( La plus belle des fleurs, c’est l’Iris. De sa teinte violette et de son cœur mordoré au soleil, elle est la belle, au levée du soleil, qui se couche, voilée, à la tombée de la nuit. Sa longue tige s’implante dans le sol, légèrement courbée mais inébranlable. Elle puise sa force dans la Terre. Dans cette poudre marron qui la nourrit chaque jour de ses meilleurs nutriments. Elle n’aime pas être haute dans le vent, grimper sur le phare lui fiche la trouille. De là-haut, elle entend la Terre qui l’appelle, qui lui dit, de sa voix douce et maternelle : « Redescend ma chérie, les airs, c’est pour les papillons, mais pas pour les chenilles. ». La terre l’attire comme un aimant. Le vertige, la maladie des airs. Mais aussi, le mal de mer, la maladie des eaux. Elle déteste monter sur un bateau, parce qu’à cause des vagues, elle tangue, et Iris a peur quand elle perd de sa stabilité. Perdre l’équilibre, c’est perdre le contrôle de soi. Et Iris a toujours peur de perdre ses racines, ça lui donne des maux de tête, et elle n’arrive plus à penser. Elle sent son corps tomber au sol, et même si la Terre est là comme un lit bordée, elle n’aime pas se sentir flancher. Parce qu’au fond, son cœur est plutôt eau, lui, ou air. Il s’emporte à la moindre belle parole, au sourire échangé... Iris tombe amoureuse trop souvent. Parce que son cœur navigue sur un fleuve de sentiments. )