Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas.
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Cailìn Ò Sullivan
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Feuille de personnage ♒ âge: 22 ans. ♒ profession : Possède un restaurant un peu paumé, un peu miteux. ♒ le choix du coeur: Possède un coeur un coeur un peu paumé, un peu miteux.
Sujet: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Ven 24 Jan - 3:33
NOM - J'ai des milliers de noms différents, tout à travers le monde. Ceux que je me suis inventés au creux de ma tête, et ceux qu'ils ont jugé bon de me donner. Ceux que je voulais tout autant que ceux que je ne voulais pas. Je sais pas trop pourquoi, il n'y en a pas eu beaucoup pour m'appeler Ò Sullivan. Même les professeurs, jadis, ils enlevaient la particule, et papa et maman disaient de ne pas contredire pour ne pas se faire remarquer. Il parait que le Ò, il faisait bien trop gaélique sur un territoire au main de la reine d'Angleterre. Moi, je trouvais ça un peu con, parce que le Ò, il signifiait tout, tout ce que j'étais, et le Shannon qui coulait dans mes veines, et l'âme de Molly Malone qui me tenait la main. Mais papa et maman ont dit non, alors je n'ai pas contesté trop fort. Comme toujours. Ò Sullivan, c'est un nom trop ancien pour qu'on dise précisément d'où il vient, mais ce que je sais très bien, c'est ce qu'il veut dire. Aux yeux noirs. Parfois dans mon miroir, je me dis que je n'aurais pu mieux tomber. Mes yeux, mes yeux noirs, mon regard un peu crevé, un peu terne, c'est tout ce qu'il me reste réellement de mon passé dégueulasse. C'est à mes yeux qu'ils me reconnurent, lorsque j'annonçais que je n'étais plus moi, que j'étais quelqu'un d'autre. Ils dirent avec une fausse tendresse Mais non, regarde, tu as toujours les mêmes yeux, tu ne te déféras pas de ton passé. Parfois, je me demande un peu s'ils n'avaient pas raison, quand la douleur enveloppe ma peau trop déchiré. Mais quand je vois mes yeux je me souviens tout juste d'un passé que je ne tente que d'oublier. PRÉNOM(S) - Il y a le prénom d'avant. Le prénom d'avant, on ne tente rien d'autre que de l'oublier. Ian, ça ancre dans un passé un peu trop douloureux pour l'exhiber jour après jour sans la moindre pudeur. Ian, c'est laid, c'est trop court, et ça ne signifie rien d'autre que mon foirage total, ça n'évoque rien d'autre que le fait que papa et maman se soient trompés en tentant de me faire. Ian, c'est aussi laid que mon corps à l'époque, ça fait crisser mes oreilles, et ça saigne un petit peu, aussi, au niveau de mon cœur. Ian, je tente de l'oublier, et peut-être que demain - prière silencieuse - ce prénom moisi d'en dedans, je l'aurais oublié. Après, bien sûr, il y a Cailìn. Pour être un peu honnête, je devrais dire que j'ai l'ai choisi, mais pour l'être totalement, ce n'est pas réellement le cas. Ils me le donnèrent avec un profond dégoût lorsque je quittais ceux qui avaient fondé mon passé. Ils m'ont regardée, avec mes cheveux trop longs, avec mon cœur trop lourd, et le dernier, avant que je passe la porte, cracha avec dédain ce Cailìn à mes pieds. An Cailìn, la fille de l'Irlande, la fille, en irlandais. Je suis ce qui les dégoûte, je suis ce qui me permet d'être encore debout. Cailìn Ò Sullivan : je suis la gamine aux yeux noirs. Cailìn est mon présent, Ò Sullivan un résidu de mon passé. AGE ET LIEU DE NAISSANCE - J'ai dernière moi une vingtaine d'années d'une vie morne, d'une vie sans être moi, réellement. A cette vingtaine d'années, j'en ajouterais deux autres, deux longues années de souffrance que j'appelle la renaissance et que je ne subis encore que dans l'espoir de pouvoir un jour vivre comme je l'ai toujours voulu. Je n'ai pas la vie la plus affreuse du monde, j'ai même presque eu de quoi être heureuse, ces derniers temps. mais la seule chose terriblement commune aux vingts premières années et aux deux dernières, c'est la terrible solitude dans laquelle je n'ai cessé de baigner à longueur de temps. A part Dublin qui m'a vue naître, Dublin qui m'a élevée, je n'ai eu de réel compagnon de route, pour me tenir la main et me montrer le chemin. Douvres a la main rugueuse, Douvres me fait un peu peur. NATIONALITÉ - J'ai dans mes veines un flot de sang irlandais qui ne se contrôle pas, qui a une terrible tendance à noyer le reste, les origines un peu foireuses, un peu bancales, celles dont on ne sait pas trop d'où elles viennent. Il parait que la mère de mon père était canadienne, et que ma mère est née en France, aux alentours de Paris. Mais je ne suis sûre de rien. Quoiqu'il arrive, c'est l'Irlande, toujours, qui rejaillit, c'est elle ma mère patrie. J'aime l'Irlande comme ma mère, le reste importe peu. STATUT CIVIL - Définitivement seule ? Les gens ne m'aiment pas comme moi je les aime trop. Je me pavane dans un oubli du monde entier, tout entier. Les autres perdent de leur individualité pour se confondre dans la foule et moi je suis seule à la lisière de cette foule, seule à regarder les ombres qui s'allongent, qui avalent le sol, qui avalent les autres, mais qui oublient, moi, de m'engloutir. Je suis trop perdue dans mes propres ombres pour l'être dans celles des autres. ORIENTATION SEXUELLE - Je n'aime ni les hommes ni les femmes, moi, j'aime les humains, moi. Autant qu'ils me haïssent, je cherche la chaleur de leur bras. Je cherche leur tendresse, je cherche leur amitié. Je cherche ce qu'ils acceptent de me donner, ; ils ne me donnent rien. J'aime le monde tout entier, celui qui m'a perdu. Peut-être que j'aime trop, moi, pour aimer vraiment. Je n'aime pas les hommes, je n'aime pas les femmes : j'aime qui pourra m'aimer. MÉTIER - Enfant perdu un peu sauvage, étrangère à moi-même à temps plein. Le reste du temps, je tiens un petit restaurant dans une ruelle qu'on ne voit pas. GROUPE - Hier, je me suis pris les pieds dans le vide, et j'ai failli chuter. J'ai regardé le monde entier tout autour de moi et je me suis dit J'aime le monde assez fort pour supporter le fait qu'il puisse me détester. Je ne marche plus que sur les chemins que trace mes déprimes. J'ai oublié comment on fait pour être heureux (question subsidiaire : l'ai-je jamais su ?) Je creuse dans ma mémoire pour tenter de me souvenir de souvenirs que je n'ai pas vécu. Mon cœur est-il mort ou ne suis-je qu'un cœur las ? AVATAR - Noomi Rapace.
Le chant de l'âme
Ils extériorisèrent le bruit malsain dans ma tête à l'aide de marteaux-piqueurs instables. Les travaux continuent : je ne suis pas finie. Je suis faite d'un béton dégueulasse, regardez les coulures. Je suis pas belle à voir à l'extérieur, et vous n'imaginez pas comme c'est pire à l'intérieur. Je me défais des parcelles d'instabilité qui me composent : je me décompose de jour en jour. J'ai besoin d'un putain de ravalement de ma raison et de mes sentiments. Oui, sentimentalement, je suis fourbement foirée. Et chaque matin, j'ai beau essayer de me reconstruire, je ne fais rien d'autres que creuser les fissures encore un peu plus profondément. C'est dur à dire, mais pire encore à voir. J'évite les miroirs où je me trouve laide. Papa, maman, vous avez fait de votre mieux. Vous ne m'avez pas ratée, je me suis ratée toute seule. Je suis la seule coupable de cet échec monumental. Je ne crois plus en rien et ce n'est pas que je ne veux pas : j'essaye, j'essaye de toute mes faibles forces. J'essaye, mais je n'y arrive pas. Je me noie dans de sombres sanglots que je ne veux plus retenir tant ils oppressent mes yeux. Ce n'est pas ma vie qui est triste, j'ai tout pour être la mioche la plus heureuse du monde. C'est la manière dont je la vois. Mes yeux sont crasseux, ça entrave mon regard d'ombres qui ne s'effacent pas. Qui me bouffent, qui me bouffent sans répit. Des ombres obèses d'avoir dévoré mon malheur. J'angoisse à l'idée de ne plus dormir et mon angoisse m'empêche de dormir.
Attention, n'approchez pas : enfant fragile en réparation. Si je hais les mômes, c'est que je les envie. J'envie cette putain d'innocence dans laquelle ils se pavanent sans la moindre pudeur. J'ai pas eu le droit à toute cette merde, moi. J'ai eu le droit à ma culpabilité dès mon plus jeune âge, moi, et j'ai eu le droit à la peur de l'autre. A trois ans, quand ils jouaient à chat, moi je jouais à deviner quand maman ne serait plus malade. À quatre ans, quand ils jouaient à se poursuivre, moi je jouais à courir pour échapper à cette putain de conscience du temps qui sans cesse me poursuivait. À cinq ans, quand ils jouaient à s'aimer, j'ai voulu jouer avec eux et j'ai perdu, j'ai appris à perdre, à perdre toute ma vie. Qu'on me rende mon enfance putain, cette putain d'enfance que l'on m'a kidnappée dès ma plus tendre enfance. Et ces lâches de moins d'un mètre qui se complaisent dans la haine que je leur voue. Gamine, j'etais persuadée que c'était après qu'on devenait heureux, une fois que l'on était vieux. Foutue arnaque organisée. Le bonheur, c'est un piège à con, un truc qu'on te met sous le nez pour te faire avancer. Des fois, tu tends la main, tu es persuadé de pouvoir le toucher. Et c'est là que la vie arrive et qu'elle te met une mandale dans la gueule pour te faire redescendre sur terre. Le bonheur, si ça existe - absurde supposition - c'est pour les autres.
Je marche les yeux fermés, la tête basse, pour ne pas m'étouffer de l'impression de jouissance constante qu'ils s'écrasent sur le visage. Ce couple sur un banc que je croise chaque matin : prends garde, madame, un jour il te trompera ; prends garde monsieur, un jour elle te frappera. Ce petit vieux que la bonne femme propre sur elle aide à traverser : demain il n'y aura personne pour te tenir le bras, car madame sera à la messe, et au milieu de ce passage piéton tu chuteras. Ces gamins de treize ans qui rient à gorge déployée en se partageant une cigarette : vous savez, les enfants, le cancer du poumon arrive vite. Je les hais, je les déteste tous. Vous ne me donnez pas grand chose d'autre que l'envie de régurgiter.
Je vous hais car vous êtes tout ce que je ne serai jamais. C'est laid, n'est-il pas, la jalousie ? Et plus laid encore que de vous jalouser vous, sinistres inconnus, j'en arrive à jalouser ceux qui me sont proches, ceux que j'aime. Mon coeur n'est plus grand chose d'autre qu'une crevasse lorsque je les imagine vivre alors que je ne suis pas là. C'est douloureux, simplement douloureux. Les traits de mon visage se dessine d'un feutre de la couleur de l'égoïsme, je vous laisse choisir laquelle. Et si mes larmes ont un goût amer, c'est, ce me semble, parce qu'elles sont nées du simple mélange entre ma haine vis-à-vis de moi-même et celle que je ressens à l'égard de l'absence des autres.
Je crois n'avoir rien fait de plus terrible qu'apprendre à vivre seule. Je ne vois demain que comme le jour où la solitude se décidera à m'accompagner totalement. Demain me terrifie. Il n'est autre qu'un monstre en mon regard d'enfant. Et je ne suis que vent à ses deux yeux de monstre. J'ai désormais l'égocentrisme de croire que la chose minime que je me suis efforcée de devenir pourrait intéresser demain. Je crois que ça y est. Ça y est je me dégoûte.
Sous l'océan
PSEUDO - Oscar. PRÉNOM - Ève. ÂGE - 17. T'AS CONNU LE FORUM OÙ - Neo . COMMENTAIRE(S) -POISSON PRÉFÉRÉ -CODE AVATAR -
Code:
<pris>Noomi Rapace</pris> <ppn> Cailìn Ò Sullivan</ppn>
Dernière édition par Cailìn Ò Sullivan le Lun 27 Jan - 13:36, édité 8 fois
Cailìn Ò Sullivan
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Ven 24 Jan - 3:34
Je n’ai pas eu la sensation d’être pendant approximativement une vingtaine d’années. Au départ, j’étais trop jeune et après, je n’étais pas moi. Dans un miroir, pendant des années, j’ai vu des cheveux courts, une absence de formes. Pendant des années, j’ai regardé un miroir comme le portrait en mouvement de quelqu’un qui pourrait être tout le monde sauf moi. J’avais des traits étranges et mon sourire mort-né n’avait que tendance à souligner ce fait. Ce n’était pas que je ne voulais pas admettre ce que j’étais : de tout mon cœur j’essayais mais je n’y parvenais moi. Comment aurais-je pu dire « Oui c’est moi » comme je savais très bien que ce n’était le cas ? Ils me mentaient tous en m’assurant que je devais être comme j’étais, je n’allais pas ajouter une douleur de plus à leur mensonge dégueulasse. Le pire, ce n’était pas qu’ils ne comprenaient pas, c’est qu’ils n’essayaient pas. Ils m’avaient enfermée dans une case qui n’était pas la mienne. De ce corps que je haïssais, j’ai rapidement fait un jouet que je tentais de modeler pour enfin l’accepter. Chaque matin, je me réveillais avec l’espoir de n’être plus comme la veille. Je m’abimais le corps comme si cela suffirait à me soigner de mal-être dans ma tête. Plus mon corps flétrissait, plus je me sentais mourir moralement. En quelques années seulement, mon malaise m’a enveloppée, est devenu comme une seconde peau. Quand d’autres s’aimaient au sein d’une jouissance exacerbée, ma petite mort à moi n’était rien d’autre que le délicat parfum de mes dépressions. Je ne savais aimer, je ne savais qu’haïr, et je le faisais bien, et c’était moi que j’haïssais le plus. J’étais l’unique coupable de maux que je ne comprenais même pas. C’était totalement absurde. Je souffrais, putain, ce que je pouvais souffrir, mais sans comprendre pourquoi. Il m’a fallu vingt ans pour que le pourquoi de mon mal me saute ouvertement aux yeux. Je l’avais toujours su, bien sûr, mais il me semblait que c’était trop compliqué à admettre pour que je le fasse. Je ne sais trop pourquoi ce jour-là, plus que la veille me le dire m’a semblé plus aisé. Comme si j’atteignais un âge abondant de sagesse qui enfin me pousserait vers l’avant. Ça y était, j’arrivais enfin à ce pont censé me porter de ce que je n’étais pas à ce que je me devais de devenir. La seule chose que j’aurais dû savoir, dont on ne m’avait pas prévenue, c’est de la longueur infinie de ce pont bancal, grinçant. Le bout dévoré par un brouillard affamé, obèse déjà. Marcher, marcher longtemps sur le pont que tous ces merdeux de psychologues ont construit dans le seul but de pouvoir nous faire trébucher. Ils disent « votre suivi médical » comme ils diraient « votre enterrement ». Je vois bien, dans leurs yeux, qu’ils jugent ma maladie. J’aurais un cancer que ce serait pareil. Qui sait, si cela se trouve, c’est peut-être même contagieux ? C’est ce qu’ils disent à chaque fois qu’ils me croisent. Ils ferment les yeux et ils retiennent leur respiration et dans leur tête ils tentent de convaincre, par des prières faméliques, leur Dieu qu’ils n’y sont pour rien, qu’ils ne voulaient pas, qu’ils ne font que subir. Qu’ils essayent de me soigner, de nous soigner tous, mais que c’est compliqué et que la société de les aide pas – vieux monde pourri, crasseux comme ils le décrivent. Ils me feraient rire, avec leurs ridicules idées arrêtées, si ce n’était si triste. Je ne sais pas d’où leur vient leur haine de ce qui ne leur ressemble pas. L’étranger leur fait peur et l’étranger c’est moi. Mais je suis comme vous, moi, tout comme vous. J’ai juste été victime d’une idiote erreur de fabrication. Un pénis à la place d’ovaires. C’est bête, ce n’est rien. Mais c’est tout en même temps. C’est cela qui me tua, pour cela qu’ils me tuèrent. Je ne demandais pas grand chose, moi. Je ne leur demandais pas quelque chose qui leur aurait pris trop de temps. Ça ne touchait que moi mais par éthique, comme ils disent, ils se sentirent concernés. Ils se sentirent obligés de me fixer, comme un rebut, de me diagnostiquer de ces choses qui n’étaient pas en moi, qui n’étaient pas moi.
LA SALLE, DANS MA TÊTE.
Je suis dans une salle noire. Ou blanche. Vide. Vide d’utilitaire, pleine d’un intérêt qui ne concerne que moi. Le sol est sale, aussi sale que ce qui se cache au creux de mon crâne. Mon crâne, parlons-en : je n’ai jusque là pas eu le courage d’extérioriser. Je me cache au creux d’une incroyable honnêteté ; au fond, même à moi, je me faisais honte. Je crache sur cette honte. Avec un talent peu commun, je cherche à assumer ce que j’ai toujours été.
La salle est vide, bien sûr, et moi je cache les murs dégueulasses à l’aide de ce que j’ai au bout des doigts : l’idée même que ma mémoire est encore bien vivante. Des photos : des dizaines et des dizaines de photos de mes souvenirs. Je plaque au mur l’image de ce qui se torture dans ma tête. A ma gauche, regardez : le visage d’une femme brune. Elle est belle, bien sûr. Ses yeux, je m’en souviens, ils étaient verts. Ses yeux sont assez profonds pour cacher avec talent le mal-être en son sein. Elle sourit un petit peu mais même elle n’y croit pas. Ses traits, ils sont fins et ses lèvres tremblent tellement que je m’en rends encore compte sur l’immobile de ce cliché intérieur.
Je leur en veux à toutes ces femmes qui cachent les crevasses de mon âme. Je leur en veux car je les envie, j’envie le fait qu’elles soient femmes. Je leur en veux de la terrible injustice dont je me trouve être victime. Pourquoi ? Pourquoi elles quand moi non ? Je murmure en assassinant mon propre silence : putain, c’est dégueulasse. Je leur en veux, oui, mais je ne les hais pas. J’ai bien conscience qu’elles n’y sont pour rien tout autant que moi. Une photo, une photo de plus. Il me la faut. Il me faut la femme parfaite. Il me faut la femme qu’un jour je deviendrai.
VITRINE.
Je me soucie peu de savoir pourquoi j’ai pu naître ainsi et non comme j’aurais dû naitre. Au départ, bien sûr, j’hurlais à l’injustice : comment faire pour faire comprendre à un môme de mon âge qu’il est raté, qu’il y a un défaut de fabrication. Et puis j’ai fini par me convaincre que si mon corps avait ses défauts, il me suffisait de m’en séparer. Voilà, je me mettais à comprendre : je me devais d’entrer dans une étrange phase d’auto-réparation. C’est le jour où je comprends cela que tout commence.
Je marche. Je marche dans la rue. Quelle rue ? Je ne sais plus. Peu importe. Je marche dans la rue et dans mes mains ma vie de tous les jours. Dans mes sacs plastiques : l’ennui et l’habitude, comme un certain malaise. Je marche et les gens que je croise ne me remarquent pas. Comment leur en vouloir ; moi-même il m’arrive de m’oublier. Je ne sais pas vraiment où je vais. Je rentre chez moi, sûrement, mais sans la moindre conviction. C’est évident : ce ne sera pas moins pire là-bas. L’important est désormais de prendre son temps. Tant que j’agis, j’arrive à moins penser. Tant que j’agis, je m’offre un semblant de répit.
Autour de moi, les immeubles grandissent, prennent le pas sur tout. Les ombres s’allongent. Regardez, déjà les ombres bouffent le bitume et me bouffent moi-même. Elles enveloppent la foule et la foule s’en fout. La foule, jamais, ne détourne le regard. La foule sait où elle va, ce qu’elle veut. Il est bien mort, pour elle, le temps des hésitations. Dans les ombres, la foule disparaît. Elle fond, la foule élégante, et me voilà à nouveau à me goberger dans ma solitude, ma solitude à moi.
Tous ces buildings pathétiques m’enferment dans la ville, la ville creuse. La ville, elle brille ; et elle me renvoie mon reflet hideux. Chaque vitrine me crache au visage. Et sur ma gauche, soudain. Cette vitrine là me frappe. Immobilisation radicale.
Silence omniprésent. C’est. Inattendu.
Ce n’est pas que je découvre quelque chose de nouveau ; c’est que je me découvre moi-même. D’un coup, je comprends tout. Je deviens ce que je n’étais pas, ce que j’aurais toujours dû être. Comme… Comme une partie de moi, que je découvre – ou redécouvre – mais des années plus tard. Je me noie, et tout en même temps, j’ai l’impression de n’avoir jamais aussi bien respiré. Si les poumons se serrent, le cœur lui se relâche.
J'observe en silence mon reflet dans la vitrine. En face de moi une robe, et fine et élégante. J'en ai rêvé la nuit, ça me revient maintenant. C'est cela, le détail qui me manquait. C'était cela et rien d'autre. Il me fallait l'idée de ce que je pouvais devenir. la mise en image de mon mal-être caché, dissimulé dans le creux de mon ventre. Cette robe qui illumine mes yeux, qui réchauffe mes entrailles. Et dans cette vitrine d'une rue de Dublin se reflète mon visage, avec une exactitude aussi belle que terrifiante. Je n'ai besoin de rien de plus pour m'imaginer dans cette robe. Et je suis dans un état encore absolument merveilleux car je ne vois pas les regards narquois des passants, et je ne pense pas encore à ce sombre moment où je devrais rentrer chez moi et cracher un Papa, maman, ne m'appeler plus Ian, appeler moi Cailìn. Maman, papa, on s'est tous un peu trompé jusque là : je suis une fille.
Dernière édition par Cailìn Ò Sullivan le Lun 27 Jan - 12:59, édité 6 fois
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Invité
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Ven 24 Jan - 8:10
Au début - et parce que je vois flou depuis ce matin - j'ai cru que tu t'appelais Câlin, j'allais admirer ta témérité mais en fait je suis juste bigleuse. bref bref, bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fiche. ö
Cerbère du Maurier
ATTENTION CHIEN MÉCHANT
alors, ô ma beauté! dites à la vermine qui vous mangera de baisers, que j'ai gardé la forme et l'essence divine de mes amours décomposés !
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Feuille de personnage ♒ âge: on ne le sait pas réellement, certains lui donne la trentaine et d'autres à peine vingt ans. ♒ profession : fossoyeur, croque-mort, gardien du cimetière, fournisseur de poison, de corde aux noeuds coulants et tout autre objets contondants pour vous faire rejoindre les morts. ♒ le choix du coeur: enterré quelque part sous une tombe sûrement
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Ven 24 Jan - 8:33
Marcus Lazarre a écrit:
Au début - et parce que je vois flou depuis ce matin - j'ai cru que tu t'appelais Câlin, j'allais admirer ta témérité mais en fait je suis juste bigleuse.
oh mon dieu, j'ai eu exactement la même chose enfin du coup, elle est jolie cette demoiselle sinon, c'bien mystérieux tout ça, donc dépêche toi de remplir
Elsie Lattimer
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Ven 24 Jan - 10:09
Oh, Noomi, ça faisait longtemps que je l'avais pas vue jouée ! Bienvenue ici
Cailìn Ò Sullivan
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Sam 25 Jan - 12:34
@Marcus : Et non, désolée ! La gamine a déjà assez de choses contre elle pour pas en plus rajouter un tel prénom. Et puis c'est elle qui l'a choisi, ça aurait été con, j'trouve. Merci, et merci.
@Cerbère : Héhé, et non. Forcément qu'elle l'est, c'est Noomi...Je fais d'mon mieux, ça devrait déjà avancer un bébé peu c'week-end.
@Elsie : Elle me faisait envie ! Merci.
Barnabas Guivarch
NONE OF US ARE SAINTS.
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 12:26
oh, l'avatar, cette fille est tellement parfaite, je l'aime. puis ce que j'ai lu est prometteur, j'aime et j'ai bien sûr hâte de lire la suite. sinon, bienvenue par ici.
Felipe Sabouraud
TU PRENDS MON ÂME.
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Feuille de personnage ♒ âge: 19 ans ♒ profession : peintre en bâtiment ♒ le choix du coeur: chocolat au lait ; confettis de bonbons azurés.
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 12:27
Ève
Cailìn Ò Sullivan
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 12:43
@Barnabas : Ouais, elle envoie plus que la moyenne (j'avoue le jour où on m'a dit que je lui ressemblais, j'ai été fière - même si c'est faux). Merci, et puis merci.
@Felipe : Ö Comment tu balances ma couverture, j'étais là incognito, mes fans vont m'retrouver à cause de toi.
Eleonore Earl
WONDERLAND
Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes.
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 14:08
♥
Cailìn Ò Sullivan
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Feuille de personnage ♒ âge: 22 ans. ♒ profession : Possède un restaurant un peu paumé, un peu miteux. ♒ le choix du coeur: Possède un coeur un coeur un peu paumé, un peu miteux.
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 14:10
Zotem ♥
Invité
Invité
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Dim 26 Jan - 16:11
han ** noomi ! bienvenue
Cailìn Ò Sullivan
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Feuille de personnage ♒ âge: 22 ans. ♒ profession : Possède un restaurant un peu paumé, un peu miteux. ♒ le choix du coeur: Possède un coeur un coeur un peu paumé, un peu miteux.
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Lun 27 Jan - 13:33
Merci !
Niel Ambrose
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Feuille de personnage ♒ âge: vingt-six ans ♒ profession : aide aux soins de l'enfance. ♒ le choix du coeur: le magicien d'oze.
Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas. Mar 28 Jan - 23:10
t'es là, unique et tragique.
oh, tu sais déjà comme j'aime tes mots. et cette petite, elle est pleine de surprise, de merveilles. j'ai hâte de voir la suite
bon maintenant, suffit l'amour, on passe à l'acte mon chat donc voilà les trucs importants. si t'es pas assez réveillé encore, sache que tu dois faire ta fiche de personnage, c'est genre le dernier champ du profil, et puis c'parfait, pas besoin de se faire chier à aller dans sa fiche pour se rappeler l'âge de son personnage sinon, bah, les premiers pas, c'est ici pour les liens, lister les rps et puis un journal, pourquoi pas. pour les demandes quelconques, c'est par là donc te gênes pas. sinon, mon amour, si t'aimes bien les trucs de groupe, bah tu viens là pour les petits groupes et ici pour les trucs communs. oublies pas de suivre les annonces, et puis, surtout, viens flooder. on t'aime déjà, va.
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Sujet: Re: Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas.
Cailìn - Je crois que Dieu, ce sont les hommes et qu'ils ne le savent pas.