Il est un peu dénudé, le sapin. On voit le brun, l'orange qui orne un peu ses épines, pour montrer la fatigue qu'il aborde. Hanna, elle ne peut s'empêcher de les caresser du bout des doigts  - enfin, des moufles - ses blessures. Il semble un peu triste, presque trop même, avec une parcelle de son être qui penche, sur le côté. C'est un peu normal, mine de rien ; les fêtes sont passées, maintenant. On n'en veut plus, des sapins. Avec ou sans racines, qu'importe ; leur heure de gloire est passé, au même gré que le père noël. Hanna pourtant, elle en désire un. C'est certainement pour cela qu'elle s'est pointée chez Marcus, ce matin, qu'importe le froid. Elle lui a dit son souhait d'une voix presque enfantine, en faisant la moue bien évidemment, lorsqu'à temps qu'il prononce un oui. Elle n'est pas assez forte pour traîner un sapin par elle-même, de toute manière, et la maison est à l'écart du village, tout comme la caravane. « J'veux celui-là. » Elle tourne ses yeux vers lui, les yeux brillant. Elle a froid ; ses cheveux sont figés par le temps, comme des glaçons. Elle voudrait bien renifler, mais tout est froid, dans son nez. On dirait des petits glaçons. Le bonnet, il est beaucoup trop grand, sur sa tête ; il tombe un peu sur ses yeux et elle doit le relever quelques fois, pour observer Marcus. « Aller, s'il te plait. Comme cadeau de noël ? » Ses sourcils se froncent, comme pour essayer de le convaincre.

Marcus, il ne sait pas dans quoi il s’embarque en acceptant de  participer au plan d’Hanna. Mais elle est marrante quand elle fait un caprice et Marcus ne sait manifestement pas dire non alors il accepte bêtement, sans trop savoir. De toute façon, il n’arrive pas à voir des mauvaises intentions chez Hanna, alors qu’importe qu’il doive la conduire à l’autre bout du pays voler des nains de jardin, ou bien juste porter ses courses. Il s’en fiche un peu. Il hausse les épaules et les voilà maintenant devant cette forêt de sapin mort. Ça sonne un brin tragique mais Marcus arrive à se retenir de siffloter un truc morbide, juste parce que personne ne rirait. Hanna, elle, elle est comme en pleine phase sur les sapins. Il ne voit pas ce qu’elle voit. Il ne regarde pas les arbres comme elle. Et quand y’en a un qui lui saute aux yeux, il continue de la suivre bien silencieusement. « J'veux celui-là. » Il y’a ses petits yeux qui brillent et Marcus qui la regarde perplexe. Donc ce qu’elle veut, c’est un arbre mort. Les filles, ce mystère. « Non mais, tu sais du petit bois comme ça, si tu le brûle il va pas te chauffer. Laisse le là, ce n’est que trois brindilles. » Répond-il, assez surpris que pour une fois, ce soit lui qui dise le truc d’adulte. « Allez, s'il te plait. Comme cadeau de noël ? » Il soupire. C’est du chantage ça, c’est mal. En réponse, il fronce les sourcils, ce qui donne une belle grimace dont l’unique raison de vivre est de se moquer de la façon qu’à Hanna à froncer les sourcils quand elle veut persuader quelqu’un. Marcus, il rit quand c’est comme ça. Puis finalement, il hausse les épaules. Trois brindilles, ça ne fera jamais de mal à personne. « D’accord, prends-le. Mais tu vas en faire quoi au juste ? »

Elle ne peut s'empêcher de froncer des sourcils, comme ça, le nez un peu retroussé, quand il se met à parler de flamme, de feu, simplement. Brûler le sapin ? Mais pourquoi donc ? Elle le dévisage un peu, Hanna, comme s'il était stupide sur le coup ou alors, comme si elle était insultée. Elle est un peu déçue qu'il ne comprenne pas par lui-même ce qu'elle désire faire de l'arbre abîmé par les gens, mais ce n'est pas bien important. Au final, elle est plus amusée qu'autre chose, heureuse de pouvoir, peut-être, lui faire découvrir quelque chose, qui sait. Au final, il hausse des épaules, comme ça ; Hanna, elle aime cette manière qu'il a de dire oui sans poser une multitude de questions, un peu comme s'il lui faisait confiance. Ils ont été si peu nombreux, les gens à avoir confiance en elle, au cours de sa vie. Aussi peu nombreux de le nombre de doigts, sur une main. « D’accord, prends-le. Mais tu vas en faire quoi au juste ? » Elle sourit ; un sourire de lutin, presque, avec ses prunelles qui brillent aussi, un peu. Un peu beaucoup, en fait. Elle s'avance un peu, de quelques pas bien rapides, pose un baiser sur sa joue et puis cherche l'homme qui s'occupe des sapins des yeux, par la suite. Toute en cherchant, elle ne peut s'empêcher de lui expliquer, simplement. « Juste lui donner une seconde chance, tu vois ? » Elle tourne les yeux vers lui, penche un peu la tête sur le côté, sourire sur les lèvres. « Lui donner un coup de pouce et l'aider à s'en sortir. On le fait avec les gens parfois, mais on oublie souvent la nature. C'est idiot. »

Il provoque Marcus, quand il parle de feu, de bois de chauffage et du petit sapin. Comme toujours, c’est sa façon de s’amuser, de rire au dépend des autres. Hanna, il le fait en la fâchant parce qu’observer ses petites grimaces, c’est peut-être la chose qui lui donne le plus le sourire en ce moment. Ça, et peut-être le baiser d’Hanna en guise de remerciement. Même s’il ignore tout de son plan, Marcus accepte de l’aider à le mener à bien. Les épaules haussées en signe d’approbation et c’est à la recherche d’un vendeur qu’ils se mettent sans perdre de temps. « Juste lui donner une seconde chance, tu vois ? » Non, il ne voit pas. Pour lui, l’arbre est mort. Il n’aurait jamais du être enlevé du sol mais le dire à Hanna, ça lui fait un peu mal. Il aurait l’impression de dire à un enfant trop jeune qu’il n’y a jamais eu de Père Noël. Il ne peut pas, tout simplement. « Lui donner un coup de pouce et l'aider à s'en sortir. On le fait avec les gens parfois, mais on oublie souvent la nature. C'est idiot. » Il ne dit rien. Hanna, elle verra bien un jour qu’on ne peut rien faire. Et si jamais il a tort, alors tant mieux pour elle. Il la suit, entre les sapins du monsieur. « Et tu comptes lui redonner une vie comment ? Tu sais, avec les intempéries à venir, tout ça. » Il se tait. Il ferait mieux de l’encourager parce que dans le fond, c’est un geste bien qu’elle fait. Elle n’est pas comme tout le monde. « Regarde, il est là. » dit-il en désignant le vendeur. « Marchande le bien. »

Elle a ce sourire de chat sur les lèvres malgré la neige qui n'est presque plus là. Elle sourit, Hanna, a toucher les sapins du bout des doigts et a avoir vingt milles idées à la tête. Elle aurait bien envie de toutes les conter à Marcus, mais ce n'est pas le temps, encore moins le moment. Il fait un peu trop froid, pour cela. Peut-être bien quand il fera un peu plus chaud, qui sait. « Et tu comptes lui redonner une vie comment ? Tu sais, avec les intempéries à venir, tout ça. » Hanna hausse des épaules. Elle n'a pas pris le temps de penser à tout cela, mais pour le moment, et bien, elle se contente de faire le premier pas. Ses pupilles, brillantes de bonheur, se tournent vers lui pour lui sourire. « On verra bien. » Hanna, elle a les yeux bleus, bleus et fixés sur ses traits. Il a les joues un peu rouges, à cause du froid, de l'hiver et tout un tas de choses, certainement, et elle le trouve joli, comme ça. Ses yeux sont noisettes, comme le chocolat de ce matin. « Regarde, il est là. Marchande le bien. » Elle cligne des yeux, avant de revenir à la réalité et puis d'hocher de la tête, sauterelle, et de filer. Hanna part à petits sauts et va parler avec l'homme quelques secondes, fait ses manières bien à elle pour au final, obtenir un cadeau. Elle revient avec un sourire grand sur les lèvres et saute dans les bras de Marcus, littéralement. « Gratuit ! » Elle ricane comme ça, dans son cou, avant de le lâcher et d'aller voir son sapin, de nouveau. Hanna tourne les yeux vers lui. « On le met dans le camion maintenant, alors ? »

Elle a des airs d'un lutin au milieu de tous ces sapins. Marcus, il se retient de rire en la regardant défiler dans cette forêt morte. Y'a quelque chose d'assez féérique dans tout ça. Probablement qu'il devrait méditer là dessus plutôt que de se moquer. C'est ce qu'il fait tandis qu'elle se dirige vers le marchand pour obtenir son arbre. Marcus, il est en retrait, à toucher du bout des doigts les branches mortes. Oui, c'est tout ce que sont ces sapins. Des branches. Des brindilles. Donner un coups de pousse à ces arbres reviendrait à s'occuper d'un membre amputé. Toute cette histoire, ça continu de lui passer à deux mètres au dessus de la tête. Enfin, il finit par se dire qu'il ne devrait pas faire le mec aussi sérieux. Ca ne lui va pas. Hanna revient. Elle se jette dans ses bras ce qui le surprend. Il l'attrappe. La relâche aussitôt. « Gratuit ! » Encore heureux. Ils allaient quand même pas payer pour du bois mort. « On le met dans le camion maintenant, alors ? »  Il retire ses mains des poches, tout souriant. Et bien, si elle est décidée d'aller jusqu'au bout. Allons-y. « Je vais l'y mettre. C'était lequel déjà ?  » demande t-il avant de prendre l'arbre et de le soulever, prêt à rejoindre le camion. « Tu voulais autre chose ? » demande t-il avant qu'ils ne quittent le marché. Le camion n'est pas loin. « On peut manger un truc en ville avant de repartir. Ou alors on rentre et tu me montre des projets, parce que je suis très intrigué sur tes intentions. »

Il est beau, Marcus. Pas beau comme dans les magasines ou alors comme dans les films, non. Juste beau, à être lui. Parce qu'il joue comme ça, simplement, les mains quittant ses poches. Hanna l'observe, un sourire sur les lèvres également. Elle pense à ses traits, à des dessins qu'elle pourra faire, à propos de ça. Ses doigts frétillent, déjà. Mais pour le moment, c'est le sapin qui importe. Le pauvre sapin qui se meurt, là, de par le coeur trop pourri des hommes. Elle pense à son sapin, si petit, si grand en même temps, qui murmure dans les airs. Elle sent l'odeur de ses épines, encore ; il vit. Il dort, il n'attend pas la mort. Il attend un baiser mouillé, un peu d'eau, pour respirer. « Je vais l'y mettre. C'était lequel déjà ? » Hanna lui fait la tête, sur le coup, avant de le pointer du doigt. Elle est un peu insultée, sur le coup, qu'il ne le reconnaisse même pas. Elle fait un peu la tête, mais le sourire revient vite, quand il soulève le sapin, comme ça, comme un superhéros, presque, pour elle. « Tu voulais autre chose ? » Hanna secoue la tête, vivement. Non, elle lui a trop demandé, déjà. Tant de choses, oui. Le sapin, c'est comme un cadeau, pour elle. Un cadeau qu'il lui fait, même s'il n'y croit pas trop. « Non, c'est bon. » Elle penche la tête sur le côté, ses cheveux dansant un peu, en l'observant. « On peut manger un truc en ville avant de repartir. Ou alors on rentre et tu me montre des projets, parce que je suis très intrigué sur tes intentions. » Elle rigole un peu, Hanna. Elle rigole, la, fait quelque pas et fait la pose. La pointe de sa chaussure usée s'enfonce dans la neige alors que sourcils froncés, elle observe le tout, tout en réfléchissant. « J'ai un peu faim, oui. » Elle touche la tête vers lui, toujours penchée, à l'observer comme un écureuil. « Toi aussi, non ? À poser la question, ça doit être le cas. On pose pas de questions comme ça quand on a pas faim. » Elle fronce des sourcils un instant, avant de ricaner un peu et de lui sourire, simplement. « Va pour la nourriture, capitaine ! »

Il sait pas trop à quoi il joue avec ce sapin, le traîner dans sa remorque pour « lui offrir une seconde vie », Marcus il y pense un peu plus à se poser des questions et ils se dit qu’ils auraient mieux de le laisser là, il aurait été ramassé, transformé en compost, si c’est pas de la seconde vie ça. Mais non, au lieu de ça, il place l’arbre bien soigneusement dans sa remorque pour qu’Hanna ne voit pas sa mauvaise volonté, au du moins pour qu’elle ne se fâche pas. S’il était autre que lui-même à ce moment, il dirait qu’il cherche à l’impressionner, mais c’est une remarque que Marcus refuserait catégoriquement d’écouter. Une fois le chargement fait, il saute hors de sa remorque, se frotte les mains entre et se met à demander ce qui se passe ensuite. Déjeuner, pourquoi pas ? « J'ai un peu faim, oui. Toi aussi, non ? À poser la question, ça doit être le cas. On pose pas de questions comme ça quand on a pas faim. » Perspicace. Il sourit timidement, comme prit la main dans le sac. « Oh ouais, j’ai une de ces dalles. J’espère que toi aussi parce qu’on ne va pas manger que de la salade. » avoue t-il en riant avant de commencer à marcher hors du parking. « Je t’emmène à l’auberge. C’est gras. C’est bon. Et tu sens plus ton bide. Ça te va ? » Demande t-il avant qu’un sourire ne vienne à répondre. Il l’observe qui ricane et hausse les épaules. Elle prend les devants. « Va pour la nourriture, capitaine ! » Et il la suit, silencieux.