Tu sais pas bien pourquoi t’es venu. Une réunion à la con de gens qui veulent avoir peur. Peut-être que t’as envie d’avoir peur toi aussi. Ouais, t’as envie d’avoir peur. Pour sentir ton cœur battre un peu. Juste un peu.
Évidemment, t’as pas de déguisement. Et c’est pas comme si Dali en avait. Alors t’as juste teint tes cheveux en noir. Tu t’es habillé en noir. Et t’as mis une de ces paires de lentilles rouges à la con qui s’achètent à quelques livres dans les magasins de merde. Ca ressemble pas à grand-chose. Mais peu importe. Tu t’en fou en fait.

Tu les as vu. Niel et Oze. Alors t’as fait demi-tour. T’as visité la maison hanté un peu plus vite que tu l’aurais dû pour aller te planquer. Pour qu’ils finissent leur tour à la con et te laisse tranquille. C’est comme ça que tu t’es retrouvé là. Dans ce tunnel tout moisi à essayer de fuir ceux qui avaient le plus compté pour toi. Pauvre débile. Et comme un con, tu t’es paumé. Ils sont tous pareils ces tunnels. « … Putain mais c’est quoi s’bordel ? » Hurlement de loup. Ça doit être un truc de la maison hanté ça. Un truc pour faire flipper. Mais t’as pas peur toi. Tu veux juste retrouver la sortie pour visiter la maison. Vraiment visiter la maison. Ils doivent être partis maintenant. Et puis cette connerie de lentille qui te gratte aussi !

Arlène est bien décidé à changer les idées à Paul. Qu'il sourit un peu. Qu'il se dit que ça ira mieux demain concernant Felipe. Ils sont meilleurs amis, ce n'est pas possible de se faire la tête aussi longtemps. Surtout connaissant Paul. Felipe c'est une autre histoire, elle le connait pas tant que ça. En tout cas, il a l'air d'un type bien.
Ils se retrouvent à cet instant dans le tunnel, à deux. Arlène, son dos contre la paroi en béton frisonne à cause de l'humidité. Alors pour avoir moins froid, elle se colle contre Paul et l'embrasse dans le cou en lui faisant comprendre qu'elle a besoin de lui pour rester au chaud. Ses mains glissent sur son torse, d'abord sur son pull pour ensuite arriver sur sa peau. Arlène se sert de ses ongles pour le caresser tout en continuant à l'embrasser fougueusement.

Elle aussi, ignore comment ils se sont retrouvés là. Arlène ne s'est même pas rendu compte qu'ils sont dans un tunnel. Seule la présence de Paul l'intéresse, en plus de la douceur de ses baisers et de la chaleur de son corps. Arlène lui mordille la lèvre inférieure tout en l'embrassant. Ses doigts s'invitent dans la tignasse brune de Paul. Arlène respire fort, a du mal à se contrôler. Les lèvres de Paul se dérobent et Arlène laisse un gémissement s'échapper. Pas le temps de demander où est le problème, elle comprend toute seule et regarde le gars à côté d'eux. Un nouveau grognement retentit dans le tunnel et cette fois, Arlène réalise. Elle se colle davantage à Paul. Fais de grands yeux. « Il y a un loup ! Qu'est...ce qu'on fait maintenant ? » Arlène aime ces bêtes mais il a l'air bien agressif. Elle fait un pas en arrière.

Il n'y a plus le temps. Ni pour réfléchir, ni même pour tenter de respirer. Arlène retient son souffle et serre la taille de Paul. Ses mains se dérobe de son corps chaud quand la bête s'agite et saute sur son ami. Sauvagement, elle s'acharne sur la manche de son pull. Arlène laisse échapper sa voix, affolée, apeurée... "PAUL !" Sa voix est un cri, elle s'inquiète pour Paul, autant que pour sa poire. Et l'inconnu, le blond, c'est qui ? Pas le temps de réfléchir qu'elle se met à courir suite au conseil de Paul, ni même incapable de faire autre chose puisqu'elle n'a pas véritablement le choix. La mort aux trousses, la main de Paul qui l'attire au loin. Et dans sa course, tout le temps de se rendre compte que c'est bien long, la sortie et la vie sauve. Pas le temps de perdre l'équilibre, la bête derrière semble en colère. Son grognement résonne de toute part. A croire qu'ils sont encerclés. Arlène a peur mais n'a pas non plus le temps d'y penser. Elle ne lâche pas la main de Paul, s'y accroche avec hargne et cours aussi vite qu'elle peut. Elle le dépasse un peu mais manque de tordre sa cheville avec une pierre, s'arrose les jambes en courant dans une flaque d'eau. Sueur froide, elle se dépêche.