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 Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin

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Eleonore Earl
Eleonore Earl

WONDERLAND
Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes.

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MessageSujet: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeMer 4 Déc - 0:21



JE VAIS BIEN NE T'EN FAIS PAS


La douceur, la beauté. Un regard. Assise dans ma chambre je fixe mon plafond bien trop rempli de photos pour toutes les discerner, mais au milieu il y en a une qui perce. Une qui me touche en plein cœur. Elle fait mal, elle brûle. Elle fait peut-être un peu trop de bien. Un regard. Ce regard. Ton regard. Toi, Dali. Toi et tes mots un peu doux, un peu brusques. Toi et tes gestes si attentionnés, si nonchalants. J'ai mal, mal de me dire que c'est fini. Peut-être est-ce même encore de me dire que tout cela n'était que dans ma tête. Après tout je n'étais qu'un numéro sur une liste, j'avais pas ma place en tête. Lui il l'a, pourquoi lui, pourquoi pas moi ? Je pourrais très bien te le demander, mais comme à mon habitude je vais me taire. Je me lève, debout sur mon lit, tenue par mes jambes peut-être un peu trop maigres j'essaie d'atteindre la photo pour la décrocher. Détourner mon regard du tien, il faut que tu sortes de ma tête, il faut que je pense moins. Moins à toi en tous cas.

Pourtant à quelques centimètres de ton visage je l'effleure d'un doigt, soupirant, je me laisse tomber sur le lit. Tu ne partiras pas, même si la photo s'en va de là. De toutes façons elle a sa place, tu as ta place. Je suis en colère, mais pourquoi ? Je ne l'ai jamais vraiment été, je n'avais jamais eu cette boule au ventre qui tire, qui se tord et qui brûle. Pourquoi pour toi ? J'avoue que j'ai du mal à saisir. Alors qu'une larme coule doucement sur ma joue, de tristesse et de rage, la porte s'entre-ouvre. Elle grince. C'est un de mes cadets, avec sa bouille d'ange. Parce que dans la famille on a les yeux qui disent tout. Les siens veulent juste un câlin, rien de plus. J'essuie ma larme d'un revers de la main avant de le prendre au creux de mes bras, et le serrer, un peu pour oublier. Son innocence et sa pureté me font du bien, tout dans la douceur d'un enfant me fait du bien. Appuyé contre mon épaule il murmure de sa petite voix « Ça va pas Lore ? », je souris, caressant tendrement ses cheveux, mon visage dans son cou. De ma voix peu assurée qui s'étrangle en pensant à ton visage au dessus de mon lit je dis simplement « Si, petit ange. Je suis juste un peu fatiguée. » Il me regarde, une moue désolée sur le visage. Peut-être qu'enfant, on voit les mensonges comme moi j'ai pu voir le monde. Peut-être qu'à son tour il verra le monde différemment. En attendant, il m'offre un sourire que je lui rends, sincèrement. Puis je m'assoie sur le bord du lit, lui sur mes genoux. Il regarde les photos, il y en a trop pour se concentrer. J'étais bien, là. Juste comme ça, peut-être parce qu'un instant il n'y avait plus de colère en moi. La colère fait mal, la colère vous bouffe de l'intérieur. Je n'aime pas ce sentiment, je me demande comment tu as pu l'injecter en moi si facilement. Mais maman parle, il faut descendre. L'ayant dans les bras, j'arrive à table. Un mot de maman. « Va chercher ton frère. » Elle a l'air un peu étonnée. Normalement je suis toujours avec lui, ou du moins on a pas besoin de me demander d'aller le chercher.

Mais aujourd'hui, si. Parce qu'aujourd'hui tu es venue. Je sais que tu n'es plus là, mais en bas il y a ton odeur, et tes gestes dans mon cœur. Je n'avais pas envie de les voir, de les avoir. Je ne pouvais pas, sinon j'allais tout casser. T'exploser le crâne et te dire que je t'en voulais à mort, que je t'en voudrais à vie. Mais j'ai préféré me taire, et m'enfouir dans mon lit. Face à ton visage sur une photo, les écouteurs dans les oreilles pour calmer ton rire dans mon crâne. Mais maintenant je descend, doucement, bien trop doucement pour que ce soit normal. Pourtant j'ai pas la force. J'ai pas la force de faire croire qu'aujourd'hui j'ai de l'espoir, tu me l'as volé. Alors que j'arrive derrière Edwin, trop concentré sur un jeu qui n'a pas l'air de le mériter je lui tapote doucement l'épaule. Il se retourne, ou peut-être pas si vite. Parce qu'entre temps il y a ton odeur, ta présence. Elle envoûte mes sens et me transporte. Elle me berce dans cette illusion, et d'un coup me fout une énorme claque. Comme un dur retour à la réalité. Elle me fait mal. Bien trop mal. Je te déteste. Alors je serre les poings sans m'en rendre compte, pourquoi ? Je n'arrive pas vraiment à savoir. Mais je mets une seconde, peut-être deux, à regarder enfin Edwin. « Je... » articulant difficilement je prends appui contre lui, posant ma tête contre son épaule.

Ne pas craquer, pas devant lui. Parce que je suis forte, je vaux plus que ça. Il faut que je cache mes larmes et ma détresse. Mon incompréhension et ma tristesse. Il faut que j'enfouisse ça tout au fond de moi. Alors d'un simple mensonge aussi doux soit-il je dis simplement. « Je suis à l'ouest. J'étais pas bien cet aprem, je viens de me réveiller. » Me retirant de son épaule, je me retourne, pour partir, histoire de ne pas avoir à affronter une situation que je redoute, certainement. Dos à lui -ce qui est malgré tout affreusement rare, passant de la place d'ombre de l'ombre à celle du premier rang, j'ajoute simplement. « On doit manger, maman attend. C'était bien sinon, avec les Lazarre ? » Dire ton nom m'écorche un peu plus mais je n'ai pas le choix. Pour sauver les apparences, n'est-il pas. Encore faut-il qu'Edwin est été assez concentré dans ses jeux vidéo pour ne rien remarquer. Il n'y a qu'à espérer. Encore espérer.


Dernière édition par Eleonore Earl le Jeu 26 Déc - 13:19, édité 1 fois
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Edwin Earl
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeMer 4 Déc - 18:02

C'est un peu dérangeant, au fond, tout ça. Il a les sourcils froncés, Edwin, les lèvres un peu pincées. Il y a trop de bruits, tout autour, trop d'excitation, trop de mouvements. Il aurait dû s'y attendre, pourtant, à acceptant que Marcus vienne chercher ses jeux vidéos, au lieu d'aller lui porter. Il aurait pu s'y attendre, oui, juste lui ouvrir la porte, mettre les jeux entre ses doigts, et puis la fermer à double tour. Mais maman, elle est trop gentille, avec les gens. Maman, elle a le coeur trop grand. Alors à deux, ils sont entrés, les démons, et puis ils l'ont tourmentés. La carcasse du mort s'est vue secouée brusquement, agitée par les vers, les microbes friands de chair. Il n'y a pas eu de sourire, là, sur ses lèvres ; qu'un plissement, que des yeux un peu menaçants, assez pour faire rire un peu Marcus, et faire rouler des yeux Dali. Ils sont restés un petit moment, le nez là, à fouiner, à explorer ce qui est à lui. Edwin, il a serré les poings, un peu, il a senti son coeur s'agiter, une minime panique le gagner et puis une envie de crier, surtout, mais il s'est retenu. Il s'est retenu, pour les enfants au dessous, pour maman tout sourire, par le fait qu'il ait des amis. Silencieux, il a observé, il leur a adressé un sourire crispé, et puis brusquement, vivement, il a soupiré quand ils se sont décidés à filer.

Edwin, il a recommencé à respirer, brusquement, la crasse de la solitude, de l'amertume.
Vers la porte il a jeté un regard empoisonné avant de se poser sur son canapé, manette à la main, console activé.
Du réel, il a fui vers une autre réalité.

Il la sent, là, contre la carcasse, l'odeur des gens, celle de la société qu'il méprise tant. Il sent le soleil, putain, le foutu soleil, là, qui ose se glisser au travers des rideaux pour caresser sa peau. Ses prunelles, elles sont agressées, elles sont plus habituées. Il a beau plisser des yeux, noir regard en direction de la lueur, elle ne disparaît pas. Et elle est lourde, sa carcasse, trop lourde pour élaborer le moindre mouvement, pour aller vers là-bas, et puis fermer tout ça. Être de nouveau plonger dans le noir. Dans son noir. Il serre les doigts, Edwin, il serre les doigts, face à son antre malmenée, tourmentée, et puis il essaie de se concentrer. Il essaie de ne pas penser à cette petite odeur de fleur, là, dans les airs, celle que sa mère a vaporisé, supposément pour aérer. Il fait un peu enfant, mine de rien, les poings serrés, la mâchoire verrouillée, à se sentir aussi tourmenté.

Enfant instable, explosion approche.
On a tout touché.
On a tout changé.
Il n'a pas, non, demandé.

Il essaie de se concentrer, pourtant ; là, les yeux vidés, les yeux morts, il observe les pixels défilés, il essaie de s'y accrocher. Le jeu, pourtant, est sans pitié, bien réalisé, mais le macchabée, il ne parvient pas à y plonger, il ne parvient pas à s'égarer pour ne plus penser. Il entend le bruit des touches, sous ses doigts, et puis les pas, au dessus de sa tête. Il entend les rires et les paroles, les mouches, là, qui volent. Il entend tout, il entend trop, et le coeur, il bat fort, plus fort. C'est un peu la panique, au fond, une petite folie. Une envie de silence, une envie de mort, là, pour ne plus rien entendre. Une pause, brusquement, comme dans les jeux, comme dans les films. Pourquoi ça ne se fait pas, juste comme ça, dans la réalité ? Edwin, il essaie de ne plus rien entendre, de tout supprimer, d'être un peu libéré. C'est peut-être pour ça, au fond, qu'il ne l'entend pas arriver. Qu'il n'entend pas, non, les pas, dans l'escalier. Il sursaute, Edwin, lorsqu'elle lui tapote l'épaule. Peut-être que son coeur rate un battement, que ses doigts sont glissants ; la manette glisse un peu, dans tous les cas, et il a les yeux grands ouverts, lorsqu'il les tourne vers elle. Un instant, une seconde à peine, pourtant, avant de tomber sur ses traits d'enfant.

Ses traits d'enfant blessé.

Eleonore, elle sonne comme un poignard en plein coeur, subitement. Elle a le regard un peu triste, un peu brisé, et puis le coeur un peu vide. Eleonore, elle lui donne froid, comme l'hiver, et non chaud comme un foyer. Edwin, il fronce des sourcils, en la voyant comme ça. « quoi ? » Il pourrait lui demander si ça va, ou alors quelque chose de gentil comme ça, mais Edwin, il est plutôt doué pour les méchancetés, pour les paroles à peine pensé. Alors, il se contente de l'observer, comme ça, les sourcils froncés, le jeu oublié, un game over affiché. Eleonore, elle tourne les yeux vers lui, au final, sortant de la brume. On dirait un chaton perdu ; il n'aime pas les chatons, Edwin. Il veut sa soeur. « Je... » Elle se penche, Eleonore, comme une gamine, et puis elle pose sa tête juste là, sur son épaule. Il n'est pas à l'aise avec ça, Edwin. Peut-être qu'il se crispe un peu, le regard vitreux. Les élans d'affection, elle a beau lui en donner des tonnes, il n'ouvre pas pour autant les bras grands. Il est pas comme ça ; il sait pas comment faire ça. Il est un peu rigide, oui, alors. Il peut tendu, alors qu'elle l'encercle de ses bras par derrière. Il lève les yeux au ciel, et puis soupire, tout bonnement. Il ne bouge pas, et puis il entend. « Je suis à l'ouest. J'étais pas bien cet aprem, je viens de me réveiller. » Sanglant, le mensonge. Il glisse le long de ses traits, de son épaule, comme du sang. Il ne lui dit rien de bon, son ton de voix. Il lui donne un peu plus froid. Edwin, il étire un peu son cou, pour lui jeter un regard, rapidement. Comme si c'était écrit quelque part, comme s'il pouvait voir, au fond, pourquoi elle est comme ça. Mais bien évidemment, il ne voit pas. Il ne voit pas, non, ce qui ne va pas.

Il est un peu brusque, le nouveau soupir, là, entre ses lèvres. Un peu brusque, oui, alors il ferme la console, se lève, lentement, abandonne tout. « On doit manger, maman attend. C'était bien sinon, avec les Lazarre ? » Son dos craqué, alors qu'il se redresse complètement. Il a encore les sourcils froncés, Edwin, là, à la dévisager. Il essaie de voir, mais il fait trop clair. C'est peut-être bien pour ça qu'il fait quelques pas, contourne le canapé, et puis attrape son bras. « Non, c'était chiant. » La pression se défait lentement de son bras. Peut-être l'a-t-il pris un peu trop brusquement. Il ne sait pas, ça, Il est toujours un peu trop impulsif, après tout. Il reste là, pourtant, les doigts contre son poignet fragile, ses yeux au fond des siens. Il reste là, le silence au creux de la gorge, attendant quelque chose. Mais elle l'observe, elle aussi. Edwin, il sourit, alors, d'un sourire bien laid, oui, d'un sourire cassé, plus grimace qu'autre chose. Un sourire brisé. « Ça va ? » Et la voilà, enfin, la question. Elle est presque crachée, entre ses lèvres, sortant de sa gorge. Elle est trop vive, trop brusque, presque violente. Il le voit bien, Edwin, en observant les traits de sa soeur. Il le voit bien, oui, que c'est un peu méchant. Il se traite de con, quelque part, mais il ne demande pas pardon. Il ne saurait même pas le dire, de toute façon.
Il sait pas comment agir.

C'est peut-être pour ça, oui, qu'il la tire vers lui un peu brusquement, et puis qu'il l'encercle de ses bras. Qu'il la serre tout contre lui, une main derrière la tête, pour la garder là. Et puis, qu'il souffle comme ça, tout bas, un peu durement, encore. « Ça va pas. »
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeJeu 5 Déc - 15:53


Les contacts physiques. J'en avais besoin. Pas avec tout le monde, avec peu de monde, même. Mais avec Edwin énormément. C'était un peu comme un havre de paix, j'avais ce sentiment de sécurité. C'était assez étrange au final, quand on sait comment est mon frère. Lui qui pourrait vivre seul devait subir ma peau contre la sienne pour mon propre bien. C'était assez égoïste de ma part mais toujours est-il que je ne pouvais pas faire autrement. C'était le seul lieu, le seul au monde où je ne voyais que la lumière. Il y a toujours de l'espoir, un peu partout, mais au creux du cou de mon frère il y en a beaucoup. C'est peut-être son odeur, sa chaleur, ses battements de cœur, peut-être simplement lui. Mais c'était comme ça, et au creux de son cou, il y avait tout ce dont j'avais besoin. Et aujourd'hui, j'en avais besoin. Enlever l'odeur si forte et si prenante de Dali, enlever tout ces souvenirs qui me hantent et me bouffent les uns après les autres.

Il ne me rend pas mon geste. Il ne rend jamais mon geste. Certains diraient que c'est faire face à un mur, moi je dirai simplement que c'est sa façon à lui de voir la vie. Il me laisse faire, ne dit trop rien, et je présume qu'on s'y retrouve un peu tous les deux dans tout ça. En m'éloignant j'entends la console s'éteindre, la télévision suivre, le monde de mon frère se ferme avec lui. Il ne dira sûrement pas grand chose à partir de ce moment, mais c'est pas vraiment important tant qu'il est présent. Alors ma main s’apprête à attraper la rambarde pour partir manger sans un bruit, noyée dans mes pensées à ton effigie. Pourtant il y a cette main qui m'attrape. Un peu trop brusque, un peu trop serré, je plisse les lèvres sur le coup, comme si on allait me faire du mal. Mais le sentiment ne dure qu'un instant et mes yeux s’écarquillent. Il y a les larmes qui montent et mon cœur qui se serre. Il me tient la main. Mes yeux dans les siens je contiens mes larmes et je le regarde. Droit dans les yeux, ou peut-être droit dans l'âme. Là où il n'y a pas de mot, pas de mensonge. Ma connerie de fatigue n'est plus dans mes yeux clairs, sa haine envers la vie est là, droit dans mon corps. Et il sourit. Maladroitement, un peu comme s'il ne savait pas faire. Pourtant, c'est facile de sourire. C'est tellement facile. Mais Edwin n'a jamais vraiment appris, ni sur les photos de famille, ni sur les photos que j'ai de lui. Peut-être parce qu'il n'a jamais prétendu être heureux, ni même y croire, même pas un peu. Alors que là il essaie. Il fait comme il peut, comme un gamin qui apprend à marcher en se ramassant le pain d'après. Les mots sortent de sa bouche juste pour combler le vide. Les mots sont là pour éviter que le silence ne devienne trop lourd, sans doute.

Il a passé une mauvaise après-midi, parce qu'Edwin n'aime pas les gens. Je le sais, ma question était là juste pour faire semblant. Pour continuer à peindre en blanc le monde qui m'entoure et ne pas lui montrer la crasse qui prend place dans mon corps. Je me perds dans ses yeux, je me perds dans son âme. Peut-être est-ce de circonstance, je me retrouve de l'autre côté du miroir, dans son miroir. Je me retrouve dans le noir, là où la lumière n'a pas sa place. Aussi dur soit son monde je dois avouer qu'avant tout il me fait peur. Dans la lumière on arrive toujours à voir les autres, à se dire qu'on est pas seul. Dans le noir il n'y a que le silence et le poids de notre conscience. J'ai peur de son monde, mais sa main autour de mon poignet, son regard dans le mien je ne peux m'empêcher de croire qu'il doit bien y avoir quelque chose de rassurant dans tout ça. De toutes façons, il est là, c'est ce qui compte. Et puis il y a les mots qui sortent encore de sa bouche. Les mots qui font mal, qui brûlent. Les mots qui montrent qu'il ne m'a pas cru, ne serait-ce qu'une seconde. C'est un peu comme une claque dans ma figure, Edwin ne me croit pas. J'ai toujours cru, j'ai toujours voulu croire, qu'il ne faisait pas attention. Je me suis toujours dit que dans son mal-être il ne verrait pas les blessures apparentes sur mon corps. J'ai toujours pensé qu'il fallait l'en protéger et qu'un simple mensonge suffirait.

Pourtant ce n'est pas le cas. Pourtant tout est différent en cet instant. Parce qu'il a posé une question simple, courante, mais une question qu'il ne pose jamais. Alors j'ai ma gorge qui se serre, mes yeux qui se floutent et que je contrôle de plus en plus difficilement. J'ai mal de ses mots parce qu'ils me sortent de ma douce illusion. Incapable de cacher que je vais mal à mon propre frère. Incapable de faire croire que tout va bien, alors que lui a pu conclure un pacte sans que personne ne bronche. Peut-être qu'il est bien plus fort que moi au final, peut-être n'ai-je absolument pas de force tout compte fait. Et j'ai mal de ce sentiment. J'ai mal de voir mon monde qui s'écroule. Les tapisseries toute rose se décollent une à une et laissent place à un truc dégueulasse. C'est à toi que je dois ça, Dali, dois-je te dire merci ? Je tremble légèrement, j'ai peur.

Je suis morte de peur mais je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi faire, comment réagir. J'ai l'impression d'être face à un serpent, un boa qui pourrait m'étrangler autant que me caresser de sa douce peau. Alors je ne bouge pas, tremblotante et j'attends. Et puis il a ce geste. Celui qui répond à tout. Il me prend dans ses bras. Il me prend dans ses bras. Dans ses bras. Et là, je comprends. Alors la tête dans son cou je sens mon cœur qui bat un peu fort. Les mots qu'il dit sont encore un peu perçants, comme des lames qui me caressent, qui me piquent mais qui doivent être là.

Il est mon dernier espoir, mon souffle dans ce trop noir. Alors une larme coule doucement de ma joue à son épaule, elle s'échoue lamentablement, elle se disperse et disparaît l'instant d'après. Et une autre la suit, et encore une autre. Et mon souffle se coupe un peu, sa main contre mes cheveux, mes bras mettent du temps à se caler dans son dos, pour le serrer un peu plus. C'est étrange, j'ai pourtant l'habitude de l'avoir dans les bras. Mais pas comme ça, vraiment pas comme ça. Alors que mes bras se joignent, comme pour nous enfermer dans un monde loin de la réalité je murmure, entrecoupée par les larmes... « Pu...putain... » et puis j'enfouis un peu plus ma tête, serre un peu plus mes bras. Pour calmer les sanglots, les maux, les larmes et le souffle. Et juste là, au creux de son cou un peu trop maigre, le menton contre sa clavicule qui ressort un peu trop j'articule difficilement. « Comment... comment on fait, comment tu fais... »

C'est un appel à l'aide. Un appel au secours. Parce que le noir n'est pas ma couleur, parce que je vais mourir de peur. J'ai besoin de m'en sortir. Je veux voir le jour, je veux voir le bonheur. Alors que je ne trouve pas le chemin, je veux apprendre à survivre dans le noir. Ne pas perdre espoir. Je veux comprendre comment on vit ici, au loin, au mal. Je veux apprendre à ne plus avoir peur. Apprendre à m'en sortir ailleurs que dans la lumière. « Edwin.. J-j'ai tellement peur... »
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeLun 9 Déc - 15:41

 Il est pas doué, Edwin, pour les sentiments. Il est pas doué pour prendre dans les bras, et puis souffler les malheurs au loin, les démons ailleurs, pour sa soeur. Edwin, il aime bien leur présence, après tout. Ça fait changement des cons et des idiotes, ça fait changement des gens qui ornent ce monde, qui ont même pas de tête, sur les épaules. Ceux qui méritent pas leur existence. Mais il y a Lore, dans ses bras. Lore, qui a cette marée, au fond de ses yeux. Lore, elle n'est pas comme le reste du monde. Elle n'est pas comme eux. Peut-être un peu, peut-être que si, au fond, mais Edwin, il n'en a rien à faire. C'est Eleonore, bon sang. Sa soeur. Il ne peut pas, non, la laisser comme ça. Détourner les yeux, alors qu'elle a les siens plein de larmes, et puis continuer son foutu jeu. Il ne peut pas, Edwin, fermer les yeux sur ça. Parce que y'a cette boule, au fond de ses entrailles. Cette foule qui le malmène et qui serre son corps tout entier, une envie de sortir son flingue, là, plein de poussière, et de buter la personne qui a bien pu mettre un pareil sentiment dans le coeur  de sa soeur. Ou la menacer, du moins. Lui foutre le flingue contre la tempe et murmure les pires menaces qui soient, à son oreille. Assez pour qu'elle se souvienne, assez pour qu'elle n'oublie pas, non, tout ça. Edwin, il la sent trembler dans ses bras. Elle tremble, la douce Eleonore. Un tremblement certainement accompagné par les larmes, quelque chose qui fait mal, qui fait monter la haine, là, dans ses veines. Il a envie de jurer, de serrer les doigts, les dents, et puis de massacrer. De massacrer tout ce qu'il puisse toucher jusqu'au point où la douleur dans son coeur, elle disparaîtra. Mais les choses, elles ne fonctionnent pas comme ça. Pas avec Eleonore. Elle a juste besoin de lui, de ses bras autour de son corps, de pouvoir pleurer un peu, dans son cou. Il a besoin d'être doux, pour une fois, de ne pas faire le con et de lui donner un peu d'attention. D'avoir le coeur un peu fragile, pour sa petite soeur, et puis de la consoler, s'il y parvient.

C'est bien pour ça qu'il pose ses doigts dans ses cheveux, là, contre sa nuque.
Qu'il les caresse doucement, mouvement un peu cassé, avant de déposer un baiser.
Un baiser un peu con, là, sur sa tête de poupée.
Edwin, il est pas doué pour consoler, mais il est partant pour essayer.
Essayer pour Lore, là, qui ne fait que pleurer.

Ils sont petits, les bras d'Eleonore. Petits et si fragiles, et pourtant, ils serrent fort, autour de son corps. Autour de son coeur. Si fort qu'Edwin, il ressent un truc qui fait mal, au fond de ses tripes. Un noeud qui serre, comme un noeud coulant, oui, et dont son coeur est pris à l'intérieur. Ça fait mal, comme sensation. « Pu...putain... » Ça fait... mal. Le ton de sa voix, le sentiment qui s'élève dans les airs et qui l'agresse brusquement, là, de plein fouet. Il ferme les yeux, Edwin, pour essayer de se contrôler. Il serre les doigts, car c'est un peu trop, tout ça, pour lui. Trop de choses, de sentiments, trop de choses, venant de sa petite soeur. Et elle pleure un peu plus fort, toujours plus fort, dans son cou, le noie sous ses larmes, littéralement. Elle serre ses bras contre lui, encore, toujours plus fort, et Edwin, il ne sait plus que faire. Il glisse ses doigts dans ses cheveux, jette un regard à l'escalier, en se demandant si quelqu'un va venir le sauver. Il a peur, au fond, peut-être, de ne pas savoir faire ce qu'il faut, pour calmer les pleurs et la douleurs. « Comment... comment on fait, comment tu fais... » Il lève les yeux au ciel, Edwin, en entendant ses mots cassés, ses mots brisés. Ça fait mal, putain. Trop mal pour pouvoir le supporter. Il a envie de frapper, de tout casser, car caresser, consoler, il ne sait pas réellement le faire. Il essaie, pourtant, Edwin. Il essaie, en le gardant là, contre lui. Parce que...parce que c'est Eleonore, tout bonnement. Sa petite Eleonore à lui. Celle dont il ne peut pas se passer.

Il soupire, là, doucement, en la serrant un petit peu plus dans ses bras. Il essaie de trouver les mots, pour la calmer, mais il ne les trouve pas. Il n'est pas fait pour ça, Edwin. Il a convaincu des gens de se tuer, de se tirer une balle dans la tête, de sauter du sommet d'une falaise. Mais consoler ? C'est totalement à l'opposé. Un autre monde qui en vient à se dessiner.  « Edwin.. J-j'ai tellement peur... » Ça brise un coeur ; un coeur de pierre, au creux de lui-même. Craquelle la pierre et s'y glisse, là, pour faire naître un bon sentiment. Un bon sentiment qui fait mal, au fond. « Putain Lore je - je sais pas, je peux pas te dire, comme ça. Comment je fais - je veux pas que tu fasse comme ça. compris ? je veux pas que tu fasse comme moi. tu trouveras, je t'aiderais, mais tu feras pas comme moi. » Edwin, il ne veut pas la voir enfermée comme lui, ici. Rager sur les gens, les incompétents, dès l'instant où elle met un pied à l'extérieur. Edwin, il en veut à l'humanité entière. Edwin, il se terre, attribue des prénoms aux personnages, dans les jeux, pour mieux les massacrer, les buter. Edwin, il voit l'humanité comme une plaie qui veut tout bonnement pas se refermer
.
Ses doigts, il les ramène contre ses traits de poupée, pour sortir son visage de sa cachette. Il l'éloigne un peu, grimace en voyant le peu de mascara qui a coulé, juste là. Il essaie bien de le retirer avec son pouce, mais au final, il ne fait qu'étendre la chose. Un soupir se glisse contre ses lèvres, avant qu'il ne tente de lui afficher un faible sourire, un peu cassé. « arrête de pleurer, c'est vraiment... » Edwin se tait, avant de continuer. Il soupire encore, comme s'il y était obligé. Comme si c'était imposé. Puis, il lui sourit un peu, encore. « arrête de pleurer, c'est tout. » Il passe son pouce sur sa joue, encore, pour cacher les traces de mascara, même si ça n'aide pas. Il ne fait que la caresser au final, peut-être bien pour l'apaiser. Il espère au minimum que la chose fonctionne, que les larmes ne couleront plus, pour un petit moment. Edwin, il finit par passer une main dans ses cheveux, avant de lui indiquer le canapé. « pose toi, commence un jeu, j'sais pas. je vais chercher les assiettes, on mange ici. » Il se dit, Edwin, qu'elle voudra pas monter dans la cuisine avec un sentiment comme ça, au fond du coeur. Il se dit que les autres, ils ont pas à voir ça.

C'est pour ça qu'il pose un baiser juste là, rapide, maladroit, sur sa tête, avant d'escalader les escaliers. Il sait bien qu'en haut, maman va poser des questions, mais qu'importe.


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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeMar 24 Déc - 11:19


Est-ce qu’il existe un beau jour pour vivre ? Un mauvais pour mourir ? Dans mes sanglots, au creux des bras de mon frère je ne voyais plus la lumière. Tout paraissait sombre, et colère. Tout était noir et faisait peur. Je ne supportai pas cet état, je ne supportai pas d’entendre une simple respiration comme compagnie. Plus un rire, plus un battement de cœur, trop faible pour être entendu. Une simple respiration. Saccadée, forte. Une qui fait mal, qui brûle à l’intérieur. Je tremble, légèrement mais sûrement trop quand même. J’attends, au fond de mes larmes, une solution. C’est étrange, d’aller demander à son propre frère comment on doit faire pour vivre dans l’ombre. Mais pourtant… Au fond de moi il est mon dernier espoir, celui qui peut m’apprendre à voir le monde d’une autre façon, voir le monde à sa façon. Si glauque et tordue, si noire et perdue. Edwin n’était en fait qu’un ange déchu. Et sa voix s’élève enfin, pour prendre toute la place dans le noir qui m’entoure. Sa voix me fait sentir ses bras autour de moi, me donnant un sentiment de sécurité inexplicable, incompréhensible.

Pourtant, ses mots ne sont pas vraiment ceux que j’attends. Ses mots sont même le parfait miroir de ce que j’aurais voulu. Tu ne feras pas comme moi, dit-il, convaincu. Mais pourquoi ? Pourquoi dois-je souffrir alors que d’autres vivent dans cette noirceur comme moi dans la lumière ? Je n’ai pas ma place dans ce monde, je n’ai pas ma place au creux de toi ? Je ne comprends pas. Me recroquevillant un peu plus contre son torse humide de mes larmes, j’attends encore. Comme si cela ne suffisait pas. Pourtant, sa main vient se loger sur mon visage, comme jamais auparavant. Elle prend place avec une douceur que je ne lui connaissais pas, qui laisse mon cœur louper un battement et mon corps se laisser faire sans un mot, sans une once de rébellion. Et doucement il essuie mes yeux, il tente sûrement d’enlever le noir qui a du couler, le noir qui prend place sur ma peau. Je le regarde, attendrie, un peu perdue aussi. Sur son visage une moue septique, et dans mon cœur une tonne d’amour sans limite. Je le fixe et ne rêve que de lui dire merci. Parce que son geste est sûrement le plus beau de tous, vouloir laisser mon visage intact à défaut de mon cœur. Pourtant je n’arrive pas à parler, je n’arrive pas à trouver les mots. Les spasmes se sont calmés, les larmes coulent encore mais plus doucement, et sa voix s’élève de nouveau. Arrêter de pleurer, avec un sourire aussi maladroit soit-il, mais sûrement sincère. Alors je prends une grande inspiration, comme pour convaincre mon corps de suivre ce que veut ma tête. Et doucement ma respiration se stabilise, laissant mes membres se rendre amorphes comme à leur habitude, laissant mon visage se réchauffer doucement, timidement, donnant place à une couleur rougeâtre. Mes yeux restent douloureux et ma tête cogne encore. Continuant dans la douceur du moment, sa main vient à nouveau toucher ma joue. Un contact qui me montre que je ne suis pas seule. Je n’errerai pas dans le noir sans une main dans la mienne.

Un très léger sourire prend doucement place sur mes joues désormais couleur groseille. Et d’une voix toujours tendre il propose qu’on reste là. Tous les deux. Juste lui et moi. Sans famille, sans chichi, sans encombre ni fioriture. Lui, moi, et le réconfort. Alors que ma tête se tourne en direction de la si précieuse console que je n’ai au final, jamais vraiment utilisée, un baiser, léger, presque imperceptible vient se poser sur mon front, me laissant là, un instant sans bouger. C’est un peu comme si le temps c’était arrêté. Comme si je me demandais si je rêvais. Le bruit des pas un peu trop lourds dans l’escalier me faisait pourtant dire le contraire. Encore faible, je sav ais qu’il allait sans doute mettre un petit moment avant de revenir. Trouver une excuse bidon pour maman. Je me dirigeais doucement vers ladite console, m’asseyant en tailleur face à la pile de jeux, afin d’en choisir un. Délicatement, comme s’il s’agissait d’une pierre précieuse – après tout, c’était sûrement la valeur qu’elles avaient auprès d’Edwin, j’attrapai une boîte au hasard et lisait le résumé du jeu avant de la remettre exactement à la même place. Il m’était difficile d’en choisir un, parce qu’honnêtement, je n’y connaissais pas grand-chose.

Et puis je suis tombée sur une boîte. Assez jolie, je la tourne doucement, laissant mon doigt sous la première ligne du résumé, d’un ongle mal manucuré, je lisais les premiers mots « Hanté par son passé ». D’un sourire léger, un peu ironique, je pensais à ton sourire, Dali. Ouvrant la boîte, laissant le céder doucement se déclipser avant de l’insérer dans la fente, je me dirigeai vers le canapé, manette en main. Je laissais le jeu se lancer, et suivais à la lettre les instructions. Sincèrement, j’étais nulle. La scène a sûrement duré plus de temps que je ne serai prête à l’admettre, au même point, tout au début du jeu, avant qu’Edwin ne redescende les escaliers.

D’une voix un peu plus assurée qu’à son départ je lui dis simplement « Heu… Je crois que je vais avoir besoin d’aide… J’ai un peu de mal. » me tournant vers lui, avant qu’il n’arrive à ma hauteur j’affichai une moue désolée avant de mettre le jeu sur pause. « J’ai choisi celui-ci un peu au hasard d’ailleurs, je crois qu’il s’appelle… « God of War » quelque chose dans le genre. Mais si tu préfères m’en montrer un autre, je suis tout ouïe… » Ma voix restait assez faible, un peu meurtrie. Dégageant la table basse pour le laisser y poser le plateau qui contenait nos deux assiettes, je posai la manette à côté de moi avant de l’aider à tout installer et de dire, cachée derrière mes cheveux, n’articulant pas assez, un peu gênée.

« J’espère que… que maman n’a pas posé trop de questions… » avant de servir un verre de soda à mon frère j’ajoutai « … J’suis tellement désolée… Tellement… Je… », les larmes remontant, je me tournai à nouveau vers lui, n’osant pas vraiment le regarder dans les yeux. « J’arrive juste pas à… à comprendre… » Me concentrant pour empêcher mes larmes de couler, je lançai un regard vers nos assiettes, et comme pour alléger le ton, l’ambiance, je demandai aussi légèrement que possible « donc on mange heu… des cordon-bleu ? Est-ce que le personnage de ce jeu en mangerait, tu crois ? » Ma question était complètement idiote et hors sujet. Mais je n’étais vraiment pas sûre qu’Edwin veuille m’entendre pleurer sur Dali pendant des heures et il avait déjà fait plus qu’il ne le pouvait. Tous ces contacts, ces caresses, tout cela avait dû lui demander un effort que je ne pouvais imaginer et je n’aurais d’ailleurs pas su le remercier comme il se devait. Alors autant jouer, être dans son monde un peu, histoire de lui montrer que malgré le moment, je suis là. Du moins j’essaie, parce qu’au fond de moi, il n’y a jamais eu rien de plus important que lui. Depuis toujours et sans aucun doute pour toujours.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeSam 4 Jan - 0:20

 Il soupire déjà, le corps lourd, la carcasse trop imposante, là, pendant à ses épaules. Il les entend déjà, les mille et une questions de la mère, celles qu'il ne veut pas entendre. Edwin, il est de ceux qui ragent, là, dès la première question. De ceux qui dévisagent tout simplement les gens, le mépris sur les traits, quand ils posent la plus innocente des questions. Ces idiots qui semblent incapables de deviner quoique ce soit. La mère, la douce et belle mère qu'ils ont, elle est comme ça. Il essaie de lui sourire pourtant, Edwin ; y'a qu'une grimace, pourtant, sur ses lèvres de chat. Parce qu'elle lève les yeux, innocente comme une fleur, sourit comme un enfant avant de dire, là, tout simplement ; oh, tu es là. Il grimace - le pauvre, il ne parvient pas à sourire - Edwin, tout en serrant les poings. Elle est innocente, douce, trop douce et pure, dans ce monde de brute. Elle est naïve, trop bête, peut-être. Edwin, il n'aime pas les gens comme ça. Il a envie de prendre sa tête, brusquement, et de la cogner contre le mur. Parce qu'il n'aime pas, simplement, les gens comme ça. Il ne les supporte pas. Pourtant, il ne dit mot. Il ne dit rien, non, à l'observer, en s'avançant. Il observe les plats, les petits avec leur yeux bien grands, et a les lèvres tremblantes, un instant. La plus jeune lui sourit, simplement, comme si elle avait compris ce qu'il essayait de faire ; au moins, elle est intelligente. Il pose ses doigts sur sa crinière de chat, tout en tournant ses prunelles vers maman qui fait un peu idiote, derrière son tablier de femme modèle. « On mange en bas. » Ses yeux papillonnent et elle est pleine d'interrogation, la douce maman. On dirait qu'il vient de bouleverser son monde tout entier, simplement. « Mais Edwin, j'ai mis la table. On va pas tous aller en bas. » Et voilà, il grimace pour de vrai, cette fois. Elle est bête. Trop bête, tout simplement. Il l'observe un moment, balance son poids d'avant en arrière, une seconde, sur ses pieds. « Non. Lore et moi. » Il grogne les mots, commence à prendre leur plat. Il prend un plateau qui traîne, juste là, pour tout apporter avec soi. Mais bien évidemment, maman, elle parle. Elle propose son aide, demande aux petits s'ils veulent venir. Edwin doit secouer la tête, dire non, prétexter un truc con. N'importe quoi. Il aborde le prénom d'un garçon inconnu et descend les escaliers, là, en vitesse.

Il fuit la folle, la mer, la mère.
Un soupir se glisse entre ses lèvres, lorsqu'il ferme la porte du pied, au sommet des escaliers, derrière lui.
Il a fui ; il mérite le premier prix.

Sourcils froncés, la langue qui passe sur les lèvres, il descend les escaliers avec habilité. Pour pareille tâche, il a des années de pratique. Des années d'expérience, de talent fou. La télévision hurle des voix graves et des bruits de coup, lorsqu'il arrête tout en bas. Il tourne les yeux un instant, la tête aussi, observant. La grimace orne ses lèvres, en voyant le jeu en mouvement. Il ne se souvenait même pas de son existence. Edwin traîne les pieds pourtant, jusqu'au canapé. Il s'apprête à poser le plateau sur la table basse, simplement, les pupilles dévisageant le monstre, l'abominable, là, qui défigure sa télévision de ses pixels. « Heu… Je crois que je vais avoir besoin d’aide… J’ai un peu de mal. » Il rit un peu, trop grave, tout bas. On ne l'entend presque pas. Il tourne les yeux vers elle, simplement. La table basse est envahie par ses propres débris. La visite, elle n'est pas là souvent, c'est à croire. « J’ai choisi celui-ci un peu au hasard d’ailleurs, je crois qu’il s’appelle… « God of War » quelque chose dans le genre. Mais si tu préfères m’en montrer un autre, je suis tout ouïe… » Il hoche de la tête, Edwin, pose le plateau contre la foutue table, enfin. Un soupir se glisse hors de ses lèvres alors qu'il laisse ses genoux percuter le sol. Ce jeu là, il ne l'aime pas. « C'est nul ; je l'ai testé pour le boulot, c'est pour ça que je l'ai. Et pas par intêret. » Il lui jette un regard, soupire un peu, en voyant sa tête. Elle fait chaton abandonné, pauvre bête. Pauvre petite fille, là, qui a manqué le train. Elle fait plein de scènes de films tristes à la fois, Eleonore, rien qu'avec ses jolis traits. Ça lui met un peu les nerfs, quelque part. Il ne peut pas, tout simplement, claquer des doigts pour arranger tout ça ? La scène, elle n'est pas pour lui. Trop compliqué, trop épuisante. Ses doigts passent dans ses cheveux, avant qu'elle ne parle de nouveau. « J’espère que… que maman n’a pas posé trop de questions… » Elle fait douce, Lore, à lui servir un verre de soda. Edwin grogne un non presque inaudible, avant de prendre le verre, barbare, et d'en prendre une gorgée. Il a oublié de boire, aujourd'hui ; l'histoire de sa vie. « … J’suis tellement désolée… Tellement… Je… » Edwin serre les dents, les lèvres au bord des lèvres, le liquide glissant. Il ne veut pas de ses mots ; il en a assez, maintenant. Il a fait de son mieux, on dirait bien. « J’arrive juste pas à… à comprendre… » Edwin, il ne sait pas être doux. Il ne contrôle rien, pas ses larmes, pas ses pleurs et ses tristesses. Il ne peut rien faire, et la colère s'y met. Le verre contre ses lèvres, heureusement, empêche quoique ce soit.

Il finit sa gorgée, péniblement.
Lore, elle retient ses larmes. Elle n'y parvient pas, sans surprise.
Pourquoi elle y arriverait, de toute manière ?
Pour rien.

Le verre se pose sur la table, doucement. Il reste au sol, Edwin, l'observe. Il essaie de calmer sa colère, également. Contre lui, contre elle ; qu'importe, au final. La colère est là, qu'importe la raison. « donc on mange heu… des cordon-bleu ? Est-ce que le personnage de ce jeu en mangerait, tu crois ? » Il fronce des sourcils, là, doucement. Il sent la colère un peu plus calme, en dedans. La colère qui laisse place aux questions. Edwin, il ne comprend pas. Il veut les pleurs, les cris, qu'importe. Il veut le tout que ça sorte et qu'il ne supporte plus. Il ne veut pas, non, voir sa soeur retenir ses larmes pendant cent ans. Alors, il se contente de soupirer doucement, et puis de tourner ses prunelles vers les assiettes. « Je sais pas, et j'en ai rien à foutre. » La voix est trop brusque, certainement. Il n'y porte pas grand attention. Edwin se contente de tourner les yeux vers elle, un instant, et puis de prendre son verre à présent vide, tout simplement. « Mais le soda, je crois pas. Et il aurait fait ça. » Il serre le verre dans ses doigts, un instant. Il le serre et puis le lance, brusquement. Les éclats font pluie, contre le mur. Bonheur à eux; la cave est insonorisée. Maman, elle ne l'entendra pas tout casser. Eleonore, sa pauvre petite soeur, elle l'observe avec les yeux grands. Elle ne comprend pas. Edwin lui adresse un sourire un peu sec, avant de se redresser et de la forcer à faire de même. Face au mur, il lui met un verre entre les mains ; le sien, vide. « Casse le. Cris. Chiale. Pleure. Amuse toi, putain, laisse sortir ça. J'en ai rien à faire, Eleonore. Sérieusement, je préfère te voir crier comme une folle que chouiner comme un bébé en contenant tes larmes. » Il pose ses mains sur ses épaules, derrière elle. Plus vite c'est fait, plus vite c'est terminé. Alors la vie, il prie pour elle. Il prie, pour qu'elle casse tout. « Évite de toucher la télé, tout de même. » La voix sonne presque amusante, mais c'est menaçant. La télé, on ne touche pas.
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeLun 20 Jan - 14:06

Et je suis morte de peur, tout simplement. Morte de peur à l'idée de le décevoir, à l'idée de ne pas avancer correctement maintenant. Je suis morte de peur à l'idée de ne pas sourire à nouveau, à ne plus avoir d'espoir. Pourtant, j'essaie tendrement d'avaler la pilule, de faire passer le mal. J'essaie en parlant de tout et de rien à Edwin, en essayant de l'amener à penser que ce n'est pas si grave. Il s'est montré doux avec moi depuis qu'il a vu mes larmes. Il s'est montré tendre, faisant des efforts de son côté qui lui ont sans doute coûté plus que ce que je n'étais capable d'imaginer. Alors que je commençai à m'habituer à cette attitude, m'habituer à ses attentions, il me répondait brusquement. Trop brusquement. Comme quand il est en colère, comme quand il a mal. Je le regarde, les yeux grand ouverts. Je le regarde surprise, ne sachant pas quoi dire. J'ai peur sur l'instant, mon cœur saute. Edwin ne me fera pas de mal, j'en suis persuadée mais qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il cherche à faire en répondant comme ça. D'un mouvement de recul je pose mes bras tendus sur le canapé, comme prête à partir.

Pourtant, je ne pars pas et je n'en d'ailleurs pas l'intention. Il me fixe, l'espace d'une seconde. Son regard est changé, beaucoup plus brut qu'il y a à peine une seconde. Je ne comprends pas, j'ai encore plus envie de pleurer. Serrant les lèvres je retiens les sanglots, de peur de le mettre encore plus en colère. Et il parle. Il parle et alors qu'il lance son verre contre le mur, j'observe les éclats. Je les observe, les plus gros comme les plus petits et je serre mes poings. Mon frère a toujours eu ce côté violent mais jamais près de moi et sur l'instant je ne comprends pas. Les yeux désormais emplis de larmes par l'incompréhension, incapable de prononcer un mot je le regarde. Droit dans les yeux. Comme suppliante de comprendre, de faire le bien. Mais au lieu de ça il me fait me lever, tremblante je ne sais pas ce qu'il veut faire de moi. Je ne comprends pas où il veut en venir, je ne comprends pas ce qu'il cherche à faire. « J-je... » c'est tout ce qui sort de ma bouche. Comme un rien qui passe inaperçu alors qu'il me pose le verre entre les mains. Je le tiens fébrilement, je me demande ce qu'il cherche à faire, encore. Je le regarde, toujours prête à craquer sans le faire. Je le regarde et j'attends.

Je tremble et j'hésite. Les mots d'Edwin sont forts, ils me blessent. C'est très certainement un mal pour un bien. Mais pour le moment je n'arrive pas à faire la part des choses. Je suis trop perdue dans ma tête. Je suis dans un flou, ne voyant pas où la violence peut me mener. Mais après tout, je n'avais jamais pensé être malheureuse un jour. Et les pensées se bousculent trop dans ma tête. Les pensées me font mal, elles sont trop fortes. Les larmes restent au fond de ma gorge et elles hésitent encore. La haine, au fond de moi ne sait pas comment agir. Je ne sais jamais comment agir, je suis comme un gamin qui ne se pas encore marcher et qui veut atteindre le biscuit sur une table. Si au loin j'aperçois la lumière je ne sais pas comment l'atteindre. Et Edwin, si, peut-être. Pourquoi ne pas lui faire confiance ? Pourquoi ne pas mettre tout ce qu'il me reste dans les mains de l'homme qui a toujours eu mon cœur entre les mains ?

Je sursaute légèrement alors qu'il pose ses mains sur mes épaules. Il me ramène à la réalité, là, face à ce mur, le verre entre mes mains. Je le serre doucement de mes doigts frêles avant de pincer mes lèvres. Et Edwin parle, encore. Le ton semble plus léger bien que je ne sois pas sûre que cela soit une blague. Je souris pourtant, un peu détendue. Les tremblements se calment avant de partir de plus belle. Je dois me décider. Maintenant. Je dois casser le verre contre le mur. Parce que je n'ai rien à perdre, tout à gagner. Alors je pose ma main libre sur la sienne, de mon épaule une seconde. Je serre de toutes mes forces avant d'attraper le verre et le jeter. Il s'éclate, encore plus violemment que celui de mon frère, et je souris. Je souris et je me tourne vers Edwin en riant. Je ris, je ris nerveusement et je tremble.

De peur, de haine et de regrets. Et je pleure, je pleure cette fois-ci pour de vrai. Je pleure à n'en plus finir et je m'effondre au sol. Je n'arrive plus à maîtriser mes gestes et je hurle. Je hurle aux creux de mes mains contre mon visage. Je hurle en resserrant mes mains au dessus de mes yeux. Je hurle sûrement trop longtemps, jusqu'à être comme vidée. Épuisée de la haine, épuisée de la douleur. Et alors que je sanglote encore, je reprends le contrôle de mon cœur malgré tout. Je relève les yeux, mon visage rouge et meurtri par mes propres doigts qui l'ont abîmé. Je regarde Edwin et me relève, difficilement, sans plus de force. Je le regarde, un instant, un autre. Et je n'ai plus envie de pleurer. Je n'ai plus envie de crier non plus. D'ailleurs ma voix est cassée, brisée, la haine l'a torturée avant de me quitter. Et les yeux dans celui de mon frère je demande, le plus sincèrement du monde « Est-ce que ça reviendra ? » La haine, la peur, la douleur. Est-ce que c'est un remède éphémère, est-ce que c'est définitif. Je n'ai pas la réponse.

Dans ce domaine je n'en ai aucune, de réponses. Alors j'attrape la main d'Edwin et je me glisse sur le canapé. « On peut jouer, maintenant ? Je veux jouer, je veux apprendre... » Je souris, simplement. Ma tête me fait mal, elle tourne légèrement. Mais je suis inexplicablement soulagée. Je respire à nouveau. Je regarde mes doigts, un de mes ongles à un peu de sang, j'ai du m'ouvrir un peu le visage. Mais je m'en fiche. J'attrape une manette, et doucement je dis, « Je serais morte sans toi. » C'est dur, c'est brut. Mais c'est quelque chose que je n'ai jamais osé dire. Parce que j'ai toujours cru que j'étais responsable de cette tentative de suicide, de ce malheur qui le bouffe. J'ai toujours cru que je n'avais pas su lui venir en aide. Mais lui, il a toujours su. Sans s'en rendre compte, très certainement, mais il a toujours su. Et encore là, maintenant. Et je veux qu'il le sache. Je veux tellement qu'il le sache. Qu'encore aujourd'hui il a prouvé qu'il était mon espoir, qu'il était celui qui me rendait telle que j'étais. Qu'il me maintient en vie depuis tout ce temps. C'est un peu comme se rendre compte que sans lui j'aurais très certainement la tête sous l'eau, que je coulerai sans plus jamais voir le jour. Edwin est mon soutien, Edwin est mon bonheur. Le mien, celui qui a la tête dans l'eau pour que je puisse respirer, et qui détient toutes les clefs de ma vie.
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MessageSujet: Re: Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin   Je vais bien ne t'en fais pas. - Edwin Icon_minitimeMar 21 Jan - 22:21

  Edwin fait peur. Edwin fait mal. Il ne sait pas faire autre chose, de toute manière. Il ne sait faire que cela, oui; sourcils froncés, le corps solide et mince pourtant, dur comme de la pierre. Il observe les mains solides, la pensée trop dense pour qu'on puisse la fendre. Edwin, on ne l'observe pas trop longtemps dans les yeux. On les détourne tout bonnement, en fait, au bout d'un moment. On les détourne vivement, parce qu'on aime pas, au fond, ce qu'on voit là tout en dedans. Non, on ne supporte pas. Même lui, il ne supporte pas. Ses prunelles se détournent brusquement, lorsqu'il tombe sur son reflet, une fois de temps en temps. C'est pas beau à voir, là-bas. Y'a des bêtes, des choses sauvages qui ne se contrôlent pas. Les couleurs qui s'agressent et les pensées qui font bagarres, qui se bouffent et s'avalent, encore vivant. Non, c'est pas beau, au fond, dans ses pupilles azurées. Ça donnerait presque envie de pleurer, qui sait. De s'agenouiller là, au sol, et d'attendre que le tout soit passé. Prier comme un désespéré que les trucs malsains, les créatures à la douleur sans fin, ils en viennent à crever, ou du moins à se taire, simplement. Edwin, il ne parvient même pas à s'observer, à se contrôler, à respirer. Il est pris comme ça, brusquement et subitement, sans pouvoir faire quoique ce soit. Elle est douce, Eleonore. Il aimerait lui conter milles promesses et la prendre dans ses bras, tout simplement. Il aimerait pouvoir lui sourire et caresser sa joue, simplement, mais ça, il ne sait pas. Il ne sait pas, non, comment faire les choses comme ça. Edwin se contente de fracasser un verre contre le mur parce qu'il ne supporte pas, parce qu'il ne sait pas parler, et puis, de lui demander de faire de même, à sa suite, simplement.

Edwin, il lui demande d'être comme lui pendant un instant, pour qu'elle crache sa colère jusqu'à la prochaine crise. Edwin, il fait quelque chose de mal, au fond peut-être, pour elle. Il ne prend pas la peine d'y penser, pourtant. Il ne prend pas la peine de rien, sauf de lui mettre un verre entre les mains, et puis d'insister de sa voix verrouillée, cassée, mal aimée, pour qu'elle crie, hurle et brise, et puis se taise, enfin. Qu'elle se taise, Eleonore, qu'elle oublie cette douleur qui ne cesse de la traverser, de la transformer, et qu'enfin, elle soit comme avant. Ce n'est pas parce qu'elle est comme lui un peu, à cet instant, qu'il se montrera comme elle. Elle est incapable de supporter la douleur comme lui. Il est incapable de sourire comme elle. C'est un fait simple que l'on ne peut changer, tout simplement. On ne peut pas changer la réalité, la vérité.

Le bruit résonne comme le cri d'un ange. Fort, fracassant.
Il y a du verre partout maintenant, contre le sol.
Edwin observe les petits bouts coupant un instant, un moment.
Il observe, comme ça, avant qu'Eleonore, et bien, elle en vienne à s’effondrer lamentablement contre le sol.
Ça brise quelque chose, en lui, mais il se tait.

Il se tait, simplement. Il se tait alors que, contre le sol, les genoux peut-être salis par la poussière qui traine, les doigts agrippés à ses traits, Eleonore pleure et crie, contre le sol. Il y a cette impression de déjà vue qui le traverse avec force alors qu'il observe simplement sa soeur, là, prise par quelque chose, une crise certaine, qu'il ne connait que trop bien. Il serre les dents et ne dit pas le moindre mot, pourtant, car dans son cas, la chose serait bien plus énorme, destructrice. Il ne sait pas, pour elle, alors, le silence règne autour d'eux. Silence brisé par les hurlements et les pleurs de la soeur, choses qu'il, au fond, ne souhaite pas entendre. Edwin supporte, pourtant. Il tente, du moins. L'instant dure à peine quelques secondes, et pourtant à ses oreilles, le tout sonne comme l'éternité. Quelque chose de trop lourd, de trop loin. Quelque chose qu'il ne supporte pas. Edwin parvient un peu à respirer quand les pleurs deviennent petits sanglots et qu'elle semble se calmer ; quelque part, il ne s'était même pas rendu compte avoir retenu son souffle. Il parvient à respirer simplement lorsqu'il n'y a que des larmes au coin de ses yeux, le long de ses joues aussi, et qu'elle tourne ses traits rougis vers lui. « Est-ce que ça reviendra ? » Oui, toujours. Toujours et sans fin ; c'est parti, il y a eu trop de bruits, la tristesse a eu peur. La colère aussi. Mais ils reviennent toujours. C'est des rats, et ils s'abreuvent des moindres miettes. Edwin ne répond pas, ne dit rien, pourtant. Il la laisse prendre ses doigts et la suit simplement, sur le canapé. « On peut jouer, maintenant ? Je veux jouer, je veux apprendre... » Elle sourit, simplement. Malgré ses yeux rougis, Eleonore l'observe et sourit. Edwin n'y parvient pas réellement, lui, après ses crises de larmes. Il n'a jamais été comme ça, dans tous les cas. Il n'en a jamais été capable, en fait, au final.

Sourire, ce n'est pas réellement fait pour lui. Ou du moins, pas sourire comme le reste des gens.

Elle est belle, sa soeur. Douce et belle, quelque chose que l'on ne brise pas, que l'on ne fait pas pleurer, non plus. Il fronce des sourcils à imaginer la personne qui a bien pu faire naître autant de choses tristes dans son coeur et serre les dents. Il ne le supporte pas. On n'en fait pas, des choses comme ça. Pas à elle, dans tous les cas. Pas à elle, non. « Je serais morte sans toi. » Les mots frappent fort, presque trop forts, même. Edwin serre les dents un peu plus fort, échappe sa manette qu'il tenait bien fort, pourtant, entre ses doigts. Il ne supporte pas ses mots. Il ne supporte pas grand chose, en fait, ce soir. Elle a tout pris ce qu'il y avait de bon en lui pour la soirée, quand il l'a pris dans ses bras et déposé un baiser contre le sommet de sa tête. Maintenant, il ne reste que du mauvais. Que du mauvais, et Eleonore, elle ne supporterait pas. Les mots sont armés de couteaux dans sa bouche et massacrent tout, réduisent l'intérieur en sang, mais Edwin, il ne cède. Il ne l'ouvre pas, cette bouche, car au final, ça pourrait être trop triste pour elle, tout ça. Pour lui aussi, certainement, mais il n'ose pas y penser. « La ferme ele. La ferme un peu. » C'est presque un je t'aime. C'est las et léger ; il ne sait pas quoi dire d'autres, de toute manière. Le reste des mots serait de trop et il est incapable d'être délicat. Edwin reprend sa manette alors, et démarre le jeu pour lui montrer.

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