NOM(S) - tidjane. ça veut dire couronnes. pourtant j'n'ai jamais eu que la couronne d'épine, sans avoir la royauté, la prospérité, le divin ou l'argent qui va avec. une couronne de papier de pacotille, vissée sur un crâne ébonite. et rien de la grandeur de ces rois déchus. et rien de la beauté de ces cours aux milles et une merveilles. et rien de la grandeur, et rien de l'élévation, et rien de la spiritualité. juste une fausse couronne à deux balles, ramassée au détour du chemin d'une famille éparpillée. PRÉNOM(S) - djamal, pour la « beauté » si appréciée d'allah selon les dires de ma famille. beauté que j'ai appris à pervertir pour en tirer profit, plutôt que de l'user à de nobles desseins et de rendre fier ce fameux dieu mythique dont je n'ai strictement rien à branler. mais alors vraiment rien. et malik. encore pour ce dieu qui ne m'est rien, puisque ça veut dire roi, puisque ça veut dire doué, puisque c'est censé représenter l'élévation de mon âme. mais je n'ai rien ni de divin, ni de royal. et ça ne me préoccupe aucunement. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - vingt-et-un an. la majorité, aux états-unis. ou ce fameux jeu d'alcool auquel j'ai tant joué et qui a fini par me mener à de nombreux déboires, des emmerdes en masse. un nombre bien peu intéressant. liverpool, dont la seule chose que je regrette encore sont les docks. ces quais dont la tranquillité était mon seul abri contre le bruit de la ville, contre la foule en émoi, contre les sourires mesquins des filles aux jambes de fée et les avances déplacées du peuple anglais. une ville terne, touristique, dénuée d'âme et d'intérêt. une ville qui, finalement, ne faisait que refléter mon être tout entier. NATIONALITÉ - pur british. l'afrique, je ne l'ai jamais vu que dans mes rêves, ou dans ces récits mystiques que m'en faisait ma mère. j'ai vu les lions, au zoo. j'ai vu la brousse, sur le net. j'ai vu le soleil qui tapait fort et les ventres gonflés des fils de mes ancêtres. j'ai vu la misère, la tristesse, l'injustice et la famine. et alors j'ai compris que je n'avais pas besoin d'aller si loin pour trouver la même chose. il me suffisait de visiter les ruelles décadentes de liverpool, de nuit, pour voir la même peine dans les yeux des ivrognes sans papier, ou pour ressentir cette mort qui guette à chaque coin de rue le clochard recroquevillé dans le froid. l'afrique, l'angleterre. deux expressions différentes de la même peur, de la même douleur, du même désespoir. STATUT CIVIL - libre. sans attache. et sans frontière. une femme n'est jamais qu'un boulet au pied de l'homme qui souhaite vivre. un autre homme n'est jamais qu'une sorte d'évasion provisoire. se lier à jamais à quelqu'un, c'est abandonner le plaisir, la liberté, l'amour pur et éphémère. c'est accepter de se déposséder en une seule et unique entité, qui n'a rien de plus que soi, et qui, très vite, perd de son charme pour ne devenir qu'un autre être humain, aussi détestable et pitoyable que l'on est. alors non, merci. je passe mon tour. ORIENTATION SEXUELLE - après tout, le sexe n'est-il pas qu'un moyen d'assouvir un désir? peu importe donc les moyens que ça prend, tant que les portes du septième ciel s'ouvrent pour moi. mon orientation sexuelle se dirige donc vers tous les bons baiseurs et les chaudes lapines de cette terre. qu'ils soient humains ou aliens. j'évite simplement les animaux et les enfants, premièrement parce que ça ne m'intéresse pas, mais aussi par principe. qui aurait envie de fourrer un chat, sérieusement? mais si les zoophiles agissent dans leur coin sans m’entraîner dans leur trip, je n'ai rien à redire. MÉTIER - ces foutus couloirs tous identiques, cette cadence bien régulière, ces horaires à la con, ces hurlements d'hommes qui n'ont pas vu le corps d'une femme depuis ma naissance, ces fous en uniforme qui tapent sur tout... c'est mon monde. militaire en herbe, quel choix à la con. je me plais à dire que je n'avais pas le choix, mais ce n'est qu'un mensonge de plus. et pourtant, j'y prends peu à peu goût, à cet emploi merdique. il me permet de m'occuper. et puis il me laisse le temps de m'exploser le crâne. GROUPE - la colère qui emplit les tripes, la haine, cette envie comme un besoin de hurler ta rage, de frapper la terre, les arbres, cette mer maudite. et toujours là, à douvres, pour aucune raison. peut-être parce que c'est quand tu te sens enfermé que tu te sens vivre. peut-être parce que la souffrance que ça te procure, de rester là, c'est tout ce qu'il te faut pour avoir l'impression d'exister. et ton âme amère ne s'élèvera jamais vers d'autres horizons, parce que ces falaises sont tes barreaux, et, qu'un peu maso, tu aimes t'y blottir. AVATAR - corps d'ébène, regard de cendre. adonis bosso tu es.

Tidjane, Malik Djamal (suite du rapport) - séance du 15/03 - Dr. MacCallum, pédopsychiatre.

L'enfant m'inquiète de plus en plus. Il ne dit rien à propos de l'accident qui lui a valu son internement. Il semblerait que son inconscient le protège de la vérité. Il tente de nier le meurtre dont il est responsable, meurtre contre la personne de Sonny Hank Lloyd, qui pourtant semblait être son meilleur camarade. Pourtant, le patient présente un intérêt particulier. Il ne demeure pas dans ce mutisme souvent observé chez les enfants psychotiques, car il parle. Il ne s'adresse pas à moi et semble ne même pas m'écouter, mais il s'adresse à un certain Cyrus. Mon diagnostic est le suivant: l'enfant, en plus d'être clairement psychotique puisqu'il s'imagine des situations tout à fait rocambolesques à base de super-héros, de sauvetages, de vols au-dessus de la ville, de voyage, est clairement schizophrène, ou, du moins est propice au développement de cette maladie psychiatrique. À travers un très net dédoublement de la personnalité, il se protège en inventant un personnage tout à fait fictif qu'il nomme et à qui il donne toutes les caractéristiques d'un humain. Il se réfère alors à lui pour faire nombre de ses choix. D'après mes observations, l'enfant semble évoluer vers un renfermement progressif au cours duquel toutes ses émotions seraient vécues et incarnées par son double fictif, tandis qu'il resterait extérieurement presque insensible. Le danger est qu'il devienne sociopathe. Le meurtre dont il ne semble garder que peu de souvenir de son ami Sonny Hank Lloyd témoigne également qu'il ne peut être tenu entièrement responsable de ses fautes, puisqu'il parle parfois de Sonny, déclarant, bien souvent, que son ami viendra le chercher et le sauvera de cette « antre de l'horreur ». Je conseille un traitement sévère et un suivi psychiatrique et psychologique extrêmement minutieux. La guérison n'étant bien évidemment absolument pas assurée.

PSEUDO - HUNTER IN DECADENCE. PRÉNOM - naomi wesh. ÂGE - seventeeeen. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - jsuis vip, j'connais les admins t'as vu. COMMENTAIRE(S) - n'y est beau. et n'y donne envie d'aller à la ge-plaaa. ah et aushi... j'me suis beaucoup inspirée des livres d'howard buten pour mon perso. surtout de « quand j'avais 5 ans, je m'ai tué » :3 POISSON PRÉFÉRÉ - le crocodile   et pis les poissons rouges. CODE AVATAR -

Code:

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Papa cri toujours trop fort. Moi quand je cris, on l'entend à peine, surement parce que mes cordes vocales sont encore à l'état larvaire. Peut-être qu'un jour je ferai autant de bruit que lui, quand je postillonnerai aux visages des gens que j'aimerais pas. Quasimodo il me dit toujours que les gens qui crient, c'est parce qu'ils aiment pas la personne à qui ils s'adressent. Quasimodo, c'est mon copain. Il s'assoit toujours à côté de moi dans la classe. Son vrai nom c'est Jimmy, mais personne l'appelle comme ça. On préfère Quasimodo, parce qu'il a un de ses volets à yeux qui retombe un peu, et une grosse bosse qui déforme son front. Même sa maman, elle l'appelle pas Jimmy, elle l'appelle Poussinou. Il déteste. Moi non plus j'aime pas trop quand maman elle m'appelle Caneton. Pourquoi des noms de bébés oiseaux? On n'a ni bec, ni plume. Même si j'aimerais bien, au moins je volerai très très haut dans le ciel, et peut-être que Papa il arrêterait de pas m'aimer et de crier dans mes petits oreilles. Maman lui dit toujours de pas crier sur moi, peut-être parce qu'elle aussi elle a peur que mes larves-oreilles puissent pas se développer, terrifiées à l'idée d'entendre ces hurlements encore plus fort. Mais moi j'ai pas trop peur, quand Papa il me fait mal aux oreilles. Après tout, je sais qu'on peut pas aimer tout le monde. Pourtant je l'aime bien, moi Papa. Il est beau. Il ressemble un peu à Mike Tyson en plus foncé et en moins costaud, parce que Tyson, il est plus fort que mon Papa, c'est clair ! Et même qu'un jour, j'l'appellerai pour qu'il fasse une de ces plus belles droites pif pouf pile poil dans le nez de mon Papa, et au moins il arrêtera avec ses piaillements. C'est lui en vrai, l'oiseau, moi je trouve.

Souvent, Papa quand il cri, il y met toute sa force, et du coup, après, il est fatigué, il cri moins fort et il bafouille un peu. Je trouve ça rigolo, mais je ris pas. Enfin si je ris, mais je ris à l'intérieur. C'est Cyrus qui rit. Cyrus, c'est un peu comme un Batman avec en plus des pouvoirs de super-héros. Il a des gadgets et aussi il peut cracher du feu pour faire cuire ses ennemis. Maman elle aime pas que je lui parle, mais Cyrus il vit en dedans de moi, alors il a besoin de compagnie. Vous imaginez, vous, si vous viviez dans quelqu'un? Ça doit pas être marrant, mais alors vraiment pas, j'te l'dis moi, mon pote (c'est Sylvain, mon grand frère, qui dit toujours mon pote. même moi il m'appelle mon pote. peut-être qu'il sait pas qu'on est frères). Sylvain il est gentil. Mais j'aime pas qu'il soit plus grand que moi. Et lui aussi il se moque de Cyrus en disant qu'il existe pas. Mais c'est faux, faux, faux, et encore triplefoisment faux au moins! Même que des fois, Cyrus, il me dit quoi faire et quoi dire. Il a trop d'humour, c'est grâce à lui que j'arrive à faire rire Jenna, en répondant à la maîtresse des fois. J'vais au piquet mais au moins j'ai vu les jolies dents blanches blanches blanches de mon n'amoureuse qu'un jour elle saura que je suis son amoureux.

Cyrus, par contre, des fois, il me fait faire des trucs pas très biens, des trucs qu'un bon petit garçon ferait pas. C'est Sonny qui me le dit. Il me dit que des fois, j'agis comme un « rattardé ». C'est son père qu'est camionneur qui dit ça, quand, sur la route, les gens se poussent pas. Sonny, c'est mon meilleur copain, parce qu'il est fou. C'est lui le rattardé. Il me défend des autres gens qui m'appellent Kirikou en se moquant de moi -parce que je suis pas encore très grand, mais un jour je toucherai les nuages et ils seront jaloux, et je les écraserai sous mes chaussures gigantesques pareilles comme les clowns, et ils me supplieront mais je crierai « je m'appelle pas Kirikou, je m'appelle Malik. », et ils pleureront. Mais j'm'en ficherai t'façon. Je serai un géant. Sonny, il vient toujours me sauver quand Papa cri. Il habite la maison d'à côté, donc il l'entend, et quand Papa commence à fatiguer, il entre dans la maison et il court m'attraper par la main tel Spiderman au secours de la belle Marie-Jeanne, sauf que moi j'm'appelle pas Marie-Jeanne, j'm'appelle Djamal Malik. À la limite, si vous m'appelez Cyrus, je vous le passerai. Mais pas Marie-Jeanne, hein, c'est un nom de fille.

Aujourd'hui, les cris de Papa durent un peu trop longtemps, cette fois, moi je trouve. Faut dire qu'aujourd'hui, Cyrus est allé un peu loin. Mais c'était pas moi, hein, c'était lui, je promets. Il m'a demandé de lui prêter mon corps alors, bah, j'ai dis oui. J'ai beau avoir expliqué à Papa que, sans corps, la vie elle est moins chouette, il me dit toujours d'arrêter de mentir ou de raconter des conneries. Conneries. C'est un mot très gros, ça. Un mot qu'il faut pas dire. Mais Papa c'est un adulte, et il a le droit. Et puis il est en colère, alors bon. Pendant que Papa il cri, et que Sonny n'arrive pas me sauver comme dans Spiderman, et bah je vois Batman qui apparaît. Il vient à ma rescousse ! Mais là, je vois que Batman il fait rien, et il se met derrière Papa, et il me regarde, simplement. Et alors je parle. Je lui demande de m'emmener loin, vraiment loin, vraiment très très très loin d'ici, vers l'infini et au-delà, dans sa batcave où on pourra cogner sur les méchants comme Papa, au moins on sera heureux et le monde sera beau. Alors Batman il me soulève dans ses bras, il me sert fort fort contre lui, et il utilise son super grappin incassable pour nous ekestirper (c'est maman qui dit ça quand elle prend un air de « dame du monde ». ça aussi c'est elle qui le dit.) de mon ancienne maison qui me manquera mais alors pas du tout, et on s'envole. Mais là je réalises que j'ai oublié mon Pato, c'est mon doudou depuis toujours, mon meilleur ami au moins à égalité avec Sonny, mais après Cyrus. Alors je lâche Batman et je toooombe, mais j'ai des ailes parce que je suis un caneton, comme maman elle m'a dit, et je m'envole jusqu'à chez moi et... Et puis mon Papa il me gifle. Il me gifle, et je suis de nouveau face à lui. Batman il m'a abandonné. Et j'ai toujours pas mon Pato. Mais il me répond, par contre, mon Papa. Il répond à ce que je disais à Batman, parce que les adultes sont trop bêtes pour comprendre qu'on parle pas toujours à eux, et il me dit de pas m'inquiéter. Il me dit que je vais partir loin d'ici très bientôt. Et que ce sera pour mon bien. Et sa voix, elle est bizarre. Elle cri plus. Elle est pas agressive. Elle est toute douce, toute gentille. Et elle me donne des frissons, parce que Papa, et ben il parle jamais comme ça. Et Maman, bah elle pleure. Et c'est triste quand elle pleure. Alors je pleure. Et tout le monde pleure, Maman, Papa (mais très légèrement, parce que, lui, c'est un homme, un vrai), même Sylvain s'y met, et puis mon Pato aussi. Tout le monde pleure. Sauf Cyrus. Cyrus, lui, il est plus fort que nous tous. Cyrus, lui, il pleurera jamais. Cyrus, lui, il est intouchable. Et un jour, je serai comme Cyrus.  

Un numéro. Un patient parmi une foule monstrueuse. Cinq longues années d'internement forcé. Et puis Cyrus en a eu marre, alors j'ai suivi ses indications, et j'suis sortie. J'étais guéri, d'après tout le monde. Ils souriaent. Ils étaient heureux que je sois de nouveau normal. Mais je comprenais rien. J'avais juste appris à parler à Cyrus par télépathie. Maintenant j'ai vingt-et-un ans. Ça fait des années que ce n'est plus qu'un souvenir, qui vient toujours me hanter dans mes nuits d'insomnie. J'ai quitté Liverpool le jour où Papa m'a entendu discuter avec Cyrus. J'avais dix-neuf ans. Il a voulu que je suive de nouveau le traitement qu'on m'imposait. Mais j'avais grandi. Et Cyrus aussi. On s'est pas laissés faire, et on est partis. Pour ça, on est entrés dans l'armée. J'ai choisi Douvres parce que ça sonnait bien. Ça sonnait protecteur. Et bye bye Liverpool.

Deux ans à vivre ici. Cyrus reste discret. J'aime pas, ici. Et on m'aime pas non plus, surtout à l'école militaire. On me reproche mes insomnies, on me reproche mon manque d'assiduité à ramper dans la boue, mes nombreuses insubordinations envers mes supérieurs (mais enfin, qu'ont-ils de plus que moi, ces gars-là, à part un plus joli costume? j'te l'demande, mon pote!), ou encore mes crises de colère démentielles. Mais j'm'en fous un peu. Moi j'vis en attendant. Cyrus et moi, on a besoin de personne d'autre, au fond. Lui, il me contrôle un peu. Moi j'suis plus sensible que lui, et du coup on a une entente. Quand j'ai envie de réagir de façon vraiment vraiment sensible, bah il réagit à ma place dans ma tête, où personne peut le voir. Alors il pleure, il cogne, il hurle. Et moi je peux faire comme je veux, du coup. Le soir, comme j'arrive pas à m'endormir, quand je sors pas, et ben on va sur le toit et on se raconte des histoires. Des histoires vraiment belles. Du genre de celles qu'on rêvait de vivre, tous les deux, quand j'étais petit. De celles auxquelles je pensais quand Papa m'engueulait. Ouais. Et ces histoires, elles rendent le monde moins détestable. Ces histoires, elles repoussent un peu les démons qui me guettent sans cesse. C'est leur médoc', moi j'dis, qui m'ont un peu, rien qu'un peu, abîmé. Ouais, c'est pour ça que j'dors pas, je pense. J'ai peur qu'ils me les refilent dans mon sommeil, ou qu'ils viennent me chercher pour m'interner encore. L'armée, au moins, ça me protège. Et si on vient me chercher, Cyrus me sauvera. Il me sauve toujours.