VILLE Elle est belle, elle est douce; au travers des multiples rues à sens unique et de son labyrinthe, on y trouve des maisons d'autrefois, rien d'aujourd'hui, encore moins de demain. on se perd sur les trottoirs presque détruis par le temps, on roule sur les routes un peu bosseuses et déglinguées. Mais surtout, on y vit, sans aucun soucis, on y vit sans le moindre ennui, parce qu'on est ici, là, sans le passé ou le futur, juste là.

PROMENADE Le sable chaud, ou alors froid, entre tes doigts de pieds ; tu marches, là, le long de la promenade. Les enfants rient, sur le bord de la plage, et les amants infidèles se perdent, là, dans l'hôtel juste tout là. Tu souris, les orteils tout froids, les falaises blanches, tout juste devant toi, t'observant sans mouvement. Tu souris, et tu avances, le long de la promenade, les pensées vagabondent, le corps emporté par la foule, nombreuse, parfois.

ARMÉE Tu as les yeux fixes sur la vie, et tu ne vois pas ; tu suis un chemin fixe, sans jamais te permettre le moindre écart; et tu avances, là, juste là au travers de ce sentier déjà tracé, tu avances au coeur de cette base militaire, ta vie déjà décidée ; tu es là car papa est un grand soldat, tu y vis et tu y étudie. Tu es là car tu veux être grand, toi aussi, pour ton peuple et contre les méchants. Tu te bats pour une cause juste, ou pas.

RANGS Tu marches au travers du noir, et il y a cette sueur froide, le long de ton dos; tu marches sans le vouloir, juste là, au travers du désespoir. Il y a des herbes hautes et belles, là, tout autour de toi. Le cri d'une chouette, l'appel d'un coyote. Tu entends le monde qui se bouge, tu vois les yeux des vaches, là, luire au travers du noir. C'est le désert, les champs des gens, le mondes de la campagne, des granges et des animaux de ferme. Des maisons abandonnés, des vieux un peu dérangés.