Sujet: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Lun 2 Sep - 15:42
Il le sent au travers de ses doigts gelés. Les beaux jours de la saison sont partis maintenant et même si le soleil, haut dans le ciel l’enveloppe dans sa chaleur, la légère brise glacée du matin qui engourdit ses doigts le prévient que l’automne sera vite présent et qu’il a tout intérêt à préparer la bergerie pour que ses moutons survivent à l’hiver. A bout de souffle, il puise dans ses forces pour entrer le foin pour ses protégés. Il leur promet un beau nid douillet réalisé à la sueur de son front et à la force de ses bras. Il sait qu’il sera fier quand se sera terminé. Quand ses bêtes seront calmes et reconnaissante de ses efforts. Il peine à respirer, depuis son réveil, il n’a pris aucune pause. Plus vite se sera fait, moins il aura à craindre le vent froid de Douvres qui arrive toujours plus tôt chaque année. Il s’est levé à l’aube. Au travers des champs, il a eu tout le loisir d’observer le spectacle du matin, du ciel noir à étoiles qui se couchent à la lueur orangée qui perce l’horizon. Il se sent humble aujourd’hui, la satisfaction d’une belle aurore et d’un travail bien accompli. Les heures passent rapidement. Levé à l’aube. A midi, il peut partir tranquille face à une tâche terminée. Il s’installe dans sa bergerie, observe ses moutons heureux d’avoir retrouvé leurs quatre murs. Ceci fait, il dispose de sa journée. Il ignore encore quels méfaits il pourrait partir accomplir en ville, ou bien s’il ne devrait pas profiter des derniers jours. Il ne sait pas, il verra au gré de ses envies sûrement. Marcus est du genre à se laisser porter par les évènements. Il ne prévoit pas. Pourquoi prévoir ? Comment prévoir ? Comment peut-on se lever le matin en décidant d’avance si la journée sera belle, ou pas. Comme si ça se décidait …
Le téléphone sonne. Chez les Lazarre, il ne sert que très peu. Du moins, Marcus oublit rapidement son existence. Il a la phobie de la technologie. Comment peut-on vouloir utiliser cet objet dans chaque sonnerie est agressive, qui vous appelle comme si vous n'étiez qu'un vulgaire esclave. Marcus n'aime pas le téléphone. Il n'aime pas répondre, surtout que bien souvent, au bout du fil se trouve un plaisantin à la bonne idée de troubler la tranquilité de la ferme. Voyant que son grand-père ne réponds pas. Marcus s'empresse d'y aller avant qu'au bout du fil, on ne raccroche. La voix ne lui est pas tout à fait inconnu, du moins vaguement mais au moins, il sent quelqu'un de sérieux n'ayant pas pour but de gâcher cette journée. Non, la personne appelle pour Dali, demande à lui parler sur un ton sévère. Elle devrait être au travail, visiblement ce n'est pas le cas. Marcus ne sert rien mais devine qu'il doit protéger les arrières de sa soeur qui visiblement, connait quelque soucis. Il réponds qu'elle est indisponible, alitée, victime d'un trouble, d'une migraine. Il s'excuse, tente d'apaiser la colère de son interlocuteur. Ceci fait, il raccroche puis sort dehors, prend le chemin vers la grange.
Il pénètre à l'intérieur de l'antre de la bête. Dans son tombeau il aurait dit s'il avait été capable de deviner l'état de la principale concernée. Il fait quelques pas, hésitant. Même si autrefois, ils ont invité mille jeux à cet endroit. Aujourd'hui, c'est l'espace de Dali, son jardin secret. Entrer sans autorisation le gêne, comme une violation de droit fraternels mais il ne recule pas, il le sent qu'il doit monter les escaliers. « Dali ? T'es là ? » Il l'appelle, sans réponse. Il ira vérifier. Il doit découvrir pourquoi il a reçu cet appel, pourquoi elle n'est pas allée travailler. Cela pourrait être rien, mais non, il sent. C'est comme ça que ça s'explique. C'est au fond de ses tripes, une voix qui lui dit d'avancer. Il grimpe. Dali dort encore, d'un sommeil de plomb il dirait. Avec l'été, les moutons, il n'a peut-être pas remarqué qu'elle devait être épuisé. Il se pince les lèvres, se sent con sur le coups. Sauf que c'est pas le moment, il s'installe sur le lit, juste à côté d'elle, doucement, il ne cherche pas à la réveiller trop brusquement. Bon dieu ! Elle détesterait ça et se vengerait sûrement de manière horrible. D'un façon qu'il n'ose même imaginer. De tout façon, c'est pas le moment de se faire le scénario de sa mort. Il dépose sa main sur l'épaule de Dali, la secoue en chantant « allez la marmotte, faut te lever » Un gémissement. Il la fait chier. C'est stupide, mais sur le coup ça l'amuse. « Allez, si tu te saque vite, dans ma grande bonté, je t'apporte à bouffer. » La promesse d'un repas ne semble pas fonctionner. Ça marcherait avec lui. Ça devrait marcher avec elle, c'est pas si elle était de ces nanas qui prennent soin de leur ligne. Alors Marcus continu de la secouer et comme ça ne marche pas, il fait voler ses chaussures pour se mettre sur le lit et le faire trembler en criant. « debout ! debout !»
Dali Lazarre
♒ messages : 345
♒ Age : 31
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Mar 3 Sep - 12:36
Des cris, que des cris. C'est un écho permanent, quelque chose qui ne cesse pas, au fond de toi. Et tu as beau avoir bu, encore, toujours, jusqu'à t'en noyer l'intérieur, rien ne fait. Les pensées restent intactes, les cris ne se font que plus forts. Tes doigts, eux, se resserrent contre le tissu de ton lit, alors que ton coeur ne se fait que plus amer. Tu tombes ; tu tombes, au milieu de ton être. Ça fait mal, trop mal, et chaque gorgée, au contraire, t'amener encore plus bas. Les mots de Lou, vifs, brûlants, ne se font que plus douloureux, contre ton existence. Les larmes, au fond de tes yeux, ne se font que plus présentes. Elle est partie. Il n'y a que du vide, là, autour de toi. Que des armoires ouvertes, dénudées de leur couleur, n'habitant que des vêtements sombres, maintenant. Qu'une douche vide de shampoing à la chewing gum, et la disparition flagrante de la serviette Hello Kitty. Et putain, ça te bouffe, en dedans. Ça te brise en deux, à l'intérieur comme à l'extérieur, de ne plus voir ces agressions un peu partout, dans votre maison. Dans ta maison, maintenant. Lou, elle n'est plus là. Elle a crié, tu as crié. Elle a pleuré, et toi, tu n'as fait que crier encore plus. Tu lui as dit des choses, trop de choses, et tu l'as brisé, la petite poupée aux cheveux entremêlés. Tu l'as brisé, et brusquement, sans demandé, elle s'est envolée alors que tu étais partie travailler. Alors...Alors, tu as bu, tu as vidé les bouteilles d'illusion pour ne plus y penser, et au final, tout est devenu pire. Si pénible que tes prunelles, sombres, ne se sont pas fermées de la nuit. Dès l'instant où, épuisée, tu tentais de les fermer, les larmes te donnaient cette impression de te noyer de l'intérieur. Tu ouvrais la bouche, alors, à l'agonie, avant de pleurer de douleur, brusquement, les traits abîmés par la rage d'être si faible.
Lentement... le soleil s'est levé, les yeux bien ouverts, pour te narguer. Tu n'as trouvé rien de mieux à faire que de parcourir la grange sur tes pieds tremblantes, brisées, et de te blesser quelques fois à fermer les rideaux d'un geste rageur. Qu'importe. Qu'importe. Tu as plongé sous tes draps, de nouveau, tes draps à l'odeur de ses cheveux, à la chaleur de son corps, encore, et puis tu as laissé les plaies à vif, parce qu'au final, c'était une manière d’extériorisé cette douleur, au fond de ton coeur. Les blessures sont trop petites pour évacuer tous les maux, mais elles piquent, elles brûlent, te rappelant ta bêtise, ton erreur. Les heures passent, trop rapidement certainement. Tes doigts restent pendus à une bouteille d'alcool vide, comme si elle pouvait se remplir, mais si elle le pouvait, ce ne serait qu'avec tes larmes. Alors, tu restes là, sous les draps, enfermée loin de la réalité. Tu essaie de ne pas penser, les yeux bien fermés, contenant les larmes, te noyant s'il le faut, pour ne pas ouvrir les yeux et puis penser à tout ça. Pour ne pas voir qu'elle n'est plus là, t'observant avec ses yeux d'enfant, pour t'éveiller d'un baiser.
Tu es seule, maintenant. Bravo Dali, tu es seule, maintenant.
Forts, ils sont accrochés fort aux draps, tes doigts, alors que tu entends sa voix. « Dali ? T'es là ? » Ta tête, au fond de ta tanière, se secoue de gauche à droite. Tu as envie de lui hurler de reculer, de ne pas rentrer. Marcus, il ne met jamais les pieds ici. Mais ta voix, elle n'est que brisure, que déchets sur le sentier, alors tu ne parviens à rien. Tu restes là, sous les draps, écoutant attentivement le bruit de ses pas, dans l'escalier, sur le plancher mort depuis des années. Tes doigts, tu les serre fort, trop fort, alors que Marcus, il prend place sur le coin du lit. Tu n'as pas envie, non, tu n'as pas envie qu'il voit tout ça ; les larmes, sur tes joues, les cernes, sous tes yeux. Tu n'as pas envie, non, qu'il te voit comme femme, comme faible. Tu n'es qu'une fleur abîmée, délaissée par sa lumière, et tu ne parviens plus à respirer. Tu n'es qu'une petite fille, là, se cachant sous les draps, pour ne pas affronter la triste réalité. Laisse moi rêver, que tu as envie de lui crier.
Tu sers les lèvres avec force, alors qu'il pose ses doigts sur toi. Tu ne veux pas. Tu ne voulais pas, au fond, que ton épaule soit à nu. Les larmes te viennent aux yeux encore plus brusquement. « allez la marmotte, faut te lever » Ce n'est pas un gémissement, non, c'est une plainte de ton coeur. De ton coeur fendu en deux, incapable de battre correctement. « Allez, si tu te saque vite, dans ma grande bonté, je t'apporte à bouffer. » Tu ne réponds pas, non. T'es trop occupée, oui, à contenir tes larmes. À essayer de ne pas éclater, de ne pas pleurer comme un gros bébé. Mais Marcus, il ne sent rien de tout ça, Marcus, il n'a pas illuminé son lien de jumeau, ce matin. Il l'a laissé dans sa chambre, ou sur un mouton, certainement. Alors, ça monte en toi, les larmes, alors qu'il te pousse encore, et qu'il monte sur le lit, au final. Ça monte, les larmes. « debout ! debout ! » Il y a quelque chose qui ne va pas, et lui, il ne le voit pas. Il ne le voit pas, Marcus.
C'est peut-être pour ça, oui, que tu finis par te retourner vers lui. Que tu l'observes, les yeux noyés de larmes. Tu te mords les lèvres, la honte trop grande, au travers des veines. Tu détournes les yeux, chose que tu ne fais pas, d'habitude. « Vas t'en » Tu murmures tout bas, la voix brisée par les larmes, le nez bouché d'avoir trop pleuré. Tu en as marre. Tu veux juste que ça arrive. « VAS T'EN PUTAIN ! » Et les larmes se font plus vives, sur tes joues de fille. Tu as les yeux brillants, trop bleus et trop grands. Tu ne ressembles plus à un garçon, présentement. Qu'à une petite fille au coeur blessé, à l'âme déchirée. Alors, tu pleures, fort, toujours trop fort. Tu as envie qu'il parte, et pourtant, c'est plus fort que toi. Plus fort que toi, et tu te niches au creux de ses bras, le nez contre son chandail, celui qui joue le mouton, et puis peu la saison. Le frais du matin, aussi. Tu pleures, comme une gamine. « R-reste » Que tu couines, tout bas, en le serrant dans tes bras. En s'accrochant à lui, fort, pour parvenir à trouver un peu de vie. Un peu d'envie de vivre, oui.
Invité
Invité
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Ven 27 Sep - 15:45
Un sursaut, puis le sourire d’habitude si taquin de Marcus se fige et devient grimace. Il y’a quelques secondes encore, il riait, il parlait sans penser que quelque chose tournait mal chez Dali, sans ce douter qu'elle chutait. Le grand problème de Marcus, si chez les autres il éprouve de l'empathie au point de tout deviner, chez sa soeur, cela n'arrive que très rarement. Pourtant étant jumeau, cela devrait être autrement. Un mystère. Ou bien, parce qu'il est constamment heureux, il s'imagine qu'il en est de même pour elle. Un mystère, oui. Puis vint le sursaut, le fameux sursaut qui arrache le sourire de Marcus laissant le visage de Marcus sale, difforme, le choc.
Rapidement, il a envie de pleurer pour elle. Ce sentiment s'évanouit aussitôt, il le sait consciemment qu'il ne pourra pas arracher ses larmes pour les pleurer à sa place. Il reste muet pendant quelques secondes qui ont l'air de durer des minutes. Il reste muet à la regarder comme elle s'est dévoilée. Avec ses joues rouges, son nez qui coulent et puis ses yeux, noyés de chagrin qu'ils arrachent un cri au coeur de Marcus. Il la découvre avec horreur. Et ça, elle le voit, il la sent la honte et il s'en veut de provoquer une telle réaction chez elle, ça ne se voit même pas, l'expression d'horreur est toujours là, et Marcus reste muet. « Vas t'en » L'entendre, c'est un boule qui naît dans la gorge de Marcus. Il déglutit, chasse sa mine, cette vilaine expression. Il tend la main vers elle, il souhaiterait essuyer ses larmes mais elle crie, elle mordrait presque alors il reprend son geste, ne la touche pas. « VAS T'EN PUTAIN ! » Il ne sait comment agir. Il a le souvenir de quelques années plus tôt, d'une soirée qui avait mal tourné, de la façon dont il avait envoyé chier Dali, et de la façon dont elle avait accepté son besoin de solitude. Alors, quand elle crie, il veut l'exaucer. Faire ce qu'elle lui demande, parce que même s'il meurt de ne pas avoir encore pu la prendre dans ses bras, plus tôt, elle l'avait exaucé lui. Le dilemme fait face à lui. Garder le silence lui semble sage, il se connait, il risquerait d'empirer les choses par ses mots, par sa connerie. Il ne dit rien, la regarde juste, sourit peut-être un peu. Elle l'émeut un peu dans cet état, on dirait un petit oiseau tombé du nid en demande de soin, puis surtout, présentement, il a le sentiment de retrouver face à lui cette petite soeur qui avait disparue.
Il ne la voit pas venir. Il s'apprête presque à se lever pour lui laisser la paix qu'elle désire même s'il sent déjà au fond de ses entrailles que c'est une très mauvais idées et qu'il ferait mieux de reste, quitte à ne pas l'exaucer, quitte à subir sa colère pendant de nombreuse semaines. Après tout, il peut se permettre de la contrarier s'il le juge nécessaire. Mais il ne part pas, il se donne quelques secondes pendant lesquelles c'est qui agit, pendant lesquelles elle se laisse tomber dans les bras grand ouvert de Marcus, comme si elle tombait et qu'il la réceptionnait. « R-reste » Qu'elle implore alors que ses bras se sont déjà resserré sur elle. Maintenant, il ne partira plus. Il tient au creux de ses bras, la serre de toutes ses forces, comme si elle n'était qu'une éponge qu'il pourrait presser pour le vider de toutes ses larmes, il la serre pour faire partir son chagrin, et peut-être aussi pour qu'elle ressente sa présence, son attachement. Un « sshhhh .. shhh » se mêle aux gémissements de Dali mais c'est sans effet, elle ne se calme et finalement, c'est bien mieux comme ça. Il ne fait que la consoler tandis qu'elle pleure. Il lui témoigne de l'attention, malgré toute la difficulté que cela implique car Marcus, il n'est pas vraiment démonstratif mais de temps à autres, entre les sanglots, il passe une main dans ses cheveux, dépose un baiser sur son front et la serre toujours plus fort en répétant sans cesse. « Je ne partirais pas. »
L'instant ne cesse pas vraiment, mais ralentit. Peut-être que ça y'est, Dali est vide. Elle n'a plus de larmes. Elle reste ainsi dans ses bras, immobile comme si elle avait fait son nid. Marcus sourit, caresse ses cheveux du bout des doigts puis se questionne. Maintenant, que doit-il faire ? Il s'inquiète. Il s'inquiète surtout parce qu'il ignore la cause de ce remue-ménage et que maintenant qu'il observe l'environnement, il se rend compte que la pièce pue l'alcool, que Dali aussi, et qu'il n'est pas normal que Lou ne soit pas là. Il veut savoir. Il doit savoir. Sinon, comment pourra t-il l'aider ? On sait déjà qu'on ne peut pas compter sur lui pour deviner, quand il devine juste c'est inconsciemment et indépendamment de sa volonté. Il soupire, se doute que de se jeter pourrait réveiller le démon plein d'eau qui siège à l'intérieur de Dali mais il le faut, alors il parle. Il demande. « Dali, où est Lou ?» Quelque part, il sait qu'il sait la réponse, qu'il y'a forcément eu une dispute comme il y'en a souvent, même si bien évidemment, jamais il n'y a pris part de la sorte. « Dali, raconte moi ce qu'il s'est passé. » demande t-il, même s'il prend un léger ton autoritaire qui apparente cette demande à un ordre. Il se sent si désemparé à cet instant.
Dali Lazarre
♒ messages : 345
♒ Age : 31
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Mar 1 Oct - 12:20
Ils sont douloureux, tes foutus doigts, là, à s'accrocher à lui avec tant de forces. T'aurais bien avoir la force de crier, encore et encore, de rire et puis de lui dire de foutre le camp. T'en as rien à foutre, au fond, de son aide. C'est tellement rien, ce qui est en train d'arriver, qu'une simple fin et le début d'autre chose, oui, une fille qui perd tout ce qui est important et toi qui découvre de nouveau tes ailes. Tes ailes depuis si longtemps prisonnières, qui dernièrement n'ont battus que deux trois fois l'air. Que deux trois baisers, là, partagés, au travers d'une innocence bien flagrante. Pas de la tromperie ; il ne faut pas exagérer, non plus. Mais maintenant, maintenant, elles sont libres, les ailes, et puis tu peux voler loin, et haut ; trop haut et trop loin, oui. Tu veux voler au travers des nuages à en mourir de vertige, et puis mourir comme une merde, là, en t'échouant contre le sol. T'as les genoux qui tremblent et puis le coeur qui a envie de gerber. T'as envie de les arracher, tes ailes, Dali. De les arracher et puis de les donner à Lou, pour lui montrer que t'es toujours là, que tu l'aimes toujours aussi fort et que non, t'es pas prête. T'es pas prête à être seule, à ne plus entendre ses rires idiots, le matin, et à sentir ses doigts, petits et froids, sous les draps. T'en as pas envie, d'être libre, de pouvoir te prouver en tout temps que t'es un homme, et non une femme. Tu veux Lou, et puis ses remarques sur tes seins, tu veux ses doigts malins et puis ses sourires d'enfant, là, contre ton épaule, suivis de ses lèvres. Tu la veux toute entière, pour crier encore tes jalousies, et puis ton amour, aussi fort qu'il puisse être.
Mais t'es seule. T'es seule, maintenant, Dali, et il n'y a que Marcus, connerie, qui est là. Marcus qui te serre fort, si fort, dans ses bras, comme s'il avait peur que tu ne sois plus là. Comme s'il essayait de ne faire qu'un avec toi, comme autrefois, quand vous étiez dans le ventre de maman, et que vos mains, enfantines, étaient entrelacés et incapable de se quitter. Et toi aussi, au fond, tu le serre fort, dans tes bras. Tu le serres aussi fort que tu le peux, pour essayer d'oublier, pour essayer de te calmer. « sshhhh .. shhh » T'aurais oublier un peu, dernièrement, ce que c'était, que d'avoir un grand frère. L'esprit dans les brumes ou quelque chose du genre, tu l'as presque oublié, Marcus, quitte à le voir comme une nuisance, presque, dernièrement, dans ta vie. À en oublier tout ce que vous êtes, l'un pour l'autre, et tout ce qu'il est, surtout, pour toi. Marcus ton grand frère. Marcus, les bras qui ne te quitteront pas. Si le sourire disparaît, il suffit d'aller voir Marcus, et puis il renaît. Marcus, c'est ta naissance, ton monde et puis ton but, aussi, peut-être. Tu le jalouse autant que tu l'aimes, à vouloir être comme lui, bien souvent, à jouer de ton corps, comme lui, au lieu de le cacher. De le cacher sous des vêtements au point que même toi, toi, tu en viens à te chercher. Tu te cherches sans réellement te trouver, et au milieu de tout ça, tu en viens à tout perdre, autour de toi. Tout perdre, sauf Marcus. Impossible de le perdre, celui-là. Impossible de s'en défaire, et tant mieux. Tant mieux, et tant pis, oui.
Et il est là. maintenant. Il est là, Marcus, alors que tout a disparu, autour d'eux. Les vêtements de Lou, ses rires et puis ses pleurs. Le bruit, le matin, lorsqu'elle est en retard. La musique idiote qu'elle fait jouer à tue- tête, au milieu de l'après midi, en dansant en sous-vêtement. Tout ça, ce n'est plus là, mais Marcus si. Ses mains dans tes cheveux. Des baisers, là, sur ta tête. Tu pourrais presque en rire, en sourire, même, si t'étais pas prise dans les pleurs, les foutus sanglots qui ne veulent pas partir, qui n'osent tout bonnement pas te quitter. Ça te fait mal, au fond, de pleurer avec autant de force ; ça te crispe l'intérieur et créer un noeud, fort, gigantesque, qui empêche le bonheur et le calme de prendre place, enferme le malheur et les larmes à l'intérieur. « Je ne partirais pas. » Marcus, il est comme la douleur, comme les larmes et le malheur. Il est pris au fond du noeud, et qui reste avec toi. Tu ne pars pas avec les rires, cette fois. Marcus, il reste avec les larmes, parce que ce sont les tiennes, et malgré la honte que tu peux ressentir, en sachant qu'il te voit ainsi, tu l'aimes. Tu l'aimes et tu lui en ai reconnaissante, d'être là, pour toi. D'être ton grand frère, tout bonnement, et non pas l'idiot du village, pour une fois.
C'est en pensant à tout ça, surement, que tu te calme un peu. Le noeud au fond de ta gorge est toujours présent, mais au moins, il se défait doucement. Suffisamment du moins pour laisser échapper un souffle un peu frais, et puis en laisser un autre prendre place dans tes poumons. Et ça fait du bien. C'est comme ouvrir les yeux, après avoir affronter le noir pendant si longtemps. Tu restes là, pourtant. Tu ne bouge pas de ses bras, fermement agripper à lui, incapable de t'en détacher. Les yeux fermés, ton souffle semble aller en accord avec le mouvement de ses doigts, dans tes cheveux. Comme s'il t'était, fort, si fort, pour que tu ailles mieux. Comme s'il était la seule raison, en fait, pour que tu reprenne un souffle plus ou moins décent. Et c'est certainement ça. « Dali, où est Lou ?» Tes doigts se crispent, fort, contre sa peau. Tu le déteste, un instant, pour poser une telle question, alors que la réponse est pourtant si évidente. Tu le déteste autant que tu te déteste, oui. Tu secoue la tête, brusquement, contre son torse. Les cris ne sortent pas ; tu les as tous épuisés, hier, dans la journée. Les derniers se sont évadés à son entrée. Tu secoue la tête, là, comme une gamine, à essayer de ne pas en parler. « Dali, raconte moi ce qu'il s'est passé. » Tu le préfère idiot, tout d'un coup. Il semble trop sérieux, au son de sa voix, et toi, toi, tu serre les lèvres, pour contenir les larmes. Tu ne sais pas d'où elles viennent ; il te semble pourtant que tu as déjà tout pleurer, et elles sont là. Ça te fait pleurer encore plus, cette pensée. « tu vois pas, putain ? elle - elle est partie. » Tu marmonne tes mots, là, contre son chandail, avant de t'éloigner. Un peu, juste suffisamment pour l'observer. Pour essuyer tes yeux et puis te redresser un peu. Le monde bouge, à cause de l'alcool, à cause des larmes, mais tu grimaces et tu tiens bon. « c'est fini, c'est tout. » Fini. Le mot te donne mal au cœur, alors que tu t'éloigne un peu plus de lui, les mains à plat contre son torse. Tu essaie d'avoir l'air solide, forte, mais tes bras sont dénudées de force et ton corps ne parvient même pas à rester droit. Tu es la petite fille, cette fois, recoquillée sur elle même, essayant d'oublier ses larmes. Tu renifle sans grâce, avec les larmes, laides, qui glissent contre tes joues.
Ton corps s'échoue presque contre le sol alors que tu aborde un premier pas, pour te lever. Tu trembles un peu, beaucoup même, et tu serre les dents pour ne pas pleurer encore plus. Les larmes sont muettes, maintenant, sur tes joues, et tu ne comptes pas les laisser parler. Tu n'as pas envie d'être encore plus faible. Tes pas, tanguant, te traînant jusqu'à ton armoire. Pour te préparer, pour aller bosser. Comme si rien n'était. Ton pantalon s'échoue contre le sol tout comme ton chandail, qu'importe la présence de Marcus. C'est bien le seul homme, tiens, à connaitre ton corps de femme. Le bandage autour de ta poitrine est un peu défait, à cause de l'alcool, des larmes et du bordel, mais tu n'y prêtes pas grand attention. Tu mets un chandail, pourtant, et puis tente un pantalon. Idiote. Tu n'es qu'une idiote, Dali. Ton corps se meurt et puis tes jambes se brisent, ton ego prend une baffe et tes hanches hurlent de douleur, alors que tu tombe de côté, contre les planchers abîmés. Les bleus résonnent déjà de douleur, et les larmes, vives et actives, prennent encore place sur tes joues. Salope. « BORDEL.» Tu crie et tu pleure, tu hurle et tu te brise, fort, toujours plus fort.
T'y arriveras pas. Pas comme ça. Tu peux pas, cette fois, Dali, faire la forte.
Invité
Invité
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Mer 16 Oct - 19:30
L'impuissance. Sa grande fatalité que la détresse de Dali lui fait sauter aux yeux. Cette foutue merde qui le laisse dépourvu d'action, de possibilité. Que faire ? Comment ? Des questions laissées sans réponses, elles trottent dans la tête de Marcus tandis que Dali se vide de ses larmes entre ses bras. De solution, il n’a trouvé que de l’enserrer fort jusqu’à ce qu’elle étouffe, ou jusqu’à ce que le chagrin sorte une bonne fois pour toute. C’est sans effet, d’un côté qu’espérait-il ? Dali mérite plus qu’une simple étreinte. Dali mérite un frère qui sait immédiatement quoi faire pour panser ses plaies, mais non, Marcus ne sait pas. C’est bien un comble, lui qui soigne le monde. Sa grande fatalité, sa malédiction, il ne peut soigner l’unique personne dont il ne peut supporter le chagrin. Et c’est ce sentiment, précisément qui est en train de mettre en colère le jeune Marcus, en colère contre lui-même d’être si impuissant, si inutile. Mais ce n’est probablement pas le moment de se haïr, alors il range cette colère quelque part en lui, et murmure de douce parole, pour apaiser du mieux qu’il peut en attendant qu’il sache quoi faire, en attendant l’éclair de génie. Chimère. Marcus n’est pas un génie, juste un idiot, incapable de secourir sa petite sœur.
Mais il essaie. Il essaie en priant de toutes ses forces que le flot de larme s'arrête à un moment. Il murmurre des paroles apaisante, des promesses d'être toujours là, quoiqu'il arrive. Après tout, c'est tout ce que Marcus peut faire,tout ce qu'il peut offrir, sa présence, le cadeau d'être là. Inutile mais présent. Il soupire de détresse en pensant cet unique et maigre présent qu'il peut faire à Dali dans un moment comme celui-ci. Comme si d'avoir Marcus à ses côté être la solution. Connerie. Les minutes passent et les choses semblent se calmer d'elles même. La peine quitte Dali. La peur quitte Marcus. Et tout semblent peut-être bien. Pendant une seconde seulement. Pendant une seconde, il a cru entrevoir un sourire. Comme une promesse. Puis une fois cette seconde passée. Marcus a tout balayé. Il a tout détruit en faisant ce qu'il fait de mieux : mettre les pieds dans le plat. Sitôt ses questions posées sur la raison de l'absence de Lou, sur pourquoi lui est là, et pas elle. Il le sent, la colère de Dali. Il sent qu'elle veut crier. Comme s'il avait prononcé un nom interdit. Il se pince les lèvres à sa réaction. Trop tard, alors autant continuer.
« tu vois pas, putain ? elle - elle est partie. » Ce n'est pas la réponse qu'il attendait. Peut-être une explication. Un pourquoi. Un comment. Un enchaînement de mot pouvant guider Marcus ce qu'il peut faire. Non, rien qu'il n'a déjà compris de lui même. « c'est fini, c'est tout. » Il ne dit rien. Elle le quitte. Se sépare de lui. Eloigne son étreinte. Et Marcus ressent maintenant un grand vide. Un léger sentiment de rejet également. Il a failli à son devoir. Il le sait. Il le sent. Et maintenant qu'il a échoué, il ne peut que se contenter d'observer Dali qui titube, qui penche, qui peine à marcher. Et ça lui fait mal, pourquoi la laisser faire ? Par peur du rejet ? Un peu de courage Marcus, elle n'est que l'ombre d'elle même en ce moment. Mais il n'agit pas, pas tout de suite. Il se tient juste prêt, prêt à se lever si jamais il y'a besoin. Il semble en alerte, tandis qu'elle se vêtit. Il a les yeux en l'air pour lui donner de l'intimité, mais les oreilles à l'affut du moindre bruit anormal. Comme si à chaque pouvait se passer quelque chose.
« BORDEL.» Et un bruit lourd se fait entendre. Il ne regarde plus le plafond, mais le sol et Dali qui y est attachée l'air misérable. Troublante vision qui lui déchire le coeur en deux. L'envie d'accourir à son secours fait aussitôt son apparition et Marcus se précipite au pied de l'armoire de peur qu'elle se soit fait mal, qu'elle soit blessée. « ça va ? tu n'as rien ?» demande t'il l'air affolé, la visage de Dali entre les mains. Puis elle pleure, face à lui, encore. L'impuissance qui revient comme l'envie de partager ses larmes. Puis le besoin de la serrer très fort au creux de ses bras. « c'est rien. je vais te remettre au lit. » murmurre t-il doucement, avant de se placer de côté pour mieux la soulever. Il n'a pas peur qu'elle se débatte. Il la porte juste doucement et la replace dans son lit, comme il faut, sans lui laisser le choix. Il n'est pas à l'aise dans ce rôle, mais si la solution, c'est de jouer au grand frère, alors il le fera, à coup sûr. Ne reste que la peur qu'elle refuse.
Assise à son chevet, il met sa main dans la sienne, entremêle leur doigts. Il a la mine figée. Adieu le sourire. De toute façon, comment pourrait-il quand elle est comme ça. Les mots fusent dans la tête de Marcus, mais pas un seul au pouvoir de guérison. Pas un seul qui pourrait l'aider, soulager la douleur. Rien. Marcus est désarmé. Paniqué. Il déglutit. « je suis désolé pour Lou. je sais que, je pourrais rien te dire qui soulagera ta peine. j'ai pas ce pouvoir là, mais je te promet qu'un jour, ça fera moins mal. » Un bras va chercher la couverture pour l'en recouvrir. Il se pince les lèvres, de peur de réveiller sa colère, encore une fois. « et je te promet aussi. je te laisserais pas tant que ce jour ne sera pas arrivé. » Et à nouveau les caresses, celle du bout des doigts sur la main de Dali qu'il sert fort. Il est dépourvu d'action, se sent inutile. Il n'ose pas lui dire que le temps, c'est la réponse satisfaisante qu'il puisse lui donner.
Dali Lazarre
♒ messages : 345
♒ Age : 31
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Sam 26 Oct - 18:14
C'est triste, d'une tristesse, oui, ce que tu es. La merde que tu te trouves à être, là, Dali, contre le sol, échouée. T'as les larmes qui te coupent la vue et puis la gorge, nouée, incapable de respirer. Ta tête qui ne cesse de t'élancer et puis le monde, autour, de tourner. T'as envie de vomir, de vomir tout ton être, tout c'que tu peux bien représenter, et puis d'aller voir Lou, pour la supplier. Pour lui dire, oui, que t'es une nouvelle personne, que c'est fini, les tromperies, les dragues à deux balles, avec les autres, parce qu'il n'y a qu'elle. Il n'y a qu'elle, dans ton coeur, et ça depuis des années. T'as envie d'y croire, merde, que t'es capable, au fond, de faire ça pour elle. T'as envie de croire qu'elle est capable de te rendre immortelle, de te faire voler, planer, et puis de ne plus te soucier, non, des regards autour, tout autour de toi. Mais non ; non, ça ne marche pas. T'y crois pas, à cette merde, à ta foutue volonté, et tu pleures encore, pour ça, toujours plus fort. Tu pleures comme une gamine, là, étendue sur le sol, incapable de proprement respirer, si bien que les pleurs, ils en sont silencieux, maintenant. Incapable de se libérer, incapable de se faire écouter. T'es comme une merde, une putain de merde, oui, incapable de savoir comment te libérer, comme être, tout bonnement. Perdue, là, au milieu de la vie, tu sais pas qui être. T'es qu'une gamine, sur le moment, pour l'instant, prise par les larmes, incapable de proprement respirer, incapable de survivre, une soirée, à un coeur déchiré.
C'est foutu, Dali. Foutu ; il est parti, ton pilier. Il ne reste plus rien, non, rien du tout ; tu ne peux plus t'appuyer. La lumière du phare, elle s'est éteinte, et t'es perdue, dans le noir, incapable de voir. Incapable de marcher, les pieds gelés, le coeur qui ne cesse de saigner. T'as envie de crier, mais ta voix, elle est éteinte ; les larmes ont trop coulés, ton âme s'est trop fissurée ; t'es foutue, Dali. Foutue; t'es tout en bas, ma belle. Les escaliers, tu les as déboulés. Tes os, ils ont comme ton coeur ; cassés. Tu bouges pas, alors ; tu arrêtes, comme ça, subitement. Ton coeur fait tempête au creux de ta poitrine et les lèvres scellées, tu en viens à grimacer, par les sanglots qui essaient de s'évader. Ça fait presque mal, avec ta gorge qui ne cesse de remuer, les sursauts de douleur, de ton coeur blessé, qui ne cessent de te prendre le corps tout entier. Pourtant, tu restes là. Recoquillée, incapable de te lever, tu restes là, abandonnée Tu as abandonnée, juste comme ça, parce que tu es incapable d'enfiler un putain de pantalon. Parce que c'est trop dur. Trop dur d'aimer pour ensuite d'oublier. C'est dur, vivre, avec un coeur autant déchiré. Il reste la tête, oui, mais le coeur. Le coeur, c'est l'âme, non ? Ton âme, elle est partie avec Lou, tu as l'impression. Elle est partie sans toi, et tu as beau tendre la main, dans le noir, tu ne la trouves pas. Tu ne la trouve pas. Tu te sens un peu comme peter pan, peut-être, oui, quand il perd son ombre.
Un peu comme lui, oui.
Et puis soudain. Soudain, quand tout est noir. Quand le coeur sombre, incapable du moindre battement, il y a une lumière. Douce et faible, elle semble danser, et même rire, dans les airs. Elle caresse ta peau, et puis ramène ton âme. Pas au complet, non, mais la moitié, du moins. Parce que Marcus, au fond, c'est la moitié de toi. La moitié de toi, oui, la plus belle, certainement. Et tu ouvres les yeux, péniblement ; tu observes, tel un enfant effrayé, ton frère qui vient tout près de toi, pour voir si tu vas bien. Quelques secondes à peine se sont écoulés, au fond, depuis ta petite chute, et il est déjà là, paniqué, à tes côtés. Avec son coeur qui bat fort, si bien, si vivement, affolé, pour ta petite chute de bébé. Tu as envie de pleurer; de belles larmes, cette fois. Parce que Marcus est là ; il est là, pour toi. Il est là, ton grand frère. Vas dans ses bras, Dali. Il a besoin de toi. Tu as besoin de lui. « ça va ? tu n'as rien ?» Il y a ses doigts un peu abîmés, un peu sales, surement, contre les traits de ton visage dégoulinant de larmes. Tu fixes ses prunelles ; son regard noir, comme la terre, qui parvient un peu à te calmer. Tu te sens presque mal, quelque part, de faire disparaître la lueur d'amusement, dans ses prunelles. C'est comme un soleil, cette lueur ; ton petit soleil, oui. Tu mords tes lèvres, fort, et puis secoue la tête. Ça va. Quelques bleus, peut-être, mais ça va. C'est pire, à l'intérieur. « c'est rien. je vais te remettre au lit. » Tu l'observes, là, sans comprendre. Sans comprendre quoique ce soit. Mais il est déja là, Marcus. Il est déjà là, ses bras autour de toi, à te soulever. T'as ton corps entier qui se tend et tes bras qui s'accrochent à lui, autour de son cou, sans dire quoique ce soit. Trop faible. T'es trop faible, putain, Dali. Et puis c'est Marcus. Ton Marcus.
Tout va bien, si c'est Marcus.
Y'a ton nez, quelque part, qui s'enfouit contre son t-shirt, le long de la courte balade. Juste comme ça ; une odeur familière, peut-être, pour te calmer. Un peu de douceur, dans tout ce malheur. Il sent bon, Marcus ; il sent le thé dégueulasse de grand-père, du matin, et puis les moutons, avec le bois, aussi. Il sent tout ça, à la fois, et ça te rappelle la maison. Les rires d'hier et de demain. Ça te rappelle, quelque part, que les choses vont encore biens. Y'a encore des choses biens, autour de toi. Comme ton frère, là, tout contre toi. Ton frère qui ne rit pas de toi, cette fois. Qui s'occupe de toi. Juste comme ça. Juste comme il se doit.
Ils sont doux, tendres, les draps, contre tes jambes dénudées. Tes jambes de femme, là, que tu caches sous les draps, en observant Marcus. T'as envie de les ramener tout contre toi, comme une gamine, et puis de faire une cabane de couverture. Comme autrefois ; là où le monde n'existe pas. Juste toi et Marcus. Et puis les rires, à cause de ses bêtises. T'as envie oui. Ton coeur se calme, un petit peu plus, alors que Marcus, il glisse ses doigts au creux tes siens ; tu soupire doucement, les épaules qui tombent, le monde un peu moins lourd, là,autour de toi. Tu lui souris, tout bas. Renifle, comme ça, sans la moindre grâce. Juste comme ça, parce que t'as pas envie de te moucher, ou quoique ce soit. Tu passe même ta manche contre tes traits, pour t'essuyer, comme un homme le ferait, comme on t'a appris à faire. « je suis désolé pour Lou. je sais que, je pourrais rien te dire qui soulagera ta peine. j'ai pas ce pouvoir là, mais je te promet qu'un jour, ça fera moins mal. » Tu grimaces ; t'aimes pas, non, qu'il parle de ça. T'aimes pas entendre parler de Lou, mais putain, ça fait mal. Ça fait mal, au fond d'toi, parce que Marcus, il dit des trucs jolis. Des trucs qui font du bien, même, et ça dénoue le noeud, lentement, qui se trouve au creux de ta gorge. Ça donne envie aux sanglots, ceux qui ne sont pas encore sortis, de s'évader également. Tu serre ses doigts, un peu, légèrement.
Marcus, il te recouvre. Comme si tu étais une gamine, une enfant, là, qui avait fait un mauvais rêve. Tu aimerais bien. Oui, ça serait tellement mieux, au fond. Que Lou soit encore là, avec ses bas roses, et puis son shampoing à la con. Tu pourras plus, non, te tromper et sentir le chewing gum, parfois. Entendre Cerbère se moquer, quand ça arrive. « et je te promet aussi. je te laisserais pas tant que ce jour ne sera pas arrivé. » Tu souris, tout bas. Sourire, doux, là, qui se transforme en grimace. C'est trop, beaucoup trop d'émotion, pour toi. Des douces comme des vilaines, oui. Alors, tu grimace, baisse la tête, pour retenir les larmes, les sanglots, sans parvenir à quoique ce soit. Et puis tu lâches ses doigts, pour de nouveau, le serrer tout contre toi. Tu le serre contre toi, Marcus, parce que tu as besoin de lui. « après aussi » Que tu couine, contre lui, contre son gilet, tout bas. « après aussi, reste. pars jamais. pas encore. reste, bordel » Et tu délires, encore ; voilà, c'est trop à la fois. Trop d'émotions si bien que maintenant, y'a le vieux, qui ressort. La vieille douleur, la vielle plaie, de quand il est parti, Marcus. T'as les doigts, comme des crocs, qui s'enfoncent dans sa peau ; c'est fini maintenant; le torrent est parti, il ne peut plus se stopper. Les larmes aussi. « pas comme la dernière fois c'était - c'était trop. c'était insupportable, Marcus. pars plus, s'il te plait. J'ai besoin - j'ai besoin de toi, putain. j'ai besoin de toi. » Et tu le serre, encore, toujours. Tu le serre, là, fort, dans tes bras un peu maigre, un peu petit, contre lui. Tes bras de femme. Tu pleure, là, comme une femme. T'es juste la soeur de Marcus, là, sur le moment. La petite fille qui s'est sentie abandonnée, subitement, quand son frère, il a voulu découvrir le monde, la ville, et puis tout le reste.
T'es juste une petite fille, contre son frère, qui pleure. Qui pleure, oui, parce qu'elle a eu peur. Ça fait un petit moment, un long, même, mais à quoi bon. L'émotion sort, enfin. La peur, celle là, trop forte, que t'as ressenti, quand il est parti. Quand t'as cru être toute seule, juste avec papi.
Invité
Invité
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Sam 9 Nov - 17:32
Il n'a pas l'habitude de la voir si fragile. Dali, elle fait toujours la forte. Elle fait toujours la fière, à faire genre que rien ne l'atteint jamais, à faire semblant de jouer l'homme, du moins son stéréotype, fier et fort, qui ne pleure pas, qui ne connait pas la douleur. Marcus, il sait que tout ça, c'est du vent. Il sait qu'au fond, elle est comme un oiseau tombé du nid qu'il se doit de protéger, il sait que derrière cette pseudo démarche masculine, il y'a une petite fille. Mais Marcus, il a beau le savoir, il fait l'autruche. Tout le temps. Il pense lui rendre service en gobant comme tout le monde ce qu'elle reflète. Il se dit toujours qu'il vaut mieux qu'elle pense que lui aussi, elle peut le berner, comme le monde dehors. Mais là, quand il la regarde, Marcus se dit que c'était une erreur et que peut-être Dali aurait moins mal si elle avait conscience à l'avance de ses limites, peut-être qu'elle n'aurait pas aussi mal si Marcus les lui avait dite plus. Il y'a de la culpabilité là, qui prend forme au fond de lui quand il fait la liste de toutes les erreurs qu'il n'aurait pas dû faire. Maintenant, il n'y a plus qu'à réparer de toute façon. Il n'a plus qu'à panser ses plaies avec ses belles paroles, ses jolis mots qui montrent à Dali que même si Lou n'est plus, lui ne bouge pas.
Il s'en empare de Dali. Il la prend avec lui pour l'emmener loin de ce méchant sol qui l'a fait tomber, s'il pouvait, il ferait plus mais malheureusement, Marcus il n'a pas de cœur en bon état sous la main pour remplacer celui qui est tout cassé dans la poitrine de Dali. Marcus, il n'est pas docteur du cœur, il ne sait même pas comment ça fonctionne ces trucs, dommage. Il dirait même, il y connait foutrement rien et c'est très handicapant même. Heureusement, il reste toujours ses mots. Ses mots qu'il sort dans l'espoir qu'elle le croira, quand il dit que tout finira par bien aller, car après tout, ce qui ne tue pas rend plus fort. Et si cela s'est déjà avéré véridique pour lui, il n'est pas de raison que ça ne soit pas pareil pour elle. Il le souhaite, tout au fond. Alors il parle, il use de ses mots en la remettant au lit, en la bordant pour la tranquilliser. Il lui promet, un jour, ça ira mieux. On ne peut pas souffrir pour toujours. Pas eux.
Il tend un mouchoir sous ses yeux, pour qu'elle se mouche. Ce n’est pas joli de renifler. Il sait qu'elle s'en fout. Il s'en fout aussi. Mais le geste est là, généreux, réconfortant. Puis il la recouvre, pour qu'elle n'ait pas froid, pour qu'elle se réchauffe et aussi pour qu'elle se sente moins vulnérable. Il continue de parler, encouragé par le sourire qu'il parvient à entrevoir sur le visage de Dali. Marcus, il se sent moins désemparé de voir qu'il arrive à la faire aller mieux, au moins un peu. Le sourire de là, il est là comme un soleil après la pluie. Il donne un peu d'espoir, Dali, elle va guérir. En se disant ça, il sourit. Il se sent moins impuissant qu'un peu plus tôt. Marcus, il n'est pas inutile finalement. Mais, il a à peine le temps de se réjouir d'avoir réussi. Il a à peine le temps de se dire qu'il va pouvoir mettre des pansements à son coeur pour le soigner à défaut de lui en donner un nouveau que les larmes, elles reviennent vile autour des yeux de Dali et qu'elles effacent le sourire. Saloprie. Marcus, il voit tout ça se détruire et il comprend, il panique à nouveau.
Il ne bouge pas. Il n'a pas le temps de comprendre pourquoi Dali pleure à nouveau, pourquoi elle se met à le serrer comme ça, subitement. Il a dit quelque chose qui ne fallait pas ? « après aussi » murmure sa voix étranglée. « après aussi, reste. pars jamais. pas encore. reste, bordel » Elle reprend. Il la serre encore plus fort dans ses bras tandis qu'elle lui enfonce ses ongles dans le dos, c'est douloureux, un peu mais il ne dit rien. C'est rien ça, des ongles dans le dos à côté de la peur de l'abandon de Dali, à côté de sa crise d'angoisse. Et pendant qu'un flot de larmes se déverse sur les yeux de Dali et sur le chandail de Marcus, c'est un flot de culpabilité qui se déverse en lui. Il pense à Lou. Elle n'a rien à faire là pourtant, mais il y pense. Ils pensent que tous les deux, ce sont de sacré enfoiré car ce qui se passe, c'est leur œuvre à eux. Le genre qu’on ne s’attend pas à faire.
« pas comme la dernière fois c'était - c'était trop. c'était insupportable, Marcus. pars plus, s'il te plait. J'ai besoin - j'ai besoin de toi, putain. j'ai besoin de toi. » C'est lui qui a éveillé tout ça. Ils en parlent jamais d'habitude. De la fois où Marcus est parti du jour au lendemain sans rien dire à personne, parce qu'il était trop blessé pour revoir Douvres encore une fois, parce que lui, il voulait pas partager ses émotions. La fois où il est parti sans intention de revenir. La fois où il a séparé ce qui n'aurait jamais du être séparé. Le genre de regret que l'on enfoui au fond de soi à cause de la honte. Marcus maintenant, il est là à la serrer dans ses bras, tout honteux d'avoir sa part de responsabilité. Les larmes de Dali qu'il hait tant, elles sont de lui. Y'a une boule qui se forme dans sa gorge et l'envie d'implorer pardon qui vient. Mais continuer à réveiller de vieux sourire n'est pas la chose adaptée. C'est pas ça qu'il faut faire. « je sais. j'aurais jamais du partir. pardonne moi encore une fois. je pourrais te le promettre autant de fois que nécessaire que ça se reproduira pas. » Non, certainement pas. Marcus, il ne sera jamais celui qui fait pleurer les autres, il le refuse. Il a conscience quand il lui promet, qu'il lui donne sa liberté, qu'il se lie à elle à jamais. Mais peut-être que c'est pour ça aussi qu'ils sont nés à deux : pour n'être jamais séparé. Il tient son visage dans ses mains et embrasse son front avant de la reconduire à se coucher.
« Dali, j'suis désolé d'être parti. Mais tu sais, il le fallait. J'étais comme toi mais je voulais pas que tu le vois. » explique-t-il bien rapidement, il n'avait pas envie d'en parler. Jamais. C'est humain après tout de vouloir garder secret ses erreurs. Même s'il le soutient, cette erreur il devait la faire. Il devait se sauver la vie parce qu'ici, il se serait noyé. « tu sais. avec ce qui vient de se passer avec Lou, je comprendrais que tu veuille changer d'air. tu peux faire tout ce que tu veux. et j'en ferais autant de mon côté, tout ce que tu veux je dis. » Il a le sourire pas très sûr. Marcus décidément, il n'est pas fait pour la tristesse.
Dali Lazarre
♒ messages : 345
♒ Age : 31
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Ven 15 Nov - 0:23
Elle n'est plus là. Non, elle n'est plus là, la grande Dali. Il ne reste que toi, que toi, la petite fille qui pleure sans pouvoir se contenir. Il ne reste d'un océan de larmes qui dégouline sur tes traits, sans jamais pouvoir cesser. Que ta gorge, si serrée, si nouée que tu peine à respirer. Et que t'as cette impression, au fond de tes tripes, que rien de tout cela va s'arrêter. Tu vas crever, tant ça fait mal. On dirait que c'est ta peine et tes pleurs qui sortent tous en même temps, après avoir été accumulé pendant si longtemps. Pendant tellement, tellement longtemps. Tu ne fais que pleurer, là, comme une enfant abandonnée. Celle que l'on a retrouvé, pourtant, qui a des bras, fort, rassurant, autour d'elle, mais qui ne peut s'arrêter. Parce que c'est encore là. Parce qu'une présence, aussi belle puisse-t-elle être, ne peut rien contre la douleur. Il n'y a que le temps et les larmes qui veulent effacer la douleur, et encore, elle perdura. Tu auras toujours peur, Dali. Toujours là à observer Marcus, à te demander s'il est parti au marché, ou alors dans une autre ville. Tu auras toujours peur, Dali, de te sentir incomplète de nouveau. C'était vide, si vide, sans Marcus. C'était pas toi, non, sans ses rires un peu cons et ses blagues sans queue ni tête. C'est pas Dali, qui existe, quand Marcus est trop loin, quand tu sais pas ce qu'il fait. Alors oui, putain, tu pleure. Tu pleure à en vomir ton arme et à ne plus avoir le contrôle sur ton corps. C'est une tempête qui te traverse, un peu comme un tsunami, et tu ne peux rien faire. Rien faire d'autres qu'attendre, oui, que tout cela passe. Mais la mer est immense et les larmes semblent n'avoir aucune fin. Et ta gorge, putain, elle te fait mal, tant tu pleure, tant tu vomis ta douleur. T'es en train de te vider du mal, Dali, de lui foutre à la gueule, et la fin, tu ne la vois même pas.
Elle est trop grande, oui, beaucoup trop grande, cette douleur. Quand on commence à pleurer, on ne sait jamais lorsque l'on va s'arrêter.
Elles ne se tarissent pas, les larmes. La douleur, la souffrance, ce poids sur tes épaules, il ne s'efface pas. Il te semble que même si tu pleure pendant des heures durant, la douleur sera toujours là, comme la peur. La peur de le perdre. Les autres peuvent bien disparaître, Lou peut bien partir comme elle l'a fait, c'est à Marcus que tu t'accroche ainsi. Car il a été là dès le premier instant. Dès le premier pleur, le premier sommeil, le premier tout, il a été là. La vie sans lui ? Tu ne la vois pas ? T'aborde si peu souvent le sujet, pourtant, tu crie pour un rien, Dali, tu lui dis de dégager, qu'il t'ennuie et qu'il traîne dans tes pattes, tu soupire souvent, lasse tout bonnement, et pourtant, il y a ton coeur qui est plus léger, quand t'es là, juste à supporter ses conneries. Quand il est là, à juste être lui. C'est différent, quand il est pas là. Quand il y a tous les autres, mais pas lui. Si différent, oui. Et ça, tu ne le supporte pas. Et ce que tu déteste le plus, certainement, ce qui te fait le plus mal, au fond, c'est le fait qu'il n'est pas ressenti cette douleur là, loin de toi pendant tant de mois. Qu'il n'est pas ressenti le vide, au fond de lui. Ce foutu vide que tu as essayé de remplir, si fort, trop fort, au moins de faire quelques conneries.
Ton souffle, il bloque. C'est comme si ta gorge était sèche malgré les larmes et la morve, et que ta tête était pleine de plomb. Ça fait mal et ça sonne le sommeil, mais les larmes ne cessent pas, encore. T'es un peu plus calme, un peu moins secouée, aussi, mais toujours aussi mouillée, toujours aussi bouleversée. T'es une petite fille, Dali, au moins des bois, à s'accrocher si fort à un arbre. Marcus, c'est ton arbre, ton pilier, oui. C'est fou ce qu'il peut compter. « je sais. j'aurais jamais du partir. pardonne moi encore une fois. je pourrais te le promettre autant de fois que nécessaire que ça se reproduira pas. » Ta bouche se tord ; si les sanglots s'étaient calmés un minimum, ils repartent de plus belle. Avec une folie destructrice ; t'as l'impression d'être en train de mourir de l'intérieur, à pleurer comme tu le fais. Ça fait mal, tellement mal que tu ressens plus rien, au final.
Et puis Marcus, il éloigne ton visage de son chandail. C'en est presque marrant, tu y vois le portrait de tes yeux et de ton maquillage de la veille, là, sur son t-shirt à la con. Tu garde les yeux bas, malgré les yeux, dans tes yeux, ses mains sur tes joues et puis ses lèvres, sur ton front. T'as cette impression que si tu croise ses yeux, tu vas pleurer encore plus fort. « Dali, j'suis désolé d'être parti. Mais tu sais, il le fallait. J'étais comme toi mais je voulais pas que tu le vois. » Tu renifle, tout bas. T'essaie de comprendre, peut-être. De comprendre ce qu'il te dit. Et ça fait mal. Mal de savoir que quelqu'un a bien pu mettre ton frère dans un état comme le tien. Parce qu'il le mérite pas. Parce que des gars comme lui, y'en a pas des milliers, et qu'il est une putain de perle. Alors tu comprends pas, non, comment une connasse a bien pu lui faire ça. Lui faire mal, oui, comme ça. « tu sais. avec ce qui vient de se passer avec Lou, je comprendrais que tu veuille changer d'air. tu peux faire tout ce que tu veux. et j'en ferais autant de mon côté, tout ce que tu veux je dis. » Tu finis par lever les yeux vers lui, au final. Les sanglots se sont calmés, même si les larmes coulent toujours. Il a un feu mort, dans ta gorge, et un trop plein d'énergie, dans ta tête. Mais ça va un peu mieux. Un tout petit peu, oui. « changer d'air ? » Tu souffle tout bas, les lèvres un peu gercées, par tous les larmes. T'y comprends qu'il te suivrait jusqu'au bout du monde, pour t'accompagner et puis t'aider. Et pour se faire pardonner, surtout.
Ouais, pour se faire pardonner, surtout.
Tu secoue la tête, brusquement. T'as les bras un peu tremblants, le corps carrément faible, mais t'as encore ta tête, et puis tes pensées, même si elles sont en bordel. « dis pas de connerie, marcus. » Ta voix, c'est qu'un murmure, un petit souffle. Après tout, y'a cette douleur qui veut pas partir, juste là, comme si t'avais chialé au point d'en perdre la voix. « j'veux pas changer d'air. douvres c'est chez moi. y'a personne pour me faire partir d'ici. » Oui, chez toi. T'as beau pas être amoureuse de la ville, ou alors en vanter les mérites, c'est chez toi. T'es pas du genre à te rendre dans Londres dès la première occasion. Tu te plais, ici, dans le calme, au travers des champs et de la mer. « t'as été con. très con. pas d'partir, mais pas l'dire, plutôt. j'aurais compris. ou p'être pas, p'être que j'aurais voulu te retenir, oui, mais j'aurais compris, au final. parce que t'es mon frère, ma paire, putain. » Tu renifle un peu, de tristes larmes silencieuses, au coin des yeux. T'essaie juste de régler le problème, de ne pas y ajouter des conneries, par dessus. T'en veux pas de sa promesse, si elle est contraignante, pour lui. Tu veux juste savoir. « t'as pas besoin d'me cacher des trucs. j'te connais, putain. t'es mon jumeau, j'suis supposée t'connaitre. » Faible sourire, tu passe une main dans tes cheveux, essuie tes traits, un peu. « j'te demande pas d'me raconter tes baises, j'fais déjà des cauchemars parfois. mais j'veux juste... j'veux juste savoir, marcus. quand t'es parti comme ça...comme ça brusquement, j'ai l'impression que y'avait rien.. rien du tout, entre toi et moi. et ça, j'en veux pas. l'reste du monde peut bien foutre le camp, avoir ses secrets, Lou aussi, putain, elle peut partir comme ça, s'effacer d'ma vie, mais pas toi. pas toi, marcus. » C'est un lien qui disparaît pas, ça. T'en as besoin, toi, de ça. Au final, ta force, c'est peut-être Marcus. Depuis toujours, oui, ta force, c'est lui. C'est grâce à lui que t'es comme ça, que t'es devenue ce que t'es. Grâce à ton grand frère, oui.
Invité
Invité
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Mar 19 Nov - 20:37
Il ne sait pas comment ils en sont arrivés là, à parler de ça. Marcus, il refait le chemin dans sa tête sur comment ce sujet de conversation a bien pu arriver sur le tapis. Il se demande comment il a fait pour ne pas l'éviter, parce qu'après réflexion c'est de sa faute s'ils en parlent maintenant. C'est lui qui a dit qu'il serait toujours là, alors qu'à peine prononcé, c'était déjà un mensonge. Marcus, ça fait des années qu'il travaille habilement à éviter cette conversation. Faut pas lui en vouloir, mais Marcus il n'aime pas parler des choses qui font mal. Il n'aime pas ressortir les vieux souvenirs quand ils sont mauvais et triste. Il n'aime pas s'en rappeler. Il voudrait tout oublier parfois, se frapper la tête contre les rochers pour que ça parte. Mais maintenant, c'est trop tard. Dali doit traîner ça depuis trop longtemps avec elle, ce besoin de savoir, ce besoin de s'expliquer, cette envie de comprendre pourquoi son grand frère l'a abandonné. Il le comprend, peut-être que c'est là le moment d'aborder le sujet mais il aimerait encore l'éviter. Si elle ne comprenait pas. Puis lui, se mettre à nu n'est pas son genre, même avec elle. C'est triste que ce soit comme ça, mais Marcus, il a toujours préféré garder ses propres secrets pour lui, pour ne pas alourdir le fardeau des autres aussi. Puis, y'a aussi qu'il ne veut pas susciter la pitié.
« changer d'air ? » Elle n'a qu'à le répéter pour qu'il comprenne combien c'est débile ce qu'il dit. Il a tenté de lui expliquer, brièvement, à peine quelques mots le pourquoi du comment dans l'espoir peut-être qu'elle comprenne. Il s'est excusé également, parce qu'après ce qu'il a fait, c'est certainement la seule chose qu'il puisse faire pour réparer, ou pour aléger sa conscience. Et puis, il lui fait une nouvelle promesse, celle de la suivre si comme lui elle a besoin de quitter Douvres, de ne plus voir ses paysages rempli de douloureux arrière-goût, si elle a besoin de réflechir, d'oublier un peu. Ainsi, ils ne se quitteraient pas. Mais Marcus, il entend dans la voix de Dali quand elle répète que c'est bête ce qu'il dit. Il entends qu'elle comprend pas. Puis, il réalise qu'au fond, ils ne sont pas non plus tout à fait pareil. Ce ne sont pas les mêmes réactions qui les animent, et il se tait. Il se tait pour ne pas avoir à dire d'autre bêtise aussi grosse que lui, puis pour ne pas rappeler d'autres larmes aussi.
« dis pas de connerie, marcus. » Oui, il l'avait senti qu'elle allait lui répondre ça. Il se tait, encore. Le silence, c'est encore ce qu'il y'a de mieux pour pouvoir entendre la petite voix de Dali au lieu de ses larmes, ça lui donne un peu de vie. Un peu, oui. « j'veux pas changer d'air. douvres c'est chez moi. y'a personne pour me faire partir d'ici. » Ou comment lui dire - ou lui répéter plutôt - qu'il a dit une connerie. Pire, qu'il la faite. Comment le faire culpabiliser encore plus. Comment le faire baisser les yeux. « t'as été con. très con. pas d'partir, mais pas l'dire, plutôt. j'aurais compris. ou p'être pas, p'être que j'aurais voulu te retenir, oui, mais j'aurais compris, au final. parce que t'es mon frère, ma paire, putain. » Un sourire dans le regards, rapide. Puis les lèvres qui s'écartent pour parler, mais Marcus se rétracte, c'est pas le moment. Et puis, que répondre ? Lui, il sait si elle aurait compris ou non. Elle même ne sait pas. Puis, il ne peut pas non plus deviner comment les choses se seraient passer si il l'avait dit, non il peut pas. Il sait pas comment lui dire, partir sans rien dire, c'était le mieux, pour lui du moins. Comment l'unique décision égoïste qu'il ait eu dans sa vie ait pu le conduire là, dans cette situation. Malheureusement, il ne peut philosopher sur ça, sortir ses belles paroles et lui répondre qu'on ne peut changer le passé, que des erreurs doivent être faites, c'est comme ça, puis il ne peut pas lui dire qu'il est loin d'être parfait qu'avec des " si " on aurait la possibilité de refaire le monde sans pour autant y arriver. Non, il ne dit rien. Il s'enfoncerait, et puis il est coincé. C'est pas de belles paroles dont Dali a besoin maintenant, c'est de la vérité. « t'as pas besoin d'me cacher des trucs. j'te connais, putain. t'es mon jumeau, j'suis supposée t'connaitre. » Il garde les yeux baissés. Qu'est ce qu'il peut répondre encore ? Rien, tout bonnement. Quand ça sort de sa bouche, ça sonne comme la raison. Comme si oui, ils se devaient de tout se dire, même si au fond il ne le veut pas. Si il ne le fait pas partager, alors il pourra se dire qu'il ne l'a pas vécu et qu'un mauvais souvenir n'était simplement qu'un cauchemar. Oui, et si encore. « j'te demande pas d'me raconter tes baises, j'fais déjà des cauchemars parfois. mais j'veux juste... j'veux juste savoir, marcus. quand t'es parti comme ça...comme ça brusquement, j'ai l'impression que y'avait rien.. rien du tout, entre toi et moi. et ça, j'en veux pas. l'reste du monde peut bien foutre le camp, avoir ses secrets, Lou aussi, putain, elle peut partir comme ça, s'effacer d'ma vie, mais pas toi. pas toi, marcus. » Alors l'impossible, c'est ça qui lui faut à Dali pour arrêter toutes ces larmes ? L'impossible, c'est ça que Marcus doit donner à Dali pour l'aider à guérir, au moins un peu ? L'impossible oui. On ne dirait pas. Elle ne doit pas le savoir mais Marcus, il ne sait pas s'il se sent prêt à lui donner ça. L'impossible, il aurait préféré être enterré avec.
Il s'allonge sur le lit de Dali sans même demander. C'est silencieux comme ça l'atmosphère. Elle semble attendre, lui réflechit. C'est idiot. C'est pas non plus la mer à boire de raconter ces choses là. Pour lui si, quand même. Rien que là, à regarder le plafond, il sent qu'il se noit. Dali, elle s'en rend pas compte mais, c'est comme si là elle 'avait jeté du haut de la falaise, avec pour seule chance de survie, la confession avant la mort. Il se rappelle Marcus : Maybelle, les autres, le garçon qu'il était, l'idiot plutôt, l'idiot qu'il est toujours puis tout ce qu'il trouve à dire pour expliquer c'est « Maybelle. » Un nom. Un nom douloureux. Du genre qu'il ne s'attendait pas à reprononcer un jour. Un joli nom pourtant, rendu laid par sa détentrice qui ne le méritait pas. Puis Marcus se redresse. Il se rassied, à côté de Dali en riant. De ce rire qu'il fait quand il se trouve con, quand ce qu'il dit c'est pas drôle mais qu'il fait semblant juste pour pas montrer ce qu'il y'a dedans. Un rire qui dans le langage de Marcus pourrait être comparé à des larmes. Marcus, il ne pleure pas. Il rit. Puis il rit en parlant, parce que y'a que comme ça qu'il arrivera à l'expliquer, grâce à la dérision, en se moquant de lui. « Depuis que je suis gosse, j'ai toujours eu cette fille dans la tête, tu t'en souviens ? J'étais toujours le premier à vouloir lui rendre service. L'idiot qui portait son sac. L'idiot qui la protégeait toujours de la pluie, à faire le clown pour l'amuser. Ouais, j'étais son bouffon. Et ça a pris presque quinze ans de bouffonnerie pour qu'elle m'invite à sortir, pour qu'elle me fasse sentir comme si je pourrais être chose qu'un putain de clown à ses yeux. Et ce soir-là, tout ce qui s'est passé c'est que j'ai donné mon dernier pour elle. J'étais juste un pigeon, celui qu'elle a choisi pour rendre son copain jaloux. Putain, j'ai idolâtré cette gamine toute ma vie, et pour elle j'étais qu'un appât. Ça fait mal quand tu tombes de haut comme ça ? Quand tout ce que tu croyais se brise. Et après ça, quand elle a eu l'attention qu'elle voulait, elle a juste laissé son copain me passer à tabac en se moquant. Et ça, je l'ai mérité je crois, pour avoir été aussi con. Mais après je ... » Puis le rire reprend. Y'a cette petite boule dans la gorge qui est venue pendant que Marcus, il racontait. Cette petite boule qu'il tente de faire partie avec son rire, comme s'il guérissait tout. « Après, je voulais juste foutre le monde entier entre Douvres et moi. C'est tout. » conclue-t-il en se levant. L'envie de marcher, de bouger, puis de ce tenir loin d'elle des fois qu'il lui fasse beaucoup trop pitié. Ce serait la goutte d'eau ça, sûrement. « Puis, si j'ai rien dit à l'époque c'est que à ce moment-là, y'avait un fossé entre nous. Maybelle, c'était une chose mais je vivais avec la constante impression que .. Je sais pas comment l'expliquer. » Il se rassied, cherche ses mots. « C'est juste que, parfois j'ai l'impression de t'insulter par ma simple présence, voir par mon existence. Parce que si j'avais été pas là, t'aurais été le garçon et t'aurais mieux vécu ta vie. Et .. Et je voulais que tu aies ça, l'opportunité d'être ce que tu voulais sans que je sois là à te rappeler la fatalité. Et puis, je ne pouvais pas te raconter ça. Comme je le fais là, c'est difficile, j'aime pas ça. Je ne voulais pas que t'aies pitié aussi. C'était un petit reste de fierté. Le petit reste qu'on m'avait pas pris et JE SAIS que c'est débile, idiot, con, égoïste, malheureux, mais pour moi, à l'époque partir ça me semblait la meilleure solution, même si j'allais le regretter. » conclue t-il en lui tournant le dos. Ouais, décidément, Marcus il n'aime pas se livrer, si c'est pour se foutre dans un état comme ça
Dali Lazarre
♒ messages : 345
♒ Age : 31
Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Jeu 21 Nov - 17:00
Tu l'observes, là, en silence. Ton coeur, il est grand ouvert, à vif, pour avoir dit tant de choses. Ça te fait mal, quelque part, d'avoir autant parler. T'étais pas prête à être si ouverte, si à nu, là, devant lui. Mais au fond, pour ce genre de truc, il te semble que l'on ne peut jamais être prêt. On peut pas, non, avoir envie de se dévoiler comme ça, de s'ouvrir la poitrine et puis de mettre son coeur tremblant entre les doigts de quelqu'un d'autre, sans avoir peur de quoique ce soit. Tu trembles pour toi, pour lui, en cet instant. Parce que oui, t'as peut-être fait les pas, les pas un peu tremblants, un peu perdus, oui, mais lui ? Tu ne sais pas s'il le fera ; si tu seras la seule, là, ouverte, vide, libérée du poids. T'aimerais qu'il te dise bien des choses, qu'il t'ouvre son coeur, comme ça, pour tout te dire, mais d'un côté...d'un côté, t'as peur. Peur de voir trop de choses, trop de noirceur, et puis de t'en vouloir, par la suite. Pour ne pas avoir vu, pour ne pas avoir su, tout ça. Assise là, les jambes ramenées vers toi, tu l'observes. Lui, il s'est couché dans les draps, la tête sur l'oreiller. Tu l'observes, la tête pleine de questions, le coeur à la mer. Les larmes, elles ont fini par se tarir, sur tes joues. Elles ne sont qu'ombre du passé, là, qui n'en viennent plus à s'évader. Que des ombres qui reflètent ton coeur qui a trop saigner. Il te semble, étrangement, que tes pensées ne sont plus tournés vers Lou. C'est plus important qu'elle, tout ça. L'amour, ça ne dure pas pour toujours. T'es pas idiote ; c'est une certitude que tu as, certainement à cause de ta mère, oui, qui a été abandonné par ton père. Même si tu ne l'as pas connu. Même si toute cette histoire, tu n'en as rien à faire.
Et pourtant. Pourtant, là, maintenant, l'amour, c'est rien. C'est rien, oui, à côté de ce qu'il y a, là, entre Marcus et toi. Entre papi, ton jumeau et toi.
Il y a ta gorge, lentement, qui commence à se nouer. Parce que le temps, aussi lent puisse-t-il être, il semble aggraver les choses. La douleur de Marcus, elle commence à prendre force, là, sur ses traits, et plus les secondes passent et plus elle semble grande. Ton coeur, il te fait mal. Ton souffle, il ne semble plus passer. Tu as mal ; tu as envie de le pousser, au fond, de le faire tomber du lit, et puis de te mettre à le chatouiller. Pour ne pas qu'il aborde ce sujet, au fond. Pour qu'il sourit, de nouveau. On dirait que ton propre bonheur, il disparaît, là, en même temps que le sien. Tu as l'écho de sa douleur qui prend forme, là, en toi. Et ça fait mal. Ça fait si mal, merde. Doucement, tu renifle, là, toute petite, à côté de lui, à observer ses traits. Tu lèves les yeux au ciel, une seconde, prête à tendre les doigts vers lui, pour les poser sur ses traits, effacer sa douleur, là, d'un mouvement de main, et puis dessiner un sourire stupide, sur ses lèvres, mais il parle, enfin. « Maybelle. » Ta main, elle s'affaisse contre le sol. Tu te souviens de Maybelle. Tu penses tes lèvres, doucement, à te souvenir, lentement. Des sourires de ton frère, de ses yeux d'enfant, géant, qui la suivait. Ta main, elle se relève de nouveau, là, pour se poser contre son bras. Mais Marcus, il ne semble pas vouloir. Marcus, il se lève, là, et puis il s’assoit sur le lit, en rigolant. Jamais au monde tu n'as autant détesté un rire. Il te serre le coeur et la gorge à la fois, fait naître de nouvelles larmes, à tes yeux. Comme si tu savais. Comme si la suite, tu la ressentais, au fond de toi.
Ça vient peut-être de la connexion des jumeaux, qui sait. Il y a tellement de conneries, à ce sujet là.
Tu baisses les yeux, là, pour ne pas le voir. Tu aimerais poser tes doigts sur tes oreilles, pour ne plus entendre son rire, là, pendant qu,il raconte cette histoire. Tu aimerais pouvoir ne pas ressentir tout ce qui est enfermé, là, dans sa voix. Tu aimerais tant, oui, mais c'est ce que tu as demandé. Tu as demandé à savoir, à connaitre son mal, et te voilà, là, toute petite, les larmes aux yeux, l'âme à l'envers. C'est terrible. C'est impossible, insupportable, oui. Trop, oui, pour toi. Pour la pauvre petite que tu peux être. Parce que toi, tu t'es toujours protégée. Tu as toujours eu peur d'être approchée, peut-être, au final. Mais Marcus... Marcus, c'est un coeur. Un coeur à vif, beau et parfait, et les gens, ils osent cracher dessus. Maybelle a oser sortir son maquillage dégoûtant, et puis barbouiller le coeur de Marcus pour qu'il ne soit plus rouge et parfait. T'aimerais ressentir une colère, au fond de ton coeur. Une rage immense, pour pouvoir les détruire, elle et son copain de l'époque. Mais y'a rien. Y'a rien d'autre que de la tristesse, un coeur qui se noie. Tu es envie de tendre les doigts, pour l'attraper et puis l'essuyer, le remettre au creux de la poitrine de Marcus, mais il te semble que tu ne sais plus nager. Tu ne sais plus nager, subitement. Il y a trop d'eau, trop de larmes, de tristesse, là, en Marcus. Et ça te semble insupportable.
Tu serre les poings, un peu, tes ongles qui s'enfoncent dans tes paumes, oui, quand il rit, là, comme ça, de nouveau. Il te fait mal, ce rire. Tu la détestes, cette fille, pour lui avoir fait ça. Tu la détestes, bordel. Et pourtant, tu restes là, sans mouvement. Comme si ton coeur, il était trop lourd. Beaucoup trop lourd, oui, pour parvenir à quoique ce soit. Tu restes là, comme ça, assise derrière lui, le regard bas. Tu pourrais crier, frapper, faire une scène, mais c'est trop, pour toi. Les gens, l'humanité, c'est comme si tout venait de s'écrouler. On s'en prend à des gens comme Marcus, maintenant ? À des perfections comme lui ? À frapper les soleils qui ornent à terre, à les frapper et puis à en rire, on a pas à se demander pourquoi le monde, bah, il sombre. « Après, je voulais juste foutre le monde entier entre Douvres et moi. C'est tout. » Tu renifle, doucement, tu renifle, et tu hoche de la tête, même s'il te voit pas. Tu comprends ; être resté, Marcus, il aurait perdu sa lumière. Tu aurais perdu ta lumière pour toujours, sans lui. Et ça te fait mal. Mal, oui, de savoir que quelqu'un aurait bien pu faire ça. Briser notre soleil, juste pour s'amuser. Tu lève les yeux, au final, quand il se lève. Tu le suis un instant, en silence, la gorge trop serrée pour parvenir à quoique ce soit. Tu l'observe, là, incapable de dire quoique ce soit. Et il continue. Il ne s'arrête pas. C'est ce que tu voulais, non, après tout ? Idiote. « Puis, si j'ai rien dit à l'époque c'est que à ce moment-là, y'avait un fossé entre nous. Maybelle, c'était une chose mais je vivais avec la constante impression que .. Je sais pas comment l'expliquer. » Tu veux pas savoir. T'as envie de lui dire de se taire, d'arrêter. La suite, tu la connais. Tu sais, au fond, c'est quoi. Parce que t'étais jeune, à l'époque, un peu idiote, aussi, et en colère, surtout. En colère comme on peut l'être, oui, à l'adolescence. T'en voulais au monde entier, pour ta vie, pour ta condition, et tu vivais sur les et si. Marcus, il en a écopé, même si au fond, tu en n'as jamais réellement parler. Il a pu le voir, dans le temps, dans tes yeux, ce que tu pouvais bien penser, comme bêtise. Même aujourd'hui, tu t'en veux encore. T'étais qu'une gamine, encore, avec la colère au ventre. T'avais pas encore grandi, bordel. « C'est juste que, parfois j'ai l'impression de t'insulter par ma simple présence, voir par mon existence. Parce que si j'avais été pas là, t'aurais été le garçon et t'aurais mieux vécu ta vie. Et .. Et je voulais que tu aies ça, l'opportunité d'être ce que tu voulais sans que je sois là à te rappeler la fatalité. Et puis, je ne pouvais pas te raconter ça. Comme je le fais là, c'est difficile, j'aime pas ça. Je ne voulais pas que t'aies pitié aussi. C'était un petit reste de fierté. Le petit reste qu'on m'avait pas pris et JE SAIS que c'est débile, idiot, con, égoïste, malheureux, mais pour moi, à l'époque partir ça me semblait la meilleure solution, même si j'allais le regretter. » Tes yeux, ils ne quittent pas les draps. Mais au fond, c'est à peine si tu les vois, ceux-là. Les yeux, ils sont trop noyés dans les larmes, pour ça. Tu restes là, les jambes encerclées de tes bras, à écouter l'écho de ses mots. Ça te fait mal ; de savoir que ta colère d'autrefois, elle lui a fait ça. Tout ça. Ça te fait mal, oui, de voir à quel point tu as bien pu être pénible, avec lui. « désolée. » Tu souffles tout bas, comme ça, renifle un peu, avant de lever les yeux. Tu trembles un peu, au travers des draps, en rampant vers lui. Tu as besoin de le toucher, de le serrer contre toi. Alors, tu fais comme gamin ; comme il faisait avec toi, quand tu tombais et puis que tu te faisais mal aux genoux, et que tu pleurais. Tu passe tes bras autour de lui, dans son dos, et puis tes jambes aussi. Tu le serre, fort, si fort, qu'importe s'il le veut pas. Tu voulais pas, toi non plus, gamine. Tu te débattais comme une furie, limite à lui casser le nez et les bras, mais il te lâchait pas, Marcus. Il te serrait fort, fort, jusqu'au moment où il n'y est plus de larmes.
Alors, tu ne le lâches pas, toi non plus. Tu le serre fort, comme ça, le nez enfoui contre son chandail, dans son dos. Tu y frotte un peu tes traits, pour en faire disparaître les larmes, et puis tu continue. « j'étais idiote... 'fin... j'étais perdue, je crois... avec mes sentiments pour les filles, et puis les rires des gens. je suis pas comme toi ; j'en avais quelque chose à faire. J'avais le menton levé, je faisais la fière, mais je pleurais souvent, tu sais. pour tout ce qu'ils disaient et je - j'étais jalouse, oui. parce qu'avoir été garçon comme toi, les choses, elles auraient été faciles. elles auraient été plus faciles, pour moi mais je - je veux pas, Marcus. » Tu souris, tout bas. Tu souris, face à la vérité. « je veux pas être un garçon. j'en ai rien à foutre, maintenant. j'étais juste - juste perdue, en colère, contre le monde entier. je savais plus qui j'étais et je - » Tes traits, ils s'enfuissent, là, contre son t-shirt, et puis tes doigts, ils serrent leur emprise. « je t'ai détesté. pour être parti, les premiers temps. je t'ai détesté mais... mais je crois que - que ça devait arrivé. parce que tu vois je - je crois que j'ai compris. quand t'étais pas là, j'ai compris je - j'me suis trouvée. j'ai arrêté d'être un enfant, d'attendre tes doigts, au creux des miens, tes mots idiots, quand j'avais mal, et puis j'ai commencé à avancer par moi-même. j'ai toujours- j'ai toujours compté sur toi, marcus. je m'en étais pas rendue compte, avant que tu partes mais - je m'appuyais trop sur toi, marcus. » Et tu le serre, là, dans tes bras tremblants. Tu le serre, ton grand frère, fort, bien fort. « t'as bien fait, okay ? t'as bien fait, marcus. je - t'as bien fait. » Les larmes, elles ne coulent pas. Les sanglots, ils ne te prennent pas. C'est bien ça, le pire ; tout reste coincé, comme ça, tout bonnement, au creux de ta gorge. Et tu restes là, comme une petite gamine, le visage enfoui dans son chandail, dans son dos, à le tenir fort. Tu restes là, comme ça, un petit moment, avant de le lâcher lentement. Un sourire fin se dessine sur tes larmes, alors que tu observes la trace de tes larmes, sur son t-shirt, et que tu la caresse du bout des doigts. « on dirait un mouton... » que tu souffle, comme ça, tout bas.
Invité
Invité
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali ) Mar 3 Déc - 17:31
Marcus, il se sent mal là, de sentir les larmes. Pas les siennes, non. Celle de Dali derrière lui. Il les entend, les ressent et pourtant, il n'arrête pas de les faire couler. Il fait comme elle a dit, il parle, il lui explique, livre tout ce qu'il y'a en dedans même si cela peut être douloureux. Après tout, c'est ce qu'elle voulait non ? Qu'il dise tout. Même si, soyons d'accord, il aurait voulu que tout ça reste en dedans, parce que Marcus il tient à ses secrets, puis que ceux-là, ils sont douloureux, méchant et qu'ils renvoient à une période noire à laquele Marcus avait réussi à ne plus penser. Tout ça, ça c'était fondu dans le paysage. Marcus, il le voyait plus. Mais bon, la vérité finit toujours par éclater et de ça, il a conscience. Désormais, il espère juste que cet instant suffira et que le sujet ne sera jamais plus débattu.
Il se laisse faire tandis qu'elle glisse ses bras autour de lui, quand elle l'agrippe un peu de force. Une technique à lui ça, celle du sac à dos. Y'a un petit sourire qui se forme là sur ses lèvres quand lui revient le souvenir de toutes ces fois où il a fait ça sur elle, l'enlacer de toute ses forces jusqu'à purger le malheur. Qu'elle le fasse sur lui, ça le console un peu. Il n'a même pas envie de se débattre, de toute façon il sait que c'est pas possible, c'est sa technique forcément infaillible. Non, il se laisse faire, après tout, il a le droit lui aussi parfois de recevoir un peu de tendresse non ? « désolée. » Oh non, Marcus, il a la gorge serrée mais il a envie de lui dire, y'a pas à être désolée. Tout ça, c'est derrière eux. Maintenant, ils vivent très bien. Alors y'a pas à être désolée si le chemin les ayant mené là était tortueux. Le résultat, il est bien. Enserré comme il est, il ne parvient qu'à bouger les avant-bras et pose sa main sur celle de Dali, le visage de profil pour lui montrer son beau sourire, pour lui intrasèquement de ne plus pleurer. Après tout, Marcus, il ne fait pas pleurer les filles.
Et ils restent, pas longtemps. Juste pour se remettre un peu. Puis Dali brise le silence. Elle parle, Marcus aimerait lui dire que c'est pas nécessaire. « j'étais idiote... 'fin... j'étais perdue, je crois... avec mes sentiments pour les filles, et puis les rires des gens. je suis pas comme toi ; j'en avais quelque chose à faire. J'avais le menton levé, je faisais la fière, mais je pleurais souvent, tu sais. pour tout ce qu'ils disaient et je - j'étais jalouse, oui. parce qu'avoir été garçon comme toi, les choses, elles auraient été faciles. elles auraient été plus faciles, pour moi mais je - je veux pas, Marcus. » Y'a sa main à lui qui tient la sienne plus fort. « je veux pas être un garçon. j'en ai rien à foutre, maintenant. j'étais juste - juste perdue, en colère, contre le monde entier. je savais plus qui j'étais et je - » Y'a le sourire là aussi, puis la gêne, mais l'entendre se justifier ça doit être un besoin chez lui, il la laisse dire, n'interrompt pas. « je t'ai détesté. pour être parti, les premiers temps. je t'ai détesté mais... mais je crois que - que ça devait arrivé. parce que tu vois je - je crois que j'ai compris. quand t'étais pas là, j'ai compris je - j'me suis trouvée. j'ai arrêté d'être un enfant, d'attendre tes doigts, au creux des miens, tes mots idiots, quand j'avais mal, et puis j'ai commencé à avancer par moi-même. j'ai toujours- j'ai toujours compté sur toi, marcus. je m'en étais pas rendue compte, avant que tu partes mais - je m'appuyais trop sur toi, marcus. » Et le sourire qui revient. « t'as bien fait, okay ? t'as bien fait, marcus. je - t'as bien fait. » Et c'est le silence encore. Marcus, il attends. Il attends que Dali, elle se remette un peu de ses émotions, qu'elle ne pleure plus, qu'elle soit juste paisible. On peut dire que c'est tout ce qu'il attends. Et ça prend son temps mais si c'est ce qu'il faut, Marcus il ne va pas précipiter les choses. Il se dégage peu à peu de son emprise, au fur et à mesure qu'elle le laisse partir. « on dirait un mouton... » soupire t-elle, avant que Marcus se remette à rire. De son rire à lui cette fois, le bon, celui qui fait du bien. Il rit en tentant de regarder son dos dans un miroir pour apercevoir la fameuse trace, avant de répondre. « si j'avais su, j'aurais rembourré mon calbut avec des kleenex ce matin. » dit-il en regardant l'état de son chandail. Il rit encore un peu, avant de s'approcher d'elle et de saisir ses deux mains.
Il joint ses deux mains, dépose un baiser sur le dos de l’une d’elle. « non, c'était pas bien. parce que tu en as souffert et que j'ai jamais voulu. même si quelque part, ça t'as aidé à te défaire de mon emprise. c'était pas bien. tout ce qui peut excuser mon comportement, c'est de se dire que de mauvais doivent un jour ou l'autre être fait. » dit-il en replaçant une de ses mèche de cheveux derrière son oreille. C'est peut-être ça la conclusion de cette histoire, de se dire qu'il le fallait, c'est tout. Après tout, ça lui suffit à lui qui vit avec la fatalité. Un soupir en regardant au plafond, puis il se dit que c'est bon maintenant, y'a eu assez d'émotion, d'aveux, de partage. Lentement, il recule. Il tire par la même occasion sur les bras de Dali pour la forcer à se lever, maintenant qu'elle devrait en avoir la force. « allez marmotte, papi va rentrer pour manger. faudrait y aller. » et il la lève, de force avant de se retourner. «viens grimpe. je te transporte aujourd'hui. » dit-il en riant, en attendant qu'elle monte sur son dos, comme ils faisaient avant, quand ils étaient petit. Et c'est de la même façon que tous les deux descendent de la pièce et se mettent en route vers la maison, en riant comme des enfant. et en allant vers papi qui les entend déjà arriver.
Spoiler:
NON CA FAIT PAS TOO MUCH HAPPY END
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: mon tricot devient ton mouchoir ( dali )