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 racontes moi des mots. (cordélia)

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Axsel Loïyc
Axsel Loïyc

au siècle des Lumières, les poètes écrivaient des vers luisants.
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Feuille de personnage
♒ âge: vingt-deux.
♒ profession : repêcheur d'animaux morts.
♒ le choix du coeur: libre et brisé.


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MessageSujet: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 0:31



l'océan est vaste.

Je suis là, près de l’eau, peinturant le sable, perché sur les vagues. Je suis là, seul, transmettant le noir de vague en vague. Mes yeux, d’un brun sale presque noir reflètent le soleil, le ciel. J’ai l’allure d’un squelette égaré, malmené, torturé mais je m’en fous. J’en ai rien à faire, quoi. Personne me voit de toute façon. Ça a toujours été comme ça. Invisible, comme si j’existai pas. C’est mieux ainsi, comme ça, ils ont pas peur les gens.  Non, ils ont pas peur de moi. Avec ma silhouette d’allumette, je craque, j’suis fragile. Y’a que ceux qui sont pas net, différents qui me voient. Seulement ceux qui brillent à la lune, ceux qui cueillent les larmes de l’âme. Y’en a pas tant que ça, des gens comme ça. C’est crade, morbide tout ça. C’est pas bien. Parce qu’ici, sur la Terre, on l’accepte pas la putain de différence dans la société. Non, on la voit mal. Comme si j’allais tuer tout ce qui bouge, comme si j’allais envoyer chier le monde entier. Et bien non. J’suis pas si con moi. Pas aussi direct. J’aime y aller lentement, vor souffrir les gens. Ça fait mal je sais mais c’est pas de ma faute si j’aime pas trop la vie.
Je suis là, étant Axsel, pour toujours, à jamais. Nu pieds sur le sable chaud, yeux tournés vers l’immense eau. Les vagues s’écrasent puis s’évaporent sur le rivage, la lumière, filtrée par les nuages et les oiseaux. Le son du vent, dans les feuilles, dans mes cheveux, contre la falaise. C’est poétique tout ça. Beau, magique. Et puis y’a moi gâche tout, qui sali cette pureté. Vous voyez, là-bas, au loin, sur la plage. La tache noire, près des falaises. C’est moi, moi. Axsel, la saleté qui s’est enfuit des rochers, des nuages.  Voilà. C’est moi, ça.
J’avance au travers de la brise. Scrutant l’horizon, tachant les environs. Et puis plus loin, les pieds dans l’eau, elle est là, douce, flottant entre le vent. Comme une jolie fleur rouge. Les rayons du soleil traversant ses cheveux, emportés vers le bleu. Cordélia. Douce fraîcheur d’été. On s’est rejoint ce soir pour qu’elle me raconte une histoire. Son histoire. Je serai sien, elle pourra tout faire de moi. Je verrai peut-être la joie, blottie au fond de mon cœur. Avec un peu de chance, je l’éveillerai, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Je m’approche de son ombre essayant d’être discret. Je ne voudrais pas la déranger, la fille sucrée. Alors je m’assois, derrière elle, sans faire de bruit. Et j’attends, j’entends Cordélia.  


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Cordélia N. Hawkins
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to become spring, means accepting the risk of winter. to become presence, means accepting the risk of absence.
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♒ âge: dix-neuf ans
♒ profession : étudiante à temps partiel, l'appel des vagues, du vent est trop forte pour perdre son temps entre quatre murs.
♒ le choix du coeur: appartient à la mer, aux vagues vous berçant de ses bras humide, aux chants doucereux des coquillages


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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 15:14



RACONTES MOI DES MOTS

Je suis là, fragile et vulnérable tel ce petit coquillage gisant devant mes pieds nus engouffrés dans les vagues caressantes où les algues vertes viennent se perdre sur ma peau laiteuse. Un vent doucereux caresse ma peau, fait voler ma robe blanche autours de mon corps frêle, laisse mes cheveux s’emmêler dans ses bras apaisant. J'ai les pensées à la dérive, sous ce soleil chaud. Elles voguent entre les vagues, entre les rayons du soleils pour se perdre dans la brume qui parsème ma tête lourde d'appréhension. Mon histoire. Je suis venue la lui raconter, à cet être sombre qui m'as raconter la sienne, dans ce château qui donne des frissons, qui fais peur. Je n'ose pas bouger de mon petit coin de sable chaud, je n'ose pas retirer mes pieds de l'eau caressante, déranger ces algues qui ont trouvée refuge sur ma peau. Alors je l'attends, lui, l'être sombre, le regard d'eau salée perdu dans l'immensité. Je n'ai pas l'habitude, d'attendre quelqu'un, de parler. Les mots sortent en travers de ma gorge, chevrotent sous l'émotion, se brisent dans un souffle tel la vague contre la falaise. Il sera cette falaise, aujourd'hui et je serai la vague, celle qui se brise, qui s'écrase contre la falaise, contre lui, seul témoin de cette histoire jamais racontée, jamais griffonnée sur ces bouts de papiers qui n'attendent que ça. Ce n'est pas une histoire joyeuse, elle est triste, mon histoire, triste à en faire pleurer le ciel. Des pas, mouvements sombres près de la rive me tirent de mes pensées vagabondes, m'arrachent aux vagues doucereuse. Je le sais, je le sens, il est là, installé patiemment derrière moi, sans bruit. « Axsel. » Un sourire doucereux égaille ce visage de porcelaine qu'est le mien. Je me détourne de ce paysage qui s'offre à moi sans retenu, je pose mon regard d'eau de mer sur sa personne, tout vêtu de noir, les yeux moins sombre, moins triste. Mes pas me rapportent une fois encore à sa personne, me font asseoir près de lui, sur ce sable humidifié par les vagues qui lèchent la rive, qui l'embrasse.
J'ai l'air bien fragile, là, près de la mer, sur le point de tout dire, de tout raconter. J'ai l'air fragile tout le temps, c'est pour ça que l'on me regarde en chuchotant des insultes tout bas, que j'entends bien malgré moi. Elle est folle, qu'ils disent. Ô si seulement ils savaient, s'ils savaient tous à quel point ce sont eux, les fous. Eux qui ne voient pas, qui n'entendent pas, qui ne ressentent pas, eux qui n'ont rien. Mon regard bleuté se porte sur lui, qui attends dans le silence que ma voix brise le bruit des vagues, du vent qui souffle dans nos cheveux. Alors je prends une inspiration, calme, lente. Je laisse l'air marin emplir mes poumons, le repoussant par la suite. « Elle n'est pas joyeuse, elle n'est pas belle, mon histoire, tu sais. » Ces mots ont quittés mes lèvres sucrées sans que je  le sente, sans que je le veuille, doux mais ô combien brisés. Peut-être ne veut-il plus l'entendre, cette histoire qui m'as rendue ainsi, folle, comme ils disent. Mes yeux se posent sur lui, regard innocent, tel celui d'une enfant. Mon regard croise le sien, sombre, le dissèque pour trouver un quelconque sentiment, un fragment auquel m'agripper pour ne pas tomber, pour ne pas sombrer.
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Axsel Loïyc
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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 19:36



l'océan est vaste.

Assis, les jambes repliées sur mon torse. Je filtre le sable entre mes doigts. J’observe, l’eau noyée par les poissons, le coquillage parti à la dérive. Là, devant Cordélia. Debout, se faisant bercer par la mer. Le vent s’agrippe, s’accroche à mes vêtements. Comme s’il essayait de chasser le noir, de les rendre plus pâles. Mais ce n’est qu’un élément, il ne peut me détruire. De mes mains je l’éloigne, sans déranger la sirène sucrée. La brise, elle arrête de me préoccuper. C’est elle, Cordélia, qui attire mes pupilles crades. Je l’imagine, flottant comme le vent, dans le ciel, avec les corbeaux. Elle serait belle, là-haut, la jolie rose dorée. Moi je resterai là, attendant son retour, parmi les cailloux, les perles de brume. Mais ici, on n’est pas dans un conte de fée – enfin je pense. Car je suis là, et les histoires comme ça elles sont joyeuses, belles et blanches. Moi je le suis pas, blanc. Non, j’ai pas cet attrait. Que peu de gens ont. C’est qu’un détail en fait. On n’a pas besoin d’être… Gai pour pouvoir être heureux. Moi, je le suis pas, gai. Je suis noir. Et je suis heureux, moi. Ça se tient pas ce que je dis. Tout mon corps se tient pas.
Et puis je la scrute, Cordélia. Elle m’épie, même si elle me voit pas. La fille sucrée sait que je suis là, en arrière d’elle, jouant avec le ciel. Alors, doucement, tout doucement, elle me dit bonjour, à sa manière, à notre façon. Comme on a l’habitude de faire. « Axsel. » Petite pause, histoire d’apprécier le son de ses cheveux, l’étendue infinie. « Cordélia. » Ma réplique traditionnelle, on s’y est habitués. Même si ça ne fait que deux trois temps que nous nous savons. Elle se retourne, quittant ce paysage, elle se retourne, découvrant un désastre pur. Moi, la crasse des nuages. Alors pendant quelques instants, on se regarde, on se découvre, se regarde, se découvre. Je glisse sur ses yeux bruns-verts, elle faisant de même. C’est beau, cet instant. Il est beau ce moment. Et elle vient, près de moi. Je ne prends pas la peine de savoir si c’est à ma gauche, ou à ma droite. Je veux pas, le savoir. Le deviner, je le veux pas non plus. Apprécier. C’est ce que je souhaite en ce moment. Alors elle s’installe, juste là, ici. Voilà. Sur le sable, le lit des vagues. On fait juste attendre. On attend que le temps passe, que le soleil se couche sur les rochers, au loin, à l’horizon. Puis c’est calme. J’aime ça. C’est étrange, normalement j’aime pas quand c’est comme ça. Mais je l’avoue. C’est beau. Je le pense, je le dis, mais c’est inaudible donc j’ai pas de réponse. Et j’en demande pas. Et puis je sens qu’elle me regarde, je me tourne. Une nouvelle fois. Je la laisse commencer. Elle peut parler, dire ce qu’elle veut. Elle le fait. « Elle n'est pas joyeuse, elle n'est pas belle, mon histoire, tu sais. » Je sais pas quoi souffler. C’est différent, différent de moi. Oui, la mienne est triste, aussi. Mais triste, je le suis. Elle, elle ne l’est pas. Alors je fais comme si de rien. J’efface ses mots, les enterrent pour laisser place à des nouveaux. « La mienne non plus, elle ne l’est pas. Tu le sais, je le sais. Alors vas-y. Lance toi, laisse défiler  les lettres. » C’est pas beau, c’est dégueulasse comme phrase. Comme moi. Il ne me reste plus rien à faire désormais. J’ai juste besoin de prendre mon temps. J’attends.


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Dernière édition par Axsel Loïyc le Ven 10 Jan - 21:13, édité 1 fois
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Cordélia N. Hawkins
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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 20:56



RACONTES MOI DES MOTS

Il est là, tout près. Juste là à mes côtés, ô douce présence près de moi, si sombre et pourtant doucereuse, apaisante. Il est comme ces vagues, des vagues d'une marée noire, qui m'emporte au loin, qui m'avale et qui me recrache dans une douce litanie, jusqu'à ce que mes poumons s'emplissent de cette eau sombre, jusqu'à ce que nous ne fassions qu'un. Je le regarde, lui, l'être sombre, je m'amuse à le redécouvrir, à le décortiqué. C'est la première fois que ce petit coin de sable humide est découvert par un autre que moi, la première fois qu'un être autre que mes fantômes m'y accompagne. C'est beau, c'est différent. Là-bas, dans le lointain, le soleil se cache, nous laisse avec ses rayons éparses qui nous caresse le visage. Les yeux d'Axsel, sont plus clair, plus doux, avec ce soleil orangé qui les transpercent, qui les illumine. Mes doigts s'attardent sur le sable, le caresse dans une tentative de courage. Les mots glissent, s'échappent de mes lèvres sans pouvoir les retenir, les ravaler. Il est déçu, cet être sombre assis près de moi, il ne comprends pas, non. Comment le pourrait-il? Je ne suis pas triste, je ne suis pas une âme sombre, glacée. Je suis heureuse, les yeux emplis d'étoiles à chaque moment, l'air rêveur. Je suis douce, fragile, lui, l'est aussi, à sa façon. Alors je me lance, je laisse les mots sortir doucement de ma bouche, franchir le seuil de mes lèvres doucereuses, laissant mon regard salé se poser sur la mer, sur le spectacle des rayons de soleil disparaissant peu à peu derrière ces grands rochers.
« C'est ici, sur ce bout de plage que c'est arrivé, qu'elle s'est fait engloutir par les vagues qui l'appelaient. Ça me ressemble, tout ça, les vagues qui appellent. Je m'en rends compte maintenant, mais ce n'est pas ces vagues qui m'appellent, c'est elle, elle du fond de la mer. » Je fais une pause, peut-être pour moi-même, pour laisser un peu d'air marin infiltrer mes poumons, ou alors pour le laisser tout assimiler, le laisser comprendre, deviner. « Je viens ici chaque jours, chaque nuits et j'attends, je regarde la mer, j'y plonge aussi, m'y noie. Je la laisse m'entraîner avec elle dans une douce caresse. Je viens ici pour la vague, l'écume, le vent, le bout de ciel bleu, mais surtout pour elle, elle qui s'est noyée. » Je ne le dis pas, je me refuse à le dire. Je refuse de laisser ces mots destructeur franchir mes lèvres, je ne veux pas dire que ce elle, c'est ma maman. Je tourne la tête pour plonger dans ses yeux à lui, dans ses yeux sombres qui me donnent du courage, un peu d'étincelle, juste assez pour continuer cette triste histoire. « Elle est là, quelque part, flottant dans la mer. Elle y est depuis longtemps, depuis mes huit ans, ma maman. » Je l'ai dis, bien malgré moi. Et mes yeux, mes yeux se remplissent d'une eau salée, d'une eau salée que je ne veux pas voir coulée, mais qui glisse lentement sur mes joues pâles. Mes doigts se mêlent au sable, s'y accroche. Je suis bien vulnérable, bien faible, moi qui ne voit jamais la tristesse, moi qui la ressent sans pourtant la voir, sans la laisser approcher, n'y voyant que du beau, que de couleur. Elle est là, maintenant, cette douleur qui ne m'assaille que lors de mes cauchemars enfantins. Je les lui livres, à Axsel, mes craintes, ma tristesse, ma douleur, je les lui montre, sans retenue, dans un espoir de délivrance.
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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 22:01



l'océan est vaste.

Le soleil il s’est rendu, bas, au loin le long des vagues. Il est en train de disparaitre, de mourir. Il meurt l’astre du jour. Alors je le contemple, j’en profite tant qu’il est là, flamboyant de vie. Dans quelques temps, il s’effacera. Le soleil, brûlant de chaleur. C’est magnifique, le reflet sur l’eau, c’est magique. C’est bien ce que j’ai dit, moi. Avant même que l’histoire ne commence, je suis vivant. Pour une fois, j’aime le monde. Sachant qu’après le conte je redeviendrai sombre, je tends mes pieds dans le sable vers le rivage, noyé. J’immerge doucement mes orteils dans l’eau, fraîche, caressant mon corps. Je m’étale sur le lit de l’eau, décryptant le ciel. Il fait encore jour, c’est la fin de l’après-midi. On perçoit le faible changement dans les cieux, la couleur, plus foncée, plus meurtrie. Il va falloir se dépêcher, Cordélia, j’ai envie de dire. Mais je ne presse pas les choses, je les laisse passer, loin, loin sur la mer. Le contour des étoiles se fait de plus en plus net. Comme des milliers de rêves, grandissant au creux des galaxies. Infinies, ces mares d’étoiles. J’aimerais bien, un de ces cinq, attraper une poussière d’étoile, la donner à Cordélia. Elle pourrait l’enfermer, pour s’assurer de ne pas l’oublier, là, sur le bord de l’eau. Mais tout ça, c’est impossible voyons. La fille sucrée, elle ne m’a pas transformé. Enfin, pas à ce point.
Je patiente toujours, j’attends le début de l’histoire. Mais Cordélia, elle ne bouge pas. Pas un geste, aucun soupir. Oh. Ça y est. Elle commence son récit, sa vie. « C'est ici, sur ce bout de plage que c'est arrivé, qu'elle s'est fait engloutir par les vagues qui l'appelaient. Ça me ressemble, tout ça, les vagues qui appellent. Je m'en rends compte maintenant, mais ce n'est pas ces vagues qui m'appellent, c'est elle, elle du fond de la mer. » Premières phrases, premiers vers. Aussi compliqués les uns que les autres. J’essaye de déchiffrer son langage, de découvrir qui est cette elle, sur les fonds marins. Alors je la laisse continuer, pour mieux comprendre cette folie, cette poésie. « Je viens ici chaque jours, chaque nuits et j'attends, je regarde la mer, j'y plonge aussi, m'y noie. Je la laisse m'entraîner avec elle dans une douce caresse. Je viens ici pour la vague, l'écume, le vent, le bout de ciel bleu, mais surtout pour elle, elle qui s'est noyée. » Est-ce une charade, une énigme ? Est-ce une vérité, une invention ? Cordélia, elle dit qu’elle se noie, chaque jour. Pourtant, elle est ici, près de mon être. C’est ça, c’est poétique. Faut interpréter, et il ne faut pas. C’est compliqué tout ça, moi je comprends. Je sais, ce qu’elle dit. Mais cette elle, qui reste un mystère. Pour l’instant. Elle se tourne vers moi, observant mes yeux sales. Elle n’arrête pas, la fille sucrée, de placer deux trois mots. « Elle est là, quelque part, flottant dans la mer. Elle y est depuis longtemps, depuis mes huit ans, ma maman. » Maintenant je comprends, pourquoi elle disait que c’était triste son histoire. Je compatis, tant bien que mal, malgré mon air sinistre, lugubre. Il est presque partit, le soleil maintenant. Et elle coule, Cordélia. Elle se noie, encore une fois. Je la regarde, ne sachant pas trop quoi faire. Alors je me rapproche d’elle, doucement, regardant ses doigts se mêler au sable. Comme si elle allait s’envoler, la fille sucrée. Comme si elle ne voulait pas bouger, la rose de printemps. Je passe mon bras froid par-dessus ses épaules, sans trop la déranger. Je sais qu’elle va sûrement greloter, mais je ne peux pas la laisser là, seule, avec les vagues. « Elle est là, quelque part, nous observant. Elle est fière de toi, ta maman. J’en suis certain, moi. » Ce n’est pas la plus belle des choses. Mais ce n’est pas ça le plus important. C’est le fait que ça venait de toi, de ton cœur. Tu peux le sentir, en train de rougir. Une partie du noir s’évade, laissant la place à la couleur. Il commence être beau ton cœur. Ton corps. Tu changes, Axsel.

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Cordélia N. Hawkins
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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeVen 10 Jan - 23:24



RACONTES MOI DES MOTS

Les mots se sont échappés de mon être sans que je ne puisse les retenir. Les fragments de mon histoire cachée se sont envolés dans le vent marin, ô volatile parcelle de mon âme. C'est douloureux, c'est triste, comme histoire. Axsel, je le voyais bien, pendant mon récit déconcertant, il ne comprenait pas, pas complètement. Je n'ai jamais été douée, pour parler, pour dire les mots. Ils sortent comme ont les écrits sur une feuille froissée destinée à la poésie. La blessure que je croyais disparu dans mon cœur s'est ouverte, peu à peu, au rythme des mots qui sortent de mes lèvres, tremblotante dans le froid qui s'installe. Il sait, désormais, l'être sombre, pourtant plus clair, plus doré à mes yeux d'où des perles d'eau salées tombent, roulent sur mes petites joues froides, rougies par le froid qui tombe doucement. Ces sentiments, étranges, douloureux qui prennent place dans mon cœur, ce n'est pas moi, ce n'est plus moi, plus moi depuis longtemps, depuis la noyade. Mes prunelles larmoyante se perdent dans l'infini de la mer qui s'étale devant nos deux regard, je la cherche, je la sens, sa présence, dans les tréfonds de cette mer d'eau salée qu'elle aimait tant. Les traits de son visage, je les oubliés depuis longtemps, envolés.
Il ne sait plus quoi faire, mon être sombre, ne sait plus quoi dire, mais je ne lui en veux pas. Il est là, près de moi, la sirène perdue que je suis. Son bras, doucement, enlace mon corps fragile, tel une vague qui me berce, doucement. Mes doigts quittent le sable devenu froid, pour s'accrocher à lui, mon ancre dans ces tréfonds sombres où je me noie lentement. « Elle est là, quelque part, nous observant. Elle est fière de toi, ta maman. J'en suis certain, moi » Ces mots, ils sont beaux, ils réconfortent. Et bientôt, ces perles d'eau salées ne coulent plus, s'assèchent doucement alors que ma tête embrumée trouve refuge sur l'épaule du ténébreux. Mes doigts se sont accrochés au siens, de peur de sombrer, à ton tour, dans cette mer qui chante sa litanie doucereuse, tortueuse. Tu respire, doucement, emplis tes poumons de son odeur à lui, mélangé à cet air marin qui m'enivre. Un soupire, doux, lent, silencieux, s'échappe de mes lèvres. Non, non, ce n'est pas de désespoir, pas de tristesse, de soulagement. Ces mots qui plus tôt, ont quittés mes lèvres pour se perdre dans l'air, furent finalement une délivrance, destinée à cet être un peu moins sombre qu'à l'habitude qui me berce dans ses bras caressant. Mes prunelles d'eau salée remontent jusqu'à son regard à lui, se perdent dans celui-ci, jusqu'à ce qu'un sourire, doux, constitué de rêves sucrés, s'étire sur mon visage encore barbouillé de larmes salées, séchée par cet être près de moi. Les mots ne veulent pas franchir mes lèvres, mais j'espère. J'espère qu'il voit cette reconnaissance, dans mon regard perdu dans le sien, sombre et profond où j'imagine quelques étoiles élire domicile. Un jour, je lui montrerai la beauté qui réside en ce monde, ainsi que cette beauté qu'il ne voit pas, qui réside en lui. Oui, un jour, tu lui feras découvrir le beau, le paisible. Je m'en fais la promesse enfantine de lui montrer, de lui apporter chaque once de bonheur qui passe dans mon corps, de lui transmettre. Il est beau, ce moment, triste, mais si beau. Assise là, sur la rive, tout près de lui, l'être sombre. « Ne me laisse pas me noyée, jamais. » Ces mots, je ne les entendus qu'au moment ultime où ils ont franchis mes lèvres traîtresses, laissant toute ma vulnérabilité se montrer à l'être sombre, alors mes yeux se ferment, alors j'attends. Je ne sais pas, ce que j'attends, mais j'attends quand même, je laisse le temps défiler devant nous, peu importe si nous restons là, dans le froid, la nuit durant. Il est là, mon ancre, sombre et doucereux à la fois. C'est tout ce qui importe.  
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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeLun 10 Fév - 22:33



l'océan est vaste.

La lumière nous a quittés, la lune s'est éveillée. Elle est énorme parmi les étoiles. Assise sur les montagnes, elle nous surveille, nous protège de la noirceur. La lune nous empêche de sombrer, de tomber dans la mer, de se noyer, de mourir. Moi j'aimerais bien un jour, me noyer dans l'eau salée. Suffoquer, manquer d'oxygène. C'est sombre, morbide. C'est débile comme idée. Mais ça me plaît, ça m'attire. Mais je ne peut pas y aller maintenant. Oh, non. La fille du vent est attachée à moi. Et elle pleure. Elle pleure, mais ne meurt pas. Je la soutiens, moi, Axsel. Sa tête sur mon épaule, mon bras contre son corps. On est bien. Pour une fois, je suis bien. C'est calme. L'eau est calme. Tout est arrêté.

Le garçon des ténèbres, la fille sucrée, on reste là. On respire, on soupire. On contemple les reflets de la lune sur l'étendue bleue. Le faible mouvement des vagues, la silhouette des montagnes, au loin. Le frémissement des feuilles, le craquement du vent. Les frissons de nos êtres. On est pris. On ne bouge plus, plus rien ne bouge. Du haut des falaises, quelqu'un pourrait nous croire morts. Mais il est tard, personne ne vient la nuit, sur le bord de la mer. Pour pleurer, pour s'échapper. On est étrange, moi et elle. On est différents. Cordélia. Une corde les lia. Un jeu de mot. Je les aime les jeux de mots. Ça change les idées, nous fait voyager. Arrêtons de penser. Faisons juste attendre, le temps, la vie, la mort.

L'eau danse devant nos yeux, berçant les rayons de lune. Elle est un peu plus haut maintenant, dans le ciel. Ce soir, il n'y a pas de nuages. Il y a seulement nous, seuls, guidés par le ciel. Et puis après quelques instants, Cordélia brise ce silence mélancolique. Elle se décide enfin à parler. Je l'écoutes, attentivement, pour mieux l'entendre. « Ne me laisse pas me noyer, jamais. » Je réfléchis un moment à ses mots. Elle veut me faire faire une promesse. Un peu comme un pacte avec le diable. Sauf qu'elle, elle ne l'est pas, le diable. Au contraire. Elle est douce. Gentille. Alors c'est un pacte avec la fille des eaux. Je m'embarque dans une histoire. Moi, et elle. On crée un nouveau livre. Une nouvelle vie. Je l'accepte, ce pacte. « Océan, mer, rivière, rien ne pourra t'emporter. Rien, seulement moi. »

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♒ profession : étudiante à temps partiel, l'appel des vagues, du vent est trop forte pour perdre son temps entre quatre murs.
♒ le choix du coeur: appartient à la mer, aux vagues vous berçant de ses bras humide, aux chants doucereux des coquillages


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MessageSujet: Re: racontes moi des mots. (cordélia)   racontes moi des mots. (cordélia) Icon_minitimeJeu 13 Fév - 22:50



RACONTES MOI DES MOTS

La lune, elle est là, haute dans ce ciel noir éclairé de milles et une étoiles. Elle éclaire nos deux êtres si différents, si semblables à la fois, l'être sombre et la fille de l'air. J'aimerais bien, un jour, la rejoindre, cette lune. Couvrir de mon voile de lumière paisible deux êtres égarés, briller sur la mer calme, me faire bercer par le son doucereux des vagues qui caressent la rive. Mais je n'irai pas maintenant, pas tout de suite, non. Parce qu'il est là, mon être sombre, c'est lui qui me protège, qui me couvre de son voile ténébreux. Mes larmes, elles cessent leurs descentes, lentement, laissent l'air frais balayer leur triste présence. Le temps semble s'arrêter, doucement, bercé par le bruit des vagues. Je me laisse emporté, par ce vent marin, par le temps qui s'enfuit dans l'éternel.

Les vagues nous parles, nous chantent des litanies doucereuses. C'est paisible, c'est éternel, ce moment. Mes doigts, frêles, fragiles, s'accrochent aux siens, au garçon de la nuit, des étoiles et de l'infini. Je m'y accroche, à défaut de m'accrocher à la mer qui semble me fuir cette nuit. Mais je l'oublie, un instant, cette étendue d'eau salée qui m'appelle, qui me supplie de m'abandonner en ces bras tortueux. Je l'oublie pour m'abandonner dans sa noirceur, dans son parfum qui emplit mes poumons. Alors je les laisse se fermer, mes paupière, pour me laisser envahir par sa présence, ô douce présence tortueuse et pourtant si doucereuse. Nos chemins, ils se sont croisés une nuit étoilée pour ne plus se séparer. Ô douce promesse d'un avenir incertain, sombre et clair. Moi, la jeune fille des eaux et lui, l'être de la nuit, liés ensemble par les étoiles, par l’immensité d'un ciel trop vaste, trop profond pour nos deux âmes perdues. Peut-être y trouverons nous notre place, par une nuit comme celle-ci, peut-être seront-nous avalés par le firmaments.

Mes prunelles d'eau salées s'ouvrent sur la mer. Elle danse devant nous, chante sa litanie. J'attends. J'attends le son mélodieux de la voix du fils de la nuit, des mots qui tardent à s'échapper de ses lèvres. « Océan, mer, rivière, rien ne pourra t'emporter. Rien, seulement moi. » Un sourire, doux, paisible, éclaire mon visage de porcelaine faiblement éclairé par cette lune qui brille, haut dans le ciel. Ô douces promesses, je me laisse emportée par cette nouvelle histoire, je me noie dans ses bras, dans ses espoirs. « Alors emporte-moi, toi, l'être sombre. Laisse-moi être ta lumière, alors que tu seras ma nuit. »
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