La danse continue, des visages disparaissent dans le foule, d'autres viennent les remplacer. Les masques tombent, les vapeurs d'alcool se font plus persistantes, plus accrocheuses. J'ai pour une fois l'impression d'être l'un des seuls encore un peu lucide ce soir. C'est terminé le temps des soirées chaudes entre soldats en manque. Un sourire se dessine sur mes lèvres, pour Elsie et Felipe, jusqu'à ce que son corps s'éloigne de notre présence. Mon regard suit ses mouvements qui terminent par s'échouer sur un autre gars. Un inconnu parmi tant d'autres. Y a Fel, que la plupart des gens connaissent et puis y a Ilir, le sauvage non identifié. L'idiot avec un air de connard, incapable de lâcher une phrase complète. J'suis bien, là, dans l'ombre, un verre à la main. Mais y a ce p'tit con qui veut profiter de la soirée. Ce p'tit con au visage cabossé qui retrouve finalement le sourire. « On va autour du feu ? » C'est à ce moment là, je crois, que j'me force pour lui offrir un faible sourire mais sincère. « J'te suis. » Sa main attrape brusquement la mienne, et le récipient, bah, il se renverse sur Fel, dans la foulée. « Merde. » J'évite un 'fais gaffe à ce que tu fais', pour pas le foutre un peu plus en rogne. Puis, c'est pas le moment de gueuler pendant les présentations. « Ilir, Marcus. Marcus, Ilir. » Mes yeux fixent encore la tâche humide jusqu'à rencontrer le regard de Marcus et lui offrir un signe de tête en signe de sympathie. La seconde d'après, mes doigts se dérobent de Fel tandis que je m'approche du tas de bois et de ses créateurs.

Il l'appelle, au milieu de la foule en attendant de le trouver. Marcus, il s'humilie bien à utiliser des petits noms, mais ça le fait rire. Et puis, étant chez lui, il a bien le droit de faire ça non ? Puis il trouve Fel, le prend dans ses bras machinalement. Cette bromance. « un feu ? vous faites un feu ? » Il agite la tête de haut en bas pour toute réponse, à toute vitesse. Il a le sourire laid. Celui d'un gros gamin. Marcus, il attend Fel. Il attend qu'il rassemble ses amis. Il attend pour aller jour près du feu. Il regrette un peu l'absence de Paul sur le coup, ils auraient été trois ocns à danser autour. La prochaine fois, espérons. « ouais, j'viens. t'as des plumes, mon gars ? par contre, j'garde le haut hein. les moustiques, pas trop envie. » Il le regarde de haut en bas, sans trop comprendre pourquoi il dit ça, là. « Parce que, t'as l'intention d'enlever le bas peut être ? » Puis il rit en se moquant, passe un bras au dessus de l'épaule de son pote et le traîne. « Par contre, pour les plumes, je crains qu'on n'ait que celles qui remplissent ton slip. Mais bon, on fera avec. » Il commence à l'entraîner pour partir, mais ça suit pas. Il attend. Il attend que Fel fasse les présentations pour que tout le monde y aille. « Ilir, Marcus. Marcus, Ilir. »Il sourit, du genre sympa avant de lâcher un « Salut mec' » Et à nouveau, il tire la file qui suit vers le bûcher bien enflammé. Semblerait qu'ils aient réussi. « DALIIII ! Faut qu'on joue aux indiens et qu'on sacrifie quelqu'un. » Tu dis en cherchant des yeux une victime.

Y'a des étoiles dans tes yeux alors que tu observes comme une gamine les flamme qui dansent. Elles sont jolies, là, sous tes yeux, emplies de souvenirs d'autrefois, des souvenirs de toi toute petite, et puis de Marcus qui l'était tout autant. Du temps où vous étiez trois, juste trois, et que tout était bien, comme ça. Juste avant que vous ne soyez grand, en fait, et que le monde vous prenne tout entier. « DALIIII ! Faut qu'on joue aux indiens et qu'on sacrifie quelqu'un. » Tu clignes des yeux, un peu perdue, avant de te tourner vers lui, pour lui sourire. « un sacrifice ? » Y'a le bonheur, là, dans ta voix, le petit plaisir qui ne te quitte pas. Et puis tes yeux qui vagabondent au travers de la foule, sagement. « lui » Que tu balances, doucement, en pointant Aristée du doigt.

Tu les laisses faire. Là. Tu les laisses s’agiter et tu t’assoies. Tu regardes le feu. T’as toujours été fasciné par sa couleur, sa façon de danser, et de tout détruire. Tu souris un peu. Tu les écoutes un peu distrait. Tu entends Marcus crier à Dali qu’il faut faire un sacrifice. Ça t’fait penser à tes sacrifices à toi. A ceux que t’as cramé pour faire fuir cette vie sans saveur. Puis finalement, ça n’a pas tant changé que ça. T’es toujours à faire semblant. « lui » Son doigt s’est posé sur toi. Le sacrifice. Tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un rire. C’est comique ça tient. Toi, sacrifié par le feu. Tu ne sais pas bien si tu dois en rire ou en pleurer. Pourtant, tu lui souris. Pour pas faire foirer sa fête avec tes idées soudain un peu noires. Tu te préfères avec l’alcool joyeux tient. « Moi ?! » Tu te lèves, t’approchant d’elle. « Tu veux me sacrifier moi ?! » tu hausses un peu les épaules. « Ok. » Et alors, tu t’approches du feu. Avec cette petite lueur un peu effrayante dans le regard. Tu t’approches, la main tendue devant toi, comme si tu voulais le toucher. Et tu veux le toucher.

La vie danse au travers de ses prunelles alors que Felipe, le coeur chantant, il suit sagement Marcus dans la foule. Le feu est haut et grand, immense pour eux, tout petits, et il ne peut s'empêcher de l'observer avec de grands yeux, penchant un peu la tête vers l'arrière, au fur et à mesure des pas, pour le voir bien en entier. Il en manque même le pas, un petit moment, tangue vers l'arrière et s'échoue contre le torse d'iIlir. Sourcils froncés, il le dévisage en silence, sage ou alors mesquin, avant de sourire. « Je t- » Boule d'émotions, il ne cesse de prononcer les mots, et heureusement cette fois, Marcus interrompt le tout. « DALIIII ! Faut qu'on joue aux indiens et qu'on sacrifie quelqu'un. » Felipe cligne des yeux, observe le feu, les jumeaux Lazarre, et puis grimace, lorsqu'un blond s'approche des flammes. « c'que vous êtes cons. » Il tangue, là, attrape l'idiot par le bras, et puis l'assoit sur un tronc, là, devant le feu. « marcus, conte un truc sympa. » Il s'assoit à côté de l'idiot du feu, l'observe un moment, les sourcils froncés, avant de tourner les yeux vers Ilir, qui est loin. Il tend la main, la mine d'un gamin mécontent, sur les traits. « ramène toi ici. » Il tend les doigts, sagement, pour l'avoir juste là. Et puis, l'esprit un peu plus clair. « pourquoi mon chandail est mouillé ? »

Il y a ce sourire, petit et pourtant grand, sur les lèvres d'Edwin, quand il sent son parfum, au travers du vent. Qu'il entend tout son petit boucan, là, derrière. MJ la belle tempête, celle qui fauche tout, sur son passage. La Mort, elle en serait presque jalouse. MJ, elle a eu son coeur, fauché en deux, trois ou quatre, et la Mort, elle n'a même pas été capable d'avoir sa vie. « nan mais t'es sérieux là ? t'es devenu con ou quoi ? parce que t'arrives là comme ça, tu te met à transgresser les frontières entre nous et puis tu te barres comme ça. mais merde edwin, tu me fais chier. tu comprendras jamais rien. » Il sourit, Edwin, parce qu'elle est belle, Marie Jeanne, dans ses cris. Elle est belle, là, avec ses mots qui claquent et qui brisent tout, et puis avec cette petite émotion, si fragile, dans la voix. Il a envie de tendre les doigts, de la prendre, comme un oiseau blessé, et puis de serrer les doigts, pour l'empêcher à jamais de voler. Edwin, il ralentit un peu son pas, tend la lumière vers elle, une seconde, vers le sol, la terre morte, pour voir ses traits. « t'es qu'un con. maintenant on rentre, t'éclaire le chemin mais je t'interdis d'être à moins de deux mètres de moi. » Il sourit un petit peu plus, en ramenant la lumière vers lui. Ça lui fait des traits macabres, de monstre, pendant une seconde, mais la lueur va se prendre entre les arbres, au loin, et les voilà dans le noir. Ils l'ont toujours été, au final, dans le noir. Le noir de noir, oui. « deux mètres, c'est combien de pieds ? » Il se fait espiègle, une seconde, avant d'éteindre la lumière, une brève seconde, pour se rapprocher d'elle. Ies herbes craquent, sous ses bras, son coeur bat, chamade. Il rit, tout bas, contre elle. « c'est deux mètres, ça  ? non? mords moi, alors. t'as mangé mon coeur, alors mange le reste. buffet, cette nuit. » Et puis il recule de quelques pas, un rire léger, entre les lèvres, avant d'allumer la lampe torche, de nouveau.

Il observe tout le monde, le sourire grand pour qui il pourrait choisir comme victime. Marcus, il aime bien faire ça, tyranniser quelqu'un en lui faisant croire qu'il va passer à la brochette. C'est la blague, tous les ans. Y'a qu'aux nouveaux qu'on peut la faire. « un sacrifice ? » Et puis, y'a le sourire de Dali qui se joint au sien. Là, ils ont vraiment l'air de jumeaux, le même air machiavélique sur le visage. « lui » dit-elle en pointant Aristée, qui c'est sûr ne sera pas vraiment au courant des coutumes des rigolades plutôt - des deux Lazarre. « Moi ?! » comme descendu de son nuage, Aristée réagit. Marcus rit. « Tu veux me sacrifier moi ?! Ok. » Et le blondinet se dirige vers le feu, dans le même genre qu'un attardé mental. Marcus rit un peu, puis plus du tout. Il se dirige vers le petit en criant « Putain Aristée mais t'es d'un débile ou quoi ! » mais il a pas le temps de le toucher, c'est Fel qui réveille le petit con. Marcus qui se blase sur le coup. Manquait plus qu'il fasse son intéressant l'autre. « c'que vous êtes cons. » affirme Fel. Ouais, on s'demande c'est à qui ici qu'il manque un grain, mais Marcus dit rien, préférant laisser les incident derrière lui pour pas gâcher la soirée. « marcus, conte un truc sympa. » Et il prend place, à côté de Dali tandis que tout le monde arrive pour écouter l'histoire, pour discuter autour du feu et veiller les morts. « je peux peut-être vous raconter comment ce champs est passé de cimetière à propriété familiale de la famille Lazarre. » lâche t-il en riant avant que l'on se mette à l'écouter. « ouais, ça date de pfiouu, presque deux siècles, quand y'avait encore de grosses épidémies. à l'époque on pouvait pas enterrer les gens comme ça en ville alors qu'ils étaient mort de maladie, c'était parano les gens alors on les emmenait ici, vu que y'avait rien. et ça, ça a duré un moment. puis y'a plus eu d'épidemie et les gens de la ville, ils avaient la flemme de venir là pour veiller les morts. alors quand papi lazarre premier du nom s'est pointé là, il l'a acheté. bien sûr, il a dégagé les carcasses. enfin la majeure partie puisque nous, quand on retourne la terre au printemps, on déterre des ossements parfois. c'est mal, on viole le repos des morts. alors du coup, il est de coutume de faire un feu la nuit de la toussaint, pour demander pardon. voilà » Et il a son sourire, celui de quand il se moque. Mais qu'importe, personne le déchiffre celui là.

Elle a les sourcils froncés. Les poing serrés. Elle est prête à foncer dans le tas, le renverser au sol, le frapper et le laisser là. Parce que Marie-Jeanne, c'est ça qu'elle fait quand quelqu'un l'embête, elle, elle a pas les mots pour l'aider à se défendre, elle n'a que les poings alors elle fonce. Mais là, c'est Edwin. Puis c'est elle qui s'énerve toute seule aussi, alors y'a pas de raison d'agir et vite, elle se calme, ou du moins se rend magnanime. Elle veut rentrer chez elle. Se met en chemin et exige de lui de la distance. Alors elle le suit, doucement, pour prévenir au cas où il voudrait ralentir pour elle. Elle se guide à sa lumière qu'il finit par diriger vers elle. Elle se stoppe, histoire de ne pas avancer quand celui ne le fais pas. Pour pas réduire la distance. Y'a eu assez de trouble pour ce soir. . « deux mètres, c'est combien de pieds ? » Il demande presque bêtement, mais Marie-Jeanne n'y croit pas. Elle le sent quand la lumière va sur lui, il joue. Il fait chier. Il s'approche. Il se moque d'elle. « c'est deux mètres, ça ? non? mords moi, alors. t'as mangé mon coeur, alors mange le reste. buffet, cette nuit. » Et la colère remonte en elle, les poing se serrent. Elle veut frapper. Elle le fait, mais trop tard. Il est déjà hors de portée. « deux mètres, c'est la distance dont t'as besoin pour pas te prendre mon poing dans la gueule. » Elle grogne. Sans effet. Maintenant, elle l'imagine qui se moque d'elle, ça la fait chier encore. L'emmène à se questionner pourquoi elle l'accompagne.« oh puis, tu me fais chier. j'ai même pas besoin de toi,j'ai pas peur du noir, je vais rentrer seule. salut. » Puis elle s'écarte du chemin, en faisant la gueule, en resserrant la veste de l'autre idiot pour ne pas avoir froid, et elle marche, sans rien y voir. Qu'importe.

C’est le gamin avec son histoire mélodramatique qui t’arrête. T’aurais bien aimé toucher le feu toi. Peut-être parce que tu planes un peu trop haut. « Putain Aristée mais t'es d'un débile ou quoi ! » Probablement ouais. Probablement. Tu te contentes d’hausser les épaules. T’as pas envie de leur expliquer. Le gamin t’a assis sur un tronc d’arbre. La, juste devant le feu. Marcus commence son histoire. Et toi, tu descends de ton troncs pour venir t’allonger par terre un peu plus loin. Pas loin des Lazarre. Tu fermes les yeux, et tu écoutes la voix du brun. Douce voix mélodieuse. T’as envie que Dali vienne contre toi. T’as envie de la serrer un peu. Pour avoir plus chaud. Puis peut-être aussi parce que t’as envie de sentir sa présence. Mais tu dis rien. Tu te sentirais trop con de lui demander. Et puis, elle n’accepterait même pas.
Brusquement, tu te sens seul. Malgré tous les gens autour de toi. Tu te sens seul.