Feuille de personnage ♒ âge: vingt-trois ♒ profession : classeuse de morts (réceptionniste aux columbarium ) ♒ le choix du coeur: brisé. jeté. fracassé.
Sujet: le reflet de la marrée (andreas) Dim 30 Juin - 15:51
T'as les pieds gelés ; c'est normal, le sol est glacé, le sable est figé. Mais quelle importance ? Le vent est frais, et les cons sont partis. T'es seule, là, en compagnie des oiseaux abandonnés, des âmes délaissées. T'es là, tout juste là, les pieds nus contre le sol de la plage. Tu marches, sans savoir pourquoi, sans savoir où t'as bien pu les abandonner, tes saloperies de soulier. Ça a une importance, de toute manière ? Tu n'crois pas, non. T'as juste foutu le camp avec la bagnole, au milieu de la nuit, après une énième engueulade avec Lou. Un truc con à propos d'un aliment manquant. Le lait p'être. Elle en boit toujours, du foutu lait. Tu sais pas trop. Qu'importe, en fait. N'empêche que t'as foutu le camp, comme ça, sans te casser la tête, sans bas ni souliers. T'aurais bien t'en fumer une, pour décompresser un peu, pour rentrer dans une heure, peut-être, avec du lait trouvé quelque part en ville, mais t'as pas la foi. T'as pas la foi, parce que t'as aucune foutue clope, sur toi. Que t'as les nerfs liées, l'esprit carrément constipé. T'as pas envie de penser que t'as eu tord de lui crier dessus, en fait. Lou, elle voulait juste un peu d'lait pour ses biscuits, en fait. Et toi, t'as pété un câble que pour ça. T'imagines déjà ton frère rire de toi, quand tu lui raconteras. Il dira que t'es sur le point d'avoir tes règles. Tu grimaces, à cette pensée, avant d'enfouir tes orteils dans l'sable, tout crispés. Tu détestes ça, ce rappel constant à ton putain de statut de femme. Se rappeler constant à c'que t'es pas ; un homme. Parce que ça saigne, entre tes cuisses, et que ça dégouline.
Tu soupires, brusquement, et sort tes orteils du sable. ils s'agitent un peu, complètement gelés, presque figés. Ils te font souffrir, en fait, et tu te trouves franchement conne d'avoir oublier de mettre tes souliers. Et comme par hasard, ce soir, aucun con à oublier ses chaussés dans le sable, pour une fois. Tu ricanes tout bas, avant de ramener tes bras contre toi. T'es bien con, oui, juste là, au milieu du froid. La lune te sourit chastement, ne commentant pas ta bêtise. Tu la remercie presque d'un hochement de tête, le regard dur, avant de marcher vers la cabine de rangement de ces fendants de lifeguard. Le cadenas est à peine fermé, parce qu'ils sont certainement trop attardés pour savoir comment faire, en fait. Le vent te gifle la joue, fortement, alors que t'y rends. Ça te fait marrer, mine de rien, qu'il vente aussi fort ; t'as l'impression qu'une tempête se prépare, et pourtant, le ciel est vide de tous, sauf d'étoiles.
Tu grimaces parce que c'est froid, contre tes doigts, quand t'ouvres le foutu cadenas. Il est tellement vieux, ce con, que tu sens la marque de la rouille qui épouse tes doigts. Tu t'en fiches, pourtant. Tu t'en fiches d'être sale ; t'es pas une meuf, après tout. T'es loin d'être une meuf, en fait. Alors tu la gardes, cette rouille, contre tes doigts. Tu la gardes, et puis tu rentre dans cette putain de cabine. Il fait noir, mais t'as ton briquet, à défaut d'avoir une foutue clope sur toi ; tu l'allumes, au travers du noir, et tu cherches une paire de tong, ou n'importe quoi pour pas que tu crèves de froid. Au creux d'tout ça, t'entends l'vent qui agresse le bois, qui s'faufile dans les craques et qui crie, contre tes oreilles. Ça te rappelle les histoires d'horreur de ton frère, et puis les légendes de la ville ; tu souris, un peu, comme si la chose avait un effet apaisant, sur toi. Et puis rapidement, tu fronces des sourcils ; un bruit, juste là, qui est pas un cri. Un bruit de pas, juste là, au delà de la porte. T'as les yeux petits, à essayer de voir au travers de la porte si c'est une bête, un animal errant, ou alors une âme errante de Douvres comme il y en a tant.
La porte s'ouvre, et elle claque, à cause de l'agression du vent. Tu grinces des dents en sentant de nouveau sa caresse brusque contre ta peau. Une silhouette se glisse, mais tu la vois pas. Tu la vois que grande, et puis mince. Tu la vois les bras tout contre elle, certainement à cause du froid, et fermer la porte avec force. La lueur de ton briquet est morte, à cause de la rafle de vent. Tu serres les dents, retenant une insulte comme il se doit. « putain » que tu dis quand même. T'essaie de l'allumer à plusieurs reprises, mais il veut rien savoir. Il fait sa salope, celui-là, et puis enfin, quand il se laisse faire, tu vois les traits d'l'autre. T'aurais préféré mieux pas. « Ah Strømsen, qu'est-ce t'fous là toi ? » Tu grimaces, dégrade tes traits, par ce fait. Tu voulais pas l'voir, celui-là. Cet efféminé là. Ses traits d'meuf dansent, par la lueur du briquet, et t'en reconnais encore une certaine beauté. Et ça te fait chier, sérieusement. Tu supportes pas ce mec avec ses airs de gamine. C'est un peu con, quand même, parce que t'es l'parfait contraire de sa personne. Mais vaut mieux pas y penser. Et vaut mieux pas t'le dire, aussi.
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Sujet: Re: le reflet de la marrée (andreas) Dim 30 Juin - 18:50
Encore une journée banale chez les Strømsen. Tu te fais réveiller par ta jumelle d’une façon plus ou moins sadique, tu t’en venges au petit déjeuner en lui envoyant ton bol de lait dans la face. Tu penses qu’elle l’a largement mérité, et tu as surement raison. Mais tu sais que tu ne vas avoir la paix tant que tu répondras à ses méchancetés. Mais tu aimes ses disputes entre jumeaux, ça te fais oublier que votre relation n’est peut-être pas aussi seine qu’elle semble l’être. Pendant ta douche, elle te coupe l’eau chaude, et tu es obligé de sortir de la salle de bain en serviette pour aller remettre de la chaleur sous ce pommeau. Mais quand tu y reviens, elle t’a piqué la place. Ça n’a pas l’air de la déranger que tu la voie nue. Mais tu sors rapidement de la salle de bain comme si une voix, celle que tu considères de la raison te conseilles de le faire. Tu décides de t’enfermer dans ta chambre dans laquelle, encore une fois, ta jumelle t’a rejoint cette nuit. Elle a peur du noir, et elle avait froid, alors tu l’as laissé s’installer à côté de toi et s’endormir sur ton torse. Tu sais que tu n’aurais pas dû. Que ce n’est pas « normal ». Mais tu sais aussi que, de toute façon, toi-même tu n’es pas normal. Lorsqu’elle sort de sa douche, tu peux enfin finir de prendre la tienne, et tu t’habilles pour ta journée de boulot.
Tu es en retard sur ton article de la semaine, ton boss t’a demandé de ne pas mettre ton avis, mais cela te semble quelque peu impossible. Il veut que tu écrives un article sur la pêche en pleine mer en restant objectif. Mais tu as ton propre avis sur la question, et tu ne veux pas que les gens pensent l’inverse de ce que toi tu as pensé en écrivant ton article. Tu arrives à ton boulot et ton chef t’accueille avec ce sourire que tu connais si bien. Une seule ligne, d’un côté de la bouche, étendu presque jusqu’à l’oreille. Il veut te faire faire quelque chose que tu n’aimes pas. Allez chercher du café pour tout le monde ? Non, certainement pas. Son sourire ne serait pas si sadique s’il ne s’agissait que de ça. Puis, tes yeux se font interrogateurs. Et là, il te déballe ce qu’il voulait te dire. Tu n’auras pas à t’occuper de l’article sur la pêche cette semaine puisque, de toutes les manières, il sait que tu ne l’as pas commencé, il veut que tu prennes des initiatives, et que, comme tu n’es bon que dans la subjectivité, il souhaite que tu écrives un essai. N’importe quoi. Tu lui avais dit que tu écrivais, mais il ne t’avait jamais pris au sérieux. Ou du moins, c’était ce que tu pensais. En fait, il avait parlé avec ta sœur en la croisant chez un commerçant et elle lui avait raconté l’histoire d’un de tes essais. Ça lui avait plu. Il te demande donc de le corriger, ou même de le réécrire s’il le faut, et de lui apporter le lendemain pour qu’il le publie dans le journal. Il t’explique que s’il reçoit des critiques positives, il en publiera une toutes les semaines jusqu’à ce qu’un vrai éditeur te repère. Tu ne sais pas pourquoi il fait ça, lui qui a toujours été si odieux, mais tu lui sers la main rigoureusement et fonce vers ton bureau pour commencer à travailler.
Vers 18 heures, tu dois rentrer chez toi, mais ton essai n’est qu’à un quart corrigé. Autant dire que tu as préféré le réécrire en reprenant les idées de bases. Tu racontes ta vie, mais sans vraiment l'avouer. Un garçon balancé entre deux patries et qui, au final ne trouve son vrai chez lui que lorsqu’il quitte ses racines et reste avec la personne qu’il aime. Tu comptes bien changer cette fin premièrement parce qu’elle est un peu trop rose bonbon à ton goût mais aussi parce que tu te dis, qu’encore une fois, ce n’est pas « normal » que tu ressentes ça. Tu prends ton ordinateur portable sous le bras et tu traces jusqu’à chez toi. Ta sœur est surement déjà rentrée puisque tu ne parvient pas à ouvrir la porte. Elle entend surement le cliquetis que font tes clés lorsqu’elles ne parviennent pas à tourner la serrure et elle vient t’ouvrir avec un sourire aux lèvres. Ça ne t’étonne pas. Elle devait savoir ce que ton boss allait faire aujourd’hui et ce qu’il allait te proposer. Tu lui mets un coup dans l’épaule. Elle rigole. Elle sait que c’est une preuve d’affection. Tu rentres dans la salle à manger pour poser tes sacs et tu vois que la table est mise et qu’une pizza est posée sur la table « On doit fêter ça » te dit-elle. Mais tu repenses aux nombreuses corrections que tu dois encore apporter à ton essai pour demain. Tu décides quand même de t’assoir avec elle et de manger un bout. Une fois fini, tu fonces dans ta chambre, allume ton ordinateur et commence à retaper dans essai. Lorsqu’elle te rejoint et s’assoit à côté de toi, tu lui demandes gentiment de s’en aller. Tu te contreras mieux sans elle. Ou c’est ce que tu lui dis. Mais tu sais que tu n’as juste aucune envie de voir sa réaction lorsqu’elle comprendra que ton essai parle de votre relation et de vos parents. Tu sais qu’elle le découvrira bien assez tôt, et tu sais qu’à ce moment-là, elle te fera la gueule pendant un petit moment. Tu pensais, surement naïvement, qu’elle partirait simplement, mais tu vois bien que ce n’est pas de son avis. Alors tu lèves la voix. Tu ne le voulais pas, mais c’est automatique. Tu es à fleur de peau, et tu veux qu’elle te laisse. Tu ne parviendras pas à te concentrer si elle est là. Mais elle se met à crier à son tour. Et tout dégénère très vite. Les chaussures volent à travers l’appartement et tu pars en claquant la porte.
Arrivé sur la plage, tu te rends compte que, comme un débile, tu as oublié de prendre un pull. Ce n’est pas non plus comme si tu étais parti gentiment et calmement de chez toi. Tu marches dans le sable avec tes tongs. Tu allais t’assoir, mais elle t’a suivi. « Putain, mais tu vas me lâcher oui ? » lui craches-tu au visage. Elle reste pétrifiée, comme si elle avait reçu une balle en plein ventre. Elle voulait surement s'excuser, et tu l'as coupé dans son élan manifestement. Tu peux sentir sa douleur passer dans ces quelques centimètres qui vous séparent. Et tu cours. Tu cours le long de la plage en pleurant. Tu te réfugies dans la première chose que tu trouves. Un genre de cabane de rangement. Tu remarques bien vite que tu n’es pas seul. Et tu connais la personne avec qui tu te retrouves. Elle t’agresse. Tu n’as pas vraiment besoin de ça en ce moment. Déjà, elle t’appelle par ton nom de famille, alors qu’elle connait ton prénom. A-t-elle trop de dédain pour toi pour t’appeler par ton prénom ? Énervé, tu lui réponds sans vraiment te rendre compte de ce que tu lui dis, ou du moins, tu ne le réalises pas « Je me cache, j’ai froid ! Et toi, Miss, qu’est-ce que tu fais là ? » Tu ne réalises pas vraiment si tes propos sont blessants ou non, et d’ailleurs, tu t’en fous. Ta voix est tremblante parce que tu n’as pas totalement fini de pleurer. Mais ça, tu essayes de le cacher. Sans grand succès.
Dali Lazarre
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Sujet: Re: le reflet de la marrée (andreas) Sam 6 Juil - 22:30
T'as envie de cracher à ses pieds, de lui faire regretter de s'être pointé. T'as beau lui avoir poser une question, en fait, tu t'en fiches pas mal, de sa réponse. Tu te fiches de sa personne, de son être, de son existence, tout bonnement. Sa vue te donne le tournis, et t'as envie de boire, et de cracher, de vomir et de te détourner. Tu ne le supportes pas ; c'est le reflet bien trop morbide d'un miroir déglinguée. Tu as l'impression d'être dans le labyrinthe des miroirs, depuis que tu as fait sa connaissance. À chaque fois que tu croises ses traits, que tu te plonges dans ses prunelles, tu vois la déformation étrange de ce que tu es ; tu détestes cela. Tu le détestes, pour être comme toi. Tu le hais, car il aime les femmes et les hommes, d'après ce que tu sais. tu le méprises, car il n'a pas envie de devenir ce à quoi il ressemble, soit une femme, lui. Il est semblable à toi, et pourtant, il est si loin de toi. Tu grimaces, ainsi exposé à ses traits ; t'aimerais mieux voir de la merde, présentement. vraiment. T'as trop les nerfs à vif ; en fait, il t'a absolument rien fait, celui-là. C'est juste une foutue blague du destin, que t''aies dragué un mec sans t'en rendre compte, alors que t'es en couple, en plus. Une bonne gifle en pleine gueule quoi, un truc pour te garder un calme quelque temps, et pour remettre ta fidélité en place. Mais voilà t'as les nerfs à vif. Alors là maintenant, oui, t'as envie de lui en mettre une, de lui foutre un coup de poing dans le ventre, et de voir s'il se bat comme un mec. S'il a les couilles, ou alors n'importe quoi du genre.
Ça serait con, aussi, de faire ça. Parce qu'il te suffit que d'voir ses traits pour savoir que ce mec là, il a aucune couille. Dieu a oublié de les lui foutre, et c'est toi qui en a hérité. Un sens spirituel ou peu importe du terme, bien sur. Alors, tu grimaces. Tu grimaces, les dents bien serrées, une envie de foutre le camp aux tripes. Tu le supportes pas, là, avec sa mine larmoyante. Sa gueule de faible, de meuf à découvert, demandant qu'à être sauvé. Tu pourrais presque en avoir pitié ; elle est bonne, après tout. Il est bonne. « Je me cache, j’ai froid ! Et toi, Miss, qu’est-ce que tu fais là ? » Mais chiant ; particulièrement chiant, ouais. Tu roules des yeux, le briquet près des doigts, à demi ouvert, la lueur presque morte. Ça te tient au minimum au chaud, et aussi, ça fait luire l'éclat des larmes, sur les joues de l'ange blond, juste là, en face de toi. Tu finis par te laisser tomber sur une boite à demie détruite en bois, surement pour les homards, les crabes, ou une connerie du genre, quoi. Tu renifles ; t'as chopé la mort, surement. Ça serait sans surprise, avec un temps aussi merdique que ça. Tu soupires, fort, sans prendre la peine de répondre à l'autre. Il a pas à savoir ce que tu fais là ; c'pas à lui que t'irais raconter ta vie, si tu en avais envie. Il a parler d'un miss, en plus, et ça, c'pas pour toi. Parce que t'es pas une miss, et tu réponds pas, quand on appelles les miss. Les miss, tu les veux, tu les dragues, point barre. Tu es bien loin d'en être une.
Mais tu as les orteils gelés, là, sous le sable humide. T'as beau essayer de garder tes doigts de pieds hors du sable, ils finissent toujours par s'y enfoncer, comme si c'était le réflexe du nouveau né. T'en as un peu marre; avec la lueur du briquet, tu as l'impression qu'ils tournent au bleu, mais ça doit juste être ta peur qui te mène par le bout du nez. Tu soupires, encore, toujours, avant de ramener tes orteils contre toi. Tu lèves un regard noir vers le blond, ou la blonde, qu'importe, qui est toujours là, sans bouger. « bouge tes fesses, blondasse, et colle toi un peu. j'ai certainement pas envie de mourir de froid. » et c'est vrai, foutrement vrai. Le vent souffle fort, beaucoup trop fort même, contre votre minable petite cabane en bois ; quelque chose te vient que c'est pas fini encore, et que ça durera longtemps, cette nuit. pas que ça te fasse plaisir, encore moins sourire, mais c'est une constatation à laquelle tu peux pas échapper, tout bonnement. Et t'as besoin de te réchauffer, de te tenir au chaud ; t'as blondie, autant profiter de sa chaleur avant de te les geler. « quoi ? » que tu grognes, en voyant qu'elle ne bouge tout bonnement pas. Il bouge toujours pas, pourtant. Tu grognes encore. « bon tu fais chier ; en plus de chialer, t'es même pas capable d'écouter.» Tu t'frotte les bras d'tes mains, pour te tenir un peu plus au chaud, et puis tu te lèves d'un coup sec, avant de chercher de nouveau. Tu te dis, là, juste là, les pieds gelés, les lèvres presque bleutés, l'esprit dramatique, que t'aurais pas pu tomber sur pire.