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 niel - des voix de gosses qui se dénudent

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MessageSujet: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeDim 14 Juil - 17:58

Que fais-tu là ? Pourquoi quitter les falaises alors que rien ne t’appelle en ville ? Ça te ressemble pas, ce genre de choses. T’es plus du genre à te pavaner dans ta propre souffrance, nan, que de l’exposer à la face du monde entier. Tant pis, ce soir tu n’es plus ce que jusque là tu étais. Ce soir, tu te prends pour l’homme normal, celui qui marche droit, celui qu’on n’a pas cherché à courber. Celui que tu n’es pas. Marche la tête haute, ils ne verront pas la supercherie. Ils ne voient jamais ce genre de choses, de toute manière, parce qu’ils sont bien trop pressés pour faire attention au monde d’alentour. Leur doux visage est bien plus important que le tien, sois en sûr. Si tu ne fais pas trop de bruit, ils sauront croire que tu n’existes pas réellement, qu’ils t’ont légèrement imaginé, à cause de la chaleur, à cause des ombres, à cause de la fatigue. Ils savent facilement se convaincre si le résultat peut les arranger. Ils savent croire ce qui ne devrait l’être. Ils le font avec grand plaisir et au coin de la rue suivante, ils ne savent pas que tu as un jour existé. Tu n’es que l’ectoplasme de leur cauchemars. Tu sais, le vilain petit canard, celui qu’on ne veut pas croiser parce qu’il nous rappelle tout ce qu’il y a de laid en dedans. Tu es le lâche personnage qu’ils fuient au possible persuadé qu’un air de contagion règne tout autour de toi. Tu es la laideur qu’ils cherchent à oublier

Et ça brule en toi. Aujourd’hui plus que n’importe quand. Pourquoi ? Pourquoi pas. Tu n’as plus qu’une envie, celle de leur rappeler que tu existes. Que tu es là, juste à côté d’eux, prêt à leur faire les poches, prêt à leur donner la putain de peur de leur vie, celle qu’ils attendaient de trop pour qu’elle n’arrive pas. Celle qu’ils craignaient de trop pour qu’on la laisse fuir. Craquement de doigts rapide. Ils n’ont plus à attendre. Observe un peu avant de te lancer. Lequel est le plus beau ? Lequel mérite le plus ce que tu as à offrir ? Une gamine - un gamin ? - assise sur le trottoir, une clope à la bouche. Tu lui en demandes une. Si elle dit non, c’est elle, si elle dit oui tu lui fais cadeau d’un sublime répit. Oui. Un faux sourire sans mot et t’allumes ta clope. Elle avait une bonne tête, elle te méritait pas encore. Le vieillard qui pousse son vélo, incapable désormais de monter en dessus ? Non, pas lui, il mourra bientôt, il a déjà dû les avoir ses peurs. Il n’a pas besoin de toi. Les passants passent, se mélangent, se confondent dans ta tête. Ils se ressemblent tous trop, ils sont tous délavés. Ils pleurent à l’inconnu des souvenirs de futurs qu’ils ne connaitront pas. Ils cherchent. Quoi ? Ils cherchent bien c’est déjà ça. Papa en costard qui rentre du travail. Un gamin roux comme toi au doux regard acerbe. Il est beau, lui, par rapport à toi. Tu le laisses pour ça, tu esquisserais un rire si tu savais comment.

Tu regardes le bitume, persuadé que quand tu relèveras les yeux, ton compagnon d’instant sera là. Il est présent, mais tu ne le sais pas encore. Tu en sais encore très peu, trop peu. Il a bien plus à te cacher que tous les autres assemblés. Il porte en lui les rebuts de ce que tu as été, le sang de ce que tu es devenu. Il s’en veut de cela sans même encore le savoir. Ses yeux sont les mêmes que ceux des personnages qui peuplent tes cauchemars. La même peau, sûrement aussi. De cette peau à vomir qui hérisse la tienne, qui a meurtri la tienne. Mais il cache autre chose que l’animalité destructrice en son sein, le gamin. Tu ne le sais pas encore. Patiente, patiente un peu, il te laissera découvrir tout ça. Pour le moment, relève juste les yeux. Regarde, regarde sur ta droite, il est juste là. N’hésite pas, n’hésite plus pour rien. Approche toi juste.

Le visage du gamin, il te dis quelque chose. Approche encore, approche, ne crains rien. Tu es encore trop loin. Quelques pas dans le flou et il aura atteint sa porte de sortie, la distance nécessaire pour échapper à ta rancœur. Il ne faut pas qu’il en ait le temps. Prends sur toi, oublie ce visage qui brouille ton esprit. Il longe le mur, il a peur, c’est l’homme parfait. Il tourne dans la rue d’après, et la rue d’après est plus vide plus noire, plus désertée que la rue d’avant. C’est ton instant de gloire, vite. Prends sur toi, n’hésite plus. Fais tout ce que tu as à faire dans ces secondes qui t’appartiennent, ses secondes que tu lui voles. Il tourne la tête un instant. Il t’a vu : c’est bon, tu n’es plus la transparence du monde. Il commence à comprendre, il craint sûrement, tu n’en sais rien en fait, mais tu crois le voir accélérer. Trop tard, petit rat, trop tard. Il est dans tes filets, déjà. Il l’était avant même de s’être rendu compte de la moindre distorsion de sa routine. Tu tends le bras. Il est juste là. Tu le touches. L’épaule, la gauche. La plus belle des deux, tu ne sais trop pourquoi. Mouvement brusque. Il ne résiste pas, il est face à toi. De ton autre main tu le pousses. Il est contre le mur. Il ne bouge plus. Le rat est pris au piège. Un rat d’une putain de beauté qui te donne quand même l’envie de gerber. D’où vient-il, ce môme, pour que tu sois persuadé de le connaître tant. D’habitude, tu fais comme les gens font avec toi, tu oublies. Tu te débrouilles pour mettre les souvenirs incertains et inutiles de côté. Mais là ça t’attaque, ça te saute à la gueule. Ça se pend à ton coup et ça te tord les tripe. C’est pas comme en général. C’est plus triste un peu et plus bestial beaucoup. Ce gosse, il a déjà une place dans ta tête. Jadis il y a déjà creusé son trou. Où ? Tu ne sais pas trop. Tant pis. Si tu ne peux répondre, il te répondra lui. Et dans ton dos, l’illusion des mains d’un homme plus grand que toi. L’envie de vomir plus présente. Un nom qui se chante, un nom qui se hurle, un nom qui s’abhorre. Et la crasse qui l’entoure. Tu l’as enfin ce nom. Tu sais qui Est-ce gosse. Et, encore une fois, tu fais semblant de ne pas voir que tes mains tremblent. Mais cette fois-ci, c’est un foirage lamentable. Cette fois-ci, tu ne sais plus faire semblant de rien. Une bulle de réalité qui t’enlace et tes souvenirs te violent.  Oxford sur ta pupille et le psy dans ta bouche. Vomis, vomis de ta rancœur sur ce fils d’enfoiré. C’est tout ce qu’il te reste.


Dernière édition par Eluart Ó Broin le Dim 11 Aoû - 9:00, édité 1 fois
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Niel Ambrose
Niel Ambrose

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MessageSujet: Re: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeMer 17 Juil - 22:42

Le corps d'une femme est un oeuvre d'art ; c'est ce qu'il se dit, Niel, alors qu'il les observe marcher dans la rue, depuis la fontaine de la ville. Le petit reste en place, un crayon tremblant, là, entre ses doigts. Il ne parvient pas à grand chose, de par son peu de talent, un crayon à la main, mais la chose lui semble bien légère. Il est calme, pour le moment, Niel. Il se sent bien, pour le moment, Niel. Un sourire a presque pris place sur les lèvres de l'enfant meurtri, de l'enfant épris. Il est là, absent de la prunelle d’autrui. Il est là, tout bonnement là, à observer les dames et les belles qui passent, à observer la beauté de loin, pour ne pas se brûler, pour ne pas les griffer, et il ne tremble presque pas. Paisible ; Niel est presque paisible, en cet instant. Il se sent bien ; ou du moins, il pense se sentir bien. Niel ne sait pas ce que c'est, que se sentier bien. Alors, le gamin, il se contente de son semblant d'impression, de cette petite sensation, au bout de ses doigts, au fond de son coeur empli de peur. Il s'y accroche, à cette petite lueur, celle qui ne semble pas avoir peur de l'horreur, et qui ose croire, une minime seconde, qu'il a droit à un semblant de bonheur. il sourit, donc, Niel, juste là, assis là, dessinant un je-ne-sais-quoi. Il ne sait pas depuis combien de temps il est là, le pauvre ; il n'en reste pas moins que, et bien, il se trouve là. Si proche de tout, et pourtant, si loin de tout, à la fois. Tout bonnement là, telle une statue, peut-être, ou un sans-abris. Mais il sourit, le tendre petit, alors on n'y pense pas, qu'il est à la rue. Niel sourit ; il n'y a pas de soucis. C'est tellement plus facile de sourire que d'être heureux, après tout. La phrase lui colle si bien à la peau. maman, c'est quoi, être heureux? silence radio. Il n'y en a pas de mère, pour Niel, sauf peut-être la mère, mais beaucoup disent qu'elle n'en porte que le titre, et non pas le sentiment.

Gifle de vent, contre sa joue. Odeur d'or, dans les airs. Niel sursaute, le sourire s'évade. Les yeux du grand petit s'enveloppent de larmes, alors qu'il essaie de le retenir, mais il ne parvient à rien. Il ne reste là, que là, en attendant bien sagement, en l'observant s'éloigner. Et l'odeur, ce filament doré qui l'a caressé, il est juste là, tout près comme ça. Niel tremble, à observer les traits de la jolie. Elle a pris place à côté de lui. Niel frémit ; elle lui sourit. Elle ne sait pas, cette pauvre âme épanouie. Elle ne sait pas qu'elle fait face à une âme meurtrie, à la naissance de ses soucis. Niel avorte la chose ; il est bien bon, Niel, pour avorter les choses. Il se lève en vitesse, ce grand gringalet. Il se lève à une vitesse folle, fait tomber son cahier à dessin, contre le sol. Peu importe ; sa respiration est saccadée, il ne demande qu'à s'échapper. Ses pieds s’entremêlent, il dit bonjour à la rue, pendant une maigre seconde. Une voiture au loin freine, et il tremble encore plus. Niel se lève, se lève et tangue, et puis court, un peu, pour ce qu'il peut, et va loin, aussi loin qu'il peut. Il se colle au mur, recherche une chaleur qui n'est pas, avance, rampe. Niel ne respire pas  ; il n'y parvient pas. Niel est sous l'eau, pendant un instant. Ses joues sont rouges, son corps est rouge ; il est ailleurs, si loin, très loin. Il ne pense qu'au sourire de la belle, et de petits papillons malins, au fond de ses tripes. Il tremble, un peu. Il tremble , trop. Niel a envie de vomir, envie de fuir. Alors Niel fuit, à défaut de se vider. Il court, encore, toujours, le plus possible. Il arpente la rue, le nez collé au mur, aux maisons, dans l'espoir de ne plus être. L'accident a eu lieu depuis bien des minutes, déjà ; il marche encore, pourtant. Il est loin, maintenant ; loin de la fontaine, loin de chez lui. Il ne reconnait plus les rues, il ne reconnait plus rien. Il est perdu, égaré au travers du destin.

Niel tourne, encore ; il voit, d'un petit mouvement, les yeux du malin. Niel gémit, tout bas ; il a peur, pour ne pas changer. Il tremble, pour ne pas délirer. Zone de confort, celle d'être apeuré. Rue calme ; il y est presque. Où ? Il ne sait pas. Mais il y est presque, Niel, et ça lui semble bien. Il voit quelque chose, au loin, et ça lui semble bien. Niel avance, encore, toujours. Il ne court pas ; il ne sait pas réellement courir, ce petit rat. Quelque chose l'empêche de faire un pas, soudainement. Niel ne comprend pas. Il ne comprend rien, Niel, et il ne sait rien. Alors, il cligne des yeux, des larmes s'y glissant. Il ne comprend pas, et il reste là, plongé dans cette mare de question, dans cette zone de confort. Il reste là, idiot qu'il est, à patauger. À se baigner. Et puis, c'est l'appel à la mer, le cri de guerre. Niel se retourne ; quelqu'un lui fait face ; le regard malin. Les cheveux roux de la cantin. Il observe l'homme, ne comprend pas. Il est soulagé, un peu ; ce n'est pas une femme. Tout, n'importe quoi, mais pas une femme. Niel soupire, et puis sourit, un peu. Il ne voit pas, non, au fond de ses prunelles, cette tempête de rancœur. Niel connait trop la chose, pour y voir un mal quelconque. Alors, il sourit à cet homme, là, juste là, face à lui. Il lui sourit, comme un enfant le ferait, face au grand méchant. Le sourire est bref, pourtant. Son dos épouse le mur ; mariage forcé, vu la douleur ressentit. Niel a mal ; il en grimace, tant il a mal. Il grimace, les traits bien amers, l'enfant s'évadant, ne laissant place qu'à un corps, une enveloppe un peu vide, un peu perfide, et lasse. Niel ne sourit plus ; il a des larmes, encore, toujours, au coin des yeux. Il tremble, de nouveau. Ça lui avait manquer, tiens, un instant.

Il n'essaie pas de se dégager ; même, il s'appuie presque sur le rouquin. Petit lien avec la dure réalité, qui sait. Il est bien, malgré les larmes, malgré la peur. Il est chez lui, peut-être. Il se sent chez lui, du moins. Et il tremble, avec le sourire intérieur. Parce que ça, il sait bien le faire, au contraire de sourire. Trembler, pleurer, ce sont des choses que Niel sait parfaitement bien faire. Il tremble, alors, avec bien du talent, face à l'homme. Il tremble, et puis glisse ses mains dans ses poches, pour chercher son portefeuille. Il sourit, un peu ; un sourire en coin, bien crochu, bien cassé, pour bien le représenter. «  j'ai - j'ai de l'ar-argent, si vous vou-voulez. Je - enfin. vous avez be-besoin d'argent ? Je peux ai-aider. » Il sourit un peu plus, se casse un peu plus. Il l'observe avec une innocence si grande, si vive qu'elle fait mal. Il l'observe avec une peine, une douleur si rouge, si marquante qu'elle blesse, et qu'elle fait naître des larmes, là, sur nos joues.

Niel est Niel, et puis c'est tout.
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MessageSujet: Re: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeJeu 18 Juil - 17:44

Il doit se foutre de ta gueule. Très clairement. Il doit te voir venir, avec des grosses pompes de mec violent. Il doit se dire qu’il t’aura à la ruse. Il y a pas franchement d’autres solutions. Il t’énerve avec sa tête de pauvre gamin paumé. T’as envie de frapper. Retiens-toi, retiens-toi un peu encore. Fais comme durer le plaisir, c’est tout ce que tu auras de doux ce soir. Laisse le temps couler entre tes doigts rêches. Blesse-le de ta peau desséchée. Frappe-le de ton corps cagneux, déphasé. Fais lui comprendre comme il peut avoir tort, que ce regard qu’il te lance vit dans un foutu mensonge. Tu sais pas faire comprendre autrement que par tes poings mais au fond, l’important, c’est que tu parviennes à faire comprendre. Ils ont jamais voulu t’écouter, t’sais, quand t’as essayé de leur dire clairement. Quand tu les as regardé dans les yeux pour leur dire ce que tu pensais d’eux. Et quand ta langue a fini par devenir du plomb, tu t’es servi de tes mains, d’un stylo un peu moisi, bavant sur ta peau pâle pour mettre sur un beau papier tout les mots qui se noyaient dans ta bouche.  Ils ont compris que t’avais trouvé une échappatoire. Alors ils ont déchiré les deux, ta langue et tes mains. Ils ont brisé ton stylo en deux. Ils ont attrapé ta tête pour la frotter contre le pavé. Et quand tu as fini par croire qu’une main se tendait pour t’aider à te relever, tu n’as compris que trop tard que c’était pour mieux te lâcher, d’un peu plus haut encore. Et le rejeton de ce rebut, de ce lâche, de celui qui t’as le plus brisé en deux – bout de bois trop fragile pour ces grandes mains de meurtrier – est juste devant tes yeux, tout beau et joliment seul, fragile. Une belle proie sous tes bras de prédateur. Il est l’heure de manger, Eluart. Savoure la bien, il n’y a rien de meilleur qu’une douce vengeance.

Et puis sa voix, d’un seul coup, comme une balle dans la tempe. « J'ai - j'ai de l'ar-argent, si vous vou-voulez. Je - enfin. Vous avez be-besoin d'argent ? Je peux ai-aider. » Elle brule en toi. C’est de cela, finalement, dont tu devais le mieux te souvenir. La voix du gamin n’est pas la même que celle du padré, mais elle est au moins aussi douloureuse. Il manque le rocailleux, le violent, et ce qui t’a attiré au départ. Mais le fond ressort, le fond transparait. Ou bien tu veux t’en convaincre. De l’argent, c’est ça ? C’est ce qu’il veut te donner ? Il… Ses larmes sont belles. Chut, qu’importe. Hurle, hurle à son visage que tu t’en branles assez légèrement, de son fric. Que tu vis sans. Que t’as toujours vécu sans. Contrairement à lui, sûrement, avec son connard de père. Psy, ça rapporte, forcément. Psy violeur, y’a des places, encore, dans le métier ? Merde, cache ça dans ton crâne ou dans tes cernes, et concentre-toi sur le gosse. C’est ton ami d’un soir.  Y’a que ses yeux à lui, qui compte. Son père, c’est rien. C’est du passé. C’est du passé qui te bouffe les entrailles, qui te voile les yeux et qui lie tes bras dans ton dos depuis plusieurs années. Des centaines, un millier de jours. Mais tant pis. « J’ai besoin de rien. De rien du tout gamin. » De te frapper. De t’écorcher, vif, pour le bonheur de briser mes propres doigts, un peu sûrement, mais c’est tout. Tu prends le portefeuille, doucement. Comme si rien ne pressait, comme si tu n’avais pas l’envie folle de le détruire ici, en quelques minutes et d’immoler son corps en hommage à ton passé de raté. Il fait rien, et calmement, toi, tu le lances un peu plus loin. Celui qui retrouvera son corps prendra bien la peine de lui voler son argent, tu te dis.

« Chiale pas, gamin. C’est pas si grave. Y’a toujours plus grave, en tous cas. Toujours, j’te jure. » Y’a rien de rassurant dans ta voix cassé. Tu pues de tout ce que t’as pu fumer jusque là. Et puis, tu te veux pas rassurant et ça, ça se sent jusque dans le fond de ta gorge. Tes mots transpirent la haine. Comme ta voix est puante, merde. Tu sens l’enfant cassé à des mètres à la ronde. Parce que t’en veux au monde entier. C’est pas que de leur faute, tu sais, si t’es un raté. Pas que. Y’a un peu de toi dans tous les échecs qui t’ont fait trébuché. Et dans ton grand gouffre, y’a un peu du gamin devant toi. Son prénom te revient pas, mais son nom de famille te susurre à l’oreille les silhouettes des démons de tes nuits. Une fois de trop. Ton poing part sans même que tu ne t’en rende compte. Peut-être qu’il heurte le mur, tu n’en sais trop rien. Tu tournes la tête vers la rue. Ils ne te verront pas. Quand bien même ils regarderaient, ils ne te voient jamais. Le petit, il saigne. Tu t’en gausses. Son père, il t’a fait saigner. Il a le même sang que son père dans les veines. Tu trouves que c’est un juste et élégant retour des choses. T’aurais sûrement pas rêver de mieux. Peut-être parce que tu ne rêves plus.

Il pleure, encore un peu. Et c’est le plus triste, sûrement. Pas qu’il saigne, pas qu’il souffre. Non, juste cette putain de larme sur sa joue, qui terriblement ressemble à celles que tu versais jadis. Dieu que l’image te donne l’envie de culpabiliser. Retiens-toi encore un peu, juste, juste la soirée. « Pleure pas. C’est pas nécessaire. T’es pas l’méchant. Y’a que l’méchant qu’a le droit de pleurer, parce qu’il a le rôle de merde. » Tes méchants à toi, ils ont jamais pleuré, jamais. Ils se sont même pas retourné pour regarder ton corps trainant sur le bitume et ta main se tendant priant encore un peu, à cette époque lointaine où Dieu vivait encore dans un coin de ta tête avec un soupçon de croyance, une lueur d’espoir. « Eh, gamin ! c’est quoi ton prénom ? » Il va répondre et tu sauras, et tu sauras tout et enfin, la morbide histoire d’un soir, entre lui et toi, va pouvoir commencer. Tu souris pas mais tes joues se tendent. C’est pareil, presque exactement pareil. Ton œil pique un instant. Tu sais pas vraiment pourquoi mais vite tu oublies. Il te faut des réponses. Vite, tu veux savoir. Ça devient urgent et un instant vital. Le nom de ce gosse. C’est tout ce qu’il te manque. C’est tout ce qu’il te manque pour enfin pouvoir faire taire le Ambrose qui se gueule, inlassablement, dans un coin de ton cerveau. La migraine s’intensifie. Son nom, putain, son nom. Qu’il se presse l’imbécile : il te faut ton silence. Ta main sur son épaule – la gauche, toujours – se resserre un peu plus. Tes ongles dans sa peau et la chair qui crisse sous tes ongles bouffés, sont tes doigts décharnés. Que c’est doux à entendre. Il te faut ton silence. Vite.

S’il te plait, petit. S’il te plait, réponds, tu chuchotes dans ta tête. Ta voix à l’intérieur te décape à l’acide. Tu ne supportes plus rien. Tu sens tes cheveux tomber, tomber de ton corps mort. Ta peau fondre à tes pieds et tes organes pourrir. Regarde-le, le gosse. Regarde comme tu es laid, là juste à ses côtés. Insignifiant et dérisoire. Et soudain, sur son visage, un instant, un pauvre instant seulement, l’image du père Ambrose. Clignement d’œil et la folie disparaît. Son prénom, vite. Il te faut ton silence et un peu de ta vie et ta paix intérieur. Dire adieu au cauchemar. Ça ne marchera pas mais laisse-toi espérer. Ce soir, au moins ce soir.
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MessageSujet: Re: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeMer 24 Juil - 21:29

 
Crac crac.

Ça craque, sur les traits de Niel. Les larmes noient ses traits, les font vivre. Il sourit, un peu, malgré les larmes qui ne cessent de vouloir. Il sourit, malgré la douleur, lourde, forte, dans son dos. Il est bien, si bien, comme ça. Un malaise constant contre son torse, contre son dos, et puis dans les yeux de l'autre. Mais qu'est-ce donc, sauf une sensation familière ? Il voit la haine, dans ses prunelles ; il voit la réalité, celle qu'il ne peut s'empêcher d'accepter, et tout va bien, d'un coup. Alors il sourit, le pauvre petit, malgré les larmes, sur ses traits, malgré la tempête, dans son être. Parce qu'il est bien. Il est bien, dans la peur qui lui assaille l'être, qui lui défigure cette chose, au fond de lui, qui est supposée ressembler à un coeur. Oui, il est bien, tout juste là, contre son agresseur. Comme si, de nouveau, la lumière n'était plus, et il se trouvait dans les ténèbres. Comme si la vie avait foutue le camp, comme une femme délaissée, torturée, et qu'il n'y avait que le silence et le noir, maintenant. Il se sent bien ; chez lui, peut-être. Alors, Niel, il ne tente aucun mouvement, aucune fuite. Il se contente de rester là, les yeux grands et globuleux, attentif aux moindres mouvements. Il sait parfaitement, quelque part, que la douleur frappera. Elle frappe toujours. Alors il reste là, sagement. Assis dans la salle d'attente, il observe le docteur, et puis attend son tour. Il sait, en voyant ces choses, au fond de ses prunelles, qu'il en mangera, de la douleur. Ce n'est pas grave. La douleur, elle le caresse, elle ne le blesse pas. Non, c'est le bonheur, plutôt, qui lui écorche la gorge, et qui lui lacère la peau. « J’ai besoin de rien. De rien du tout gamin. » Niel cligne des yeux, si loin des certaines secondes passées. Pour lui, le temps a bien plus vite défilé. Et pourtant, à peine quelques secondes se sont passés. Ils sont toujours là. Il lui tend toujours quelques billets ; des billets que l'autre ne veut pas. Niel sourit quand l'autre prend le portefeuille, pourtant. Il lui sourit, car il est content, quelque part, de l'aider. Niel renifle sans grâce et puis essuie ses larmes. Il reste contre l'homme, pourtant, attentant la suite.

Car suite, évidemment, il y aura.

Le portefeuille s'échoue contre le sol, plus loin. Niel ne bouge pas, ne l'observe pas. Il ne le souhaite pas, en fait. Il n'a pas envie, pas du tout, de quitter le regard de l'autre homme, en face de lui. Ses prunelles sont sombres, si sombres, comme les ténèbres. Et le petit, le petit si meurtri, et bien, il y trouve son paradis. Un peu de son chez lui. Il en frémit, une seconde. « Chiale pas, gamin. C’est pas si grave. Y’a toujours plus grave, en tous cas. Toujours, j’te jure. » Niel ne chiale pas. Il ne pleure pas. Non, ce sont les larmes, belles fugueuses, qui se font la maille. Niel, lui, il sourit avec ses larmes. Avec la grimace qui déforme ses traits, de par sa douleur. Il la vit pleinement, cette stupide douleur, se laissant emplir de tout part. Et il hoche de la tête, face aux mots de l'autre. Il hoche de la tête avec force, même, comme pour approuver. Car oui, il approuve. Il y a bien pire. Toujours pire. Et le pire, mondieu, c'est si doux, contre sa peau. Si calme, et loin de tout ça. Ses doigts tentent de s'accrocher à la veste du rouquin, comme s'il pouvait lui montrer tout ça, lui faire découvrir tout ça, mais l'autre ne veut pas. Il ne veut pas lui montrer la douleur délicate. Non, tout ce qu'il veut, c'est la brute, la vive, celle qui crie fort, toujours trop fort. Et celle là, Niel se la prend de plein fouet sans pouvoir faire quoique ce soit. Niel crie, une seconde, à peine. Le cri, il se meurt, s'étouffe à sa gorge. Il est trop fort, trop intense pour pouvoir s'échapper complètement. Alors le petit, le petit meurtri, il reste là, les yeux grands ouverts, la douleur sanglante, contre sa joue. Il pleure, tout bas, parce qu'il ne comprend pas. Il suffoque, tout bas, de part la douleur, mais surtout de part la marque, contre sa peau. Du sang, rouge, morbide, qui s'écoule lentement de son nez. Il ne porte pas ses mains à ses traits, pour l'attraper. Il le laisse s'évader, paralysé. Niel ne comprend pas. Niel ne réagit pas. Le petit est tout le choc, incapable de faire quoique ce soit. Quoique ce soit, sauf chialer. Et il chiale, comme une meuf, comme un perdu, de la douleur qui le transperce, de la marque qui l'agresse. Il ferme les yeux, forts, si forts, pour ne pas penser, pour ne pas voir la marque, là, contre sa peau. Le tremblement a de nouveau pris place, contre son corps, et il ne sait pas. Il ne sait pas quoi faire. Il tremble, fort, si intensément, qu'il ne sait pas quoi faire. Il sanglote, tout bas, comme s'il ne savait faire que cela. La douleur, la si familière, elle semble lui avoir tourner le dos, pour laisser place à un autre, pour laisser place à son double maléfique, son petit frère tourmenté.

Il essaie de se calmer, pourtant, Niel. Parce qu'il sait, quelque part, que ce n'est pas appréciable, quelqu'un qui pleure. Parce qu'il sait, au fond de ses tripes, que l'autre n'aimera pas ça. Personne n'aime ça, en fait, les gens qui pleurent. On le voit bien souvent, dans les films. Alors Niel se mord les lèvres, le nez en sang, contre le mur, et il essaie de se calmer. « Pleure pas. C’est pas nécessaire. T’es pas l’méchant. Y’a que l’méchant qu’a le droit de pleurer, parce qu’il a le rôle de merde. » Et il hoche de la tête, de toute ses forces, pour approuver l'homme, le roux, le démon. Il hoche de la tête, mollement, en s'excusant. Les mots se bousculent, au travers de ses lèvres, et il s'excuse, encore, toujours, d'être si minable, si faible. « Je- Pardon. pardon pardon pardon. je - j'veux pas - je - j'vais arrêter. pleurer c'est pas  - je - désolé » et encore, encore et encore, au travers de gémissements, de murmures tourmentés. Et même eux, si petits, trouvent le moyen de se briser, pourtant.

Il pleure, tout bas, si bas qu'il ne s'entend même pas. Il lève les yeux vers le ciel, le ciel si noir, et s'abreuve de son sang, qui coule, lentement, surement, sans empêcher quoique ce soit. Niel a envie de vomir, de part le goût qui lui glisse dans la gorge, mais il ne le fait pas. Il laisse le sang comme ça, il le laisse glisser, là, contre ses dents et sa langue, sans faire quoique ce soit. Parce qu'il ne peut, tout bonnement, faire quoique ce soit. Il reste là, tout bonnement, juste comme ça, attendant, se calmant. « Eh, gamin ! c’est quoi ton prénom ? » Il ne l'observe pas. Il ne l'observe pas, car soudain, il lui semble comprendre que les ténèbres dans ses yeux, il ne les connait pas. Elles ne lui sont pas familières, au final, celles-là. Trop sombres et trop douloureuses, pour le petit être qu'il est. Il n'aurait pas du y mettre les pieds; le voilà soudain blessé, torturé. Malmené. Le voilà bien cassé, celui qui était déjà fracassé. De ses petits bouts de verres déjà tanguant, il lui semble en manquer. Il a cette impression, au fond de lui, d'en avoir égaré.

Plop.

C'est une nouvelle frappe, mais cette fois-ci, en plein dans l'oeil. Pourtant, Niel n'aura pas de coquard, là. Il n'aura rien, sauf une larme du ciel, dans son ciel. Une larme qui n'est pas à lui, qui tombe le long de sa joue, et puis se glisse contre ses lèvres, comme son propre sang. Et puis doucement, ou alors brusquement, le ciel continue ses pleurs, et les voilà aussitôt agressés, assiégés par la peine si grande, si apparente de tout en haut. Niel, d'un bris d'être, laisse ses yeux descendre jusqu'à ceux du roux, face à lui. Il n'y plonge pas, cette fois là, car il ne voit pas. Il ne voit rien, au travers de la pluie, sauf la douce brume trop vive qui les sépare, et qui rend l'autre soudain flou. Comme le reflet, parfois, du miroir dans la douche. Et Niel, il l'observe sagement, au travers du froid qui, lentement, prend place. Il l'observe, doucement, sagement, les larmes n'existant plus. Il ne pleure plus, car le ciel, semble-t-il, le fait pour lui. « ni- nataniel - niel. » qu'il finit par dire, au bout d'un moment, mais la pluie semble avaler ses mots. Il pleut si fort, il pleure si fort, tout autour d'eux, que Niel ne voit plus l'autre monsieur. Sans sa main, sa poigne si forte, contre son épaule, il ne comprendrait pas, se croirait seul. Mais l'autre est toujours là, tout comme la main, ancre vers la douleur, les ténèbres, l'attache toujours à cette réalité dont il fait parti.

Il sourit, le petit, au travers de la nuit si soudainement arrivée. Autour, tout est noir, comme s'ils avaient plongés, à deux, dans les déboires  ; dans leurs déboires. Et Niel, pourtant, sourit doucement. Le sang s'est effacé, de ses traits, et la douleur lui semble loin, soudain, ou alors si familière qu'il ne la ressent plus. Il en oublie le coup, survenu quelques secondes plus tôt, ou plutôt, n'y rattache aucune importance. Il ne s'en plaint pas, le petit, car peut-être, au fond de lui, a-t-il l'impression de le mériter. Après tout, n'est-il pas déjà damné ? Oui, déjà hanté. Il sourit, le petit, ses doigts remontant le long de son bras, se posant sur ceux de l'autre, en face de lui. « reste » qu'il dit, tout bas. Comme si, au fond, il avait peur qu'il parte. « reste avec moi » qu'il gémit, comme si soudain, il avait peur du froid. Et ses doigts se serrent, se serrent si fort contre les siens, pour qu'il ne parte pas. Il serre de toutes ses forces, et qu'importe que l'autre le frappe de nouveau, ou il-ne-sait-quoi, tant qu'il est là.

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MessageSujet: Re: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeVen 26 Juil - 10:51

Le gamin pleure, devant toi, mais il sourit aussi. Ton cœur se serre au fond de ton torse. L’idée étrange que tu es en train de déconner, plus que jamais tu n’as eu l’occasion de le faire. Tu réalises petit à petit que son visage, juste son visage, cette parfaite contradiction sur son corps te donne envie de t’en prendre à toi-même. Tu n’en fais rien. Si tu avais tourné les talons à chaque fois que l’envie de t’autodétruire était venue à toi, tu n’en serais plus ici. Bien loin, oui. La culpabilité, tu as pris tes habitudes avec elle. Tu en as fait une chère amie, douce, que tu ne veux plus quitter, jamais. Tu la prends dans tes bras et tu la berces, comme une enfant trop petite qui n’attend que de grandir un peu plus, un peu plus encore. Ne t’en fais pas, demain déjà elle sera belle adulte, elle prendra place en toi et comblera tout ce qui encore aujourd’hui a un semblant de vide. Elle sait y faire. Tu n’es pas son seul logis, le seul cadavre articulé qui se plait encore à lui offrir une petite place. Tous autour de toi. Regarde dans leurs yeux. Regarde dans les yeux du gamin. Il n’y a besoin de personne d’autre que soi-même pour juger de sa propre culpabilité, et les prunelles rendent un jugement inégalable. Vérité ou mensonge, qu’importe. La vérité, c’est ce que l’on croit avant ce qui est. La vérité chez toi, chez lui – vous avez le même regard fade – n’est rien d’autre que de longs filaments mensongers qui enveloppent avec calme, avec crasse le moindre de vos organes, se collent à chaque muscle, s’emparent de votre peau. Un long mensonge brillant dans lequel vous n’avez plus le moindre souci d’apercevoir un jour encore ce que jadis tu appelais ta belle lucidité.

Le sang coule. Le long des lèvres. Liquide absurde, absurdement intrigant. La commissure des lèvres et le menton encore. Goute à goute, chute lamentable. L’éclat contre le sol. Giclure invisible de là où tu es. Manège absurde qui se répète. Manège absurde que tu ne vis pas pour la première fois. Manège absurde que tu prends le temps de voir pour la première fois. Le visage de ceux d’avant ? Pas ce détail fabuleux qui capture le regard et le garde et pousse l’homme à s’oublier lui-même. Les visages d’avant n’ont de force que celle nécessaire pour ne pas se briser en milliers de morceaux sous tes coups durs, au contact délicat de tes poings violents. Le sang coule et vient la pluie à ce moment même où le môme te dit qu’il arrêtera de pleurer. Il s’excuse, il dit qu’il arrêtera qu’il ne voulait pas. Il est blessé et trouve le temps de s’excuser alors même que c’est le temps qui lui échappe alors que tes deux mains se serrent contre sa chaire. Il s’excuse et rien de plus violent dans ton cœur jusque là. Ce gosse c’est l’innocence et l’homme violent que tu es s’en rend compte. Ça ne te suffit pas pour le lâcher. Tu lui en veux maintenant. Tu lui en veux de cette innocence lâche et putride qu’il glisse sous ton nez, sous le nez d’un coupable. Qu’ils te dégoutent ces innocents à ne pas s’en rendre compte, à ne pas se rendre compte qu’ils sont des gens biens. Que tu lui en veux merde. Mais tu ne frappes. Plus. Pas encore. Encore un peu de temps. Du répit. Tu demandes du répit et tu te l’accordes parce que tu n’as plus d’autre bonheur que de t’offrir ce que tu te demandes. Encore quelques secondes à cacher dans ta poche ta violence insoumise.

Et c’est la pluie alors qui arrive : ton amie. Douces, douces larmes d’un ciel trop gris, assez gris pour te rappeler le vert de ton Irlande. Ce vert humide auquel répondent tes yeux. Et tes yeux silencieux laissent du temps au temps, le temps de se fermer et celui, tout proche, de se rouvrir. Ils daignent fixer un peu, sans sourciller, sans se détourner. Tu te sens fort. Plus fort que quand tu frappes, que quand tu blesses, quand tu fais pleurer et quand tu fais saigner.

Écoute les mots du gosse et laisse-les résonner en toi. Il tombe sur tes joues en même temps que la pluie mais qu’est-ce qu’il écorche, lui, contrairement à elle. Il scie ta mémoire pour laisser s’échapper tout le plus douloureux, d’un seul coup, comme cela. Il dit au monde entier tout ce dont tu as peur. Et à toi en premier. Il laisse s’envoler ton crâne jusque là enchainer pour garder pied, juste un peu, juste un minimum. Le prénom. Prends-le. Tends les mains et attrape-le, et glisse-le juste sous ta veste. Niel. C’est calme, Niel. Ça s’entrechoque avec Ambrose, dans ta tête. Ambrose, c’est ce qu’il y a de plus horrible au monde, tu en es persuadé. Mais Niel. Niel, ça lui va bien, au petit. Niel, c’est un prénom d’innocent, un prénom de torturé. Un prénom d’enfant à la fois sage et parfait. Et triste un peu. Pas un prénom de brisé, pas Eluart. Niel, ça réchauffe ton ventre autant qu’Eluart te le bétonne. Ton prénom glacé laisse place à la chaleur du bienheureux. Que tu jalouses un peu, sûrement. Mais il t’en faut trop peu pour jalouser, maintenant. Il te manque tellement que tout ce qu’ont les autres, tu le voudrais pour toi. Juste pour toi. De ces secrets qu’on cache aux regards indiscrets pour éviter les convoitises. Eux ne cachent rien. Ils exhibent, fier comme des paons, fiers de ce petit détail en plus, de ce petit rien. Plus fiers encore ces fous lorsqu’ils se rendent compte, qu’ils sont bien persuadés que toi tu n’as rien. Fiers, oui. Mais pas lui. Lui, il n’est pas fier de son prénom alors qu’il pourrait. Lui, il le crache comme une tumeur de lui-même, une excroissance malencontreuse. Quelque chose de malvenu. Il ne se pavane pas de ce qu’il possède. Non, c’est une honte dans ses yeux, une simple honte d’avoir. N’aie pas honte, jamais. Pas de cela. Tu as trop de honte à porter dans ton nom pour hésiter à prononcer ton prénom.

La pluie vous entoure. Un long rideau de pluie qui te sépare du monde, qui te sépare de lui. Tu ne vois plus son épaule, ta main dessus, tu la sens. Tu ne vois plus son visage, le sang dessus, tu l’imagines. Tu crées les contours de son visage flou, désormais, avec l’aide de ton imagination et tu te surprends toi-même à y parvenir si bien. Son visage dessiné à même ta rétine. Son visage à travers la pluie ne pleure plus. Son sourire comme un Joker perdu, qui se distingue de tout, de tout ce gris qui n’appartient qu’à vous. Le ciel pleure pour vous deux. Pour lui qui ne veut qu’arrêter et pour toi, incapable de commencer. Le ciel vous lie l’un à l’autre. La pluie soigne son visage. Seul son sourire est rouge, maintenant, comme marqué au fer rouge. Ses lèvres qui s’étirent sans trop que tu ne comprennes parce que tu ne comprends pas les sourires des hommes qui souffrent. Toi, qui souffres, tu n’en es pas capable.

Et sa main qui vient pleurer sur la tienne. Dans le froid humide et dégueulasse qui t’entoure, sa main est d’une chaleur que tu ne sais décrire. Tu ne bouges pas. Tu as l’impression d’être là depuis des heures quand ça ne fait que quelques minutes, secondes. Tu as l’impression d’avoir vu les saisons défiler, juste là, entre vos deux corps trop près. « Reste. » Un murmure seulement. Brisure dans ton oreille. Soupçon d’une inconscience. Son inconscience à lui. « Reste avec moi. » Un gémissement sourd. Tu en chialerais encore. Tu souffles doucement. Il vient de te demander ton monde tout entier. Tu ne comprends pas. Qu’est-ce qu’il veut, et pourquoi ? Et comment ? Et pourquoi toi, pourquoi ? Et ses mots, peut-être que tu as mal compris. Et pire, pire que tout. Tu ne veux pas partir. Tu réalises les choses, soudainement, et du plomb dans ta veste à te faire heurter le sol. Tu restes debout pourtant. Pas le moindre mouvement, si ce n’est tes lèvres qui se pincent, imperceptiblement. Ton incompréhension mise en image. Ta main se resserre sur son épaule. C’est ta réponse. Ton « Non, je ne partirai pas. » que tu te sens incapable de prononcer. C’est la pluie, certainement, qui a cousu tes lèvres. Certainement, oui. Elle a fait fondre tes mots cruels, cruellement vrais avant qu’ils n’aient la chance de passer la moindre barrière.

Ton silence et ta violence dans une valse lente, désormais.

Et cette envie de rire qui te racle la gorge. Tu le fais. Un rire rauque, autant incertain qu’insoumis. Un rire qui glace le sang, même le tien. Un rire que tu veux taire mais tu n’y parviens pas. Pas un rire fort, non. Un de ceux qu’on garde juste pour nous. Mais le gamin est trop près, alors vous partagez de ce rire dérisoire, ignoble et malappris. Tu ris trop mal pour que ce soit beau. Ton rire fait penser à un cri d’enfant qui réveille dans la nuit ou celui d’un cadavre qu’on découvre au matin, recraché et détruit par le ressac marin. Ton rire est un hurlement sadique et désabusé, celui d’un enfant de fin du siècle, du mauvais siècle. Il est trop tard pour te taire totalement. Ta voix s’est trop élevée dans cette brume muette pour que tu t’arrêtes là. Découds tes lèvres. Parle. Mais pas trop fort. Blesse le corps, moins l’âme. L’âme est plus longue à réparer. « Pourquoi ? » Tu te tais un instant, une minuscule seconde. Reprends ton souffle. « Pourquoi j'partirais ? » Tu veux briser sa peau. Tu veux arracher ses poumons et comprimer son cœur entre tes deux minuscules mains, bien trop minuscules sûrement pour l’immensité de son corps. Tu craches, distraitement entre vous deux. Comme si la saleté de tes idées se reflétait dans le sale gout sur ta langue.

Ta main sur sa gorge. Soudainement. Les questions se bousculent dans ta tête et comme tu ne peux te donner des réponses tu veux qu’il le fasse à ta place. Tu ne serres pas trop. Pas encore. Son épaule souffre certainement plus que sa respiration, pour le moment. Tu attends, comme ça. Immobile. Seule la tension sur ta main qui contracte tes muscles et la fait trembler. Ton seul mouvement. Tu n’es pas brusque pourtant. Tu veux prendre ton temps. Tu lui laisses le temps de te dire ce qu’il sait, de te dire toute la vérité. « Pourquoi je partirais ? » Tu te répètes encore, comme persuadé que l’incertitude qui se colle à toi l’enveloppe, lui aussi, désormais. La question comme un battement de cœur sourd, claquant entre vous. La vraie question est dans ta tête, pourtant, et tu n’arrives à la poser. « Pourquoi je reste ? » Tu te le demandes, n’est-ce pas ? Tu hésites. Tu voudrais plus, tu voudrais tout. Tout ce qu’il est juste pour toi. Un instant le mot vengeance zèbre ton esprit, mais tu comprends vite – tu dois comprendre – que ce n’est pas vrai. Que tu n’as plus envie de te venger de rien depuis bien longtemps. Que cet état de guerre que tu avais déclaré au monde entier, que ces hommes sous tes talons victimes de ta rage meurtrière, il y a bien longtemps que c’est par habitude que tu les détruits, et non plus par vengeance. Ta vengeance ne s’adresse plus qu’à une seule personne. Et si c’est un Ambrose que tu tueras un jour, ce n’est pas celui-là. Pas de la même façon. Si tu brises celui-ci un jour, ce sera en resserrant ta poigne, petit à petit. Comme un oiseau en cage qui ne remarquerait pas que les barreaux se rapprochent de ses plumes, de jour en jour. Tuer à petit feu. Mais Monsieur le Docteur Ambrose n’aura pas cette joie, cette saveur des derniers instants. La dernière saveur qu’il pourra sentir sera celle du sang dans sa bouche, à recracher, à avaler, et s’étouffer avec, et son corps mort au sol, sans la moindre compassion. Sans la moindre pitié. De la haine et ce mot gravé dans la chair, en grandes capitales ensanglantées. De ces cicatrices qui ne se refermeront pas. Oh ! sa souffrance sera sûrement la tienne, oui. Il devra avoir mal. Un carnage dans tes cauchemars. Pas d’autres mots. Pas de mots simples, élégants, pour qualifier l’idée. Tu voudrais que cette douleur infligée à tous ces foutus innocents aux grands yeux effrayés que tu as croisés jusque là, il l’a ressente, Ambrose Sr, toute entière dans son corps. Que le coup de poing donné au gosse tout à l’heure, il eut percuté sa joue. Que l’épaule de Niel soit celle de son père. Et sa gorge, surtout, sa gorge entre tes mains, prête à lâcher prise. Un au revoir aux poumons, des poumons qui éclatent, et de la douleur, encore. De la douleur autant qu’il t’en a fait subir, autant que tu en subis chaque nuit quand tes yeux verts se ferment en attendant demain, en attendant la vie. Que toute la douleur de tes cauchemars lui soit offerte à lui.

Niel n’est pas son père, tu te le dis un peu. Mais tu as peur de son père autant que tu n’as pas peu de Niel. Alors tu te contentes, beau lâche que tu es, de ce que tu es capable de prendre. Ambrose, ça te suffit à devenir violent, même si ça ne devrait pas. Ambrose, dieu que ce nom est laid, dieu que tu lui en veux. Et la haine de papa, tu la donnes à son fils.  Ta main se resserre sur sa gorge. Est-ce qu’il pleut toujours ?
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Niel Ambrose
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MessageSujet: Re: niel - des voix de gosses qui se dénudent   niel - des voix de gosses qui se dénudent Icon_minitimeMer 28 Aoû - 18:40

 Elle est brisée, là, sa respiration. Niel n'est que poussière, au creux de ses mains, et il espère de tout coeur ne pas être effacée, ne pas être oubliée. Il reste, alors, péniblement, lourdement accroché. Il n'a pas envie, le pauvre petit, de s'envoler. Il ne le connait pas, pourtant, cet homme en face de lui, mais il reste là, incapable de s'éloigner, de ne plus exister. Quelque part, à, au fond de son coeur, les cris ont cessés. Les démons se sont figés, et tentent l'oreille, attentifs. Ils attendent le prochain mouvement du démon qui est hors de sa cage. Du démon qui, en face, sourit doucement, face à leur hôte. Niel sourit, lui, tout autant. Il ne sait pas. Il ne sent pas. Grand con, il est brisé sous ses pieds, il est fracassé contre ses souliers, et pourtant, il reste là, les doigts contre lui, attendant n'importe quoi. Attendant quoique ce soit. Il pleure, tout bas, assez bas pour ne pas alarmé qui que ce soit, et il attend, sagement. Il attend son tour, il attend ses coups. Les fracas contre son être ; il en a l'habitude, le pauvre petit. Niel, il a les yeux grands, grands comme le monde oui, à observer Eluart. Il l'observe, tout attentif au moindre de ses mouvements, attentif à son rire, là, si fracassant, qui lui lacère la peau et démange son âme. Niel, oui, le pauvre Niel, trop petit et trop grand à la fois, il l'observe comme ça, sans avoir mal ou être heureux. Il est peut-être déjà loin, au final, le petit. Tout enfouis, oui, au plus creux de son être, pour ne plus sentir l'écho des coups, contre sa peau, et la caresse macabre des mots, contre son âme. Il ne bouge plus, Niel, les grands yeux vides, attentif à quelque chose qui n'existe peut-être pas, au final. Il observe, juste comme ça, Niel, attendant que quelque chose se passe.

Les larmes, là, doucement, elles s'évadent de ses prunelles. Niel, il ne les contrôle pas. Il ne les sent même pas. Tout bonnement, elles sont là, dansant contre ses traits, s'échouant contre ses joues. Ce qu'elles sont belles, au fond, ces jolies larmes. Elles affichent une valse brisée, une déchéance furtive, alors qu'elles font leur petit numéro, un instant, alors que l'homme, là, celui au rire brisé, est toujours là. Elles quittent le navire, au travers d'une dernière danse, pour ne pas souffrir, pour ne pas voir, pour ne plus voir la suite, et surtout, la souffrance du pauvre petit Niel. Niel sourit toujours, pourtant; il sourit comme un grand, oui, d'un air bien absent. Il sourit comme un grand con, sans façons, brisé et déglingué, abandonné par la société. Il n'y a pas personne, non, personne tout autour, pour voir. Pour voir les larmes, et puis cette océan, ce lac immense qui prend place, là, sous leurs pas. Il n'y a que des aveugles, tout autour, que des cons, trop cons, et des piétons.

Pauvre petit à l'agonie, perdu au travers de l'oubli. Il perd son souffle, avec la mort du rire, et ferme les yeux, forts, quand les mots frappent. Il ferme les yeux de toutes ses forces, le pauvre petit Niel. Pauvre con, là, souhaitant d'être épargné alors que, au fond, toujours il se trouve accroché. Que veux-tu, Niel ? Que souhaites-tu réellement ? Ouvre les yeux ; ouvre les yeux, que l'on voit ce que tu désires. Les coups, là, contre ton épiderme trop imberbe, trop blême. Montre-nous la haine, montre-nous la bête. « Pourquoi ? » Il chouine, Niel, tout bas. Il s'éloigne un peu, et pourtant, encore, toujours, ses doigts sont serrés, contre les bras. Il ne s'en va pas. Il n'est pas prêt pour ça. Il ne se détache pas, Niel. Le lâcher, il en viendrait à tomber, et puis à casser. Il est figé, abandonné. Délaissé; pauvre pantin, il ne cherche qu'un bon joueur, pour manier sa vie. Niel, il se brise, au creux de ses bras. Niel, il n'existe plus, contre le sol. « Pourquoi j'partirais ? » Niel, il a les yeux grands ouverts, brusquement. Il est calme, trop calme, absent, inconscient. Il sourit toujours, comme un con. Il sourit, un peu légèrement, a s'en glacer le sang. Niel est bien.

Niel est bien, toujours bien, contre le mal. Niel, il ne le voit pas, le mal.
C'est certainement pour cela, oui, que ses yeux se font grands, beaucoup trop grands, lorsque les doigts d'Eluart épousent son cou. Les doigts du roux tremblent, là, contre la peau de Niel, et il a les yeux grand, et emplis de peur, et de malheur, à l'observer. Il ne tente aucun mouvement, malgré le fait qu'il est bien plus grand. Il n'en a pas le temps. Il n'y a plus de temps. Qu'eux, là, perdus au milieu des malheurs, de la peur. Niel tremble, sans mouvement, trop mort pour être capable de quoique ce soit. Il ne comprend pas, et au fond, il ne cherche même pas à comprendre. Ça lui va. Il lui semble, brusquement, comprendre. Il comprend, oui, pourtant on voudrait serrer fort, bien fort. Il comprend, Niel, qu'il n'est pas beau, et doux. Niel comprend, oui, il comprend tout cela, et c'est certainement pour ça, juste pour ça oui, qu'il se contente de rester comme ça, sans le moindre mouvement, attendant sagement. Il attend la mort, sans le moindre mouvement. Il attend qu'on l'enfonce dans les profondeurs, loin, et que les cris cessent, que les images s'arrêtent, au fond de ses pensées. Niel sourit, un peu, tout bas, pâlement, et il ne bouge pas. Il attend de passer le pas. « Pourquoi je partirais ? » Il secoue la tête, le pauvre petit, pour l'empêcher de le faire. Non non non, qu'il lui dit, là, de la tête. Non non non, reste, et fais le. Éteins la lumière, et puis mange les démons. Efface le bonheur, si le malheur peut s'évader, par la même occasion. Ce n'est qu'un peu de silence, oui, au final, qu'il demande, le pauvre petit. Qu'un peu de silence, pour pouvoir passer la nuit.

Alors, oui, il ne bouge pas. Alors, oui, il attend sagement, trop surement, la mort qui viendra. Il ne détache pas ses doigts de ses bras, et il ne l'éloigne pas. Il l'observe dans les yeux, oui, surement pour la première fois. Il lui sourit, un peu, tout bas. « ça va » qu'il murmure tout bas, presque tendrement. Il sourit un peu plus, même, peut-être la pression des doigts, et puis la vie qui s'en va. « ça va » qu'il susurre encore, les yeux vers le ciel, cette fois, et le sourire plus grand, plus tremblant aussi, sur les lèvres. Il ne pense pas, non, aux sangs qui glissent de son nez, et puis à Oze qui l'attend peut-être, et à Aristée qui s'est un peu éloigné. Non, Niel ne pense pas, à tout ça. Il se contente de sourire, et puis de chercher un peu de soleil, là, tout en haut, au travers de la noirceur. Il ne pleure plus, non, cette fois, le lac est vide, et puis le coeur se meurt. Niel sourit, toujours. Tout va bien.

Les doigts se font plus forts, plus vifs, contre sa gorge. Il étouffe un peu, toujours, trop peu, mais qu'importe au final ? Niel sourit, toujours. Il sourit dans le vide, pour les anges qui flottent, tout en haut.
Il sourit, là, à la mort.

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