Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes.
Sujet: Le murmure des maux - Cordélia. Jeu 26 Déc - 17:47
LE MURMURE DES MAUX
Capter un instant, un moment. Un rire qui deviendra éternel dans une simple photographie. Une larme, un brin de mélancolie dans un regard. Assise en tailleur sur mon lit j'observe le trop plein de photographies présentes, se chevauchant. J'entends la mer, les rires, le vent, parfois les cris au travers de leur peau glacée, parfois un peu jaunie avec l'âge. Aujourd'hui je n'ai pas cours, mais Edwin si. Alors aujourd'hui est un jour sans ma lumière. Je me cache dans son ombre sans l'avoir. Personne ne sera à la maison avant la fin de journée et seul le bruit du bois qui se craquelle accompagne mon souffle. Il y a aussi les tic-tacs des horloges et le vent qui vit, là dehors. Doucement je me relève, et m'approche de ma fenêtre.
Le temps semble assez doux, derrière le fin rideau maladroitement relevé, j'entre-ouvre ma fenêtre pour évaluer la température. Le temps est un peu frais, mais avant tout humide. Souriant à voir le bord de mer assez dégagé, sans une masse de monde insupportable je me décide à y aller. Attrapant le bonnet chipé à mon frère, un peu trop grand pour ma tête mais trop peu rassurant pour mon cœur, je l'enfile devant le miroir sali des traces de doigts de nos cadets, dans un sourire tendre et sincère. Ma famille a peut-être une mauvaise réputation mais elle a rendu mon monde beau. Une veste passée et des docs martens aux pieds je dévale l'escalier pour passer la porte d'entrée, appareil argentique et numérique en main, clef cliquetant dans la serrure avant de faire face au monde. Un instant, ou peut-être bien deux, je reste là, contemplant les falaises et leur blancheur à la fois intrigante et rassurante. D'un bruit passant inaperçu au travers des bourrasques je prends un cliché. Des feuilles volantes étaient venues ici, pour danser près de moi, d'un spectacle unique et éphémère désormais capté à tout jamais.
Doucement, je me demande où aller. La plage n'est pourtant pas vraiment peuplée, mais la mer m'appelle. Les vagues contre mes pieds, le sable trop peu frôlé pour s'être adouci. Et finalement c'est dans cette dernière option que je me terre. C'est assez courant comme choix, finalement. Celui de la solitude et de l'isolement. Peut-être est-ce parce qu'il y a moins de gens mais qu'ils sont plus beaux ? Plus profonds, plus purs, ou peut-être plus durs. Ils ont tout du moins quelque chose de fascinant que les petites gens n'ont pas. J'aime me rendre là bas, écouter la mer me parler. Raconter le long des falaises sa douleur, sa douceur. Je mets un peu de temps à m'y rendre, tout en bas, sur le chemin qui laisse mes mains blanchies, ma veste un peu salie. Un cliché en passant, et le vent amène le rire perdu d'un enfant. Je souris en avançant. Arrivée en bas, le long des rochers, les gouttes perdues tentant de s'échapper d'une mer trop dense sur mon visage frais j'observe. A première vue, personne. Je m'assoie, face à la mer. Je l'observe, hurlante, et je l'admire. Je l'enchaîne dans mes souvenirs avec le souffle du vent qui me murmure à l'oreille que je n'ai qu'à faire un pas pour plonger dedans.
Pourtant, même si l'idée m'a traversée l'esprit au rythme des vagues jamais elle ne s'est installée. Elle est absurde, cette idée. Pourquoi me perdre dans les profondeurs noires alors qu'ici, le blanc des falaises donnant sur la mer me donne une illusion idyllique d'un monde plein de lumière et de douceur ? Me relevant et tapotant mes vêtements pour n'emporter que le minimum de calcaire possible les paumes de mes mains s'en sont adoucies. Désormais lissées, comme polies, elle arborent une blancheur qui approche de celle des falaises. De mon vernis noir devenus gris je prends un cliché, avec une ou deux gouttes en prime. Concentrée sur mes pas afin de ne pas glisser je relève pourtant la tête. Un bruit au loin, léger, qui serait sûrement passé inaperçu sans notre ami le vent. Un femme, belle et grande. Brune, les cheveux dansants dans ce dernier. Elle est face à la mer, belle, ne laissant qu'un bout de son œil se montrer. Un cliché, et je m'en vais. Je n'ai pas l'habitude d'aborder les gens, d'aller les voir et leur demander ce qu'ils peuvent bien avoir sur la conscience pour afficher des traits si meurtris. Peut-être est-ce juste le sel de la mer après tout. Je ne le saurais jamais. Mais pourtant.
Pourtant, cette fois-ci j'ai envie. Derrière cette chevelure ébène se cache une personne que j'ai envie de connaître. Est-ce de la simple curiosité ou bien comme un de ses liens, qu'on ne comprend parfois pas mais qui nous guide sans vraiment nous laisser le choix ? Sans plus de question je m'aventure prudemment près d'elle, alors que je descends de mon rocher afin de poser mes pieds sur le sable blanc, non loin d'elle, je lui souris. Aussi discrète puis-je être, il n'empêche que lorsque nous ne sommes que deux à visiter cet endroit, il est difficile d'arriver à pas de loup. Tendrement je lui souris, frottant mes mains une fois un certain équilibre acquis. « Salut », lançais-je simplement avant de tourner mon regard face à la mer, puis à nouveau face à elle et son visage désormais assez découvert, malgré quelques mèches rebelles qui s'accrochent à lui. « Tu viens souvent ici ? » Me rendant compte de l'indiscrétion de ma question j'ajoute, sans tarder « Oh excuse-moi. Je ne veux pas être indiscrète, peut-être n'as-tu pas envie de parler. Si c'est le cas, je me tairais. » Lui souriant gentiment, sincèrement, j'ajoute, comme pour espérer qu'elle veuille bien entamer la conversation. « Je vais rester un peu là, si ça ne te dérange pas. La mer est belle aujourd'hui, elle a un discours qui m'enivre. » Sans un mot de plus, j'enlève le cache de mon objectif et prend un nouveau cliché, d'un bateau au loin perdu dans une vague tout en étant perdue dans mes pensées.
Dis-moi, petit ange perdu, peau pâle et chevelure trop sombre pour tes traits fins, que caches-tu derrière un si doux visage ? Quel secret as-tu, dans cette falaise qui renferme trop de maux ?
Cordélia N. Hawkins
to become spring, means accepting the risk of winter. to become presence, means accepting the risk of absence.
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Feuille de personnage ♒ âge: dix-neuf ans ♒ profession : étudiante à temps partiel, l'appel des vagues, du vent est trop forte pour perdre son temps entre quatre murs. ♒ le choix du coeur: appartient à la mer, aux vagues vous berçant de ses bras humide, aux chants doucereux des coquillages
Sujet: Re: Le murmure des maux - Cordélia. Jeu 26 Déc - 20:42
LE MURMURE DES MAUX
Les vagues engloutissent mes pieds engourdis par la froide humidité de celles-ci, douce caresse apaisante, offrande de la mer. Des algues vertes s'accrochent à la peau pâle de mes pieds alors que mon regard se porte à l'horizon. Des heures ont passées depuis mon arrivée, le soleil s'est incliné, les nuages ont défilés sans que je ne bouge de ma première position, hypnotisée par le bruit de la vague, du vent et du clapotis de l'eau sur mes pieds nus. Autours de moi, personne. Seule une silhouette se détache du paysage, la mienne. Frêle et douce jeune fille aux cheveux d'ébène emportés dans le vent de cette journée au doux tempérament. Quelques heures plus tôt, alors que le chant des oiseaux se faisaient entendre, bientôt remplacés par le bruit lointain des vagues déferlantes tentatrices, mes yeux s'ouvraient sur une nouvelle journée. Les cours m'attendaient, je le savais, mais je n'avais que faire de ces obstacles entre moi et la mer qui m'appelais, qui me chantais de la rejoindre. Mes pieds se posèrent contre le sol froid, alors que mon regard se portais sur la fenêtre donnant sur la mer, un sourire. Je n'avais besoin que de cela, que de la mer, et tout ces beaux paysages pour sourire. Pas de temps à perdre, les morceaux de tissus me recouvrant tombèrent avec légèreté sur le sol pour laisser une robe simple et pâle les remplacer. Mes pieds restés nus m'avaient alors portée instinctivement à l'emplacement où ils appartenaient. Un sentiment de liberté, de joie et d'apaisement prirent possession de mon corps dès que ma peau ait frôlée l'eau salée. Depuis, je suis là, l'air paisible, profitant de tout ce que cette journée me donne. Le temps m'échappe, mais ce n'est pas ce qui m'empêcherais de rester. Mes pensées s'envolent avec le vent vers ma défunte mère, noyée ici même. Peut-être est-ce pour cela que je laisse mes pas me menée ici chaque jours depuis des années. Beaucoup ont demandé, aucun n'as jamais su. Folle, c'est ce qu'ils croient tous de moi. Je ne suis pas folle, je rêve, je fais partie d'un autre monde qui n'est pas le leur, je suis faite de la même matière que les rêves, voilà tout.
J'avance doucement de quelque pas dans ce vaste étendu d'eau salée, engouffrant mes pieds un peu plus profondément sous les vagues à chaque pas. Ô douce et éphémère délivrance. J'oublie se qui m'entoure, me laisse bercée au rythme de ces vagues glacées qui me murmurent à l'oreille de rester encore. C'est les yeux fermés que je laisse ma robe se faire mouillée par l'eau. Je devrais avoir froid, mais la peau recouvrant se corps frêle et délicat à déjà subit bien des intempéries, et le froid ne lui fait plus rien, ce n'est devenue qu'une douce caresse de plus dont je me délecte. Bientôt, des pas viennent se glisser dans le bruit des vagues. Mes yeux s'ouvrent à nouveau, la caresse de la lumière du jour dans ceux-ci les aveugles un moment alors que mon corps se retourne pour regarder cette silhouette au loin qui s'approche. Est-ce une autre illusion de l'esprit, ou est-ce bien là?
Maintenant que la silhouette est devant moi, je sais. Un sourire s'installe sur ses lèvres, je ne reconnais pas cette personne. Je n'ai jamais vraiment prêtée attention à autre chose que ces vagues qui murmurent à mon oreille. Le coin de mes lèvres s'étirent pour former un sourire délicat et chaleureux, il est rare qu'une personne de cet endroit vienne vers moi, après tout, ne suis-je pas folle? « Salut. » Ce n'est pas une insulte, ni un de ces mots évoquant les cauchemars. Mon sourire s'étire jusqu'à laissé quelques dents blanches faire leur apparition alors que j'écoute cette douce voix venue me parler. Me dérangée. Je regarde la mer au loin qui semble déçu de mon détournement. Devrais-je restée là, sans bouger où parler à cette charmante jeune femme venue à moi?
Je me détourne de la mer, lentement, pour faire face à cette mystérieuse inconnue. Je la regarde un instant prendre un cliché rapide de cette branche perdue dans les vagues, capturant ce moment sur la pellicule colorée de l'appareil métallique de sa nouvelle compagne. Un léger rire quitte ma gorge pour s'évanouir dans l'air. « Tu ne me dérange pas, et je viens ici chaque jours et chaque nuits. Elle m'enivre aussi, cette mer. » L'euphorie as pris possession de ma voix, laissant ce sens caché flotté dans l'air autours de nous.
Eleonore Earl
WONDERLAND
Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes.
Sujet: Re: Le murmure des maux - Cordélia. Mar 14 Jan - 15:17
LE MURMURE DES MAUX
Elle rit. D'un rire doux, que les falaises emportent. Je souris, attendrie. Le monde est aussi dur qu'il est beau. Le monde est aussi cru qu'il est faux. Sa voix s'élève doucement, accompagnée par les mélodies naturelles du vent et de la mer. Nos cheveux ne nous obéissent pas et dansent nonchalamment. J'aimerais la prendre en photo, mais n'est-il pas trop tôt ? Je n'ose pas demander et alors que je l'écoute, poétique à la vue de cette mer je me demande simplement. Un court instant, très bref, le temps d'un souffle, d'un clignement de paupière. Le temps de cet instant je me demande si la mer n'est pas une drogue. Elle a ce je-ne-sais-quoi qui fait qu'on s'oublie. Ceux qui n'ont pas les mots les trouvent, ceux qui ont des maux les perdent. La mer est comme une mère, la notre à tous. Elle nous laisse croire qu'un instant tout s'est envolé. Elle nous berce avec ses légères gouttes qui viennent s'échouer sur nos joues empourprées.
La mer est belle, elle est douce, de ses vagues elle nous dit qu'elle nous aime. Je laisse un vide, un instant, un long moment, avant de répondre à la douce inconnue à qui je tiens compagnie. Ce vide n'est pas un de ceux qui vous met mal à l'aise, non, il est de ceux qui apaisent. De ceux qui fixent l'instant dans l'éternité des falaises. Avant de sourire à nouveau, ne détournant pas mon visage de la mer, remettant simplement quelques mèches de cheveux trop volantes à leur place j'ajoute, d'une voix claire, douce et légèrement enjouée. « Peut-être qu'elle a le pouvoir d'enivrer quiconque la regarde et prend le temps de l'écouter. » avant d'enfin tourner mon visage vers le sien, une vague vient s'échouer près de nous, laissant dans un bruit sourd les tracas de la mer. « Je ne t'ai pourtant jamais vue ici, et je viens assez régulièrement. » jouant avec le cache de mon appareil photo, je continue. « Peut-être que lorsque l'on veut vraiment être seul on arrive à ne plus voir personne. » Je ne cache pas mon sourire, toujours tendre, avant de me relever.
M'essuyant, histoire de ne pas garder trop de mer sur moi, je la fixe toujours en douceur avant d'enfin oser lui demander. « Est-ce que cela te dérange si je prends quelques clichés de toi ? » voulant tout de suite poser un cadre, la rassurer en quelque sorte, histoire de lui expliquer que je ne les dévoilerai pas dans un blog ou un quelconque magasine, j'ajoute sans lui laisser le temps de répondre. « Ne t'en fais pas. Ils ne sont que pour moi. Tu vois, j'aime capturer les instants, les moments aussi doux et aussi purs que celui-ci. Cependant, si tu ne veux pas je peux comprendre, et si tu veux je pourrais très bien te donner les clichés. »
Je me retourne, un court instant. Un bruit à capter mon attention, une branche qui était venue s'éclater là, contre la falaise. Vite, capturer un instant. Capturer la petite mort d'un bout de bois. Un clic. Et je reprends place dans la réalité, face à l'inconnue que j'ai questionnée. Me rendant compte que je n'ai pas la moindre idée de si elle m'a répondue ou non, je m'empresse d'ajouter, maladroitement, tanguant au gré du vent, avec un équilibre un peu douteux, une main tendue en guise de repère. « Je suis désolée, je suis facilement distraite. Tu disais ? » Ne voulant pas risquer de me perdre à nouveau à l'appel d'une falaise, d'une vague ou d'un rondin je plonge mon regard clair dans le sien. Et c'est à ce moment précis que je réalise une chose, insignifiante mais pourtant assez utile. Mise à part son regard perdu, son rire disparu et sa chevelure ébène je ne connais rien de mon inconnue. Pas même son nom, et il est souvent utile, de savoir un nom. Alors d'un sourire enfantin, je lui lance, enfin. « Je m'appelle Eleonore, d'ailleurs, il ne me semble pas te l'avoir encore dit. »
Et la regardant j'essaie de deviner ses maux, son histoire. A travers son regard ou le moindre signe de son visage. Mais doucement, discrètement, comme une caresse du vent. Comme une relation qui commence par un hasard, comme une falaise qui lie deux âmes sans crier gare. On est comme une feuille soufflée par le vent, tombée l'une sur l'autre le temps qu'il reprenne son souffle. Peut-être n'est-ce pas qu'un hasard, un destin nous liera-t-il ? Peut-être n'est qu'un doux moment, seul l'avenir peut nous le dire.