Sujet: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Sam 29 Juin - 12:54
LES PLUS BELLES PASSIONS NE SONT QUE LA RENCONTRE DE DEUX ÉGOÏSMES - JEAN YVES SOUCY
Elsie n'est pas là aujourd'hui. Et je n'ai vraiment pas envie de rester dans cette maison. C'est si grand, si sombre, et il y fait tellement froid. J'ai envie de prendre l'air et il est trop tôt pour aller à la plage, j'irai un peu plus tard. Je préfère me balader en ville, seul ou accompagné, peu importe. Je veux juste me changer les idées.
Je déteste prendre le bus. Ils sont perpétuellement remplis. Les gens crient, pleurent, rient et cette fameuse odeur de sueur qui se colle au parois de tous ces bus me donne la nausée. Je n'ai malheureusement pas encore acquis ma voiture personnelle. Je n'ai même pas le permis, pour faire simple. Je n'ai pas le choix. Si je veux sortir, c'est le bus ou rien.
Je suis à l'arrêt depuis presque cinq minutes. Le bus est censé arriver mais il ne se décide visiblement pas à se montrer. Je déteste devoir attendre à cause du regard d'autrui. J'ai toujours tâché d'être à l'heure toute ma vie, c'est tout de même pas compliqué de se préparer à l'avance quand même ! Ah, le voilà enfin. Il n'est qu'au bout de la rue, et déjà je vois qu'il est plein. Je souffle un bon coup. Je hais les gens. Je grimpe dedans, passe ma carte et m'approche du fond. Mes lunettes de soleil cache mes yeux, et c'est tant mieux pour moi. À ma montée dans le bus, un long et sadique silence étouffe les passagers. Tous me regardent. Tous me connaissent à vrai dire. Je n'exprime rien. Comme à mon habitude. Je m'avance vers le fond. Ça murmure mon prénom, celui de mon frère et j'entends des ragots, des sottises à mon sujet. Je préfère ignorer tout ce boucan. Merde, je regarde autour de moi et il n'y vraiment aucune place. Je vais devoir rester debout 20 minutes le temps d'arriver en ville, car avec la chance que j'ai, je suppose que tous les gens assis dans ce bus se rendent au même arrêt que moi et ne descendront pas avant moi..
B. Monroe Osborne
VOYOU.
J'vais finir par te sauter au visage si tu t'approches trop ; comme ça a fait avec les autres. Mais tu sais pas d'quoi tu parles. J'ai essayé ça sert à rien on change pas, on change jamais. → Fauve.
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Feuille de personnage ♒ âge: vingt-et-un ans. ♒ profession : divers petits boulots. ♒ le choix du coeur: l'abruti tatoué.
Sujet: Re: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Dim 30 Juin - 9:09
i think i saw you in my sleep, lover.
Il a brisé ta planche. Détruite, réduite en morceau. Comme s’il voulait détruire chacun des murs que tu avais préalablement construit entre lui et toi. Comme s’il s’était enfin décidé à faire éclater toutes tes promesses. Nuit d’ivresse. Tu aurais aimé lui détruire son doux visage. L’exploser de tes poings. Tu l’as fait. Mais tu aurais aimé aller plus loin. Tu l’aurais bien buté, que ça ne t’aurais plus perturbé. Au moins, tu en aurais été arrangé. Et plus jamais il ne serait venu démolir tes idées. Assassin des principes. Tu l’aurais tué et t’aurais été mal, au final. Parce que le tatoué te tient au cœur. Un peu trop. Tu enrages. Tu le détestes. Carrément plus que jamais. Alors, tu as posé le morceau de bois séparé en deux sur la table. Bien en évidence. Sorti du placard où tu l’avais entreposé ces derniers jours. Juste pour qu’il culpabilise au réveil. Pour que tu puisses l’admirer en train de pleurer quand tu reviendrais dans la soirée. Si tu revenais. Si tu le décidais.
Du coup, tu es parti. Tu as monté le volume de la musique qui beuglait des choses que tu ne comprenais peut-être pas vraiment dans tes oreilles. Sans importance. Tu espérais pouvoir te poster dans le bus, vautré sur deux sièges, ton sac entre les jambes. Posé. Au lieu de ça, tu as couru un peu, parce que tu étais à la bourre. Et tu as sauté dans le bus avant que les portes ne se referment, en rabattant ton casque autour de ton cou. Tu as passé ta carte, que tu n’avais, pour une fois, pas perdu, puis tu as tourné la tête vers l’allée. Avalanche de monde. Un instant, tu as cru que le silence de mort t’était adressé. Mais non, personne ne te regardait. Pas toi. Peut-être plus le mec caché au fond du bus. Tu as haussé les épaules, et tu t’es faufilé entre le mince espace qui était destiné à vous permettre de vous déplacer. Et tu es allé t’appuyer contre un fauteuil, au fond. Tu aurais demandé à Cassandre de t’emmener, il l’aurait fait. Il t’aurait même acheté une nouvelle planche, pour s’excuser. Et ça t’aurait évité tout ça. Mais l’idée ne t’avait pas même effleuré. Tu avais trop envie de le faire culpabiliser, de toute façon. Qu’il se mette une bonne fois pour toute à te détester. Peut-être finiras-tu par le pousser à la dépression. A la pendaison. Mais peut-être que les choses seraient mieux, dans le fond.
Tu fixais les pieds du garçon. Sans réellement comprendre l’agitation qu’il suscitait. Tu as lentement remonté ton regard vers lui. Il n’était pas vraiment laid, à vrai dire. C’était peut-être pour ça. C’était peut-être pour ça que les gens ne l’aimaient pas. Qu’est-ce qu’elle est conne, cette population. « Tu as brulé le temple de leur divinité, ou quoi .. ? » Tu as soufflé doucement, un léger sourire sur les lèvres. Exaspéré. Avec cette certaine, peut-être, envie de jouer. D’aller détruire le monde de chacun de ces idiots trop entichés de leurs idées. Tes pantins, fervents serviteurs de la société. Vaches stupides, toutes juste bonnes à brouter. Et cancaner, cancaner. Poules effarouchées. Le plus drôle est encore de les voir se rebeller contre la société qu’ils ont eux-mêmes créée. L’envie te viendrait d’aller tous les cogner. Juste pour les réveiller. Et tu as à nouveau baissé les yeux, riant intérieurement. Comme si tu avais face à toi le magnifique bossu de Notre-Dame, source d’amusements.
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Sujet: Re: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Dim 30 Juin - 9:58
Saga longeait adroitement les passagers du bus, dans l'espoir de pouvoir éventuellement atteindre le fond de ce bus. Ses lunettes de soleil dissimulaient ses yeux noirs qui exprimaient ce long mépris qu'il éprouvait envers tous ces gens. Il ne les détestait pas, non. Après tout, c'était grâce à eux s'il était devenu célèbre. Seulement, il regrettait amèrement le fait de ne se faire jamais acclamer, féliciter. Il était Saga Bright. Le pauvre type malchanceux. La victime de son frère. La pédale en détresse. Rien de plus. Rien de moins.
Il s'agrippa à l'une des barres en métal qui encerclaient l'intérieur du bus afin de ne pas tomber. Ses chaussures compensées blanches ne l'aidant pas à maintenir son équilibre. Il roula lentement des yeux à la vue de Felipe. Ce type insupportait le beau brun au plus haut point. Il lui cracherait volontairement dessus, et avec un plaisir inégalé, s'ils n'étaient pas dans un transport en commun. « Tu as brulé le temple de leur divinité, ou quoi .. ? » maugréa une voix masculine. Ce n'était pas Felipe. Forte heureusement. C'était cet homme, juste face à Saga. Ce dernier baissa ses lunettes de ses longs et fins doigts au bout de son nez pour mieux pouvoir observer son interlocuteur. Aux premiers abords, celui-ci ne lui disait strictement rien. Un parfait inconnu. Mais il lui fallut plusieurs secondes pour le reconnaître. C'était lui. Ce garçon que saga avait croisé si souvent auparavant dans le bus, quand il allait encore au lycée. Il était si beau. Son regard reflétait l'océan qui jonchait la ville. Ses lèvres criaient au baiser. Ce mec avait fait fantasmer Saga pendant de nombreuses années et à vrai dire, il n'avait en aucun cas perdu de son charme. Saga aurait pu lui adresser un sourire en guise de réponse, ou tout simplement lui répondre, avec des mots ! Mais non. Saga restait Saga coûte que coûte. Il le détailla rapidement du regard, leva ses deux yeux en l'air et remis en place sa paire de lunette qu'il affectionnait tant. Elles étaient toutes rondes, noires platines. Elles lui allaient à ravir. Saga avait tant rêvé de ce moment. Une parole. De simples mots dans le vent échangé au gré d'un baiser. Un vrai baiser. Les baisers mêlant passion et fougue, comme au cinéma. Mais les choses avaient bien changé depuis l'époque où Saga étudiait encore au bahut. Il était une star désormais. Et ce garçon, dont il n'avait jamais su le prénom, ne connaissait visiblement pas son histoire. Vexé. Le garçon était réellement vexé. Il tâcha donc de ne pas lui répondre. Il décida de ne pas lui accorder une seconde de plus de l'importance bien qu'au fond de lui, dans sa chaire, dans chacune des gouttes de son sang, résonnait une folle envie d'embrasser cet homme.
B. Monroe Osborne
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Sujet: Re: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Dim 30 Juin - 13:02
i think i saw you in my sleep, lover.
Tu l’as observé faire glisser ses lunettes sur le bout de son nez. Tu as entrevu ses prunelles sombres. Magnifiques, tels deux billes noires. Le torrent et l’ouragan. Il t’a regardé, en silence, puis a levé les yeux au ciel, avant de replacer ses lunettes noires correctement. Tu as haussé un sourcil. Comment pouvait-il te dédaigner ainsi ? Challenge. Comme s’il allait t’échapper ainsi. Peut-être voudrais-tu jouer avec lui. T’amuser de lui. Emoustiller tes sens, et braver ce qui semblait interdit. Parce que tu n’allais pas t’abaisser à faire comme le troupeau de montons autour de toi, et baisser de moitié la tête pour le regard d’un œil. Pour le guetter, comme si cette méchante bête allait t’attaquer. « Tu sais, tu as le droit de me répondre, quand je te parle. » C’est peut-être un tantinet agressif. Mais ce n’est pas ce qui t’importe réellement. Peut-être as-tu trop l’habitude d’être quasiment vénéré par l’homme dont tu occupes le lit. Etre qui ne comprend pas réellement tes envies, d’ailleurs. Jouer avec lui t’amuse. Mais, à présent, tout ce dont tu as envie, c’est de l’entendre. Lui, cet homme inconnu, et le fort probablement charmant timbre de sa voix. Et c’est comme ça. Il ne t’échappera pas de cette manière-là. Pas ainsi. Et tu souris doucement. Plein de cette envie. Etrange désir de puissance. Possessivité inassouvie.
Et tu as patienté, sans rajouter un mot. Pour un court instant. Le temps que l’engin sur roues vous mène à la ville. Dans ses entrailles, sombres et grouillantes. Dans tes lieux favoris. Et le temps s’est écoulé. Les minutes ont filé, sans même que tu ne cherches à les attraper. Vie sans importance. Tu souris doucement. Peut-être qu’il finira par te trouver un peu flippant. Mais tu ne t’y attarderas pas trop. Parce qu’au final, voilà ce que vous êtes tous. Des monstres rampants, décidés à avaler les autres, suçant leur sang noir, pompant chaque parcelle de vie que contenait la planète qui vous était offerte. Liquide sombre et visqueux. Amas de pétrole terreux. Etres sanguinolents. Et voilà que tu fixes la vitre derrière l’homme peut-être trop certain de sa vie, t’attardant sur les façades sales des vieux bâtiments de cette ville attrayante. Aspirant en elle, chaque fois un peu plus, des hommes et des femmes rongés par l’incertitude d’un lendemain. Ville de putains.
« Viens, on s’barre de là. » Peut-être qu’il ne te suivra pas. Peut-être qu’il le fera. Toi, tu n’as pas hésité, et tu t’es faufilé à travers les sièges, ton sac à la main, alors que le bus n’était même pas arrêté. Tu n’as pas peur de tomber, tu maîtrises un tant soit peu ton corps famélique. Et tu n’as pas envie d’attendre. Parfois, voir souvent, tu n’aimes pas ça. Patienter. Pour quelque chose qui te retardera. Ou que tu n’auras peut-être pas. Tu n’aimes pas ça, être collé à des vieilles qui sentent la pisse et qui n’avancent pas. Et tu comprends que l’autre veuille peut-être échapper à cette forme de supplice. Tu veux être le premier à l’air libre. A poser tes Vans sur les dalles bétonnées de la ville. Pour cette folle journée. Et tu n’as pas trop regardé si l’autre t’avait suivi. Tu as préféré t’allumer une cigarette, juste pour respirer un peu plus l’air vicié. Concentration de pollution pour tes poumons. Tu t’en fiches. Ce n’est pas comme si tu voulais vraiment vivre vieux, de toute façon. Pas comme si tu voulais te poser quelque part, et y rester à jamais. C’est pas pour toi, cette vie-là. Alors tu savoures, avec ton étrange manière de profiter. Comme ça.
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Sujet: Re: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Mer 3 Juil - 8:10
Saga lisait l'exaltante envie de cette folle liberté dans le regard de son partenaire. Il avait eu le même, en observant avec calme et grande intention la mort de son frère, enivré par les vénéneuses vagues de la mer qui logeait en bas de chez lui. Pourquoi cet homme si attrayant voulait s'enfuir ? De quoi, de qui ? Il l'intriguait fortement Saga qui mimait l'indifférence la plus impeccable alors que la vérité était toute autre. Le coeur enlacé d'une couche oppressante de tension et d'angoisse, il ne résistait pas à l'envie de le regarder, de le fixer, de le contempler pendant ces longues secondes. Tu sais, tu as le droit de me répondre, quand je te parle. souffla le bel homme dont Saga ne connaissait que l'évidente beauté. Le beau brun se suffit à lui répondre à l'aide d'un sourire niché dans le coin de ses lèvres. Aguicheur. Peut-être même un peu joueur dans le fond. Saga se redécouvrait, ou plutôt, il se retrouvait. Il avait toujours été comme ça. Taquin, tentateur, méprisant, mais il avait aisément changé de bord depuis son séjour à l'hôpital psychiatrique. Et pourtant, il lui suffisait simplement de quelques mots échangés avec ce fantasme enfoui ( et pourtant inégalé ) pour égayer son si beau visage de pédale. Saga s'apprêtait à lui répondre une ou deux banalités. La bouche entre ouverte, la respiration prise, il se tût pourtant directement. Tout ceci serait tellement trop simple. Non. Saga voulait garder le silence, au moins pendant ce trajet de bus. Ce gars, qui lui parlait, était pédé jusqu'à la moelle. Ça se sentait, mais saga le ressentait plus qu'autre chose.
Le trajet s'éternisait et bien qu'il se forçait à se prétendre le contraire, ça ne déplaisait pas Saga qui ne cessait de dévisager cet inconnu au regard aussi vivant que l'amertume des vagues qui s'écrasaient sur la plage en fin de journée. Les deux mains jointes derrière le dos, la tête légèrement inclinée vers le bas, Saga semblait être un enfant, timide, même un peu candide, très joueur. Il attendait avec impatience sa surprise. Laquelle ? C'était à lui, à ce type, à cet inconnu, d'en prendre la décision.
Le bus pénétrait la ville. La ville de Douvres était bien trop déprimante pour Saga qui ne l'avait jamais quitté. Tout était délavé, passé de mode, passé tout court. Les passants étaient pour la plupart fatigués. La vie ne se respirait que dans l'eau à Douvres. Absolument tout était mort ici.
Viens, on s’barre de là. chuchota le garçon à Saga qui ne feignait pas de penser à la même chose. Il hocha positivement sa petite tête et se faufila entre les passagers qui éraient dans ce bus. Il se fit toucher de partout. Il ne voulait pas croiser le regard de ces gens, ce regard plein de pitié, de jalousie qu'il croisait tellement souvent chez les gens ayant pris en connaissance son histoire. Il posa enfin son pieds au sol et fixa avec un mépris non considéré son nouveau camarade qui s'alluma une cigarette. Saga ne se priva de rien. Il lui déroba sa clope, tout juste nichée entre ses deux lèvres qu'il voulait tant embrasser, et en inspira une longue latte pour en jeter un léger nuage de fumée s'évaporant avec vitesse.Merci, moi, c'est Saga. Et toi ? Saga n'avait pas fumé depuis des semaines. Et à vrai dire, il n'avait pas eu l'idée de le faire depuis longtemps. Cet homme avait une bonne influence sur lui. Il le refaisait vivre.
B. Monroe Osborne
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Sujet: Re: je vois tes yeux, ton sourire démodé. Lun 8 Juil - 13:32
i think i saw you in my sleep, lover.
Tu ne l’as remarqué qu’au moment où deux de ses doigts venaient te voler ta cigarette. Tu as tendu les lèvres, instinctivement, pour tenter de la rattraper. Moue boudeuse. Vexée. Tu l’observes, ta cigarette entre ses doigts. Nuage de fumée. Tu fronces les sourcils. Ça aurait été Cassandre, tu l’aurais déjà éclaté. Il n’aurait eu ni le temps, ni l’idée d’essayer, de toute façon. Mais le jeune homme l’avait fait. Et c’est peut-être la seule chose qui t’a retenu d’aller lui envoyer ta main en pleine figure. Ça t’a plu. « Hum … » Tu as juste soufflé. Pour témoigner un tantinet ton désaccord, ce semblent d’animosité. Situation que tu n’approuvais qu’à moitié. Et tu as tiré une nouvelle cigarette de ton paquet, offrant, à contrecœur, peut-être, celle qu’il t’avait dérobée.
« Merci, moi, c'est Saga. Et toi ? » Tu as haussé un instant un sourcil. Il Ce gars avait un minimum de culot, tout de même. T’aimais bien ça. Ça te changeait de la larve humide qui vivait avec toi. « Monroe. » Sans plus de formalité. Ce n’était pas vraiment une priorité. Pas avec lui, au final. Et tu as craché la fumée qui envahissait ta bouche. Soupir désabusé. « Faut que j’aille chercher un skate … » Mais tu n’as pas bougé. Parce que tu commençais à sentir de mauvaises idées émerger de ton crâne. Dérangeantes pour Cassandre, peut-être. Probablement. Et il pourrait bien briser toutes les planches du monde qu’il ne parviendrait à tarir sa triste détresse. Et peut-être qu’il te délaisserait enfin. Qu’il n’oserait plus te toucher pendant un moment, puis qu’il disparaitrait. Et tu en serais enfin débarrassé. Puisqu’il fallait que tu innoves toi-même dans cette idée. Puisqu’admirer ses larmes n’avait rien de comparable. Puisque bien que tu refuses de te l’avouer, tu mettrais le monde à ses pieds pour ses baisers. Et t’aimerais brailler au monde que tu peux t’en passer. Que tu peux aisément le délaisser. L’abandonner. Pour ne plus jamais avoir à le supporter.
Et tu t’es mis à avancer. Tout droit, au travers de tes bouffées de fumée. Peut-être que tu t’étais finalement décidé. A y aller. Ou peut-être que tu continuerais tout droit, sans même t’attarder aux lieux que tu avais désiré visiter. Juste pour discuter avec Saga l’étranger. Saga le rejeté. Le délaissé. Tu t’es noyé dans une volute de fumée. Pour t’oublier. Et tu as doucement soupiré. Ta langue a glissé sur tes lèvres. Saveur omniprésente du sel. Presque oubliée, désormais. Air iodé. Embruns vitaminés. Salis par la pollution naissante. Tu observes doucement le jeune homme. Regard en biais, alors que tu avances. Tu détailles. Sa démarche. Son visage. Septum discret. Lunettes te privant de son regard océan. Lèvres charnues. Courbes délicates à caresser. Pinçant entre elles le fin tube de papier. Tu as dégainé un sourire, oubliant un instant son empathie. Puisqu’il te semblait que tu avais l’éternité pour l’amadouer. Puisqu’il n’était peut-être pas si hostile qu’il paraissait. Et tu t’es perdu, là, à l’admirer.