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| Sujet: tempo sur ta beauté Dim 18 Aoû - 1:05 | |
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Noe, dis moi, tu crois en l'amour ? J'y pense tout le temps. À l'amour. Je me demande si on s'est vraiment aimé. Peut-être un peu ? Et tu penses qu'on peut le trouver autre part que dans les contes de fées ? Qu'il existe, dans la Vie. La Vraie. La moche. J'aimerais tellement. Et peut-être qu'à force d'y rêver, à cet amour, il va nous dévorer. J'ai l'impression d'avoir été bouffé, moi. Qu'mon cœur a été écrasé sous le métro, sous le roulis des vagues et sous le chaos. Il m'a volé quelques morceaux de cerveau et m'a tordu le cœur en maux. Comment j'ai pu être blessé par l'amour sans être amoureux ? je veux comprendre noé. Toi t'as toujours réponse à tout. C'est peut-être toi qui réussira enfin à me dire combien d'étoiles veillent sur nous là haut. (tu savais que parfois, les étoiles qu'on regarde, la nuit, sur la falaise, elles n'existent même pas ? qu'elles sont mortes depuis des milliers d'années, mais qu'elles sont si loin qu'on a toujours l'impression de les voir briller ? Leur lumière est éternelle. C'est beau à en crever. Ce doit être ça l'amour. Quelque chose d'immortel. Qui tuerait la vie). Et sinon noé, t'as toujours ta robe bleue ? Celle qui te faisait ressembler à une princesse ? Tu sais, ta robe d'écume. La longue traîne de l'océan. Dis moi que tu l'as encore. Cette robe, elle me donnait envie de pleurer. De foutre un stop au temps, et de juste te contempler. Comme un arrêt sur image. Stop. Image fugace. Bonheur et majesté. J'étais peut-être pas amoureux de toi, noé. Mais en tout cas, dans cette robe, je t'aurais donné les cieux et les diamants. Je t'aurais mâché les étoiles et je les aurais recraché en bouillie d'éternité à tes pieds. Je l'aurais fait. T'écrire me fait du bien. Comme si j'étais dans un abri antiatomique qui m'empêchait de voir la vie dehors. Quelques secondes en suspension dans le vide.
à l'éternité, blu.
ps : tu ne liras sans doute jamais cette lettre, noé. pas assez de cran pour l'envoyer. elle finira sa folle course sous la mer. avec un peu de chance, moi aussi. il lâche son crayon, soupire, s'allonge et regarde le ciel clair de douvres. c'est dur à supporter toute cette beauté. et ce soleil. rond comme les fesses des filles. ça fait mal aux yeux et ça tord l'intérieur. c'est trop clair, trop lumineux. une sorte de décor de film d'amour niaiseux. et lui, il est seul. seul sous ce ciel à faire sourire baudelaire. c'est un paysage fait pour noé. et sa robe bleutée. elle serait si belle. à danser sous l'éternité.
reviens noé j'ai pas envie d'aller te chercher reviens et fais moi la guerre cette fois ci, on sera un peu moins gentils un peu plus cons nuit après nuit saison après saison
Dernière édition par Blu Oiartzo le Dim 18 Aoû - 18:50, édité 3 fois |
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Noe Pandore
♒ messages : 77
| Sujet: Re: tempo sur ta beauté Dim 18 Aoû - 12:32 | |
| une voile sur l'horizon. une trace sur la toile. un vêtement sur le corps. il faut l'effacer, rendre à la vue la beauté de sa nudité, lui rendre sa pureté naïve. on nait nu et l'on meurt couvert. couvert du temps qui a passé, du temps qui a souillé. certains meurent plus couverts que d'autres, d'autres trichent et font croire que le temps n'a pas touché à leur pureté. parce que c'est ce qu'on aime, non ? un corps pur, un corps que le temps n'a pas abimé. alors, ils trichent. ils cachent les traces du temps sous des artifices. mais ça se sent. moi, je préfère ceux qui ne trichent pas, ceux qui ont les marques du temps visibles. je vois en eux une certaine poésie. une sage poésie. ils se sont laissés aller et ont fait face à ce temps qui tue, ils l'ont regardé droit dans les yeux et ils ont appris de cet échange. la sagesse. noe, qu'est-ce que tu fais ? je peins. et que peins-tu ? l'air prend sa place dans mes poumons, il est frais et cette fraicheur parcourt mon corps, mon cœur. la sagesse. je peins la sagesse, le temps qui est passé. on en voit les traces partout. on les voit sur les hommes, sur les femmes. on les voit sur les paysages, sur les maisons, sur les chemins. on les voit ces traces. et on ferme les yeux dessus, on les cache, elle nous effraie car elle rapproche la fin. moi, je les trouve belle. moi, je les trouve sage.
il est l'heure, noe. il est l'heure de poser son pied sur terre. il est l'heure de revenir à la vie. il est l'heure de respirer de nouveau. il est l'heure de prendre part à l'humanité. il est l'heure, noe. mal être, maux de tête. c'est ça la vie. c'est ça vivre. être mal. sentir le poids de l'humanité. le pied sur terre, les pieds sur terre, j'avance. là où ceux-ci me guident. ma tête n'est plus. elle tourne. je suis enfermée dans cette cage humaine, forcée à vivre sur cette terre, parce que c'est normal, parce que c'est ce qu'on fait, parce que c'est que les gens font. les gens ne vivent pas sur l'Océan. les gens ne vivent pas le souffle coupé, léger. et c'est ce que je veux. devenir l'un des leurs, devenir humaine, prendre sens à leurs yeux, devenir quelqu'un. une amie, une ennemie, une collège, une patronne, une esclave, une amante, une femme. quelqu'un. et je veux sentir. je veux ressentir. je veux avoir les sentiments. l'amour, l'amitié, la haine. j'en veux. tu as déjà aimé, noe ? la question me tord l'estomac plus qu'il ne l'est déjà, abimé par cette terre qui me tourne la tête. si j'ai déjà aimé. j'ai essayé. j'ai été sur la voie, sur le chemin. je n'ai pas aimé, pas vraiment. j'ai vu mon cœur se détruire sous les coups d'un autre. plus important qu'une émotion, plus important qu'une sensation, mon cœur s'est arraché de ma poitrine et s'est placé de lui-même dans la violence. et j'ai peur. si c'est ça les sentiments, s'il faut sentir ça pour sentir, pour ressentir, je n'en veux pas.
et devant moi, quelqu'un. familier, connu. comme une explosion mentale qui vient renforcer le mal de terre. un sur-mal. et un souffle, ma propre voix qui me trahit. blu. |
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