FONTAINE Certains sont cons ; ils y jettent des pièces. D'autres sont saouls ; ils y pissent, quand il fait noir, en sortant d'un bar. Il n'en reste pas moins qu'elle est là, toujours et éternellement, la jolie fontaine au centre de la ville. Juste là, entourée de la vie et des marchés, des magasins et des touristes qui posent, juste là, éternellement devant. Oui, elle est toujours là, rendez-vous des amoureux.

PUBS C'est là, toujours et éternellement là; les pubs, les bars, les antres des ivrognes et des penseurs trop pensant, des âmes errantes et des abandonnés de la vie ; ils boivent, encore et toujours, sans jamais cesser, ils boivent encore et encore, penser à la vie, ne voulant plus s'en soucier. Et lorsqu'ils sortent, au final, ils essaient peut-être d'avancer, mais toujours, ils finissent par revenir.

CAFÉS Moca et chocolat, café qui caressent, là, doucement, le bout de votre nez. Ça fait soupir entre les lèvres et chaleur entre les doigts, ça fait un peu de sucre, sur le bout de vos lèvres, les donuts et les morceaux de chocolat. Les petits cupcakes que l'on mange comme ça, comme les enfants d'avant, pour réchauffer le coeur. Sandwich à la main, tomate fraîche, pains grillés et salade croquante. Le WIFI, en plus, pour le bonheur qui orne les coeurs.

COMMERCES Charmeurs de fleurs à orateurs de philosophe, vendeurs de gourmandise à videurs de poche, ils sont tous là, éternellement là, sans mouvement, toujours accueillants - ou pas - pour vous présenter les produits qu'ils ont pour vous. Ce sont les marchands, les commerçants. Vous les verrez parfois dans la rue, sous le soleil de l'été, ou alors terrés dans le fond de leur boutique, vous attendant, mais ils sont là, toujours là.

CINÉMA C'est noir, c'est blanc, c'est vieux sans être moche. Le cinéma de la ville, celui d'autre fois, celui en noir et blanc, celui qu'on aime, sans pouvoir s'en faire, et dont on se plaint pourtant, lorsque l'on voit les nouveautés au cinéma. Mais on ne peut tout bonnement pas s'empêcher de s,extasier lorsque l'on voit le dernier Chaplin à l'écran, ou alors le premier film en noir et blanc. Alors qu'à Douvres, que l'on le veuille ou non, on l'aime, le noir et blanc.

THÉÂTRE On a rien, au cinéma. On a rien, au théâtre. Les artistes sont peu nombreux, les spectacles des étudiants, certainement trop, et ceux pas d'talent, faut même pas en parler. Mais on s'y perd quand même parfois, que ce soit pour le ballet de la petite de cinq ans, ou alors un groupe plus ou moins connu qui se ramène pour le plaisir. On y découvre des choses, parfois, même si souvent, on en sort choqué et lassé.

ÉCOLES On a les fesses collées contre un banc, et on fume dans les chiottes alors qu'un idiot sans nom aucun se fait mettre la tête dans la cuvette, tout juste à côté. On rit des gros, on parle dans notre dos, on est tous amis et on pleure pour un rien ; c'est l'adolescence, l'école. On tombe amoureux, on se fait piétiner le coeur, ou alors on en brise un, on apprend quelques mots, quelques leçons de géo, et puis on essaie de se construire une confiance en soi, au travers de tout ça. Dur dur c'est un ado.

HÔPITAL Ça fait mal, maman, au fond d'mon coeur, d'mon âme, d'mon corps ; directement l’hôpital, mon coeur. Y'a des gens, tout autour, tout en blanc, qui ne demande qu'à aider un peu. Que ce soit pour une jambe cassée, des veines coupées ou alors une imbécillité, c'est ici que tout cela se passe. C'est ici que tu vois passé tes premières heures, et peut-être, on l'espère pas, tes dernières.

MAISONS Y'a des maisons, juste là, qui tanguent un peu sur la droite, parfois. Des toits rouges, des bleus, des jaunes. Des toits qui coulent, des planchers qui crachent ; les maisons de Douvres, quoi, en somme. Des maisons juste pour nous, comme ça, juste là. Des maisons pour les riches, ceux qui habitent en ville.