Qu’il est calme ce bruit distant au loin, cette chamade divine qui anime la berge. Et le roulement de l’eau contre les falaises, les crissements des vagues qui détruisent la pierre pour enchaîner un ballet surnaturel. Et tu te tiens assises par terre, toi, souffle du vent contre ces deux pierres tombales. L’air frais marin s’entremêle contre ta silhouette noircie par le ciel sombre, ton sourire s’efface contre des larmes lentement déversées au creux d’un murmure. Ce n’est plus que le murmure du vent mais le tient, pale et plaintif qui s’unit désormais au spectacle. Ta main parcoure doucement l’objet, avec cet accent précieux au bout du doigt, ce côté éternel qui chavire les cœurs, et tu déposes la fleur de lys contre le sol, un baiser dans l’air effaçant tes peines. Bien sûr que non, tout ça n’est pas inutile et tu le sais au fond, tu aimes bien toi traîner parmi les morts,  te balader dans le lieu où tu résideras peut être plus tard. Certains disent que tu n’es attirée que par ça et qu’un jour on entendra ta mort dans les journaux, on parlera de toi comme de la fille suicidaire qui n’a pas supporter la mort brutale de ces deux parents. Et bien sûr qu’il y a une part de vrai dans tout ça, mais pas seulement, tu y trouves du réconfort dans ce cimetière, tu reconnais l’éternité dans toutes ces pierres, comme si pour toi il y avait bien un autre monde. Alors tu souris doucement, le crépuscule annonçant la tomber du soleil vers l’astre lunaire, tu prends quelques secondes pour regarder le ciel danser de couleurs, et tu t’assoies là, au creux d’une pierre sur ce bord de falaise. Un jour peut être que toi aussi tu verras ce paysage d’un autre côté, tu penses bien. Tu tentes de t’imaginer ce que cela ferais de ne plus sentir la fatigue qui t’empare alors, ni même le chagrin, mais seulement d’exister tel qu’un être éternel sur une falaise aussi belle. Alors tu te prêtes au jeu, tu fermes doucement les yeux, et tu écoutes la berge ainsi que les vagues, tu écoutes le ciel et ses rouages, te demandant si tout ça n’est pas qu’un rêve au final.

Peut-être que tu devrais te retourner,tu verrais surement là quelques fantômes résidés, jouer de leur charme et voyager dans ce temple de beauté. Peut-être que tu les verrais si tu ouvrais un peu plus tes jolies yeux, comme tout le reste du monde d’ailleurs. Et cet après-midi le temps n’est plus vraiment aux larmes tu le sais, combien de temps est passé depuis que la mort ta laisser seule hum ? Tu gardes pourtant les yeux fermés, tu espères qu’un jour tu le verras ce jolie côté du monde, qu’un jour tu les verras ces fantômes qui dansent dans la froideur de la nuit, que leur main te caresseront peut être et te feront tourner un peu plus contre ce vent assassin. Tu entends quelques pas, peut-être qu’ils sont définitivement bien là, à te tourmenter encore un peu, te persuader que ce monde existe réellement, tu pourrais presque entendre leur voix te crier de venir avec eux. Viens Lexy, viens…Mais toi tu ne veux pas, alors tu fais non de la tête, tu serres les poings, t’obligeant à ferme tes yeux, t’obligeant à rester dans ce monde que tu n‘aimes définitivement pas. << Laissez-moi tranquille ! >> ta voix brisé déchire le silence et le vent, tu n’aimes pas quand ils se jouent comme ça de toi. Il se pourrait que tu sois malade, folle qui sait ? Mais tu ne veux pas vraiment le savoir, c’est si bon parfois d’être différent. Alors ta main serre la pierre froide, tes yeux s’ouvrent sur le ciel orange, tu souris un instant, persuadé que tout ça n’était qu’un rêve, que les fantômes ne viendront plus te voir.

« Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance !   » ► BAUDELAIRE