après cinq ans de galère éternelle, le cancer a foutu le camp. À la grande surprise de sa famille et de lui-même.
Il a perdu beaucoup de temps. Raté quelques étapes aussi mais au moins, il était vivant. Et c'est quand même l'essentiel.

Jusque là, des croûtes sur les genoux, c'est franchement pas grand chose.

bang. (20 ans)

C'était facile, beaucoup trop facile. La vie qui reprend son court, les cheveux qui repoussent. Le bonheur qui retrouve petit à petit ses marques, comme ça, dans chaque geste du quotidien. Puis les lèvres, qui s'étirent à nouveau. Oze respire, il se sent chanceux, d'avoir battu la maladie. S'en vante parfois, aussi. Le cancer, ça l'a rendu indestructible.
Du moins, pendant quelques temps. Vous savez, c'est un peu comme une pause, juste avant que la guerre n'arrive. Plus forte, plus cruelle. Elle donne de la force pour mieux frapper.
Dix neuf ans, l'année du renouvellement. Le cancer revient. C'est comme un putain de coup de poing dans la gueule. Pas pour Oze uniquement aussi pour son entourage.
Cancer ça rime avec nausées, avec fièvre, avec chimio, avec hallucinations, avec douleur. Mais surtout avec mort certaine.
Il panique, il flippe mais il accepte son sort. Oze se bat pas pour lui mais pour les autres. Il aime beaucoup les autres. Surtout sa mère. Pourtant, le brun ne lit que du désespoir dans ses yeux. Même pas un peu d'optimiste. Elle est fragile, il le sait mais ne peut rien y faire.
Kiersten lui tend les bras et s'accroche à son cou. Son petit garçon est déjà plus grand qu'elle. Son souffle chaud s'échoue sur son épiderme brûlée par le traitement.
Oze grimace. La repousse, à contre cœur. Mais c'est nécessaire. « Mais je t'aime. » Ô cette voix. Ce timbre brisé, perdu.

« L'amour ça fait mal. » Elle quitte la pièce. La phrase d'Oze est peut-être déplacée. Il en sait rien et il s'en fout. Il a plus le temps de réfléchir avant de parler.
Une partie de lui le pousse à rattraper le bras de la jeune femme mais il ne le fait pas. Sa gorge est trop serrée, par l'envie de vomir et d'aller dormir. Pourtant, il a envie de lui dire … de lui expliquer que s'il meurt, ce n'est pas de la faute de sa mère. Ni de personne, juste de la vie.

A la place de ça, il prend une longue inspiration pour se faire à l'idée des années à venir. C'est déjà fatiguant. Oze aurait du lui dire, la prévenir. Il l'a pas fait, ce doit être pour ça d'ailleurs, qu'au petit matin, sa mère n'était plus là. Juste un mot posé sur la table. Je n'ai pas la force, je suis désolée. Je t'aime.

Pas la force de quoi ? C'est tellement con, putain.

La mâchoire brisée, début de l'étourdissement.

You're dead. (23 ans)

La dernière étape reste la plus dure, la plus violente. Elle respire la mort et le deuil. C'est un tableau noir, sans issu. Le simple fait d'y penser lui noue la gorge, un peu comme avaler des morceaux de verre.

Les flammes s'élèvent, dégagent une fumée crasseuse. Les premières minutes, Oze est persuadé d'une hallucination causé par son traitement. Ses mains se posent sur ses yeux rougis par la fatigue. Lorsque ses paupières s'ouvrent à nouveau, le chaos règne encore, autour de lui. Son cœur bat à vive allure. L'adrénaline grimpe d'un cran. Les flammes ne crament pas seulement cette bibliothèque. Elles s'attaquent à son âme. Son âme qui cherche la présence de sa petite sœur. Âgé d'un peu moins de deux ans que lui.

Oze crie. C'est comme crier dans le vide. Il entend son écho résonner dans sa tête. Sa voix est peut-être trop brisée pour être entendue, au final. L'envie de se la jouer super héros lui traverse l'esprit. Il se voit bien sauter au milieu des flammes pour retrouver l'être cher.
Oze est à deux doigts de le faire. Jusqu'à ce que les urgences le retiennent sauvagement par le bras. Un bleu se dessine sur son épiderme mais ça lui est égal. Il hurle encore, au milieu des larmes qui coulent sur sa joue brûlante.

Enfin, Aristée apparaît dans son chant de vision. Aristée, le petit copain de sa sœur. Même au milieu de cette bataille, Oze parvient à le trouver attirant. Il lui a toujours trouvé un quelque chose de toute façon. Il aurait pas du tenter quoi que ce soit de plus que des regards avec ce type. Malade de solitude. Malade d'amour. Malade, tout court. Le brun n'avait pas su le repousser sans ménagement. À vrai dire, l'idée même de le faire ne lui avait pas traversé l'esprit, couché sur ce matelas, contre lui. Parce que de ce côté là, il n'y a pas de résistance à avoir, pas avec ses instincts. C'est impossible. Alors, il s'était tout simplement juré de ne plus recommencer.

Donc, Aristée, pas très loin d'Oze, suffisamment pour comprendre ses paroles. À la base, il est là uniquement pour lui demander s'il a pas vu sa sœur. Ça le coupe dans son élan, sauvagement. De façon nette et précise. Un coup de hache sur la colonne vertébrale.
« … N… Niel… Je … Putain … J’viens de faire une… une putain de connerie … Je… Merde… »
le temps s'arrête, en même temps que sa respiration. Son cerveau veut pas vraiment faire le lien entre les deux. Aristée est pas capable de ça.
Pas capable de ça.
Mon cul ouais.
De toute façon, pas le temps de réfléchir plus à ça. On sort enfin sa sœur entre les flammes. Encore une fois, les pompiers le retiennent. Elle est morte. C'est un peu sauvage, comme annonce. Il reste plus qu'à se laisser tomber sur l'herbe humide et réaliser que ce petit bout de vie n'est plus. Bizarrement, les larmes ne coulent même plus, coincées par un horrible sentiment de vide.

C'est ce qu'on appelle un putain de coup dans les côtes. Comme se faire percuter par un bus de pleine face. Les roues lui roulent dessus, sans s'arrêter. Oze se pense mort. Il vit encore. Lui, le cancéreux. Lui, le malade. Son corps atteint ne pouvait pas survivre à la chimio mais parvenait à combattre un bus.

Putain.

Douvres. C'est là qu'il a décidé de puiser ses derniers mois de vie. De se battre sans conviction. Parce qu'il a toujours aimé l'océan, depuis tout petit. Il partait souvent en vacances avec sa famille, ça lui mettait du baume au cœur. L'écume des vagues sur le sable encore frais de la nuit. Les oiseaux qui chantent. Le glissement des poissons sous l'eau. Juste ça.

Et la rumeur d'y trouver Aristée.