NOM(S) - reed. PRÉNOM(S) - eurydice. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - 23ans, née ici. NATIONALITÉ - Anglaise. STATUT CIVIL - Azur. ORIENTATION SEXUELLE - Homosexuelle. MÉTIER - Peintre.  GROUPE - Coeur Las. AVATAR - Anna Speckhart.

Pieds nus dans le sable, la gueule dans l'albâtre de ma toile. Mon bras pend. Droit. Seul le bout de mon pinceau frôle l'objet vierge et y dessine des formes invisibles ; je m'essaye à la peinture de l'eau. J'ai plongé mon pinceau dans un verre d'eau de mer avant de le déposer ici, au centre du néant blanc.

Je veux capturer la mer.

Capturer mon ennemie, mon monstre, mon cauchemar, ma tueuse. Car je la haïs, la mer. Je l'exècre. Au point de trembler lorsque mes orteils frôlent quelques vagues. Au point de pleurer lorsque je fais tomber un objet dans l'eau. « Ce n'est pas profond ! » Me dit-on. « Tu peux le récupérer si tu te penches ! » Me dit-on. Mais je n'irai pas. Je ne veux pas me faire manger, je ne veux pas être engloutie par cette malicieuse femme. La mer est sirène. La mer chante sur le sable, fredonne quelques airs en claquant contre les pierres, mais ce ne sont qu'artifices. De la poudre aux yeux que tout le monde apprécie sans se soucier du danger.


Notre fin fût notre naissance, il ne nous reste plus qu'à nous faire avaler. La mort se penche tous les jours sur nos épaules, prête à nous faire tomber. La mort, lorsque nous sommes face à des vagues, face à l'azur, prend un plaisir fou à nous pousser. Elle veut remplir nos poumons d'eau, nager dans nos 21grammes, plonger au plus profond de notre âme, pour venir ensuite nous éteindre.

Peindre la mort n'est pas possible, à ce qu'il paraît. C'est pourquoi peindre la mer est un défi, défi que tous les matins j'essaye de relever. Aujourd'hui, je lui ai volé un peu d'eau pour la coller à ma toile. Mais celle-ci disparaît, fugace. Comme la vague sur le sable, elle nous apparaît quelques secondes puis s’évanouit. Où ? Seuls ceux qui se sont risqués à aller chercher savent. Aucun n'est revenu nous compter cette aventure.

Je passe la journée ici. Seule. Je n'ai presque pas d'amis. Solitaire, on pourrait dire. Mais pas isolée. Simplement, je préfère le silence. Et puis, j'ai déjà assez mal à la tête à force d'écouter la mer parler, avoir une conversation en plus ne m'aiderait pas.

Pourtant.

Pourtant. Une arrivante a tout chamboulé. Pourtant, mes convictions changent. Pourtant, la mer m'a apporté un peu de vie.

Le bateau est arrivé,
et,
s'est échoué,
mon cœur,

à ses pieds.

J'ai plongé dans son regard, avalé, ses paroles. Désormais je me noie dans un tas de confusion. Car lorsqu'elle n'est plus là, je ne peux plus. Peindre. Autrefois, rien ne coulait de mes doigts. Puis elle a fait naître, par son ombre, par ses histoires, par son rire, des courbes. J'ai pu peindre autre chose que la mer, autre chose que l'ennui qui rythme mes journées. Heka m'a sortie de mon apathie quotidienne, elle a apporté à ma vie les couleurs dont j'avais besoin.

En son absence, je peins monochrome.

Alors, bien sûr, je manque de confiance en moi. Bien sûr, je n'ai pas sû la retenir. Je n'y arrive pas. Elle est un fantôme et je ferme les yeux lorsqu'elle décide de s'échapper. Car j'ai peur. J'ai peur. Moi. J'suis une froussarde, une petite enfant, une gamine, perdue. J'ai peur. Qu'elle engloutisse mon cœur. Qu'elle m'abandonne.

Qu'elle me tue.
Qu'elle m'aime.
Que je la tue.

PSEUDO - E. PRÉNOM - Léa. ÂGE - 18. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - Heka ♥. COMMENTAIRE(S) - REPkgorgortt ♥. POISSON PRÉFÉRÉ - Je sais pas :c. CODE AVATAR -

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<pris>Anna speckhart</pris> <ppn>♒ Eurydice Reed</ppn>

Des parents aimables. Tous deux photographes. Dès la naissance j'ai baigné dans les Arts. Promptement je me suis étalée de la peinture sur les joues. Je n'ai rien vécu de traumatisant. Mais en échange, pas grand chose de bien palpitant non plus. Ma vie est stable. Une constante. Chiante. Voilà, c'est ça. Elle est chiante. Je n'ai qu'existé sans trop avoir vécu. J'ai essayé. De respirer à pleins poumons. D'avaler un peu d'eau salée. De marcher pieds nus dans l'herbe. De glisser mes doigts dans le sable. Mais pas grand chose pour m'éveiller. Rien à part quelques sentiments. L'amitié, la haine. L'amour. L'amour.



Je coule. Non, ce n'est pas une métaphore. Littéralement. Je coule. S'infiltre dans ma bouche, dans mes narines, le sel de la mer. L'air me manque. Mes bras s'agitent pauvrement, j'essaye de me rattraper au néant, je brasse l'impalpable. Tout m'échappe. L'insaisissable se serre contre moi et je me vois sombrer dans le fond marin. Puis un bras vient me tirer de là. Je tousse, on m'emmène à terre. Et je crie. Entre deux inspirations, je gueule. « Non ! Laissez moi crever ! Elle vient de me jeter à l'eau et maintenant elle fuit ! Laissez moi me noyer, j'veux crever ! » J'essuie mon visage humide d'un revers de la main. « Laissez moi partir... » J'ai la vue trouble et le visage toujours plein d'eau ; ce sont des larmes. Mon premier amour m'avais jetée à l'eau après une déclaration mêlée à de nombreuses insultes car elle me quittait. Je la dégoûtais, avait-elle dit avant de poser ses mains sur mon torse. J'étais qu'une petite égoïste. Lesbienne, qui plus est ! Alors je méritais de me noyer. Je n'ai jamais su nager et elle le savait. Et, tout comme mon esprit, j'ai sombré.

"Madame Eurydice reviendra des enfers." Bien sûr que non. Personne ne viendra chercher Eurydice. Personne ne la tirera de ce mal. Personne ne lui prendra le bras en lui criant que tout ira bien, qu'ensemble, on pourra défier les Dieux ; la mer. Personne.
Personne.

Madame Eurydice est morte.
Seule.


Un peu de bleu. Beaucoup de bleu. Pas du tout de noir. Un tas de rouge. Oui. C'est ça. Du rouge. Ici. Et là. Ne bouge pas, surtout. Reste ici. Ne bouge plus. T'es magnifique. Ne change plus. Reste ici. Avec moi. Et mon pinceau. Et ma toile. Et la mer. Et mon monde. Reste ici. Pour toujours. A jamais. Heka. Tu es là. Contre moi, contre nous, sur mes lèvres, au bout de ma langue, dans mes pensées. Tu t'accroches un peu partout mais avec légèreté ; tu vas bientôt partir, tu ne dois pas laisser de traces. T'es fuyante, volante, inconstante, lunatique. Attachante. Alors je te fuis un peu – je ne veux pas souffrir. Si tu pars, je vais encore me noyer. Mais cette fois-ci, ce sera que dans un tas de larmes dégueulasses. Tu sais, je m'accroche. Tous les jours j'essaye de m'accrocher et de te tirer avec moi. Je plante mes griffes dans la terre puis m'agrippe à ta jambe. Tous les jours je suis là et te cherche pour te dessiner. Un tableau, un croquis, parfois même une photo. Je veux te capturer. Comme ça tu ne partiras jamais. Jamais. Je veux te serrer contre moi, contre mon cœur. Je veux te conter des histoires, mes histoires chiantes, j'veux te les dire au creux de l'oreille. Je veux te souffler mes sentiments et embrasser tes aventures. Du bout des lèvres je veux recréer un monde ; notre monde. Au travers de nos baisers je veux voyager. Au travers de nos caresses, je veux que tu restes ancrée au bord de mon âme. Puis, à la fin, je veux l'achever. Ce nous parfait. Ce nous inébranlable. Je veux le colorer.