Il a compter les jours dès le premier du mois. Un rituel qui ne le quitte pas depuis l'enfance. Par exemple, tout bête : acheter un calendrier de l'avent pour attendre le vingt-quatre. Jour de l'émerveillement. Ils étaient beaux tous les Noël en France mais Ted désire faire rimer Douvres avec plus de magie maintenant. De toutes ces merveilles qu'il a put voir de l'autre côté de la Manche. C'est les rivières de sa belle ville qu'il désire voir pétiller d'éclats; et non plus la Seine sous une pluie d'artifices. C'est plus possible d'attendre. Il veut être magicien Ted. Faire tambouriner son coeur de refrains fluorescents. Semer les sourires et les rires partout où il passe. On recommence. Un chocolat par jour, un encouragement face à l'impatience. L'attente.

Nous sommes le vingt-six au soir. Ted quitte la baraque rénovée - tapis de la tête aux pieds, de promesses délicieuses pour le nouvel an. Rien qu'à l'observer, cela l'aide à prendre cette ultime bouffée d'air frais pour renaître. Il lui suffit simplement de glisser ses yeux dans tous les recoins pour croire au bonheur. Après tout ça. Teddy se réjouit du lendemain.
Il mourrait d'impatience. Ted était las de ce tout ce temps. Maintenant, il demande simplement de vivre, de pas trop voir les heures filer comme des voleuses pour lui dérober ce beau Noël. Qu'importe ce qui sera amener à faire pour une seconde; il est prêt à toutes les folies ce soir. Ne voyez-vous pas combien il semble plus serein à ce jour ?
Ted glisse sur sa planche, dévale les trottoirs avec une agilité qui lui est propre. Une manière de se déplacer qui lui est personnelle - arriver plus vite à bon port pour festoyer. Ted s'engouffre dans le centre-ville, se fait manger par le noir quand il ne sillonne pas entre les réverbères. Sa silhouette fuit, poursuit les lucioles, les lumières, rejoint le coeur de la ville. Petit à petit les chants de Noël sont plus clairs. L'odeur du pain d'épice, le rire des enfants, les histoires du conteur. La vie lui est offerte. Ted ne présente plus des yeux bleus mais un océan d'étoiles pétillants. Il est émerveillé. Grand enfant. Heureux.
Au pied du grand sapin, il a sa place. Ted le regarde, ce bien majestueux maître de cérémonie. Il sourit comme s'il voyait la plus exceptionnelles des choses. Et sous son bonnet, il n'a jamais eu aussi chaud, tellement il a le coeur gros.

Elle les aime bien, les petites décorations que ceux les artisans. Pas celles de l'homme à la barbe, car toujours, il y part quelques poils et elle ne peut s'empêcher de ressentir un profond dégoût, la vieille dame, mais plutôt celles des femmes qui ont passés au travers des générations. Elle est vieille, Madame Louette, avec les articulations qui claquent et le corps qui bloque, souvent, parfois. Sa voix grince et ses doigts tremblent malgré le bras de Felipe, alors qu'elle l'observe de ses yeux trop grands, presque blancs, de par le temps passé sur cette terre. On ne dit pas non comme ça, à une vieille dame. Soupir au travers des lèvres, sourire crispé également, il ne peut s'empêcher d'hocher de la tête, malgré l'heure et son corps qui craque, par les heures à peinturer, depuis le début de la journée. Il hoche de la tête gentiment, Felipe, pense aux quelques pièces qu'elle lui donnera en plus, pour ce qu'il fait pour alors. Il garde ses insultes et ses plaintes pour lui alors, et il part en direction du marché.
Il fait noir, peut-être un peu trop, avec tout cette neige qui tombe doucement, contre le sol. Bonnet sur la tête et moufles dans les pattes, il avance rapidement sur les trottoirs pour, au final, parvenir à la fontaine. Il fait froid et noir, trop, et les gens rient, pourtant. Le rire résonne dans les airs comme les chansons et Felipe, malgré l'ennui de travailler entre deux fêtes, ne peut empêcher ce sourire, là, sur ses lèvres. La magie des fêtes caresse tendrement son être, vole dans les airs tout autour, tendrement, alors que la mission oubliée, il observe les enfants qui courent au travers des passants et le sapin, grand, immense, à la place de la fontaine. Il passe en voiture presque tous les jours pourtant, et étonnement, il est là pour la première fois, maintenant. L'enfance brille au creux de ses yeux alors que, mains dans les poches de son gilet, il avance de quelques pas pour voir le sapin de près pour la première fois.
C'est là qu'il le voit ; Ted.
Ted qui a disparu un moment, qu'il n'a pas vu depuis Halloween, il lui semble. Ted qu'il a insulté pour les derniers mots échangés, Ted qui a pris sa colère en pleine tête, car il n'appréciait pas sa vie, avant Ilir, pendant Gabin, et qu'il l'enviait pour avoir osé changer, pour avoir osé mordre, dans la vie. La langue passe à toute vitesse, comme ça, sur ses lèvres, avant qu'il ne soupire trop vivement et qu'il fasse un pas vers lui, simplement. « hé » Il est un peu aspiré par l'hiver, son hé, mais qu'importe. Felipe il adresse un petit sourire timide, pourtant, en s'avançant. Il y a un petit nuage de neige sur le bonnet de Ted, sur le sien aussi, certainement, et Felipe lève la main doucement, pour ébouriffer et chasser les flocons. « ça te fait vieillir avant l'âge. » Sa main retombe doucement, et à l'intérieur, il en sent un peu le tissu qui coince, contre l'alliance à son doigt.

Il n'y a aucun doute : Ted est un grand enfant. La vue d'un sapin lui remémore ses Noël d'enfance. Cela a toujours été une période qu'il aimait. Pas seulement pour les cadeaux mais aussi bien pour les petits gâteaux, le repas et les chocolats. Il se souvient encore de l'odeur du chocolat qui s'invitaient dans les rues de Douvres. Provenant de l'unique chocolaterie du village. Là où, à la sortie de l'école il restait planté devant la vitrine pour éveiller un peu plus ses papilles. Il a toujours espérer retrouver un sachet de friandise sur la table de la cuisine. Mais ses parents n'ont jamais eu la bonne idée d'aller acheter des chocolats. Pour la gourmandise, pour croquer des bouchées dont on se souviendra pour toujours. Ted a tout de même eu ce plaisir. Fidèlement assis sur le trottoir d'en face, la porte du commerce s'est un jour ouverte. La chocolatière est apparut et avec un sourire, l'invitait à entrer. Ted, intimidé a d'abord hésité pour finalement se laisser porter par l'envie qui l'a toujours habiter : pénétrer à l'intérieur. Alors, le parfum du chocolat était plus intense que dans ses rêves. C'était presque irréel tellement cela sentait bon. La gentille marchande s'agenouillait devant Ted pour lui demander lequel des chocolats il voulait goûter. Ted ne savait pas du tout, tout lui donner envie. Alors, elle le prit par la main et l'invita à s'asseoir sur un haut tabouret. Devant le comptoir, il pouvait observer encore mieux. Sous son nez des tonnes de chocolats plus jolis les uns que les autres. Elle lui présenta l'un d'eux et sous sa langue, il fondait comme neige au soleil. C'était tellement bon que Ted ne se sentit pas fermer les yeux. Coeur praliné au chocolat au lait.



Ted redescend de son nuage quand une voix l'interpèle. Familière. Felipe se présente, un fin sourire sur le visage. Amical. Ted ne peut alors retenir le sien. Il n'a pas remarqué que la neige lui recouvrait pleinement la capuche. Felipe s'autorisa un balayage. La tête de Ted s'en souviendra.
- Joyeux Noël Fel. Ted lui sourire, si heureux de le retrouver. Il hésite, cette envie de le prendre dans ses bras l'irrite. Et finalement, Ted se laisse aller, prenant le risque de brusquer Felipe. Ted l'attire par les épaules et le serre dans ses bras. Il reste là un petit moment avant de dire dans un murmure.
- Tu m'as manqué.

Les traits de Ted n'ont pas changés, depuis la dernière fois. Pourtant, Felipe y voit de multiples différentes. Peut-être au fond parce que, mine de rien, il ne l'a pas réellement observé depuis son retour. Les derniers mois, il n'y a eu que des regards au coin, des messages sur le téléphone, mais sinon rien. Il ne s'est pas attardé, il ne le voulait pas. Qu'est-ce qui a bien pu changer ? Rien. Ou alors tout. Felipe préfère ne pas y penser ; les pensées trop profondes le font paniquer. Il sourit, alors ; légèrement et doucement, un sourire un peu arrogant, là, sur ses lèvres gercées un peu, à peine, par le froid. Il sourit, simplement. « Joyeux Noël Fel » Il hoche de la tête doucement, le peintre, avant de tourner les yeux vers le sapin. Il l'observe un instant, souffle tout bas, au travers du froid, quelque chose comme ça ; « Ouais, toi aussi. » Ses prunelles se tournent vers Ted juste à temps, le temps de voir l'étreinte, le temps de bien le ressentir, aussi. Il soupire lourdement, lève les yeux au ciel et pourtant, le serre dans ses bras également. « Tu m'as manqué. » Felipe, il ricane un peu, moqueur, comme ça, parce que c'est lui, simplement. « Hého, vire pas dans le sentimental non plus, Ted. » Il le serre un peu plus dans ses bras, pourtant, avant de le lâcher, tout simplement. Le nez est froid, il renifle un coup, avant d'observer les environs. « Chocolat chaud, ça te dit ? Y'a un stand bien, juste là. » Il l'observe un peu, avant d'ajouter. « Il est tenu par une vieille ; ils doivent être bons. »