Le contraste entre la gifle glaciale de l'extérieur et la douce caresse de l'intérieur lui semble presque trop violente. Son souffle se coupe, un bref instant, avant de reprendre à toute vitesse, comme s'il se cherchait lui-même. Les yeux grands ouverts, un peu gelés par le froid, il observe, à la lumière presque inexistante de la pièce, les quelques visages présences. Il lui faut froncer des sourcils et attendre un moment minime mais important pour enfin deviner les visages qui se dessinent sous ses yeux. La lumière vive, reflet de la neige, semble avoir rendue ses yeux plus que fragile. Pauvre gamin aux yeux bleus. Felipe soupire lourdement avant de retirer son bonnet ; un coup de coude s'enfonce dans son dos, léger, en dessous des omoplates. Un peu sourcil, il lui faut un instant pour se souvenir de Marcus, de leur présence dans l'ancien pub, et de sourire. Fin, doux sourire, il l'observe une seconde à peine avant de lui faire un signe de tête, et de partir à la recherche d'une table. Sous ses bottes, des traces humides marquent le sol ; il entend le soupir d'une vieille serveuse qui, le dos douloureux, peine déjà à la pénible tâche de nettoyer le sol. Felipe lui adresse un sourire désolé avant de prendre place en silence sur une banquette, contre le mur. Par réflexe, il ne s'assoit pas complètement sur le côté, laissant l'ombre d'une place à ses côtés ; Ilir et Louve sont friands de banquette, l'habitude ne peut être effacée, qu'importe leur non-présence.

Son dos, épuisé par la journée de travail à peinturer, s'affaisse contre le dossier un brin confortable. Il en trouve pourtant, du confort, car un soupir s'évade ses lèvres alors que sa tête, lourde, pend vers l'arrière pendant un instant. Un fin sourire prend place sur ses lèvres lorsque l'instant passe; il dévisage Marcus qui, il semblerait, se trouve presque inconfortable. Il n'a jamais apprécié les pubs, qu'importe le fait que celui-ci soit principalement habité par les vieux pêcheurs des environs. Un pub reste un pub, et les hommes des hommes. « Bon alors, tu peux me dire pourquoi y'avait une fille chez toi, mon gars ? C'est certainement pas un coup d'ta soeur, elle s'est enchaînée au p'tit frère de barbie. » Petit frère de barbie ; Aristée. Felipe ne connait même pas son prénom, mais la gueule suffit pour ne pas l'apprécier. Il se demande, un instant, combien de soins beautés il se fout à la gueule pour avoir un pareil teint de porcelaine. Il fallait bien un gars comme ça pour compenser le manque de féminité de Dali. Un sourire fleurit sur ses lèvres, à cette pensée.

Redressant le menton pour observer la serveuse d'un certain âge, Felipe lui demande une bière quelconque toute en retirant ses moufles. Sous l'éclat faible de la lumière tamisée, la bague qui orne son doigt clignote légèrement, tout en restant discrète. Il aborde un sourire à Marcus une fois sa propre commande terminée. « T'as l'air presque calme, là. Y'a un truc qui va pas ? » Cinq minutes sans la moindre plaisanterie, ça semble beaucoup trop, lorsque l'on est en compagnie de Marcus. Felipe fronce des sourcils tout en le dévisageant, avant de retirer son gilet, finalement. Quelques tâches de peintures décorent ses vêtements, mais ça n'a pas grande importance ; ce n'est que son uniforme de travail, t-shirt et jeans de couleurs unies.

Une odeur de poisson traîne dans la pièce. Elle est là tantôt, puis on ne la sent plus. Marcus, il se demande s’il n’y a que lui qui la sent cette odeur. Elle serait forte pour quiconque n’aurait pas l’habitude, elle donnerait envie de faire faire demi-tour au premier qui entrerait sans être de la communauté. Personne ici n’agit comme s’il était indisposé. C’est peut-être ça son rôle, éloigner les intrigués et laisser les bars du port aux pêcheurs. Marcus, il se demande pourquoi Felipe il a voulu venir là, probablement pour éviter les ennuis de toujours, pour s’épargner la visite de quelques langues moqueuses auxquelles Marcus a bien souvent affaire. Il cherche loin le petit. Au lieu d’aller au plus simple. A peine réchauffé d’avoir été à l’extérieur, Marcus suit Felipe à travers la pièce pour s’asseoir dans un coin. L’odeur, elle ne les suit pas. Heureusement. Marcus, il pense. Il pense à ce qui l’entoure et est très attentif. Une seconde, il s’attarde sur la vieille dame qui doit effacer leur trace et l’autre seconde, il observe Felipe et son nouveau visage de travailleur. On le voit là, après une grosse journée de travail, plongé dans la fatigue que le petit, il devient grand. Marcus, il sourit de ça. Un sourire invisible. Bien vite disparu quand Marcus focalise son attention sur quelques hommes bien bruyants. « Bon alors, tu peux me dire pourquoi y'avait une fille chez toi, mon gars ? C'est certainement pas un coup d'ta soeur, elle s'est enchaînée au p'tit frère de barbie. » Son visage se tourne, prêt à converser. Le sourire moqueur, il vient. Marcus, il a envie de rire et de répondre à Felipe qu’il se met à avoir des sujets de conversation de gonzesse. Il veut se moquer de lui pour rattraper le temps perdu, mais il faut croire que Felipe, il n’est pas bête du tout. Quand il parle d’Aristée et de Dali, c’est comme s’il s’assurait que Marcus, il n’allait pas avoir l’humeur à plaisanter. Comme faire exprès de réveiller l’animosité de quelqu’un pour le faire parler. Il a envie d’applaudir, mais trop bruyant. Il n’y a pas besoin que quelqu’un porte son attention sur eux. « Oh, toi aussi tu as vu cette farce. Des fois, j’ai envie d’appeler Lou pour qu’elle ramène son derrière et me dégage le gamin, mais c’est pas dans l’intérêt de Dali. » répond-il en commençant enfin à se défaire de ses vêtements inutile maintenant qu’il est au chaud. Gants et écharpes sont posés sur la table tandis qu’il demande une bière, bien qu’un café serait dans l’immédiat plus approprié. « T'as l'air presque calme, là. Y'a un truc qui va pas ? » Il relève la tête, fixe Felipe sans trop voir où il veut en venir. Peut-être que la fatigue donne cette impression. « Non non, ça va. Excuse-moi, je vais être plus réceptif. C’est juste que, je me demande ce qui lui arrive à Dali. Que je sache, une rupture, ça te fais pas changer de bord. » dit-il en rouspétant un peu et en parlant un eu pour lui-même. Il se reprend rapidement, après tout, Felipe n’a pas besoin qu’on l’accable d’un truc aussi peu important. « Mais sinon tu t’intéresses aux potins maintenant Felou ? Qui sait, j’interrogerais papi sur la fille, c’est peut-être un coup à lui. » Marcus, il rit un peu plus en observant la tête de Felipe même si ce dernier va très rapidement voir que Marcus, il ne dit pas tout.

Sous la lumière un brin tamisée, l'éclat de la bague luit doucement. Felipe y jette un bref regard avant de tourner les yeux vers Marcus, de nouveau. L'ami semble calme, peut-être un peu plus dans ses pensées qu'à l'ordinaire. Il lui semble que cela fait des mois qu'il ne l'a pas vu ainsi. Depuis son retour peut-être, depuis l'instant où il a revêtu son sourire de nouveau. Felipe a les sourcils froncés un brin, à le dévisager, silencieux. Il attend une réponse à sa question et se retient de ne pas l'agresser, pour tout découvrir et tout savoir. La curiosité le dévore de l'intérieur, comme une bête. Le peintre, pourtant, garde les lèvres finement pincées. Felipe préfère tourner ses pupilles vers la serveuse qui prépare leur verre, derrière le bar. Il pose son menton sur la paume de sa main, le regard un peu absent, le corps un peu lourd, certainement, par les heures de travail acharné. Au bout d'un instant - en réalité court, mais long pour lui -, Marcus se met à parler. « Non non, ça va. Excuse-moi, je vais être plus réceptif. C’est juste que, je me demande ce qui lui arrive à Dali. Que je sache, une rupture, ça te fais pas changer de bord. » Felipe hausse d'un sourcil et le dévisage en silence. Un tel silence, c'est beaucoup pour si peu. Certes, il sait à quel point on peut s'en faire pour sa soeur  - il est un démn pour ce qui est de protéger la sienne - mais venant de Marcus ? Il doute un peu, tout au moins. Pourtant, il laisse la chose coulée. « Peut-être qu'il a pas d'queue. » Il dit ça comme ça, pour rire et sans y croire, en fait. Surtout pour détendre Marcus, peut-être. Au même instant, la serveuse revient et pose les verres sur la table. Assoiffé, Felipe plonge vers sa première gorgée. « Mais sinon tu t’intéresses aux potins maintenant Felou ? Qui sait, j’interrogerais papi sur la fille, c’est peut-être un coup à lui. » Haussement de sourcil plus intense, cette fois. Felipe a le verre au bord des lèvres et le dévisage en silence, avant de le déposer tout simplement. Les yeux crient les mots, les soulignent, mais il prend tout de même la peine de les prononcer. « Franchement. » Le verre cogne contre la tête et il lève les yeux au ciel, simplement. Il tire la gueule un instant, bref mais visible, presque agacé qu'il ne lui dise pas directement la vérité. « Tu veux pas en parler ? Bon, tant pis. » Il pue l'enfant, à grogner un peu pour ne rien dire et puis à passer ses doigts dans ses cheveux. Felipe finit par soupirer avant de sentir la petite résistance, dans ses cheveux ; la bague. Il fronce des sourcils, fige son mouvement, et puis glisse ses doigts sous la table, discret. « Aller, sois franc et j'te dis un truc que tu soupçonne même pas. » Il sourit, comme ça, une lueur dans les prunelles et un sourire arrogant sur les lèvres.

Marcus, il se perd dans ses pensées sans trop s’en rendre compte. Il le fait tout le temps, pour penser à tout et à tout le monde. C’est dans sa nature à lui de se demander si un tel va bien ou si un autre ira bien. Même si évidemment, il y’a d’autres choses qui lui traverse l’esprit, Marcus rêve de la même façon que d’habitude. C’est pourquoi, il ne comprend pas trop l’expression de Felipe quand celui-ci lui pose des questions sur ce qui ne va pas. Pour lui, c’est une journée comme une autre. Marcus n’a pas de problème majeur en ce moment. Sauf peut-être l’intrus qui vit chez lui … « Peut-être qu'il a pas d'queue. » Et le mécanisme du rire qui se met en route et qui porte dans tout le pub. Marcus, il rit. Peut-être pas à s’en tenir les côtes mais de la même manière qu’une pétasse de lycée, il rit, pouffe presque. Malgré lui. C’est rapide, ça se termine dans un sourire qui dit merci à Felipe. Merci pour ne pas prendre la défense du merdeux. « Ça me réconforterait si c’était vrai tu vois ? Enfin, ça ne durera pas. Dali, elle a trop besoin d’attention. » Finit-il par dire avant que la serveuse n’arrive. Cette histoire n’est pas la sienne après tout, et autant la taire quand il est au village. Pour que des rumeurs ne roulent pas de bons trains. Marcus, il n’aime pas parler devant les gens. Il fixe la serveuse, assez durement jusqu’à ce qu’elle soit assez loin pour que cette conversation redevienne privée. Une gorgée de bière. Une seconde. Y’a le petit sourire qui revient quand Marcus regarde Felipe. Felipe qui ne tient pas en place, désireux d’une vraie réponse et pas d’une théorie bidon qu’un enfant ne goberait pas. « Franchement. » Troisième gorgée. Il fait mine de rien. Marcus, à l’intérieur, il ne sait pas s’il a envie de parler d’Hanna. Parce que Felipe, il doit se faire plein de film dans la tête. Parce qu’il va devenir plus chiant quand Marcus lui dira qu’il n’y a rien. Parce qu’il ne va pas le croire aussi. « Tu veux pas en parler ? Bon, tant pis. » Le sourire s’élargit. Ça lui manquait tiens, de voir Felipe un peu en colère pour rien. Un peu grognon quand il n’a pas ce qu’il veut. C’est que le petit con, ça lui va bien d’être heureux. Il râle même plus. Bouche cousue le Marcus, en train d’observer. Lui-même se trouverait énervant. « Aller, sois franc et j'te dis un truc que tu ne soupçonne même pas. » Il se redresse. Maintenant, on en vient au chantage ? Non, Felipe, il a l’air du gamin qui veut dire son secret. Y’a toujours cet arbitrage dans la tête de Marcus. Fel, il va être déçu, aucun de ses petits films n’est vrai. « Que je soupçonne même pas ? Tu deviens une vraie marchande ma parole. » Nouveau rire. « Je suppose que maintenant, tu dois avoir tes règles comme les nanas nan ? » Peut-être, qu’il ne va pas trop le faire languir. Marcus redevient sérieux. « C’est juste une fille qui a débarqué chez nous et avec qui je m’entend bien. On est amis maintenant. Je suis désolé, si tu veux entendre parler de coups, tu vas devoir continuer à demander à Paul le compte rendu de ses soirées. » avoue t-il tout simplement en haussant les épaules. Oh, peut-être qu’il aurait pu mentir un peu. Mais, ça n’aurait pas été juste. « Et donc, qu’est-ce que je soupçonne pas ? » demande t-il en reprenant une nouvelle gorgée.

Il a envie de rire comme un môme, Felipe, à le voir se redresser comme ça. À croire qu'ils sont tous pareils, frétillant comme un poisson dès l'instant où on aborde un fait qu'il ne connait tout bonnement pas. Felipe a ce sourire sur les lèvres, fier de sa bétise, mine de rien. Il sourit comme ça, simplement, l'arrogance qui se noie contre ses lèvres. Il sourit et l'observe, le menton haut, fier de ce qu'il tient entre ses doigts. Pourtant, quelque part, il essaie de ne pas prêter attention à ce noeud au fond de ses tripes, à cause des nerfs, peut-être bien. C'est un noeud bien trop grand qu'il ne peut pas défaire, simplement. Un noeud où ses doigts sont enfoncés, présentement, dans l'espoir de le briser au plus tôt. « Que je soupçonne même pas ? Tu deviens une vraie marchande ma parole. » Felipe claque sa langue au fond de son palais, serre les dents un instant et fait la moue, comme la princesse qu'il peut bien être, parfois. Il a cette petite lueur de pute au fond des prunelles, comme pour lui faire comprendre de se la fermer. Mais au fond, il a ce sourire amusé, un peu, sur les lèvres. Un sourire amusé qui vient du coeur. « Je suppose que maintenant, tu dois avoir tes règles comme les nanas nan ? » Felipe ouvre la bouche, presque indigné, avant de secouer la tête et de ricaner un peu. « Oh ta gueule, franchement. » Il rit un peu encore, avant de l'observer, attendant la réponse. Pendant ce temps, il prend une gorgée de sa bière, pour faire passer le noeud, pourquoi pas. Marcus, quant à lui, en vient à continuer après un certain temps d'arrêt. Silence pour faire durer le suspense, ou quelque chose comme ça, certainement. « C’est juste une fille qui a débarqué chez nous et avec qui je m’entend bien. On est amis maintenant. Je suis désolé, si tu veux entendre parler de coups, tu vas devoir continuer à demander à Paul le compte rendu de ses soirées. » Felipe grimace. Il sait que Marcus, il n'est pas du genre à avoir des coups. C'est le mec qui tombe amoureux et reste dans les parages pendant des siècles en espérant que la beauté remarque sa valeur. Felipe se contente d'hocher de la tête pourtant, tout simplement. Il hoche de la tête, le regard vague, se demandant si la situation va être comme pour les autres, avec celle-ci. Il espère que nous, pour Marcus. « Et donc, qu’est-ce que je soupçonne pas ? » Felipe tourne les yeux vers lui, sourcils froncés. « Hm ? » Il a presque envie de faire le mec qui a oublié, qui n'avait rien à dire. Il sait pourtant que Marcus, il ne le lâchera pas, avec ça. C'est impossible, tout simplement. « Bah...c'juste un p'tit truc, hein. » Il se racle la gorge, se redresse un peu, sur son banc. Felipe, il ne peut s'empêcher de passer ses doigts dans ses cheveux. « T'sais, j't'ai déjà parlé de comment est Ilir, hein. Bisounours, sentimental. Il doit suer de la niaiserie et pas d'la sueur, quoi. » Il ricane un peu, avant de prendre une gorgée de sa bière. « 'fin bref, voilà quoi. » Et bam, la main se dépose sur la table, et la bague se voit. Reste à avoir si Marcus comprendra.

Et ils finissent par l'avoir cette conversation de nana. Au beau milieu de ce pub qui pourtant transpire la virilité des pêcheurs du coin. Marcus et Felipe, ils ressemblent plus à deux nanas qui prennent le thé qu'à tous ces hommes reniflant et jurant des trucs paillards. Marcus s'en rend compte, il se moquerait presque de lui même pour le coup. Presque. Se moquer de Fel, c'est mieux - pour son égo. Le faire trépigner d'impatience aussi, c'est drôle. D'ailleurs, le petit sourire ne l'a pas quitté. Pour preuve. « Oh ta gueule, franchement. »Les mots d'oiseaux sortent. Pour lui, c'est comme passer à la vitesse supérieure.  « Tout à l'heure tu voulais me faire parler pourtant ? » Ce qu'il peut être chiant parfois. Il le sait, un jour, quelqu'un perdra patience mais Felipe rit alors, Marcus se sent bien. Il déconne. Il est dans son élément. Il ne tient pas bien longtemps au sujet d'Hanna, parce que trop faire attendre Felipe, ce n'est pas une bonne idée. Et puis, ces choses là sont drôle que pendant cinq minutes. Non, autant avouer qu'il ne se passe rien et passer à autre chose. Par exemple, à ce truc qu'on ne soupçonne même pas. Marcus aussi, il est curieux. Et on ne peut pas l'appater avec une fausse information. Maintenant c'est trop tard, il doit apprendre un truc. « Hm ? » Il a le regard tandis que Felipe fait genre. Le regard qui dit qu'il ferait mieux de tout déballer ou de pas défiler. C'est là qu'il se dit qu'il a beau se moquer de Fel, il se comporte comme une fille là. A exiger d'être au courant du dernier potins. Des seins lui pousseraient qu'il s'étonerait même pas. « Bah...c'juste un p'tit truc, hein. » Oui oui, balance. Ce qu'il fait comprendre en aquiescant. « T'sais, j't'ai déjà parlé de comment est Ilir, hein. Bisounours, sentimental. Il doit suer de la niaiserie et pas d'la sueur, quoi. » Ah ? C'est pas vraiment l'image que Marcus a d'Ilir. Mais passons, ça en fera un de plus avec qui jouer à Desperate Housewive dans le pubs. « 'fin bref, voilà quoi. » finit-il par dire avant de taper de la main sur la table, ce qui fait sursauter Marcus qui ne s'y attendait pas. « Voilà quoi ? tu compte lui taper dessus ?»  demande Marcus en riant, les yeux sur la main avant de remarquer la bague. Il est perplexe du coup. Il a envie de faire une autre vanne mais il sent que c'est pas le moment. Il a les yeux rivés sur le bijoux en cherchant une autre explication que celle qui est la plus logique. Il a pas envie de passer pour un con. Mais les racordements se font et Marcus en conclu que Fel s'est fiancé. « Attends. Tu vas te marier ? » Il a du mal à y croire. Autant de mal qu'à le dire. Il devrait être content, il le sait. Mais là, il s'inquiète un peu. C'est pas normal. Et il ne peut s'empêcher de demander. « Mais t'es sérieux ? T'y a vraiment réflechis à ce que c'était ? »

Marcus sursaute. Felipe a le coeur qui fait pareil, en dedans. Il a l'impression, pendant un instant, qu'il a vu la bague et qu'il a compris. Qu'il est surpris, beaucoup trop, comme si la chose était une connerie. Au fond, Felipe sait que ce n'est pas le cas. Il a pris le temps de répondre, malgré la surprise, et il est confiant en son choix. Un non aurait été quelque chose que lui-même, il n'aurait pas du tout accepter. Un nom lui aurait brisé le coeur, simplement. Mais Marcus, il ne pense pas comme lui, il ne pense pas comme les autres. Il a sa manière de pensée, comme chacun, et Felipe ne peut s'empêcher d'y accorder une importance. Même si le choix est sans rapport avec cela, même si, au fond, Marcus n'a pas à mettre son nez dans la chose, il a ce besoin qu'il comprenne. C'est bête, mais Felipe fonctionne comme ça, simplement. Il a besoin de l'approbation des autres pour avoir son confort, simplement. « Voilà quoi ? tu compte lui taper dessus ? » Marcus rit, toute en parlant. Felipe a cette envie de lui mettre une baffe et de puis coller la tête près de la main, pour qu'il voit et qu'il comprenne. Heureusement, la violence n'a pas à naître car Marcus, qu'importe les plaisanteries, en vient à voir la bague, là, à son doigt. Il fixe le bijou avec une telle tête que Felipe se retient de cacher sa main sous la bague, un peu mal-à-l'aise. Il est un peu en colère, dans un sens, que la chose le rende sans mots. Marcus n'est jamais sans mots, après tout. « Attends. Tu vas te marier ? » Marcus, il a cette surprise, dans sa voix. Felipe claque sa langue dans son palais et soupire, avant de prendre sa bière. Pourquoi il ne pourrait pas se marier, après tout ? Y'a bien des meufs qui le font, simplement parce qu'elles sont en cloque. Il boit sa bière, comme ça, silencieux, essayant de se calmer, alors que Marcus, il n'a pas fini avec ses questions. « Mais t'es sérieux ? T'y a vraiment réflechis à ce que c'était ? » Le verre se dépose contre la table et Felipe y pose son coude, également. Il s'y appuie un peu, observe son ami. « J'suis du genre à prendre des décisions sans réfléchir, mec ? » Il soupire, passe ses doigts dans ses cheveux. Le toucher de la bague et de la crinière l'énerve encore, de nouveau, et la retire rapidement. « Écoute, j'sais que ça peut surprendre. J'suis tombé comme une merde du canapé quand ce connard a fait sa demande. » Il sourit un peu, en disant ça. « J'ai toujours cru que c'était des foutus conneries, les trucs qui parlent d'amour. Comme quoi, on veut...on trouve la force dans l'autre, pour être soi-même, et blabla. L'truc c'est que j'trouve que c'est pas mal le cas, avec ce mec là. Tu l'sais qu'j'ai passé pas mal de temps avec un étau autour du cou. » Felipe l'observe dans les yeux, avant d'observer la bague. « Ilir, il m'a secoué, il a crié et il l'a retiré. J'dis pas qu'on aura un mariage cet été, ou j'sais pas quoi. J'sais juste que j'ai une bague, et qu'il en a une aussi. J'sais juste que j'suis bien avec ce connard et que j'ai envie d'le montrer, c'tout. »

Marcus, il aurait bien voulu continuer à faire l’autruche. C’est que parfois, ne rien savoir c’est bien confortable. Heureux sont les imbéciles, on ne le dit jamais assez. Du coup, il se retrouve à regarder fixement Felipe après avoir découvert la bague, ce qu’elle représente. Marcus, il cherche quelque chose sur le visage de Felipe, comme un clin d’œil ou un sourire qui indiquerait une blague. Après tout, avec ce que Marcus fait tourner en bourrique, il mériterait une vengeance. Il mériterait de croire au mariage du siècle pour découvrir qu’en fait : nan. Ouais, c’est ce qu’il se dit au début, que c’est une blague mais à la tête de Felipe, Marcus devrait plutôt prendre les choses sérieusement pour une fois. « J'suis du genre à prendre des décisions sans réfléchir, mec ? » Marcus, il hausse les épaules à la recherche de comment expliquer ce qui trotte dans sa tête. Seulement, il se tait. Il ne veut pas parler trop vite, il sait qu’avec Felipe il faut utiliser les bons mots. « Écoute, j'sais que ça peut surprendre. J'suis tombé comme une merde du canapé quand ce connard a fait sa demande. » Il se cale au fond du siège, les bras croisés, attentif. « J'ai toujours cru que c'était des foutus conneries, les trucs qui parlent d'amour. Comme quoi, on veut...on trouve la force dans l'autre, pour être soi-même, et blabla. L'truc c'est que j'trouve que c'est pas mal le cas, avec ce mec là. Tu l'sais qu'j'ai passé pas mal de temps avec un étau autour du cou. Ilir, il m'a secoué, il a crié et il l'a retiré. J'dis pas qu'on aura un mariage cet été, ou j'sais pas quoi. J'sais juste que j'ai une bague, et qu'il en a une aussi. J'sais juste que j'suis bien avec ce connard et que j'ai envie d'le montrer, c'tout. » Il ne dit rien. Là encore, il pense ses mots. Marcus, il ne veut pas être brusque dans ce qu’il veut dire, il ne veut pas freiner Felipe qui commence tout juste à s’épanouir. Il ne veut pas gâcher. Il veut juste être franc, sans vouloir forcément que Felipe le prenne au mot. «  Je comprends bien mais, tu trouves pas que ça va vite ? Je veux dire, je suis très fier de tous ces progrès que tu as fait pour t’assumer mais, tu te presses un peu non ? Y’a encore six mois t’arrivais à peine à tolérer un homo à côté de toi, et maintenant tu veux te marier. T’es sûr que t’es prêt dans tout ce que ça va impliquer ? » Ouais, Marcus il le sait, il le redoute. C’est une chose d’accepter un couple homo dans cette ville, c’est autre chose d’accepter un couple homo marié. « Enfin passons ça, t’as dix-huit ans, c’est jeune, très jeune pour une décision comme ça. Bon d’accord, t’es pas encore passé devant le maire, ça se fera pas dans l’immédiat mais t’as plein de chose à découvrir avant de penser au mariage. » Ouais bon, il s’embrouille un peu. Marcus, il pense juste que c’est tôt, un peu trop même. Il pense que Felipe a déjà bien assez de choses à gérer plutôt que de penser au mariage. Il y’a un petit silence qui règne. Marcus, il veut pas que pendant ce petit silence, Fel il pense à mal. Il ajoute aussitôt. « Je veux pas faire le chieur, j’ai juste pas envie qu’un an après avoir eu la bague au doigts, tu te sentes dépassé par les évènements. »

Il a ce noeud, dans la gorge. Au final, il est toujours là, l'ancien Felipe. Celui qui, au fond, a besoin de l'approbation des gens, aussi minime soit-il. Il en a besoin, au fond de lui, même s'il sait qu'il peut passer au travers et ne pas y prêter attention. Le bonheur des autres ; c'est ce qu'il veut, au fond. Il ne veut pas les mettre en colère, ou alors leur faire du mal. Felipe, il est de ces idiots qui font passer le bonheur des autres avant le sien, bien souvent. Il sait, oui, qu'une bague veut dire bien des choses et va changer la vision des choses pour plein de gens, mais pour le coup, il a pensé à son bonheur, avant. À Ilir, là, à ses côtés. Ilir qu'il aime, Ilir qui change sa vie, toujours, un peu plus chaque jour. Ilir qui le fait sourire, là, comme le pire des idiots. Alors il observe, là, silencieux. Il observe son ami et attend, avec ce noeud à la gorge. C'est idiot d'avoir peur, quand on a son propre bonheur. Mais le bonheur des autres, Felipe le cherche également. Tout comme leur approbation. C'est peut-être pour ça, au fond, que souvent, il est si mal, en dedans, si dur, en dehors. « Je comprends bien mais, tu trouves pas que ça va vite ? Je veux dire, je suis très fier de tous ces progrès que tu as fait pour t’assumer mais, tu te presses un peu non ? Y’a encore six mois t’arrivais à peine à tolérer un homo à côté de toi, et maintenant tu veux te marier. T’es sûr que t’es prêt dans tout ce que ça va impliquer ? » Felipe, il sourit un peu, et puis il secoue la tête. Marcus, il sait des choses, et en ignore d'autres. Felipe, il sait bien qu'avec ses efforts, il en a fait voir de toutes les couleurs, aux gens dans les environs, dans sa tête. Ils sont plusieurs à avoir du mal. Y'a qu'Elsie, quelque part, pour tout savoir, pour le connaitre bien, et savoir que le tout est à depuis des années. Il ne faisait que se cacher derrière un mur, pour les apparences, pour plaire aux gens. Il la connaissait, lui, la foutue fatalité. « Enfin passons ça, t’as dix-huit ans, c’est jeune, très jeune pour une décision comme ça. Bon d’accord, t’es pas encore passé devant le maire, ça se fera pas dans l’immédiat mais t’as plein de chose à découvrir avant de penser au mariage. » Felipe, il le dévisage un peu, sur le coup. Un peu trop peut-être, avant de lancer comme ça, comme si c'était important. « J'ai 19 ans, idiot. » La différence d'un an, d'une vie entière. Felipe, il passe ses doigts dans ses cheveux et prend une nouvelle gorgée de sa bière, avant de froncer des sourcils et d'écouter la suite. « Je veux pas faire le chieur, j’ai juste pas envie qu’un an après avoir eu la bague au doigts, tu te sentes dépassé par les événements. » Oui, il comprend. Il comprend ce que Marcus veut dire, mais Marcus, il ignore plein de choses. Felipe a toujours été un coffre fort, un peu, à garder le plus important pour lui et se taire pour le reste. « T'as pas besoin de t'inquiéter, mec, tu sais ? » Il sourit un peu, penche la tête sur le côté et fronce des sourcils, pour trouver les mots. « C'est le bordel dans ma vie depuis des années. J'ai du mal à m'souvenir la dernière fois que j'ai été assez heureux sans me cacher derrière un truc. J'ai fait que ça, d'puis la mort de mon père. » Il l'observe dans les yeux, un instant, avant de sourire un peu. « J'ai pas eu l'sentiment d'avoir eu un parcours normal. Et ça non plus, c'pas normal. Mais j'en ai rien à faire. J'veux ça. »

Il n’en démord pas. Marcus, il n’est pas certain du tout que ce soit l’idée du siècle. C’est trop rapide. Beaucoup trop. Il se demande où il est passé tout ce temps qui s’est écoulé. Hier, Felipe c’était encore qu’un gosse achetant des magazines de cul pour se convaincre qu’il était quelqu’un d’autre. Et aujourd’hui, il veut se marier. Et Marcus, il a fait quoi entre ces deux jours ? Rien. Il ne peut que constater désormais que les choses ont changé et qu’il n’a rien vu. Ça tourne dans sa tête, il est à la recherche d’une opinion à avoir, de quelque de vrai à penser de tout ça. Puis, il essaie aussi de se ressaisir. C’est bon, même lui il sait qu’il est bête sur ce coup. Alors il parle, il s’explique un peu et donne son avis. Marcus, il ne peut pas ne rien dire et regarder la bague de Felipe en souriant. Non, il doit d’abord lui en parler. Parce que Marcus, il veut toujours parler de tout. Il faut toujours qu’il pose des questions ou qu’il donne son avis. C’est bien parfois, d’autre c’est chiant. « J'ai 19 ans, idiot. » Il rit. Pas parce qu’il vient une fois de plus de se faire traiter d’idiot. Non, parce que 19 ans, ça reste jeune et risible. Mais il ne lui dit pas. Felipe, il n’a pas annoncé la nouvelle à Marcus pour se faire traiter de gamin. Et Marcus, il n’a pas envie de faire croire à son ami qu’il ne le prend pas au sérieux. C’est tout l’inverse. C’est sûrement parce qu’il le prend très sérieusement qu’il s’inquiète autant, qu’il a envie de l’empêcher de faire quelque chose qu’il pourrait regretter. Marcus, il n’a jamais pensé que le mariage pouvait servir à autre chose que de détruire les relations. « T'as pas besoin de t'inquiéter, mec, tu sais ? » Un sourire. Là encore, il est drôle. Marcus, il s’avance vers la table pour lui dire ce qui suit. « Faut bien que quelqu’un le fasse. Je ne veux pas que tu fonces la tête la première sans avoir réfléchit. » répond t-il avant de poser les yeux sur la bague. Il prend une inspiration pour se faire à l’idée. Bientôt, tous les autres auront commencé leur vie d’adulte et Marcus restera sur le carreau. Autant qu’il s’y fasse là. « C'est le bordel dans ma vie depuis des années. J'ai du mal à m'souvenir la dernière fois que j'ai été assez heureux sans me cacher derrière un truc. J'ai fait que ça, d'puis la mort de mon père. J'ai pas eu l'sentiment d'avoir eu un parcours normal. Et ça non plus, c'pas normal. Mais j'en ai rien à faire. J'veux ça. » Nouveau silence. Marcus, il se dit que de toute façon, peu importe ce qu’il dira, Felipe il continuera sur l’idée. Sale gosse têtu qu’il se dit en riant tout seul. « Et t’es heureux là ? » demande t-il sans poursuivre sa question. Sans demander s’il ne raconte pas tout ça juste pour tromper sa propre vigilance. Marcus, il se résout à se dire qu’il devrait juste se réjouir et garder l’œil ouvert. « De toute façon, t’as déjà pris ta décision. Puis t’es trop buté pour que je persiste à dire que c’est une mauvaise idée. Seulement, accorde moi une faveur. Interdis à Dali de ramener Barbie Boy à la fête. » ajoute t-il en riant fort en buvant la fin de sa pinte.