Elle s'envolait, telle une fleur, à la première heure. Ce fut certainement la première image que j'eus de cette endroit ; elle quittant la terre, t'embrassant pleinement, toi, la mer. L'image, aussi simple fut-elle à instant, sembla représenter une tonne de chose, à mes yeux. Un fait marquant, peut-être. Comme si, de son simple geste, elle me laissait sa place. Comme s'il n'y avait pas de place pour nous deux, sur cette terre, près de ces falaises blanches, et qu'elle préférait se perdre entre tes bras.

Je ne suis qu'une ombre, qu'un reflet morbide des maux les plus communs; je suis l’écume qui flotte, les débris qui t'épousent, après un grand naufrage. Ma place n'est pas au creux de tes bras. Et elle, douce fleur, se perd contre le moindre de tes caresses, emportée par tes vagues alléchantes. Elle se noie, le sourire aux lèvres, perdue au creux de tes bras, si bien là où je ne suis que fracas. Elle est belle, de loin, au creux de toi. Elle doit être éblouissante, de près, trop pour mes yeux sales, pour mon cœur malade. Garde la fort, fort, dans tes bras, qu'elle ne s'évade pas. Ne la laisse pas mourir ; ton corps est son oxygène, le noyau de son cœur.
Ne la laisse pas partir, elle a tant besoin de tes bras.
Et moi, et bien moi, je me tiendrais loin, très loin. Car d'orteils en ton sein, je te brûlerais, toi si délicate. Je te pourrirais, tendrement, pour que tu ne sois plus. D'un touché, tu ne serais plus Mer, mais torrent de larmes. Garde la dans tes bras ; c'est grâce à elle, peut-être, au fond, que tu portes ton nom.