Le plancher craque, sous tes pas. Tu ne sais pas réellement pourquoi tu es là, Siam, perdue au milieu de cette vieille grange. Il y a eu le son des vagues, contre tes oreilles, et puis cette envie, étrange, au fond de tes tripes, qui t'a fait t'éloigner, pas à pas, de la voûte aquatique. Tu ne comprends pas, le regard un peu vague, pourtant tu es là, au milieu des champs, si loin de ce petit pas à franchir pour rejoindre les eaux. Autour de toi, il n'y a que des craquements légers, un murmure éternel. La grange, abandonnée par les pêcheurs, par le temps, semble vouloir te murmurer quelque chose. Et toi, tu tends l'oreille, délicate, attentive à ses moindres paroles sans en comprendre la moindre. Et toi, Cassandre ; pourquoi ton regard est-il si vite ? Où se trouve donc cette lueur enfantine qui t'habite ? Tu marches, là, comme ça, les pas enfouis dans le foin humide et dépéris. Tu marches, automate, sans te rendre compte de quoique ce soit, les prunelles fixés sur cette grange, là, face à toi. Une main semble tenir la tienne, froide, si froide, et sage, innocent, tu la suis, lui accordant toute la confiance du monde. Au loin, des moutons bêlent, mais tu n'y portes pas attention. Tes prunelles sont absorbés par l'habitation abandonnée, et tu ne peux t'empêcher d'y mettre les pieds. Et toi, Marcus, pourquoi cours-tu, cette fois ? Où est donc le chien de berger, celui qui t'aide tant, si bien parfois ? Tu es là, un peu trop idiot, à courir derrière tes moutons éparpillés. Ou plutôt un. Le petit mouton noir, ton préféré, qui s'est envolé et qui court, encore, toujours, pour aller loin, si loin de toi. Et tu accours derrière lui, lui crie de rester, lui chante ton amour, mais il ne l'entend pas. Il avance, encore, toujours. sans entendre quoique ce soit. Et puis, d'un souffle de vent, il disparaît derrière la porte, s'y glissant, s'effaçant, et tu ne peux t'empêcher de le suivre, là, en silence, la porte se fermant lentement derrière toi. Le mouton noir bêle, le nez sous la jupe d'une demoiselle certainement belle, et tu ne sais que faire. Et le fantôme, lui, semble surpris. Les doigts liés à ceux de Cassandre, il observe les deux autres gens, étrangement présents. Il s'étonne d'avoir des êtres, tout autour de lui, et de sentir un touché, au creux de sa main. Mais il sourit, pourtant, après quelques secondes. Il sourit, avant de lâcher la main de ce pauvre Cassandre, et puis de se prendre au milieu des gens, animant le vent.
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2 Mer 17 Juil - 8:36
Il adore emmener les moutons paître avant le lever du jour. Il y’a encore la rosée, cette petite atmosphère fraîche qu’il adore respirer. Tout lui plaît dans les pâturages, l’odeur, la vue, la température et même le bruit de son troupeau bien tranquille. Le troupeau bien encerclé, Marcus s’assied, s’installe et profite de l’instant présent comme il sait le faire. A l’horizon, le soleil est encore en train de se lever, il le regarde faire, il attend patiemment d’être baigné dans sa lumière. Désormais, il voit le troupeau en entier, en train de gambader comme d’habitude. Mais aussi loin que Marcus puisse regarder, il n’aperçoit pas la petite tache noire au milieu qu’il se plait à regarder au milieu des nuages blancs. Il se redresse alors et cherche désespérément des yeux. L’aurait-il perdu en chemin ? Cette manie de sortir au premiers rayons du soleil lui aurait-elle couté son petit mouton préféré, son petit noir, son petit bâtard. Les chien d’habitude si bon à l’ouvrage, ne l’ont-t-ils pas remarqué. Marcus s’inquiète et mesure que l’abandon de cette bête dans la forêt est impossible. Il veut partir à sa recherche. Il se relève et emporte avec lui son fusil, des fois que cette absence serait l’œuvre d’un loup venu s’installer dans les environs. Il se persuade qu’il n’en aura pas pour longtemps. Les moutons ne sont pas dispersés puis les chiens veillent au grain. Marcus part. Il s’enfonce. Cela dure un moment sans avoir trouver son préféré, il rejoint la côte. Il trouve la vieille grange et s’apprête alors à faire demi-tour. Ils ne sont même pas passés par là pour aller là-haut mais Marcus est stoppé dans ses gestes. Il entend. Il l’entend bêler quelque part et se retourne avant d’apercevoir le petit nuage noir qui défile jusqu’à disparaître dans le funeste bâtiment. Marcus l’appelle. "Mélasse ! Mélasse !" Mais lui qui est d’habitude si obéissant s’enfuit. Marcus a beau courir, il n’est pas plus rapide que ses bêtes et quelques secondes plus tard, il pénètre dans la grange, l’explore. Ça grince de tous les côtés et menace presque de s’écrouler à tout instant sous le souffle du vent. Il retrouve son mouton. Il trouve autre chose également. Le soulagement est vite effacé par la surprise quand il tombe nez à nez avec une jeune fille. Que peut-elle bien faire ici ? Ignore t-elle où elle se trouve ? Il reste là, sans rien dire, l'air hébété et la regarde. Plus loin, à petit pas arrive un autre garçon. Marcus comprend qu'il les a peut-être dérangé. Que peut-être ils étaient venus tous les deux ici ? Les jeunes d'aujourd'hui, ça copule vraiment n'importe où. C'est ce qu'il se dit avant de se rappeler que ça ne sont pas ses affaires. Le silence règne. Il lève les bras, signe qu'il ne veut pas de geste brusque. Il chuchote. "Je suis venu le chercher." Il désigne le mouton. " Ne fais pas de mouvement, sinon il va s'enfuir. " dit-il à la jeune fille, qu'elle ne prenne pas peur à cause du mouton à ses côté. Mélasse est gentil. Gentil mais vraiment trouillard.
Cassandre de Montherlant
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2 Mer 17 Juil - 14:54
Cet air oppressant qui m'anime les narines. Le sol qui craque, les planches trop vieillis se brisant presque sur chacun de mes pas. Et cette brise rafraîchie par le printemps s'annonçant progressivement sur la côte. Fraîcheur glacial nous gelant le corps, insérant ses lames brisantes dans chacun de nos pores. Vile sentiment, frayeur désinvolte caressant notre âme. Mais pourquoi fait-il si froid ici ? Je sens la brise me caresser le visage alors que mes pas me guide sans que je me doute vers ce pale paysage, dévasté. Mais ou suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Je sens mes pas de plus en plus lourds, guidés par une volonté malsaine et trop intense pour que je résiste. Tout devient flou, tout semble presque froid, lointain, comme un sentiment je-m’en-foutiste qui nous pousse à ne même plus faire attention à notre propre corps. Alors le mélange des vagues aux pierres m'attirent loin, je m’éloigne de ce paysage dévasté, je rejoins l'ombre pour desservir mon instinct. Tardif enfant à la recherche d'un peu d'aventure, je n'aurais surement jamais dû quitter ma ville natale pour cette amère vision. Le froid brûlant mon pale épiderme, et je m'avance dans l'antre insipide et fade. Immensité bleue je te quittes, doucereuse mère recueillant les larmes des dieux. Adieu. Je m'avance dans le brouillard épais, tend la main comme une sorte d'appel à l'aide. Isolement le plus cruel, maman c’est toi ? Mais qui est ce spectre aux allures angélique ? Je souris, presque trop innocent pour comprend que mes propres faiblesses sont en face de moi. Le calme laiteux de l'endroit me fait frissonner, je me perd doucement, perdant fil, perdant tout. Et ce pale fantôme, fantôme de mes délires les plus profonds, vaste vision surement due aux narcotiques, m'attrape délicatement la main. Que fait-il ? <> Mais ce n'est pas ma mère, ça ne le sera jamais, puisque maman est mortes, et papa l'a voulu ainsi surement, comme le destin. Ce n'est pas cette femme douce et aimante qui se trouve devant moi, mais un homme aux allures banales et presque pittoresque, tout comme le paysage, accompagner d'une jeune-fille, vraiment belle et attirante. Si seulement je n'aimais pas déjà quelqu'un. << Qui êtes vous ? ...>>
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2 Dim 21 Juil - 10:02
C'était le genre de paysage un peu crade, un peu désolé, qui semblait dévasté par un moindre souffle de gratitude, le genre de paysage que l'on pouvait peut-être imaginer se dessiner entre les pages des hauts de hurlevents. Le genre de tableau qui vous tord la voix à ne même plus pouvoir chuchoter, qui vous donne envie de vous coucher dans la poussière et de pleurer dans les champs. Elle ne savait même plus depuis combien de temps elle était là. Quelques minutes, des heures peut-être ? Ou peut-être avait-elle simplement regardé la nuit passé comme un générique de fin à sa vie ? Siam se retourna pour prendre la direction de la mer, elle était le genre de meuf à avoir le mal de terre, elle avait besoin du cri des mouettes, leurs longues plaintes langoureuses, des embruns et du sel qui lui tapissait la gorge. Ça l'attirait comme un amant doucereux, c'était pas banal comme addiction.
Mais, incapable de bouger, elle resta là un moment, les larmes aux yeux, avant de se dire, continues à avancer, et impériale et brisée, elle se mit à marcher là où le mer ne languissait pas. Ses pas la portèrent jusqu'à une vieille grange, à c'qui paraissait, il y avait une jolie fille en chemise de nuit blanche, douce à en dégoûter le diable, qui se serait pendu ici. Un sourire d'ailleurs s'évaporant sur ses lèvres, elle entra doucement, il ne faisait pas noir, dommage. Elle se tenait là, sans comprendre pourquoi, lorsqu'un mouton tenta de lui bouter la culotte. Alors, ça, ce n'était vraiment banal, mais elle n'y trouva rien d'étrange. Lorsque le garçon s'avança, elle lui jeta un regard absent, tout en remarquant son allure gênée, un peu pittoresque, et le fait que le mouton soit noir. Ton mouton vient souvent sous les jupes des filles, j'imagine. Elle se tut ensuite, ne souhaitant pas mettre le garçon mal à l'aise. Qui ils étaient ? C'était un autre garçon qui les regardait hébété, ailleurs, décadent. Moi je ne suis personne. Et lui c'est un marginal, comme son mouton. Oui, qui ils étaient. Intéressante question.
désolée du retard et de la nullité.
fantôme à la mer
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2 Mar 23 Juil - 12:43
Le fantôme hésite. Il veut tendre le bras droit et c’est le bras gauche qu’il lève. Il veut fermer les yeux et c’est la bouche qu’il ouvre. Il ne sait plus, il est déboussolé, cet enfant de la mer, et c’est de votre faute, à tous. Mais il s’habitue. Les habitudes reviennent vite, toujours, quand elles sont douces à vivre. Il avait comme oublié le visage de l’Homme et le vent lui traine trois gamins pour agiter un peu la mémoire, comme ça, subtilement. Vous plaisez au fantôme et le fantôme sourit.
Il tourne autour de vous soulevant, incessant, cheveux et puis tissus. Il s’en amuse. Le vent et lui, tendres amis de longue date, creusent entre chacun de vous un vide de plus en plus pressant. Vos mots résonnent à ses oreilles mais il n’y prend pas garde. Qu’importe ce que vous avez à dire, il veut entendre lui ce que vous pensez. Il veut tout savoir et il découvrira. Il a quitté Cassandre et s’approche de toi, Siam, se colle tout contre elle et souffle à son oreille. Un bruit guttural et très simple, faible à la fois qu’on ne saurait décrire. A-t-il dit quelque chose ? Tu hésites. Un peu. Et avant même d’avoir eu le temps de te retourner, ses mains froides sont dans ton dos. Il frissonne à l’idée même de ce que cela peut te faire.
Vous plaisez au fantôme. Est-ce vos yeux, vos mains, votre peau ou votre peur qu’il aime dans la nuit ? Pour vous, il fait chanter la grange de craquements lugubres et d’idées insolites qui s’entrechoquent et viennent frapper vos corps. La lumière vacille au dehors : les nuages ont répondu à l’appel et se massent incertains pour faire fuir le jour. Il ne sourit plus ; ça y est déjà il rit. Un rire à glacer le sang qui réchauffe le cœur. Il frémit avant vous. Le fantôme anticipe toujours. Il devrait avoir peur, donc. À moins que… Avez-vous peur des fantômes ?
Cassandre de Montherlant
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2 Lun 19 Aoû - 14:31
Il est difficile de croire que dans un monde lointain l’irréel et le surnaturel n’était pas simplement une fiction. Simple délire psychotique ou croyance religieuse peut-être, mais il est difficile de croire qu’il y a quelques siècles encore notre monde semblait peupler de chose plus irréelle encore que l’amour que nous ressentons. Et c’est surement l’infime chose que tout le mon recherche, perdurer au-delà d’une fin incontrôlable, comme arrêter le temps pour s’emprisonner dans l’éternité. Et dans ce même délire je me suis aventuré dans les fosses du temps pour me perdre dans la contemplation du rivage sur le haut des falaises. Aurais-je dû être ailleurs pour réchapper à l’appel troublant de ce spectre ? Et qui est donc cette jeune fille qui semble aussi perdue que moi ? Est-elle le fruit elle aussi, de mon esprit torturé ? Je soupire, contemple quelques instants son épiderme en tentant par cela de chercher une preuve d’humanité. Mes yeux se perdant dans l’obscurité de la pièce, frissonnant d’un froid inhabituel.
<< Bonjour…que…pourquoi es-tu ici ?...>> De quelle autre manière l’aurais-je abordé ? La situation n’est-elle déjà pas assez étrange pour que je rajoute des questions impossibles ? Mes pieds font craquer le parquet de la pièce et un bruit derrière moi me fait sursauter, je regarde l’objet tomber sans trop comprendre. Et si tout ça n’était qu’un rêve ? Si tout cela n’était qu’un pur cauchemar ? Comment se réveiller quand le rêve touche le monde du réel ?
Alors j'avance vers la source du bruit, frôlant au passage quelques objets sortant eux aussi du temps, une paire de chaussures très anciennes, un livre en cuir abimé, et quelques objets métalliques par ci par là, jonchant le sol. La poussière de la pièce semble donc éterniser un peu plus l'endroit, comme dernier signe d'un endroit imperceptible par cet entité temporelle. << Tu as entendu ce bruit ? ...>> Si oui, je ne suis surement pas le seul à délirer, si non, eh bien, je devrais consulter. Je me retourne vers la jeune femme, les lèvres pincées d'angoisse, le regard à demi-perdu, cherchant un repère, une explication. La preuve du réel.
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Sujet: Re: filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2
filament de champ, souffle du vent ♒ mini intrigue #2