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| i'm gone but i'm back (louve) | |
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| Sujet: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 11:23 | |
| Quand tu es rentré dans la baraque de ton enfance, tu t'es replongé un instant dans le passé. Tu as cru entendre le grésillement de la vieille télévision. Tu as cru sentir l'odeur du café chaud qui attend d'être bu. Tu as tout de suite imaginé ton père, assis sur son fauteuil en cuir tout usé. En fermant les yeux, tu l'as revu avec sa chemise déboutonnée sur un ventre des plus poilus, sa barbe de plusieurs jours, ses yeux cernés, ses mains autour d'une canette de bière vide. Ses cheveux gras, gris, le début de sa calvitie. Un homme qui attend que son fils lui ramène un coup avant de partir pour l'école tandis que toi, tu manges tes céréales. Un père qui rappellera les règles de la maison, qui te les fera réciter, qui te répétera que tu es une mauviette et qu'aux moindres écarts, tu seras puni ce soir en rentrant. Tu revois ce petit garçon effrayé, ton ventre se sert comme autrefois. Et quand tu ouvres les yeux, tu entends à nouveau la mer qui chante dans ton dos. L'odeur du sel arrive jusqu'à tes narines. Tu inspires profondément, déposes tes sacs dans le hall puis refermes la porte avant de passer le portillon et de partir. A travers le quartier, dans la ville, le long de la côte, jusqu'aux falaises. Six ans. Cela a été long. Tu es né à Douvres mais l'endroit te sembles étranger. Pourtant, tu n'as pas l'impression que ça a changé ici. La grande ville a t-elle perturber tes sens ? Tu es désorienté et pourtant, tes pas te mènent là où tu aimais tant de réfugier après la tempête. A la nuit tombée, quand papa dormait, tu partais en trottinette jusqu'aux falaises. Soit tu montais tout en haut pour regarder la mer s'agiter tout en bas. Soit tu te laissais surplomber par sa grandeur presque trop impressionnante. Tu te sentais si petit. Si fragile. Tu l'as retrouve. La falaise est toujours fidèle à elle-même. Blanche immaculée, pure. Les vagues cognent à ses pieds, l'écume se dépose sur les rochers. Quelques crabes s'invitent dans la marée. Pour repartir, emportés par le courant. L'océan vient, repart. Reprend toujours quelque chose. Un grain de sable. Un coquillage. Un bout de bois, des empreintes marquées dans le sable. Elle avale tout. Même les souvenirs, les craintes, les pleurs, les peines... Tu es debout, face aux falaises, à la mer, au loin. Le sable chaud entre les orteils. Les épaules découvertes, le vent dans les cheveux. Chaque fois que la mer cogne la falaise, tu te souviens d'une gifle de plus donner sur ta joue. Le vent souffle fort. Mais pas assez pour te convaincre de rentrer. Dit-on au village qu'une tempête approche. On disait aussi ce matin au marché, que le fils burn était de retour. Tu ne le sais pas encore mais tu n'es pas totalement idiot pour savoir que les nouvelles vont vite à Douvres. Pour l'instant, tu es seul. Tu n'as croisé personne. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 12:44 | |
| "oh baby, baby, it's a wild world, i'll always remember you like a child, girl." ted, ted, ted. ça sonne comme le temps qui passe. comme le bruit des aiguilles d'une horloge un peu bizarre. des aiguilles tordues, les aiguilles qu'on a trop frappé contre un mur, contre un poing, contre un coeur, contre une vie. est-ce que t'es abîmé de la vie, teddy ? est-ce que tu te fane, est-ce que tu partiras en cendres si on t'effleure un peu trop fort ? six ans, c'est presque une vie. une petite vie. il s'en passe des choses en six ans. les cheveux qui poussent et s'emmêlent, les yeux qui se vident et fuient, le sol qui s'éloigne et donne le vertige. pourquoi t'es plus là, teddy ? ça fait longtemps qu'on a pas vu la mer s'agiter dans tes yeux. ça fait longtemps qu'aucune mélodie n'est sortie de tes aiguilles tordues, et pourtant tu laisse une symphonie cassée et amère. dans la tête. tu laisse un sac plein de questions et tu te barre. tu laisse un bocal rempli de bonbons-émotions. et les aiguilles qui crient : teddy, teddy. est-ce qu'on te verra à nouveau planter tes pieds dans le sable ? est-ce qu'on pourra à nouveau deviner ta silhouette là-bas, en haut, s'imposant comme la reine des silhouettes ? une silhouette un peu cassée, usée. comme une vieille poupée qu'on a trop aimé. est-ce qu'on t'a trop aimé et que tu t'es enfui avant de te briser, ted ? pourquoi, dis-moi, pourquoi. le vent chantait étrangement, ce matin. il chantait bien avant que le soleil ne vienne éclairer la scène. le vent a pleuré. le vent a gueulé. il s'est cassé la voix, je crois, ça sonnait comme un cristal en morceaux. le vent passait dans les cheveux, par les fenêtres, les portes ouvertes, il est venu écorcher les genoux, les gueules. il ne manquait que les corbeaux pour déchirer les peaux et en voir les lambeaux qui jonchent le sol. le vent a gueulé, tu sais, il a gueulé ton nom je crois, c'était pire que tout, c'était passé, douloureux, c'était un cavalier qui emmenait une petite fille danser sur les planches du théâtre de ses souvenirs, c'était un cavalier qui l'emmenait se casser la gueule dans les coulisses des mémoires. et tout ce que la gamine voulait oublier. et tout ce qu'elle voulait ne pas avoir vu. elle a tourné, elle a dansé le souvenir et le passé et la mélancolie jusqu'aux falaises, et le vent ne chantait plus, la mer l'a égorgé bien avant. les vagues se battaient contre les rochers, elles auraient pu engloutir le monde, elles engloutissaient un début d'astre et un horizon sous-marin. est-ce qu'elles t'ont englouti, ted ? quand est-ce que tu reviens à la surface, est-ce que tu as croisé des sirènes et des requins ? la douce poupée grimpe en haut de la falaise, tout en haut. marionnette désarticulée s'arrête au plus près du bord. l'horizon se fait encore bouffer. est-ce que tu crois que de l'autre côté de l'horizon, l'océan se dit que la petite se fait bouffer ? la douce silhouette se dessine en haut, elle pourrait toucher les étoiles. ses yeux balaient le paysage, toujours le même sable, les mêmes remous des vagues, le vent ne retrouve aucune voix. elle baisse la tête. un pas, et elle tombe. elle sourit. elle est chanceuse, aujourd'hui : le destin ne veut pas la faire s'écraser aussi bas. est-ce que tu vois le soleil à la commissure de ses lèvres ? est-ce que tu sens son regard s'approcher, dangeureusement, doucement, est-ce que tu la devine te dévisageant, attendant que le mirage se dissipe - mais il reste bien planté là. la silhouette s'en va dans les nuages, et puis plus rien. elle aurait pu gueuler à la vie là-haut, gueuler au bonheur, elle aurait pu faire n'importe quoi, mais le vent a cassé sa voix en brisant la sienne. le verre brisé court, ralentit, recule, repart, revient, tourne, tombe, se relève, elle vole, elle donne un coup d'aile, traverse les nuages, effleure les vagues, va découvrir le fond des océans, y laisse quelques plumes, ses poumons brûlent, et cet idiot, il reste là, il ne bouge pas, elle le sait. il revient, comme une fleur, et sur la plage il a l'air d'une tâche de rien, une tâche de rien qui fait du bien en dedans le coeur, qui redresse les aiguilles qui s'arrêtent de gueuler dans la tête de la louve. elle s'approche à pas de loup, accélère, sourcils froncés, elle joue mal aux grandes dames, elle joue mal les colères, s'arrête devant la silhouette. elle s'arrête, le temps se stoppe. elle pourrait le prendre dans ses bras. elle gueule des pupilles, sa bouche chiale des bribes de mot, sa main s'abat sur la joue du grand vide comme un coup de tonnerre et elle le presse dans ses bras. j'étais inquiète à t'en haïr s'imprime en gouttes de sel sur les épaules du revenant. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 13:31 | |
| Tu ne vois absolument rien. En dehors de cette ligne d'horizon, de ces mouettes que tu devines sur les rochers lointains, de cette mousse fraîche qui accompagne le grand arbre qui se trouve sur une presque île tout là-bas. Il surplombe l'océan comme un phare qui attend ses amants de bateaux. Toi, tu attends quoi Ted ? La nuit ? Le prochain jour ? Rencontrer quelqu'un ? Un ancien enfant devenu grand ? Un vieil ami que tu n'as put contacter une fois que tu logeais dans la grande ville ? Tu ne savais pas par quel moyen. Tu aurais put écrire des lettres, venues comme des bouteilles à la mer, échouées sur le sable fin mais tu n'avais pas le courage. Des regrets ? Des centaines de milliers. Tu n'entends pas non plus. Ou juste les bruits de la nature. Celle avec qui tu te renoues. Douvres t'a manqué, la verdure, la chaleur de ce soleil, la bise de ce vent... Tu n'oses pas penser aux personnes que tu as laissé et pourtant, au plus profond de toi, tu désires les revoir. Les serrer dans tes bras. Mais as-tu peur des regards ? Des pensées ? Des préjugés ? Des rumeurs ? Ted, quand arrêteras-tu d'être si peureux ? Tu as raté six ans de ta vie. Tu ne peux espérer rattraper les premières années de ton existence trop noires, trop douloureuses mais tu as le choix. Le futur reste entre tes mains. Tous les chemins sont à ta portée. Faudrait-il un peu de courage. Non, tu ne remarques pas que la solitude ne signifie plus rien. Elle n'a plus lieue d'être à cet instant, puisque dans ton dos, la distance qui te sépares d'une douce fille, charmante sœur, petit bébé qui a bien grandit, se dissou doucement mais sûrement. Ouvres grand les yeux. Ecoutes plus attentivement. Tournes la tête. Tu te pinces la lèvre et hausses tes sourcils aussi bruns que tes cheveux. Alors, tu prends conscience et ton cœur accélère. Tu ne peux contrôler la folie de ces battements. Tu vois enfin. Cette fille, pieds nus – cheveux longs dansant dans l'air. Bras frêles mais force insoupçonnée. Tu réfléchis mais pas longtemps. Il te faut moins d'une minute pour comprendre qui elle est. Cette façon de marcher, ces yeux, ce sourire en coin qu'elle présente – et qui pourtant ne la rend pas rassurante. Elle te rappelle Felipe. Elle ne peut être n'importe qui, puisqu'elle est la sœur Sabouraud. Louve. Tu ouvres la bouche, doucement puis la referme. Juste le temps de reprendre ton souffle et retrouver tes esprits que les souvenirs reviennent.
- Va t'en... Tu murmures d'abord. Un bras devant Louve pour la protéger de ton père. Lui approche, vous reculez. - Cours ! Tu insistes, tu articules plus clairement et quand tu sens sur ton épaule l'emprise de ton père, sur ta joue, une violente gifle s'invite. Ta tête part sur le côté. Cela te donne le temps de voir si Louve est partie. Elle est juste là, à quelques mètres mais ce qu'elle vient de voir lui coûte un sursaut. Un regard rassurant, tu n'as plus à retenir tes larmes. Tu as tellement prit l'habitude des coups que tu ne pleures plus. Simplement en silence, ou le soir – très tard car la tension redescend. Tu ne peux accepter le fait de paraître faible devant Louve. Qu'elle image aura t-elle de toi ?
C'est une Louve qui pleure que tu croises. Et ta joue recueille une violente gifle. Pas aussi dure que toutes celles que tu as connu mais à travers ce geste, tu comprends alors que Louve a souffert de ton absence. Au point de te détester même. Tu restes calme et cette fois, c'est contre ton torse que tu sens son emprise. Tes bras se déposent autour de son corps, tes mains effleurent sa taille et tu niches ton visage dans la forêt de ses cheveux. Tu y cueilles le parfum de sa peau et pour t'enivrer un peu plus, tu la soulèves légèrement du sol pour que ses pieds ne touchent plus. Elle sanglote. Cela te fait mal. Louve se pend à ton cou et toi tu l'embrasserais bien, rien qu'une fois.
Tu la reposes par terre mais la garde près de toi. Tu dégages sa nuque d'un côté et la contemple longuement tout en essuyant ses joues toutes noyées. De la courbe de ses yeux, du creux de son cou à la pointe de ses jambes. Louve a grandit. Elle a des formes. Six ans c'est long, les gens changent – c'est certain. L'enfant est devenue femme. Tu souris en coin Ted, c'est un miracle. - Mille pardons. Tu chuchotes puis déposes un baiser sur chacune de ses pommettes. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 15:03 | |
| "oh baby, baby, it's a wild world, i'll always remember you like a child, girl." c'est comme s'il grinçait quand il faisait le moindre mouvement. juste respirer. bouger les yeux. comme si le cadavre de tes vieilles années t'avait attendu tout ce temps et que tu retrouvais la carcasse d'un robot rouillé. est-ce que t'es rouillé du temps, du manque, de la pluie ou des pleurs du monde, dis ? t'étais parti pour être là encore cent ans, on aurait peut-être fini par apporter une écharpe au fantôme de ton souvenir, quand s'approche l'hiver. on l'aurait peut-être enterré dans le sable, profond, très profond, pour ne plus le voir, jamais, pour ne plus se rappeler qu'avant il bougeait, dansait, riait. c'est plus facile d'oublier que d'attendre en vain, et pourtant, on aurait pu commencer à creuser, et toi t'es là. t'as poussé là dans la nuit, t'attends peut-être qu'on t'arrose, et t'as une louve qui t'arrose-salé. est-ce que tu te souviens de ce que tu as ressenti ce jour-là ? du regard que tu as pu avoir ? elle, elle se souvient, elle sait. mais elle se tait. on a pas besoin de répondre à toutes les questions. elle se souvient de ce quelque chose, du parfum de peur, des pleurs, elle se souvient de chaque son sorti de la bouche d'un garçon héros-victime, elle se souvient du goût amer dans sa bouche à elle, elle se souvient de ses jambes qui voulaient pas bouger, des traces sur tes joues, du merci qui s'échappait pas de ses lèvres, elle se souvient d'une reconnaissance et d'un service à rendre dont elle se serait passé. et si t'avais pas été là, elle aurait pas eu à voir ce regard, à entendre des mots qui auraient pu passer pour les derniers, qui ont été les derniers pendant six ans. tu sais que le silence a été le bruit le plus imposant pendant six ans ? qu'est-ce qui s'est passé dans le silence ? il y a peut-être eu des horreurs, encore, elle préfère encore les connaître et prétendre ne rien avoir vu que de devoir imaginer. l'imagination s'étend toujours plus loin. toujours plus haut. elle a noirci quelques papiers du bout d'un crayon, retraçant chaque ligne de ce regard. qui a mal. qui pleure des larme sèches. qui promet que ça ira. c'est la promesse la plus conne que t'aies jamais fait. mais elle y croit. si tu l'as dit. ça ira. et elle sourit en y repensant certains jours. c'était terrible mais c'est un dernier souvenir. qui assourdit, qui fait mal, mais qui marque tant qu'on ne l'oubliera pas facilement. qui marque tant qu'on ne pourra pas, même après six ans, nier l'existence du petit au regard, nier son ancienne présence. en quelque sorte, ça rassure. et puis vous voilà sur une scène de sable, deux marionnettes à l'allure étrange, un spectacle horriblement mauvais. elle se calme, stoppe ses larmes et le laisse les tuer. elle vole, un temps, revient à terre. c'est fou comme la marque de main ressort sur ta peau blanche, teddy. l'écho du coup s'entend encore au fond des mers. c'est comme revenir à quand ils étaient petits. comme si le tableau n'avait pas changé. est-ce que vous êtes restés figés pendant six ans, gardant en mémoire le même regard marqué marquant ? "mille pardons ", elle sourit. c'est idiot, se retrouver après six ans d'absence et ne même pas savoir quoi dire alors qu'il y a tant de choses. peut-être que le silence en dit encore plus. le soleil renaît sur ses lèvres et elle reçoit un baiser sur chaque joue. ses poins viennent frotter doucement ses yeux, les laissant rouges. elle murmure, elle n'est pas capable de plus. "idiot. " un rire pas tout à fait assumé s'échappe de ses lippes, les bout de ses doigts se posent sur la joue rouge de ted et parcourent les contours de la trace laissée, comme pour s'excuser du geste violent plus tôt.
Dernière édition par louve sabouraud le Dim 11 Aoû - 17:01, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 16:58 | |
| Il s'échappe une douce musique, ici et là. Une mélodie qui vient de ton cœur et qui résonne aussi dans ta tête. Tandis que cela vous berce – calait sur le rythme naturel des vagues, vos corps tanguent, de gauche à droite ; tu te remémores le regard qu'a put te lancer Louve, ce jour où elle a assisté à une scène qu'elle n'aurait jamais dut voir. Si cela t'a gêné, tu ne lui as jamais avoué. Vous n'avez pas eu vraiment le temps d'en discuter. Quelques jours plus tard, tu courais comme un agneau pourchassé dans une forêt profonde. Il a fallut que tu attendes que l'inquiétude des gens alerte à la fois la population et puis le shérif. Que la vérité soit dévoilée. Tous secrets finissent par tomber. Un jour, tout se sait. Comme disait si bien Racine, il n'est point de secret que le temps ne révèle. Qu'attends-tu Ted ? Qu'espères-tu ? Pour l'instant, tu es trop bien pour parler plus, pour demander davantage. Le silence fait tout. Les gestes vaut mille mots. C'est d'ailleurs pour ça, qu'il ne t'a pas fallu longtemps pour comprendre la tristesse qu'elle a dut surmonter toutes ces années face à ton absence. Sur ta joue, une trace rouge. Tu aurais presque oublié que ta peau marquait vite. Et c'était l'une des raisons pour laquelle il était difficile pour les autres de croire un instant tes mensonges concernant tes bleus. Celui qui disait ne rien remarquer, prenait simplement soin d'éviter, d'ignorer. En dépit du danger auquel tu as été confronté. Mais c'est le passé. Tu ne veux plus y penser. A ces nuits de pleurs, à ses cris que tu as au bout du compte arrêté de pousser. Des plaintes étouffées, des larmes silencieuses... Le passé semble loin et le futur veut te prendre par la main, t'offrir le bonheur, te faire connaître la paix. Tu as plongé dans ses yeux ; à la recherche de ses millions de secrets, de ses troubles cachés, mais surtout de la beauté qui brûle en elle. De la douceur de son âme et de la chaleur de son cœur. Tu attrapes finalement sa main et balances vos deux bras dans l'air. Tu l'entraînes avec toi, sans lui demander son avis. Sans lui laisser trop le choix. Tu veux lui poser des questions, l'entendre parler de sa vie. Lui raconter tes jours à la grande ville. Sans lui dire où elle est exactement. La cité des anges de l'autre côté de l'Atlantique ou la capitaine du Royaume d'Elizabeth ? Ailleurs ? Tu te pinces la lèvre inférieure et tu frisonnes car sur ton torse découvert la brise flirte avec ta peau comme une coquine. Tu ne peux te défaire du sourire qu'elle a adressé il y a moins d'une minute. Tu es un idiot, elle n'a pas tort. Mais cela t'ouvres bons nombres de possibilités vis à vis d'elle. Mais tu n'y penses pas. Tu veux agir, profiter de l'instant, de l'avoir avec toi, là – maintenant, tout de suite. Cela te changes de la solitude. Tu dormiras peut être mieux ce soir, si tu passes une belle après-midi. - Comment va Fel ? Il est toujours en ville ? Tu pris que ce soit le cas. Et oui, tu te demandes ce qu'il devient. Tu penses à lui. Tu espères qu'il va bien. Qu'il ne t'en veux point. Qu'il ne s'inquiète pas. Qu'il a put vivre malgré tout. Qu'il désire aussi te revoir. - Et toi, comment vas-tu ? Une question pour ouvrir une discussion tournée sur : qu'as-tu fait pendant six ans ? Es-tu tombée amoureuse ? Quelqu'un a t-il osé briser ton cœur ? Racontes moi, Lou. Tu t'accrochais à ses yeux comme si c'était l'unique moyen de se sentir vivant. Tu avais oublié comment ils étaient beaux. C'était tellement déroutant que tu te surprit à rire doucement, tant tu te trouvais trop idiot. Idiot d'être si ému. Effrayé surtout. Tu ne comprenais pas. Tu n'avais même pas fait attention à la façon que tu avais de te tenir si proche d'elle. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Dim 11 Aoû - 20:49 | |
| "oh baby, baby, it's a wild world, i'll always remember you like a child, girl." le vent se remet à chanter, comme avant. c'est beaux pour les oreilles, c'est doux, c'est sucré. comme ton retour, et te revoir. elle pourrait te frapper encore mille fois, tu ne comprendrais encore pas tout à fait à quel point elle s'est inquiété. si jamais tu ne revenais plus. par par volonté, par obligation physique. ça n'est pas arrivé, mais ça aurait pu. ça n'est pas arrivé, et le vent chante : toi. le regard de la louve se balade comme si avec toi elle attendait la venue d'autre chose. d'un ailleurs peut-être, d'un ailleurs où elle puisse voyager, voler paisiblement, loin des vagues agitées qui donnent souvent le mal de la vie. puis elle stoppe ses prunelles sur des mains qui font deux fois la taille de ses pattes blanches à elle. elles se touchent, se serrent comme deux vieilles soeurs séparées trop longtemps. et elle, elle sourit comme une enfant. c'est tout ce qu'elle sait faire. l'enfant. elle joue très mal les dames. elle sait pas penser comme elle, c'est trop triste leur vie, et même pas pouvoir deviner des silhouettes dans les formes des nuages c'est trop triste pour qu'elle s'habitue un jour à voir le monde comme il est sans essayer d'en voir la face cachée. celle des gens, des paysages, des objets. c'est toujours plus beau, derrière. plus intéressant en tout cas. les mains s'envolent vers l'ailleurs mais sont rattrapées par le reste des deux corps. elle fait voler leurs mains à nouveau, comme un jeu juste entre eux. "Comment va Fel ? Il est toujours en ville ? ", sa voix a l'air changée, plus mature, celle d'un homme grand, bien adulte, bien plus qu'elle ne le sera jamais. elle sourit en repensant à l'enfant qu'il a été et qu'elle a si bien connu, toujours connu, de près, de loin. elle hoche la tête, sans le regarder. "il va bien. il est là, oui, il travaille à la poissonerie ", se rappeler de ça la fait se sentir étrange, comme si, l'instant d'une seconde, juste d'une seconde, elle avait cru comprendre que pendant que son frère faisait ce qu'il pouvait pour aider, elle se promenait sur la plage avec un vieil ami retrouvé. puis cette pensée s'est évanouie et elle a continué de sourire, écoutant chacune de ses paroles, les buvant, juste au cas où ce seraient les dernières qu'elle entendrait de lui. "Et toi, comment vas-tu ? ", les mains s'arrêtent de voler et rentrent à l'aéroport. comment va-t-elle ? elle même ne se pose pas la question. bien, sûrement, comme toujours. ses yeux croisent ceux du grand brun et elle lui sourit, pour seule réponse. puis elle se tourne vers la mer, scrute l'horizon avec le même espoir de voir arriver un vieux bâteau trop attendu. sans détourner son attention du lointain, elle brise le silence. "raconte-moi des histoires ", elle sourit, "des histoires sur l'endroit où tu es parti. c'était beau ? est-ce que t'es parti assez loin pour voir des asiatiques et des nuages roses, pour qu'il fasse nuit quand on avait le jour, et parler une autre langue ? "même en s'étant tourné et en ayant un peu volé, elle peut toujours sentir sa présence. sa poitrine se soulever et l'effleurer doucement. après avoir été sans nouvelles si longtemps, c'est peut-être normal, de se rapprocher autant. de se tenir l'un à l'autre pour se rappeler qu'on est bien là. ou comme des enfants qui s'aiment bien. comme de grands enfants, et plus rien n'a changé, les rires, les histoires, les pleurs essuyés d'un revers d'un la main. comme une enfant fascinée par les remous de la mer et l'écume qui vient presque leur chatouiller les pieds, elle pose sa tête contre ted et sourit dans le vide. "dis, est-ce que t'as volé, là-bas ? " avec des grandes ailes pour l'emmener voyager dessus, dis, est-ce que t'as parcouru les ciels de l'univers ? |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Lun 12 Aoû - 10:24 | |
| Entre toi et Louve, cela a toujours été comme ça. Toi, à la bouffer des yeux, elle à sourire comme une enfant. A lier vos deux mains pour se sentir plus proches. Tu te souviens de votre rencontre. Si tu as croisé son regard entre deux barreaux des escaliers de sa maison, quand tu attendais que Fel se ramène, tu te rappelles surtout de ce moment que vous avez partagé tous les deux, à manger des sucreries. Tu rentrais chez toi, les mains dans les poches, le pas lent. Entre tes doigts, tu sentais quelques pièces. Tu cacherais cette monnaie dans le fond d'une caisse, sous ton lit. Ton père ne rentrais jamais dans ta chambre, il n'y avait aucun risque à ce qu'il trouve ta cachette. Tu marchais, les mains dans les poches et une voix derrière t'interpellais. Tu t'es retournée. Louve était là, souriante – quelque peu timide. Tu as regardé derrière toi, tu t'es approché pour prendre ce qu'elle te tentait. Tu avais oublié ta part de bonbons, égarée sur leur table, pour faire exprès. Tu lui avais dit qu'elle pouvait les garder, que tu lui donnais. Que ça ne te faisait rien, tu ne pouvais pas les ramener à la maison de toute manière. Alors, elle t'a prit par la main et vous vous êtes assis sur un banc. Elle a ouvert le sachet et en a mangé un. Tu as aussi fait ton choix. Vous êtes restés là, à grignoter, à parler puis à rire parfois.
Là, tout de suite, vous continuez à marcher. Pour aller où ? Jusqu'à la plage. Vous y arriverez bien assez tôt mais tu marches lendemain comme si ça pouvait ralentir le temps. Tu n'avais pas envie que le moment vient de vous dire au revoir. C'était étrange. Là-bas, à la grande ville tu as tout fait pour ne pas trop penser aux gens que tu avais laissé. Elle en faisait partie. Et aujourd'hui, tu avais l'air de capter que ça faisait énormément de bien de la retrouver. Tu jettes quelques coup d’œil quand elle ne te regardes pas. Tu souris en coin, retenant ce surplus d'émotion qui demande à sortir. Ses doigts se replient sur ton poing, dans ta paume, tu sers sa main. La mer attire ton attention, quand tu réalises que Louve la contemple. Tu as l'air de comprendre ce qu'il se passe dans sa tête et tu es un peu triste. Elle pense à son père. A qui d'autre sinon ? Sa mort est tragique. Tu n'as pas eu la chance de le connaître véritablement mais les maigres souvenirs qui te restent de lui, te font penser qu'il était un très bon père. Louve lui disait que Fel allait bien, qu'il avait un travail. Qu'il avait grandit tout comme lui. Mais alors, tu avais l'impression de ne pas avoir plus avancé que cela. Trois jours que tu étais de retour et tu n'avais pas été fichu de trouver un travail. Pourtant, tu comptais bien rester à Douvres maintenant. Tu as plutôt voulu renouer avec le présent. Retrouver tes sens, respirer à pleins poumons l'air marin qui t'avait manqué. Tu n'étais pas à blâmer, c'était compréhensible, n'est-ce pas ? Tu avais envie de voir Felipe mais tu ne savais pas comment t'y prendre. Tu ne savais pas s'il t'en voulais ou pas. Sûrement. Tu aimerais demander à Louve mais est-ce une bonne idée ? Tu te pinces la lèvre inférieure. - Il faut que je le revois. dis-tu simplement. Un silence pèse. Louve semble absente. Ailleurs. Tu restes derrière elle, un temps et puis elle parle. Doucement mais tu entends ses paroles comme si ton oreille était toute proche de sa bouche rose. Louve était curieuse, à la recherche d'un récit. Allais-tu lui raconter comment le pays était beau ? Comment tu t'es senti ? Lui confier que le ciel avait beau être le même, il semblait coloré autrement. Ton torse contre son dos, tu sens ses cheveux venir fouetter des joues doucement. Tu laisses tes bras, sagement alignés le long de tes côtes mais vient le désir de lui accrocher la taille. C'est dingue, trop perturbant. Il faut que tu te calmes. Elle n'a sans doute pas idée de ce qui se trame à chaque fois qu'elle est près de toi. Surtout maintenant, que tu l'as revoit à peine. Tu n'étais toi même pas conscient que ton faible n'a fait que se cacher au fond de tes tripes pour revenir de plus belle. Tu décides de glisser tes main dans les poches de ton pantalon et sagement, d'accueillir Louve qui dépose sa tête contre ta poitrine. Un sourire fend sa bouche, tu la fixes un instant avant de parler, enfin. - J'ai apprit le français. Je devais aller aux Etats Unis, parait-il mais on m'a confié à une famille anglaise logeait à Paris depuis des années. C'était étrange au début. Mais j'ai apprit à me faire à la capitale. Tous les 14 juillet – c'est la fête nationale là-bas, j'allais voir le feu d'artifice. Ce que j'aimais là-bas c'était sans doute la Tour Eiffel. Cela fait cliché peut être mais bon. J'espérais toujours pouvoir apercevoir les côtes anglaises mais ça m'est arrivé, seulement quand je suis allée en Bretagne une année. Là-bas, ça me faisait penser à Douvres. C'était joli mais un peu moins. Je pensais beaucoup là-bas, tout le jour, toute la nuit. Tu avais finalement posé ton menton sur son crâne. Et d'une main, tu emprisonnais son poignet. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Lun 12 Aoû - 16:08 | |
| "oh baby, baby, it's a wild world, i'll always remember you like a child, girl." louve dégage son poignet de l'emprise de ted, s'échappe de ses bras. elle s'éloigne de son ami et va tremper ses pieds dans l'eau fraîche. elle sautille sur un pied, puis sur l'autre, surprise par la température de l'eau même après les nombreuses baignades chaque été. à revoir louve après toutes ces années, on pourrait croire qu'elle s'est stoppé dans le temps et n'a jamais évolué. et elle a toujours l'air aussi petites face à ces grandes vagues qui l'engloutiraient volontiers. il suffirait qu'elle aille quelques mètres plus en avant, même pas bien loin. un pas, deux, on ne se rend pas compte comme on peut s'éloigner de la plage en quelques pas seulement. elle en fait un, regarde ses jambes se mouiller. il y a bien eu des fois où, voyant passer un bâteau au loin, elle a voulu sauter dans l'eau, nager jusqu'à ce que les bras lui en tombent, il y a bien eu une fois où elle a essayé, mais quoi qu'elle fasse, aucun des bâteaux n'était celui pour lequel elle scrutait l'horizon. elle fait un second pas, un grand pas - ses mollets se font manger par l'écume qui part de plus en plus loin sur la plage. c'est agréable, ce froid sur sa peau, et qu'est-ce qu'on a de plus ici de toute façon pour se rappeler qu'on est vivants ? elle écoutait les mots de ted. ces retrouvailles sonnaient bizarre à l'oreille de louve. comme si c'était trop, trop faux, trop joué, je sais pas. après l'avoir perdue de vue six ans, que connait-on d'une personne ? elle a sûrement changé, évolué, mentalement et physiquement; peut-être changé de goût, de vision du monde. les gens changent et évoluent, et tout ce périple sonne bien compliqué pour louve qui a toujours connu ted les pieds dans la mer, à la maison. c'est compliqué de s'imaginer les gens faire beaucoup de choses quand ils ne nous les disent pas sur le moment. comme si quand on ne les voyait pas, quand on avait pas de contact avec, ils s'arrêtaient de vivre. comme s'il y avait des garages à gens un peu partout, et qu'ils s'y rangent pour ne vivre que quand ils ont une chance de t'entendre si tu ris, ou si tu pleure. c'est une sensation étrange. elle se retourne, avec l'horrible peur d'apercevoir quelqu'un d'autre que ted, le ted, son teddy, celui qu'elle connaît depuis presque toujours, depuis derrière les barreaux de son escalier. elle le fixe, le dévisage. elle voudrait lui demander pourquoi est-ce qu'il cherchait les côtes anglaises à l'horizon s'il était parti. pourquoi est-ce qu'il ne revenait pas, quand il cherchait les côtes anglaises. pourquoi est-ce qu'il n'entendait pas les peurs, les hypothèses, tout ce qui s'était dit ici il y a un temps. et les appels, pourquoi il n'écoutait pas les appels silencieux qu'on lui lançait comme des bouteilles jetées à la mer. pourquoi as-tu fais la sourde oreille, teddy ? on se demande pourquoi les gens ne partent pas, loin, d'un coup d'avion c'est rapide, ailleurs, là où on voit de nouvelles étoiles, là où on trouvera peut-être des forêts comme on en voit pas ici, là où on pourra peut-être voler, même si c'est pour s'écraser contre une facade, là où on pourra courir, se faufiler, ramper, rire, jouer, tourner, danser, chanter, voler, encore, encore, voler, passer dans les étoiles, pourquoi les gens ils partent pas, loin de tout ce qui ne les retient pas ici, quelque part où c'est plus beau, où c'est plus frais, où l'air ne laisse aucun goût sur la langue, un goût de vieille connaissance, de vieille amie, de vieille ennemie qui étouffe parfois. elle se demande, louve, si l'air ne l'étouffait pas, là-bas, si quand il était en bretagne ou à paris le vent français ne lui brûlait pas la peau, et le soleil les yeux. elle se demande, oui, pourquoi il ne revenait pas si la maison lui manquait au point qu'il la cherche au loin. elle se demande, et elle se tait - si elle n'ose pas poser de questions, elle se doute des réponses, qui piquent, qui brûlent, qui écorchent, qui glacent. elle chasse toutes ses pensées, ordonne des cheveux qui n'en font qu'à leur tête et reviennent en place comme si elle n'avait rien fait, son regard n'a pas bougé de ted. sa tête se penche sur le côté - toutes ces questions sont bien lourdes dans une tête aussi petite, elle ne tient plus bien droit. du bout des pieds, elle joue avec l'eau, en balance un peu devant et derrière, ne s'en préoccupe jamais plus que ça. sa voix s'élève, plus haut, plus fort - pas assez proche pour chuchoter à nouveau. "elle est jolie, la tour eiffel ? " et les françaises, elles sont jolies ? est-ce qu'elles sont gentilles, est-ce que c'est pour elle que tu n'es pas revenu avant, est-ce qu'elles avaient de plus grosses poches de sucreries à partager ? louve n'a aucun sous-entendu en tête, si elle est jalouse c'est de l'eiffel, si elle est envieuse c'est des côtes anglaises qu'il a cherché pendant six ans. elle baisse son regard vers les vagues qui lui chatouillent les jambes, et l'écume qui se cogne contre elle, et le courant qui fait vaciller sa silhouette de poupée désarticulée comme une bouée lancée en mer agitée. "tu pensais à quoi, le jour et la nuit ? " |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Mer 14 Aoû - 19:24 | |
| Tu l'observes quand elle s'avance vers le bord de mer. Tu acceptes le fait qu'elle se soit éloigné de toi, mais tu ne restes pas immobile. Un, deux, trois, quelques pas pour rester assez proche. Elle est belle, ainsi – abandonnée, toute seule, à penser ce qu'elle veut, rêver du large, imaginer pointe au loin, le bateau de son père. Car oui, tu es conscient de son mal être. Identique à celui de son frère puisque ça la concerne tout autant. Tu sais combien ils souffrent de sa mort. Sentiment tout à fait normal. Tu sais aussi que Fel ne veut pas que sa sœur monte sur un bateau où qu'elle s'éloigne trop au large, à perdre pieds. De peur que le courant l'emporte, que le vent l'attire plus loin que la plage. Tu gardes un œil vigilant sur Louve, comme si elle était une enfant à surveiller dans son bain. Bien qu'elle est grandit, qu'elle est changé, qu'elle est à tes yeux cette jolie fille pour qui tu as toujours eu un faible, elle reste une personne fragile et surtout un être à protéger. A couver d'amour, aussi. Les vagues lui lèchent les jambes. L'écume arrive jusqu'à ses genoux, presque. L'eau lui mouille la peau, la rend alors étincelle à chaque rayon de soleil la fait scintiller. Au fur et à mesure que tu te confiais sur tes années à Paris, tu t'approchais de Louve, sentant alors le sable humide sous tes pieds. Puis la mer vient t'engloutir jusqu'à tes chevilles. Tes bras le long du corps, tu fermes les yeux et essayes d'entendre les mouettes. Le vent qui se promène à travers les feuilles des arbres, le claquement d'une pince de crabe qui se ferme, les bruissements que poussent quelques crevettes roses échouées sur un rocher... tu es concentré sur la nature. Ted, tu as tant de choses à lui raconter, d'histoires à lui conter que ça en devient presque grotesque. La façon que tu as de rester silencieux et de simplement la bouffer des yeux puisque tu te rends compte qu'elle t'a manqué plus que tu ne l'aurais imaginé. Quand tu rouvres les yeux, tu essayes de t'imaginer les six années de sa vie. Mais cela reste compliqué. Pourquoi t'avoir envoyé à Paris ? Pourquoi n'avoir pas simplement viré ton père de la maison, l'avoir tenu éloigné de toi pour te permettre alors de rester à Douvres. Soudain, Louve se retourne, avec une expression étrange sur le visage. Tu fronces instinctivement des sourcils, inquiet. Tu n'as pas le temps de lui demander que tu es déjà trop subjugué pour articuler un seul mot. Louve te dévisages. As-tu fais quelque chose de mal ? Elle t'effraie. Tu as l'impression que mille questions restent accrochées à ses lèvres. Tu humectes les tiennes. Tu baisses la tête, confus et presque mal à l'aise. Est-ce que tu te souviens de ce que tu pensais en regardant par le hublot de l'avion ? Quand est-ce que tu rentrerai à la maison. Tu disais : demain. Ou peut être dans une semaine. Mais cela n'est jamais arrivé. Tu n'es pas rentré. Tu as essayé d'apprendre à vivre loin de Douvres. Apprivoiser la grande ville, t’accommoder à de nouvelles habitudes. On t'a mit en famille d'accueil. Le fait de parler anglais te donner l'impression de ne pas être trop loin de la maison. Cependant, une fois le soir venu, quand tu te retrouvais dans ton lit, la réalité reprenait le dessus. Et c'était dur. Tu as gribouillé des pages et des pages de cahiers. Tu as dessiné le portrait de cette même fille des milliers de fois. Tu as colorié des fleurs, des feuilles, peins la mer à l'aquarelle. Ecrit des centaines de mots. Quelques poèmes, deux ou trois chansons, des lettres que tu rêvais d'envoyer mais que tu n'as pas put. Quand tu relèves le menton, tu vois Louve arranger ses cheveux. Le vent n'arrange rien, leur redonne cette allure de bataille. Tu souris en coin. Tu reçois un peu d'eau, éclats de sel sur ton pantalon déjà trempé. Une goutte glisse sur ta joue arrosée. Elle lui demande si la Tour Eiffel est belle. Tu as prit bons nombres de clichés. Tu lui a tiré le portrait presque tous les jours et plusieurs fois. Avant de lui répondre, tu viens lui prendre la main pour ainsi marcher sur la côte. Vous sortez de l'eau et les vagues semblent vouloir vous reprendre car elle tente tant bien que mal de venir effleurer vos pieds à chacun de vos pas. - Elle est très belle. Paris est beau. Mais beaucoup trop loin. Dis-tu en repensant à la déchirure que tu as ressentir, d'être si éloigné de Douvres. Des personnes que tu aimes. De Louve aussi. Lui diras-tu ? - Je pensais un peu à tout. A Douvres. Je me demandais pourquoi mon père me détestait autant. Pourquoi il me frappait. Je me demandais si j'avais un problème. Si j'étais malade ou juste trop triste. Ce que j'avais fait au bon ciel pour mériter ça. Je pensais à Fel. A toi aussi. Je pensais à ma mère, ce qu'elle aurait put penser de tout ça, ce qu'elle aurait put faire si elle avait été là. Si la vie aurait été différente si elle était toujours là. Je pensais à la crique où j'allais pêché en secret. Aux bonbons que l'on mangeaient après l'école...A ces après-midi où nous jouions à cache-cache. A ton rire. A ton sourire...et plus encore. A tout ce qui pouvait m'aider à me sentir bien, à relativiser, à tenir le coup. A ne pas pleurer. A me sentir vivant malgré tout. A rester fort. |
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| Sujet: Re: i'm gone but i'm back (louve) Mer 14 Aoû - 21:10 | |
| "oh baby, baby, it's a wild world, i'll always remember you like a child, girl." la mer était bien plus calme que celle qui allait et venait dans les veines de la louve. mais plus que louve, elle se sentait l'âme marine, celle d'une sirène improvisée, des mauvais jours, un peu déglinguée, décolorée. son regard de plante dans le vide et elle se perd dans une forêt de pensées, qui s'organisent en un labyrinthe immense, et elle se pose des questions. sont-elles noires ces pensées ? grises. il faut du bleu dans les pensées. du vert. bleu océan et vert forêt. un lac d'océans, assez grand pour s'y noyer la tête, une forêt assez grande pour que les chants du vent y résonnent. noyer les larmes. envoler les maux. rendre plus joli. comme les étoiles. il faut un plafond d'étoiles dans les pensées. qui éblouissent, font tourner le monde et les songes. qui arrêtent le temps, toujours, et si tu as peur rassure-toi, déssèche le bocal à larmes. à trop se remplir il éteindra les étoiles. et si tu pleure, pleure des mots. mais sa bouche reste vide. elle a les mots qui s'impriment dans des vieux papiers. elle ne sait pas comment les essorer pour que ça sorte. mais sa bouche reste vide. sèche. à trop déssécher tu vas cramer. mais cramer ou se noyer, la différence n'est que dans la vitesse à laquelle les insectes te chatouilleront les pommettes. à tout choisir, demoiselle aime mieux se noyer, finir en cendres et être balayée d'un coup de poumons lui fait peur. au fond des eaux, les cheveux flottants, même la mort doit être belle. à tout choisir, elle se noie, dans les mots, les maux de mer, les mots amers. ils s'échappent de la bouche de ted et coulent, coulent, coulent. trop vite. c'est comme s'ils rattrapaient le temps où ils sont restés bloqués. c'est des mots en retard, et c'est pas beau, mais ça fait du bien. d'entendre son nom qui fond sur la langue. ça fait du bien, ça apaise. ça parle de madame eiffel, et tu te demande s'il l'a tant regardée, s'il se souviendra mieux de celle-ci que d'elle-même s'il repart dieu sait où. elle sent le regard du garçon glisser sur elle, la mer, le sable, les roches, le ciel, toujours revenir à elle. et ces iris rencontrent ceux de la louve, et elle n'arrive plus trop à y lire. comme si y passaient des choses dans tous les sens, qui se superposaient, se barraient la route à lui en faire perdre la tête. et puis le flot de mots continue. il est plein de questions. plein de réponses aussi, mais jamais aux mêmes questions. et puis il remet des mots sur son père. ce qu'il se passait. ce qu'elle avait vu, il y a si longtemps, ce dont elle se souvenait si bien mais qu'elle aimait oublier au plus vite. elle ne pensait pas l'entendre une fois en reparler. des coups. et en parler tout court. des questions qu'il se posait. se pose encore. est-ce qu'il a un problème, non. s'il était malade ou bien trop triste, peut-être malade d'être trop triste. ce qu'il avait fait au bon ciel, rien. il avait été trop chanceux. louve a cette manière de penser qui considère que le bonheur est sûrement ennuyeux comme avoir tant d'argent qu'on ne sait plus quoi en faire ou avoir trop de temps pour peu de choses à faire. la joie n'a plus de valeur si elle ne repart jamais. il y en a trop. pour elle, elle ne peut être heureuse que si elle a été malheureuse. tout est une question d'équilibre, comme pour tout le reste. la demoiselle glisse sa main sur la joue du garçon pour essuyer la goutte de mer qui y restait plantée, et s'approchait de sa pommette pour l'effleurer du bout des lèvres, comme un baiser pas tout à fait assumé. elle s'avance, sort ses pieds se l'eau trop fraiche à reculons, ne détache pas son regard de son ami. "les étoiles de douvres n'ont pas changé et sont toujours aussi belles, peut-être même plus qu'à paris - moi je pense qu'un paquet de bonbons et un vieil ami ne peuvent que les sublimer un peu plus. " un petit rire lui échape, un dernier sourire étire ses lippes et elle repart déjà à la chasse à l'espoir au fond de la maison aux vapeurs d'alcools. la grand monsieur là-haut sur son parterre de verre, la grande mère de la nature, le destin, le karma, bouddha, le chien du voisin. qui que ce soit qui dirige un minimum tout ce merdier devait avoir trouvé beau le jour où était arrivé ted dans la vie pour lui avoir fait de telles horreurs en pensant à la joie qui en découlerait pour équilibrer l'existence du bonhomme. et tout allait commencer là. |
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