et là voilà, englouti par la mer. la mer gloutonne, cette mer dangereuse à la faim dévorante avait avalé ma mère. celle qui comptait plus que ces milliards de litres d'eau salée. celle qui m'avait couvé dans son ventre, celle qui m'avait nourri en son sein... ma mère, ma plus belle lune s'était désintégrée de la terre. je n'avais pas eut le temps de la voir vieillir, de la voir faner, de la voir pourrir. pour moi, tout être humain ou toute plante se désintègre avant de mourir. quand elle m'a quitté la vieille, elle avait toujours ce teint lumineux, ces joues et son front lisses, son corps droit, sa peau pulpeuse... elle n'avait aucune tâche jaunie comme un peu d'encre qu'on a pas réussit à effacer, aucun ride qui froisse la peau comme du papier, pas non plus cette lenteur accoutumée des vieilles personnes... elle n'avait pas le droit de mourir.
maman, symbole de la femme vertueuse et généreuse, semblait avoir dérivé du chemin qu'elle suivait depuis sa naissance. un pas vers les buissons l'avait entrainé à sa chute. elle s'était laissé tenter par l’adultère, livrant sont corps à un jeune pêcheur solitaire oubliant le temps d'une ballade le corps grossier et froid de son mari. elle avait voulu se sentir désirer, se sentir un peu rose, séductrice et épineuse. logée dans la barque de son amant, sa poitrine dénudée dévoilant cette peau couleur lait et ses boutons d'or qui ouvrait l'appétit de l'homme solitaire, la muse vénale fut attrapée par la vague. est ce neptune, jaloux de ce pauvre pêcheur, qui a attrapé de ses mains houleuses le corps condamnée de maman ou sa femme amphitrite, qui envieuse de ce corps encore doux, a entrainé la noyade de maman ? ces puissances divines qui n'aiment pas ma mère, parce qu'elle était plus belle, plus calme, plus généreuse que la leur. ma mère n'avait pas ce goût salée qui pique la peau, elle était plutôt sucrée qui nous colle de ses baisers. elle avait ce cœur de caramel mou dont j'ai hérité. elle avait cette manie de toujours faire attention à moi, elle était ma déesse de la terre, ma gaïa, cette mère féconde, cette mère nourrice... elle me regardait avec ses yeux qui pensaient "tu es la prunelle de mes yeux, mon portrait craché, un moi en devenir... mon héritière".