Aux actes damnés.

« L'enfer c'est les autres. » ► SARTRE

Le temps ne te paraissait pas bien long depuis quelques temps. Non, tout te filait entre les doigts sans que tu ne puisses vraiment rattraper l’affaire. Mais bien sur tu as fait comme tout le monde en tentant désespérément de t’accrocher à des choses fugaces et inutiles. D’ailleurs doucement tu t’es laisser glisser dans une forme de noirceur évidente qui ta détruit le cœur. C’est vrai que depuis quelques temps rien ne va vraiment, même si ton monde semble magnifique. Et bien sûr que non tu ne veux pas te persuader que le monde est beau, puisque la mort est une garce tout comme la vie et que tout ça fait trop mal. Ce n’est pas vraiment la difficulté de surmonter le deuil qui te mine au plus profond de toi chaque soir non, c’est cette insupportable idée que le monde est injuste. L’injustice du monde voilà ton souci ce soir. La réalité est poignante et tu aimerais demander aux étoiles qui sont là ce soir si tout ça a bel et bien un sens. Tu leur demanderais pourquoi le petit garçon que tu as vue l’autre jour s’est fait frapper sans raisons devant tout le monde, puis tu demanderais pourquoi Elsie doit se battre pour vivre avec ses frères et sœurs à charge. Tu demanderais si tout ça vaut la peine d’être vécu ou si ce n’est qu’un réel blague du gars tout en bas. Il doit surement rire lui des profondeurs des enfers tu te dis, avec ce sourire moqueur avouant qu’il s’amuse bien de vos pauvres corps malmenés ? C’est presque risible pour toi d’avoir peur de la mort quand tu penses que le monde n’est qu’une pâle copie de l’enfer lui-même…

Alors tu traînes dans des lieux malsains comme le cimetière, puis le parc, puis la mer, trouvant en eux un réconfort factice. Et surement que tu n’as pas bien vue la transition qui ta mener jusque-là, toi jolie fleure perdue au milieu de ces jolies pétales. Le château de Douvres avec ses mémoires lointaines et furieusement dramatique qui le construise et forge ses remparts. Toi tu te plantes de ce doux décor, une robe blanche sur ta carcasse fracassée par le temps, semblable au fantôme qui règne ici-bas. Tu avais appelé Elsie la veille, pas simplement pour la voir mais pour te changer les idées, la mener ailleurs elle aussi, lui faire un peu de bien et de répit avec toutes ces choses qu’elle a à subir. Ça vous à mener là, dans le château de Douvres au sein d’une soirée sur le thème de commémoration historique, stupide pour toi. Comme si une commémoration permettait de se souvenirs au fond, tu penses qu’on ne devrait pas avoir besoin de ça. Mais tu voulais y être, revoir les jolies roses qui jonchent et amoncellent le sol, les caresser une fois de plus, et puis pourquoi pas lui parler à Elsie, lui dire qu’elle te manque. Il est vrai qu’à part elle tu ne te confies pas à grands monde et ça te semble étrange dis comme ça dans l’obscurité du soir. Tu regardes les lumières qui vacillent avec ces robes qui tournent au rythme d’une valse d’époque. Oh que c’est beau un monde d’illusions totale. Alors tu prends ton appareil mobile entre tes doigts, figent une photo de la scène pour ton plaisir personnel, puis tu envoies même un petit texto à Elsie tient. Histoire de prouver que t’es bel et bien là, car au fond, même toi tu pourrais en douter ce soir. << Je t’attends à l’entrée des jardins. >>