NOM(S) - Stocker, un nom qui pue la mort et la malédiction à des kilomètres. Famille oubliée, famille entérée. Maman qui s'écrase avec les tours du 11 septembre. Maman qu'a préféré sauter que d'finir cramée. Maman qui volait comme un oiseau. Maman dans les cendres. Dans les cieux. Papa qui s'prend un cancer dans la gueule. Vous avez trois semaines. Papa qui meurt comme ça parce que le destin c'est un con et le destin a choisi Papa. Alors plus d'Papa, plus d'Maman, plus personne. Stocker ça sent la mort et le malheur. PRÉNOM(S) - Coleen ça s'explique pas, ni Barbara. Des noms au hasard dans un livre de prénoms. Allez, choisi chérie. Au pif. Pim Bam Boum. Et voilà ça sera Coleen et Barbara. Tout simplement. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - dix neufs petites années dans l'même trou. Douvres. Mon amour. C'est fou, elle n'a jamais pensé à partir alors que son corps lui crie de foutre l'camp depuis qu'elle sait marcher. C'est fou, ça serait trop facile d'se barrer une bonne foi pour toute puisque rien ne la retient mais elle préfère se faire du mal. Douvres. Ma perte. Mon aimé. NATIONALITÉ - buveuse de thé STATUT CIVIL - silence radio ORIENTATION SEXUELLE - les hommes et leur parfum qui lui laissent du sel sur les joues et puis le cri des goélands alors qu'elle défie la mer, le vide et les falaises.  MÉTIER - strip teaseuse. P'tite prude qui s’effeuille face à des inconnus. P'tite conne qui laisse tomber son string en dentelles. P'tite pute qui vous lance un regard du coin de l'oeil. P'tit désir qui vous échappe du bout des doigts.   GROUPE - coeur las. AVATAR - nastassia lindes.

Vide.
Vide de l'absolu, vide du corps et vide de l'esprit. Vide du monde. Vide des autres.
Vide.
Coleen, on l'a oublié aussi vite qu'une fine couche de neige. On l'a oublié parce qu'elle n'était pas si remarquable aux yeux des autres. Aux yeux d'elle même. Coleen, elle s'est oubliée aussi petit à petit, jour après jour et nuit après nuit. Elle est devenue un songe, un fantôme flottant parmi les vivants, une ombre qui vous traverse et qui vous laisse un frisson, un goût de non dit dans la gorge. Coleen, c'est l'truc que tu vois pas bien.
Vide invisible.
C'est tout et c'est rien. Jalouse. Généreuse. Égoïste. Garce. Prétentieuse. Prude. Têtue. Simple. Vaine. C'est rien surtout, ouais.
Vide translucide.
Elle pourrait n'avoir jamais existé cet être non voulu.
On la supporte une journée, deux heures, trois semaines tout au plus, et puis elle disparaît ou alors vous l'faites avant. Parc'que tout meurt. Elle aussi elle meurt chaque jour un peu plus sans vraiment le dire. J'meurs.
Elle meurt. En regardant le ciel et les falaises. Et la mer tout en bas dans laquelle elle voudrait sauter. Mais elle va pas mourir Coleen pas maintenant, pourtant chaque jour elle va sentir l'vent qui la gifle et la caresse. Quand elle l'aura choisit, c'est là, en bas des falaises blanches qu'elle terminera sa course frénétique.
Elle meurt.
En attendant elle s'déssape en gloussant alors que l'homme en face d'elle la regarde avidement. Elle joue, Coleen, mélange les règles et les réinvente. C'est un tigre en embuscade et un oiseau blessé. Elle est tout ou rien. Tout et rien. Même si ça vous plait pas. En attendant elle bouge ses cheveux dans tous les sens et son corps avec.
Vide intersidérale.

PSEUDO - ladybird killer PRÉNOM - clémentine pour vous servir  . ÂGE - seventeen T'AS CONNU LE FORUM OÙ - bazzart. COMMENTAIRE(S) - magnifique  je suis à la recherche de liens, n'hésitez pas à me mpotter ou quoi que ce soit, j'suis une meuf sympa itou itou    POISSON PRÉFÉRÉ - pané  . CODE AVATAR -

Code:

<pris>nastassia lindes</pris> <ppn>coleen stocker</ppn>

Y'a une malédiction qui colle à sa peau, qui coule de ses lèvres rougies et qui s'accroche. Parce qu'elle s'appelle Stocker, vous comprenez.
Vous comprenez ?
C'est pas vraiment une maladie, ça pourrait l'être mais c'est quelque chose de moins. Si il y avait un nom pour ça il s'rait léger, le temps de le dire et il a disparu. Comme un oiseau qui s'envole. L'eau à tes pieds. L'amour dans ton coeur. Savoir que la mort est là, en embuscade, à l'attendre avec un putain d'sourire aux lèvres. Savoir qu'elle va mourir plus tôt que vous. Maudite.
Vous comprenez ?
Au moindre bruit, le moindre coup d'travers elle sursaute. P'tite idiote. Regardez la sursauter au fond du bus quand elle sent une secousse. Elle ferme les yeux. J'paris qu'elle prit. Pauv' idiote, elle qui n'a jamais cru en quoi que c'soit.
Parce que autour d'elle tout le monde crève, Papa, Maman, Tonton, Marlon. Parlons en d'Marlon ! Marlon qu'avait les yeux aussi beau que le ciel étoilé de l'été, Marlon qui bouffait la vie. C'est la vie qui l'a bouffé. Marlon elle l'a aimé comme elle aime les vagues qui s'écrasent contre les rochers tout en bas. Beaucoup.
En bas.
Et puis Marlon, la mer l'a emporté. Tout l'monde crève avec Coleen. Même les poissons ou les chats. Idiote. Elle sourit à l'arrière du bus, sa joue collée à la vitre couverte de buée. C'est tout froid, ça lui secoue l'intérieur.
Vous comprenez ?
Impossible à cerner, c'ptit bout de femme est un mystère indéchiffrable, sauvage ou fragile, cassable ou cassante.
Moi j'comprend pas.
Elle sort ici alors elle s'lève, ressert les pans de son manteau sur elle même. Coleen dit pardon pour passer. Elle dit tout l'temps pardon, s'excuser d'être elle, d'être toujours en vie, pardonnez lui d'être ce poids sur votre poitrine, ce truc inutile sur la terre. P'tite idiote a une belle voix d'velours, et quand elle marche on dirait qu'elle glisse dans l'air. Vous pouvez pas vous empêchez de la regarder.
Vous devez comprendre.

+

Bang.
Coleen observe le bas d'la falaise. Coleen arrête de respirer. Coleen retient tout. Coleen retient la vie. J'me demande si elle aura un jour le courage de sauter, d's'envoler quelques secondes au moins.

Ploc.

Une larme qui tombe dans l'azur bleuté. Une goutte salée de plus parmi un océan de pleurs. C'est quelque chose de gigantesque, de monstrueux ; il faut que vous imaginiez ça, une larme de rien. Elle parle pas beaucoup Coleen, elle préfère regarder. Les passants, les objets, les regards, les sourires, les silences. Se souvenir de chaque instant, chérir une seconde, une minute volée à quelqu'un, un souvenir qui n'est pas l'sien. Alors elle baisse la tête. P'tite idiote murmure quelques mots.

Pardon, Marlon. Pardon. J'peux pas tu sais. Pas maintenant. Plus tard. Un autre jour, un autre mois, une autre année. J'veux encore un peu respirer. J'ai pas envie d'partir. Après, je te rejoindrais. Promis. Juré. Craché. C'est une belle manière de se perdre que de se perdre dans les bras l'un de l'autre. J'me perdrais dans tes bras, ceux d'la mer puisque vous n'êtes qu'un.

Bang.

Y'a ses pieds le long d'la falaise, tout au bord, un coup d'vent et elle s'envole. Et elle s'écrase. Comme un oiseau qui s'prend une vitre. Y'a ses pieds nus de petite fille sur l'herbe bleue, jaune, grise, rouge, rose. Non : verte. Retour à la réalité. Suicidaire incapable de se suicider. Pauvre idiote.
Un
Deux
Trois
On saute ?

Demain...