Il fait beau, aujourd'hui. Un peu froid, oui, mais assez chaud ; le coton du pull en laine gratte légérement contre sa peau, assez pour lui rappeler sa présence à chaque seconde, et pourtant, pas réellement envahissant. Hanna aime sa présence un peu trop oppressante, un peu trop griffée, contre sa peau ; on dirait la chaleur du soleil que l'on ne peut pas réellement supporter, en été, ou alors juste assez, ou alors la pluie trop fine qui s'échoue contre notre peau, comme de la brume. La rosée du matin, oui. Hanna sourit alors, les pieds dans ses bottes, les bottes aux pieds, simplement. Elle sourit en avançant dans les sentiers déjà bien dessinés par les petits pas passés, les yeux levés vers le ciel, et non vers le bas. Elle observe, là, yeux grands comme des étoiles, les roches si nombreuses qui, toutes ensembles, ont fait l'ensemble du château. Entre ses doigts, un vieil appareil photo ; elle le tient un peu trop fermement, a le sourire qui grandi un peu plus à chaque photographie, heureuse qu'il y ait encore de la place, mine de rien, sur la pellicule. Le clic claque dans l'air, dans l'art, capture une nouvelle fois la grandeur des murs ; ses prunelles, pures, se tournent vers Oscar qui marche là, à quelques pas derrière. « tu vois les images qui se dessinent ? ou les mots ? » Elle n'attend pas de réponse, Hanna, et tourne de nouveaux ses prunelles vers les tableaux antiques. Elle a les mots qui dansent dans sa tête et le petit carnet de cuir, dans sa poche, qui couine et s'agite, qui veut sortir pour se remplir. Se remplir de mots légers. Puis, elle se souvient. « Oh » Ses pas de fée stoppent et son corps, léger, fait un demi tour. Elle est face à Oscar, les cheveux qui caressent le vent, légèrement. « Merci de venir avec moi. Tu dois avoir vu ce château plein de fois, déjà. » Sourire en coin, tête penchée, un peu, à peine.

Elle est douce et pure, perfide même, oui, la caresse du vent. Elle gifle ses lèvres un peu percées, les fait même presque saigner, craqueler, mais Hanna, elle n'en vient pas à s'y attarder. La langue, rose, passe à pleine vitesse sur sa lèvre pour récolter le goût de fer et la perle sanglante s'efface à tout jamais, simplement. Ses prunelles, bleues, pures, observent les traits d'Oscar, juste là, à quelques doigts de chat. Elle dévisage la barbe qui orne ses traits et de ses mains, de son cou qui s'offre à sa vue. Hanna a un fin sourire sur les lèvres; elle les aime, les gens qui dessinent sur leur peau. C'est comme y graver à jamais un simple mémo, une petite note, pour ne jamais oublier, pour toujours, éternel, se rappeler. « Merci à toi de m'avoir fait sortir un peu. Je crois que j'en avais vraiment besoin. » Hanna, elle a le sourire doux, léger, sur ses lèvres de poupée. Ses sourcils se froncent une légère seconde, porteurs de douces manières, avant que ses doigts n'abandonnent l'appareil photo. La corde qui orne son cou tire un peu brusquement, sous le poids de l'appareil, mais rien ne tombe au sol. Hanna se contente de tendre les doigts vers Oscar, de prendre les siens au creux de sa petite, légère main, avant de lui sourire un peu plus et de lui faire un signe de la tête. « Aller viens, on va monter tout en haut, dans cette tour, et observer les environs. Peut-être même qu'on aura le temps de peinturer, dessiner ou alors écrire quelque chose, le temps que des gardes nous trouvent. » Le danger plane dans les environs, les interdits face à ses pas, mais Hanna, elle ne les écoute pas. Elle serre un peu plus les doigts d'Oscar entre les siens et puis se glisse à l'intérieur de la bâtisse, tout simplement. L'air est humide, porte un souffle de froid, tout autour, et pourtant, on entend le grincement des bûches qui claquent, craquent, se cassent, dans les cheminées. Hanna abandonne ses prunelles par-ci, par-la, tout en avançant d'un pas de chat. Elle ne peut s'empêcher de porter l'oeil de tout côté, attirée par le danger. « Tu sais ce qui serait superbe ? » qu'elle susurre en le traînant, tout bas. « Faire un dessin immense avec des mots, sur une longue toile, et la pendre contre la façade du château pour que tout le monde soit. . »