Nous avons arrêté de chercher les monstres sous notre lit le jour où nous avons compris qu'ils étaient en nous. ▲ Anonyme
NOM - Ó Broin. C'est irlandais, gaélique. c'est le corbeau. Tu te sens corbeau ? Qu'importe, c'est dans tes tripes, c'est dans tes gênes. C'est ce que tu es, ne dis pas nom ne le nie pas. Accepte, accepte la condition. Accepte le noir sur tes épaules et les ailes hideuses qui pousseront dans ton dos. Accepte tout ça en te taisant car hurler, vois-tu, hurler ne te servira à rien. Hurler ne t'a jamais servi à grand chose. Personne pour entendre. Ce qu'on te chuchote à l'oreille est vrai : on n'écoute pas les corbeaux. PRÉNOM - Eluart. Comme Paul. Presque tout comme Paul. Le surréalisme il n'est pas juste dans ses mots il est aussi entre tes deux temps à hurler, à hurler que tout ce que tu fais dérailles. Il décape les parois de ton crâne, il se gausse à en vomir des rêves de malappris, il t'achève quand tu ne comprends rien. Ton prénom, c'est tout ça à la fois et c'est un peu plus encore, sûrement ; tu comprendras plus tard. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - 21 ans. T'es pas vieux en dedans, n'est-ce pas ? un pauvre gamin paumé qui titube en marchant. tant pis. tant pis pour toi. Les vingt-et-une années d'avant, celles qui viendront après - qu'importe combien il y en aura - dans ta tête seront gâchées. Galway. La ville est belle, la ville est douce, la ville ne te convient pas. Tu rêvais de grandeur sublime, tu rêvais de Paname dans ta poche, de Dublin en collier. Que dalle. Mais pleure, maintenant, pleure Galway la perdue, car Oxford t'as blessé, car Douvres te tuera. NATIONALITÉ - Irlandais. La Terre de tes ancètres et ses âmes perdues brillent dans tes cheveux et tu affiches avec fierté ce qu'ils se plaisent à vouloir te faire refouler. crache, crache leur à la gueule, c'est tout ce qu'ils auront. Cadeau de l'irlandais, du pauvre gamin roux. STATUT CIVIL - Célibataire. Tu le resteras, n'est-ce pas ? c'est ce que tu hurles, en tous les cas, quand la nuit devient trop sombre pour ton corps amoché, quand le noir est assez épais pour se souvenir de ses doigts crasseux contre... Célibataire. ORIENTATION SEXUELLE - Hétérosexuel. Il aime les femmes et il le dit à qui peut - veut l'entendre. Il se persuade que jamais l'homme n'a eu la moindre emprise sur lui, que seule la femme a su le tenir debout. Mais au final, comme le grand Jacques, peut-être aime-t-il trop l'amour pour aimer les femmes. MÉTIER - Chômeur vagabond. Ou vagabond chômeur. L'important, c'est de marcher, de toujours marcher et cela sans savoir où tu dormiras le soir, dans les bras de qui, contre la peau de quelle putain assez en manque pour vouloir de ton âme, pour te donner ta came. GROUPE - Âme amère. Comme le mot est triste, comme le mot est faible entre tes lèvres craquelées. Comme ça semble idiot quand toi tu le dis, comme il faudrait plus grand et comme il faudrait mieux. Tant pis, gamin, fais avec ce qu'il y a. AVATAR - Olivier Dale.
Le chant de l'âme
Tu n’es pas grand autant que tu n’es pas petit. Tu n’es pas franchement beau non plus et tu le sais trop bien. Mais pire que ta gueule, il y a ta peau, ta peau trop sale pour que tu la montres. Recroqueville-toi, vite, pour en cacher le plus possible aux yeux du monde qui t’entoure. Tu caches ton corps depuis qu’il a été meurtri. Tu ne rigoles plus beaucoup non plus. Tu sais, ce sourire à la con qui était joliment calé sur ton visage, jadis. Tu te gobergeais avec une foutue élégance sur la rancœur du peuple. Elle est toute en toi, aujourd’hui la rancœur, et elle ressort par bouffées quand ils te regardent de trop près. Quand l’odeur te rappelle le passé. Ou quand les mains sont trop proches. Tu as peur. Tu as peur de ces ombres qui s’approchent de toi et veulent te toucher. Bordel, s’il n’y avait que cela. Il n’y a pas que cela.
Tu tournes en rond, chaque jour ton cercle se rétrécit, chaque jour tu es plus laid à voir que la veille. Chaque jour tu tournes plus vite. C’est triste à dire mais tu te noies dans tes propres souvenirs. Ta mémoire est devenue ta pire ennemie, elle se gausse de toi, de tes pieds à ta tête. Elle t’enlace pour te bouffer quand tu as le dos tourné. Mais si t’es seul, gamin, c’est pas qu’ils ne veulent plus t’approcher où qu’ils t’approchent mal, c’est que tu ne veux pas comprendre pourquoi ils le font. Ce que tu sais le mieux faire, au fond depuis que tu as… depuis, c’est leur cracher à la gueule. Tu t’es bien entrainé à viser, tu as réussi, ne t’en fais pas. Abruti.
Mais s’il n’y avait que tes mots pour leur écorcher la gueule. Regarde-toi, merde. Tu trempes dans leur alcool. Tu sens mauvais et tu t’en branles. Il n’y a que toi pour te sentir et on s’habitue vite à ce qui nous détruit. La clope entre deux doigts, tu ne la lâches que pour un joint. Le joint, tu ne le poses sur le bitume que pour placer un peu de blanche dans le creux de ta main. Ta douleur, elle se lit dans les cernes sous tes yeux. Forcément, tu fais peur. Ça te rassure, le matin, quand tu te lèves, d’être seul, de voir que la putain de la nuit s’est plu à foutre le camp dès que possible. Ce sont là tes seuls moments de reconnaissances. Tu bénis la fille d’une nuit quelques instants, quelques instants seulement car après tu l’oublies.
Tes mains tremblent encore après quelques années. Elles ont commencé à le faire quand d’autres se sont posées dans ton dos. Tu ne fermes plus les yeux quand il faut la nuit. La nuit, tout est bien trop présent sur la surface de l’œil pour pouvoir faire semblant. Parfois, tu hurles un peu plus fort, persuadé encore – insouciant attardé – que tu pourras vomir tes cauchemars. Tu ne pourras pas, laisse moi t’en convaincre.
Le jour, ce n’est pas vraiment pareil. Le jour tu joues ton rôle parfait de délinquant parfait. Tu fais peur aux gamins et tu agresses les vieux. Tu te persuades que c’est ce qui est en toi qui est hideux et pas l’enveloppe. Tu frappes beaucoup parce que cela tu sais. Tu ne dis que peu parce que tu as peur de te foirer de confondre le bon mot avec tous les autres mauvais qui l’entourent. Et toujours tu regardes le sang quand il coule de l’autre. Pas un besoin carnassier, non. Juste une putain de peur de fermer les yeux. De toute manière, ils t’avaient insulté. Ne culpabilise plus de rien. Peint le monde tout entier de ta connerie bien colorée, fais leur comprendre qu’ils avaient tort. L’intelligent, le pur, garde-le au creux de ton cœur. Ton cœur ne t’en fais pas, il est protégé, bien caché par tes entrailles. Mais félicite les une dernière fois, tout de même, avant que leur gueule cogne le pavé : ils ont réussi à tuer l’enfant qui était en toi.
Sous l'océan
PSEUDO - Oscar. PRÉNOM - . ÂGE - 16 ans. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - là. COMMENTAIRE(S) - Non. POISSON PRÉFÉRÉ - a pas. CODE AVATAR -
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<pris>Olivier Dale</pris> <ppn>♒ Eluart Ó Broin</ppn>
Dernière édition par Eluart Ó Broin le Dim 14 Juil - 12:39, édité 2 fois
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Ven 12 Juil - 19:02
Laissons au temps le temps de nous connaître encore. ▲ Oscar
PROLOGUE
Le jour où tu nais maman et papa sont là pour t’attendre. Profite, petit, ça ne durera pas si longtemps que ça. Petit à petit ils s’effaceront, ils ne seront plus derrière toi sur les photos. Il n’y aura plus que toi, ta belle gueule de roux et tes yeux de sales cons. Ils ne t’oublieront pas, non, mais ils se contenteront de faire semblant, persuadés, sûrement, que cela te suffira. Ce n’est pas le cas, ils ne le savent juste pas. Ne leur en veux pas trop, ils ne sont pas si méchants dans le font. Tu sais, quand t’as commencer à brailler au départ, ton père, il a été honnête avec toi. Quelques mots susurrés à l’oreille d’un bambin : « Tu vois Eluart, dans la vie, au départ, on nait. On pleure un peu, on a mal aux dents et notre peluche tombe. Et après, c’est pire. » Ton père, c’était un honnête homme. Honnête avec lui-même. C’est déjà pas mal, tu vois, c’est peut-être le plus dur. Tu n’en es pas capable toi. Déjà tu en es conscient. Mais pour le moment, tu n’es qu’un tout petit, trop petit bambin, incapable de dire s’il vivra encore le lendemain. Tu pleures beaucoup mais ce n’est pas pour être méchant, c’est pour que maman te prenne dans ses bras, parce que tu aimes y être. Tu craches un peu de temps en temps, et tu n’aimes pas trop manger : ça retourne un peu tout ton ventre d’un seul coup. Tu voudrais lui dire, à papa, que tout ce qu’il te donne est bon, que c’est juste toi qui ne peux pas. Mais tu n’en es pas capable, hein ? Tant pis. Tant pis, regarde-le juste se détourner, un peu plus aujourd’hui qu’hier. Et encore, tu n’imagines pas demain. Maman, elle, te serrera encore quelques temps dans ses bras. De bonne grâce, j’entends. Il faudra encore quelques années à maman pour croire avoir compris. Pour croire que la violence dans ton poing est une haine de tout le monde. Ce n’est pas le cas. Mais tu ne leur dis pas. Tu ne leur dis jamais rien. Tu ne dis jamais rien à personne. Même quand tu auras appris à le faire, tu ne le feras pas. Tu ponctueras quelques longs silences, parfois, par « Je n’ai rien à dire. » mais qui sera là pour te croire ? Dans ta tête, tu sauras pourtant que si tu n’as rien à dire, c’est que tout est à écrire. Ne t’en fais pas. Dans six ans, tu sauras. Dans six ans, tu pourras dire au monde ce que tu penses de lui. En attendant, pour faire passer le temps, mets ta peluche dans tes bras et bois le lait de ta mère. C’est ce que tu as de mieux à faire. Survis, survis comme ça se doit jusqu’à ce que tu sois capable de parler. Ce ne sera pas trop long, je te promets. Pas trop long. Je promets.
Il faut prendre le temps d'attendre que le temps passe. ▲ Oscar
CHAPITRE 1 • GALWAY LA ROUSSE
Gamin, tu as presque été beau. Ces moments doux où tu rêvais à un avenir parfait en longeant le canal de Galway. Tu te voyais déjà grand. Tu te voyais dire tout ce qu’il y avait à dire. Apprendre tous ces mots même s’il y en avait de trop et même si certain étaient laids. Au pire, on s’en fichait. Ça pouvait t’être utile. Tu voulais te carrer tout cela dans la tête quitte à vomir par les yeux de leur littérature malade. Tu voulais tout, tout juste et rien que pour toi. Tu en as tellement voulu que tout le temps, du début jusqu’à la fin, tu es resté tout vide de tout le reste. Il n’y avait plus de place pour autre chose que tes mots, forcément. Forcément. Quand tu vas à l’école chaque matin tu as une boule dans la gorge. Les gamins, là-bas, tu sais pas pourquoi, mais ils sont pas franchement comme toi. Ils sont tous plus grands puis plus âgés que toi. Vous ne vous comprenez pas et tout cela, ça ne leur plait pas vraiment. Vous pourriez en rester là, d’un joli commun accord. Mais ce serait beaucoup trop simple. Ils préfèrent t’expliquer pourquoi tu ne leur plais pas à renfort d’une belle violence à ton égard. Tu ne les regardes plus dans les yeux parce que tu sais mieux qu’eux ce qui t’attendra auquel cas. Tu baisses ton visage vers le sol. C’est ces années-là qui t’ont appris à aimer le bitume. Un jour, tu sais que ça peut plus continuer. Comment ? Qu’importe. Tu le sens dans ton ventre. Il faut que tu arrêtes ça, n’importe comment. Tu pourrais arrêter le monde si jamais ça permettait qu’ils cessent leur putain de diarrhée verbalisée quand ils croisent ta tronche. Mais comme tu ne sais pas trop bien comment c’est possible, tout ça, tu te contentes d’apprendre à frapper aussi bien qu’eux. De gamin un peu moisi, un peu trop maigre, tu deviens le bon vieux voyous qui pousse les vieillards à changer de trottoir à ta vue. Ça te convient. Ça te convient même très bien parce que les autres comprennent vite. Ils laissent ta petite tête tourner à sa vitesse, même si c’est de trop pour eux. De mal accompagné, tu passes vite seul. Et comme c’est doux d’être seul après tant d’années à attendre cela. Mais c’est trop tard, déjà, tu as trop attendu. Le jour où enfin tu comprends tu te retournes et il n’y a que ton ombre pour t’attendre sur le pavé. Un grand trou dans le bide. Merde. Qu’est-ce que tu as foiré ? Regarde bien ce que tu as oublié pendant ces quelques années à ne songer qu’à toi. Regarde : même papa et maman se sont détournés de ta route. C’est de ta faute. Un peu de la leur aussi, bien sûr, mai ça, il n’y a personne pour te le dire. Chut, tant pis, trop tard. Silence et ombre dans une valse lente. Crache pour faire partir le mauvais goût qui se colle à ta langue. Cherche, cherche bien tes parents. Pas dans le placard ni dans la cuisine. Plus personne pour toi. Tristesse et solitude dans un rock débauché. Merde. Échec. Crevures. A qui tu en veux le plus ? Eux tous, ces deux-là, toi ? Tu t’en fous, tu en veux au monde entier. Tout de suite, forcément, tu deviens beaucoup moins beau à voir. On est laid quand on a peur, quand on est seul, quand on déteste. Tu fais les trois tout d’un coup. Tu fermes les yeux trop souvent pour oublier un peu. Mais toujours tu entends. Tu entends leurs rires sombres sur ta route et les sanglots avachis de toi-même et en toi. Voilà. C’est à ce moment là, sûrement, que tout à déconner. Tuas quoi ? Douze treize ans, à tout casser ? Sale gosse. Il ne te reste qu’à fuir mais comment faire un choix. Fuir où et puis fuir pour quoi ? Tu réfléchis trop encore pour prendre des décisions. Encore quoi ? Quelques heures. Quelques longues heures pour que tout cela finisse. Les longues heures, quand tu les mets les unes à la suite des autres, ça finit vite par donner des jours et les jours des mois et les mois des années. Galway, finalement, tu auras le temps de la connaître mieux que les tripes en toi. A te dégouter de ces baraques de riches mises toutes les unes à côté des autres, les unes sur les autres. Tous ces catholiques au coin de la rue. Tu aimes ton pays, tu aimes ces gens qui sourient à ceux qu’ils ne connaissent pas mais bordel ce que tu détestes la haine dans les yeux de ceux qui te connaissent. Pas que ça te brise – tu l’es déjà, non ? – mais simplement que tu ne comprends pas. Tu ne comprends jamais ce qui concerne l’homme. Tu en viens à haïr l’homme. Puis tu aimes trop la femme pour ne pas haïr l’homme. Un choix à faire. Gamin, s’ils ne veulent pas de ton crâne, donne-leur ton corps. Ou pars. Trois fringues moisis dans un sac crasseux, quelques clopes dans ta poche puis ta vie dans tes yeux. Fais ce que tu as toujours voulu faire. Par étapes pour pas trop te prendre une baffe dans la gueule. Aujourd’hui Oxford pour un demain à Londres à Dublin à Paris. Deviens l’homme aux mots, celui qui dit la vérité. Ou qu’importe quoi d’autre. Qu’importe quoi tant qu’un stylo dans la poche te permet de caller tes rides sur le papier. Ne te retourne pas, surtout. Ne cherche pas à regretter. Non ! tu n’as rien ici à quoi te rattacher. Fais ce que tu aurais toujours du faire, petit. N’oublie pas ton briquet, n’oublie pas ta mémoire, mais fais-le. Ne pas pleurer ne pas tousser ne pas se détourner. Juste le faire. Quitter Galway la rousse pour Oxford la brune.
Et le temps se gausse face à ton impatience. ▲ Oscar
CHAPITRE 2 • OXFORD LA BRUNE
Cours pas, tu n’as rien à rattraper. Regarde, au dessus de ton crâne, le soleil meurt. La lumière noire te bouffe les yeux. Attends pas trop longtemps avant de vivre ta vie. Tu sais que l’attende, ce n’est jamais vraiment bon. Tu l’as compris, non, désormais ? T’es pas aussi con qu’au début. Si ? Ferme la bouche, pour le moment. Tant que tu ne parles pas, ils ne savent pas qui tu es. Le silence te rend comme invisible. C’est cela, tais-toi. Fais comme si tu n’avais pas à dire quoique ce soit pour continuer à avancer. Faire comme si. Tu commences à maitriser la chose, nan ? L’apparence. C’est bien beau à dire t’as plus de mal à la tenir. Tu te fringues avec le fric de tes parents, parce que t’en as encore un peu. Un jour, tu réalises que les chemises déchirées t’empêchent pas de t’asseoir sur les bancs de l’école alors tu gardes tes sous – ta première came – dans tes poches pas encore décousues. Mais tu vas vite comprendre, petit être perdu, que si tu peux chaque jour t’y asseoir avec tes fringues de décrépis, à ton école, ça veut pas dire que tu pourras la quitter. Tu te foires, tu es mauvais et ça te tue à petit feu. A côté des autres, avant, t’étais le gosse intelligent, celui qui parlait trop bien pour son âge. Et ça te revient comme une baffe dans la gueule aujourd’hui. Dommage. Encore, encore un échec de plus. La liste est longue, hein, avec toi. Alors tu chutes. Petit à petit. Tu vagabondes comme un pauvre gosse sur les routes de cette ville que tu ne perçois pas. Tu t’enfonces dans la noirceur et des ruelles et de toi-même. Un jour, tu mets la main dans les poches. Tu découvres ton sauveur ton assassin. Argent. Juste là, dans le coin même où tu l’avais caché. Tu pourrais tenter de te ressaisir, de t’accrocher au bord du gouffre et remonter à la force de tes bras. Mais il y a plus simple, regarde : tu peux tout simplement te lâcher et mettre le plus de cailloux possible dans tes poches pour tomber encore plus vite. Les cailloux c’est la blanche, la beuh, l’herbe. LSD et came, héro et crac. Tout. Tout dans des mains de camé que tu es en train de t’offrir. Tu palis de jour en jour. L’école, elle est loin dans ton dos. Mais le putain d’échec qu’elle t’a laissé, tu le traines avec toi en boulet. La rue devient ta mère et le trottoir ton père. Vous dormez tous ensemble, tu as des frères et sœurs. Les hommes en bleu sont là. Avocat, faute, jugement. Garde à vue et prison. Noir. Long tunnel noir. « Dans la mesure où vous rencontrez un psychiatre chaque semaine, ils acceptent de vous laisser sortir. Vous êtes libre. » Bordel, mais c’est pas ça, la liberté. Moins pire ? Que dalle. Tant pis, tu suis les voies qu’ils sont en train de te tracer à l’indélébile. Ambroise en noir sur or, sur la porte du cabinet. Ce sera peut-être pas si dur. Dis-toi ça, juste ça. Pousse la porte et entre. Pour une fois, tu vois, ils te laisseront parler, tout dire jusqu’au bout. L’homme prendra des notes sur son papier, et tes mots suffiront à arriver à la foutue conclusion qu’ils attendent : tu es fou tu ne l’es pas. Il pourrait décider vite. Il le voit sûrement à tes mimiques déphasées, à tes mains qui tremblent, à tes lèvres desséchées et à tes propos, bien trop décousus pour être véritables. Mais il se tait. Pas juste pour t’écouter. Il arrête les questions, aussi. Il se lève. Il s’approche. Il s’assoit juste à côté de toi. C’est rien, juste rien au départ. C’est son genou qui touche le tien. C’est sa main sur la tienne mais tu es bien trop loin pour comprendre. Et tu reviens, semaine après semaine, parce que c’est ça ou un centre, tu le sais trop bien. Tu te laisses dominer par l’homme dans un silence de mort. C’est ça, qui est en train de se passer. A poser ses mains sur ta peau, il te tue de l’intérieur. C’est pire qu’hier. Attends demain. Demain, il te violentera plus qu’il ne tentera de t’apprivoiser. Demain, tu ne seras plus un pauvre rouge-gorge blessé. Demain, il voudra te prendre violement, il ne fera plus semblant. Demain, il n’y parviendra pas mais il aura le temps de bien te pourrir avant. Demain, il aura plus de force que là sans que tu ne comprennes pourquoi. Demain, le fou, d’entre vous deux, ce sera lui avant toi. Demain, il y aura ses mains sur ta gueule sur ton torse sur ta peau. Il y aura de tes fringues déchirées au sol et ta gueule au niveau de son sexe. Demain, son froc détaché. Ta peur à faire périr tes entrailles. Ton incompréhension. Sa manipulation. Vos corps. Le tien surtout, brûlant, déchiré, à effacer. Des larmes que tes yeux vomissent, qu’il effacera de coups de poings sur tes joues. Demain, il y aura ton envie de mourir à cause des bras d’un homme. Petite chose. Toi qui avais tant grandi, en une nuit, tu redeviendras le gosse de jadis quand les autres te molestaient en bande organisée. Tu seras d’une faiblesse à faire pleurer les plus fragile des gamines. Dans ta tête : trou noir. Il faudra des heures – secondes disent-ils ? – pour que tout se finisse pour qu’enfin tu comprennes. La peur devient forte dans les tristes méandres de ton crâne de vieillard. Tu devras courir, le mieux possible et au plus loin. L’homme sur le parquet derrière toi saignera un peu, il se relèvera bientôt. Cours, pauvre con. Cours vers le lointain. Ici, ils te renfermeront. Tu n’auras jamais ce dernier mot que tu leur demanderas. Parce qu’ils ne sauront pas t’écouter. Quitte Oxford la brune pour Douvres la blonde.
Le temps est mort hier et depuis tu attends. ▲ Oscar
CHAPITRE 3 • DOUVRES LA BLONDE
Ta dernière destination n’est-il pas ? Le lieu où tu sombres. Tu es libre de tes mouvements tout autant que tu ne le seras jamais plus de tes pensées. Tu sauves les apparences en cachant la destruction derrière la violence mais il n’en reste pas moins que de ce que tu étais à Galway, il ne reste plus rien. Tes cheveux décoiffés peut-être mais la crasse qui les orne laisse entendre le contraire. Tu t’en moques bien sur ta plage perdue. Tu n’aimes pas l’eau, elle te fais peur, mais irrésistiblement te voilà attiré ici. Vaincre tes peurs, ça te fait sûrement croire que tu es le plus fort%. Tu ne vaincs rien du tout, il te faut t’en rendre compte. Tu viens ici parce que garder les yeux rivés sur la mer, ça t’évite bien d’avoir à les fermer. Tu vaincs tes petites peurs pour cacher les plus grandes. C’est pas la force, ça, non, c’est la lâcheté. En lâcheté tu te démerdes, il s’agit de le dire. Si tu leur pourris tous le visage, c’est pas parce que tu veux montrer que t’es le plus fort, c’est parce que tu as peur qu’ils approchent de trop près. Tu as peur de leurs yeux scrutant ton corps. Tu ne veux pas savoir ce qui passe entre leurs tempes à ce moment où ils te découvrent. Tu ne veux rien de tout cela et c’est pour cela sûrement que tu ne peux t’empêcher de tout imaginer. Les ombres jadis devant tes yeux restaient plaquées au sol. Elles s’élèvent aujourd’hui dans une macabre danse pour se coller à ta rétine et t’offrir de toute leur bonté les images glauques de ton passé. Même tes pensées, tu ne peux plus les fuir. Les accepter ? Ce serait pire. Fais semblant. Colle toi un de ces superbes masques blancs sur le visage, celui que portent, qu’exhibent les gens heureux. Peins le même de toutes les couleurs si bon te semble, si ça peut t’aider à te laisser regarder. Apprends un peu à la fois à comprendre pourquoi ton corps attire leur regard. Laisse-toi un peu faire quand cela devient absolument nécessaire. Sois gentil avec les putains, pense que tu ne les payera pas le lendemain matin. Sois gentil avec les gosses, toi aussi t’as été gamin. Ne frappe pas trop fort les vieux n’essaye plus de tuer leurs chiens. Mais surtout maitrise-toi bien un jour t’auras besoin de tes mains. Perds pas totalement confiance même dans le noir même dans le vide. Même si ta peur crois à demain parce que demain naitra toujours. Même sans toi, tu sais, demain sera là. Tu n’es qu’un détail pour demain. Si tu disparais, il ne t’en tiendra pas rigueur. Il continuera à marcher, lui. Lui, contrairement à toi. Toi, tu as atteint ta limite. Toi, tu as atteint Douvres. Demain ne s’arrête pas avec la mer, il la traverse à grandes enjambées sans oublier de lui rappeler qui des deux est le plus glorieux, qui tient le magnifique sur le bout de ses doigts. Regarde-le, prends exemple. Un jour tu calqueras ses gestes. Tu rejoindras l’Irlande pour montrer à ceux qui auraient pu douter un jour qu’il n’y a plus de raison de le faire. Et tu leur expliquera avec ta meilleure amie, la violence te tiendra le bras. Tu leur montreras tout ce qu’ils n’ont pas voulu voir jadis. La vengeance sera douce, bien sûr, puisqu’il s’agira d’une vengeance. Et Dublin t’accueillera à bras ouverts pour te couver un peu le temps que tu es totalement perdu tes gestes d’enfant. Elle s’occupera bien de toi, la douce ville, pour t’offrir ce qu’humblement, tu espérais obtenir depuis le début. C’était pas grand-chose mais c’était trop apparemment. Tu te rachèteras une plume mais cette fois-ci, tu n’oublieras pas le stylo. Vingt-et-un ans, ça t’a suffit pour comprendre comme il peut être simple de faire des erreurs. Achètes-en une bien belle, une toute décorée, pour qu’effacer des morceaux de ta vie ne te semble pas si compliqué à faire que ça. Que ce soit juste comme un trait détourné dans la marge d’un carnet. Ta vie, c’est pas beaucoup plus que ça de toute façon. Jusque là, j’entends. T’es encore capable de te rattraper. T’as pas encore tout à fait heurté le fond du trou. Ce qu’il te faudrait, au fond, c’est simplement un objectif. Quelque chose qui fasse que quand tu ouvres les yeux le matin, tu as un sourire aux lèvres. C’est beaucoup demandé, peut-être. Mais cherche, cherche bien. C’est en cherchant qu’on trouve et en voulant qu’on peut. Il ne te manque peut-être plus grand-chose. C’est peut-être caché derrière toi, dans ton dos. Fais attention à ça, gamin. Ne tourne jamais le dos à ce qui peut t’aider à avancer. L’occasion serait trop belle pour te couper les jambes, ils n’hésiteront pas. Trois cents soixante degrés. Changement radical de point de vue. Tout t’appartiens désormais, prends ce dont tu as besoin. Tu as suffisamment donné depuis le début pour demander compensation. C’est à ton tour d’être heureux. Fais attention, gamin. Parce qu’au début, tu croiras que c’est un piège. Tu refuseras, tu ne relèveras pas la tête, tu haïras. C’est une bonne chose. Ce le sera au début. Mais ne le fais pas trop longtemps, parce que cette fois-ci, tu pourrais bien définitivement tout perdre. Tu pourrais foirer lamentablement. Ce sera cet espèce de choix ultime en réussir et rater. Définitivement, sans retour en arrière, sans possibilité d’effacer. Le retour en arrière, c’est de la fiction. Tu n’auras pas de seconde chance. Prends celle qu’on te donne et bouffe la à pleines dents. L’occasion est trop belle pour te foirer encore. L’occasion sera unique. L’occasion aura un doux visage que tu détesteras, tu auras tes raisons, mais il faudra t’y faire. Ce sera le seul à te tendre une main. En regardant attentivement, tu remarqueras que cette main qu’il te tendra est beaucoup moins sale que la tienne.
Dernière édition par Eluart Ó Broin le Dim 14 Juil - 14:06, édité 6 fois
Felipe Sabouraud
TU PRENDS MON ÂME.
♒ messages : 595
Feuille de personnage ♒ âge: 19 ans ♒ profession : peintre en bâtiment ♒ le choix du coeur: chocolat au lait ; confettis de bonbons azurés.
Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Ven 12 Juil - 19:05
mondieu, ce début j'aime toujours autant tes mots, toi la citation te colle à la peau, il faut croire bienvenue, on va s'amuser, toi et moi. comme toujours, après tout
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Ven 12 Juil - 19:24
bienvenue ici, tu m'intrigues
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Ven 12 Juil - 21:00
Felipe : on va faire les fous et courir dans les champs et chanter sous la douche Mes mots t'aiment aussi ! Et la citation est parfaite pour le monde entier et plus encore pour moi et plus encore pour lui.
Siam : merci, je fais de mon mieux
Elsie Lattimer
♒ messages : 385
Feuille de personnage ♒ âge: 18 ans ♒ profession : serveuse dans un bar ♒ le choix du coeur: le coeur ne choisit rien
Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Sam 13 Juil - 6:26
Bienvenue ahah J'adore le début, il va être génial, cet Eluart
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Sam 13 Juil - 10:49
J'adore le début Et qu'est-ce qu'il est beau
Bienvenue parmi nous
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Sam 13 Juil - 11:36
Elsie : merci bien, j'vais essayer en tous cas !
Sanaa : merci beaucoup ! C'est Felipe qu'a choisi, et y choisit toujours bien
Noe Pandore
♒ messages : 77
Feuille de personnage ♒ âge: dix-neuf ans. ♒ profession : allégorie océanique. ♒ le choix du coeur: l'Océan
Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Sam 13 Juil - 13:30
il me plait, cet eluart. beaucoup. il est beau dans cette violence. puis, tu écris bien. (c'est surement ce qui le rend beau). bienvenue ici !
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Sam 13 Juil - 19:05
Je crois qu'il serait beau même sans moi, en grattant la crasse et le côté violent. C'est un ours tout doux tout roux dans le fond. Merci, en tous les cas
Niel Ambrose
♒ messages : 238
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-six ans ♒ profession : aide aux soins de l'enfance. ♒ le choix du coeur: le magicien d'oze.
Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Dim 14 Juil - 14:15
bon bah, j'ai rien à dire. c'est parfait, comme toujours. je vais pas te dire des jolis mots, t'auras un trop gros ego. donc voilà, t'es validé
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre. Dim 14 Juil - 14:19
Douboudouuuuu moarchi ! Je l'cultive déjà mon égo, t'en fais pas pour moi ! Bon, je m'en vais vendre mon corps à la science.
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Sujet: Re: Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre.
Eluart Ó Broin - Il pleut des cordes c'est à se pendre.