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 I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan

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MessageSujet: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeLun 30 Sep - 17:52

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I'M SO GLAD TO SEE YOU ; I'VE BEEN LOW


    Mort.
    C'est ce qu'il est aux yeux du monde, aux yeux de la société, aux yeux de tous. Suicide. Il s'est jeté devant un train. Les journaux se sont jetés sur l'occasion et les citoyens sur les journaux. Beaucoup ont craché sur sa photo, gros plan en couverture, d'autres l'ont accroché sur leur mur pour remplacer la cible à fléchettes. D'autres encore l'ont brûlé dans un immense feu de joie.  C'est la joie malsaine du peuple qui peut enfin mettre un visage sur le corps de son tortionnaire. Un visage temporaire, certes, mais un visage quand même. De quoi se soulager pendant quelques jours, quelques semaines si on est chanceux.
    Kora aussi croit qu'il est mort. Kora qui partage sa vie depuis cinq ans. Il ne sait pas si elle est triste ou heureuse. Heureuse sûrement. Elle doit regarder les derniers bleus qu'il lui a laissés, et sourire en pensant qu'elle n'en aura plus de nouveaux. Après tout, il ne s'est jamais ouvert, il ne lui a jamais révélé la blessure sur son cœur, encore à vif après toutes ces années. Il ne lui a jamais expliqué pourquoi il la frappait, pour quelle raison perverse ses cris le libérait de la douleur qu'il ressentait, comme s'il lui transmettait une part de sa peine en la battant de toutes ses forces, toujours plus fort, jusqu'à en être lui-même épuisé. Il ne lui a jamais dit qu'elle était la personne qu'il avait le plus aimé jusqu'à ce que leurs enfants naissent. Ses enfants. Il a presque oublié leur visage, le visage de ses trésors qu'il aimait pourtant tellement. Il a grandit sans mère, ils grandiront sans père. Il espère qu'ils s'en tireront mieux que lui. Ils auront l'avantage de pouvoir le haïr pour une raison précise. Il n'arrive pas à s'en vouloir. Il sait qu'ils devraient lui manquer, il sait qu'il devrait pleurer le soir en pensant à eux.

    Mais il s'en fout parce qu'il n'a pas oublié le visage de Pan, et qu'il oublie toujours les visages. Mais la douceur de ses cheveux, la lumière de ses yeux, la chaleur de sa peau, il ne les a pas oubliés. Il pourrait dessiner son visage et son corps les yeux fermés, il le connait par cœur. Pan est comme un des poèmes qu'il a appris : il peut l'écrire en sonnet, le mouler à force d'hémistiches, l'apprivoiser par quatrains.

    Il avance le long du petit chemin blanc qui borde la falaise blanche. Les cailloux craquent sous ses pas. Le soleil brille paresseusement, ses rayons léchant mollement le sol à travers les feuilles des arbres qui bordent le chemin, et il fait un peu froid à cause du vent marin. Le sel se colle sur ses lèvres, et il passe sa langue sur la peau rose. Ses papilles absorbent les particules salées avec délice. Les feuilles bruissent. Un hérisson se tortille jusqu'à un fourré sur le bord de la route, ses piquants pointés vers le ciel. Quelques mètres plus loin, il y a un passage entre les buissons ; la première fois qu'il l'a vu, il ne s'était pas changé depuis trois jours, et il avait préféré ne pas louer de chambre d’hôtel pour économiser son argent. Il ne s'était pas douché depuis une semaine. László s'y engage avec un frisson d'anticipation. Il y fait sombre et frais. Ça sent la terre humide, et les chants des oiseaux se répercutent sur les troncs des arbres ; on dirait une symphonie.
    Cent mètre plus loin, il débouche sur le lac. Une large clairière laisse le soleil réchauffer la majeure partie de l'eau claire. Aujourd'hui, c'est vendredi.

    Pan est au bord du lac. László reste là, debout dans l'ombre, quelques minutes encore. Il l'observe de loin, il regarde le soleil jouer à cache-cache avec les mèches d'or de ses cheveux. Il regarde son dos se soulever au rythme de sa respiration, et il respire en même temps que lui. L'étau qui lui serrait doucement les poumons semble s'évaporer. Il peut retrouver cette vie qu'il écrit jour après jour, il peut retrouver la personne qu'il veut être et celle qu'il veut aimer. Il déteste la perversité de cette relation, mais il s'aime tellement dans ses yeux.
    Il s'avance lentement, prend garde à ne faire aucun bruit, et s'accroupit doucement derrière le jeune homme aux yeux d'enfant. Il glisse tendrement ses bras autour du torse de Pan et enfoui son visage dans son cou, il inhale son odeur et laisse échapper un gémissement de contentement. Il resserre son étreinte, il respire à pleins poumons, il gonfle son cœur du corps de Pan. Il embrasse son cou, goûte sa peau du bout de la langue, sa main vient caresser sa joue et bientôt il l'embrasse, toujours serré contre lui, ses lèvres comme du velours, son haleine comme le vent d'été. Il s'écarte, haletant, et plonge ses yeux dans l'azur de son regard, fronts et nez collés. « Je suis revenu. ». Il voudrait le chanter, le crier, l'hurler au monde entier. Il respire, il est enfin arrivé, il n'a plus peur. Il est revenu. Il est mort. Il est vivant.


[C'est un peu court, mais je suis fatiguée j'arrive plus à rien sortir de mon crâne I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan 2656410340 Si tu veux je le retravaillerai demain si j'ai le temps, sinon je ferai mieux la prochaine fois promis I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan 1390553708]
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Pan Beauregard
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♒ le choix du coeur: le lac.


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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeMar 1 Oct - 15:53



VENDREDI.
Premier d'octobre. Froid vendredi. Un vendredi sans l'inconnu, mais un de plus ou un de moins, qu'est-ce que ça change maintenant. Pourtant Pan est là, fidèle à son poste, sa blondeur ensoleillé sur la tête, ses billes bleues levées vers le ciel. Là-haut, le soleil joue à se cacher derrière les nuages.
Pan est là, spectateur de ce tableau, Pan il attend celui qui ne vient plus.
Il attend quand même. Y a l'eau qui clapote au bord, qui rappelle à Pan ces doux moments de l'été dans l'eau brûlée par le soleil.
Dans les bras de l'inconnu.
Ces moments à vivre sur ses lèvres où reposent des mots baudelairiens.
L'inconnu, cette silhouette longiligne chapeautée d'anglaises brunes, c'était un genre d'homme-poème. Bien plus beau que tous ceux qu'il a pu réciter à Pan. Ce poème-là, Pan pouvait le toucher, caresser ses mains en forme d'alexandrins et ses boucles qui riment de beauté avec sa bouche. Pan l'a oublié, ce poème. Il joue à cache-cache dans son esprit. Qui lui offre parfois un vers, une rime, mais jamais plus le poème dans son intégralité.
Un poème, ça doit se répéter tous les vendredis, sinon, ça s'oublie.
Ce poème sans nom.
Le poème a disparu de toute façon.
Parti, parti, parti. Comme les autres. Comme les adultes, comme les enfants qui sont devenus des adultes, comme Moira. Pourtant l'inconnu caressait les lèvres de Pan comme s'il allait être là jusqu'au tunnel blanc de la mort. Et même à la sortie du tunnel, il serait toujours à ses côtés.
Il est là, soudain.
L'inconnu.
Arrivé par derrière, il enroule Pan de ses bras, sans montrer son visage.
Comme ça lui arrive souvent de faire. Il sort des souvenirs de Pan pour lui donner l'impression d'avoir toujours son poème près de lui. C'est une projection. Faiblarde. Il en manque la beauté, à ce faux inconnu. Son image dans l'esprit de Pan s'altère, vieillit, se fatigue. Pan, il imagine l'air vieux et fatigué que la projection affiche. Cet air de vieux papier froissé. Il pourrait, devrait, voudrait chasser le faux-inconnu d'un coup de la main, mais il est déjà trop près pour que le gamin résiste. Trop près, les lèvres voyageant sur la peau de son cou.
Pan, il a la boule au cœur avec son substitut de l'inconnu qui l'enlace.
L'inconnu, il fait comme à chaque apparition fantomatique : une étreinte, un baiser. Tendre, l'étreinte. Chaleureux, le baiser. Voilà que le Pan est tout retourné par son fantôme.
Puis trois mots doux.
- Je suis revenu.
Le fantôme ne parle jamais.
Alors ce n'est pas le fantôme de l'inconnu.
Alors Pan le repousse, se défait de son étau.
- Pourquoi tu m'as abandonné ?
Premiers mots. Un blâme.
Il met entre eux quelques mètres et beaucoup d'alexandrins, de quoi le tenir à distance.
C'est bien son inconnu, il se dit. Son Ismaël-Teddy-Patrick-James-Louis, dans toute sa poésie, dans toute sa grandeur, dans toute sa magnificence, un ange brun dégringolé du ciel. Angelot à l'air emprunté dans ses vêtements, devant son admirateur qui ne l'a toujours vu que nu. Plein de poésie et d'épiderme. Il fait bizarre dans son silence et ses habits. Alors Pan mange les centimètres qu'il y a entre eux, lentement, comme dans un chanson de Radiohead. Entre dans la bulle vitale de l'inconnu. Espérant y trouver les mots et la nudité. Mais attendant un pardon, quand même.
- T'aurais pas dû me laisser.
Avec la voix qui résonne de larmes.
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeVen 4 Oct - 11:11


    László est tellement euphorique qu'il ne sent pas le garçon le repousser. Sa chaleur est comme la lumière des étoiles : même si elle est déjà morte, il peut toujours la sentir, s'y rouler, la revêtir comme un manteau de rimes. Alors il s'y prélasse encore un peu, il respire des octosyllabes et jette dans les airs son bonheur comme des vers libres. Et puis d'un coup, le poème s'arrête, sans point, sans chute, une métaphore entamée et à peine ébauchée, laissée en plan comme ça, sans raison. « Pourquoi tu m'as abandonné ? » Et László ouvre les yeux, déboussolé, comme nu sans ses paroles, et pourtant tout empêtré dans ses vêtements. Pan est à quelques mètres, et on dirait qu'il a huit ans, huit ans et des milliers de mots coincés dans la gorge, des questions qu'il ne sait pas poser et des peurs qui le grignotent de l'intérieur. Le Slovaque reste là, sans bouger, immobile et figé comme le passé composé, et le temps se rallonge à l'infini, jusqu'à ce qu'il fasse si froid qu'il a l'impression qu'il va mourir. Il frissonne doucement, du haut vers le bas, puis du bas vers le haut, et son regard sur Pan suit le mouvement de ses frissons.

    C'est comme s'il l'avait battu du cœur, comme si ce qu'il infligeait à sa femme il l'avait fait à Pan, mais à grands coups d'absence et de silence.

    Le garçon revient mais lui ne bouge pas, il a l'impression que Pan a le pouvoir d'arrêter le temps et de se déplacer dans le monde figé comme un tableau. Il attend et il regarde impuissant, il ne peut rien faire, rien dire, c'est Pan, pan pan, dans sa poitrine, au ralentit, les basses résonnent et les balles le traversent sans le toucher ; il saigne un peu. Quand il se tient enfin devant lui, la chaleur revient un peu. László sent le bout de ses doigts fourmiller en même temps qu'ils se réchauffent.
    « T'aurais pas du me laisser. »

    Il a envie de lui dire : je sais, je sais, je suis désolé pardonne moi je t'en supplie ; mais il ne peut toujours pas bouger et il a peur, alors il le fixe dans les yeux et il essaye de vomir son cœur à travers ses iris.
    Et puis d'un coup il se sent claustrophobe, enfermé dans sa carapace de tissu, et ses bras bougent tout seuls, ils se déplacent comme dans de l'eau, comme en apesanteur, et bientôt il sent l'air sur sa peau enfin, et la flamme revient et alors il peut bouger. Il n'a plus peur, il n'hésite plus. Si Pan ne finit pas le poème alors il le fera, car une oeuvre incomplète est un désir qui ne trouve jamais satisfaction et qui ne se renouvelle pas. László ne veut plus vivre sur un désir mort.
    Les mots slovaques roulent sur sa langue comme une eau rocailleuse, et il chante à moitié, il chante parce qu'il reprend l'odyssée de Pan et que s'il le veut bien, ils pourront l'écrire ensembles.

    « Je suis mort Pan, afin de pouvoir renaître. »
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Pan Beauregard
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeVen 4 Oct - 16:56

Pan anticipe déjà les mots, les excuses dans une autre langue, celle que les lèvres de l'inconnu caressent passionnément. Il peut déjà sentir contre ses oreilles le doux timbre de son inconnu, les mots qu'il ne comprendra pas, tout en sachant parfaitement lesquels ils sont, car il les a réclamés. Implicitement. Avec ces yeux grouillant de larmes.
Des larmes pas suicidaires, pour une fois, qui se retiennent au bord de l'océan des yeux de Pan. Prêtes à se jeter sur le vide de ses joues si les excuses, les explications ne viennent pas.
Et elles viennent pas.
De choc, chemin inverse, les larmes remballent. Courent jusqu'à l'estomac de Pan, près de la boule de chagrin qui s'est logée là le premier vendredi sans. Qui n'a cessé de grossir depuis.
T'attends quoi toi ? Fais-la rétrécir, la boule. Sans quoi ton Pan va exploser.
Pas d'excuses, pas de boule qui disparaît.
Rien que l'inconnu qui se dénude, qui dévoile un peu plus des bouts de lui au fur et à mesure qu'il enlève chemise, pantalon. Et bientôt il est parfaitement nu devant Pan, parfaitement parfait, parfaitement l'Inconnu. Parfaitement lui-même. Vulnérable et impressionnant dans sa nudité. De la poésie au bord des lèvres déjà, on y voit les mots qui se bousculent, se mélangent pour former des vers.
Tout le corps de Pan soupire.
Il a oublié les excuses, déjà, le gamin. Il attend les alexandrins, les r qui roulent, les baisers, la baignade. Il attend le retour à la normale. Il attend la Vie.
Et l'inconnu lui offre des mots étranges :
- Je suis mort Pan, afin de pouvoir renaître.
C'est quoi ça, mourir ? Ça n'existe pas. La mort, c'est dans un million d'années. Quand la Terre sera devenue trop vieille pour supporter les milliards de petites bêtes qui courent sur elle. La mort, c'est une idée. Un concept littéraire qui est bien utile quand un personnage devient heureux ou inutile, heureux et inutile : on le tue alors. La mort, c'est pas un truc de la vraie vie. La vie, c'est fait pour vivre. Pour toujours. Faire de la poésie slovaque et des baisers mouillés.
Et voilà la poésie de l'inconnu : il est mort. Surement une histoire de vers trop libre, un peu brisé. Un mystère à éclaircir.
Alors Pan supprime le dernier mètre qui les sépare et, façon bébé contre sa mère, amoureux contre son amoureux, se loge dans le creux de son cou. Ils sont parfaits comme ça, fondus l'un dans l'autre, comme si leurs corps avaient été sculptés sur mesure pour l'autre. Pour cette union.
Ainsi au chaud, Pan s'autorise une larme unique, qu'il voudrait accompagner de mot qu'il est trop jeune pour prononcer. Des mots soulagés, des mots à mettre sur la peur, cette pierre dans le ventre de ne plus jamais voir arriver l'inconnu. D'attendre ce qui a disparu. Il serre son ange contre lui en essayant de lui faire passer ces mots trop compliqués à dire.
- Dis-moi comment tu es mort.
Chuchote-t-il dans la chaleur de son cou.
L'histoire de la mort de l'inconnu, en voilà un beau récit plein de promesses. Il a dû en mettre des semaines pour l'écrire pour Pan, celle-là. Il en a peut-être oublié les vendredis, et les dimanches, les mardis. Et Pan. Mais voilà. Bientôt Pan pourra loger des mots sur l'absence de son inconnu.
Il attend, patiemment.
Et pour inspirer l'inconnu, expose son corps d'enfant dans son intégralité émouvante. L'entreprise est difficile - ôter le pull, retirer le pantalon - car Pan a laissé à peine deux centimètres entre leurs deux corps. De quoi pouvoir le retenir s'il décide de partir, encore. De l'abandonner au bord de son propre lac.
Pan et l'inconnu, la juvénilité tardive et la simple perfection.
L'inconnu, un poème parfait. Pas une rime ratée, un ennéasyllabe qui sonne faux. Sublime équilibre entre perfection et poésie.
Perfection poétique.
- Dis-moi.
Un supplice.
Parle-moi, poésique-moi, roule-moi des r, embrasse-moi.
Les lèvres de Pan réclament des mots et de l'amour.
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeSam 12 Oct - 8:22


    László caresse la peau exposée de son Pan, il voudrait en jouer comme d'un instrument de musique, il peut en jouer comme d'un instrument de musique, il sait en jouer comme d'un instrument de musique. Il peut le prendre entre ses doigts, le faire tourner dans tous les sens, faire apparaître sur sa peau la chair de poule, et alors les petites proéminences deviennent les touches de son piano imaginaire. S'il souffle au bon endroit, derrière l'oreille, juste au dessus du cou, alors Pan chante pour lui, un délicieux gémissement, un concert assourdissant pour les sens. S'il le mord sous la clavicule, s'il lèche la peau rose de ses tétons, Pan grogne, et les orgues résonnent dans son corps. Le corps de Pan est comme un concerto. Il peut le faire souffler, chanter, grogner, résonner, crier. Il est tantôt flûte, harpe, piano, violon, saxophone, contrebasse, tambour.
    Pan est le seul instrument dont László sait jouer, en plus de ses mots. Il est le plus beau.
    Il s'assoit avec lui, il le prend sur ses genoux comme une mère prendrait son enfant, mais il se sent fiévreux, fiévreux d'amour et de désir.

    « Je suis mort il y a longtemps déjà. Je suis mort tant de fois Pan... » Il attrape la larme qui coule encore sur son torse, qui commence à sécher déjà. « Tu vois, cette larme va mourir bientôt. Elle va s'évaporer, et on ne pourra plus la voir. Pourtant elle sera toujours là : dans les nuages, dans la mer, et dans les larmes que tu vas encore pleurer. Je suis comme cette larme - tu es comme cette larme aussi. Les Hommes n'ont pas qu'une seule vie, ils peuvent renaître autant de fois qu'ils le désirent, s'ils en ont la force. Tu peux recommencer à zéro si tu veux, tu peux être la personne que tu désires être. »
    Ses yeux s'embrasent, ses doigts sont fébriles. Il sent la Vie battre dans ses veines, et l'air qui coule dans ses poumons est comme de l'or, comme s'il le repeignait de l'intérieur afin de lui offrir enfin une enveloppe digne des mots qu'il veut offrir.
    « Tu savais que, peut-être, chaque cellule, chaque atome de notre corps était un univers propre ? Tu imagines ? Des centaines de milliards d'univers en chacun de nous, et qui contiendraient eux aussi des centaines de milliards d'êtres vivants avec chacun des centaines de milliards d'univers à l'intérieur ? Tu comprends pourquoi on peut toujours recommencer. Nous sommes la définition du verbe "recommencer", parce que nous ne commençons jamais. »

    Les mots roulent, se déversent, glissent sur la peau de Pan et le recouvrent d'or aussi. Le Slovaque et l'Anglais se mêlent, la langue et les hommes, le dur et chaud, le doux et mielleux. Les lèvres de László se cachent sous la mâchoire de Pan, elles y cherchent refuge, elles veulent s'y fondre, remontent jusqu'à son oreille, et il chuchote. « La mort, ce n'est pas ce que les gens croient, Pan, ce n'est pas ce que les gens t'ont dit. La mort c'est magnifique, la mort c'est encore mieux que la vie, parce que c'est toi qui décides de mourir. Tu peux mourir de mille manières différentes, tu n'as pas besoin de faire couler le sang pour mourir. Alors que pour vivre, il faut souffrir et souffrir encore, pour être sûr qu'on est toujours en vie. ». Ses doigts suivent les courbes du corps de l'homme-enfant ; elles sont comme des pierres précieuses, chaudes et vibrantes.
    « Je ne sais pas vivre Pan. Mais toi, toi... » Il se recule et le dévore avec son regard, il voudrait l'avaler d'un coup pour être le seul à le voir, le seul à savoir ce qu'il est vraiment. Il veut que personne d'autre ne puisse en profiter. Il est à lui, à lui « Tu es comme le Soleil Pan, tu es la Vie, tu es superbe dans tout ce que tu es. Tu ne vieillis pas, alors pourquoi mourir ? Tu es la seule chose qui me fait aimer la vie encore, tu es tout ce que j'aime chez elle. La beauté, le ciel et la mer, l'odeur de la terre sous le soleil, le vent dans les sapins, le désir et l'amour, tu est Tout, Tout avec un grand T, et c'est un miracle que j'ai tenu jusqu'à toi » Il l'embrasse encore, il le serre contre lui de toutes ses forces de peur qu'il ne soit qu'un mirage, de peur qu'il disparaisse. Il le serre et il espère, un peu, qu'ils vont se fondre l'un dans l'autre, et que personne jamais ne pourra plus les différencier, que personne ne pourra en savoir plus que lui sur son Pan.
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Pan Beauregard
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeDim 13 Oct - 12:58

L'inconnu manie le corps de Pan comme il veut, Pan est marionnette entre ses mains. Pan est abandon, Pan se cède à son inconnu, se donne tout entier à lui et se laisse aller sur les jambes de l'inconnu. Qui se met à lui conter l'histoire promise.
- Je suis mort il y a longtemps déjà. Je suis mort tant de fois Pan...
Sur sa poitrine il y a la larme de Pan, il l'attrape d'un doigt, la laisse mourir ici.
- Tu vois, cette larme va mourir bientôt. Elle va s'évaporer, et on ne pourra plus la voir. Pourtant elle sera toujours là : dans les nuages, dans la mer, et dans les larmes que tu vas encore pleurer. Je suis comme cette larme - tu es comme cette larme aussi. Les Hommes n'ont pas qu'une seule vie, ils peuvent renaître autant de fois qu'ils le désirent, s'ils en ont la force. Tu peux recommencer à zéro si tu veux, tu peux être la personne que tu désires être. Tu savais que, peut-être, chaque cellule, chaque atome de notre corps était un univers propre ? Tu imagines ? Des centaines de milliards d'univers en chacun de nous, et qui contiendraient eux aussi des centaines de milliards d'êtres vivants avec chacun des centaines de milliards d'univers à l'intérieur ? Tu comprends pourquoi on peut toujours recommencer. Nous sommes la définition du verbe "recommencer", parce que nous ne commençons jamais.
Il prend peur, Pan. C'est quoi ces mots ? Il attendait un récit d'épouvante, d'aventure, de lutte pour la Vie.
Mais c'est une ode à la Mort.
Et dans l'oreille de Pan :
- La mort, ce n'est pas ce que les gens croient, Pan, ce n'est pas ce que les gens t'ont dit. La mort c'est magnifique, la mort c'est encore mieux que la vie, parce que c'est toi qui décides de mourir. Tu peux mourir de mille manières différentes, tu n'as pas besoin de faire couler le sang pour mourir. Alors que pour vivre, il faut souffrir et souffrir encore, pour être sûr qu'on est toujours en vie.
Pan, il s'offusque. Il s'écarte, un peu, autant qu'il peut, autant que son cœur le lui permet. Peu, alors.
- Je ne sais pas vivre Pan. Mais toi, toi... (La voix vibrante.) Tu es comme le Soleil Pan, tu es la Vie, tu es superbe dans tout ce que tu es. Tu ne vieillis pas, alors pourquoi mourir ? Tu es la seule chose qui me fait aimer la vie encore, tu es tout ce que j'aime chez elle. La beauté, le ciel et la mer, l'odeur de la terre sous le soleil, le vent dans les sapins, le désir et l'amour, tu est Tout, Tout avec un grand T, et c'est un miracle que j'ai tenu jusqu'à toi.
Il se tait, maintenant, et parle à l'aide d'un baiser que Pan n'aime pas, un baiser au goût d'amour de la mort, un baiser qui sonne pas faux pourtant. Et à la façon dont son inconnu le serre contre son cœur, il a l'impression qu'il voudrait qu'ils ne deviennent qu'un, un Lászlan, un Panzlò. Mais Pan s'y refuse, Pan ne veut pas d'un inconnu homme-enfant, comme il l'est.
Pan sent la saveur des larmes dans sa gorge, le chagrin qui monte, mélangé à une bonne dose d'incompréhension.
Et Pan, pour la première fois, n'aime pas les mots qui sortent des lèvres de son inconnu.
Doucement, il tremble :
- Qu'est-ce que c'est tout ça que tu racontes ? Je veux pas mourir et devenir autre chose que t'aimerais pas. Toi non plus tu devrais pas mourir. Je t'aime moins depuis que t'es mort.
MORT.
Alors, c'est pas une histoire, qu'il écrivait.
Alors, c'est ça qu'il faisait pendant que Pan l'attendait.
Il mourait.
Et pendant qu'il s'occupait à mourir, Pan traînait au lac, Pan qui perdait de plus en plus de sa couleur. Premier vendredi, c'est le questionnement, les interrogations toute la journée, où es-tu, est-ce que tu vas bien, pourquoi tu m'as oublié. Deuxième vendredi, arrivée de la peur, peur de son non-retour, peur pour sa personne. Troisième vendredi, l’abattement, comment respirer sans sa présence, comment vivre, tout court, comment, comment, comment. Dernier vendredi sans lui, vendredi dernier, vide, v, i, d, e.
Et puis les retrouvailles. Le cinquième.
Pan fait face à l'inconnu, larmes face à poésie.
Où s'en sont allés les paysages magnifiques qu'il lui décrivait, les chansons d'amour, les hymnes à la vie ? Pourquoi magnifier la mort ?
Il en a mis de la distance entre eux, Pan, et maintenant il a froid, il a froid de son inconnu. Alors il revient, il ne cesse de revenir depuis que l'autre est lui-même revenu, il s'en va parce que les mots qu'il dit aujourd'hui ne lui plaisent pas, et il revient parce qu'il ne peut que capituler devant lui. Devant son inconnu-poème, cet homme dont la beauté ne pourrait être décrite même avec tous les mots du dictionnaire.
Ce poème ambulant, ce mystère de la beauté.
Pan revient. Entoure son inconnu tout entier, de ses trop maigres bras. Enfonce son nez dans son cou, et ose même embrasser la peau chaude d'amour, froide d'automne.
- Me parle plus de la mort, tu me fais peur.
Pause. Comme s'il manquait quelque chose à la fin de cette phrase.
- Tu me fais peur, mon inconnu. Dis-moi plutôt ton prénom.
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeMar 15 Oct - 17:23


    Il l'observe, il ne bouge pas, il attend. Pan ressemble à un faon, comme ça, les yeux écarquillés, le regard farouche, fébrile et révolté. Il est fasciné par ce petit bout d'homme, par ce grand morceau d'enfant. Il reste, immobile, un souffle sur le bord des lèvres, prêt à sauter, soucieux de perdre l'équilibre et de tomber.

    Il sent une boule se former dans son estomac, mais il n'est pas sûr si c'est de la tendresse ou de la tristesse : tendresse parce qu'il voudrait le recouvrir de caresses et de douceur, plaquer sur son dos ses poils hérissés à force de baisers ; tristesse parce qu'il ne comprend pas, parce qu'il est trop jeune, ou trop vieux peut-être. La mort, ça fait peur à tout le monde, sauf à László ; mais on dirait que ça fait encore plus peur à Pan qu'à tous les autres.
    Pan ne comprend pas, László le comprend.

    Ça brûle, « Je t'aime moins depuis que t'es mort. », comme si c'était sa faute, comme s'il avait eu le choix. László il aurait voulu lui aussi grandir au bord de la mer, sous le soleil Douvres, au milieux des couleurs pâles de l'écume et des sapins, loin des forêts et des montagnes étouffantes, des vallées grandes à en perdre tout repère, de la ville grise et triste. Il aurait voulu entendre les vagues s'écraser contre la falaise tous les matins en allant à l'école. Là ses idées auraient pu grandir et s'épanouir – à la place, elles ont été écrasées par le poids de l'oxygène slovaque. Ses poèmes sont tout petits encore, un peu comme Pan. Ils n'ont pas eu d'enfance, ils n'ont pas connu les passions de l'adolescence. Ils ont été étouffés avant même d'avoir éclos, comme ces œufs qui sont pondus juste pour être tués. László est mort, et il attend qu'ils grandissent encore, et il essaye de renaître avec eux, de découvrir ce monde qu'il a raté.

    Il est un peu déboussolé, il ne sait pas quoi faire, il attend. Pan est trop loin, il fait trop froid, trop tôt. Il ne veut pas le brusquer, pas le forcer, et pourtant, son corps lui cri de fermer ses bras autour de lui, de le forcer à ne plus bouger s'il le faut. Mais László ne fait rien, il respecte trop son homme-enfant, il a trop peur de le blesser, de lui faire peur. Il ne veut pas que Pan meurt – la mort c'est pour lui, Pan lui, il a  la vie.

    Il reste patient, il le laisse revenir comme il l'entend, et alors László pose ses mains doucement sur le bas de son dos, il l'effleure à peine, le laisse venir et repartir comme une vague. Il attend que le souffle sur ses lèvres se décide, que Pan donne une direction à ses vers.

    « Tu me fais peur, mon inconnu. Dis-moi plutôt ton prénom. »

    László se glace, devient statue de marbre, ange de pierre. Le souffle tombe, il cri, appelle à l'aide, et s'écrase sur le sol dans un fracas de silence. L'air s'immobilise quelques secondes, et il croit entendre un soupir « Sol », mais ce n'est que le vent qui reprend sa respiration avant de poursuivre son chemin parmi les branches. Sol c'est la force fiévreuse, la verve fougueuse, le verbe sûr. Il n'est plus Sol, l'a-t-il déjà été ?

    C'est lui qui se recule cette fois, qui couvre son torse de ses bras. Il fixe Pan, et son regard est aussi dur que le bloc de glace qu'il est devenu. Mais la beauté et l'innocence printanières de l'homme-enfant amène vite le dégel, et il fond sur place, et la flaque qu'il forme sur le sol coule jusqu'au pied de Pan. Il se sent infiniment petit, et il murmure, comme un hommage au souffle mort, là entre les brins d'herbe : « László ».

    László c'est la douce chaleur, la maturité délicate, l'épanouissement béat. Il n'est plus ce qu'il était avant, et pourtant il se sent neuf, grand, accomplit. Il n'a plus peur de se regarder dans un miroir, il n'a plus peur de marcher dans la rue en regardant le ciel. Il n'a plus peur de laisser son cœur s'ouvrir à des inconnus, à un inconnu, à Pan.
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Pan Beauregard
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MessageSujet: Re: I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan   I'm so glad to see you ; I've been low. Lászlan Icon_minitimeVen 18 Oct - 16:31

Crispation. Respiration trop lente, respiration trop rapide. Gel. Qu'il fait froid, soudain, entre Pan et son inconnu de glace, son ange de pierre. Un rocher. Et en trente secondes, le glaçon redevient petit océan réchauffé face à Pan, face à sa chaleur juvénile et, peut-être, amoureuse.
Et puis ça tombe, ce prénom, enfin.
Une couche de mystère en moins, voilà ce que ça fait.
- László.
Dans ses lèvres, le prénom est humble. Balbutié timidement, comme s'il n'était pas trop sûr de lui. Pas trop sûr de se révéler comme ça, à Pan.
László.
Ló.
L'EAU.
Pan sourit tout bêtement. En voilà deux garçons accordés à leurs prénoms.
Pan sourit bêtement dans sa bulle, très impatient d'entrer à nouveau dans celle de son inconnu, son László, séparé de lui à nouveau.
Pan sourit bêtement : il n'a pas eu les excuses mais il a eu autre chose, il a eu László.
- László, László, László, il chantonne, le gosse, en jouant avec les infiltrations des rayons de l'astre dieu au milieu de leur nid d'arbres, en louchant vers le lac à l'apparence glacée, mais toute pleine de signification pour lui, depuis cinq vendredis déjà, seulement.
Et puis, à son inconnu, son ange brun, son mystère désormais prénommé László :
- T'as l'eau dans son prénom. Tu vois que t'es bien là près de ton lac. T'as plus besoin de mourir maintenant. Plus jamais.
Maelström d'émotions, Pan se tient nu face à László. Ému, troublé, bouleversé. Alors ça y est, le plus beau poème de l'Univers a trouvé un titre, un nom. Quand on, c'est-à-dire Pan, voudra l'évoquer, ce ne sera plus un titre hasardeux mais László. László est l'inconnu, et c'est comme ça qu'on l’appellera maintenant.
C'est le nom que Pan murmurera dans ses rêves, la nuit.
László. László, et c'est comme une évidence soudain. László, t'aurais du t'en douter, Pan. László, c'est écrit dans les courbes de son corps et la profondeur de ses yeux. C'est László, c'est tout.
C'est László, et Pan, il plonge. Il plonge dans László, dans ses yeux tous pleins d'océan, dans cette nouvelle facette de sa personne que son prénom offre, mais surtout, il plonge dans le lac glacé par le début de soirée, glacé par l'automne nouveau. Il plonge sans un bruit, que ce soit dans les yeux et dans le lac.
Tout dans la délicatesse.
Et dans l'eau, il se tourne, bruit de mini-vague, ça casse le bruit du silence, mais joliment. Alors ça va.
- Viens.
Quitte à être malade, autant que ce soit à deux.
Et d'amour.
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