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 Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]

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MessageSujet: Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]   Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo] Icon_minitimeJeu 10 Oct - 20:21

Fucking fake hope




Paul Kalkbrenner - Mad World ♫



Un long râlement s'extirpe d'entre mes lèvres. Le souffle allumant le début de la fin de ma plainte démarre à son tour, lorsqu'enfin j'ouvre les yeux. La lumière transperce les stores, de toute manière, ils sont tous plus ou moins abîmés par les méandres du temps et du climat. L'éclaircie orangée trépasse de mes yeux lorsque je me redresse lentement. Dans le brouillard, je comporte tous les symptômes d'un réveil alarmé par une gueule de bois routinière. La gorge sèche, formant une moue désagréable sur ma bouche pâteuse, presque incapable de se délier d'une fermeture obligatoire. Des yeux légèrement collant, éprouvant un mal hargneux à soulever mes paupières ma vue est troublée un instant. Le mouvement de mon corps est affaibli par l'engourdissement et mon esprit est attaquée par une lourdeur que je devrais de toute manière surmonter. Constatant une nouvelle fois mon état pitoyable, je remarque que mes habits de la veille ne traîne pas aux alentours. Toujours sur moi, s'affichant dans ma sueur, humides et puants. Je suis las, me levant tant bien que mal, nonchalance consumée. Somnolant, chaque pas est un supplice, provoquant un séisme à l'intérieur de mon crâne. Ma vue tourne, je traîne les pieds et ma vieille carcasse dans la salle de bain. Déboutonnant lentement ma chemise qui finit par se défaire et par tomber au sol, je passe ma main sur mon torse et dans mes cheveux, geste habituel sans aucune compréhension logique. Je retirais également ma ceinture, puis le bouton de mon pantalon. Le laissant tomber sur mes genoux, pour l'enlever sans motivation. À l'arrache comme on pourrait dire. Je terminais ma mise à nu dans ma salle de bain, observant avec dépit et habitude ma mine lamentable. Allumant la douche, laissant l'eau chaude arriver, je préparais une serviette sur le côté. Filant sous l'eau qui assassinait mon corps. Revigorante chaleur, apaisante humidité, j'appréciais, me réveillant de mieux en mieux. Je laissais le temps s'écouler au rythme de l'eau qui parcourait mon être tout entier. Lavé, enfin, je faisais en sorte d'être présentable, aujourd'hui, je cassais ma routine. J'avais obtenu un rendez-vous pour une maison d'édition. Les dernières avaient toutes abandonnées, me laissant seul, par mes propres moyens. Je n'avais rien écrit de bon depuis trop longtemps, la suite de mon unique succès ne venait pas. Mon héros lui-même se lassait, s'adonnant à son malheur et à sa mélancolie. Mon inspiration s'était enfuie au même moyen où la première chose heureuse avaient débarqué dans mon existence. Subissant l'impuissance de l'injustice une nouvelle fois, je ressortais de ma douche, présentable, mais encore plongé dans une mine maussade et dépassée par les événements. Endimanché, je portais cette vieille cravate qui me donnait un air sérieux et travailleur, alors que j'attachais mes cheveux longs derrière ma tête, donnant un aspect soi-disant plus soigné. Titubant à peine éveillé mais détendu vers ma cuisine, je prenais un thé ce matin. Exceptionnelle manie qui avait disparu au même moment où l'alcoolisme avait envahi mes journées. J'étais depuis longtemps l'ombre de moi même, paumé dans le temps qui courait malheureusement bien plus vite que moi.

M'empêchant toutefois pas de fumer, je restais vidé de toute pensées assis sur ma table de cuisine. Les souvenirs enfantins et inutiles passaient devant moi comme des illusions. Je me revoyais petit-déjeuner à cette table, je me souvenais de Louise qui remettait le lait vide dans le réfrigérateur, ou de notre mère faisant des œufs le dimanche matin. Un sourire s'affichait avant de disparaître dans un rire étouffé par ces bons moments lointains qui semblaient être le résultat du meilleur de mon passé. Légèrement nostalgique, je prenais le téléphone. Cherchant à joindre celle qui comptait plus que tout pour moi, ma sœur. De nouveau sur la messagerie, comme d'habitude, je baissais le regard, déçu de n'entendre que sa voix sur un répondeur.


« Louise, c'est moi, Malo. Je prenais des nouvelles, rien de plus...J'ai un entretien aujourd'hui. Enfin, bref, appelle moi. »

Le ton lent et grave, c'était ce à quoi notre relation était rendue. Des messages sur nos répondeurs respectifs et successifs. Je n'avais pas du lui parler depuis plusieurs mois maintenant, et je ne l'avais pas vu depuis presque 1 an je pense. Nous qui étions si proche, c'était douloureux bien que normal. Enfin, j'imagine. Raccrochant, je terminais ma clope et vidait ce satané thé dans l'évier. Bien qu'une bière me tentait, je me résignais. C'était un jour important, trop important. Je ne mangeais pas, il était midi passé, j'avais dormi longtemps et rien que le fait de penser à de la nourriture me débectait. Rasé, propre, je rassemblais mes affaires, j'avais un peu de route pour atteindre la capitale et assister à mon rendez-vous. Emportant une mallette avec quelques écrits, des recommandations et mes derniers articles publiés, je fermais ma vieille maison. Marchant lentement sur ma petite allée, je repassais devant mon faible et ridicule terrain. Je remarquais, comme à chaque fois que je sortais, ce petit coin d'herbe moins verte que les autres. Ce petit coin où nous avions brûlé le jeu de nos souffrances, cette foutue mosaïque, instrument d'un souvenir enfoui profondément dans le silence de l'oubli. Gardant le contact visuel comme si je revivais la scène, j'entrais dans ma vielle voiture pour m'enfuir au devant d'un nouvel échec. Mes espoirs pour cet entretien étaient fins, presque morts à peine réveillés. Je n'y croyais pas vraiment, c'était juste pour me convaincre que j'avais encore une chance. N'ayant aucune suite à présenter, aucune suite convenable en tout cas, je savais que c'était inutile. Je voulais juste en avoir le cœur net. Sur le chemin je me préparais à nouveau à subir l'impuissance de ma condition face à la vérité. J'allais encore devoir entendre ces refrains sur le fait qu'il me faut de l'inspiration, de la motivation, et encore tout plus de mots en « -tion ». C'était comme s'ils s'étaient tous liés pour me dire comment faire. Je savais faire, je voulais faire, mais je ne pouvais faire. Subtilité trop sous-jacente pour ces machines à pognon.

Enfin sur place, je me garais à quelques minutes du lieu de l'entretien, là où je trouvais de la place à vrai dire. Me dirigeant vers ma condamnation, encore une fois. Fumant une énième cigarette, je me mentais à moi même en mâchant ce chewing-gum à la menthe derrière. Me persuadant que ça cacherait l'odeur, ça ne faisait qu'en réalité empirer, mélangeant les deux senteurs pour en donner une nouvelle pire encore. Réajustant mon costume, ma coiffure, j'avais presque l'air d'un homme d'affaire ainsi. Détestant ce que je devais faire pour coller à l'idéal, je me laissais vaincre en me promettant encore et toujours que c'est la dernière. J'attendais, comme d'habitude dans ces endroits là, avant qu'on ne daigne me recevoir. Souriant, remerciant même la secrétaire qui n'avait que dans son sourire hypocrisie et sadisme. Je serrais la main de mon interlocuteur qui me priait de lui montrer ce que j'avais pour lui. J'expliquais le tout, ayant préparé ce petit speech. Il écoutait, il avait l'air attentif bien qu'il pouvait simplement me regarder tout en s'en contrefichant. Il m'arrêta et je sentais déjà le discours moralisateur arriver.


« Bon, écoutez. Honnêtement, je vous adore, mais je ne peux rien vous promettre. Néanmoins, présentez moi un roman, une nouvelle, quoique ce soit qui vous ressemble un peu plus que tout ça, et je pourrais faire quelque chose. »

Surpris, je restais sous silence. Je ne m'attendais pas réellement à une telle proposition. Pour une fois qu'il était honnête, réellement, un sourire venait se joindre à ma mine désabusée. Tout de même maladivement méfiant des paroles du genre humain. Je le remerciais tout en lui avouant que je ferais mon possible. Ravi, je sortais de son bureau priant pour que ce ne soit pas des paroles en l'air. Cela voulait évidemment dire que je ne devais pas tout foutre en l'air encore une fois, rien était gagné, mais c'était un léger espoir qui tombait à pic. Je retournais à ma voiture, heureux. Déliant ma cravate, relâchant mes cheveux, ouvrant ma chemise blanche et retirant ma veste, je mettais en bouche ma clope avant de monter dans ma voiture. Je jetais mes affaires à l'arrière avant de me retourner. J'entendis ma portière s'ouvrir, et revenant face à mon pare-brise je repérais cette gamine sur ma place passagère.

Bordel, c'était quoi cette merde encore. Bouche bée, surpris, je comprenais pas ce qu'il venait de se passer, sans vraiment attendre d'explications ou quoique ce soit, j'étais paralysé par la surprise, presque effrayante. Que me voulait-elle ? Je ne pus à peine me le demander avant qu'elle ne mêle paroles à ses actes.
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MessageSujet: Re: Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]   Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo] Icon_minitimeVen 11 Oct - 6:27

T’as les larmes qui coulent un peu. Juste un peu là sur tes joues d’enfant. T’as l’air un peu conne aussi. Complètement paniquée au milieu de tout ce beau monde friqué. T’as peur. Tu flippes. Tu veux pas qu’il te trouve. Lui qui a tant compté. Mais tout a tellement changé. C'est tout ton univers qui s'est transformé sous tes yeux effarés. C'est tes sentiments. Tes besoins et tes rêves. C'est ce sourire un peu naïf. Désespérément optimiste. Il a tout bousillé. A coups de poings dans la gueule. Il a volé ce petit battement intempestif que tu ressentais parfois en le voyant. Comme ça. Si facilement.
Tu as tellement peur aujourd’hui. Petite poupée terrorisée égarée dans une société un peu trop barrée. Un peu trop violente. Tu avais réfléchi à tout pourtant. A ce train que t’attraperait in-extremis pour être sûr qu’il ne puisse pas rentrer dedans à la dernière minute. Tu n’avais pas prévu que tu le raterais aussi ce foutu train. Tu n’avais pas prévu que tu serais coincée à Londres. Petite souris prise au piège. Un piège mortel.

Le cœur battant, tu cherches une autre solution. Tu ne peux pas restée là. Plus maintenant. C'est trop tard. Tu dois partir. Peu importe le prix. Peu importe l'endroit. Ton regard se pose sur une voiture. Tu ne sais pas conduire mais quelqu'un d'autre pourrait le faire. Et alors, tu pourrais partir. Quitter la ville. Aller le plus loin possible. Te cacher. Disparaître.
Un homme rentre dans sa voiture. Costume cravate. Là juste près de toi. Il a l’air bien. Intégré. Il a l’air d’être ce genre de mec rangé. C'est ta chance. Ta chance de t'échapper. D'un petit geste de la main, tu essuies tes yeux. Tu dois te calmer. Agir sans précipitation. Ca fait faire que des conneries la précipitation. Alors, doucement, tu sors ton canif. C’est lui qui te l’a offert. Le même que celui avec lequel il l’a tué. Juste là. Juste devant toi. Mais faut pas y penser. Faut pas y penser. Tu dois juste avancer. Grandir. C’est tout. C’est comme ça. C’est bon t’es prête. Prête à débarquée dans la vie de ce pauvre mec qui n’avait rien demandé. Prête à la lui bousiller. Petite égoïste.

Tu avances maintenant. Tu te mêles aux gens pour atteindre la voiture. Une vieille voiture. Un truc qui colle pas vraiment avec son allure. Avec sa petite chemise toute parfaite. Sa petite cravate bien placée. Puis sa petite mallette à deux balles. Sa voiture, elle a l’air un peu merdique. Le genre qui date. Peu importe. C’est pas le confort qui t’importe après tout. Tu t’arrêtes un instant devant la portière. Tu lui jettes un petit coup d’œil. Et brusquement, c’est toute l’image du mec parfait qui s’envole. Il vire tous les accessoires pour coller une clope dans sa bouche. Et toi tu te décides enfin. Tu ouvres la porte, t’engouffrant rapidement avant de la claquer bruyamment. Couteau sorti, tu t’approches de sa gueule d’ange. Ton cœur bat vite. Ton cœur bat fort. Pourtant, c’est une voix presque sur de toi qui sort de ta bouche. Un regard noir qui se pose sur lui tandis que tu viens placer ton couteau juste contre la peau de son cou. « Démarre. J’te f’rais pas d’mal si tu fais c’que j’te dis ok ? ». Il ne met pas bien longtemps à démarrer. Un léger soupir de soulagement s’échappe de tes lèvres. Tu pars. Tu quittes la ville. Enfin. « … Quitte la vile. J’sais pas où t’allais mais quitte la vile. Où tu veux quand que c’est loin. ». Vigilante, tu maintiens toujours ton couteau pas trop loin de lui. Tu ne sais pas bien ce que tu ferais s’il se décidait à faire une connerie. Mais la peur pourrait te faire faire le pire. Tu en es bien consciente. Alors tu espères simplement qu’il sera sage. « … Et jt’en pris … Fais rien de stupide ». T’as probablement pas l’air de la criminelle la plus menaçante. T’as peut-être juste l’air de ce que tu es. Une petite fille effrayée. Pourtant, il n’en reste pas moins que tu es celle qui a l’arme. Discrètement, tu vérifies que ton sac est toujours là. Ton sac contenant un joli paquet de fric. Peut-être que tu lui en donneras un peu quand il t’aura aidé. Pour le remercier. Ça serait la moindre des choses. Après l’avoir menacé au couteau.

Faut que tu te changes aussi. Lennon t’a vu avec ces vêtements. Il faut que t’en mette d’autres. T’avais prévu de faire ça dans les toilettes du train. Peu importe. Tu te débrouilleras. Plus tard. Tu passes doucement la main sur ton visage. Déjà épuisée par la tournure des évènements.

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MessageSujet: Re: Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]   Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo] Icon_minitimeVen 18 Oct - 14:07

You&Me could be the same kid




Hozier - Take me to Church ♫



La porte de la voiture claque, et elle se découvre doucement. Le surprise m'empêche réellement de voir qui est elle, mais je comprends rapidement qu'une nouvelle fois on entrave ma routine qui me semblait ennuyante mais satisfaisante. Cela faisait longtemps que je m'étais résigné à vivre le grand frisson, je préférais pas faire de vague, simplement usé mon quotidien jusqu'au moment où enfin je pourrais me libérer. Emprisonné par mes mauvaises habitudes, détruis par et accablé d'un manque de motivation pour uniquement profiter, j'étais déjà las du nouveau. Je me rendais rapidement compte que j'allais me retrouver en mauvaise posture, et la suite confirma ma crainte. Une lame sous mon cou, mes yeux se détournent et la première chose que je repère n'est rien d'autre que son regard. Les pupilles foncées, ses yeux marrons essayent de cacher comme ils peuvent sa détresse flagrante. Je lisais le désespoir en elle, aisément je devinais la peur en elle. C'était ce regard, cette même expression attristée et abîmée par une crainte douloureuse qui nous enlevait, à nous être humain, toute raison. Bien que menacé, je ne pouvais contempler cette drôle de sensation qu'on appelle la compassion. Je ne pouvais que bien comprendre son envie d'envolé, son désir désespéré de vouloir tourner la page. La fuite était une solution plus courageuse qu'on pourrait le croire. Être capable de tout laisser derrière soi, partir sans revenir et se faire oublier de tout ce qu'on avait connu. C'était loin de ma définition de « lâcheté ». La jeune fille s'adonnait à la suite, mêlant sa voix frêle et peu convaincante qui se liait si facilement à son regard perdu. Ordonnant, tentant une approche sur du chantage menaçant, je savais que je ne craignais pas pour ma vie. Je n'étais pas le genre à jouer au héros, ou encore à retourner une telle situation en me faveur. Préférant sceller mes pensées sous silence, j'exécutais ses demandes, sans rechigner, le cou dévié par la pression tremblante de sa lame. Le contact se fait entendre rapidement, et je quitte ma place. La situation m'extirpe loin de l'appréciation de ma réussite. Enfin j'avais décroché une légère chance qui laissait entrevoir un espoir mince mais réel. C'était jusqu'à cet instant, une bonne journée. Le cauchemar s'était installé et l'incertitude de la finalité était de loin ce qui paraissait le plus inquiétant. La petite blonde semblait sur son dernier recours, quitter la ville, aller le plus loin possible, c'était sa solution. Je ne pensais pas que son but était d'atteindre à ma sécurité ou finir avec un blessé sur sa route. Laisser aucunes traces, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, je n'étais qu'un pantin qui l'aiderait à s'enfuir pour qu'elle puisse espérer un nouveau départ. Un outil, j'étais seulement ce que j'avais toujours été, un spectateur qui subit les valses entraînantes de l'action sans jamais apprécier la fin heureuse. Je nous sortais donc de Londres, on échappait à l'adrénaline effrayante du moment, alors que le silence gênant s'était lentement emparé de l'air ambiant. Ma vieille voiture accélérait, et c'était le moment pour les héros des films de freiner sèchement pour faire une diversion utile. Ou bien un virage brusque, ou une prise qui désarmerait la menace. Mais nous étions dans la vie réelle, là où ce genre de fantaisie ne ferait qu'aggraver le délicat problème. Malgré tout, loin de moi l'idée saugrenue de me débattre ou me défendre, je brisais le silence.

« Je vais à Douvres, tu y trouveras un port si l'Angleterre entière te semble oppressante. »


Calme, je donnais la destination, après tout, c'était à moi de choisir. Certains imagineront que ce n'est pas malin de donner son lieu d'habitat mais sans comprendre pourquoi, je compatissais étrangement. Je savais que ce gamin paumé, effrayé et prêt à faire n'importe quoi pour s'extirper de sa condition, ça aurait pu être moi. Dans un sens j'étais tombé bas et si au lieu de m'être enfermé sur moi même j'avais pété un plomb, qui sait. Je ne pouvais que me placer à sa hauteur, incapable de réfléchir sous une pression insurmontable. Elle était vraisemblablement en train de se noyer dans ses propres démons. Pas que je sois altruiste, j'avais toujours aider mon prochain, et même sous cette menace, je n'arrivais pas à surpasser l'étrange sensation de me sentir proche de ses malheurs.

« Je ne compte rien faire d'autre que de te déposer où tu veux, alors, aide moi à rendre le trajet plus agréable pour nous deux, veux-tu ? »


Gentiment, confiant, lâchant un léger soupir souriant, je guettais son couteau, insistant pour lui faire comprendre qu'il lui était inutile. Au final, elle n'était qu'une auto-stoppeuse qui s'était imposée dans mon véhicule. La route se défilait devant nous, le trajet était long, on allait passer un certain ensemble, je préférais qu'il se déroule sans couteau sous ma gorge. Je poursuivais dans ma quête curieuse, cherchant peut être une sympathie, ou simplement m'approprier le moment pour m'inspirer l'excitation qu'une vague dans ma triste routine.

« Je m'appelle Malo, j'ai des clopes dans ma poche si tu me permets, on pourrait faire disparaître ce mauvais départ. »


Je n'étais pas du genre paniqué non plus. Clairvoyant sur ma sécurité, ma mélancolie se réjouissait d'elle même car après tout, je n'aurais rien laissé de bien précieux derrière moi. Je me rendais lentement compte que je n'avais rien à perdre, et au contraire, ça me démotivait plus qu'autre chose. Je réalisais à quel point c'était pitoyable et triste de rien avoir en ce monde d'important. À quel point c'était pathétique d'espérer secrètement ce souvenir houleux. Cette amertume enragée de n'avoir rien vécu qui luttait contre cet instant précis qui alimentait l'excitation envieuse de l'inconnu et du moment peu commun que je vivais à présent. Enfin acteur de mes propres déboires, c'était comme vivre par procuration l'existence surjouée de mon personnage principal. C'était découverte d'un renouveau.
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MessageSujet: Re: Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]   Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo] Icon_minitimeDim 20 Oct - 20:25

T’as envie de lui dire d’aller plus vite. De partir. Loin. Loin. De t’emporter à des centaines de kilomètres de ces souvenirs malsains. Tu te cramponnes à ton couteau. Comme s’il était ta bouée de sauvetage. Ton seul moyen de survit dans ce monde hostile. « Je vais à Douvres, tu y trouveras un port si l'Angleterre entière te semble oppressante. » Tu acquiesces, le cœur battant. Oui. C’est une bonne idée. Tu ne sais pas bien où c’est Douvres. Enfin. Tu ne sais pas du tout en fait. Puis brusquement, tu réalises. Tu réalises que tu ne pourras pas partir. Il suffit d’une heure pour que Lennon comprenne ton absence. Et après cette date limite, tu ne pourras plus voyager. Il pourrait te trouver bien trop facilement. Il a trop de contact. Trop de moyens de te retrouver. De te reconnaitre. Malgré toi, une certaine panique te gagne. Tu sais pas quoi faire. T’es perdu. Perdu. T’as envie d’éclater en sanglot. Et si Lennon te trouvait avec ce mec ? Il le tuerait. Il le massacrerait. Et tu veux pas putain. Tu voulais pas foutre quelqu’un d’autre dans la merde. Tu veux pas qu’il finisse comme Ewen. Tu veux pas revoir ça.
Rien qu’à ses pensées, tu sens ton cœur déborder. Tu veux disparaitre pour qu’il ne te retrouve jamais. Jamais. Qu’il ne puisse plus jamais faire ce qu’il a fait à celui dont tu étais tombée amoureux.
 
« Je ne compte rien faire d'autre que de te déposer où tu veux, alors, aide moi à rendre le trajet plus agréable pour nous deux, veux-tu ? » C’est sa voix qui te sort de ta panique intérieur. Tu poses ton regard sur lui. Il fixe ton couteau. Pour te faire comprendre que tu n’en as pas vraiment besoin. Tu doutes un moment, fronçant un peu les sourcils en tentant de juger sa sincérité. Il a l’air sincère. Alors doucement, tu baisses un peu ta garde. « Je…Oui… » Ton cœur bat si fort. Tu fermes un instant les yeux, respirant profondément pour faire partir cette détresse qui te bouffe de l’intérieur. Sans réfléchir plus que ça a tes gestes, tu fermes le canif et le pose à coté de toi. Pas trop loin au cas où. Tu réalises en baissant ta garde que tu étais complètement crispée. Lui accorder un peu de confiance te permet de te détendre un peu. Juste un peu. Assez pour te rendre compte que tous tes muscles étaient bandés. Et tu restes là, immobile quelques secondes. Tu te forces à te calmer afin d’agir sans faire d’erreurs. Mal à l’aise et épuisée moralement, tu passes tes mains sur ton visage, écrasant un instant tes yeux avant de lâcher un long soupire. Tu demeures de longues secondes comme ça. Les yeux clos à écouter. Il reste silencieux l’homme. Tu ne sais pas trop s’il te regarde. Ou ce qu’il pense. Il doit te prendre pour une folle. Une folle que tu es, très probablement. Après une ou deux longues minutes, tu finis pas souffler doucement, comme un peu intimidée. « … C’est loin Douvres … ? »
 
« Je m'appelle Malo, j'ai des clopes dans ma poche si tu me permets, on pourrait faire disparaître ce mauvais départ. » Il a l’air tellement à l’aise. Ça te déroute un peu il faut dire. « … mmh. » Tu acquiesce sans trop ouvrir la bouche. Tu le regardes. Tu le fixes même. Tu ne dis rien de plus. Tu le regardes c’est tout. Il t’intrigue un peu il faut dire. « … donne. » Tu attends qu’il te tende le paquet et tu ouvres la fenêtre, jetant le paquet entier dehors, commentant simplement par « … C’est pas bien de fumer ». Tu sais pas pourquoi t’as fait ça. T’as pas réfléchi. C’était stupide. Tu vas passer les prochaines heures avec cet homme et la première chose que tu fais est jeter son paquet de cigarettes. Mais tu supportes pas ça. La cigarette. Ta mère fumait tellement. Tellement. C’est comme si tu voyais ses poumons dépérir sous tes yeux.
Remontant la vitre, tu poses doucement ta tête dessus, lâchant un large soupire. Puis tu te redresses brusquement, repensant à tes autres vêtements dans le sac. « Faut que j’me change ! » T’as trop peur. C’est pitoyable, mais tu prends toutes les précautions nécessaires. Tu te mords un instant les lèvres avant de récupérer ton sac pour le jeter à l’arrière. Tu te détaches avant de passer difficilement derrière en te glissant entre les deux sièges, te tortillant un peu. Secouant un peu ton canif, tu lâches « … tu r’gardes pas. » Vérifiant dans le rétroviseur que son regard n’est pas sur toi, tu commences à retirer ton tee-shirt et ton pull, te retrouvant dans un petit soutien-gorge noir à dentelle. Seul un beau collier tombe entre tes seins, les ornant d’un cygne en argent. C’est Ewen qui te l’a offert. Tu le gardes précieusement. Tu prends un pull gris large aux couleurs d’une épique de sport de New York avant de l’enfiler. Puis tu te lèves. Un peu maladroitement. Et tu retires ton jean pour enfiler une leggin noir. Seules tes chaussures demeurent. Tu sors ensuite une casquette aux mêmes couleurs que ton pull et l’enfile. Tu mets tous tes vêtements dans le sac avant de te remettre maladroitement devant. Il ne te reste plus qu’une chose à faire. Jeter ton portable. Alors comme pour les cigarettes, tu ouvres la fenêtre et le jette nonchalamment sous le regard de Malo.
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MessageSujet: Re: Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo]   Ne jamais se fier aux premières impressions. [Swann&Malo] Icon_minitime

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