Comme tous les autres, j’aime son corps. J’aime beaucoup ses cheveux, qui sentent la mer. J’aime ses yeux qui reflètent le soleil carbonisé des pays tropicaux. J’aime ses cuisses, fines et musclées. J’aime son cul, bien formé. J’aime sa bouche, pulpeuse et volup(tueuse). J’aime ses reins. J’aime ses seins. J’aime ses chevilles… J’aime trop de choses en elle.

Elle m’a offert son corps, encore une fois. Une fois de trop, peut être. Ça m’rend accro. Mais ce soir, on ne s’est pas arrêté là. Je n’avais pas envie de la quitter, elle est mieux qu’un vulgaire radiateur.  Elle coûte peut être aussi cher, mais elle, au moins, a un cœur. Je l’ai prise dans la soirée, la nuit, elle était toujours à mes côtés. Deux heures et demie de plaisir. Elle a gardé ma main moite au creux de la sienne, et m’a guidé sur la plage de sable fin, là où les amoureux se perdent. C’est cette mer froide et gelée qu’elle voulait caresser, pas mon corps abimé. Elle voulait sentir l’air frais sur son corps encore transpirant.

Alors que les yeux fermé, elle respire l’air marin. Je m’assois dans le sable à côté d’elle, j’entoure de ma main son poignet pour l’inciter à s’assoir pour moi. Elle me suit, mais très vite, son corps dit non. Il refuse mes baisers, mes caresses. Les câlins sont terminés, je n’ai pas payé pour. Alors, j’arrête, je détourne mon regard, et contemple l’océan.

« Tout le monde pense que tu as un bijou précieux entre les jambes. Un bijou qui scintille. Un de ces méchants diamants.  Moi j’ai compris qu’il n’est pas caché là-bas, entre tes cuisses de velours. Ce bijou, il est incrusté dans ton cœur. » Elle imagine que je suis un petit con, que je dis de belles paroles qui font plaisirs aux jeunes filles un peu naïves, mais qu’avec elle, ça ne marche pas. Parce qu’elle, c’est une reine. Ma reine de Saba.  « Je te dis des mots doux mais toi tu crois que c’est des mots faux. Mais je te jure, Sanaa, moi je parle avec mon cœur. Mais, toi, tu ne veux pas de moi. »  Elle a caché ce bijou, qui m’attire tant, derrière un mur en pierre, derrière une clôture barbelée, puis derrière une clôture électrifiée et puis, tout ça gardées par des soldats avec des mitraillettes. Ces hommes méchants qui n’hésitent pas à abattre à coup de poing le premier misérable chien, qui se languit sur le béton. Des clébards comme moi,  qui n’ont rien dans les poches, même pas une bombe artisanale pour faire sauter l’édifice. Un vieil attentat, c’est ça dont elle a besoin, la gosse noire. Elle n’a pas besoin d’un anarchiste, d’un terroriste, mais d’un petit gars comme moi qui a le doigt sur la gâchette, prêt à tout faire péter pour le bien de l’humanité.  Je lui prends la main. « Baisses tes gardes, Sanaa. »