NOM(S) - Sohkâar, si ça détone pas mal au Angleterre, personne en Égypte ne c'est jamais retourné sur cette famille. Pauvre, sans  avenir ni ambition, si ce n'est celle de survivre. Soyons franc, en ville seul l'exotisme des sonorité sauve la face à celui qui le porte. PRÉNOM(S) - Noun, Sethi. Le premier Noun a toujours refusé de s'étendre sur le sujet. Oui bien sûr les blagues sur "la noune" lui refile de l'urticaire. Sethi, un simple et banal dérivé de Seth. Là encore, rien ne bien original dans son pays-mère. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - 21 ans née au Caire. NATIONALITÉ - Naturalisé anglais à ses 20 ans, depuis un an donc. Il est arrivé ici avec sa mère, son père n'a jamais passé les frontières. Ni du pays, ni du carnet de famille d'ailleurs. STATUT CIVIL - Célibataire. ORIENTATION SEXUELLE - Pd. MÉTIER - Employé de la voirie. T'en qu'à si connaitre question sable, autant mettre le tout à profit pour un boulot de merde. GROUPE - Éphémère infini. AVATAR - Ethan James.

Le desert. Immensité de poussière au relent de thé à la menthe. Saveur de sable et de néant. Un monde où la mer est sèche ; puis soudain, un monde où la mer s'écoule. On cherche à me noyer. Parce que je connaissais le vent qui brule la peau, la chaleur d'un soleil sans nuages ni concessions. Et ce feu demeure dans mes yeux, même si l'on cherche à me noyer. Puis, leurs foutus embruns. Ces insupportables courants d'air glacés. Ils se jettent contre les falaises ; non, ils se jettent contre moi. Je sens leurs doigts bleuies qui m'attrapent à la gorge, leurs ongles qui grincent contre mes pupilles. La falaise n'est qu'un promontoire duquel on cherche à me pousser. Peu à peu des visages aussi, déforment la pierre. D'immenses bouches s'ouvrant toujours plus grandes  semblent elles, vouloir avaler la dureté blanche. M'avaler moi. Car leurs yeux de rocailles n'ont ni iris, ni paupières, seulement cette blancheur spectrale qui me dévore.

Un hurlement dans le noir, il s'agit sûrement du mien.

TSPT, c'était sortie de la bouche d'un médecin anglais. Ce vieux tout en barbe et lunettes aux montures à écailles avait l'air affligé. Moi, je n'ai pas compris, je ne pensais qu'à mes parents. Pour appréhender mon sort, ma faiblesse, il faut d'abord revenir en arrière. Je suis un enfant du désert, de ses portes plus exactement. Je ne vivait ni au Caire, ni dans les Dunes, tout au plus dans cet entre-deux qu'on nomme bidonville. Et j'avais faim. Par la suite, tout se résuma à quelques mots clefs : les manifestations de la faim, c'était en 2008 ; la révoltes de Papyrus, en 2011 ; l'exil. Le reste ce sont les médecins qui ont devinés, déduits, analysés. Puis, finalement, ont posés ces fameux termes sur la table. Trouble de stress post-traumatique.

Et tout s'emmêla.