Sujet: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Dim 25 Aoû - 21:24
les rideaux se ferment. la nuit tombe. on sort les ombres, on s'emmitouffle, on se cache dedans comme dans un vieux pull d'hiver, grand, déformé, celui qu'on se traîne depuis des années et des années, et pour bien plus encore. dehors, c'est un cyclone de vide. le ciel absent, le ciel parti. le vide s'enfonce dans le sol, la barrière, les têtes. bientôt, des éclats d'étoiles et de vénus s'écraseront dans les carreaux de double-vitrage et dans les rétines des double-bigleux. c'est le bordel, et personne ne dit rien. le vent coupe la parole. c'est le bordel, et les arbres pousseront dans les cieux quand les étoiles se seront toutes exilées sur les terres. si tu regardes depuis la fenêtre, même à travers le vide, même à travers la nuit, une tâche de couleur se dégage. c'est d'abord bleu, puis vert, rouge, orange, violet. c'est joli, c'est étrange. l'intensité de cette lumière de rêve varie toujours d'une seconde à l'autre, puis à l'autre, puis à l'autre. rêve animé, rêve agité. de jolies notes de piano s'échappent de sous la porte. c'est à coup sûr un rêve bien musical qui sort de là. et dedans, une gamine roulée en boule. elle tient sur une infime partie du grand canapé familial. elle a le menton posé sur les genoux, un verre de grenadine au creux de ses mains. elle bouge les lèvres, doucement. chaque réplique, elle connaît chaque réplique. elle chante chaque parole, a cette manière de les répéter comme si elle croyait plus que tout à ce qui se dit. comme si le fait de voir chanter des chatons l'émerveillait tant que ça le rendait vrai. sa grande ombre danse sur le sofa, son sourire s'agrandit avec ses cernes. il est plus d'une heure du matin, et c'est déjà la quatrième boite de DVD ouverte sur la table basse du salon. et dans le reste de la maison, rien. des pièces vides, un frère absent. peut-être kidnappé sur une mobylette par un majordome un peu flippant jusqu'à une rivière, peut-être parti faire la fête jusqu'à ne rentrer, pourquoi pas, qu'après avoir dormi dix ans. à l'étage, ça ronfle dans une chambre, une bouteille à la main. on l'entend, on le sait, alors en bas elle monte le son de la télévision pour ne pas y penser. aujourd'hui, elle est resté à regarder l'horizon sur la plage mais n'a rien vu, elle ne veut pas penser aux vapeurs d'alcool qui dansent le tango dans le royaume de la chambre parentale. ce soir, ce ne sont que les rires qui dansent. les mêmes que quand elle était petite. elle y repense, à quand elle regardait toujours ces films-là. jamais toute seule, jamais la nuit. c'est comme tout nouveau, une soirée comme ça. à rester éveillée pour ne pas penser, pour ne pas mal s'endormir. à rester éveillée pour attendre un frère parti longtemps, qu'elle ne voit plus vraiment. peut-être pour un mieux, mais elle ne veut pas y penser non plus. ce soir, jusqu'à son retour, elle se noie chez les princesses et les chats qui jouent de la harpent et jouent du piano avec des baguettes chinoises. c'est toujours plus joli que le ciel vide qui s'écrase dans les parterres de fleurs blanches. et puis les couleurs changent encore. c'est un feu d'artifices devant ces yeux, c'est pas grand chose, mais elle est heureuse je crois. elle a le coeur qui se balade dans les veines et bat d'un bout à l'autre de son corps d'oisillon. ce soir, elle n'a pas de cancer des émotions, pas de déce-peste, pas de cholé-rage. on éteint le robinet des yeux pour arrêter de s'y laver les peines. dans l'écran de rêve coloré-animé-agité-musical, les chatons se battent comme s'ils se haïssaient. et sur son canapé, la gosse sourit. ça lui rappelle quelqu'un, à ne jamais rien se dire, à s'aimer quand même. elle sourit. c'est bien un rêve qu'elle regarde, où une soeur n'énerve son frère que parce qu'elle veut le doubler dans la chatière. où tout ce qu'il a à répondre de plus blessant est "t'es pas une dame, nan t'es rien qu'une soeur !" elle sourit bêtement devant le spectacle, des perles de nacre s'imiscent dans sa bouche et rayonnent. dehors, ça pète, ça bouge. c'est peut-être le ciel qui tombe encore un peu plus, c'est peut-être un chaton bien animé-agité (pas très coloré-musical) qui passe dans l'allée comme un fantôme errant.
bonus:
je pouvais pas m'en empêcher :
(fel mon chaton, t'as un peu l'air con dans la tête de louve si elle t'imagine à la place de berlioz )
Felipe Sabouraud
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Sujet: Re: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Lun 26 Aoû - 17:22
Le bruit de tes bottes résonne contre le sol humide de la ville ; tu n'y prêtes pas attention, pourtant. Ton regard est terne et morne, Felipe. Tu observes la lueur bien trop furtive des lampadaires et tu penses, ou du moins tu tente, mais tu ne parviens à rien. Bravo ; tu as pris un verre de trop. Un sourire bien con est là, sur tes lèvres. Tu te sens léger comme l'air ; au moindre de tes pas, tu as cette impression au fond des tripes que tu pourrais t'envoler. Que tu pourrais planer. Une sensation de vertige bien trop grande, bien trop flagrante pour que tu puisses parvenir à quoique ce soit. Elle s'efface à chaque pas, et puis elle revient au suivant. Mais tu t'en fiches, au final, Felipe. Tu n'y prêtes pas réellement attention, continuant toujours, les sourcils bien froncés, la vie sur un fin fil de soie. Tu grimaces, trop concentré pour le mal de tête qui se pointe depuis quelque temps, déjà. Qu'importe. Tu marches encore, toujours, très loin de l'abandon. Tu ne le montreras pas, non, que tu n'y arrives pas réellement, seul. Que tu te sens pas mal paumé, là, au milieu de la rue comme un con, sans Elsie. T'es un grand solitaire. Un pauvre con solitaire, abandonné de tous, parce que tu craches plutôt que tu parles. Et tu as craché sur ta meilleure amie, sur ta petite amie, et tu fais pitié. Grand lamentable. Petite canaille. Tu grimaces tout bas, au milieu de la rue, les bottes envahies par la pluie légère. Tes pieds sont froids ; c'est malsain, tu vas attrapé un rhum. Mais qu'importe ; tu continue, tu marches encore, toujours, en direction de ta maison. La lumière est allumée, là, sous tes yeux, et tu grognes tout bas. Tu ne l'aimes pas, cette lumière. Parce que tu sais, au fond, que Louve est toujours là. Ta petite soeur, toute jolie, est là debout, dans la maison. Ça te fout les boules. Tu grognes encore, avant de sortir tes clés de ta poche. Louve a verrouillée les portes, certainement. Elle a peur de tout, de toute manière. Elle pleure en voyant son ombre, cette petite, en allant aux toilettes. Tu as les dents bien serrées, lorsque tu insères tant bien que mal la clé dans la serrure. Il te faut un moment pour te souvenir de quel côté tourner, et puis de comment il faut tirer. Tu dois bien avoir l'air idiot, à faire du bruit ainsi, avant de finalement ouvrir la porte. Tu croises les yeux grands ouverts de ta soeur ; une grimace prend place sur tes lèvres, et puis tu détournes les yeux, presque dégoûté. Tu grommelles tout bas, insultant la situation, dictant des mots qui n'existent même pas. Tu te sens trop lourd pour parvenir à parler clairement. Ta main se pose sur le canapé, près de l'entrée, et tu retires tes souliers d'un mouvement bien cassé avant de soupirer, encore, et de contourner le canapé pour t'y laisser tomber. Il a beau être grand, beaucoup trop grand, tu te laisses tomber tout près de ta soeur. Tes cuisses glissent contre ses pieds, et malgré le froid qui les habite, tu ne t'éloignes. Trop lasse, trop flemmard. Tes doigts se perdent dans tes cheveux humides par la pluie, tes traits abîmés par l'alcool et tu lèves enfin les yeux vers la télévision, observant la stupidité qu'elle peut bien observer, à une heure pareille. Tu fronces des sourcils aussitôt. « mais qu'est-ce que tu mate encore comme connerie ? » Ta voix est rauque par l'alcool, claque contre le silence de ta petite soeur et repousse les chansons des petits chats, à la télévision. Ton dos s'affaisse contre le canapé, et tu essaie de t'y fondre. Tes yeux sont lourds, et ton haleine est chaude. « des chats qui parlent...n'importe quoi ... » Tu grommelles tout bas, avant de tendre les doigts vers le guide horaire, difficilement. Le geste te prend un certain temps, et tu soupires de lassitude, épuisé, avant de te laisser tomber de nouveau, le catalogue horaire bien en main. Tu mate quelques secondes, avant de tendre la main vers elle, le nez toujours enfouis dans l'horaire. « passe moi la télécommande, y'a le foot à cette heure. » T'agite les doigts, doucement, pour attirer son attention. Mais voilà, tu ne sens la télécommande, dans tes mains. Elle ne te la tend pas. Tu grognes, avant de lever les mains vers elle. Tu t'observes de ses grands yeux, comme toujours. « mais aller louve, putain ! t'es chiante là. » Ton haleine, baignée d'alcool, claque contre ses traits. Tu es pathétique.
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Sujet: Re: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Mer 4 Sep - 22:54
il tourne la clé dans la serrure, et elle peut pas s'empêcher de se tasser dans le canapé. ça pourrait ne pas être lui, après tout. ça pourrait être quelqu'un d'autre, n'importe qui. un ami, un inconnu, un mal intentionné, un trop alcoolisé. il n'a pas oublié de l'être, alcoolisé, et inconnu il l'est un peu devenu. c'est la grande aiguille qui perd la petite de vue et n'en connaît plus rien d'autre que le "tic, tac" qui rebondit sur les murs. fel, louve, ils se sont connus, mais n'arrivent probablement même pas à se reconnaître à l'heure qu'il est. vois-les, dans la grande maison trop vide. il pue tellement l'alcool qu'en soufflant dans une bouteille d'eau elle fermenterait et finirait en apéro. les bouquets de fleurs ramassés dans la journée manquent de vomir dans leur pot et son verre de grenadine prie pour s'évader de sa prison de verre avec un plan de la paille dessiné sur ses gouttes. il s'approche, se laisse tomber sur le canapé, étalé de tout son long jusqu'aux pieds de sa sœur. elle se replie dans son coin, garde le froid de ses pieds pour elle. son regard n'ose pas croiser celui de son frère. c'est étrange cette manière qu'elle a de ne pas oser avec lui. c'est étrange de penser qu'elle est l'aînée des deux. l'habitude voudrait que l'aîné prenne soin de son cadet, le protège, le surveille, l'engueule quand ça ne va pas, et elle, elle se tait. c'est ce qu'elle sait faire de mieux avec felipe. chaque mot amène un conflit, chaque discussion qui tourne mal fait passer leur relation d'un ensemble de fleurs à un pot pourri en haut de l'étagère de la salle à manger où il n'y a jamais plus d'un couvert à la fois. au-dessus, dans les chambres, le plancher grince et mieux vaut ne pas songer à aller voir. le regard de louve se tente à dévier vers son frère. il n'y a que dans sa tête à elle qu'il ressemble à un chat qui chante. il serait d'avantage un aigle, un ours, un tigre, un serpent, un truc comme ça. le genre d'animal qu'elle n'aime admirer que de loin. le genre d'animal qui n'aime pas être dérangé, et sûrement encore moins par un chat qui se met à chanter. et pourtant, ils sont là. c'est con, ils pourraient se supporter en s'ignorant. ne pas se parler ou s'engueuler, le peu de différence les reposera. un bonjour, bonne nuit pourrait suffire. mais ils préfèrent en rajouter, comme si c'était un jeu, comme si c'était amusant et que ça les entretenait de se prendre la tête. la fois de fel surgit et s'éteint rapidement. c'est comme un éclair. ça frappe, on sait pas où, on sait pas quand, on sait pas si ça fera mal ou non mais quand tu le sens venir ça effraie un peu. la gamine elle se prépare et s'attend à ce que ça fasse mal, encore. fel, il sait faire que ça avec elle. c'est peut-être de la maladresse, c'est peut-être de la méchanceté, c'est peut-être juste un peu con. sa voix s'abat et même en s'y attendant, le corps de la petite s'enfonce d'avantage dans le dossier. « mais qu'est-ce que tu mate encore comme connerie ? » elle aurait aimé qu'il ne fasse mal que par ses mots, mais il est douloureux jusqu'à ses cernes, il est creusé, il fait vide comme une carcasse oubliée sur le canapé. il donne envie de le prendre dans ses bras, de l'embrasser sur le front, aller lui chercher une couverture, un chocolat chaud à la limite. elle s'imagine s'occuper de lui, juste pour voir un sourire fleurir sur ses lèvres rosées, juste pour une minute, une seule fois un sourire comme ceux sur les photos qu'elle garde au fond d'une petite boite en carton. « des chats qui parlent...n'importe quoi … » le magazine disparaît entre ses longues griffes. une minutes, deux minutes, ça finira forcément par tomber. jamais content. toujours besoin de changer et de ne pas laisser le dernier mot à sa sœur. la patte plus tout à fait blanche du plus jeune se tend vers l'autre, attend la télécommande. dans son coin, la louve la garde dans ses mains, au fond de sa manche, la tourne, la retourne, hésite. il devrait plutôt aller dormir, felipe. elle sort l'objet de sa manche, l'y remet, l'en ressort, le pose sur l'accoudoir. un instant, elle pense à l'enfouir sous les coussins du canapé, juste pour feindre la perte, ne pas pouvoir changer, jouer l'égoïste. « passe moi la télécommande, y'a le foot à cette heure. » c'est à se demander si elle se décidera un jour ou si elle compte pourrir sur ce canapé avec sa télécommande à la main pour seul trésor. « mais aller louve, putain ! t'es chiante là. » les yeux de felipe s'ouvrent comme deux serrures et louve y trouve tout ce qu'elle déteste y voir, ce qu'elle espère ne pas retrouver la fois d'après, en vain. ses mains se lèvent face à elle, elle prend peur, encore, encore, encore. s'enfonce encore un peu dans son siège si c'est possible. ça y est, ça va tomber. droit dans la gueule. ça va faire mal. ça s'écrasera comme la misère sur le monde. ça la hantera la nuit à l'empêcher de dormir. à se demander ce qu'elle a fait au frère qu'elle aime tant. dans le doute, juste au cas où, la main de louve se tend timidement et délivre la télécommande. elle adresse un dernier regard aux chats dansants, une pointe de tristesse dans les pupilles, et s'enfuit jusqu'à la cuisine. elle entend déjà les chaînes défiler dans le salon, se risque à revenir une tasse de chocolat chaud à la main. « felipe.. » sa voix est douce, elle s'excuse presque d'être là. elle glisse doucement sur sa peau, n'en dit pas plus et pas plus fort pour ne pas l'énerver. en guise de réconciliation, naïvement, elle la tend à son frère, en espérant qu'il y boive tout ce qu'elle pense à lui dire, tout ce qu'elle oublie de mettre en mots. ça ne fait pas dix minutes mais les chatons sont déjà loin, déjà si loin qu'elle ne les voit même plus nager à l'horizon.
Felipe Sabouraud
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Sujet: Re: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Mar 10 Sep - 11:45
Tu vois pas, non, tu vois rien. Il fait trop noir, faut dire, et puis t'as les yeux trop petits, sur le coup, pour voir quoique ce soit. Tu te contente de crier, de crier et puis de demander, d'être un peu violent, surement, aux yeux de la petite qui est là. Tu vois même pas, non, qu'elle a la frousse de te voir comme ça. Tu vois rien de tout ça. Tu penses qu'à la putain de fifa, et puis à la télécommande, là, entre ses doigts. T'es un putain de grand con, oui, à grogner pour si peu, à briser le visionnement des chatons que pour un foutu ballon. Mais tu t'en fiches, là. T'as tellement de choses en tête. Des choses tellement plus importante que des chatons, là, qui sont contents d'être ce qu'ils sont. Ils te foutent les boules, un peu, peut-être, ces grands cons. À chanter comme ça, haut et fort, le coeur grand et ouvert, qu'ils sont heureux. T'as juste envie de leur fermer la gueuler, de plus les entendre. Tu défoncerais la télé, si t'avais encore la force de tenir debout. Mais t'es brisé, Felipe, ce soir, alors, tu te contente d'être là, les sourcils froncés, l'haleine chaude, et puis de fermer des yeux de méchant, là, à la soeur, toute en tendant les doigts. T'es con, oui, particulièrement con, mais qu'importe, au fond. Tu vois pas, non, quand elle te tend la télécommande, qu'elle tremble comme un enfant. Mais Louve, elle a toujours été comme ça ; ça a toujours été la gamine, malgré la grandeur qu'elle a, face à toi. Quelques mois à peine, qui sait, juste assez pour que, pendant un moment, à chaque année, vous ayez le même âge. Peu importe. T'as déjà les doigts sur la télécommande, le corps bien enfoncé dans le canapé. T'as déjà les chaines qui défilent devant tes yeux, et puis un grognement au fond de ta gorge, lorsqu'elle passe en vitesse devant toi. T'es un sauvage, t'es un barbare. Tu vois même pas. Tu vois rien, rien du tout, et puis t'observes la fifa, pourtant. T'observes même pas. Tes prunelles sont lourdes, trop, alors que tes pensées sont noyées, les yeux fixés sur cette bande de pd qui coursent derrière un foutu ballon. Tu sens pas, là, à quel point tu peux bien avoir l'air pitoyable ? Ta mère, elle en pleurerait. Si elle te voyait, elle pleurerait, ta mère. Tu fais pitié, Felipe. Et puis tu grognes, comme un salaud, comme un dérangé, lorsque tu entends la petite revenir, et puis murmurer ton prénom, comme pour ne pas te déranger. « felipe.. » Encore, toujours ; t'as les sourcils qui se froncent, alors que tu poses tes prunelles abîmées sur elle. Tu te demandes encore quelle connerie elle pourra bien te demander. Ce qu'elle pourra bien dire, là, pour essayer de revoir ses chats qui dansent. Tes doigts s'crispent, sur la télécommande, comme si elle voulait prendre ton bien. C'est un peu con, comme geste, étant donné que, et bien, c'est toi qui l'a volé. Mais ça, autant ne pas en parler. Autant ne pas y penser. Ta curiosité, pourtant, elle peut pas s'empêcher d'être piquée. T'as même les yeux qui deviennent un peu plus grand, à peine, lorsqu'ils tombent sur la tasse, là, dans ses mains. Tu tends les tiennes, doucement, doux contraste. Tu lèves tes yeux vers elle, attendant, et puis tu la prends. Presque délicatement. Le chocolat chaud, c'est ton dada. Tu pourrais faire n'importe quoi, juste pour ça. Le chocolat chaud, c'est ce qu'il faisait souvent, papa, le matin. Il a jamais aimé le café ; toi non plus, d'ailleurs. Alors t'as le cadavre de la manette, là, entre les jambes, et puis la tasse de choco, là, entre les deux mains. Tu fermes les yeux, un instant, avant d'inspirer bien grand. Ça te fiche un peu le mal de coeur, toute cette marée d'odeur, mais tu t'en fiches, et puis doucement, tu bois. Ça fait du bien, au fond de toi. « et toi ? » Elle a pas de choco, Louve. Elle doit en avoir un. Tu fronces des sourcils, un peu con, sur le coup. Tu comprends pas pourquoi ça te fout la rage, mais tu détestes ça, d'être le seul à boire. Vous étiez toujours trois, avant. Et puis deux, ensuite. Et un, là, maintenant ? Non, tu supportes pas. Tu supportes pas, et c'est surement pour ça, oui, que tu lui tends la tasse. « Bois. » Tu grognes bas. Elle t'observe, là, et elle comprend pas. Tu grognes encore. « Bois, putain ! tu vois pas que j'veux partager ? profite ! » Tu t'mords la lèvre, malgré toi. T'as parler un peu fort. Enfin, selon toi.
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Sujet: Re: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Sam 14 Sep - 20:50
ses yeux font des aller-retour entre la tasse de chocolat chaud et sa fumée qui s'échappe vers les grandes fenêtres. dehors, le ciel est toujours aussi noir, toujours aussi collé aux carreaux mal nettoyés. elle ouvre plus grand ses mirettes, scrute l'horizon qu'elle se dessine elle-même. bientôt, ses paupières se fendront en deux et son visage tout entier se déchirera avant de tomber à même le sol. elle cligne tout juste des yeux, refuse de se détourner du spectacle éteint face à elle. elle attend. le moment où tout s'allumera, dansant, chantant. elle attend le moment où le ciel sera mouvant comme les sables, où il les aspirera, les entourera et les étouffera, où le sable du ciel ira jusque dans leur veines, jusqu'à ce que leurs pensées s'écrivent en grains dorés. sa tête se baisse vers felipe qui prend la tasse dans ses mains, presque trop doucement pour que ce soit cohérent. ça rappelle des choses. ça rappelle des soirées où aucun n'arrivait à dormir et où tout le monde se retrouvait autour de ces tasses-là. papa avait une manière de faire le chocolat que seuls les deux chatons connaissent, c'est comme une tradition, une vieille coutume, un vieux remontant. une cassette à souvenirs. une machine à voyager dans le temps, même juste dans la tête, à revenir à ces soirées-là. parce que ça réchauffe et que ça fait du bien, ça met un peu de magie dans la tasse qu'on retrouve plus trop ailleurs. au fond, tout ce qu'elle attend, c'est qu'une silhouette familière se dessine derrière les vitres du salon. une tasse dans une main, l'autre tendue vers eux. comme un cadavre de souvenirs qui s'évapore aux premières paroles qui le font fuir. c'est comme un ordre qui s'écrase contre les vapeurs chocolatées. c'est un ordre ferme, un ordre qui devrait faire mal, comme toujours, mais là il caresse. comme le chocolat. pour une fois, les ordres de felipe n'éventrent pas. louve s'assoit à ses côtés, le regarde. comme avant, tu te souviens ? avec un grand sourire, des étoiles au coin des lèvres, celles qui ont coulé depuis les yeux y a longtemps. elle tend les deux mains pour saisir la tasse remplie, aspire quelques gorgées avant de la rendre à son frère. finalement, ses yeux se ferment. c'est son bonheur, ça. juste partager un chocolat chaud. c'est con, un peu, sûrement aussi con que de cracher sur des chatons qui dansent en rentrant complètement pété. c'est un drôle de duo, ces deux-là. comme deux aimants. qui se repoussent mais sont en eux-mêmes attirés. ils s'envoient toujours sur les roses, l'un l'autre, à coups de paroles ou de sourires, et puis les voilà. assis sur le canapé, à partager un chocolat chaud. c'est comme un bonjour au papa. un rappel du bon temps. une pause dans leurs querelles quotidiennes, dans leur tous les jours étouffant comme le ciel de sable écrasé dehors. louve, ça lui suffit pour être contente, bien plus qu'avec n'importe quel chaton qui chante. alors elle le regarde boire en souriant, d'un air qui l'énervera peut-être encore plus. mais tant pis. le match à la télé lui brise un tympan pendant un but. elle tourne la tête. elle ne sera jamais capable de savoir quelle est l'équipe que felipe supporte, c'est certain. de toute façon, ils changent de couleur à chaque fois, c'est à s'y perdre et n'y rien comprendre. felipe, lui, est toujours absorbé par son chocolat et ses mille parfums passés. sans demander, louve se tente à reprendre la tasse de chocolat, juste pour une gorgée. une grande, qui file de la moustache au cacao, puis qui fait rire quand elle s'en rend compte. elle l'efface d'un revers de main, s'arrête de réfléchir. c'est peut-être l'occasion à ne pas rater, le lever du drapeau blanc, les bras de louve s'étendent et elle vient se nicher contre le plus grand des petits frères. juste assez fort pour qu'il ne puisse pas la repousser totalement.
Felipe Sabouraud
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Sujet: Re: t'es pas une dame, t'es rien qu'une soeur. (fel) Mar 17 Sep - 14:35
Il y a la guerre froide, là, au fond de tes prunelles. Les missiles armées qui la vise et tes doigts qui tremblent de rage, certainement, contre cette stupide tasse de chocolat chaud. Tu la détestes, présentement, pour ne pas avoir penser à tout cela. Pour ne pas s'être souvenu de la coutume d'autrefois et d'être aussi tête en l'air. Tu t'en veux, aussi, pour avoir oser crier si fort. Il y a une part de son être qui est crispée en entier, de peur de voir ta mère déboulée. De voir ses prunelles mouillées de larmes, sèches ou alors vives, alors qu'elle se demande ce qui se passe. Et puis ses larmes, plus présentes, brusquement, en voyant cette tasse de chocolat, là, entre tes mains. Parce qu'elle ne la supporte plus, cette coutume, maman. Elle ne supporte plus grand chose, en fait, Maman. Tes prunelles, celle de Louve, le monde qui vous entoure et puis les vagues, contre le large ; tout lui rappelle papa, et tout la brise encore plus. Chaque instant semble être un responsable de son agonie. Toi le premier. Louve la première. Vous deux, pour tenir de votre père. Les pensées s'évadent, le canapé s'affaissent, à tes côtés. Louve, elle est là. Louve et son grand sourire, et puis ses yeux de chat. Louve et sa pureté, celle qui te donne envie de cracher, de vomir, de t'étouffer. Tu la détestes, parfois, souvent, pour être si loin de tout cela. Pour ne pas être si blessée, pour ne pas sentir ce poids, présent, constant, sur ses épaules de princesse. Et pourtant, il y a ce petit soulagement, en même temps, au fond de ta poitrine. Ce sourire bien caché, sur tes lèvres, sous tes sourcils froncés, alors qu'elle s'empare de la tasse, pour en prendre quelques gorgées. Elle est belle, Louve. Belle et fragile au point de te faire vomir, mais c'est si beau, en même temps. Tu la détestes autant que tu l'envie, certainement. D'être si loin, si loin de tout cela. De sourire comme ça, alors que maman s'est certainement endormie trop saoule, ce soir. Tu baisse la tête, bien pitoyable, bien perdu, lorsqu'elle te redonne la tasse de choco. Il te semble froid, soudain, contre tes doigts. Froid comme toi, peut-être. Tu ne sais pas. Tu ne veux pas savoir ; l'ignorance te semble une bonne chose ; la meilleure, certainement. La meilleure de tous, oui. Les questions sont trop idiotes et t'attaquent trop fort ; tu fronces des sourcils, et puis la colère monte, au fond de tes veines. T'es bien con d'être en colère parce qu'elle est belle et innocente, Louve, en cet instant. Peut-être que tu la détestes, au fond, pour parvenir à faire ça. À être comme ça alors que toi, tu te débats et tu lutte depuis des années, depuis que t'es môme, bon sang, pour l'image de maman et faire vivre la famille. Alors que Louve, elle, elle ne travaille pas. Elle reste là, dans la maison ou dans les rues, à faire tu ne sais quoi. Elle reste enfant alors que toi, tu es devenu homme. Ou du moins, quelque chose qui y ressemble. Tu as ce cri au fond de la gorge alors qu'elle reprend la tasse. Ta tasse. Tu as envie de la lui retirer des doigts et puis de crier fort, mais il y a maman. Il y a maman, mais cette lueur de bonheur, dans les prunelles de la soeur, et puis ce rire qui prend place, lorsqu'elle essuie ses lèvres. Ça fait du bien, au fond, à ton coeur, de la voir comme ça. De savoir qu'elle ne porte pas de poids et que tout va bien, pour elle. Il y a ce fantôme de sourire qui prend place, là, sur tes lèvres, si petit qu'il ne se voit pas. Et puis ce froncement, brusque, qui prend place, lorsqu'elle bouge vers toi. « hé, tu fous quoi. » Tu grognes ta question, mais tu ne bouges pas. Tu ne fais pas le moindre mouvement pour l'empêcher de s'approcher comme ça. C'est plus d'affection, plus de sentiment, et ça fait quelque chose de bizarre, au fond, dans ton coeur. Un peu comme un baume, un bon sentiment. « t'es chiante. » Tu ne la repousses pas. Tu contente de grogner, comme tu sais si bien le faire, et puis de finir le choco. La petite, elle est légère, là, tout contre toi, et l'écho des cris et des exclamations devienne lourd, venant de la télé. C'est peut-être pour ça que tu passes les chaines en vitesse, encore, avant de remettre ses stupides chats. Tu devines le sourire surement bien con, sur ses lèvres. Tu grinces des dents malgré toi. « tiens, tes stupides chats. » Tu te prépares à la moindre attaque de baiser sur la joue. Tu détestes ça. Tu détestes ça, mais tu aimes bien lui faire plaisir, à la soeur.
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