NOM(S) - peafowl. PRÉNOM(S) - neeve. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - vingt-trois ans, rush (irlande). NATIONALITÉ - irlandaise. STATUT CIVIL - étoile filante. ORIENTATION SEXUELLE - amoureuse des jolis mots, des plumes et de l'amour. MÉTIER - se voudrait libraire.  GROUPE - éphémère infini. AVATAR - marine vatch.

neeve. neeve, d'apparence, c'est un lac. calme. bien trop calme. tressautant seulement, rarement, sous un coup de vent trop fort. tu y plonges la main : elle ondule, quelques secondes et l'eau se referme autour de ton poignet, sans aucune explication. un lac d'été, qui reflète ciel et soleil presque à la perfection. lac profond, un peu trop, où il ne faut pas t'aventurer si tu as peur de couler. tu n'as pas pieds. tu n'auras jamais pieds, au milieu de son âme. elle est bien trop vaste, tu sais, et tout au fond, il y a des poissons sans nom, des algues de dix mètres de long et même des épaves de navires vieux de cent ans.
mais neeve, ô neeve, c'est l'océan. la mer en furie au creux du cœur, la mer qui hurle et qui tempête, la mer qui bat, la mer qui noie les espoirs et les envies, les vagues qui fouettent, toujours plus fort, son visage presque pâle et ses joues rouges de les tenir coincées à l'intérieur. la mer infinie. la mer tentatrice. la mère partie pour d'autres rivages. la mer au goût salé des larmes, l'écume bouillonnante comme un glaçon sur la peau, le sable qui colle aux rêves et à la vie, la houle qui retourne l'estomac même au plus aguerri des marins.
neeve. neeve qui fait semblant. l'océan fou qui joue au lac placide. neeve. neeve qui fuit. mais que peut-on bien fuir, à vingt-trois ans à peine? que connaît-on de la vie à l'âge, encore, de l'insouciance? neeve en sait beaucoup. beaucoup trop.

PSEUDO - bord de ciel. PRÉNOM - clara. ÂGE - vingt ans, presque tout juste. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - merci juliette, la belle. COMMENTAIRE(S) - je peux me noyer? POISSON PRÉFÉRÉ - celui qui se nourrit de mes larmes. CODE AVATAR -

Code:

<pris>marine vatch</pris> <ppn>♒ neeve peafowl</ppn>

Neeve.
Neeve est partie. Comme on tourne une page – elle, elle a tourné les talons.
La petite fille pleurait alors Neeve a plaqué ses mains sur ses oreilles, si fort qu’elle entendait son cœur battre à l’intérieur de son crâne.
La gamine, blonde comme les blés, criait. Et Neeve se souvenait de ses propres cris. Ceux de l’abandon. Ceux de l’adieu qui se voudrait silencieux. Ceux d’une âme que l’on déchire, méticuleusement.
Neeve aurait voulu courir, mais ses jambes tremblaient trop fort. Alors, elle a marché. Presque au ralenti. Presque comme dans un rêve. Un pied devant l’autre – et surtout, surtout, ne pas s’effondrer. Elle ne s’est pas retournée. Elle ne savait pas si elle voulait revoir, une dernière fois, son visage poupon et ses yeux rempli d’océan. Elle savait que cela tiendrait plus de la torture que du plaisir d’un dernier souvenir. L’image même du cauchemar : porte ouverte à la folie toute entière.
Alors, elle a regardé devant elle. Simplement. Et devant Neeve, il n’y avait rien. Rien d’autre que la route. La route immense. La route qui serpente, ruban de goudron posé au hasard des collines. Page vierge. Elle a souri, Neeve. Au milieu des cris, des pleurs, de la peur, du manque, du doute et des maux, elle a souri. Elle laissait derrière elle son histoire.
Une histoire d’amour. Des amours. Désamour. Une histoire à vous sauver la vie. Une histoire à vous tuer aussi. Son histoire à elle. L’histoire d’une gosse grandie trop vite. Dix-sept ans et la rage de s’en sortir. L’envie, si forte, de vivre. Dix-sept ans et l’Homme : celui qui porte l’âme à bout de bras, qui l’élève, qui te fait te sentir grande, si grande. Le Loup. L’Autre. Le tronc auquel elle s’enchaîne. L’Amour, partout, dans le moindre recoin du corps déjà fatigué.
L’Amour. Celui d’une vie. D’une centaine de vies. De siècles entiers. L’amour Passion, l’amour tempête – qui retourne, qui marque, à jamais. C’est l’appartement sous les toits, les nuits à se raconter, les matinées à s’aimer, les coups de foudre comme des coups de gueule, les cernes immenses sous les yeux. C’est la vie.
C’est la vie. La vie qu’on étire, la vie que l’on peint aux couleurs de l’âme, la vie qu’on tord. La vie que l’on donne. Et l’innocence même dans le regard océan. Le bonheur à faire exploser le corps : parce que c’est lui, parce que c’est elle, parce qu’ils sont deux, à tout jamais, dans le même être. Promesses à l’infini.
Neeve se souvenait, alors qu’elle s’éloignait. Elle se souvenait : une dernière fois. Le jour où tout bascule. Le jour où elle lit, je m’en vais. Je m’en vais. Je m’en vais, seulement. Je suis désolée, Neeve, je m’en vais, ce n’est pas toi, c’est moi, prends soin d’elle, prends soin de vous. Non. Juste, je m’en vais. Je ne suis déjà plus là. Fantôme. Fantôme de la vie même. Il était parti. Déjà. Elle regarde par la fenêtre, elle crie son nom. Mais même l’écho décide qu’il ne vaut mieux pas répondre. Silence. Silence d’une vie déchirée. (Et le visage poupon qui crie : je suis un bout de lui, aime-moi, regarde-moi, le visage qui déchire les tripes, le visage insupportable, qui lui ressemble tant.)
Neeve.
Neeve est partie. Elle aussi.