Noe Pandore
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| Sujet: une plume sur l'Océan, ianis Lun 19 Aoû - 11:58 | |
| je me suis toujours demandée si tu viendrais un jour ianis. parce que je sais que l'Océan t'effraie, parce que je sais qu'en un sens, je t'effraie. alors, voilà. tu es là, non sans t’être battu. mais j'ai eu raison de toi, et je t'emporte comme les vagues emportent les jouets qu'on oublie sur la plage. je t'emporte avec moi au large. je t'emmène là où le monde est libre. là où il n'y a pas de mensonges. il n'y a que la pureté et sa vérité. il n'y a personne et le monde à la fois. à te voir, comme ça, grand bonhomme que tu es, face à l'Océan, comme un jeune garçon effrayé par l'immensité qui s'étend à ses pieds mais qui ne souhaite pas offrir ses émotions en spectacle. se cacher, se cacher, toujours se cacher. ianis, dis-moi, pourquoi tu te caches ? pourquoi ne hurles-tu pas ton cœur à gorge déployée ? je t'en prie, vas-y. crie et laisse la liberté t'emporter. vas-y. je t'en prie. j'ai tellement de choses à te dire. j'ai tellement de questions à te poser. et la terre s'éloigne. la terre s'éloigne et ne devient qu'horizon. les gens n'existent plus, ils ne sont plus que des fourmis écrasées par une plus grande entité. et la terre s'éloigne, ma douleur avec. je suis vivante, pour de vrai. je suis vivante, et paradoxalement, j'ai le souffle coupé, et paradoxalement, mon cœur est en pause. il ne bat plus, il appartient à l'Océan. l'Océan le retient au creux de sa liberté et le panse du mal de terre. et la terre n'est plus qu'un point au fin fond de l'horizon. certains disent qu'il n'y a pas plus grande solitude que lorsqu'on est en mer. il n'y a personne pour vous écouter, personne pour vous supporter, il n'y a pas votre femme qui vous prépare un bon petit plat, on est seul. moi, je trouve ça faux. moi, je trouve ça beau. solitude, liberté. c'est ici qu'on pense, c'est ici qu'on est confronté à la vérité. il n'y a pas de plus belle beauté. même l'apollon ne lui arrive pas à la cheville. rien n'est plus pure que ça. rien n'est plus parfait que ces instants. mais je comprends. je comprends qu'on puisse avoir peur. l'homme a peur de sa condition d'hommes. il y est enfermé et il s'y est enfermé. il tourne en rond. il tourne en rond comme un poisson dans un bocal qui ne se rend pas compte qu'il a l'Océan à porter de sa nageoire. je détourne le regard vers mon invité. ianis, de quoi as-tu peur ? |
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