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 sous la plaie. (niel)

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Oze Cyganik
Oze Cyganik

sous la plaie. (niel) Tumblr_mphd8hCd041s1trpto1_r3_500
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♒ âge: vingt trois ans.
♒ profession : légume.
♒ le choix du coeur: niel.


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MessageSujet: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeDim 27 Oct - 16:49

Elle se fait longue, l'absence de Niel. Pour ne pas dire interminable. Je ne compte les plus, les jours, depuis notre dernier moment passé ensemble. Je ne les compte plus parce qu'il s'est volatilisé en pleine nature et puis, oublier c'est plus facile. Son fantôme hante les murs de mon appartement ridicule. Certaines de ses lettres nagent encore au sol, elles se sont perdues dans mes tourments. J'ai le cœur remplit de larmes. Le cerveau bouffé d'interrogations. C'est peut-être mieux, au fond, qu'il se soit fait la malle entre deux baisers. J'ai toujours eu le don de toujours tout compliquer de toute façon. Ça devait être trop, beaucoup trop pour lui. Je m'entends une nouvelle fois lui demander de m'accompagner jusqu'à la fin, jusqu'au dernier souffle. J'ai certainement trop voulu de lui, tout de suite, lui, mon ultime espoir. Niel, cette faible lumière, que l'on capte à peine dans l'obscurité totale. J'ai pourtant su la capturer, là, de mes doigts crasseux. De mon âme détruite. Je l'ai éteinte, à trop vouloir la posséder entre mes paumes. Mes baisers n'étaient pas aussi bons qu'ils le disaient. Mes lèvres sentent trop la mort pour y faire naître un semblant de vie. J'ai menti à Niel, en lui avouant mon amour.
Les cadavres, et bien, ils ne sont pas fait pour tout ça.
Sauf peut-être les plus idiots, les plus égoïstes.
Egoïstes, oui.

J'ai laissé les jours défiler, sans trouver bon d'aller le retrouver. De toute façon, je n'avais même pas la force de marcher. Allongé sur le lit d'hôpital, encore, l'infirmière pénètre dans cette pièce trop grande et vide pour moi. Même les murs ici agonisent. Son sourire pourrait être un beau contraste avec les lieux si il ne cherchait pas à dissimuler la vérité. Elle s'approche, des petits pas de danse, des petits pas qui claquent sur le carrelage froid. Sa main à la peau douce rejoint la mienne. Ce n'est même pas un geste de douceur, la brune prend seulement la tension. Et pendant ce temps, pour combler le silence, je peux l'entendre faire la conversation. Commencer par ce que je voulais oublier.
C'est votre anniversaire, vous devriez sortir.
Sortir et aller où ? Sortir, pour faire quoi ? Mourir un peu plus loin, peut-être, ça lui ferait de la gerbe à nettoyer en moins. Oui, bien sûr, c'est évident. Mais je le fais, je quitte l'hôpital, parce que c'est certainement mon dernier anniversaire.

La dernière année de mon existence. Je ne saurais jamais quel goût auront mes vingt-cinq ans.
Tu parles d'une fête.

Le vent frais m'enveloppe dans sa bulle. L'espace d'un instant, j'ai l'impression que mes membres vont me lâcher. Les jours passent et la faiblesse ne cesse de se faire plus présente. Elle m'emporte doucement vers le bas, commence même à creuser ma tombe. C'est la fin, je la sens venir, elle se fait plus douloureuse. Dans mes énergies restreintes je parviens tout de même à traîner mon cadavre jusqu'à la porte de Niel. Cette porte que j'ai franchis si peu de fois que je ne sais même pas le son qu'elle fait lorsqu'elle s'ouvre. Je ne connais plus sa façon de résonner quand mon poing, fébrile, y dépose quelques coups. L'hésitation s'insinue dans mon être. Je regarde derrière moi, pense à quitter les lieux et retourner à l'hôpital. C'est ridicule, après tout. S'il ne veut plus me voir, il ne veut plus me voir. J'ai du faire quelque chose de mal, un faux pas, une maladresse inconsciente. Mes yeux se baissent, fixent mes pieds. J'ai déjà les lèvres qui tremblent, là, cachées sous ma veste trop grande et pas encore assez chaude. J'ai plus le temps, d'attendre, j'ai plus le temps pour rien. Même pour respirer, je me surprends parfois à me dépêcher, comme pendant un marathon. Plus vite, toujours plus vite. Mais c'est pas ce qui me donnera la vie éternelle. Encore moins la vie plus longue. Ce doit être déjà marqué quelque part, la mort d'oze. Sur une roche ou dans les étoiles, faudrait que je les regarde, parfois.
C'est encore une question de temps.

Et enfin, idiot, je toque. Un peu plus fort, de peur qu'il n'entende pas. Peut-être même est-ce un appartement vide, de l'autre côté de la porte. Ce doit être pour ça que je m'oblige à parler, comme un gamin qui s'excuse, comme un chien qui supplie. « Niel, c'est Oze … Ouvre. » Ou laisse moi dépérir ici, c'est pas comme si j'avais la force de le défoncer, ton putain de bouclier en porte.
J'suis déjà assez cabossé comme ça.
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Niel Ambrose
Niel Ambrose

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♒ le choix du coeur: le magicien d'oze.


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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeMer 30 Oct - 14:01


C'est là, juste là, putain, au creux de son coeur d'enfant. Une douleur qu'il ne contrôle pas, une peine qui ne veut pas s'effacer. La rivière elle ne s'assèche pas, et Niel, il a beau boire, boire, jusqu'à en oublier tout ce qui peut bien exister, il n'y a rien, non, qui disparaît. C'est là, juste là, gravé à sa vie, à sa peau, à ses pensées, putain, qui ne cesse de se répéter. Il pleure, le petit, pour évacuer l'alcool qu'il a bu, parce qu'il n'a pas la force, non, de se rendre aux toilettes. Il reste là, dans le noir, le soir, à boire. Il noie son âme pour oublier les souvenirs trop lourds, les souvenirs d'Aristée, là, qui crie, qui pleure, qui ne veut plus rien savoir. D'Aristée qui ne vient plus, non, à la maison. Depuis des jours, quelques semaines, même. Niel, il tremble, sous leur couverture, là, assis sur le lit, sous la grande fenêtre. Il écoute le ciel qui pleure, tremble sous l'orage, parce qu'il est trop brusque, trop fort. Comme les cris de son ami, oui. Il ne sait plus, Niel, combien de jour ce sont passés ; il ne sait plus, non, à quelle vitesse le monde peut bien défiler. Il ne bouge pas, pourtant ; l'espoir vibre au creux de son coeur et, assis dans les draps, la bouteille pendue au bout des doigts, il observe de ses grands yeux la porte. Il attend, sans mouvement, le retour de son ami. Il y a peur dans son âme, quand il s'enferme quelques secondes dans les toilettes, qu'Aristée soit passé en éclair et qui n'ait pu le voir. Il a peur, Niel, si peur, oui, de le manquer, alors il ne sort pas, non, de sa tanière. Il attend, comme un grand garçon, que son ami revienne à la maison. Il ne bouge pas, sage, docile, attend l'écho de ses bras, au creux des siens.

Tapis dans le noir, Niel, il attend.
Il attend son ami qui est parti avec le vent.

Le grand qui se veut petit, il n'appelle pas Oze, pendant tout ce temps. Peut-être car son téléphone est brisé, ou alors parce qu'il a cette impression, au creux de ses entrailles, que s'il ose lui parler, le voir, Aristée ne reviendra pas. Il a mal, encore plus, oui, au fond de son coeur, mais il veut Aristée, dans sa vie. Son premier ami, son premier amour, son premier baiser avec la conscience légère. Il se sent un peu vide, oui, dans son ami, le sourire sur ses lèvres, la douleur à son âme. Il se sent mort, oui, avec Oze qui n'est pas là, avec le bleu de ses yeux, puissants, qui gorge son être. Il pleure, souvent, trop peut-être, pour évacuer l'alcool, pour soulager sa peine. Il pleure, parce qu'il est triste, blessé, un peu pitoyable, certainement. Il pleure plus qu'il n'a jamais pleuré, certainement, car son coeur ne sait plus contrôler la douleur. Pas celle là, en tous cas  ; elle est trop lourde, trop dense, pour ses maigres épaules. Il ne la connait pas, cette douleur, et elle lui semble plus noire, plus mortelle que les autres ; le coeur qui se brise, doucement, et l'écho de ses battements, à l'intérieur, à cause du vide, là, qu'à laisser une personne, en sortant brusquement.

Niel, il semble presque mort, là. Il y a cette odeur, dans l'appartement ;les mégots de cigarette, là, dans le cendrier bien trop plein, qui le narguent, les bouteilles d'alcool abandonnées sur le canapé, un peu de liquide renversée. Et la sueur de son âme, de son coeur et de ses pleurs, là, qui se mêlent à tout cela. Il lui semble que c'est l'odeur de son âme, puanteur macabre, qui s'est glissé au travers des murs. Nuage de fumée permanent, dans l'appartement, dans le studio, là, au dessus des commerces, il tousse souvent, un peu beaucoup parfois, mais n'ouvre aucune fenêtre ; il ne se permet pas, non, de respirer le grand air. Il ne le mérite pas. Il garde, oui, les portes et fenêtres closes, pour entendre toujours, sans fin, l'écho des cris d'Aristée. Il en rêve trop souvent, la nuit, si bien que les jolies rêves, en compagnie d'Oze, ils se sont effacés. Il pleure un peu plus, Niel, à cause de cela. Toujours un peu plus fort, oui, comme il se doit.

Ça fait une jolie mélodie, pour les rats.

Aujourd'hui, il fait beau ; Niel ne le voit pas, car les rideaux sont tirés, le monde lui est fermé, mais il y a la caresse légère du soleil, là, dans les cracs, qui fait écho de lumière, sur le sol. De ses pas légers, un peu cassés, de son corps tanguant, il fait son possible, pour les éviter. La lumière, il ne peut y toucher ; y toucher, le monde deviendrait ténèbres. Peut-être est-ce mensonge, mais toute au moins, il a l'impression d'y croire, à cette idée. Alors, il prend une vie, presque entière, pour faire ses pas tremblants. Il danse contre la Mort, là, qui épouse son corps, qui le nargue d'une douleur nouvelle, celle qu'il ne connaissait pas ; d'une douleur trop lourde, trop vile, pour son ami d'enfant. Lui qui voulait connaitre l'amour, le voilà soudain fracassé par le revers de la médaille. Il tremble, Niel, pour le moindre pas ; il n'y parvient pas, non, avec toute l'alcool, à garder le cap. Il ne parvient plus à rien. Il n'est plus Saint. Et pourtant, pourtant ; il y a lumière, qui cogne à la porte. C'est comme si son coeur, brusquement, il battait de nouveau. Des battements un peu cassés, un peu trop forts, qui lui donnent envie de pleurer. Niel, il se fige, là, enroulé dans son drap, la bouteille à la main, pris ente deux ficelles de lumière, sur le plancher de bois. Son coeur, il bat vite, si vite, oui, qu'il a l'impression qu'il va le vomir. Et puis, et puis ; « Niel, c'est Oze … Ouvre. » Et puis les larmes dégoulinent, là, tendres silencieuse, sur ses joues d'enfants. Niel, il pleure sagement, le coeur bonheur, d'encore cette voix. Cette voix qui s'était tue, là, sous la douleur, sous les cris trop forts d'Aristée. Il ne bouge pas, le petit, et pleure, fort, silencieux. « O-Oze ? » Il couine son nom, le sanglote. Les pleurs commencent à se faire entendre, et la bouteille, oubliée entre ses doigts, se fracasse brusquement contre le sol, crée des éclats de verre, partout autour. « Oze, c'est toi ? t'es là ? » C'est un petit cri, oui, du coeur. Niel, il ne voit plus, non, au sol, les bouts de petites morts. Il est nu pieds, pourtant. Nu de l'âme, dénudé de bouclier. Et il avance, pourtant ; il avance, là, ignore la douleur, sous ses bras, pour aller ouvrir la porte. Et il l'ouvre, cette foutue porte, après une certaine bataille, certes, pour en défaire le verrou, mais il l'ouvre. Et le voilà, là, les pieds en sang, le coeur douleur, bonheur aussi, en face d'Oze.

Il pue l'alcool, la cigarette et la sueur, Niel. Il n'est pas beau, Niel, avec ses cernes, ses larmes et puis ses cheveux défaits. Il est laid, Niel, avec toute cette douleur, inconnue, qui a presque bouffée son âme. Alors, alors, il pleure un petit peu plus, oui.
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Oze Cyganik
Oze Cyganik

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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeJeu 7 Nov - 13:36

Elle s'éclate au sol, la bouteille, elle s'éclate comme des sanglots. J'ai l'impression d'entendre les larmes de Niel devenir morceaux de verres. Ma main tape un peu plus fort contre la porte, peut-être trop : c'en est douloureux. « NIEL ! » J'ai la voix qui s'agite, mon cœur aussi. J'ai l'air d'un fou, là, contre ce morceau de bois qui m'empêche de le rejoindre et l'aimer comme je le désire. Je retiens toute une série de larmes, bloquées tout au fond de mes yeux. Elles veulent se faire la malle, emmerder la vie, défoncer la honte et s'étendre sur mes joues sans préavis. Sauf qu'encore une fois, y a une putain de force qui les empêche de vivre et mourir comme elles le désirent. La rage, certainement, qui ne se meurt jamais réellement. Il y a toujours une lueur d'elle quelque part en moi. Je commence même à me faire à l'idée que Niel ne m'ouvrira pas. Elle est difficile, la réalité, à accepter. Mon regard se pose en direction du couloir, déjà trop sombre pour mon âme esseulée. J'ai la gorge trop nouée pour parvenir à parler clairement. J'ai des tas de mots qui se coincent contre mes lèvres. Un embouteillage de sentiments et de peurs. Il peut pas me laisser là, Niel, non, il peut pas m'abandonner si connement, sans un mot, sans un regard.
Il peut pas, me laisser comme ça. On a encore des choses à se dire, c'est pas possible. C'est trop lourd. C'est trop con.
De toute façon, j'ai les pieds plantés devant sa porte, une sorte de cordon ombilical qui me relie à lui, ce tueur.

« Oze, c'est toi ? t'es là ? »
Lueur d'espoir, soudaine. Ses sanglots résonnent dans l'air, m'emportent ailleurs, au fond du puits peut-être. J'arrive même plus à respirer, même plus à savoir quoi faire. Reculer et essayer de défoncer la porte, peut-être. Appeler les secours. Non, ils viendraient pas. Ils m'empêcheraient de lui parler correctement, aussi. Alors, doucement, j'attends, j'attends comme un con, en espérant qu'il me laisse entrer chez lui. J'ai l'air d'un pauvre gars capable de n'importe quoi pour récupérer sa bien aimée après l'avoir frappé. L'espace d'un instant, je le déteste presque de me faire endurer ça. Et je me déteste encore plus de m'accrocher à lui. Niel a autre chose à faire, oui, certainement. Mais mes pieds, ils sont incapables de bouger. J'ai du plomb dans les jambes, aussi. Une minute de plus et je m'écroule sur son tapis de bienvenue inutile. Une minute et je m'écrase lamentablement sur les débris de notre amour détruit. Les premières secondes, lorsque la porte s'ouvre, j'ai l'impression d'halluciner. Je bas des cils, un peu plus vite, perdu. Les larmes ont disparu au plus profond de mon être. Je le regarde, impuissant, comme un idiot face à un fantôme. Ma main, plus courageuse, se tend vers lui et le caresse d'une triste tendresse. Sa joue est bien là, sous mes doigts glacés. Mes espoirs ne me jouent pas des tours : Niel pleure, les pieds en sang. L'odeur de l'alcool est si forte qu'elle me prend à la gorge. J'ai toujours détesté ce parfum, encore plus son goût. « Mais … qu'est-ce que t'as fait ? » La question quitte mes lèvres, elle se perd dans l'air sans autorisation, un peu cruelle, vestige de mes peurs passées. Il est là, larmoyant, triste, au bord du gouffre. J'ai envie de l'aider, à fuir ce moment de désespoir profond. Mais c'est difficile quand on est soi-même l'incarnation de la détresse. Mes yeux descendent une nouvelle fois jusqu'à ses pieds, mes lèvres se mettent à trembler. Ou mon être tout entier.
Qu'importe.

Ma veste trop lourde se retrouve abandonnée au sol lorsque la porte claque derrière nous. Mes bras, désespérément faibles, l'encerclent doucement. Mes gestes sont doux, comme si je venais à manipuler une pierre précieuse. C'est ce qu'il est, au fond, Niel : précieux et effroyablement fragile. « Viens … viens, j'vais te nettoyer ça. » Je me retiens, sur le moment, de lui demander ce qu'il se passe. Ce qui ne va pas. J'ai pas envie de le rendre encore plus larmoyant. J'me sens déjà assez coupable comme ça. J'ai un couteau dans le cœur, une conscience aussi lourde qu'une pierre à la mer. Elle tombe en moi, et m'empêche de marcher correctement. L'un de mes bras passe sous le sien et se perd dans son dos. Je tente d'être une bouée de sauvetage à laquelle il peut s'accrocher. Le chemin jusqu'à la salle de bains semble interminable. Sans fin. Les traces de sang au sol me font souffrir au simple fait de les voir. J'ai l'impression de me vider en même temps que lui. De mourir à petit feu dans son regard brillant. Ma main libre ouvre l'eau à bonne température. Dans la foulée, je peux sentir le corps de Niel se dérober sous ma prise trop faible. « [color=indianred]J'suis désolé Niel.[/ocolor] » Mon autre bras se précipite sur lui, tente de le retenir contre moi. La rage s'extériorise dans un sanglot incontrôlé. Mon désolé ne résonne pas dans l'air pour mon manque de force, non, il résonne au nom de tout ce que j'ai pu lui faire. Au nom de cet amour que j'ai pu lui avouer. De cette mort qui pèse sur nos épaules. À l'absence qui se fera interminable une fois mes yeux fermés. Oui, Niel, je suis désolé de t'apporter autant de douleur.
Désolé de tout.
Même d'exister.

Toujours collé à lui, de mes bras qui l'encerclent, mon regard plonge dans le sien, aussi mouillé et ridicule. On se croirait dans un film où tout le monde finit par mourir à la fin. Où tout le monde souffre au moins une fois pendant sa durée. Le genre de scène trop émouvante pour ne pas laisser couler les larmes sur les joues des spectateurs. « Enlève tes vêtements. T'es tout sale. Je … j'vais voir si je peux enlever les morceaux de verre. » Puis l'eau aussi, elle dissipera un peu la brume dans son cerveau. La brume que fait l'alcool, qui dévore son âme. Ma voix n'est plus qu'un soupir mélancolique, à peine audible. J'ai quand même le cœur encore capable de battre pour lui, d'un amour sincère. D'un amour qui semble vouloir se suicider pour disparaître, enfin.
Mais quelque chose le retient encore à la vie.
Les yeux de Niel, peut-être.
Ou juste ma faiblesse à faire rire n'importe qui.
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Niel Ambrose
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeMar 12 Nov - 14:16


Il est là, Niel. Juste là, planté sans mouvement, un peu abanbonné un travers du courant. Niel, c'est un petit enfant, là, jouant sur le pont, perdu sur une roche, longtemps, au milieu de la rivière mouvementée. Et puis brusquement, littéralement, il a été happé. Il n'a pas pu s'en échapper. Alors Niel, le petit niel trop grand, celui qui ne sait pas nager, et bien, il se laisse emporter. Par le courant, par la marée, par tout ce qui se glisse contre sa peau. Il ouvre la bouche, grand, parfois, pour avaler quelques bouchées, se saouler de tout ce qui l'entoure, et puis se noyer, un peu. Mais il ne pleure pas ; c'est la rivière qui s'effrite un peu, souvent, sur ses joues d'enfant. Et Niel, il sourit, là, le regard absent, innocent. Niel, c'est le naufragé qui ne prend pas la peine de lutter, celui qui préfère encore sombrer que luter, car il ne sait pas, non, ce que c'est, que luter. Il n'en voit pas la raison ou les raisons, même, il ne voit rien, sauf les profondeurs de plus en plus calme, et puis son coeur qui bat doucement. La vie le fait palpiter trop fort ; ça fait mal, si mal, dans son petit corps trop long. Il lui semble que plus le temps passe et plus il allonge, comme si la vie, elle voulait qu'on le voit. Comme si la vie, elle ne voulait pas le laisser couler. Même à toucher le fond, il n'a qu'à lever les yeux, pour voir la fin de la mer. Niel, il n'est jamais trop profond, dans les ténèbres, toujours trop loin dans l'un, si près de l'autre. Toujours.

Et puis, il y a Oze. Oze, c'est comme le plus grand courant marin du monde ; même si on veut ne pas le voir, ne pas le croiser, il est là. Et Niel, perdu au milieu de la mer, perdu dans la noirceur de l'eau, il a été capté par le courant Oze. Un moment, il a fermé les yeux, fort, pour ne plus croiser les rayons brutaux du soleil Aristée, si bien qu'il en a oublié qu'il était dans le courant. Et Niel, il a pleuré. Il a pleuré fort. Mais le courant, il est toujours là. Il est toujours là, tout autour et en dedans. Toujours là, à l'étreindre de ses bras tremblants. De ses doigts usés par le temps, là, qui se pose contre sa joue d'enfant. Niel ouvre un peu les yeux, et puis voit, autour, au travers des larmes, de la mer, Oze et ses yeux bleus. Ses yeux azurs, perdure, perdue oui, dans l'inquiétude. Niel a l'impression de suffoquer, de pleurer. C'est peut-être bien la réalité. « Mais … qu'est-ce que t'as fait ? » Au milieu des eaux, au dessus du sang, là, qui s'écoule de ses pieds, Niel grimace de terreur, de douleur. Niel pleure, un peu plus fort, un peu silencieux. Il voit, brusquement, Oze qui est là. Oze qu'il a oublié, à boire, à fumer, juste parce qu'il était attristé. Niel, il ne parle pas;  il a la gorge serrée par l'alcool et puis les mots légers. Il n'a pas envie, non, de dire de mauvaises choses. De trop parler, et puis de le vexer. Niel, il ne sait pas se contrôler. Il n'a plus peur, non, avec quelques gouttes d'alcool dans les veines. Il est bête, soudain, comme le reste de la société. Mais il reste Niel, le petit pot de miel, là, tremblant, larmoyant, attendrissant, qui pleure de voir son amour enfin. Son amour qui apporte son coeur, dans ses doigts.

Niel, il le sent battre, enfin, dans sa poitrine. Tout petit et tout doucement, une petite mélodie d'un autre temps, pour son beau soupirant.

Premier souffle de vie, là, entre ses lèvres, quand Oze l'encerclent de ses bras. Il est si petit, là, à le serrer contre lui, mais Niel sourit. Il sourit, car malgré les bras faibles, le petit corps, là, et sa tête, dans son cou, Oze le serre dans ses bras. Oze est là, juste là, pour lui. Niel, il a envie de le serrer en retour, fort, mais il ne l'est pas, justement, fort. Il a envie de passer ses doigts dans ses cheveux, de lui dire des mots doux, de baiser sa tête, doucement, mais il est incapable de tout mouvement. Le temps, il s'est figé, dans son coeur. Le monde, doucement, commence à reprendre vie, autour de lui, en lui. Il sort de son monde, lentement, pour aller dans celui d'Oze. Le leur. « Viens … viens, j'vais te nettoyer ça. » Il hoche de la tête, Niel, si sage, si doux, malgré les larmes qui lui embrouillent la vie. Il marche, là, si près d'Oze, malgré le verre, la vitre, sous ses petits pieds, et la douleur qui fait écho à même son âme. Il sourit, même, ou du moins tente quelque chose de semblable, en avançant, car il est heureux.

Son coeur, il bat, dans sa petite poitrine. Il bat, bon sang.

Les carrelages sont blancs, dans la salle de bain. C'est presque joli, avec tout ce sang. Presque beau, oui, comme dans les romans, comme dans les poèmes pour les grands. Alors Niel, il baisse les yeux, un peu, et puis il fixe les traces, alors qu'Oze ouvre l'eau. Il observe attentivement, là, tangue un peu, mais reste pourtant agrippé, fermement. « J'suis désolé Niel. » Niel cligne des yeux, en chutant un peu, attrapé plutôt, et puis a le coeur qui se serre, face au sanglot. Au sanglot de son amour, de son Oze, là, qui saigne des yeux, du sang sans couleur. Niel, il ne comprend pas, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il pleure, mais il se serre contre lui. Il bouge de lui-même, enfin, pour une fois. Il l'observe attentivement, là, perdu dans ses bras. Oze, il est beau, avec les larmes aux yeux, mais Niel, il n'aime pas ça. Ce n'est pas une beauté qu'il pourrait admirer des heures durant. Pas comme ça, tout au moins. Niel penche un peu la tête, a envie de lui dire je t'aime, avec ses lèvres, mais se contente de le faire avec ses yeux mouillés. Oze ne voit pas, pourtant. « Enlève tes vêtements. T'es tout sale. Je … j'vais voir si je peux enlever les morceaux de verre. » Niel, il l'observe attentivement, un petit moment sans mouvement, même. Il sourit, un peu, au travers des larmes et du sang, et puis il tend les doigts. Il tend les doigts, à son tour, pour la première fois. Il touche, là, la joue rugueuse d'Oze, armée de quelques poils. Un sanglot le prend. « t'es là. » Qu'il dit, comme ça, tout bas. Oze est là. Il est là, avec sa barbe, sa belle barbe de quelques jours. Niel sanglote un peu, et pourtant, il sourit. « t'es beau. beau, si beau. oh, oze,  » Il passe ses bras autour de lui, courbe un peu son dos, pour poser ses lèvres contre les siennes. Il est beau, si beau, son Oze. « je t'aime. je t'aime. je - je suis désolé. j'étais - je suis idiot, je voulais pas t'oublier. j'ai bu et puis j'ai été triste et je - j'ai oublié que je pouvais pleurer dans tes bras, aussi. que tu pouvais boire mes larmes, et les effacer, aussi. » Il sourit, un peu, ses doigts contre sa joue, et puis y presse la sienne, là, tout contre. Il reste là, joue contre joue, un moment, avant de se souvenir de ses pieds en sang, des mots suppliants. Niel, il s'échoue contre la cuvette, alors, et puis finit par obéir sagement. « ça fait un peu mal, maintenant. » Il lève un de ses pieds, relève sa jambe sur l'autre, pour observer tout en dessous. Et puis grimace, là, en voyant le sang, le verre et la douleur, partout. « je suis saoul, désolé. » Il lève les yeux vers Oze, un peu fragile, un peu alcoolique, un peu lui, au fond. Totalement lui, oui.
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Oze Cyganik
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeMer 27 Nov - 13:31

Elle est folle, cette culpabilité de vivre, cette culpabilité qui ne m'échappe jamais. Elle devient grande, un peu plus à chaque jour qui défile entre mes doigts détruits. J'aimerais monter sur les toits de la ville, un porte voix à la main. J'aimerais hurler et m'excuser à la terre entière d'exister pour finalement me suicider comme j'ai toujours voulu le faire. L'odeur de l'alcool, elle ne fait qu'accentuer un peu plus le désespoir. Je donnerais tellement pour que Niel cesse de boire, pour qu'il vide ses bouteilles dans les toilettes et descende dans les rues, sourire aux lèvres. Mais je sais, au fond, que ça n'arrivera pas. Ou alors, je ne le verrais certainement jamais, du bas de mon cercueil un peu moisi. Après mon absence, j'ai l'impression d'être encore plus responsable de tout ce qu'il peut nous arriver. Comme je me sens responsable toujours de tout. Je suis une raclure, de toute façon, une raclure qui fait souffrir les hommes qu'il aime. Mes larmes coulent sur mes joues mais ne valent rien, j'ai du les voler à quelqu'un. J'ferais mieux de les rendre que les utiliser à tord. Les doigts de Niel sont si doux contre ma barbe. Ils font naître un contraste trop important, trop puissant. J'ai le cœur au bord de l'explosion, il doit détenir une bombe. Une secousse et j'implose. Elle est presque malsaine, cette adoration à l'autodestruction. « t'es là. » Je lui souris, faiblement, même si l'envie n'y est pas. J'ai pas de mérite à être ici, avec lui, c'est normal. Mes cordes vocales se détendent, doucement, les mots peuvent enfin se frayer un chemin. « oui, j'suis là … j'suis là. » Mes doigts se posent contre les siens, resserrent fermement sa fine main pour y déposer un baiser passionné. Elles aussi sentent l'alcool. Tout n'est que mélancolie dans cet appartement trop petit pour contenir la tempête désespérée que nous sommes. J'ai juste envie de le rendre heureux, pourtant, pour le peu de temps qu'il me reste. Mais c'est un échec, un foutu échec cuisant que je porte sur mes phalanges douloureuses. « t'es beau. beau, si beau. oh, oze, » Je remue la tête négativement. Une grimace déforme même mon visage. Rejet total de ses mots. J'accueille tout de même ses lèvres, en profite pour lui glisser une plainte. « Arrête, c'est faux. » Ouais, arrête, j'ai rien de beau, j'ai rien de magnifique. J'suis juste un cadavre, un idiot que l'on regarde mourir avec de la pitié. La mort a rien d'agréable, Niel. Elle fait seulement pitié. Je ferme les yeux, un quart de seconde, refuse de me mettre en tête ses phrases tendres. Je suis hideux. Triste réalité.

« je t'aime. je t'aime. je - je suis désolé. » Il s'excuse, encore, le petit. Il s'excuse de ne pas savoir aimer correctement un cadavre. Mais comment diable peut-on avoir de l'affection pour de l'éphémère ? C'est impossible, impensable. « j'étais - je suis idiot, je voulais pas t'oublier. j'ai bu et puis j'ai été triste et je - j'ai oublié que je pouvais pleurer dans tes bras, aussi. que tu pouvais boire mes larmes, et les effacer, aussi. » L'alcool, encore, toujours. Cette garce qui le grignote et le détruit à petit feu. J'ai envie de lui dire, de le secouer pour qu'il arrête. J'ai envie de crier sur lui puis de lui prouver qu'on a autre chose à faire que se bourrer la gueule. Je voudrais le tenir au courant, de tout, pour lui faire un déclic mais l'idée est égoïste. Niel est assez mal pour savoir que je passe mon temps à vomir mon propre sang. Encore plus mal pour lui dire que la chimio a déjà commencé à faire tomber mes cheveux. Suffirait de passer une main dans mes cheveux pour en enlever une touffe. C'est la fin, mon amour, bientôt je ne serai même plus capable de caresser ta peau pourtant si douce et agréable. Je peux le sentir, à nouveau, le sanglot, naître tout au fond de mon cœur mais cette fois, il ne s'échappera pas. Mes yeux rouges fixent les mouvements de l'alcoolisé, ne peuvent s'empêcher de le trouver écrasant dans cette situation. Oui, Niel me détruit avec ses larmes. Il me détruit autant qu'il me fait du bien. Je donnerais tellement, pour l'emporter avec moi, même après la mort. J'ai si peur, au fond, de me retrouver seul. Sans lui, surtout. Lui, ce cœur tant convoité. « ça fait un peu mal, maintenant. » La grimace se dessine aussi sur mon visage. J'ai l'impression de ressentir la moindre de ces douleurs, c'est presque effrayant comme sensation. Mes doigts, agités, cherchent dans les tiroirs, en vident la moitié jusqu'à attraper de quoi désinfecter les plaies et enlever le surplus de sang. « je suis saoul, désolé. » Soupir, entre mes lèvres tremblantes. Soupir, à le voir si mal. « C'est pas grave. » Il est beau, ce mensonge et presque sincère. Personne ne serait remettre en doute mes mots. Peut-être que j'essaie de m'en convaincre moi-même. Mais j'ai juste envie de chialer, un peu plus et puis de repartir.

« ça risque d'être douloureux, un peu. J'vois pas grand chose, ça saigne trop. » Les cotons ensanglantés tombent au sol tandis que la pince à épiler s'enfonce délicatement dans la chair pour y attraper les intrus. Ils sont si nombreux que l'espace d'un instant, je m'imagine le conduire aux urgences. Et puis ce sang, qui ne cesse de revenir. Ce sang, le même que je ne cesse de vomir. Liquide rouge détestable brûlant chaque parcelle de pureté. « Pourquoi, Niel ? » Ma voix est tremblante et mes yeux restent concentrés sur ses pieds glacés. « Pourquoi t'as plus donné de nouvelles ? Tu peux le dire, tu sais, si tu veux plus de moi. Je peux pas t'en vouloir pour ça. Me fais juste pas espérer, j'ai assez mal comme ça. » Tu parles d'une douleur, c'est bien pire que ça. « Je t'aime tellement que j'en suis arrivé à un point où mourir m'effraie, à nouveau. Tu vois ? Je t'aime, mais je veux pas souffrir pour toi. C'est pas ça l'amour, Niel, non, c'est censé faire du bien. Je sais que t'y connais pas grand chose la dedans, que c'est pas de ta faute. » Je m'en veux de lui parler comme ça, de déballer mon sac de cette façon. Je suis juste effrayé, et la panique, elle déforme pensées et mots. « J'ai juste besoin de savoir, tu comprends ? Si tu m'accompagnes ou pas. »
Besoin de m'autoriser à t'aimer, certainement, pour de bon.
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Niel Ambrose
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeVen 29 Nov - 16:00


Niel, il a mal à ses grands pieds d'enfant. Niel, il tremble un peu, brusquement, les yeux piquants. Le pauvre petit, il a essayé de se noyer au travers des larmes et de l'alcool, et le voilà maintenant poisson, et le voilà maintenant hors de l'eau, incapable de nager, de respirer. La vie lui apparaît de nouveau, comme s'il sortait enfin de sa tanière, ouvrait les yeux, les clignant un peu, longuement, pour bien voir, là, attentivement, tout autour, simplement. Niel, il tremble un peu, petit enfant. Il a les pieds qui font mal, le sang qui coule, des lignes qui dansent, de couleur carmin, là, contre le sol. Ses yeux sont grands, grands et miel, oui, à fixer les traits informes et pourtant jolis qu'il a bien pu tracer, avec ses pieds. Il lui semble, juste là, qu'une marque se trouve à être presque parfaite, l'écho direct de son pied, presque informe, ressemblant à un coeur. Niel, il sourit un peu, la tête penchée, à l'observer. Il essaie d'oublier son coeur qui se lève et qui souhaite s'enfuir de par ses lèvres. Il essaie de ne pas penser à la terre qui danse comme si elle était sous l'emprise de vagues immenses. Niel, il essaie de reprendre pied, de ne pas être un poids, malgré les larmes froides et puis son corps qui tremble. Malgré son coeur un peu craquelé par les événements passés et les mots échangés. Il entend encore, le pauvre petit trop grand, les mots violents, brisés, d'Aristée, dans sa pauvre tête. Il entend encore tout cela, bien malgré lui, pourtant. Et ça fait mal. Ça fait mal, malgré le touché si doux, si léger, d'Oze contre sa peau de bébé abîmé.

Oze, il est toujours là, à ses pieds. Il est toujours là, à trembler et à soupirer. Niel, il a le coeur qui fait un peu plus mal, à le voir comme ça. Il a envie d'enfoncer sa main dans son torse, même si ça fait mal, de retirer la douleur et puis de la mettre dans la cuvette, pour s'en débarrasser et puis poser un baiser sur ses lèvres. Il a envie de dire désolé, encore, de l'embrasser doucement de ses lèvres fruitées. Il sait, Niel, qu'il n'a pas le droit d'être comme ça, de faire mal à Oze comme ça alors qu'il ne va pas bien. Oze, il mérite bien mieux que de s'occuper de pieds troués par des bouts de verre. Il mérite un long baiser comme dans les films et puis un regard plein de tendresse. « C'est pas grave. » Niel, il secoue la tête. Il sait, au fond, que tout cela, ce n'est pas vrai. Il a beau être saoul, un peu timide, un peu tremblant - un peu plein de choses, au fond - , ça ne change rien. C'est grave. Niel, il souffle tout pas, d'un petit soupir tremblant, oui, et puis il tend les doigts, un instant, pour toucher la joue d'Oze. Pour le toucher, et puis contenir ses larmes. Il n'a plus le droit de pleurer, maintenant. Il doit calmer Oze et sécher ses larmes à lui. « ça risque d'être douloureux, un peu. J'vois pas grand chose, ça saigne trop. »Niel, il a envie de dire pardon, mais il y a la pince, fine, qui s'enfonce dans sa chair. Niel, il se contente de serrer les dents, et puis d'endurer la douleur. Niel, il pince ses lèvres et serre ses doigts fins contre le banc de la cuvette, pour ne pas faire le moindre bruit, pendant qu'Oze, il s'occupe de ses pieds blessés. Il a le regard un peu triste, un peu brisé, là, à l'observer, parce qu'il est désolé. Désolé de lui faire endurer ça alors qu'il y a plus grave, plus gros, dans leur vie, présentement. Quelque chose comme la mort qui arrive à grand pas.

Le sang, il coule encore, un peu doucement, un peu trop rapidement, qui sait. C'est peut-être l'alcool mêlée à la douleur qui essaie de filer. Niel, il n'y porte pas tellement attention. Ses grands yeux, ils sont là, fixés sur les traits d'Oze, juste là. Sur Oze qui a les yeux miroirs et puis les doigts tremblants, contre ses pieds. « Pourquoi, Niel ? » Encore une fois, il a cette envie de lui dire désolé, de poser un baiser léger sur ses lèvres et puis de tout effacer. De fermer les yeux, un petit instant, de faire un souhait, et qu'il en vienne à se réaliser. « Pourquoi t'as plus donné de nouvelles ? Tu peux le dire, tu sais, si tu veux plus de moi. Je peux pas t'en vouloir pour ça. Me fais juste pas espérer, j'ai assez mal comme ça. »  Niel, il secoue la tête, là, vivement. Il a les mots, les mots puissants, fort, gorgés d'émotion, qui restent pris, là, au travers de sa maigre gorge. « non non. je t'aime. je t'aime. » Il a la gorge massacrée, lacérée, parce que les mots sont trop vifs, trop grands, trop puissants, mais il s'en fiche, Niel. Il doit lui dire, comme ça, avec la force de son coeur, qu'il l'aime. Il doit lui dire, lui montrer, lui faire sentir. Il l'observe de ses yeux grands, de ses yeux bruns, un peu sales et pourtant clairs. De ses yeux miel. « Je t'aime tellement que j'en suis arrivé à un point où mourir m'effraie, à nouveau. Tu vois ? Je t'aime, mais je veux pas souffrir pour toi. C'est pas ça l'amour, Niel, non, c'est censé faire du bien. Je sais que t'y connais pas grand chose la dedans, que c'est pas de ta faute. » Niel, il se mord les lèvres, en l'écoutant. Il voit ses fautes, ses erreurs, un peu comme les tâches de sang, sur le sol. Il s'est enfermé dans sa bulle d'alcool, dans sa peine un peu trop forte, et il n'a pas pensé au coeur d'Oze. Il n'a pas pensé à ses promesses et il a failli, comme un lâche. Niel, il se laisse glisser sur le sol, pose ses pieds abîmés contre les traces de sang. « J'ai juste besoin de savoir, tu comprends ? Si tu m'accompagnes ou pas. » Niel, il pose ses doigts tremblants contre sa joue, l'observe, le coeur au bord des lèvres. Il l'observe de ses yeux grands où les larmes, cette fois, elles ne dansent pas. « je suis d-désolé. pardon, Oze. pardon. » Il murmure tout bas, la voix abîmée. Il hésite un peu, avant de passer ses bras autour de lui, et puis de le serrer fort, fort, contre son torse trop maigre. Niel, il se dit soudain qu'au final, c'est mieux comme ça. Il n'y a plus Aristée, maintenant. Tout son temps, il peut être pour Oze, maintenant. Tout son temps, oui, jusqu'au dernier battement de son coeur. Et puis la douleur, celle de la perte, celle d'Aristée, il aurait du temps pour la vivre une fois qu'il est parti.

Niel, il lui sourit ; quelque chose de cassé, de tremblant. Un sourire à la Niel. « je suis là, pour toi. j'ai un peu m- mal à la tête, mais dès que ça s-sera parti, je ferais tout, pour toi. » Ça fait un sanglot, dans sa gorge. Un sanglot qui est presque doux. Il le serre un peu plus contre lui. « Je ferais tout, pour toi, Oze. Je t-t'aime. C'est doux - doux comme du miel, dans mon coeur. Comme la b-brise du vent, quand il fait trop c-chaud. » Il sourit, Niel, un peu plus. Il sourit et il le serre dans ses bras, caresse ses traits, un peu. Il lui a manqué, soudainement. Il sent le poids du manque contre sa peau. « Est-ce que je pe-peux passer le reste du temps avec toi ? tou-tout le temps. comme avant. Les visites et -et les nuits, aussi. tout le temps qu- qu'il reste ? » Il l'observe, là, de ses grands yeux. Niel, il voit ses erreurs, aussi vives que le sang, contre le sol. Il voit le temps, le temps qui a filé entre ses doigts sans qu'il n'ait pu faire quoique ce soit. Alors... alors, il ouvre les bras grands, pour capturer les moindres secondes qui puissent bien lui rester.
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Oze Cyganik
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeMar 3 Déc - 16:31

Faudrait que j'arrête de chialer. Faudrait que les larmes se sèchent automatiquement sur mes joues, qu'elles ne naissent jamais. C'est pas moi qui saigne, c'est pas moi dont les pieds sont lacérés. Alors, pourquoi j'suis un légume ? Pourquoi Niel est le plus puissant des deux ? Il a pas la force pour nous soutenir tous les deux, il a à peine de quoi tenir le cap. Je ferme les yeux, continue de toucher ses pieds, cherche les morceaux de verre comme si c'était mon cœur en miettes. C'est presque ça, après tout, en le voyant, mon âme s'est totalement explosée. Un peu comme une ouverture à la lumière ou une connerie qui y ressemble. Quelque chose de puissant qui vous prend aux tripes et vous lâche plus jamais. Et ces débris d'âme, et bien, ils se sont enfoncés dans la chair de Niel jusqu'à le rendre prisonnier. Sa peau est si pâle que je pourrais presque les voir remonter le long de ses veines en transparence et posséder son cœur. Le mien, il tape fort, il tape faux, là, sous ma cage thoracique. Il a mal, encore détruit par l'absence du petit. J'ai beau lui dire que c'est terminé, il s'en remet pas, cet idiot. Il a toujours eu du mal avec l'amour. Babam. Babam. Babam. La fin arrive et les larmes ne s'évaporent pas. La mélancolie me suivra jusqu'à la fin. Je vais être l'un de ces cadavres, mort dans le désespoir. Qui sait, mon fantôme hantera même l'appartement de Niel pendant des années, incapable d'atteindre le paradis. Préférant encore veiller sur son unique amour.
Pathétique cancéreux.

Les je t'aime du petit atteignent mes tympans. Mais j'ai l'impression d'être sourd à ses paroles. Je me suis tellement ancré dans l'optique qu'il ne voulait plus de moi que je panique. Mes doigts tremblent contre ses pieds, je vais finir par le blesser. Il aura encore plus mal, au final. Alors, dévoué, je cesse de fouiller dans son entre pour relever un peu le regard vers lui. Un faible sourire s'incruste sur mes lèvres face à ses traits. Même s'il a cru m'aimer, Niel reste toujours aussi beau. Me voilà déjà en train de nager dans ses pupilles. Y a que là que je parviens à sourire un peu, logé dans ses deux prunelles. La raison peut bien me dire de décrocher, le reste parvient pas à suivre. Non, y a mon cœur qui ne veut pas de ses paroles pleines de réalité. Je me fiche bien, moi, d'être traité de dépendant. Être toxico à Niel. Si c'est pas niais, ça. Mais c'est pas grave parce que comme tout drogué, je retrouve mon bonheur dans chaque dose de drogue que l'on me donne. Et là, doucement, le manque se dissipe. L'aiguille est plantée dans mes veines. Les larmes se calment et la douleur devient invisible. Elle ne fait que dormir, en réalité. Je ne fais que repousser à plus tard l'inévitable séparation. « je suis d-désolé. pardon, Oze. Pardon. » Et ses doigts, ses foutus doigts qui me font fondre au simple touché. Il peut bien sentir l'alcool, je lui ai déjà pardonné, faible d'amour que je suis. Niel pourrait bien être le pire connard et me détruire le cœur que cela ne changerait rien. Je serais capable de lui redemander de la douleur pour le garder à mes côtés, encore un peu.
Un peu ?
Ouais c'est ça, un peu.
Une éternité, plutôt.

Son corps vient comme un baume contre le mien. Mes bras prennent le même chemin, se perdent dans son dos, le caressent doucement. Il est magnifique, ce contact, magnifique par ses sentiments.[/i] « suis là, pour toi. j'ai un peu m- mal à la tête, mais dès que ça s-sera parti, je ferais tout, pour toi. » Rire cassé, larmes plus fortes : je vais finir déshydraté. Niel, il est juste en train de faire de moi un légume. J'en étais déjà un avant mais alors, je dois avoir l'air d'un potager tout entier. Putain, l'émotion me fait penser des conneries, j'ai le cerveau qui se retourne. C'est difficile de retrouver un équilibre. J'ai toujours l'impression de marcher sur un fil, faudrait qu'on pense à mon cœur, à l'adrénaline qui s'insinue contre mes nerfs. Si je ne meurs pas du cancer, ce sera certainement d'une crise cardiaque. « [i]Je ferais tout, pour toi, Oze. Je t-t'aime. C'est doux - doux comme du miel, dans mon coeur. Comme la b-brise du vent, quand il fait trop c-chaud. » Les mots doux reviennent, ils ressemblent à ceux de ses lettres passées, comme si on reprenait soudainement du début. « Est-ce que je pe-peux passer le reste du temps avec toi ? tou-tout le temps. comme avant. Les visites et -et les nuits, aussi. tout le temps qu- qu'il reste ? » Sa présence se dérobe sous mes bras et une nouvelle larme se forme. Je baisse alors les yeux, le temps de trouver un peu de courage, un peu de force. J'essaie de récupérer ma fierté, peut-être, celle qui faisait que j'étais un homme, avant. Celle qui faisait que je ne pleurais pas pour un rien. Sur le sol blanc de la salle de bains, certains de mes cheveux ont pris le temps de tomber encore. La mort me rappelle sans cesse qu'elle n'est jamais bien loin. Cette salope ne me laissera jamais en paix, ça doit la rendre dingue de sentir Niel dans ses pattes, possessive.

Et un silence plus tard, me voilà à revivre doucement.

« Oui, Niel, on reprendra nos moments tous les deux. Au bord de la plage, même, si tu veux. Il fait froid là-bas mais c'est pas grave, c'est toujours mieux que les hôpitaux. » L'une de mes mains se lèvent, caresse sa joue. Il est bien là, l'amour, non, ce n'est pas une hallucination. C'est pour ça que les sanglots se coupent soudainement pour laisser place au sourire. « Je veux marcher avec toi sur la première neige de cet hiver. Je l'attends avec impatience. C'est peut-être la dernière que je verrais. Je veux que ce soit beau. » Pincement au cœur, à la limite du supportable. « J'espère qu'elle tardera pas trop. » Parce que c'est pour elle que je me bats, pour cette fichue neige. J'ai envie de la voir, cette idiote, d'apercevoir les flocons danser dans les pupilles de Niel. Je veux sentir sa morsure glacée contre ma peau. Et ensuite … ensuite, j'pourrais enfin décrocher, cesser de me battre, m'en aller en paix. Dire que je me torture encore pour un simple voile blanc. « Tu devrais aller sous l'eau. Ça te fera du bien, pour ta blessure et pour ta tête. Ensuite on ira nettoyer tes bêtises et ... » Et quoi ? Il va pas rester la vie à sécher mes larmes. J'ose même pas lui offrir un baiser. « Et ce que tu veux. » Oui, ce qu'il veut, ça me paraît bien, ça laisse tout un tas de possibilité. Pleurer Aristée. Regarder un film. Parler de la mer. Manger des gâteaux secs. S'embrasser.
Mais dans tous les cas, s'aimer.
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Niel Ambrose
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeVen 6 Déc - 1:45


Il y a le silence. Ce silence, plus particulièrement. Il est beau, là, comme une caresse, autour d'eau. Comme un drap qui fait maison, pendant un moment. Quelque chose qui les coupe du monde, quelque chose qui l'efface, oui, le monde. Il n'y a plus rien, subitement. Niel, il sent les battements de son coeur, affolés, qui commencent à se calmer. Niel, il parvient un peu plus à respirer, et puis le monde, il lui semble moins flou, moins perdu. Il sourit un peu plus, ne sent plus la douleur, là, au creux de son coeur. ll n'y a qu'Oze et lui, là, sous ce drap. Ce drap d'étoiles et de promesses, de drap doux, tendre, comme leur amour. Niel, il voit bien, oui, là, à quelques pas. Il voit l'amour qui tombe, la Mort qui prend, les baisers qui cessent. Il lui suffit d'un petit, léger regard au loin, pour voir tout cela. Alors, il baisse les yeux, tout bonnement. Pour ne pas voir, pour rester là, sous les draps. Pour être comme ça, au travers d'un silence apaisant. Il aimerait, au fond, tromper la Mort. Ne pas la laisser faire, pour une fois, lui donner tout ce qu'elle souhaite, mais pas lui, pas Oze. Ça fait un noeud, là, des sanglots tremblants, au travers de sa gorge d'enfant. Il voit bien, le petit trop grand, qu'il ne reste pas beaucoup de temps. Que les larmes ont beau avoir coulé, le temps n'a pas cessé. C'est bien pour ça, au fond, qu'il ferme les yeux, un petit moment. La réalité, elle fait mal ; il la sent, là, contre sa peau, comme des marques qui ne s'effacent pas. Ça fait mal, sous l'eau froide, sous l'eau chaude. Ça fait mal, contre les vêtements, contre le vent. Ça fait toujours mal, oui, de voir, comme ça, qu'Oze, un jour, il sera plus là. Qu'il y aura Niel, là, les pieds en sang, encore, et puis personne, à ses pieds, pour nettoyer ses pieds, et puis pleurer pour lui, baiser ses lèvres de doux baisers.

Niel, il serre les doigts, un peu. Il ferme les yeux, encore, un instant. Il essaie de penser au joli drap, juste là, au dessus de leur tête. Il essaie de penser à ce petit instant, de paradis, à ces milliers d'instant, oui, qui ne sont qu'à eux. Niel, il s'essaie à sourire, pour bien profiter, pour l'aimer, pour se souvenir, là, à sa chair, à sa vie, de tout ce qu'ils ont pu connaitre, vivre. Niel, il ouvre les yeux, et puis il observe les traits, là, fatigués, cernés, de son amoureux. Il est beau, Oze. Il est beau, oui, au travers des larmes sèches, et de la douleur. C'est vif, un peu comme le sang, un peu comme la vie. C'est vif, comme leur amour, tout bonnement. C'est beau, malgré la douleur. C'est beau, et tendre même, contre le coeur.

Qu'importe les sanglots, alors, au fond. Qu'importe les larmes, là, et puis les cris, les remords bien enfouis. Il prend tout, Niel, entre ses doigts tremblants. Il prend tout, là, entre ses doigts trop longs, trop grands, et puis il met tout juste là, au creux de son coeur d'enfant. Il ramasse même, juste là, contre le sol, les cheveux tombants. Si le corps d'Oze ne les veut plus, lui, il les prendra. Il les prendra, oui, juste comme ça, tendrement, entre ses doigts.Parce qu'il le doit.

Niel, il lève les yeux, là, au bout d'un moment. Il est calme, attendant, sagement. Il attend le moment. Il ne sait pas lequel, mais il ne demande pas. Il laisse le temps, les émotions. Il laisse quelque chose, il ne sait pas quoi, au fond, prendre place. Il a fait attendre Oze longtemps ; il peut attendre pour lui, oui, un peu, à son tour. « Oui, Niel, on reprendra nos moments tous les deux. Au bord de la plage, même, si tu veux. Il fait froid là-bas mais c'est pas grave, c'est toujours mieux que les hôpitaux. » Il ferme les yeux, Niel, quand il sent ses doigts, doux, rugueux, contre sa joue d'enfant. Il les aime, le petit, les doigts de son amoureux. Il aime ses doigts, oui, mais il aime encore ses mots. Il a cette impression, quelque part, qu'ils ne cessent de caresser sa peau, son âme. Oze, c'est une éternelle caresse, au fond, oui, contre lui. La plus douce des caresses. « Je veux marcher avec toi sur la première neige de cet hiver. Je l'attends avec impatience. C'est peut-être la dernière que je verrais. Je veux que ce soit beau. » Il ouvre les yeux, Niel, pose sa main contre la sienne. Il l'observe là, de ses yeux miel qui brillent doucement, qui dansent, un peu, comme une flamme. Une flamme qui brûle, oui, que pour lui. Que pour Oze. Il sourit un peu plus, et puis pose sa main juste contre la sienne, avant de serrer un peu ses doigts. « On la verra. Je lui demanderais de se dépêcher, juste pour toi. » Il ne sait pas réellement parler à la neige, Niel, mais qu'importe. Il essayera, du moins, sait-on jamais si la chose peut fonctionnée. Il est prêt à tout, de toute manière, pour le faire sourire, et puis pour mettre des étoiles, là, dans ses yeux trop ternes, un peu sombres, maintenant. « J'espère qu'elle tardera pas trop. » Niel, il se pince les lèvres, un instant. Il pince ses lèvres, ramène ses doigts contre ses lèvres, pour y poser des baisers. Des baisers un peu cassés, un peu brisés, tout légers, pour l'aimer, lui montrer, le soulever. Il prend la douleur et la peine à coup de baisers, à petites bouchées. Il essaie, du moins. « Tu devrais aller sous l'eau. Ça te fera du bien, pour ta blessure et pour ta tête. Ensuite on ira nettoyer tes bêtises et ... » Niel, il décolle ses doigts de ses lèvres, un moment. Il l'observe, là, souriant timidement. Le sourire d'un enfant  ; d'un enfant heureux, tout simplement. « Et ce que tu veux. » Il penche un peu la tête, un moment, sur le côté. Il l'observe comme ça, un moment, avant de souffler, là, tout bas. « Je - Je peux avant ? » Il susurre tout bas, avant de serrer ses doigts, d'y glisser les siens, là, tout entre, et puis de se pencher, un instant, pour l'embrasser. Elles sont salées, les lèvres d'Oze. À cause des larmes, certainement. De leurs larmes à eux d'eux, oui. Niel, il s'éloigne un peu, pour observer son visage. Il observe ses yeux fermés, et puis sa barbe, là, un petit peu plus longue. Il observe une seconde, oui, avant de l'embrasser de nouveau. De petits baisers, de petits bonheurs, là, sur ses lèvres salées.

Il y a un soupir, entre ses lèvres, devant un pareil moment. Parce que ça fait du bien, mine de rien, en profiter comme ça. L'embrasser comme ça. Ça fait longtemps, ça fait du bien. Le noir, il disparaît lentement. Il ne reste que les couleurs, douces, un peu timides, mais belles. Niel, il dépose quelques baisers, là, encore, contre ses lèvres, avant de dévier sa bouche contre sa gorge, un instant. Il y pose un petit baiser, un baiser d'enfant, un peu timide, porteur de plein de choses. De plein de sentiments, là, que pour lui, qu'eux. Niel, il caresse sa peau, là, du bout du nez, avant de souffler. « Tu veux venir avec moi ? » Moi, j'aimerais venir avec toi. Il ne le dit pas, Niel, ça. Il ne lui dit pas, non, qu'il y pense, quelque fois. À couper la vie, à commencer la mort, pour être là encore, ses doigts contre les siens. Niel, il se contente de sourire, et puis de sortir sa tête, lentement, doucement, du creux de son cou. Il l'observe un peu, les yeux brillants, timides, avant de murmurer, comme si l'amour était un secret. « Tu veux venir avec moi ? Dans le bain. On se frottera le dos. » Il sourit un peu plus, charmé par l'idée. Parce qu'elle est douce, à ses pensées. Niel, à ses yeux, tout semble doux, et beau, là, en compagnie d'Oze. C'est bien pour ça, oui, qu'il pose un baiser sur ses lèvres, plus appuyé, plus joli, cette fois, avant de se laisser glisser, non sans grimacer, pour faire couler l'eau du bain.  
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Oze Cyganik
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeSam 14 Déc - 20:20

Les mots de Niel sont un peu comme un pansement. L'espace de quelques secondes j'ai l'impression de fuir le cancer mais aussi la terre entière. La corde autour du cou, elle semble se dissoudre. Ses caresses parviennent à me faire respirer correctement. J'en oublie presque l'idée de mes larmes qui coulent sur mes joues. Ces tristes larmes qui ne parviennent plus à s'arrêter. Le sanglot va et vient, comme ça, comme un invité que l'on ne veut pas et qui pourtant revient sans cesse. J'ai perdu la joie de vivre et c'est irréversible. Je peux la voir danser dans l'air et fuir par la fenêtre. C'est douloureux de ne même pas pouvoir la rattraper. Mais c'est de cette façon que les choses se déroulent. Depuis ma tendre enfance je ne suis plus maître de rien. Je me souviens de cet hôpital, du regard de mes parents. Et surtout du plus important : ce foutu médecin.

Salut Oze, tu as sept ans, donc ? C'est bien. C'est bien. Sauf qu'il va falloir penser à ranger les étoiles que tu as dans les yeux. Mets moi ça dans tes poches ou dans le sac à main de Maman, on s'en fout, t'en auras plus besoin. Allez, un petit effort parce que là c'est plus le moment de sourire : t'as un cancer.
Un cancer.

J'ai eu l'idée de les ranger dans le sac de ma mère, bien au chaud, entre son porte feuille et son paquet de cigarettes. J'espérais les retrouver, un jour, après quelques séances de chimio. Mais à la place de ça, j'ai vu ma douce maman fuir la vérité avec mon bonheur entre ses mains. Depuis, je suis toujours à sa recherche, comme un idiot à l'espoir débile. Faudrait que je pense à me détruire le crâne pour ne plus penser à tout ça. Faudrait que je pense à tout un tas de chose pour vivre chaque seconde comme il se doit mais j'en suis incapable. J'ai constamment la nausée et le cœur au bord de l'explosion. Sentir l'alcool danser contre la langue de Niel ne fait que rendre les choses encore plus difficiles. J'ai envie de courir à travers la terre entière et récupérer ce petit tas d'étoiles. J'ai envie, oui, de lui donner tout ça, au petit. J'veux qu'il soit heureux, enfin, qu'il se sente indestructible comme l'enfant que j'étais. C'est certainement l'unique chose dont je serais fier dans ma vie. Pourtant, suffit de nous voir dans cette salle de bains pour comprendre qu'on a raté une étape. Ou même plusieurs. On a oublié quelque chose, oui, sinon on chialerait pas plus qu'on ne sourit. Quelque chose tourne pas rond. Chez lui ou chez moi.
Chez moi, certainement, parce que c'est toujours de ma faute, comme avec Aristée.

Le cœur manque de tomber entre mes côtes, tout au fond de mon estomac. Je le sens battre fébrilement dans sa fragilité. « On la verra. Je lui demanderais de se dépêcher, juste pour toi. » Mon regard se pose une nouvelle fois en direction de la fenêtre. Le ciel est blanc, presque aussi blanc que cette neige qui n'existe pas. Je l'implore une dernière fois d'atterrir sur Douvres mais la voilà trop timide pour m'accorder cette faveur. Je brûle de l'intérieur, la chimio est en train de me détruire. Je l'entends rire de tout en bas, le ciel. Comme s'il avait du temps pour mes conneries, comme si. Gorgée nouée, j'ai la sensation inévitable d'être le plus grand raté de cette planète. J'ai juste besoin de neige. Rien que ça, pour rendre sa paix à Niel et retrouver la mienne, quelque part, sous terre. Triste mélodie. « Je - Je peux avant ? » Faible sourire, sur mes lèvres qui tremblent comme une feuille au quatre vents. Ses doigts se scellent aux miens et mes phalanges se referment doucement contre les siens. Il est tout con ce contact et pourtant, pourtant, il suffit à me redonner un peu d'amour et de force. Mes lèvres prennent place, là, tout contre ses baisers brûlants. J'ai la peau si glacée, contre la sienne. Doux cadavre. L'âme se brise en mille morceaux, sous la douceur de son toucher. Mon corps en redemande, encore un peu, parce qu'il sait que bientôt, tout cela sera terminé. Ma main se libère et part se perdre dans son dos pour le garder contre moi, un peu plus longtemps. À peine, juste assez pour embrasser sa peau une nouvelle fois. L'aimer une seconde de plus.

« Tu veux venir avec moi ? » Aller avec lui ? Mais quelle question. La réponse évidente peut se lire dans mon regard bleuté. Si on avait le temps, j'aimerais le prendre par la main et fuir Douvres, courir sur la terre entière et ne pas savoir de quoi sera fait demain. Oui, c'est d'une vie comme ça dont j'aurais réellement besoin. Une secousse permanente, qui vous remue de l'intérieur et vous fait vous sentir vivre. C'est ce dont nous avons besoin, avec Niel. Sentir.
Le vent caresser nos cheveux. Se sentir heureux. Se sentir amoureux, jusqu'à en faire une overdose. J'ai les pensées qui partent dans tous les sens en un quart de seconde. Ce doit être à cause de la chimio ou l'émotion de le retrouver, soudainement, après un moment de rien. J'ai le cœur qui s'affole lorsqu'il se redresse pour faire couler l'eau. « Tu veux venir avec moi ? Dans le bain. On se frottera le dos. » Je me mords la lèvre inférieure, quitte son regard et fixe le sol. J'ai un tremblement, là, au fond de l'âme. Un tremblement si peu supportable que je me recule légèrement. Y a tout un tas de choses que je ne lui ai pas encore avoué. L'effrayer n'est pas mon but. L'attrister encore moins. La déchirure se fait plus grande. Le cœur se bat contre la raison.

Le préserver. Le mettre au courant. Le traiter comme un bébé. Ouvrir une nouvelle blessure.
C'est le moment ou jamais de se lancer.

« Oui, je veux, bien sûr. » Faible sourire, mais il n'est rien comparé à ce visage détruit par la maladie. « Mais promets moi de pas prendre peur. Mon corps, il est hideux. » Maigre et pitoyablement faible. Sous ce pull énorme se cache un squelette en phase de décomposition. Pourtant, courageux, mes doigts déboutonnent mon jean et ôtent mes vêtements. Le voilà donc, le nouveau Oze. J'ai les muscles fondus, la peau aussi pâle que le carrelage et les côtes qui peuvent me servir de piano. Je fais pitié. Et j'me sens mal, soudainement, à être dans cet état, juste devant lui. Ça prouve encore comme je suis incapable de me battre. L'une de mes mains attrapent son menton, délicatement, pour l'obliger à ne regarder rien d'autre que mon visage un peu creusé. « Regarde que mon visage et ça ira. » Nouveau baiser, en guise d'excuse. Un baiser de vaut rien. Un baiser d'idiot. Un baiser sans grandes répercutions. « Tu me frotteras la barbe. » Le rire accompagne mes paroles. Et mon corps, ce rien de mort s'avance jusqu'à la baignoire et s'y plonge douloureusement. Le simple geste est une bataille contre moi même. Je rajoute quand même une nouvelle fois, recroquevillé dans l'eau. « Regarde pas. » Pourtant, mon visage parvient encore à garder une étincelle d'amour. La douleur n'a pas sa place dans mon regard. J'ai juste envie de lui offrir un moment digne de ce nom. Un moment comme les autres amoureux peuvent vivre au quotidien.
L'instant Niel et Oze, pour qu'il puisse le vivre à tout jamais, dans sa tête.
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Niel Ambrose
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeLun 16 Déc - 2:36


Niel, il a passé sa vie là, sur la plage. La plage des coeurs abandonnés, de ceux qui, au travers du temps, n'ont jamais osé la commencer. Ils n'ont jamais osés la commencer, non, ces coeurs oubliés, la vie. Niel, il a toujours marché à petits pas, pour ne pas faire craquer le parquet, mais aussi pour ne pas les écraser, ces pauvres coeurs sans le moindre foyer. Il a observé, là, tel un enfant, ce qui était au sol, en espérant peut-être trouver. Un coeur, là, le trouver, contre le sol. Poser ses prunelles miel sur lui, et voir un battement, certes faible, mais vivant, le traverser. La plage, elle était longue. Longue et infinie, sans la moindre fin, il lui semblait bien. Mais le petit... le petit trop grand, et bien, jamais il n'a cessé de marcher. Il a fait attention, là, en marchant sur la pointe des pieds. Pour ne pas tomber, pour ne pas se casser contre le sol, brusquement, comme si la vie, elle ne voulait pas l'accueillir. Niel, il n'a pas pleuré, malgré le coeur, ce coeur, unique, qu'il ne pouvait trouver. Il a gardé ce sourire timide, sur ses lèvres un peu tremblantes, ses mains serrées les unes contre les autres, tout bonnement. Il n'a pas vu, pas trouvé, alors il a attendu, sans le moindre mouvement. Il a levé les yeux, au bout d'un moment, épuisé de chercher. Autour, les gens continuaient de chercher, de trouver, de prendre leur coeur et puis de le poser, là, au creux de leur poitrine, pour marcher et s'en aller. Il en voyait même parfois, les plus rares, les plus jolis certainement, donner leur coeur à un autre, un fin sourire sur les lèvres, et quelque chose de spécial, au creux de leurs prunelles. Niel, il a baissé les yeux, parfois, avec ce petit espoir de trouver ce qui pourrait l'aider à ...à vivre, simplement. Vivre, comme le reste des gens. Il a soufflé, là, doucement, le souffle court, un peu lourd, aussi, mais il n'a pas cessé de sourire. Ça ne se fait pas, après tout, baisser les bras. Il a été un peu triste, oui, juste comme ça, un peu trop vivement même, parfois. Mais la plage, il ne l'a pas quitté. Des coeurs au sol, il n'en a pas écrasé pour autant. Niel, c'est une caresse, un léger mouvement, un peu comme le vent. C'est l'âme d'un enfant qui, incapable de trouver son coeur, n'a pas chercher à avancer, à évoluer. Il est resté là, à l'écart des autres enfants. À l'écart des autres êtres vivants, aussi, attendant.

Il ne savait pas quoi, pourtant. Il ne savait pas, non, ce qui pouvait l'attendre, comme coeur. Il y a eu des moments, un peu tristes, un peu sombres, oui, où il s'est dit que, et bien, quelqu'un l'avait peut-être jeté à la mer, au travers d'une tempête, et qu'il s'était perdu. Et que les larmes, si nombreuses, si vives, dans ses yeux et son âme, elles venaient de là. Il s'est dit plein d'histoires, Niel, dans sa petite tête, sans faire le moindrement mouvement. Il a juste serré ses doigts, oui, les uns contre les autres, un petit peu plus fort, juste assez, suffisamment, le souffle tremblant. Il a fermé les yeux, un tendre noeud, là, au ventre, qui ne cessait de grandir, au fil du temps.

Et puis...
Et puis, il y a eu ça. Cette petite histoire belle et unique, celle qu'il n'avait pas vu venir, tout simplement. Niel, il a levé les yeux, un instant, et puis il a souri doucement, en voyant Oze, juste là, à quelque pas. Il a vu, là, dans sa poitrine, un coeur battre vivement, un peu faiblement aussi, selon le temps. Un coeur au creux d'un voleur, un coeur qui, malgré les années et les heures, ne trouvait pas son confort, là-bas, à l'intérieur. Oze, le voleur de coeur. Il a cligné des yeux, Niel, tout doucement, avant de lever ses yeux vers les siens, bleus. Il l'a observé un moment, avant de sourire finement, les yeux miroitant. Il s'est levé, l'enfant, il a pris ses doigts, tremblement, et il a compris.

Petite erreur, quelque part. Un coeur, ça ne se fait pas, non, pour deux. Et pourtant.. pourtant, il est là, son coeur.
Son coeur, il était là, tout le temps.
Au sein de la poitrine d'Oze, au bout de ses doigts.

Alors... et bien, Niel, il sait, au fond. Il le sait, oui, que son coeur, qu'importe les douleurs, les peines, les maux du corps, il ne cessera pas le battement. Niel, il a la gorge nouée à la connaitre, cette terrible vérité, celle de leur amour. Les battements se calment, là, lentement, au creux de la poitrine d'Oze, aussi lentement que ceux de Niel prennent vie, tout bonnement. C'est un coeur qui change de place, tout naturellement. Les sentiments, purs, magiques, qui restent en place et qui jamais, non, jamais au grand jamais ne s'effaceront, tout bonnement. Il n'a pas peur, alors, Niel. Il n'a pas peur, non, pas énormément, en tous cas. Les pleurs qui le prennent, parfois, lorsqu'il pense à son absence, ils ne sont pas torrent, car il se dit, comme ça, les yeux fermés bien fort, qu'Oze, il ne va pas réellement partir. Il sera toujours là, oui, car... car ils étaient ceux au même coeur. Les amoureux qui aimaient ensemble et fort, d'un battement commun qui jamais n'a cessé, qu'importe si la vie a quitté l'un d'eux. Niel, il sourit, là, faiblement, qu'importe le corps tremblant, sous ses yeux, ou alors le regard fuyard, celui de son amoureux. Il essaie de garder son calme, malgré toute cette douleur, vive, trop vive peut-être, qui hante la pièce. Il n'y a rien de bon, après tout, à se concentrer sur la douleur, celle que l'on ne peut fuir pour un ailleurs.

Ça ne sert à rien, non, de fuir la peine qui prend place, dans l'âme et le corps, les entrailles en entier, face à un être qui, tout bonnement, sans que l'on puisse faire quoique ce soit, s'efface pour prendre place à jamais dans les coeurs, les âmes et les esprits. Les êtres qui, malgré l'amour, se transforment en fantôme de touchés, contre la peau, et souvenirs floutés de sourires, là, au creux des pensées.

Niel, il aimerait lui dire, oui, toutes ces pensées, ces idées belles et tristes pourtant, à la fois, qui ne cessent jamais de le hanter. Il aimerait, oui, l'observer et puis murmurer d'un souffle court et paisible pourtant, les légendes de leur amour, leur amour un peu douleur, un peu sans coeur qui, dans sa tête, mérite des milliers fleurs. Il aimerait lui dire, avec de jolis mots, que malgré la douleur et le temps, là, qui fuit entre leurs doigts à tout mouvement, il ne veut pas, non, d'un autre premier amour. Parce que... parce que les choses doivent être ainsi, simplement. C'est ainsi ; avoir eu l'occasion de l'écrire, Niel n'aurait pu trouver plus jolie histoire que celle-ci, belle, unique, qui déjà s'effrite entre leurs doigts usés.

Niel, il a tout ça, oui, les jolis mots, les jolis contes qui ne cessent pas. Il voit tout ça, le pauvre enfant, dans les vagues du bain, alors qu'il en teste la température du bout de ses maigres doigts. Et il ... il a ce sourire, oui, sur ses lèvres. Un sourire un peu poussière, certainement pas le plus beau, certainement pas le plus clair, mais un sourire... un sourire qui sonne comme eux, au final. Un sourire vrai qui raconte des choses que l'on ne veut pas spécialement entendre, tant elles bouleversent des coeurs, et portent de tendres malheurs. Alors, il ferme les yeux, Niel, un instant, les doigts toujours dans l'eau tiède. Il inspire doucement, pour retenir les larmes, là, qui ne cessent pas, dans ses yeux d'enfant... parce que, au creux de sa poitrine, il y a son coeur qui bat brusquement, un peu plus vivement, à chaque seconde, et selon d'Oze qui...qui se tait, certainement, un peu plus à chaque instant. Il pince ses lèvres, pour ne pas s'attarder sur cela, et puis adresser un sourire. « Oui, je veux, bien sûr. » Il sourit, Niel, aux vagues imaginaires, celles que créent ses doigts, là, dans la baignoire. Il tourne ses yeux cernés vers l'être aimé, Oze, si beau, beau et parfait à ses côtés, de corps et d'âme, de tout ce qu'il...ce qu'il peut bien être, au fond. Il a les yeux petits, à l'observer, certainement pour retenir les larmes, oui, qui sait. « Mais promets moi de pas prendre peur. Mon corps, il est hideux. » Il ne  baise pas les yeux, Niel, à l'observer. Les mots, ils semblent hurler à ses oreilles, et il ne veut pas, non, les écouter. Il pince ses lèvres, Niel, fort. Les mots, ils ne sortent pas, non, de ses lèvres. Ils pourraient être pleurs ou alors cris, face à ce qui se montre, là, doucement. Ils pourraient être torrents infinis de mots confettis. Niel, il observe, là, tout ça. Il observe les montagnes d'os, contre la peau neige de son amoureux. Il observe ce qui a disparu, ce qui apparaît. Ce qui...ne lui manque pas, étonnamment, qu'importe le changement. Il observe sans la moindre crainte, malgré ce noeud qui ne cesse de grandir, là, au creux de sa gorge et qui, à chaque avalement, lui semble douloureux.

Rien ne lui semble laid, devant lui. Oze, ce n'est pas un corps. Oze, c'est une âme contre la sienne qui l'enlace tendrement, qu'importe l'enveloppe. Il aimerait lui dire, tout ça, mais il a cette impression, au fond, qu'Oze ne désire pas briser ce silence. Oze, il a besoin de ce silence, pour continuer d'avancer, faire ce pas, comme ça, au travers....vers la Mort, plutôt. Il le laisse faire, Niel, sagement même, lorsqu'il prend de ses doigts perfide son menton, là, entre ses doigts. Il pose ses yeux miels, ses yeux d'enfant, oui, contre ses traits. Il sourit, le chaton, face à ses yeux azurs, sa barbe foncés et ses lèvres tant aimés. Il sourit, et penche un peu la tête sur le côté, à l'observer comme ça, avec cet amour infini, au fond de ses yeux. Je t'aime, qu'ils disent. Je t'aime, qu'ils soufflent. « Regarde que mon visage et ça ira. » Niel, il voit son âme, et rien d'autres. Son âme, là, qui caresse son visage du bout des doigts, et qui pose un baiser sur ses lèvres. Un baiser un peu brisé... un peu cassé. Un baiser qu'il a envie de recoller, malgré ses doigts qui tremblent et son être qui doit encore si vivement saigner. « Tu me frotteras la barbe. » Niel, il le lui adresse quand même, ce petit sourire un peu plus poussé, pour approuver. Il ne dit pas le moindre mot, car c'est l'heure du monologue, il lui semble. Ce monologue un peu douloureux qui serre son coeur, fort, trop fort, mais qui fait du bien, pourtant. Le petit trop grand, il en profite pour retirer ses vêtements d'un mouvement tremblant, un peu cassé, alors qu'Oze se glisse dans l'eau et les vagues. Le carrelage, il est froid sous ses pieds; il est coloré par les vêtements abandonnés, ainsi que par les tâches de pied, de sang, qui ne se sont pas encore affichés. Niel les observe un moment, se disant que l'instant, la douleur, ses pieds et le sang, ça s'est passé il y a une éternité... des milliards d'année. « Regarde pas. » Il cligne des yeux, un petit moment, avant de tourner ses prunelles vers lui. Son corps fait si petit, brusquement, dans l'eau. Niel, il ne l'écoute pas. Il observe tout cela, presque comme un enfant, avec une curiosité un peu trop grande. Il l'observe, là, doucement, avant de rencontrer son regard, souffle un peu trop brusque, un brin tremblant, là, entre ses lèvres d'enfant. Il lui fait ce fin sourire, celui un peu plus beau, un peu plus vrai, celui qui dit Oze, je t'aime, je suis là, fort, comme des cris de sirène, avant de le rejoindre à petits pas. Niel il ne s'assoit pas, non, en face d'Oze. Il va à l'autre bout, dans son dos parce que...parce que c'est comme ça. Même s'il ne le veut pas, c'est comme ça. « je veux m'asseoir dans ton dos... et passer mes bras autour de toi. » Il parle tout bas, lentement et doucement, comme une mélodie. De douces notes de piano, là, qui s'élèvent dans les airs. Il parle de petits mots, en se glissant derrière lui, après avoir affronter un regard un peu dur, un peu... peur. Niel, il passe sa langue sur ses lèvres, en mettant ses pieds dans l'eau, lorsqu'Oze, il vient à bouger. « je veux te serrer dans mes bras. fort. pour que - pour que tu t'envole pas. La Mort, on dirait qu'elle bat des ailes fort fort, dernièrement, et qu'elle a pris plein de morceaux de toi. peut-être qu'ils ont tombés dans la rue, ou dans les bois ; je vais essayer de - de les trouver. » Il n'y croit pas, Niel, tout ça. Il n'y croit pas réellement. Il la connait, la vérité. Oze, il va mourir. partir, comme ça. Mais ils peuvent croire, non ? Se faire un petit nuage, et puis rêver, pourquoi pas. « et quand je les trouverais... » Qu'il continue alors, ses fesses se posant au fond de la baignoire, ses doigts se glissant contre ses côtes piano, pour l'enserrer de ses bras. « quand je les trouverais, je les mettrais dans mes poches, dans mes souliers, dans mon coeur et mon âme, aussi. dans - dans tous les petits trous que je peux trouver. comme ça - comme ça, elle aura pas tout pris de toi. » Son menton, il va se poser contre son épaule, glissant doucement pour voir son visage, un peu. Niel, il l'observe, là, peut-être comme un grand. Il essaie, du moins, d'être un peu réconfortant, en le tenant dans ses bras. Parce que... parce qu'il a envie de le faire, aussi. Il a envie de le tenir fort, comme ça, et de ne jamais arrêter.

Ses lèvres, elles effleurent la peau maigre de son cou. Il sent son pouls, là, sous ses lèvres rosés. Ça lui permet de respirer. « t'es beau, Oze. t'es - t'es merveilleux, formidable. je le sais, ça. tu - tu le sais, oui ? moi je le sais, en tous cas. que - que je t'aime. fort et que tu - tu m'as apporté beaucoup - beaucoup beaucoup de choses. » Il serre ses bras, Niel, qu'importe s'il lui fait mal. Il veut juste... juste le sentir, là, dans ses bras. Sentir le battement de son coeur, contre ses bras, surement. Il veut juste un peu de tout ça, oui. « tu m'as... tu m'as appris à sourire et a - a aimé, aussi. t'es beau... t'es beau, même comme ça. t'es...c'est juste toi, Oze. c'est pas un corps, c'est pas - c'est pas tes yeux, ta barbe ou alors tes bras. c'est ... c'est le son de ton rire, et puis cette- cette manière dont tu me regardes. le petit sentiment qui - qui prend place, tu vois, dans mon coeur, quand tu me regarde comme ça. t'es pas - t'es pas hideux, Oze. t'es merveilleux. merveilleux, t'entends ? »  Il a le souffle tremblant, le sanglot au bord des lèvres, et qui pourtant ne veut sortir. Niel, il a des milliers de mots au bord des lèvres, et pourtant, il ne sait pas lequel prononce. Il pose des baisers alors, des papillons à peine nés qui aussitôt en viennent à s'envoler, là, contre sa peau. Il essaie de mettre une douceur sur ce corps qui n'est que malheur, que douleur depuis quelques temps. Il essaie de mettre un peu de Niel, sur tout ça.  
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Oze Cyganik
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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeMar 17 Déc - 21:24

Tête baissée, corps recroquevillé, âme détruite. Je suis au bord de la noyade, dans cette baignoire bien trop grande pour moi. C'est presque la même sensation que se retrouver en pleine mer. Les vagues, elles ne sont pas contre mon corps, non, elles sont à l'intérieur de mon âme, violentes et décapantes. Mon estomac se tord si violemment qu'un sanglot de larmes remontent jusqu'à mes yeux. Pourtant, une petit voix me crie encore de ne pas perdre la face. C'est pas le moment, Oze, non ! Allez quoi, retrouve ton sourire éternel, celui d'autrefois. Ça doit pas être bien difficile d'étirer ses lèvres. C'est pas sorcier, même les vieilles dames savent le faire.
Soupir. Les mauvaises pensées coulent de mes phalanges, se perdent dans l'humidité de la pièce. C'est un flot de mots qui ne s'éteindra jamais. Ils sont là, coincés, au fond de ma gorge, faits comme des rats. Pitoyable acharnement qu'est celui de vivre. La neige ne me ramènera pas la santé. La neige, elle ne fera que me brûler les yeux et anesthésier la douleur. Une fois fondue, tout redeviendra identique.
Identiquement imparfait.

Mon regard ne trouve même plus le courage de venir se perdre vers Niel. J'ai plus la force de rien, sauf peut-être celui de disparaître. Ce doit être pour ça que je serre lamentablement mes jambes contre mon torse. J'veux devenir petit au point d'en mourir, comme les poussières que l'on voit et qui se meurent en un coup de vent. J'ai pas envie, non, de crier de douleur. J'veux pas vomir mes maux dans les toilettes comme j'ai toujours su si bien le faire. Fébrile, mes doigts caressent ma peau glacée. Je frissonne, mais même ça, c'est à peine si je suis capable de le sentir. Cette fois, c'est moi qui désire partir et ne plus revenir. Je veux claquer cette porte, violemment, ne plus faire face au regard de Niel. Parce que derrière sa force je peux y lire une tristesse profonde. Une tristesse qui ne se décrit pas, dont on peine à parler sous peur d'étouffer sous les larmes. Je la connais, cette souffrance. Elle est incrustée en moi, sur chaque parcelle de ma peau trop blanche. J'ai le cœur qui part en vrille, qui se détruit à la simple pensée Novalienne. Une larme doit même couler sur ma joue mais je ne la sens même pas. Je suis trop brûlé, trop défoncé, trop asphyxié par la vie pour parvenir à ressentir la moindre goutte d'eau salée. Même son goût contre mes lèvres ne parvient plus jusqu'à mon cerveau. Mon cerveau est si fatigué qu'il n'est plus capable de trouver une lumière. Tout est noir, même cette baignoire. Elle est noire. Le carrelage aussi. Et le ciel, cet idiot, ce n'est qu'un trou sombre et interminable. J'ai plus qu'à tendre la main pour y nager en son sein. Je le peux le voir, gober mon existence. Mes sentiments y sont prisonniers. J'les vois, danser et se noircir, victime de sa folie. Au milieu de tout ça, il reste quand même Niel.

Niel, transparent aux yeux des autres.
Mais c'est pour ça, au fond, oui, que je l'aime plus que ces 'autres'. J'ai jamais aimé les personnes sûres d'elles. Celles dont les gestes sont trop brusques pour y percevoir de la poésie. Celles dans qui on peut lire sans avoir à creuser. J'aime les gens timides, ceux qui ne parlent pas plus forts que les autres par peur de trop vivre. J'aime voir ce qu'elles peuvent garder des trésors et les dévoiler au moment où on s'y attend le moins. Aujourd'hui, le sourire de Niel, il est peut un comme un de ces trésors. Une magie que l'on découvre l'espace d'une seconde avant de la voir se dissoudre sous nos yeux trop rouges. L'émotion me prend au plus profond de l'âme lorsque l'aperçois. Je détesterais presque ces yeux incapables de le regarder sans en cracher des larmes. Ça floute sa beauté et sa grandeur. Ça floute tout ce qu'il peut être. Oui, c'est ça, l'amour que j'ai pour lui se dilue dans mon désespoir.
Retiens tes larmes.

Je peux le sentir, son corps, juste derrière moi. Le mien ne fait que se tendre à l'extrême, comme un pauvre arbre gelé par l'hiver. Ses doigts sont comme du coton contre les miens. Mais c'est pas grave, j'ai quand même envie de chialer et de l'envoyer se faire voir. Puis chialer encore plus fort et m'excuser . « je veux m'asseoir dans ton dos... et passer mes bras autour de toi. » Je ris, comme un dément. Je ris, pour dissimuler cette tristesse palpable. Il veut passer ses bras autour de moi, c'est ça ? J'ai bien entendu ? Bien sûr que j'ai bien entendu puisqu'il m'a dit 'je t'aime' dans un instant aussi désespéré que celui-la. La caresse de Niel, elle est bien plus agréable que je ne le pensais. Encore plus que dans mes souvenirs. Il est parfait, ce grand garçon. Parfait dans le moindre détail. J'en viens à me demander comment un homme comme lui peut être aussi si brisé, là, tout au fond. Il ne mérite pas tout cela. J'ai envie de le serrer, dans mes bras, moi aussi mais c'est impossible. Même ça, je ne suis plus en état de le lui offrir. Les rôles s'échangent, doucement. Les dernières traces de force viennent de se jeter sur lui. Je me retrouve vidé de tout. Seulement imbibé d'amour fou et de tristesse. Mauvais cocktail. C'est pas avec ça que je risque de défoncer la vie. Mes doigts se resserrent contre ses poignets lorsque sa main effleure mes côtes. Je me pince la lèvre, à le sentir si proche du cadavre que je suis. « je veux te serrer dans mes bras. fort. pour que - pour que tu t'envole pas. » Sourire, un peu naïf, sur mes lèvres gercées par le froid. M'envoler, si seulement c'était que ça. J'ai envie, moi, de danser sur un tapis de nuages mais la vie en a décidé autrement. J'ai l'nez dans la merde. « La Mort, on dirait qu'elle bat des ailes fort fort, dernièrement, et qu'elle a pris plein de morceaux de toi. » Oui, une partie de mon âme, beaucoup trop grosse pour y survivre. J'ai même plus de quoi marcher correctement. Alors, on fait quoi, maintenant, Niel ? Tout est perdu, même mon souffle. « peut-être qu'ils ont tombés dans la rue, ou dans les bois ; je vais essayer de - de les trouver. » Mon cœur s'embrase à ses phrases dévorées par la tendresse. Les morceaux de moi sont en enfer. Ils doivent gémir quelque part, entre deux flammes. J'ai déjà les mains brûlantes et les larmes aux yeux à cette pensée. Ça sonne comme la fin de ma vie mais aussi de notre histoire. Mais notre histoire, elle est tout pour moi. Il a suffit de quelques lettres pour que Niel devienne le centre de mon univers. Le pilier de mon corps à l'abandon. C'est un peu comme cette étoile que l'on regarde une fois la nuit. On l'aime pour ce qu'elle nous apporte et non pas pour ce qu'elle a pu faire. On l'aime, seulement parce qu'elle existe. Parce qu'elle est là, à veiller sur nous et nous regarder. La caresse de sa lumière contre notre joue est incroyable de beauté.
Niel, mon étoile.
Mon espoir.
Mon amour.
Ma renaissance.
Mon sourire.
Mon tout.

C'est complètement fou, tout ce qu'il peut m'apporter sans avoir à bouger. C'est complètement con, cette façon de ne s'accrocher qu'à lui. De ne percevoir rien d'autre que son sourire un peu fragile. Aussi fragile que ses poignées trop fins, dont mes doigts parviennent à faire le tour. J'ose à peine les serrer, de peur de les briser. Un peu comme lors de notre première fois. J'ai pas arrêté de regarder ses yeux pour y lire une trace de douleur. J'ai pas arrêté de me dire que j'étais en train de salir un ange. Je ne regrette rien, pourtant, de tout cela. J'ai l'amour si idiot qu'il passe l'éponge sur tout. Niel, il pourrait bien me faire une avaler une bombe, je le pardonnerais avant d'exploser. Je le pardonnerais par peur de ne plus savoir l'aimer. Par peur de me ronger les ongles jusqu'à la fin de … non je serais mort. Triste sourire, à ses pensées qui se mélangent sans cesse. Y a plus de début, y a plus de fin. Juste un gros bordel incessant. « et quand je les trouverais... » Silence, je peine à respirer, pendant ce bref instant de rien. J'ai peur qu'il se mette à parler pendant que mon cœur bat trop fort que je ne puisse entendre ses mots. J'ai presque envie de les écrire sur une feuille, tous, un par un. Ou bien de me les tatouer, pour ne jamais les oublier. Si après la mort il y a quelque chose, je les aurais toujours en moi, au moins. J'pourrais les relire, sur mes bras, sur mes mains, sur mes cuisses. J'aurais plus de peau, juste de l'encre et ses mots précieux incrustés. « quand je les trouverais, je les mettrais dans mes poches, dans mes souliers, dans mon coeur et mon âme, aussi. dans - dans tous les petits trous que je peux trouver. comme ça - comme ça, elle aura pas tout pris de toi. » Mais j'ai pas envie de partir. Je veux récupérer ces petits morceaux et puis rester sain et sauf, jusqu'à la fin des temps. Je veux partir, en même temps que Niel. J'ai peur de la séparation. J'angoisse à l'idée même de ne plus pouvoir sentir ses bras contre les miens. Et son menton, qui se pose. Ce regard, si beau, que je ne verrais bientôt plus. C'est dur à accepter.
Impossible, même. J'veux qu'on me laisse l'aimer, comme j'ai toujours voulu le faire.

Et même fonder une famille, oui, pourquoi pas. Fonder une famille, avec des enfants si vifs qu'ils seraient incapables de tenir en place. Tous les dimanches, on ferait des crêpes, parce que je sais comme Niel peut les aimer.
Le dimanche des crêpes en famille.
Bam.
L'idée s'envole lorsque la faucheuse me sourit par la fenêtre.
Naïf, tu vas crever. Cesse donc de me narguer. Je sais, je sais.
Ce qu'il m'attend. Ce que ta noirceur va faire de nous.

Léger mouvement en arrière, peau contre peau. Les cœurs communiquent en silence. Boum boum. Déchirante mélodie des amoureux. « t'es beau, Oze. t'es - t'es merveilleux, formidable. » Les paupières se ferment, retiennent difficilement les larmes. Pourtant, j'ai envie de hurler et puis d'lui dire que moi aussi j'ai fait des erreurs. Qu'au fond, cette pluie de désespoir, elle est méritée. « je le sais, ça. tu - tu le sais, oui ? moi je le sais, en tous cas. que - que je t'aime. fort et que tu - tu m'as apporté beaucoup - beaucoup beaucoup de choses. » J't'ai apporté beaucoup de choses pour te les reprendre. C'est dégueulasse, c'est même pas loyal. Ça mérite un coup de poing dans la figure. J'ai le corps qui se laisse aller dans la baignoire. J'ai bien envie de mettre la tête sous l'eau, jusqu'à m'y noyer. Ma mise à mort pourrait se passer dans cette pièce. Quelle connerie d'attachement. Pourquoi l'amour nous est tombé dessus dans un moment si critique. J'en ai marre de subir ça. Marre d'être nul. « tu m'as... tu m'as appris à sourire et a - a aimé, aussi. t'es beau... t'es beau, même comme ça. t'es...c'est juste toi, Oze. c'est pas un corps, c'est pas - c'est pas tes yeux, ta barbe ou alors tes bras. c'est ... c'est le son de ton rire, et puis cette- cette manière dont tu me regardes. » Mes doigts s'enfoncent dans sa peau, mes ongles doivent lui être douloureux. Tant pis, cette marque lui donnera une partie de moi. « le petit sentiment qui - qui prend place, tu vois, dans mon coeur, quand tu me regarde comme ça. t'es pas - t'es pas hideux, Oze. t'es merveilleux. merveilleux, t'entends ? » Bien sûr que j'entends et comme il le dit, tout ça, c'est trop merveilleux, bien au dessus de tout. J'ai même pas la force de lever les yeux pour le regarder réellement, comme au premier jour. La fin est peut-être trop proche maintenant, pour la dissimuler.

Alors, je me tais. Comme un idiot, je regarde l'eau, à la recherche de mes mots. Même mes mains sont devenues moches.
Soupir.

« T'es le seul, Niel, qui me donne encore envie d'essayer de me battre. T'es le seul, depuis le début. Même ma mère s'est barrée, elle disait, comme ça, qu'elle supporterait pas une douleur en plus. J'avais besoin d'elle et … et. » La voix se coupe, c'est trop douloureux. J'ai pourtant envie qu'il sache, qu'il connaisse réellement la raison de ce mal être constant. « Je me suis réveillé, un matin, avec l'envie de me serrer dans ses bras. J'en avais rien à faire d'avoir dix neuf ans. J'avais juste envie de la sentir contre moi mais c'était trop tard, elle était plus là. J'ai eu peur, comme un idiot. J'ai eu peur que tu me fasses la même chose. T'es tout et j'ai pas honte le dire. T'es tout. » Non, l'amour est tout sauf une honte. Ça rend les gens pitoyables, parfois, oui, mais pas honteux. « Je sais pas que j'suis beau, non. Je sais plus rien de moi. Si tu veux savoir, je me trouve laid et mourant. Je pense à la mort, à chaque seconde qui défile. Mais depuis que t'es là, c'est différent. Parce que je pense à toi, aussi. Je pense à toutes ces choses qu'on pourra pas vivre par ma faute. Je pense au jour où je vais devoir te laisser tomber. Je suis le seul fautif et je m'en veux de te décevoir. » Pause, le temps pour moi de me retourner un peu pour l'embrasser, du bout des lèvres. Un baiser léger, juste de quoi lui avouer un nouveau je t'aime. « Tu vas me manquer, horriblement. Pas seulement toi mais aussi tes mots. Je sais pas comment tu fais. Ce doit être un don, une magie que dieu t'a donné ou quelque chose comme ça. T'as toujours quelque chose dans le cœur pour faire cesser les larmes. Mais y a quelque chose que tu pourras jamais détruire. C'est la peur. La peur de mourir. Je m'en fous de moisir sous terre ou de finir cendres. J'ai pas envie de te quitter, Niel. J'ai peur. Peur de ne pas me réveiller demain. Peur de pas avoir le temps de te dire au revoir. Peur pour mon chat. Peur de ne pas résister jusqu'à la neige. Je t'aime trop pour ne pas avoir peur, Niel. Tu comprends ? T'as tout chamboulé. » Parce qu'avant ça, je priais presque la mort. Et maintenant, je me raccroche bêtement à la vie. J'ai les ongles arrachés à force de m'y enfoncer. « J'ai envie que le temps s'arrête. » Voilà, c'est dit.
J'ai plus envie d'avancer. Je ne veux plus que rester dans ses bras.
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Niel Ambrose
Niel Ambrose

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MessageSujet: Re: sous la plaie. (niel)   sous la plaie. (niel) Icon_minitimeDim 29 Déc - 17:23


Ils nagent au travers du silence comme deux naufragés, deux épaves de l'amour, peut-être, qui sait. Niel, il tient ses doigts, les pieds un peu dans l'eau, parce qu'il est bien trop grand. Il serre les doigts d'Oze bien fort, entre les siens, parce qu'il y a un courant, chaud ou froid, qu'importe, qui essaie de l’entraîner loin, très loin de lui. Peut-être que c'est une sirène aussi, avec son doux chant, ou alors un calamar dont la mission consiste à entraîner les mourants juste là, bien au fond. Ils sont tous les deux sur une planche de bois, un peu comme dans titanic, pourquoi pas, et puis  il y a le coeur qui roule à gauche, vers Niel, et puis à droite, vers Oze, sans jamais cesser sa tête. Encore et toujours, ne sachant lequel choisir. Niel, il pince ses lèvres, fort, quand le coeur cogne contre sa peau mouillée. Il aime l'entendre battre, mais il voit Oze, juste en face, avec le regard vague et les traits pales. Il lève les yeux au ciel, Niel, dans ces cas-là. Il lève les yeux au ciel et puis il demande tout bas, simplement du bout des lèvres, certainement, pourquoi c'est comme ça. Ce qu'ils ont pu bien faire, pour avoir droit à une pareille histoire. Un peu trop belle, un peu trop tragique. Une allumette dont la flamme est vive et grande, mais qui prend l'eau, trop rapidement.

Niel, il a l'impression d'être comme ça, oui.
Une allumette mouillée qui essaie de garder la flamme, à l'intérieur d'Oze.
Juste un peu, assez pour dire je t'aime, encore une fois.
Ou des milliers, pourquoi pas.

Niel, il a le bout des lèvres humides, là, contre la peau d'Oze. Il sent les os, forts et fragiles pourtant, contre le contact de sa peau ; ça fait mal, en dedans, de sentir ça comme ça. De sentir sa peau trop maigre et ses os trop apparent. Il ne dit rien, Niel, pourtant. Parce que c'est Oze, qu'importe la peau, les os, le corps. Oze, c'est quelqu'un, pas qu'un corps, le quelqu'un qui est là, à faire battre la mécanique un peu étrange, un peu rouillée peut-être, de son coeur. De son coeur qui, entre ses doigts, a appris à aimer, à faire voler les papillons qui n'avaient jamais réellement eu cette force, pour s'évader de leur cocon. Niel, il a des papillons partout alors maintenant, dans son coeur un peu douleur. Ça fait mal, oui, de savoir, de savoir que bientôt, il ne sera plus là, il ne sera plus dans ses bras. Mais il n'a pas le foi. C'est comme ça, tout simplement. Alors, il pose des baisers, légers, petits, contre sa peau abîmée. Il essaie d'y mettre un peu de douceur, contre la douleur. Pour l'effacer, pour l'empêcher d'y penser, qui sait. Il souffle tout bas pour chasser les nuages sombres des noires pensées, pas totalement, mais assez pour qu'il ne les voit plus, du moins. Oze, il n'a pas besoin de les voir ; les ressentir, c'est déjà bien suffisant. Plus que suffisant, même.

Souffle tremblant, là, entre ses lèvres. Niel, il aimerait faire plein de choses, pour lui. Cueillir la douleur comme on peut le faire avec des fleurs. Les mettre dans un bocal, pour faire beau. Y ajouter les larmes de ses yeux, au fond du pot, pour faire l'eau. On prend le mauvais, on le transforme en quelque chose de bien. Niel, il ferme les yeux, un petit moment. Il touche avec son âme, pas ses doigts. Oze, il est tendre, doux comme les nuages, oui, avec son âme. Niel, alors, il sourit tout bas. Parce que c'est Oze, là, qu'il touche pour de vrai, ainsi, cette fois. Les yeux et le touché ne le déforment pas.
C'est lui, tout simplement.

Oze le nuage qui l'a empêché de tomber, pendant si longtemps. Oze le beau, le blanc, le vrai. Celui qui fait boom boom, là, en dedans. Celui qui fout le bordel dans la tête, et pourtant, il laisse les portes et les fenêtres grandes ouvertes, pour qu'il continue. Parce qu'il l'aime, Niel. Il l'aime fort, Oze, qu'importe la Mort. Elle peut bien stopper la vie, mais elle ne stoppera pas l'amour. Pas le leur, en tous cas. Oze, il sera toujours là, en dedans de soi. Comme son coeur, chaque battement lui rappelant sa présence.

Oze et ses mots. Ses merveilleux, sublimes, mots. Oze, simplement. Oze et les tremblements, dans sa voix, les larmes qu'il fait naitre, dans ses yeux. « T'es le seul, Niel, qui me donne encore envie d'essayer de me battre. T'es le seul, depuis le début. Même ma mère s'est barrée, elle disait, comme ça, qu'elle supporterait pas une douleur en plus. J'avais besoin d'elle et … et. » Niel, il le serre un peu plus, là, comme ça, dans ses bras. Il aurait pu fuir ; maman l'a fait avec lui, aussi. Mais Niel, il n'a jamais fui, devant quelque chose comme ça. Pas hier, pas aujourd'hui, et encore moins demain. Et tous les autres demains aussi, ceux qu'Oze pourra vivre, il sera là. Il espère, du moins, qu'il le sait, tout ça. « Je me suis réveillé, un matin, avec l'envie de me serrer dans ses bras. J'en avais rien à faire d'avoir dix neuf ans. J'avais juste envie de la sentir contre moi mais c'était trop tard, elle était plus là. J'ai eu peur, comme un idiot. J'ai eu peur que tu me fasses la même chose. T'es tout et j'ai pas honte le dire. T'es tout. » Niel, il pose un baiser contre sa nuque, là où il sent son coeur qui bat fort, là, contre ses lèvres. Il pourrait en poser des milliers, mais ils n'ont pas assez de temps, pour cela. Alors les baisers, il les lui donnera dans ses rêves, dans ses mots, dans ses yeux, simplement plongés au fond des siens. Parce qu'après tout, Oze, c'est son monde. Ou du moins, la porte pour sortir de l'enfer. « Je sais pas que j'suis beau, non. Je sais plus rien de moi. Si tu veux savoir, je me trouve laid et mourant. Je pense à la mort, à chaque seconde qui défile. Mais depuis que t'es là, c'est différent. Parce que je pense à toi, aussi. Je pense à toutes ces choses qu'on pourra pas vivre par ma faute. Je pense au jour où je vais devoir te laisser tomber. Je suis le seul fautif et je m'en veux de te décevoir. » Niel, il ouvre les yeux, se recule un peu la tête, pour lui dire que non, il ne le décoit pas. Qu'il est fier de lui, de comment il se bat, de tout ce qu'il a pu lui faire découvrir et de son amour. Qu'il l'aime qu'importe la vie ou la mort. Il l'aime, c'est tout. Mais les mots, ils ne sortent pas, car Oze, il pose ses lèvres contre les siennes, simplement. Un baiser léger, un peu comme des ailes brisés. Un baiser comme ça, qui porte mille et un messages d'or. « Tu vas me manquer, horriblement. Pas seulement toi mais aussi tes mots. Je sais pas comment tu fais. Ce doit être un don, une magie que dieu t'a donné ou quelque chose comme ça. T'as toujours quelque chose dans le cœur pour faire cesser les larmes. Mais y a quelque chose que tu pourras jamais détruire. C'est la peur. La peur de mourir. Je m'en fous de moisir sous terre ou de finir cendres. J'ai pas envie de te quitter, Niel. J'ai peur. Peur de ne pas me réveiller demain. Peur de pas avoir le temps de te dire au revoir. Peur pour mon chat. Peur de ne pas résister jusqu'à la neige. Je t'aime trop pour ne pas avoir peur, Niel. Tu comprends ? T'as tout chamboulé. » Niel, il pince ses lèvres, les prunelles embuées, surtout. Un peu beaucoup, en fait. Il lève les doigts, tremblant, avant de caresser sa joue, légèrement. Sa joue creuse, par le temps et la mort, où la barbe pousse presque douloureusement, maintenant. Il a envie de lui dire désolé, quelque part, mais pourquoi ? L'amour, ça ne se contrôle pas. Ça ne se contrôle tout bonnement pas. « J'ai envie que le temps s'arrête. » Niel, il lui adresse un léger sourire, avant de laisser glisser ses doigts. Il le tient contre lui, doucement. « je te quitterais pas, Oze. et tu...tu me quitteras pas non plus. tu le sais, ça, hein? parce que t'es dans mon coeur et je suis dans le tien. t'es...t'es dans mon âme, et je suis dans la tienne. alors... alors ton corps, il est peut-être plus bon...il a peut-être pas la force de continuer, mais ton âme, oui ? » Il sourit, les yeux en lac, avant de l'embrasser, doucement. « on aura... on aura peut-être pas les plus nombreux souvenirs, mais ça sera mes plus précieux. ça... on va pas mentir, hein ? ça...ça fait peur, et ça fait mal, aussi. mais... mais je veux, ça. écrire l'histoire de nouveau, elle serait pareille...chaque détail...chaque petits détails, tout pareil. parce que c,est toi, moi, et notre histoire. elle est comme ça, simplement. » Il le serre, là, délicatement dans ses bras. Y'a une ou deux larmes qui coulent, de ses yeux miel. Mais il est bien, Niel. Il est bien. « Le temps, il s'arrêtera pas mais... mais toi, tu seras toujours figé dans mon coeur. Tu ... tu partiras jamais de là. » Parce que c'est comme ça. Comme ça, simplement.
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