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 Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire.

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Cailìn Ò Sullivan
Cailìn Ò Sullivan

Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire. Untitled_by_berkozturk-d4gfzvb
♒ messages : 21


Feuille de personnage
♒ âge: 22 ans.
♒ profession : Possède un restaurant un peu paumé, un peu miteux.
♒ le choix du coeur: Possède un coeur un coeur un peu paumé, un peu miteux.


Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire. Empty
MessageSujet: Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire.   Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire. Icon_minitimeLun 10 Fév - 11:08



Et voilà, je ne sais plus me taire

Salut, Lore. Bonsoir,
Je t'écris, il est tard. Il fait nuit à la fois dans ma chambre et dans ma tête. Tes mots me manquent un peu, c'est de ma faute, j'en suis désolée. Ça a été un peu plus rude que prévu, ces derniers temps, et je n'ai pas eu le courage de tenir mon crayon, je l'avoue. J'ai tenté de me convaincre que ce n'était pas si compliqué mais à chaque fois, au dernier moment, mes doigts se détournaient pour attraper une cigarette. J'ai un peu honte, je te jure. J'avais dit que j'arrêtais, j'ai arrêté même. Mais une fois de plus, c'est ma faiblesse qui a gagné. J'ai plus souvent allumé mon briquet que les lumières de mon appartement ces derniers temps. J'ai fait comme si ce n'était pas grave. L'illusion a tenu les premiers jours ; je n'arrive plus à m'en convaincre. C'est comme si j'étais dans l'erreur, constamment. Comme si je n'étais plus capable de ne rien réussir. J'ai conscience du fait que je me suis enfermée moi-même. Je ne trouve plus la clé de la cellule. Je ne peux pas me permettre de patienter plus longtemps. J'atteins la dernière phase de ce que sans pudeur j'appellerais l'autodestruction : j'ai besoin de ton aide.

A chaque fois que je me remets à marcher, je me dis que j'avance, avant de me rendre compte que je ne fais qu'approcher plus près, un peu plus près encore de ce gouffre sans fond où siègent les tréfonds de mon âme. Ne me quitte pas, je crois en ce que tu dis, j'ai besoin de tes mots, de tous tes mots. J'ai besoin qu'on me dise pourquoi, comment. Seule, je te prie de me pardonner, je n'y arrive plus, je ne suis capable de rien. Seule, je chute, je chute encore. Seule, je ne vais vers rien d'autre que dans ce putain de mur qui barre ma route. Celui que je croyais pouvoir éviter, que je n'éviterai pas, parce que je manque sérieusement de cette drôle de motivation dans laquelle tous se gobergent. Ils font comme si c'était terriblement simple. J'ai essayé de toutes mes forces, je me suis ratée une fois de plus. Je suis une ratée, quoiqu'il arrive. Chaque parcelle de peau plus laide que celles qui l'entourent. Et mes cernes, bordel, mes cernes qui exhibent mes yeux aux yeux du monde tout entier. Qui mettent à nu mes monstres qui me bouffent les doigts, les poumons, le cœur. Des ombres qui m'enlacent, qui me prennent dans leurs bras. Elles me susurrent les mots que maman ne m'a jamais dits, que j'aurais aimé entendre venant d'elle. Elles me les susurrent pour mieux m'endoctriner, tentent de m'attendrir.

Dis-moi la vérité, Eleonore. Dis-moi cette foutue vérité. Dis-moi ce que je dois entendre et non ce que je veux entendre. Dis-moi, vraiment, comment est-ce que j'apparais aux yeux du monde ? Je me souviens, quand j'étais gosse, j'avais cette robe. Je l'avais volée sur le chemin de l'école et elle était trop belle pour que je ne la prenne pas. Elle était blanche, presque totalement, à part le ruban violet qui m'enserrait la taille. J'aurais pleuré devant la pureté de cette robe. Quand je suis rentrée chez moi, je me suis cachée dans ma chambre pour l'essayer. C'était la première fois que je me trouvais belle, car j'oubliais mes cheveux courts, mes genoux cagneux. Je me souviens des larmes qui faisaient briller mes pupilles. Putain, j'étais belle, pour la première fois à mes propres yeux, j'étais ce que je devais être. Je suis descendue voir maman, elle s'est mise à pleurer et papa est venu et papa m'a frappée. J'ai eu mal longtemps. Les bleus sur mes bras et les bleus sur mon cœur. J'ai encore un peu mal. Tu vois, déjà, j'étais terriblement incapable de me voir comme j'étais réellement. Un triste aveuglement personnel. Je ne sais pas si je suis devenue aveugle avec le temps ou si je le suis de naissance. Je m’en fous, tu sais, le résultat est le même. Tout ce que je veux, c’est quelqu’un pour me guider dans ce putain de noir trop oppressant pour moi.

J’ai mal aux yeux à force de les ouvrir trop grands pour pouvoir percevoir quoique ce soit d’une manière un peu moins floue. Le plus rude, ce n’est pas d’essayer, c’est de n’arriver à rien, jamais. Tout est flou, toujours. Et quand j’y crois, quand j’ai au final entre mes mains une ébauche d’espoir, tout finit pas s’assombrir à nouveau, et il ne faut pas beaucoup de temps dans la nuit pour oublier qu’il a déjà pu faire jour à un moment quelconque. En oubliant les autres, on s’oublie soi-même. On oublie les rapports qu’on avait avec eux. Tu es l’une des seules que je n’oublie jamais, Lore.

L’autre jour, je marchais dans la rue. Il ne pleuvait pas, pour une fois. J’ai l’impression qu’il pleut toujours lorsque je marche dans la rue. L’autre jour, je marchais dans la rue, et je croisais ces gens qui ne me voyaient pas. Il ne pleuvait pas, mes yeux pleuvaient pour le ciel. Je croisais ces gens qui ne me voyaient pas et j’ai fini par réaliser que c’est comme s’ils ne me voyaient pas. Comme si ça ne leur faisait rien. Je ne comprends pas comment ma souffrance peut me faire si mal et laisser les autres si indifférents. Je ne comprends pas. J’ai voulu leur crier des insultes au visage, tout ce qui me passait par la tête, mais je n’ai rien dit, parce que je ne dis jamais rien aux inconnus. A un moment, j’ai trébuché. L’un d’entre eux s’est retourné pour m’offrir avec complaisance un rictus méprisant. Je n’ai eu le droit à rien d’autre. Et au milieu de toutes ces ombres indifférentes, j’ai pensé à toi, et je me suis dit que si l’on s’était croisées toutes les deux à ce moment, toi, tu n’aurais pas été indifférentes comme eux tous. Tu te serais retournée, tu m’aurais tendu la main. Un mouchoir, peut-être, pour essuyer la pluie de sur mes joues. Même sans connaître mon visage, j’en suis convaincue, tu aurais su me dire Ne pleure pas Cailìn et pour toi moi, j’aurais arrêté de pleurer, et je t’aurais offert l’un de ces sourires que je garde précieusement. Mais jamais je ne te croise. Je suis à Douvres, maintenant, tu sais ? J’ai quitté l’Irlande sans rien dire à personne, pas même à toi. Parce que j’avais peur que ma présence te fasse fuir comme elle fait fuir tous les autres, toujours. J’ai gardé ça pour moi, comme un secret d’enfant.

Avec la foi d’une âme errante qui cherche encore son paradis, j’ai parcouru les rues de ta ville. Sans ardeur, sans passion. Je dois te le dire, Douvres me fait peur, je crois qu’elle ne m’aime pas. J’ai parcouru la ville en me disant que je te croiserais peut-être. Sans connaître ton visage, j’ai réussi à me persuader que tes mots avaient pour moi dépeint tes traits. Ce n’est qu’après que j’ai compris ma folie. Je ne réalise ma folie que plus tard, toujours. Si ça n’avait été le cas, j’aurais évité bien des chutes, sûrement.

J’ai choisi Douvres, Eleonore, car tu es la seule personne en qui j’ai encore réellement confiance. Je voudrais te voir, vraiment, te serrer dans mes bras, car il y a des années que personne n’a accepté de le faire. Je demande beaucoup, je le sais, et de cela aussi je m’excuse maintenant. Pardon, non, je ne m’en excuse pas : je te prie de m’en excuser. Je continuerai à marcher dans la rue Lore, et à cette lettre je joins une photo de moi. Si tu me croises un jour et que tu veux m’arrêter, n’hésite pas. Je ne veux pas qu’on se donne de rendez-vous ou quoique ce soit de ce genre. Je veux encore me persuader qu’il y a un destin et qu’il est fait pour les gens malheureux, ceux qui n’ont plus le courage de tracer tout seul le chemin de leur vie. Si tu ne veux pas m’arrêter, ne le fais pas. Je ne voudrais pas t’imposer quoique ce soit. Déjà tes mots, juste tes mots, me réchauffent les tripes.

Je te dis au revoir, je te dis à bientôt. Je m’en vais dans ma nuit et j’attends ta lumière. Merci d’être là, Lore, et même de ton absence, sache-le, je aurai m’en contenter. Merci, Lore.
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Eleonore - Et voilà, je ne sais plus me taire.

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