" Ecrire, c'est une façon de parler sans être interrompu ! " ▲ Jules Renard.
NOM(S) - Higgins. PRÉNOM(S) - Malo Timothée. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - 28 ans, Douvres. NATIONALITÉ - Franco-anglaise. STATUT CIVIL - Célibataire. ORIENTATION SEXUELLE - Hétérosexuel. MÉTIER - Ecrivain paumé. GROUPE - Coeur las. AVATAR - Taylor Kitsch.
Le chant de l'âme
Je suis un homme simple, fait de chair, de sang et d'os, comme chacun d'entre nous. On peut m'attacher une centaine d'adjectifs, comme vous tous, et pourtant je ne suis pas la moitié d'entre eux. La personnalité des êtres vivants diffèrent, évoluent, changent à chaque instants où nous foulons cette désastreuse terre. Ce monde nous envahit et nous construit, et on est simplement trop content d'exister pour voir ce que nous devenons réellement. Je suis un spectateur surtout. Quelqu'un qui observe, qui se raconte ses propres histoires sur chacune de votre existence lorsque je vous regarde marcher et errer dans votre destin que vous pensez établit, ou non. Je suis effacé, dans le fond d'un vieux café et contre un arbre au milieu de l'herbe verte. Comme invisible, et pourtant, je suis bien là, attentif. Je suis une personne distante, pas un grand amoureux des autres, simplement admiratif de leurs vies. Chaque âme est unique, et les voies sont multiples. Les chemins empruntés sont une source d'amusement, d'occupation pour moi, c'est mon inspiration. Je ne fais pas de vagues, j'ai depuis longtemps succombé à la noyade. Je me suis retiré intentionnellement n'ayant jamais réussi à trouver mon but, ou une raison particulière pour continuer à participer réellement à l'activité de la vie. Je suis las, nonchalant. Loin d'être déprimé ou même déprimant, j'apprécie mon existence. J'aime vivre plus que quiconque, je me suis simplement résolu à regarder défiler le temps entre mes doigts. Je m'accommode à ma routine, n'aimant pas les surprises ou les éléments perturbateurs. J'évite le bruit, l'excitation ou encore l'illusion que tout s'arrangera. Je suis quelqu'un de simple, ayant ses petits besoins et ses plaisirs. Je ne déborde jamais sur autrui, je ne veux rien, ne demandant rien. Pas du genre non plus à me plaindre, je ne suis pas pénible. Je suis calme, solitaire et nous dirons même timide. Dans mon coin, je n'ose déranger personne, je n'ose pas grand chose de toute manière. Isolé, je donne sans attendre quoique ce soit, altruisme naturel c'est ma nature d'être attentionné. Peu bavard, je n'aime pas les questions, que ce soit les poser ou les recevoir. Je suis bien dans ma mélancolie, ma nonchalance et ma solitude. Je suis satisfait de ce qu'on me donne et pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais le bonheur est inaccessible.
J'ai toujours cru qu'être aimable, simple et satisfait me permettrait d'être heureux sans trop de difficulté. J'ai toujours voulu vivre dans la joie et la bonne humeur, m'attachant qu'au décor magnifique qui nous entoure, ou encore des belles qualités de mes rencontres. Mais non, ça ne vient pas. Et c'est de là que part l'autre facette de la personne que je suis. Attristé et blessé par ma vie et mes désillusions, je suis alcoolique. Ce liquide ressort plus fortement chez moi. Je reste calme cela dit, bien que j'ai cette fois une fierté et une dignité irritable. En d'autres mots, je suis blasé et n'importe quel dérangement déclenche chez moi une réaction immédiate. Par là j'entends, une violence incontrôlable. Mélancolique et en souffrance permanence, je me suis protégé par une bulle fictive me protégeant de tout ce que je déteste. Dans mon monde, lunatique et cynique, j'ai le mal de vivre ailleurs que dans mes songes ou mes récits. J'essaye d'accepter ce que je suis devenu, mais il m'arrive de succomber à mes envies d'excès. La modération alors s'efface et le vice prend des proportions magistrales. L'altruisme s'enfuit, le calme éclate et la solitude devient rapidement détestable. Néanmoins je ne deviens pas pour autant un allumé, ou quoique ce soit s'en approchant. Je reste gentiment à ma place, souhaitant un peu d'amour, de reconnaissance ou simplement de compassion.
Deux parties de moi s'opposant, fricotant ensemble et explosant quelques fois. Je suis un mélange de tout ça, étant également totalement l'inverse. Une mauvaise journée, plus irritable que les autres, peut très bien me pousser dans un caractère plus houleux. Une bonne journée à l'inverse peut faire ressortir un bonheur éphémère. Les aléas de la vie peuvent ainsi tout simplement tout remettre en question. Je suis une personne tourmentée, blessée, renfermée sur elle-même. Personne ne sait quand ça va sortir et exploser. Moi même j'en reste inconscient, mais un jour, sûrement ça arrivera. On m'aiderait peut être à déployer mes ailes et m'entretenir avec ses anges que certains aiment appeler hommes.
Sous l'océan
PSEUDO - Graou. PRÉNOM - Zadig. ÂGE - 21 ans. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - Aristée. COMMENTAIRE(S) - Graou. POISSON PRÉFÉRÉ - Le Fugu. CODE AVATAR -
Code:
<pris>Taylor Kitsch</pris> <ppn>♒ Malo Timothée Higgins</ppn>
Dernière édition par Malo T. Higgins le Mer 9 Oct - 23:58, édité 2 fois
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Lun 7 Oct - 22:00
" Tout le talent d'écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots. " ▲ Gustave Flaubert.
Le claquement retentit dans toute la pièce. Le silence reprend ensuite sa place, alors que Louise et moi détournons notre regard pour rester bouche bée face à ce triste spectacle. Personne ne le sait encore, mais cet instant est le point culminant de notre chute, nous la famille Higgins. Voilà quatre ans déjà que je grandissais dans cette famille, je n'avais pas à me plaindre pour le moment. Ma sœur était attentionnée, ma mère, au foyer depuis la naissance de l'aîné s'occupait de nous et de nos besoins. Mon père, effacé de notre vie ramenait l'argent et faisait en sorte de nous éviter. Famille moderne classique, nourrissant les stéréotypes. Ce n'était que quelques minutes après le dîner que les disputes entre mes deux géniteurs avaient éclaté. Les engueulades étaient fréquentes, c'était un quotidien qu'on s'efforçait d'oublier. Le désespoir de l'incompréhension couplé par la protection rassurante de Louise, assez grande pour capter la discorde du couple. Ce soir là, nous jouons, assemblant notre mosaïque ensemble. C'était un jeu agréable, on façonnait figure, comme un puzzle. On s'amusait simplement déjà à cette époque. Notre attention fut totalement absorbé par la suite. Nos rires s'effaçaient lentement au profit du vacarme retentissant dans le salon où nous étions pourtant si calme. Le regard affolé et apeuré, je regardais ma mère au sol. Les larmes jaillissaient de ses yeux, elle n'avait même plus la force de se relever. Inconsciemment mon regard s'envola dans les airs pour se déposer sur mon paternel. Rassemblant les symptômes d'une colère profonde, il gardait le poing serré. Ses cris englobaient désormais le silence et les pleurs qui s'immisçaient dans les yeux de ma sœur et moi. Me réfugiant dans les bras de Louise, je croisais enfin le regard de ma mère. Première fois que je repérais sa détresse, sa souffrance et sa tristesse. Blessée d'aimer un homme violent et incontrôlable. Je constatais par moi même qu'elle aurait tout fait pour nous lorsqu'elle souriait, jurant être tombée sans l'aide de personne. Elle avait capté que nous étions deux malheureux spectateurs, elle nous protégeait pour une raison inconnue un homme qui ne méritait pas l'amour de ses enfants. Quand à lui, cet homme médiocre, lui, ce père raté, lui, ce travailleur désabusé. Lui, ce connard infini. Il ne faisait pas attention à notre présence, ne sachant pas qu'on était là avant même qu'elle ne prononce ses excuses pour notre sécurité bafouée. Il jeta un regard, même pas désolé, envers nous. On pouvait lire la haine, la colère dans ses yeux. Il n'était déjà loin, emprisonné dans l'abysse de son courroux. Piégé par lui même, c'était trop tard, notre vision était déjà fissurée, il s'en fichait de la voir en morceaux. Son poing jaillit avant de finir sa course dans l'arcade de notre mère. Ma sœur criait, hurlait, moi j'avais simplement peur. Tétanisé, je ne bougeais pas alors qu'il matraquait celle qui m'avait mit au monde. Il la ruait de coups alors qu'elle aussi pleurait, hurlant « Pas devant les enfants », ne pensant même pas à sa propre survie. Les secondes tombaient comme des heures entières, c'était comme si le monde s'était arrêté un instant, reprenant son souffle, étant lui même dépassé par les événements. Alors que le ralentit m'avait capturé, ma sœur se lançait sur son bras, hurlant, suppliant d'arrêter dans son élan frénétique de violence. Sur les genoux, les larmes coulaient mais aucun son n'arrivait à s'échapper de ma gorge trop serrée, trop sèche. Lorsque son bras se retirait du visage en sang et défiguré de notre mère, il s'en servit pour éjecter Louise, sa fille, ma sœur, loin de lui. La projetant contre le mur puis dans le canapé. Ma mère était inconsciente, ma sœur en larme et le souffle coupé par la scène qui venait de se dérouler sous nos yeux. Il ne restait plus que moi. Je ne pensais à rien. Rien ne traversait mon esprit, mes yeux étaient stupéfaits par l'état de ma génitrice. Mes oreilles n'entendaient que les cris de ma sœur avant de se concentrer sur le souffle ralentissant de mon père. Je levais la tête pour le regarder, sans expression particulière, juste, le regarder. Il croisa mon regard, replaçant ses cheveux qui avaient virevolté partout avant de se coller sur la sueur de son visage. Yeux dans les yeux, je voyais sa hargne se terminer lentement, je ne distinguais ni regrets, ni amour propre, juste la colère qui s'éteignait. Il prit son pack de bière dans la cuisine, me dépassant avant de sortir de la maison, laissant le chaos qu'il avait causé. Et moi, seul, je n'avais pu bouger, trop jeune, ne comprenant pas, ne sachant pas, subissant l'impuissance de ma condition. La porte se claquait derrière moi, et la peur s'enfuyait doucement au fur et à mesure que l'homme partait. La voiture démarrait avant de fuir, et enfin, j'avalais ma salive avant de reprendre une respiration et de hurler face à ce traumatisme flagrant.
Louise se remettait doucement alors que notre mère ne bougeait plus, inconsciente. Inconsolable, je restais à ma place, pleurant, sans réussir à me calmer. Inapte à gérer une telle solution, notre fut que notre mère tenait trop à nous pour crever là, nous abandonnant avec sa plus grande erreur. Elle se réveillait enfin, trouvant le moyen de nous consoler. Bien que son visage ne ressemblait à plus rien, que son sang coulant encore, que la douleur devait envahir son corps entier. Elle nous serrait fort, rassurant de sa douce voix nos espoirs brisés, nous berçant lentement pour que la fatigue et la retombée d'adrénaline engendrée par notre peur nous emporte dans un sommeil qui, malheureusement, n'aura rien de réparateur. Le lendemain, tout le monde fit comme si rien ne s'était passé. Notre mère nous avait préparé le petit-déjeuner, m'avouant qu'elle allait laisser aux voisins le soin de venir me chercher à l'école pour qu'elle puisse reprendre son vieux travail. Louise fut des plus silencieuse avant d'aller à l'école. Et moi, je m'habituais à ce silence gênant, forçant de répondre aux sourires forcés de ma mère, tombant peu à peu dans une sphère protectrice. Avec mon recul, j'imagine que j'expliquerais mon renfermement sur moi-même depuis cet incident. Sans repères, sans bases, sans apprentissage, j'avais simplement enfermé mes émotions, mes ressentiments en moi pour ne jamais les laisser sortir. La vérité était aussi que je craignais voir souffrir de nouveau les seuls êtres chers que j'avais. Le sujet était sensible et douloureux, le remettre sur la table simplement pour ma compréhension ou mon bien à moi semblait égoïste, et ce n'était pas ce que je voulais. Loin de là. La vie se poursuivait, les jours défilaient et une nouvelle routine s'installait. Louise rentrait seule désormais, elle atteignait une maturité incroyable face à ses copines. Moi, je suivais les voisins qui me ramenaient chez moi tous les soirs. On attendait le retour de maman pour manger et dormir. On avait banni notre jeu de mosaïque, un week-end, Louise était venu me voir. Elle m'emmenait dans l'étendue d'herbe qu'on avait devant chez nous, le jeu de mosaïque y était rassemblé et imbibé d'essence. Je consentis à la symbolique sans réellement comprendre. Louise pleurait, et on se tenait la main face au jeu s'envolant en fumée. J'appris plus tard que c'était pour effacer de nos mémoires ce moment, d'avancer, de passer à autre chose. C'était la façon de ma sœur, elle avait besoin de mettre ça derrière elle, de chasser ses cauchemars et sa tristesse. Je m'en souviens, ce jour là, elle l'avait serré fort ma main. Ma sœur avait toujours été un symbole de responsabilité et de force pour moi, je comprenais que cela devait être difficile pour elle de se montrer sous ce jour si sensible. Déployant une faiblesse, on n'en reparlera jamais, c'était hier, nous voulions tous être demain, encore une fois, oui, soyons demain.
Les années défilaient dans cette nouvelle routine qui au final avait resserré nos liens familiaux. On était uni, loin d'être heureux, mais uni. Louise commençait à devenir une adolescente, et moi, je ne changeais pas. Fidèle à moi même, silencieux, renfermé, observateur. On avait prit l'habitude d'uniquement croiser notre mère, elle était toujours en train de travailler. Depuis quelques années déjà, on avait déménagé dans la même ville. Je débarquais dans la chambre de ma sœur, notre mère dormait dans le salon, et on laissait derrière nous la plupart de nos meubles. J'avais désormais l'âge pour comprendre ce qu'il se passait tout autour de moi. Je voyais ma mère sombrer dans la dépression, ma sœur dériver lentement dans une adolescence en perdition. Je me rendais compte que toute la famille vivait mal depuis ce fameux moment qu'on avait tous choisis de refoulé. On s'était appauvri, grandement même. Notre mère enchaînait les heures supplémentaires de ces deux boulots pour essayer de nous maintenir à flots. A l'école, on se moquait de nous, comme si toute notre vie n'était qu'une blague dérisoire. Nous vivions dans une petite ville, et la solidarité n'était pas forcément le mot d'ordre dans nos sociétés contemporaines. Laissé pour compte, on s'accrochait comme on pouvait, et encore une fois, je subissais l'impuissance. La terrible impuissance de ne pouvoir changer les choses, de réussir à faire quelque chose, n'importe quoi, qui puisse aider ces êtres qui avaient déjà tant donnés. J'imaginais qu'on avait le droit à une parcelle de bonheur, après ce qu'on avait enduré, on méritait d'être au moins heureux. On m'avait toujours dit d'apprécier la simplicité, de bien agir et Dieu nous le rendrait, on ne pouvait faire plus simple, on ne pouvait être meilleur, et le retour ne venait toujours pas. Au contraire, le sort s'acharnait. C'était comme si on avait tiré le mauvais numéro. Nous étions les Higgins, les mauvais petits canards du quartier. On avait été désigné comme grand perdant de la loterie mondial, on était abandonné sans moyen de revenir. Emporté par le courant, la noyade était proche. On grandissait, les amis étaient rares, le soutien également. On faisait face noblement, mais je pouvais voir que nous plongions lentement mais sûrement au fond du gouffre. On était ces pauvres gens qui n'avaient pas de chance, sur qui on se lamentait sans cesse, le mauvais exemple. Les foyers devaient s'étouffer dans leurs remarques qu'ils pensaient drôles, aimant s'adonner à des « ça aurait pu être pire, pense aux Higgins », ou des « Encore heureux, on est pas comme les Higgins ». Malgré cette hypocrisie flagrante, j'aimais notre ville. J'aimais les gens, après tout, ils essayaient juste de se rassurer, il m'arrivait moi-même, parfois, de ne pas être un Higgins. Je grandissais sur ces longues collines blanches, le regard à l'horizon, laissant les vagues frapper, priant pour des jours meilleurs.
Dans cette risible existence, nous grandissions tous. Moi, j'atteignais presque cette fameuse période qu'on aime appeler pré-adolescence. Ma sœur, Louise, s'approchait de la majorité, s'éloignant doucement du bon chemin, ne se rendant même pas compte de la pente glissante sur laquelle elle patinait. Et ma mère, elle, le temps lui donnait le cancer et l'enfonçait encore plus loin dans sa longue chute aux enfers. Dépressive, cancéreuse au stade terminal, c'était la fin pour elle. Cette période, on a dut rendre à notre mère tout ce qu'elle nous avait donné. Ne quittant plus son lit, on la nourrissait, on la lavait, on la déplaçait à l'hôpital. On faisait tout ce qu'on pouvait pour la maintenir en vie. Bourré de médicaments et à la vodka, la maladie et la dépression la rongeait. Elle devenait de plus en plus aigrie, elle s'éloignait de la mère qu'on connaissait. Louise supportait mal ce rôle, mais s'y attachait comme elle le pouvait. Je supportais ça, me forçant à admettre que je devais être responsable et devenir l'homme de la maison qui était inexistant depuis une dizaine d'années maintenant. C'était dur, affreusement dur de voir sa mère mourir à petit feu de jour en jour. On néglige souvent nos sentiments, notre amour, et on réalise bien trop vite que le temps défile plus vite qu'on ne le croit. Impuissant encore une fois face à ce désastreux destin, je laissais le filer entre mes doigts une dernière fois par surprise avant de m'y résoudre une bonne fois pour toute. Je perdais espoir, sans foi, je me laissais emporté par la vague de la solitude et du cynisme. En voulant à la terre entière, je retenais de nouveau mes émotions. C'était depuis le départ de mon père que j'avais associer l'expression des sentiments à l'égoïsme, j'étais condamné à rester toujours cet enfant blessé. Une année entière passa, et on avait même pas fêté l'anniversaire de Louise, ni le mien. Une seule chose sera à jamais notre souvenir sur cette année difficile. J'étais au collège, flânant en cours alors que le proviseur entrait. Respectueux, tout le monde se levait, je captais son regard qui était fixé sur moi.
« Malo, veux-tu venir avec moi ? On s'occupera de tes affaires. »
L'air grave, le ton solennel, ça signifiait qu'une seule chose. Gardant l'air désabusé, je sortais de la classe sous les regards incompris de mes camarades. Retenant mes larmes et mes cris pour la dignité déjà assez bafouée, je suivais lentement le proviseur dehors.
« Malo, je ne sais pas comment te l'annoncer mais... »
« Elle est morte, hein ? »
Je le coupais, il bafouillait, cherchant ses mots. Je lui ôtais la peine de devoir annoncer une nouvelle si sinistre. Surtout qu'il ne pouvait ni comprendre, ni réellement compatir. Il était étranger à tout ça, à cette vie, cette injustice. Il acquiesça maladroitement, essayant en vain de me réconforter.
« Je veux voir ma sœur. »
Encore une fois, je le coupais dans ses condoléances. Il se tue alors, pour s'exécuter. Il n'y avait rien d'autre à faire. Je rejoignais Louise devant le collège. Elle était forte, essayant d'être impassible devant moi, devant les autres. On était pas du genre à s'étaler, et pourtant. À sa hauteur, j'enlaçais son corps pour le serrer fort. N'en pouvant plus, je relâchais mes larmes, m'accrochant durement à son pull. J'étais bien moins fort qu'elle, j'étais simplement détruis, je n'avais pas la foi ni la force pour faire face. Elle était tout ce qu'il me restait. J'avais toujours pensé qu'on avait abattu une sorte de mauvais œil, de malédiction sur nous. Après mon père, maintenant ma mère, il ne me restait que ma sœur. Je refusais de l'admettre, la gardant dans mes bras encore un instant, voulant profiter encore et encore pour que cela ne s'arrête jamais.
« Tout va bien se passer, Malo. Je te le... »
« C'est ce qu'elle aurait dit. »
Gardant ma manie de couper les gens, je l'empêchais de promettre quelque chose qu'elle savait ne pouvoir tenir. Souriants légèrement, on se regardait un moment avant de partir ensemble dans la voiture des voisins, nous ramenant chez nous. Ils étaient les gens les plus proches de nous, bien qu'on ne puisse réellement les qualifier d'amis. Les semaines suivantes, ma sœur et moi loupions les cours pour s'occuper des obsèques. La ville était présente, dans la mort, tout le monde était plus ou moins solidaire. Bien que ce soit avant qu'on avait besoin de cette solidarité, je fus ému de voir du monde, la voir mourir seule était une crainte que je redoutais. Le pasteur fit son travail, Louise craqua à ce moment, sans retenu. J'étais donc celui qui allait dire quelques mots. Sans avoir rien préparé, je me tenais face aux spectateurs, s'attristant du sort de ma mère.
« Tu étais géniale. Tu étais cette jolie femme, qui pensait pouvoir vivre d'amour. Tu étais cet ange si doux et fragile qui pensait errer parmi nous pour y trouver une place heureuse. Tu t'es battue pour l'avoir cette place. Tu la méritais, et pourtant, personne t'as laissé l'avoir cette place. Aujourd'hui, tu en as trouvé une autre, et elle te vas à ravir. Tu étais tout pour moi, pour Louise. Tu étais forte, tu étais grande, tu étais merveilleuse, Maman. »
La voix tremblante, faisant mon maximum pour ne pas succomber, je terminais lentement avant de rejoindre ma place. Le pasteur terminait son travail, et je voyais le temps défiler devant moi. J'étais comme vide, comme absent. Un remerciement par là, puis un autre, quelques moments complices avec ma sœur. Toujours sous silence, pas une voix s'élevant, juste un regard, une main posé sur l'épaule, une larme. La cérémonie s'arrêtait, et une nouvelle pierre tombale s'affichait dans le cimetière de la ville, celle là était la seule que j'aimais, là celle que j'aurais voulu ne jamais voir ici.
Dès cet instant, ma sœur eut la garde. On fut aidé financièrement par quelques pensions gouvernementales. Je me fis embaucher par quelques voisins pour entretenir leurs pelouses, garder leurs enfants ou encore nourrir leurs animaux lorsqu'eux, pouvaient partir en vacances ou en week-end. J'avais une vie différente des autres, ce qui m'empêchait de pervertir ma jeunesse comme il se devait. Sexe, alcool, drogue, ces moyens d'échapper à la réalité s'offrait à moi et rien ne me paraissait si agréable. Fuir la réalité, se bercer d'illusions pour croire que le meilleur est encore possible. Je développais cette facette plus sombre de mon être. Une partie plus violente, plus populaire, moins réfléchi. Je m'abonnais à ses élans de débauches durant les années qui suivaient le décès de ma mère. Louise fit de même, dans un niveau plus élevé encore. En quelques années, sans même que nous nous en rendions compte, notre existence était tombée en lambeaux. J'atteignais ma majorité, Louise était devenue strip-teaseuse dans les clubs du coin, notre petite maison était devenue un taudis libre pour la débauche. Ma sœur et moi perdions nos liens complices, tout explosait. Les disputes s'enchaînaient, la maison se délabrait, tout partait dans un sens qu'on aurait tous voulu éviter. On s'enfonçait longuement et trop profondément dans la misère que rien ne pouvait nous remettre à la surface. On avait plongé dans le piège la tête la première, et on avait laissé le temps et les mauvais souvenirs nous subjuguer avant de nous enterrer dans une descente sans fin. Louise ramenait assez d'argent pour payer le loyer et les factures, je contribuais pour la nourriture et les bonus, qui eux, étaient plus grands que le reste. Malgré nos disputes, on essayait de garder notre sang froid, notre tête haute. On avait nos bons moments, mais ce n'était plus pareil. On avait tous les deux changés, et on continuait à glisser sur la mauvaise route. Nos journées se ressemblaient, je rentrais, me dirigeant droit vers la cuisine pour prendre une bière, et là, ça commençait.
« Tu vas encore boire ? Ça te fait plaisir de te bourrer la gueule à n'importe quelle heure ? »
« Ta gueule.. »
« Donnes moi en une et va chier connard. »
« Catin. »
Sans lui donner, je m'enfuyais dehors, rejoignant les collines pour boire seul, tranquillement. Totalement paumé dans ce qui nous arrivait, on s'aimait en se détestant, on vivait sans apprécier, on était là, spectateur de notre déchéance, laissant le temps filer en emportant nos vieilles carcasses à peine sensibles.
Les années arrangeaient rien, bientôt, je fus diplômé tant bien que mal en littérature. Louise tombait enceinte, et se mariait par dépit au père. J'entamais quelques petits boulots pour m'installer seul un temps. Je perdis lentement le contact avec ma sœur et sa famille, n'ayant que quelques coups de téléphone devenu trop rare. Je m'enfermais plus sur moi-même mais sur l'alcool et la drogue. Je me découvrais un talent d'écriture, mélancolique, cynique, sarcastique. Je devenais un gratte-papier pour un journal local, m'aidant à rembourser mon prêt et à vivre simplement. Toujours à la recherche d'un but, de quelque à faire, je me noyais dans ma débauche. L'abyssal trou béant dans lequel je m'engageais était le simple résultat de mon existence entière. Ce n'est que bien des années plus tard, que je m'engageais dans l'écriture de mon livre. M'inspirant de mes expériences, j'alimentais mes idées noires de mélancolie. M'amusant à jouer avec le destin de mon pauvre héros. Je lui faisais traverser toutes sortes de mauvaises expériences, laissant le sort s'acharner sur lui, encore et encore. Dans un style fantastique, y mêlant un peu d'épouvante et beaucoup de débauche crue, je ne cherchais même pas la gloire ou la reconnaissance. Je voulais simplement croire que quelqu'un, même de fictif, aura subi pire, bien pire que moi. Je savais que des gens étaient pire que moi, mais ça me réconfortait pas. Là, j'avais un véritable contrôle sur ce qui lui arrivait. Je torturais son esprit, mettant à l'épreuve sa patience et sa capacité à encaisser. Sans fin heureuse, je laissais un doute planer sur sa survie, un suspens que je faisais exprès de pas briser. M'identifiant facilement à mon personnage, je ne savais pas comment j'allais vraisemblablement finir. Le doute subsistait. Quoiqu'il en était, à ma relecture, j'appréciais le rendu. J'étais satisfais, et je tentais le diable. L'envoyant à quelques maisons d'éditions pour un retour. L'espoir était inexistant, je l'avais fais sur un coup de tête, cherchant un signe du destin que tout n'était pas perdu.
L'attente fut longue, mais on allait me publier. Je devenais ainsi écrivain. Sans y croire réellement c'était la concrétisation du signe divin que j'attendais. Je m'éloignais doucement du vice pour me consacrer à cette réussite. Mon livre fut un petit succès, assez pour me permettre de bien vivre au moins quelques temps. Je décidais de racheter la vieille maison de mon enfance, là où mes souvenirs étaient si mauvais, mais le seul endroit où je me sentais vraiment chez moi. Les années avaient coulé après mon petit succès, je tombais dans l'oubli. Reprenant la débauche, on me harcelait pour la suite qui ne venait simplement pas. Tout devenait mauvais, rien n'était comme avant. Je n'arrivais à rien. L'inspiration manquait, je pensais avoir réussi ma sortie, mais je retombais de plus belle dans ce long et douloureux gouffre. Je m'essayais à quelques nouvelles sans succès, me faisant gentiment dégager de ma maison d'édition. Je me faisais quelques revenus en écrivant quelques articles, j'étais paumé dans mon alcoolisme. Demandant qu'un peu d'aide pour me sortir de tout ça, n'étant qu'un pauvre écrivain paumé s'approchant de la trentaine en recherche d'autre chose, d'un renouveau, d'une renaissance possible priant pour quelle soit tout autre de mon vécu devenu un fardeau trop lourd à porter. Je voulais connaître autre chose, c'était vital. J'attendais un sauvetage quelconque pour ne pas finir comme toutes ces vagues, m'écrasant sur une colline blanche. J'avais besoin de m'envoler, simplement, de vivre.
Dernière édition par Malo T. Higgins le Mer 9 Oct - 23:56, édité 1 fois
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Lun 7 Oct - 22:10
t'es sexy
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mar 8 Oct - 0:00
T'es pas mal non plus !
Cerbère du Maurier
ATTENTION CHIEN MÉCHANT
alors, ô ma beauté! dites à la vermine qui vous mangera de baisers, que j'ai gardé la forme et l'essence divine de mes amours décomposés !
♒ messages : 331
♒ Age : 28
Feuille de personnage ♒ âge: on ne le sait pas réellement, certains lui donne la trentaine et d'autres à peine vingt ans. ♒ profession : fossoyeur, croque-mort, gardien du cimetière, fournisseur de poison, de corde aux noeuds coulants et tout autre objets contondants pour vous faire rejoindre les morts. ♒ le choix du coeur: enterré quelque part sous une tombe sûrement
Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mar 8 Oct - 9:45
Pas trop Maloderrière ? -sort- (trop trop de jeux de mots débiles ) bienvenue par ici, si jamais l'autre devient trop envahissante, n'hésite pas à prevenir, je prendrais des mesures
Elsie Lattimer
♒ messages : 385
Feuille de personnage ♒ âge: 18 ans ♒ profession : serveuse dans un bar ♒ le choix du coeur: le coeur ne choisit rien
Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mar 8 Oct - 15:13
Bienvenue ici Oh, un écrivain paumé, ça promet
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mar 8 Oct - 16:35
« Loup endormi aux mots acérés. Violence. Colère. Lassitude. Silence. Âme bornée, âme sauvage, âme tourmentée. Alcool et poésie, abrupte solitude des phrases dansantes sur le papier usé. Plume engourdie. »
Bienvenue au pays du spleen idéal !
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mer 9 Oct - 4:01
bienvenue.
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mer 9 Oct - 17:05
bienvenue.
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Mer 9 Oct - 23:57
Merciiiiiii à vous pour ce bel accueil !
J'en profite pour signaler que j'ai terminé !
Felipe Sabouraud
TU PRENDS MON ÂME.
♒ messages : 595
Feuille de personnage ♒ âge: 19 ans ♒ profession : peintre en bâtiment ♒ le choix du coeur: chocolat au lait ; confettis de bonbons azurés.
Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Jeu 10 Oct - 1:11
t'es là, unique et tragique.
je crois te l'avoir dit bien assez sur la box, mais je suis amoureuse, littéralement, de tes mots. de l'atmosphère qui se dégage de l'histoire. on plonge complètement dans l'univers TU M'AS TUÉ. - et pourtant, je me nomme pas kenny -
bon maintenant, suffit l'amour, on passe à l'acte mon chat donc voilà les trucs importants. si t'es pas assez réveillé encore, sache que tu dois faire ta fiche de personnage, c'est genre le dernier champ du profil, et puis c'parfait, pas besoin de se faire chier à aller dans sa fiche pour se rappeler l'âge de son personnage sinon, bah, les premiers pas, c'est ici pour les liens, lister les rps et puis un journal, pourquoi pas. pour les demandes quelconques, c'est par là donc te gênes pas. sinon, mon amour, si t'aimes bien les trucs de groupe, bah tu viens là pour les petits groupes et ici pour les trucs communs. oublies pas de suivre les annonces, et puis, surtout, viens flooder. on t'aime déjà, va.
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over] Jeu 10 Oct - 1:14
Merci beaucoup !
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Sujet: Re: Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over]
Malo Timothée Higgins - Sweet home, I'm back ! [Over]