Feuille de personnage ♒ âge: 18 ans ♒ profession : serveuse dans un bar ♒ le choix du coeur: le coeur ne choisit rien
Sujet: le dormeur clandestin (niel) Sam 13 Juil - 9:33
Je retiens mon souffle en observant la silhouette qui titube dans le couloir. Un grognement, quelques pas, et elle heurte un meuble, casse un petit bibelot sans importance et ne le ramasse même pas. Ce bibelot, c'est le genre d'objet qu'on a posé là sans s'en rendre compte, qu'on ne voyait plus en passant, mais qui était là quand même ; auquel on s'était stupidement attaché, parce qu'il faisait partie du décor. Ou alors, c'est le fait que ce soit elle qui l'ait cassé qui lui donne toute sa valeur, soudainement. Je reste pourtant tapie dans l'ombre, les dents et les poings serrés, à écouter ses pas. Finn s'agite à côté de moi. La chambre où la mère a dormit, ce soir, c'est la mienne d'habitude, alors j'ai dormi avec mon petit frère, parce qu'il avait peur et refusait de le montrer. J'avais pas envie qu'il casse quelque chose pour évacuer sa peur, quelques jours plus tard, en dehors de la maison, alors j'ai essayé de le rassurer comme je pouvais. J'ai pas pu grand chose, d'ailleurs. Une marche grince, et je compte dans ma tête le nombre total de marches, repère mentalement la position de celle qui grince, et compte celle qui reste. Je l'entends grommeler, encore ; tandis que je caresse doucement les cheveux de Finn pour le calmer. Je la visualise passer par le salon, et espère qu'elle n'ira pas faire un détour par la cuisine, ce qui retarderait son temps de départ. Je veux juste qu'elle s'en aille. Vite, et maintenant. Après, j'irais ramassé les pots cassés. Il ne faut pas tarder à réparer ce qui a été cassé. Les failles restent déjà trop longtemps apparentes. J'entends finalement la porte claquer et me remets enfin à respirer. Je souffle longuement, les yeux fermés, avant de me ressaisir, vite. Je saute sur mes pieds, enfile un pull qui traînait par terre et qui doit surement être à Logan ; pas le temps de me changer complètement, je reste avec mon débardeur et mon short de nuit, de toutes façons y'a suffisamment de dégâts à réparer. Je me penche pour ramasser le bibelot cassé. C'était une figurine, d'un personnage quelconque d'une série télé à la mode. La tête a sinistrement été séparée du reste du corps du personnage. Sans vraiment savoir pourquoi, je frissonne. Allez hop, poubelle. Tant pis, on en aura d'autre en cadeau, j'imagine. Le salon est dans un état lamentable. Elle était pas seule hier, quand elle est rentrée. C'est pas la première fois qu'elle ramène des gens. Des fois, on se demande si c'est l'un de nos pères. Cette fois, je n'ai pas eu le temps de voir qui c'était, et puis je m'en fiche un peu, au final. Tant qu'il s'installe pas ici ou ne vide pas le frigo. Certains me diront trop matérialiste, alors que je ne suis que d'un réalisme déconcertant. Fichue mère. Une bouteille vide a été brisée près du canapé, l'a éclaboussé d'éclats de verre et d'un fond de liquide ambré, qui s'est imprégné de tous les tissus de la pièce. Les coussins ont volés, je sais pas comment ni pourquoi - vaut mieux pas chercher à le savoir. Je fronce le nez, dégoûtée. Elle me donne envie de vomir, cette mère. Plus ça va, plus je le trouve hideuse. Avant, l'alcool n'a pas encore marqué ses traits trop profondément. C'est fini, ça. Maintenant, je crois que c'est de l'alcool pur qui coule dans ses veines. Et de la pourriture, aussi. Je la hais. J'ouvre le fenêtre, espérant faire partir l'odeur d'un coup de vent. Je m'active sérieusement. Je sais pas pourquoi j'essaie encore de préserver aux petits l'image du carnage qu'est la vie de la mère, maintenant. T'as gâché ta vie, Louisa, tu l'as sciemment détruite en ne pensant qu'à toi, parce qu'au fond, ça te faisait bien rire, de voir tout le monde ramper, alors t'as voulu essayé, et tu nous as traîné dans ta boue. Salope. Le carrelage frai sous mes genoux alors que je nettoie frénétiquement le sol ne calme pas l'ébullition en moi. Je me dis que ça va passer, c'est toujours comme ça. J'attends dans l'angoisse qu'elle s'en aille, et puis je la hais de toutes mes forces, jusqu'à ce que la dernière trace de son passage soit effacée. Le salon est rangé, maintenant. Elle n'a pas touché à la cuisine. Elle s'est servie dans le frigo, comme toujours, mais pas trop, cette fois. Je traîne le balai jusqu'à l'étage. Cette fois, pas de cadeaux pour Finn ou Lilja. Elle était juste de passage, heureusement pour nous. Lilja s'est enfermée avec Winnie dans sa chambre, pour se préserver l'une et l'autre de la mère. Je tape doucement à la porte, et constate avec soulagement qu'elles sont endormies. Je ne sais pas où est Saga ; peut-être déjà au boulot, mais en tous cas, il est pas là. Bon, plus que la chambre à nettoyer, et ça sera fini. Mais quand j'ouvre la porte, j'ai la mauvaise surprise de voir que ma mère a oublié son copain de beuverie ici. « Merde ! » Je tire sur mon short, histoire de cacher mieux mes jambes. On sait jamais, elle ramène des détraqués, des fois ; enfin des gens comme elle, quoi. Je fais le tour du lit pour ouvrir les rideaux d'un coup sec. Je me retourne pour observer le dormeur, et fronce les sourcils. Ce mec ne doit pas être beaucoup plus âgé que moi ; en tous cas, pas plus que Silas. Je grimace. Pauvre mec, si à mon âge il est déjà comme ma mère... Je le touche du bout des doigts, et fronce le nez. Il a bien mijoté dans son alcool, celui-là, il sent pas la rose. Super, pour mes draps. « Hey ! Debout, là ! » Là encore, j'ouvre la fenêtre histoire de chasser un peu l'odeur, avant de me tourner vers le jeune homme et de le secouer à l'épaule. Je garde mon balai à la main -on sait jamais, si il est aussi con que la mère et décide de cogner parce qu'il est pas content. Bordel, qu'est-ce qu'elle nous a ramené, encore...
Niel Ambrose
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C'est une danse, dans cette tête. Un embrasement, en son être. Niel est libre, ou du moins, pendant l'instant présent, il ose le croire. Il se sent libre, juste détaché de tout ce qui pourrait représenter un étage, et invisible. Invisible face au bonheur, certes, mais face à la douleur également, et tout ce qui s'y lie. Et juste pour cela, Niel se sent bien. Ce n'est que l'alcool dans ses veines, pourtant, qui lui fait croire une telle chose. Il n'y a pas de bonheur à porter de la main, aucune musique, dans ses oreilles. Il est là, juste là, un verre à la main. Sa bière, pour être plus présent, pendue à ses doigts, ne demandant qu'à rejoindre ses lèvres. Car Niel est un enfant, et cette bière, elle est son biberon. Sa damnation. Alors, comme un enfant pendu aux seins de sa mère, il boit encore et toujours, dans l'espoir de grandir, de mûrir. Il ne sait pas réellement, en fait, Niel, mais le fait de boire il accorde un bref bonheur, un léger éclat de chaleur. Alors, il garde la bière contre lui, enroulée de ses doigts noueux, et il boit, encore, toujours. La mère, comme elle se fait appeler, est l'une de ses compagnes, pour ça. Il sait que, sans un peu de boisson dans le sang, il ne lui parlerait certainement pas. Elle lui ferait peur, comme tous les autres femmes de son espèce. Mais la mère, il la croise toujours quand il a un peu bu, donc il reste en sa compagnie, et il boit encore plus. Elle est gentille, avec lui. Il se dit, parfois, qu'il effleure un peu le sentiment qu'il pourrait ressentir en compagnie de sa vraie mère, si elle était toujours en vie. C'est bien stupide ; tout le monde sait que la mère, elle n'est pas réellement mère. Qu'elle n'a jamais su l'être, d'ailleurs, et cela malgré le fait qu'elle parle à tout va de ses enfants. Niel sourit, pourtant, et s'accroche à son idée, à sa petite pensée. Parce que c'est bien, mine de rien, de croire une pareille chose. Parce qu'il est idiot, et enfantin, alors il y a droit, à cette pensée plein de mensonges.
Et donc Niel, dans son cas, se dit qu'elle est un ange. Un véritable ange. Car la nuit est déjà bien en place, lorsqu'ils sortent du bar, et s'accrochant l'un à l'autre pour ne pas rencontrer le trottoir, il dit « J'peux pas r-rentrer. Ari il .. il sera fâché, s'il me voit comme ça. » Et tout naturellement, malgré son regard un peu égare, elle lui répond ; « Dors chez moi, alors. » Niel sourit, tout bonnement, parce qu'il est face à un ange. Il a envie de lui dire merci, comme si elle venait d'accomplir la plus belle chose au monde, mais sa gorge est nouée, et il a les larmes aux yeux. Il se contente d'hocher de la tête, et puis de la suivre. Il ne se pose pas de questions, Niel, pour savoir où il dormira, et ce qu'il fera, demain matin. Il est juste heureux, là, les veines imbibés d'alcool. Alors il suit la mère, sagement, même au travers des étages de la maison, et il se laisse juste tomber, là, pour s'endormir d'un sommeil profond.
La nuit est courte, peut-être un peu trop. Peu importe ; Niel ne dort pas beaucoup, de toute manière. Il n'a jamais réellement dormi, en fait, comme s'il avait toujours eu peur que quelque chose le guette, ou que quelqu'un s'en prenne à lui. Ou alors, au final, guettant une envie quelconque. À défaut d'avoir l'attention de son père comme la plupart des enfants, peut-être a-t-il toujours souhaité, avec une innocente presque malsaine, d'avoir sa visite, au court d'une quelconque nuit. Niel ne sait pas ; il ne sait pas grand chose. Mais la pensée, aussi mauvaise puisse-t-elle être, ne serait pas étrangère à son être, peut-être. Ou alors, il a toujours peur, tout bonnement. Qu'il se réveille au moindre bruit. Au moindre craquement. Au moindre chuchotement. « Hey ! Debout, là ! » Ses yeux s'ouvrent grand, son front baigne au travers d'une sueur froide. Il a peur, tout d'un coup, au travers d'une pièce qu'il ne connait pas. Il n'essaie pas de comprendre la situation ; il tremble, déjà, et c'est bien suffisant. Ses doigts se posent sur lui; c'est une femme. Niel le sait, juste à l'odeur. Juste à l'odeur de fleur, dans les airs, il le sait. Et il en tremble, de tout son être, de le savoir. Il ne bouge pas, ne l'observe pas. Paralysé, qu'il est. Incapable du moindre mouvement. Il se dit, idiot, qu'elle partira, s'il ne bouge pas. Idiot. Idiot. Sombre idiot.
Il crie, faible qu'il est, lorsqu'il voit enfin le balai qu'elle a, à la main. Parce qu'il a peur, tellement peur. Niel a peur de se prendre un coup, de voir du bleu se peindre sur sa peau. Il a peur d'être blessé, d'être marqué. Et doucement, ses yeux se mettent à nager dans une mer de larmes. Il se recule, ou du moins, il essaie, pour ne plus être près d'elle. Il a l'impression, là allongé contre le matelas, qu'elle peut voir au fond de lui ; qu'elle voit, quelque part, ce qu'il risque de faire, s'il pose ses doigts sur elle. Ce qu'il a peur de lui faire. Elle a raison, cette blonde, d'avoir ce balai à la main. Car Niel est comme son père, peut-être, et qu'il peut les blesser, les femmes. Il peut les blesser, tous, et alors il tremble, là contre le mur, ses jambes et ses bras contre lui. Il tremble, les larmes aux yeux, de leur de blesser qui que ce soit. Il ne veut pas, non. Il ne veut pas, de cela. « Non je - je désolé. Pa-par pi-pitié. » Qu'il bégaye, qu'il murmure, qu'il marmonne, tout bas. Ses lèvres tremblent, ses lèvres sont humides de larme. Son nez coule. Le monde tourne, autour de lui. Il a mal à la tête. Il a envie de vomir, et ce depuis le plus profond de son être.
Niel est perdu.
Elsie Lattimer
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Sujet: Re: le dormeur clandestin (niel) Mer 17 Juil - 17:17
Je crois que je m'étais attendue à peu près à tout : la colère, l'hébétude, la méchanceté ; voire un mec encore trop bourré pour être conscient de ce qu'il se passait, quelqu'un en manque, même un tellement malade d'avoir trop bu qu'il m'aurait vomi dessus. La peur, peut-être un peu, la honte, aussi -je pouvais toujours rêver, après tout. Je m'attendais pas à tomber sur un mec bien, c'est sûr, sinon il aurait jamais fini là, complètement saoul, et puis surtout il n'aurait jamais rencontré la mère. Je dois avouer que ça m'effleure toujours un peu, j'ai l'espoir des fois de tomber sur quelqu'un de gentil, qui nous dédommage pour s'excuser, qui promet de jeter un oeil sur la mère, la prochaine fois. En bref, j'avais tout prévu, des dizaines de différentes esquisses de scénario tournaient dans ma tête, j'avais juste à trouver le bon. Ils étaient pas très originaux, les "potes" de la mère. Pas surprenants, pas forcément méchants mais bien chiants. C'est pas non plus que je leur demande quoi que ce soit, ni que j'essaie de les connaître ; moi je veux juste qu'ils virent le plus rapidement possible et qu'ils nous foutent la paix. Mais la terreur à l'état pur, ça j'avais pas prévu. Déjà, il a fait un bond de deux mètres quand je l'ai touché. J'aurais pu me dire que ça arrive, Logan sursaute toujours quand on le réveille, parce qu'il rêve souvent et que la rupture du réveil le secoue toujours trop fort. Et puis, il tremble, il me fixe avec des yeux un peu fous, fous de terreur et un malaise se créé en moi. Bordel, on dirait un chaton perdu, prêt à se faire noyer parce que personne ne veut de lui et qu'il n'a sa place nulle part, même sa mère ne remarquera pas son absence. C'est ce qu'il est, peut-être. Je fronce les sourcils, et l'espace d'un instant, je ne peux pas m'empêcher de me demander quelle histoire horrible à ce gars. Comment, à ton âge, t'es arrivé à te faire inviter par une vieille alcoolique qui n'aime personne ? S'il a réussi a attirer la pitié de la mère, c'est qu'il doit être presque mort, je me dis amèrement. Je tique un instant. Et si c'était ça, le truc ? Si cette connasse avait été lui raconté je ne sais quoi sur nous, ou plutôt sur moi et qu'il avait peur que je lui fasse du mal, maintenant ? Non, impossible. Si ça avait été le cas, il serait surement pas venu jusqu'ici. A moins qu'il ait été vraiment complètement mort quand elle l'a ramené ici. Non, ça non plus, ça ne tient pas debout. La mère l'aurait laissé dans le caniveau plutôt que de le traîner jusqu'ici. Il devait être un minimum conscient quand il est arrivé là. Je sursaute au cri qu'il pousse et me recule, effrayée à mon tour, raffermissant ma prise sur le balai. Est-ce qu'il va se jeter pour moi pour me frapper ? Mais non, il reste tétanisé. Je déglutis difficilement ; j'ai pas envie qu'il attire les petits à faire son boucan. Vu l'état dans lequel il est, pourtant, ça va pas être facile de le virer d'ici. « Non je - je désolé. Pa-par pi-pitié. » J'écarquille les yeux et le regarde, incrédule. Bordel, j'espère qu'il est encore dans son rêve. Pour sa vie de tous les jours déjà ; enfin c'est vrai, quoi ! J'ai pas l'impression d'être la fille la plus terrifiante de la Terre, même si je l'ai peut-être réveillé de façon brutale, c'est pas ça qui fait de moi une terroriste. Et merde. Je remarque qu'il jette des coups d'oeils apeurés à mon balai. Va falloir y aller doucement. Je me recule, prenant soin d'être toujours dans son champs de vision. Il à l'air d'un gosse paumé, ça lui donne même une fragilité déconcertante, comme celle qu'Ora a. Mais bordel, Ora a trois ans, lui, il en a... je sais pas, mais au moins autant que moi ! Peut-être qu'il a eu des parents pire que les miens. Briseurs d’innocence, voleurs d'enfance. Je mets mes mains en évidence, et pose doucement mon balai au sol, pas trop loin non plus, au cas où il faudrait s'en resservir plus tard. J'adopte une voix douce, la même que j'ai prise cette nuit pour apaiser Finn, le rassurer de la présence de la mère et de cet inconnu. « Hey, calme toi, doucement, respire... Je vais pas te faire du mal, tu sais ? » Je tente de m'approcher un peu, doucement, et lui tend un paquet de mouchoir, histoire qu'il puisse un minimum se nettoyer. Peut-être que c'est pour ça, qu'il a peur ; parce que l'eau déforme sa vision et qu'il me voit comme un monstre difforme. « Ecoute, t'as l'air secoué, j'vais te laisser le temps de te réveiller, d'accord ? Calme toi, personne ne va souffrir, ici. » Du moins plus maintenant. La mère est partie, c'est fini pour un petit moment, la souffrance ; ça reviendra, mais pas tout de suite. Je fronce de nouveau les sourcils. C'est peut-être ça, le truc, il se rappelle peut-être pas de ce qu'il fait là, ou la mère lui a fait du mal, elle a joué un peu avec lui, histoire de le briser encore plus. « Attends... Tu te rappelles de comment t'es arrivé là, quand même ? »
Niel Ambrose
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Sujet: Re: le dormeur clandestin (niel) Mar 23 Juil - 19:00
Tempête dans son être ; tempête dans sa tête. Niel ne sait que faire, ne comprend que faire. Il reste là, perdu, égaré, tourmenté. Il reste là, recoquillé, prêt à se noyer, pour ne plus être brisé. Crac crac, fait le coeur qui s'éloigne. Crac crac, fait le coeur qui se meurt. Niel a mal. Niel est au coeur de la tempête, perdu en pleine mer, incapable de voir ne serais-ce qu'un once de la terre. Niel est brisé, souillé, tendrement alcoolisé. Il est là, l'esprit déglingué, l'esprit évaporé. Il essaie, de toute ses forces, de rester accrocher. De mettre le pied, et de ne pas chavirer. Mais voilà ; il est déjà tombé. Il sent, soudainement, l'eau qui essaie de l'emporter, de l'effacer. Il se rend compte, soudainement, qu'il est violenté, agressé, fracassé. Ça cogne, là, de tous les côtés. Dans sa tête, dans son être. Niel a mal. Niel ressent le mal. Douce régularité, elle lui semble soudain étrangère, et non pas passagère, encore moins éphémère, alors qu'il est perdu en pleine mer. La mer de l'alcool, la mère qui est partie sans lui, tout petit oubli. Et il pleure, Niel ; il couine de tristesse. Il respire la maladresse, la détresse.
Il ne voit pas, Niel, au travers du fleuve qui s'écoule de ses yeux, la blondinette poser son balai. Il continue de trembler, le petit être blessé, là tout crispé contre le mur. Il ne bouge pas, brisé, et il couine, comme un autre apeuré. Il fait si pitié, lui qui a peur, si peur des malheurs. Il fait si pitié, là face à ce balai qui lui semble être un épée. Murmures tout bas, il raconte on-ne-sait-quoi. Il parle aux rats, ou alors, à celui tout en bas. On ne sait pas. Il murmure, et puis voilà. C'est tout, et puis c'est rien. Niel ne tente pas de mouvements. Il ne tente rien, sauf un tremblement. Et même ça, tout juste ça, et il a le mal de coeur, là, au creux de sa poitrine. il a l'impression que le navire va chavirer, et qu'il va s'égarer. Il a l'impression que les vagues sont fortes, trop fortes, et qu'il va bientôt cesser d'exister. Il ne sait plus. Il ne sait rien. Il ne sait que pleurer et tremble, à l'instant présent, et il semble bien s'en contenter.
Ses yeux s'ouvrent grands, si grands qu'il en a mal, Niel, lorsqu'il la voit tout près. Du coin de l'oeil, il la voit la belle, la rebelle, la vilaine, et il tremble, encore. Il se recule, encore, mais le mur est là pour être, et Niel, il ne peut pas aller plus loin. Alors il tremble encore plus, être brisé, déglingué, il tremble comme le rat qu'il est, et il l'observe attentivement, guettant le moindre de ses mouvements. C'est bien con, pourtant ; Niel a beau tout observer, si elle vient à l'attaquer, il ne pourra que supporter, qu'endurer. « Hey, calme toi, doucement, respire... Je vais pas te faire du mal, tu sais ? » Non ; non, Niel ne sait pas. Niel ne sait rien, car il ne veut rien savoir. Alors il reste là, les yeux trop grands ouverts pour ses petits traits, et il observe la boite de mouchoir, là, dans la main de la princesse brisée, échevelée. Il cligne des yeux, lentement, surement, sans faire le moindre mouvement. Sa respiration est coupée, effacée. Elle ne demande qu'à être régularisée. Niel, lui, ne demande qu'à ne plus exister. Il ferme les yeux, fort, si fort un instant, comme si son vœu pourrait être exaucé. La petite, en face de lui, parle pour lui prouver que ce n'est pas prêt d'arriver. « Ecoute, t'as l'air secoué, j'vais te laisser le temps de te réveiller, d'accord ? Calme toi, personne ne va souffrir, ici. » Douces...douces paroles. Les yeux de Niel deviennent plus grands, curieux de tout, si du moins ils le peuvent. Ils pleuvent encore de larmes de peur, mais la curiosité est piquée, et maintenant, il ne demande qu'à savoir. Il observe, là, tout autour de lui. Il cherche, dans les contours, une explication quelconque. Il cherche, toujours, les vagues l'emportant loin, l'empêchant de trouver quoique ce soit. Ses doigts se crispent, là, contre les draps. Ça ne va pas ; il ne comprends pas.
Il l'observe, là, le visage bien bas. Il a les traits collés au drap, en fait, comme s'ils pouvaient n'être qu'un. Il attend, sans mouvement, une suite à la vie. À cette vie qu'il ne vit tout bonnement pas. « Attends... Tu te rappelles de comment t'es arrivé là, quand même ? » Les prunelles de Niel s'agitent, cherchent. Il cherche, dans les airs, dans le décor, s'il se souvient de quelque chose. Mais non. Non, Niel ne se souvient pas. Il ne se souvient de rien, de rien sauf ses traits un peu flous, et puis de la mère, peut-être. De la mère qu'il ne voit pas, dans le décor, et qui lui brise le coeur, soudainement, pour être une femme brisée et surtout, pour l'avoir abandonné. Il revit, soudainement, le départ de maman. De sa petite maman. Et de nouveau, brisé, souillé, il pleure des larmes qui sont bien sèches, maintenant. « Elle - je... mais... » Et il chigne, tout bas, trop fort peut-être. Ses traits se fracassent contre les draps, ses doigts s'y serrent, si bien qu'il a mal. Il épouse de ses traits les draps défaits, et pleure, pleure encore et toujours. Il a mal, si mal. Abandonné ; il a été encore abandonné. La mère, elle n'a pas voulu de lui. Sa mère, elle n'a pas voulu de lui non plus. Il est seul, si seul. Abandonné par la société, rejeté car brisé, il n'a plus d'utilité. Il est déconfit, un sale tas de connerie. Une ombre, là, dans le dos de chacun. Un coup de froid, là, dans la rue. Un regard que l'on n'affronte pas, que l'on défit. Et l'alcool, dans ses veines, et le mal, dans son coeur, ne font que le briser encore plus. Alors Niel reste comme ça, si durement accroché aux couvertures, plus brisé qu'apeuré maintenant. Il ne comprend pas. Ça fait mal, si mal.
Et puis souvent, dans sa tête, le navire s'échoue contre la terre. Niel s'échoue, là, sans mouvement. Sa respiration se bloque, et la tempête se stoppe. Il a les yeux ouverts, et pourtant, il fait noir. Sa respiration se calme, doucement, et il ne comprend pas. Il cligne des yeux, le petit, sans comprendre. Il pleure toujours, lorsqu'il tourne ses prunelles vers la blonde, juste là, et qu'il prend place. Il bouge, doucement, en veillant à chacun de ses mouvements, en observant cette...femme, devant lui. Il ne l'observe pas dans les yeux, non, alors qu,il s'assit, tout petit, les jambes contre lui. Il se tient là, et observe ses membres, plutôt, pour fuir si elle s'approche encore.
C'est calme, tout d'un coup.
La tempête est passée, Niel est calmé. Il tremble, doucement, pour prouver son calme. Niel tremble toujours, lorsqu'il est calme. il cligne des yeux, innocent, trop peut-être. «t- t'es une maman ? » qu'il demande, tout bas, en voyant depuis le cadre de la porte des regards d'enfant, un peu trop curieux. Il les observe de loin, a peur de les approcher, soudain. Trop d'enfants, trop d'innocence.
Elsie Lattimer
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Sujet: Re: le dormeur clandestin (niel) Sam 27 Juil - 17:14
Peut-être qu'il se drogue, aussi. Qu'il est sous l'influence d'un monstre plus suprême encore que l'alcool, j'avais pas envisagé ça. La mère, avec ses problèmes d'alcool, elle a eu tendance à nous cacher que le monde extérieur, c'était rempli de gens comme elle, et parfois pire qu'elle. Je vois pas d'autre raison, là. Peut-être qu'elle se teste aux drogues dures, maintenant. Je songe avec amertume qu'avec un peu de chance, elle partira plus vite, comme ça. Et même s'il à l'air d'un gosse effrayé, je sais très bien qu'il ne faut pas me laisser attendrir. Je vais pas le laisser s'installer ici éternellement, diffuser lentement son poison sans que personne n'en ai conscience - pas même lui. Il faut qu'il vire de la maison, et vite. La certitude s'est ancrée dans mon esprit en le voyant lutter contre ses démons. Du moins, je crois que c'est ce qu'il fait. C'est pour ça que je me dis qu'il est sous les effets de la drogue ; après tout, au lycée, ils nous parlent bien pendant leurs interventions soporifiques d'effets qui peuvent durer des heures et des heures, ou revenir après. Il doit me voir comme une sorte de monstre déformé, ça doit être ça. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? Pour quelqu'un qui traîne avec la mère, y'a pas d'autre explication. Il doit plus craindre grand chose, surtout pas de toucher le fond ; peut-être même qu'il le racle tous les jours. Je me refuse d'avoir mal pour lui ; je ferme les yeux, fort, pour oublier ce petit point de douleur qui a pris place quelque part dans mon coeur quand l'idée de ma mère se droguant s'est installée dans mon esprit. Je soupire. Encore une fois, elle est venue foutre le bordel là où c'était déjà pas très bien rangé. Je serre les poings. Je hais. Je hais, mais devant ce mec terrifié, il faut tout le faire pour le cacher. Il faudrait que je devienne une statue de glace, ne plus laisser transparaître aucune de mes émotions pour l'apprivoiser, le temps de le jeter dehors. C'est cruel. Mais c'est comme ça. Devenir une poupée glacée, qu'il en oublie que je ne suis qu'humaine. Mais vu son état, et vu qu'il est rentré hier avec la mère, il doit pas en avoir beaucoup, de contacts humains normaux, il doit pas fréquenter des gens bien et qui le soutiennent. J'ai pas la prétention de me dire une personne bien, loin de là. Mais quand même, merde quoi ! fréquenter la mère, c'est une des plus grosses hontes que je pourrais avoir. Ma main tremble quand je me recule pour lui laisser plus d'espace, et je serre les poings. C'est pas le moment de flancher, surtout pas devant un des amis de la mère ; autant qu'on puisse appeler ça des amis. Je le regarde baragouiner dans son coin, regarder autour de lui avec une candeur presque déconcertante. D'où il sort, celui-là. Je me le répète, comme s'il allait m'offrir la réponse de lui même, mais non, évidemment. On ne peut rien attendre des gens ; et vu son état, surtout pas de lui. Je déglutis et me rapproche discrètement du balai alors qu'il semble petit à petit reprendre contenance. Enfin, comme je ne le connais pas, je ne sais pas ce que ça veut dire pour lui, cette expression. Il n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux, mais il a déjà l'air moins apeuré. Un chuchotement attire mon attention, et je me retourne vers la porte. Je vois le visage de Finn, dont le regard passe successivement de notre mystérieux visiteur à moi. J'ai dû le réveiller en sortant, enfin, quand bien même il aurait fermé l'oeil de la nuit. Il y a Lilja, avec lui. Mes lèvres s'étirent en un sourire cynique, destiné à personne et tout le monde en même temps. Au gars dans le lit, à la mère, à moi-même, à eux deux, les deux préférés de la mère - ceux qu'elle déteste un peu moins.Je me demande un instant ce à quoi ils s'attendent. Est-ce qu'elle leur a promis un jour une vie normale ? Est-ce qu'elle leur a dit qu'elle pourrait hypothétiquement ramener l'un de leur père, le père de l'un, à la maison ? Conneries. La mère, elle a jamais eu d'enfants qu'avec deux hommes, du moins, c'est ce qu'elle dit, quand elle est triste et soûle qu'elle a envie qu'on la plaigne. Le gars dans le lit, là, il est trop jeune pour elle. On sait jamais, c'est vrai. Mais elle, elle est déjà bien entachée par l'alcool, contrairement à lui. Elle, sa beauté elle fait partie des vestiges du passé. Lui, je saurais pas dire s'il est beau. Il est touchant, quelque part, dans le genre pitoyable. Je secoue la tête et me dirige vers eux pour les faire fuir ; si il psychotise alors qu'il n'y a qu'une personne avec lui, je ne sais pas comment il va réagir avec trois personnes ; surtout des enfants. Certaines personnes sont mal à l'aise avec les enfants. Et Finn est loin d'être un enfant de chœur. «t- t'es une maman ? » Je fais volte-face, surprise. Je pensais pas qu'il me parlerait de lui-même. Je lui adresse un petit sourire, avant de réfléchir. Une maman ? Non. Mais ça veut dire quoi, une maman ? J'ai une mère, pas une maman. On associe ce surnom affectif à quelqu'un qui nous a élevé, qui nous a aimé. Nous, tous les sept, on a pas de maman. On a la mère. Et c'est déjà beaucoup trop. « Euh... » Mais j'ai pas envie que les petits entendent qu'ils ont pas de maman. J'ai pas envie de lui répondre, là, et risquer de les blesser plus qu'ils ne le sont déjà. Je sais pas, au final, ce qu'ils attendent de moi. Que je sois leur maman ? Pas très probable. En tous cas, je suis presque certaine que Logan, c'est pas ce qu'il veut. Alors eux, quand ils seront plus grands, si ils le veulent maintenant, ils seraient capable de me cracher à la gueule toute leur rancoeur d'être une maman et pas une mère. Bon sang, j'ai pas envie de les voir grandir. Je m'approche d'eux, ouvre la porte et regarde dans le couloir. Lilja et Finn me fixent avec leurs grands yeux chétifs, fatigués d'avoir mal dormi. « Allez voir Logan, il faut que je... Il faut que je finisse de tout nettoyer, là. » Je ne sais pas si l'autre m'a entendu, quelque part, j'espère pas ; étant donné qu'il pourrait se considérer comme un truc à nettoyer. Pas qu'il ne le soit pas totalement, d'ailleurs. Il a baigné dans l'alcool toute la nuit et je vais devoir changer mes draps en urgence après son départ. Enfin ça, c'est pas mal de la faute de la mère, aussi. Pour changer. Quelques pas, lentement, esquissés vers lui, pour le mettre en confiance, et je réponds enfin à sa question. « Une maman, je sais pas vraiment. Une de substitution, alors, c'est pas censé être mon rôle. » Je sais pas pourquoi je lui dis ça. Je me dis que c'est pour le mettre en confiance, faire la conversation, mais les mots m'ont juste échappés. Bordel, Elsie, c'est un pote de la mère, tu peux pas être aussi familière avec lui. Je me racle la gorge un grand coup, histoire de mettre mes idées au clair et de ne pas s'attarder là-dessus. Je vais pas me mettre à lui raconter ma vie, non non. Je soupire et l'observe. « Je suppose que t'as pas d'affaires de rechange ni quoi que ce soit ? »
Niel Ambrose
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Sa respiration est sifflante, au petit Niel. Il est incapable de faire le moindre mouvement, figé par la tempête qui a pris son corps d'assaut. Elle a beau s'être calmée, l'avoir abandonnée, Niel est toujours figé. Incapable du moindre mouvement, incapable du moindre changement. Il reste là, immobile et contre les draps, les yeux trop grands pour être réel. Il observe les enfants, là, au travers du cadre de la porte, comme par peur, ou alors par curiosité. Ils ont l'air heureux ; ils ont quelque chose qu'il n'a pas, dans leurs yeux. Niel aimerait bien leur sourire, pour montrer à quel point il peut être heureux, pour eux, mais il est incapable de quoique ce soit. Alors il reste juste là, les yeux trop grands, le coeur trop petit, a les observer comme un dément. Il n'observe pas Elsie qui est plus que surprise, par sa voix. Il ne voit que les petits, tout petits et fragiles, là, sous ses yeux. Il retient sa respiration, le petit Niel, de peur de pollueur leur air, de les contaminer avec l'abomination qu'il est. Il reste là, sans mouvement, prêt à disparaître, pour leur permettre d'exister. Niel se sent mal, soudain, et non pas par le mal de tête, ou alors le mal de coeur, mais par le simple fait qu'il est là, juste là, et qu'il est un monstre, pour eux, peut-être, et qu'il n'a pas sa place. Niel a envie de pleurer, encore, et de s'excuser. De demander pardon bien fort, pour ne pas qu'ils lui en veulent, et puis de disparaître.
De ne plus exister.
Il sursaute, Niel, en entendant la voix d'Elsie. « Euh... » Le grand petit cligne des yeux, plusieurs fois, en cherchant quelque chose, dans les yeux de la blonde, avant de se détourner. Il a honte, bien trop honte pour rester là. Il a la mine basse, Niel, alors que la blonde s'éloigne enfin. Ça lui fait du bien ; il respire un peu mieux, même, comme s'il pouvait le faire, maintenant, ayant personne à polluer, tuer. Il tremble toujours, dans son coin, se contentant du moindre mouvement,
Sagement, immobile, il écoute la voix d'Elsie. « Allez voir Logan, il faut que je... Il faut que je finisse de tout nettoyer, là. » Niel a envie de vomir, d'un coup, mais il se retient tant bien que mal. Ses yeux sont humides de tous ses maux, mais il se retient, pour ne pas faire peur aux petits. Il fait déjà bien assez de bêtises en étant là, juste là, et à salir leurs prunelles avec sa maigre présence. Niel se mord les lèvres, et puis baisse les yeux, fautif, pour ne pas affronter le regard des touts petits. Il a envie de dire pardon, mais le son de sa voix lui semble trop sale pour eux, et il ne mérite même pas de parler. Alors il reste là, fixant ses ongles sales, ses doigts noueux enfoncés dans les draps, le matelas. Il reste là, sagement, attendant d'avoir un signe, une autorisation pour partir. Il essaie de ne plus nuire.
La belle s'approche encore, et Niel, pour une fois, ne fait aucun mouvement. Il a peur, peur dans chaque recoin de son âme. Il tremble comme une feuille, manque un respire, à l'imaginer si près de lui, mais il ne bouge pas. Il ne bouge pas, car juste à être, il prend déjà suffisamment de place comme ça. Alors, il reste comme ça, sans mouvement, ne faisant rien. Il tremble et pleure, à l'intérieur, mais rien ne sort. C'est la guerre, au fond de son être, mais pas besoin d'agacer les autres avec de telles bêtises. « Une maman, je sais pas vraiment. Une de substitution, alors, c'est pas censé être mon rôle. » Il se contente d'hocher de la tête, trop rapidement, avant de cesser d'un même mouvement aussi brusque, les lèvres presque en sang, à les mordre. Niel ose lever les yeux, et puis soupire, à voir les petits loin. Il se dit que, savoir où il se trouve, il disparaîtrait de la maison rapidement, en courant, un peu comme un voleur. Mais il est perdu, et puis ses jambes sont tremblantes et la pièce danse. Alors, il reste là, sans le moindre mouvement. Il attend, sagement. « Je suppose que t'as pas d'affaires de rechange ni quoi que ce soit ? » Niel secoue la tête vivement, encore, avant de se lever d'un pas cassé, de se fracasser contre le mur, près du mur, et de s'éloigner, lorsqu'elle essaie de s'approcher. « n - non, non, ça va » il lève la main, un peu, pour l'empêcher de s'approcher. Elle semble si petite, là, soudainement, devant le grand géant qu,il peut être, en réalité.
Niel se frotte les yeux, un instant, avant de s'accrocher au mur, et puis de marcher, lamentable, jusqu'au couloir. Il parle tout bas, en même temps. « je vais - vais y aller. j'ai assez - trop longtemps - je dois- je peux pas rester - c'est gentil mais je - je vais y aller. c'est mieux, oui, mieux. pour vous, pour moi, pour nous. voilà. j-je vais y aller. » Il hoche de la tête, toute en parlant, la voix presque claire, étonnamment. À chaque pas, il se casse un peu plus, étouffe toujours plus. Il ne sait pas où il est, et perdu, il essaie pourtant de s'évader.
Elsie Lattimer
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Sujet: Re: le dormeur clandestin (niel) Sam 14 Sep - 7:40
Il y a eu bien des fois où je me suis demandée ce que j'aurais été, sans les petits. C'est ma vie, ces gosses, j'aurais surement pas survécu jusque là sans eux. Je fais partie de ces gens qui fondent devant le regard d'un gamin, qui se laissent tripoter les joues par leurs mains potelées, qui se laissent bercer par leurs babillages incompréhensibles. Il y a les gens comme moi, qui adorent les gosses, et les gens comme la mère, qui fuient devant eux. Oh, Louisa est un extrême. Du moins je l'espère. C'était peut-être trop catégorique, de penser comme ça, je m'en rendais compte maintenant. Le gars que la mère avait ramené semblait pas être un tordu. Ou du moins, pas un détraqué, parce qu'il a l'air assez compliqué. Il me fait toujours penser à Ora, avec ses yeux brillants, ses lèvres qui tremblent, comme lorsqu'elle est prise en faute ; gamine coupable d'un rien du tout qu'elle croit le pire de tout. C'est normal qu'il soit paumé, il est venu ici, hier, probablement avec de l'alcool dans le sang, accompagné de la mère, et ce matin il se réveille seul au milieu de gamins. Parce que la mère est partie, encore une fois. Elle l'a abandonné, lui aussi, elle en avait pas grand chose à faire de lui, elle en jamais eu grand chose à foutre, des autres, à quoi bon ? Un être humain, ça fait du bruit, ça bouge, ça veut de l'attention et ça a des sentiments. Et la mère, c'est une misanthrope incapable de rester seule. Et c'est à moi de passer derrière elle, encore une fois. Je le regarde, j'essaie de comprendre au fond de ses yeux ce qu'il est vraiment. J'aimerais lui dire "arrête. oublie là, elle t'a abandonné, toi aussi, t'es trop jeune, t'es pas encore aussi désespéré qu'elle, vit un peu. Bas-toi, la laisse pas gagner." Mais je suis pas sûre qu'il comprendrait. Et puis, à quoi bon ? Il est pas de la famille, c'est pas parce qu'il a un côté attendrissant que je vais me laisser avoir par ses grands yeux pleins d'innocence brisée. Peut-être qu'il est juste sous le choc, encore, que c'est vraiment pas quelqu'un de bien. Je me mords la lèvre, incapable de ne pas me sentir mal pour lui. Mais c'est pas à moi de l'aider. Y'a des centres pour se débarrasser de ses dépendances, il a pas prouvé qu'il méritait de l'attention, à part ce sentiment bizarre qu'il a face aux enfants. Une sorte de fascination dégoûtée, comme s'il les aimait autant qu'il les craignaient. Pauvre gosse, je me répète. Il se recule de nouveau, je me dis un instant qu'il va tomber du lit, et puis je chasse l'idée aussi vite qu'elle est arrivée - c'est pas mon problème. Qu'il se ramasse, tant pis. « n - non, non, ça va » J'hausse les épaules. Tant mieux, c'est pas comme si on roulait sur l'or, dans la maison,e t qu'on avait des fringues à filer à la charité. Les hypothèse sur qui il est s'entassent dans ma tête, et pour un moment, j'arrête de les chasser. Même si je suis censée m'en moquer, de ce qu'il est, parce que, au final, ce qu'il est, c'est un visage qui restera dans un coin de mon esprit pendant quelques jours, et qui finira par partir quand la mère reviendra faire ses ravages avec quelqu'un d'autre. Une anecdote pas trop dérangeante à propos de celle qui aurait du nous aimer plus que sa propre vie, et qui a préférer détruire les nôtres, les empoisonner de son absence et les brûler de sa présence. Il doit surement venir de Londres, comme elle, il y repartira un jour ou l'autre. Et puis, à ma grande surprise, il se lève, il manque de s'écrouler, mais reste debout. Il est plus grand qu'il ne le semblait, ratatiné de peur dans le lit, recroquevillé d'effroi. J'esquisse un geste - plus un réflexe - pour le rattraper, mais me recule bien vite. Déjà, il semble avoir étrangement peur de moi. Et puis je sais pas si c'est une bonne idée de le toucher. « je vais - vais y aller. j'ai assez - trop longtemps - je dois- je peux pas rester - c'est gentil mais je - je vais y aller. c'est mieux, oui, mieux. pour vous, pour moi, pour nous. voilà. j-je vais y aller. » Je souris, un peu, soulagée de voir qu'ua final, j'aurais pas à jouer les méchantes en lui hurlant de dégager de chez moi. Pour une fois, ça donnerait raison à la mère, quand elle se plaint qu'on est méchant avec elle. J'hausse les épaules. Il sent pas la rose, il a baigné dans l'alcool et la sueur pendant toute la nuit, mais je vais pas le retenir, non plus. J'ouvre la porte, jette un coup d'oeil a ses vêtements froissés de la nuit. « Comme tu veux. Doit plus y avoir beaucoup d'eau chaude, de toutes façons. » Je sors dans le couloir. Logan sait s'occuper d'Ora et de Finnick très bien, mais séparément. Je suppose qu'ils vont tous être dans le salon, et que le pauvre gars va pas échapper à tous les regards - notamment celui de Lilja, qui peut faire peur quand elle veut. « Et... ouais, j'espère que la mère t'embêtera plus. » J'ai encore une once d'espoir pour lui qu'il se soit retrouvé ici par un désastreux concours de circonstances, qu'il ne la connaisse que vaguement. Qu'il ne sache pas qui elle est. Elle se plaît, cette folle, à se faire appeler "la mère", auprès de ses petits camarades alcooliques. ça me fait vomir. Comme si elle avait jamais su la signification de ce mot, comme si elle avait un jour compris en quoi ça consistait.
Niel Ambrose
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Sujet: Re: le dormeur clandestin (niel) Mar 17 Sep - 12:33
Il se sent mal. Niel, il se sent tellement mal, d'être là, juste là au coeur d'une famille qu'il ne lui appartient pas. Il pince ses lèvres, le petit, dans l'intention de fuir. Il descend les marches, s'y casse les genoux, surement, à chaque pas. Aggrave son mal de coeur, sans parvenir à garder pied, sans parvenir à voir la fin, et puis à faire silence, dans sa tête. Il halète, le grand trop grand, il halète et a encore cette envie de pleurer, au fond de la journée. Il le ferait bien, Niel, pleurer, si ce n'état pas si dérangeant. Mais Niel a été élevé comme un homme, comme un grand garçon, alors il tente de garder le silence, du moins jusqu'à la sortie. Mais elle semble si loin, la sortie, si loin. Les pas semblent trop lourds, trop grands. Tout semble ed trop, surtout lui, oui. Il n'a pas sa place, ici. Il n'a pas de place, entouré d'enfants. Dans cette maison si belle, où les gens sont si beaux, il n'a pas sa place, non. Il n'a pas sa place, parmi eux. Alors il se mord les lèvres, il serre les doigts, et il essaie d'avancer, Niel, pour s'en aller loin, pour les quitter sans lendemain. Il ne veut pas, non, voir leur visage. Il ne veut pas croiser leurs yeux. Ils ont déjà tant enduré, à le voir là, dès le réveil. Ils ont tant endurés, de se lever et de voir un intrus, chez eux. Il n'a pas le droit, Niel, de rester là, et il le sait parfaitement. C'est bien pour ça, au fond, qu'il marche de son pas cassé, tourmenté. C'est bien pour ça qu'il joue à l'évader.
Il a les doigts serrés contre la rampe, enfin, le Niel, lorsque la voix de la belle se fait entendre. Il en gémit presque, honteux d'être présent, qu'elle use de sa voix ainsi pour lui parler. Il a envie de lui dire désolé, Niel, mais il lui semble déjà qu'il en ait bien trop dit. Il en a trop dit, oui, et trop fait. Il n'est qu'une honte et qu'un poids, pour les gens. Il n'a pas de raison d'être. Pas aujourd'hui, et encore moins demain. « Comme tu veux. Doit plus y avoir beaucoup d'eau chaude, de toutes façons. » Niel, il a les yeux embués de larmes, alors qu'il veut quelqu'un. Il veut se perdre dans les bras de quelqu'un, Niel. Appeler Oze, et puis pleurer au téléphone, pour qu'il puisse venir le chercher. Oui, Oze. Il a besoin d'Oze. Alors, il continue de descendre les escaliers, qu'importe ce qu'elle dit, la princesse, derrière. Il ne capte pas ses mots. Il ne capte plus rien, le petit, juste cette envie de partir. De ne plus les voir, tous autant qu'ils sont, car il ne mérite pas leur sourire, leur jolie maison, et puis leur doux visage. Il ne mérite pas d'être parmi eux, ne serais-ce que pour quelques secondes, quelques instants.
Il ne regarde pas les visages, Niel, alors qu'il descend tout en bas. Sa chute, elle ne concerne que lui. Il se contente de s'excuser tout bas, alors qu'il manque le pas, lorsqu'il n'arrive pas à ouvrir la porte, puis, il sort, brusquement. Il sort et il couine, fort, peut-être trop, en voyant qu'il ne la connait pas, cette rue. Il pleure silencieux, marchant pourtant dans une direction quelconque, essayant de fuir ce qui a bien pu se passer. Il a les doigts qui tremblent, un moment, le petit, contre son portable, alors qu'il le sort tant bien que mal de ses poches, pour composer le numéro d'Oze. Et puis un sanglot, fort, peut-être trop, lorsqu'il lui annonce qu'il est complètement perdu, au milieu d'une rue, et que sa tête lui fait mal.