Il a du mal à tenir en place, entouré de tous ces gens qu'il ne connait pas. Il est debout depuis trop longtemps. Il bouge beaucoup, en essayant de ne pas trop dérangé le monde autour de lui mais bien qu'il essaie, il fait tout l'inverse. Il le sent qu'il gêne. Marcus, il n'est pas à sa place à cet endroit. Et puis, il se répète qu'il n'a rien à faire là, vêtu comme un pingouin à honorer quelqu'un qu'il n'a jamais connu. Marcus, dans sa tête, il râle. Puis, il se sent vraiment mal à l'aise. C'est son premier. Son premier enterrement et jusque-là, on ne lui avait jamais fait un bref topo de comment ça se passe ces trucs-là, c'est bien la seule cérémonie qu'on n'anticipe pas. Pourtant, chacun devrait faire une simulation, juste pour ceux qui aurait besoin de savoir comment ça se passe le jour J. Mais non, ces choses-là, ça ne se fait pas. Alors Marcus ne sait pas et à force de gigoter, il perturbe l'assemblée et se reçoit des regards noirs venant des vieilles grands-mères. Voyant ça, il résiste fortement à demande à Madeleine qui se tient à côté de lui, tout bas, si l'une des vieilles ne serait pas une sorcière capable de le maudire, parce que si c'est ça, alors il serrera les fesses et restera raide comme un piquet. Non, il ne demande pas. On ne parle pas dans ces situations, du moins pour le faire il attendra que quelqu'un décoche un mot. Non, Marcus attends. Il évite les malédictions, difficilement. Mais il les évite. Il compte le temps. Puis, il essaie du mieux qu'il peut à garder son bras levé pour éviter la pluie. Oui, parce que ça aussi c'est pas drôle. Il pleut. Et c'est dur de pas bouger tout en se protégeant lui et Madeleine de l'eau. Il est comme un gamin, peut-être qu'il n'aurait jamais dû être là. Il le dira à Madeleine après, que c'était très inconfortable et qu'il s'est senti très irrespectueux de ne pouvoir partager la peine des autres. Il espère qu'elle comprendra. Enfin, il espère, il sait qu'elle le fera. Madeleine, elle comprend toujours tout. Marcus, il observe le cimetière comme ça, pour s'occuper, pour découvrir des choses aussi. Il se demande pourquoi il pleut toujours dans les enterrements. Si c'est fait exprès, pour cacher les larmes ou pour mieux faire glisser le cercueil au fond des tombes. Ouais, peut-être que ça rend les choses plus facile. Mais bon, Marcus il n'aime pas trop. Il se dit que la pluie, ça donne surtout envie aux gens de partir se mettre à l'abri et de bâcler la cérémonie. Lui, dans sa tête, il planifie son enterrement. L'été, il espère que ce sera, comme ça, il fera chaud et tout le monde sera là jusqu'au bout. Puis de loin, il observe le coin où sa mère repose. Sûr qu'il aimerait être à côté. Grand-père, il avait bien choisi le coin. Oui, si Marcus meurt, il sera enterré un jour de soleil, là-bas, à côté de maman.

Il dirait que la pluie et la cérémonie ont pris fin presque simultanément. L'eau a cessé de tomber un petit peu avant la fin, permettant à Marcus de reposer son bras pour le moment où il doit jeter la petite poignée de terre sur le cercueil. Il sait pas comment ça se passe. Il suit les autres tout en se demandant si on doit tourner en rond en jetant de la terre jusqu'à ce que le cercueil soit entièrement recouvert. Il se dit que ça sera long s'ils font ça. Puis sale, la terre maintenant c'est de la boue. Mais non, la cérémonie c'est bien fini. Et tant mieux. Il continue de suivre Madeleine, sans rien dire de plus. Peut-être juste un " je suis désolé " aux proches du défunt, pour la forme, comme Madeleine elle fait. Et quand tout le monde part et qu'il ne reste qu'eux. Marcus, il respire de soulagement. Un souffle long qu'il n'aurait peut-être pas dû laisser échapper devant Madeleine. . « Je suis désolé. J'espère que je ne t'ai pas mis mal à l'aise. Je savais pas comment ça se passe ces trucs-là. » Dit-il en passant une main dans son cou. Ouais, il ne savait pas. Peut-être qu'il aurait dû demander à Cerbère, par curiosité et parce que lui, c'est un expert de tout ça. Enfin, c'est fini. Et en plus de ça, un brin de beau temps est apparu après la pluie. De qui donner le sourire au jeune homme. Et puis, de quoi l'aider à le donner à Madeleine aussi. Madeleine, elle n'a pas trop parlé aujourd'hui. Peut-être qu'il aurait dû faire comme elle aussi, mais il ne pense pas que ce soit intentionnel. Ils sont là, contre le mur du cimetière, désœuvrés, silencieux. C'est pas son truc à lui, Marcus il sort Madeleine de ses penser. La pousse un peu du bras pour la réveiller. Puis lui demande. . « Dis, tu veux aller à leur trucs de commémoration maintenant ? Ou tu me laisserais t'emmener sur les falaises. Il fait un peu beau, autant en profiter. » Puis, ce qu'il ne dit pas, c'est que ça sera toujours mieux que d'entendre des vieux raconter leur vie pendant toute une après-midi. Il sort ses clés de voiture de sa poche, les fait voler en l'air avant de les attraper puis il avance en entraînant Madeleine. . « Allez viens, prenons l'air. »