Ca crie. Ca hurle. C’est un peu le bordel ici. Tu croyais qu’elle allait venir te voir, mais finalement, c’est vers le boucan qu’elle se tourne. Alors tu te lèves toi aussi. Parce que t’aimes bien ça la bagarre. Alors tu vas voir aussi. Tu la regardes essayer de les séparer. Elle est marrante avec ses petits muscles. On dirait presque un mec. Tu vas te mettre à l’écart. T’as beau aimer ça, t’as pas spécialement envie d’entrer dans le conflit. Tu te retrouves avec une petite blonde à coté de toi. Une petite blonde qui se marre en regardant. Et tu peux pas t’empêcher de te dire que les gens sont vraiment des connards. Toi compris. A rire et sourire pour deux mecs qui se foutent sur la gueule. Elle sort une clope. Et évidement, elle te donne envie. « … Tu m’en file une ? » Tu le sens bien venir le ‘va t’faire mettre’ ou une connerie comme ça. C’est toujours des vipères ces filles-là. Le mec pousse un peu trop violemment Dali et tu commences à faire un geste pour intervenir avant de te retirer. C’est déjà bien le bordel sans que tu viennes y foutre la merde. Et puis, elle est grande Dali. C’est même elle qui le dit. Elle a pas besoin de toi. Tu lâches un petit soupire. « Et moi qui croyait que jm’emmerderais. »

C'est fou à la vitesse à laquelle le monde peut s’effondrer. Le coup sur sa mâchoire lui semble si peu douloureux, à côté de ses regards et de ses paroles. Pourtant, malgré la blessure qui prend place au fond de son âme, Felipe ne peut s'empêcher de tenir Ilir, fort, malgré la douleur et les larmes qui prennent forme. Parce que c'est Paul. Parce que c'est Paul, et que les cris, il les comprend. Il sait, oui, qu'il est lâche. C'est une fatalité qui lui colle à la peau. Alors, il se tait, il tient Ilir, et il baisse les yeux. Felipe accepte les cris, au milieu de la douleur. Parce que Paul a raison ; ils sont amis depuis toujours, depuis même avant, il lui semble. Il n'écoute pas les Lazarre, Felipe. Il n'écoute pas Dali, encore moins Marcus. Les paroles de Paul font écho. Il est brisé ; Paul est une partie de lui, le rire sur ses lèvres, et le voilà en train de s'éloigner. Il a foiré. Felipe a foiré. A trop vouloir se protéger, à trop vouloir se cacher, il a oublié de partager l'essentiel avec la personne qui compte le plus. Plus qu'Ilir, que Louve ou que sa mère, peut-être. « Vous entendez tout le monde ?! Ce connard-là, Felipe, est un putain de gay ! Une tafiole de merde qui s'assume même pas ! » Son coeur se tord, au creux de sa poitrine. Elle était comme ça, oui, la douleur, dans ses rêves. Moins pire, même, peut-être. Felipe lève les yeux vers lui, pour croiser son regard haineux. « tu n'as que ce que tu mérites, connard » À ses souvenirs, la mort de son père lui semble bien moins douloureuse que tout ça. Il s'est perdu. Il a perdu Paul.

Il fronce les sourcils presque prêt à grogner quand Paul repousse Dali. Disons qu'une manière plus douce aurait été plus appropriée, mais s'énerver de suite sur ça. Ce serait une connerie. Non. Marcus, il se contente pour l'instant de se mettre entre les deux, histoire que la machoire de Dali se retrouve dans le même état que celle de Fel. Puis Marcus, il veut savoir ce qu'il lui prend à Paul, pour agir comme ça, pour pourrir l'ambiance, pour gueuler, pour frapper. Bordel ! Sa bière était pas fraîche ou quoi ? "Il est gay" répond t-il et de suite, naturellement Marcus répond " Et alors ? " C'est ça qui le met dans cet état ? C'est ça qui lui donne envie de faire chier le monde. Vu les conneries qu'ils sont capable de se balancer, Marcus n'aurait jamais deviné une telle réaction.  " Vous entendez tout le monde ?! Ce connard-là, Felipe, est un putain de gay ! Une tafiole de merde qui s'assume même pas !" Il regarde, visiblement choqué par les propos. " tu n'as que ce que tu mérites, connard " Il soupire, puis lâche. " T'es ridicule mec' Fou lui la paix' " Il jette un regard à Fel, constate les dégâts puis soupire, une nouvelle fois. C'était clairement une mauvaise idée d'empêcher Paul de s'en aller. " Viens. Je t'emmène boire un bon truc, y'a que de la bière à deux balles ici. "  dit-il calmement en emmenant son pote et la mauvaise ambiance avec lui.

Elle rit. Pas fort bien sûr. Elle rit dans sa barbe de voir l'autre type de la plage en train de s'humilier en public, en train de gueuler pour rien, et elle espère un peu au fond que ça tournera à la dispute entre lui et les autres protagonistes. Au moins là, il lui donnera un vrai spectacle. Puis là, maintenant, elle est aussi sûre qu'il se mettra pas à lui réciter de la poésie. Au final, c'est plus intéressant comme ça. « … Tu m’en file une ? » Une petite voix à côté. Elle souffle, hésite quelques secondes puis finalement, elle accepte de la jouer sympa pour une fois. " ouais tiens' " Elle tend le paquet, retourne à l'histoire puis chope d'un bras le type à côté d'elle quand il commence à faire un geste pour intervenir dans l'embrouille. " Oh doucement Roméo, t'as rien à foutre là dedans. " dit-elle sans vraiment le regarder. La discussion passe. Finalement, elle comprend que de l'action, y'en aura plus. « Et moi qui croyait que jm’emmerderais. » Elle rit, encore un peu. Puis rétorque. " Te réjouis pas trop vite. On va s'emmerder à nouveau dans quelques minutes. "

Tu vois rouge ; rouge sang, même, et ce n'est pas à cause de la pédale qui saigne,contre le sol. Non, c'est à cause de ce connard qui ose te poser, sans gêne, comme ça, alors qu'il se trouve chez toi. T'as envie de prendre la bouteille de bière qui se trouve dans les mains d'un mec à côté et puis de lui éclater sur la tête, mais Marcus intervient. Heureusement, d'ailleurs. Les sourcils froncés, tu les écoutes parler. Comme des idiots. Crier fort que tel est gay, et qu'il est lâche. Ça te tue de voir la connerie des hommes, ça te prouve que tu fais bien, au fond, de pas les aimer. Y'a que Marcus, ton frère, qui en vaut la peine, à défendre celui au sol. Et puis à traîner l'autre dans la maison, après quelques paroles. Tu soupires et tu passe une main dans tes cheveux. Tu regarde autour de toi. « Bon ça va, c'est fini. Montez le volume et continuez d'boire, les vautours ! » T'élève un peu la voix, avant de te tourner vers le couple qui a attiré l'attention, ce soir. « J'crois que vous êtes les rois du bal, hein. aller, ramasse ta princesse, the rock. on va nettoyer sa plaie. » Tes doigts se glissent encore dans tes cheveux, tu soupires et tu vole la bière d'un mec, en passant à côté de lui, te dirige vers ta grange, ensuite, alors que les gays te suivent. Tu vois Ari, là, dans la foule. « Aristée, lâche la blondasse et ramène toi, j'ai besoin de ton aide ! » C'est faux, mais autant le surveiller. Elle te dit rien, la blonde.  Il l'observe un peu trop.

Tu récupères une cigarette avant de la porter à ta bouche. Et tu récupères son feu aussi. C’est plus pratique. Ils sont vraiment graves. Tous là. A gueuler comme des cons. Et toi t’es là. Ptete même encore plus con. A les observer avec ton regard blasé. Elle te retient la blonde. Mais finalement, tu t’étais retenu tout seul. Mieux vaut rester là à fumer calmement plutôt que de se mêler à tout ça.
Rapidement, tout le monde se disperse. T’es presque déçu. T’aurais préféré qu’ils continuent à se taper dessus. Nonchalamment, tu souffles la fumée de ta cigarette avant de prendre une gorgée de vodka orange. Tu tends ensuite la bouteille à la fille. « t’en veux ? » Finalement, peut-être que tu l’as jugé un peu vite. Elle est peut-être pas aussi peste qu’elle en a l’air. «  Te réjouis pas trop vite. On va s'emmerder à nouveau dans quelques minutes. » T’hausses doucement les épaules. « J’vois ça. » Dali s’approche de toi. Et tu la regardes. Encore. Elle est complètement barrée cette fille. Enfin fille. C’est vite dit. « Aristée, lâche la blondasse et ramène toi, j'ai besoin de ton aide ! » Tu laisses échapper un petit rire en soufflant de nouveau la fumée. Un sourire aux lèvres, tu te tournes vers la ‘blondasse’ avant de lâcher. « La blondasse voudrait-elle avoir la suite de l’épisode ‘je défonce du gay’ ? Avec les commentaires exclusifs des protagonistes ! »

Et maintenant, il pense qu'à calmer le jeu. Il sait bien au fond, que tout ça c'est qu'une erreur de timing. Il ne va pas s'en inquiéter plus que ça. Il prend Paul sous son aile, l'emmène loin et dans un dernier coup d'oeil, il voit Dali emmener Fel. Haha, ce soir les Lazarre gèrent. Ca le fait rire, rapidement. Il entraîne Paul loin de la fête, à la ferme, là où les bonnes bouteilles traînent et il espère qu'après quelques verres, ça ira mieux. Au moins, un peu. Ils arrivent devant la maison, et Marcus laisse Paul quelques secondes dehors le temps de prendre à boire. Il revient vite, de peur qu'il se barre en douce. Puis s'assied en demandant. " Alors tu m'explique ? Qu'est ce qui t'as pris ? "

Tout se passe trop vite, une sorte d'accélération du temps imprévue. J'ai l'impression de rater tout un tas de choses. Des épisodes qui me filent entre les doigts. Je ferme les paupières, les ouvre. Bam, c'est d'abord le coup de poing dans la tronche de Felipe. Je ferme, j'ouvre. Les cris en pleine figure, de l'incompréhension. La colère grimpe mais des mains me retiennent, les siennes certainement. Je respire, tant bien que mal. Les mots quittent la bouche de Paul comme la pluie descend des nuages, elles ne s'écrasent non pas seulement sur fel mais aussi sur moi. Sur toute mon âme qui brûle à voir son sang couler. Le cerveau tourne à plein régime, les muscles se crispent. Le processus de transformation commence lentement. Le soldat respectueux se liquéfie doucement, comme neige au soleil. Y a la facette plus sombre qui se réveille, celle que tout combattant possède quelque part, contre ses organes. Ouais, c'est bien connu, au fond, les hommes armés n'ont pas tous leurs neurones en place. C'est un putain de gros bordel qui naît là, à la vision de Paul les yeux rouges par la colère. Au regard de Felipe embué de larmes. Cette détresse que j'ai trop vu sur son visage pour l'accepter ce soir encore. J'ai envie de le détruire, soudainement, le brun. J'ai besoin de sentir le bruit de ses os craquer, là, sous mes doigts crasseux mais y a des personnes qui arrivent, qui tentent de calmer le jeu. Les poings serrés dans le vide, je n'en peux plus de les voir canaliser toute cette colère beaucoup trop forte. Mon regard trop clair pour cette nuit de détresse se pose sur les vautours mais déjà, une voix inconnue résonne à mes tympans. « J'crois que vous êtes les rois du bal, hein. aller, ramasse ta princesse, the rock. on va nettoyer sa plaie. » Et comme un putain de con que je suis, mon bras encercle Fel, pour l'aider à marcher jusqu'à la grange, l'empêcher de tomber sous le choc des paroles de Paul. Parce que le coup de poing, c'était rien, rien comparé au reste. C'est bien parce que c'est son meilleur ami que je lui casse pas la tronche. Bien parce qu'il m'en parle avec des étoiles dans les yeux que je fais pas demi tour pour lui faire ravaler son venin et l'étouffe pas avec ses propres dents. J'reste d'abord silencieux, là, à regarder le sang couler de son visage. « ça va aller ? Faudrait p't'être que j'parte. Ouais, ça vaudrait mieux. » Après tout, la source de tout ce bordel, elle est ici : un putain de black aux yeux bleus. Mais oui, ça vaudrait mieux, parce que l'envie de détruire est trop forte. Elle tape, veut revenir à la surface et puis exploser, comme toutes ces foutues mines que j'ai vu exploser. Ouais, je suis une mine.

Il est perdu. Il est complètement paumé, le grand Cerbère, ce roi du cimetière. Parachuté dans le monde des vivants, comme un pauvre soldat à l'autre bout du monde. Et Cerbère, il n'en connait ni les règles, ni le fonctionnement. Autour de lui, y'a trop de corps qui s'entrechoquent. Le voilà qui vient de perdre Dali. Son seul repère, sa boussole. Elle s'est enfoncée dans la masse de corps qui dansent au rythme d'une musique trop forte pour ses pauvres oreilles. Alors Cerbère, il essaie tant bien que mal de la suivre. Il la maudit de s'être laissé convaincre de rester. Il l'insulte de tous les noms pour l'avoir abandonner avec ça. La foule qui se presse les uns contre les autres comme des foutus animaux en rut. Ils n'ont pas le temps de reconnaitre, pas le temps de s'écarter de son chemin. Alors le pauvre Cerbère se contorsionne dans tous les sens, pour les éviter le plus possible. Il essaie de retenir ses grimaces dégoûtées, par toute cette chair fraiche qui le frôle, lui, l'assistant de la mort. Ils ont tous l'air plus ou moins défoncés. Cerbère préfère ne pas y toucher, il sait que trop bien que ça ne peut que mal se terminer. À force de jouer pieds et mains, il finit par rejoindre Dali, elle n'est pas seule, tout un groupe autour d'elle. Et au sol, un homme, blessé. Il les suit jusque dans la grande. Moins de gens. Il ne parle pas, silhouette obscure, quelque peu menaçante. Il reste près de Dali, pour se sentir moins perdu, comme un gosse près de ses parents.

Il le voit ; Felipe connait assez Paul pour le voir, au fond de ses prunelles, ses regrets. Mais pourquoi , il se tait et il garde la mine basse. Il accepte les cris, et ignore les regrets, étrangement. Aussi beaux puissent être les remords, ils n'ont pas leurs place, selon lui. Il est coupable, simplement et tout bonnement coupable. Depuis le début, il n'a fait qu'accumuler mensonges par dessus mensonges, et la montagne, tremblante depuis quelques temps, pour les maigres morceaux qu'il retirait à son rythme, est brusquement tombé. Paul n'est pas responsable. Il est l'unique responsable. Felipe ne peut s'empêcher de lancer un regard soulagé à Marcus, pourtant, lorsqu'il traîne son ami au loin. Son coeur se tait et puis il fronce des sourcils,  quand la soeur de son ami le prénomme princesse. Les mots ne l'enchantent pas, mais il se tait, et traîné par Ilir, il suit la dame. Un soupir se glisse entre ses lèvres lorsqu'ils parviennent à la grande, lorsqu'Ilir le lâche et que les regards ne sont plus.  « ça va aller ? Faudrait p't'être que j'parte. Ouais, ça vaudrait mieux. »  Il le chasse d'un mouvement de main, lui lance un regard noir, et parle, enfin, malgré la douleur à sa mâchoire. « dis pas de conneries, putain. tu penses sérieusement que j'irais mieux si tu fous l'camp ? tu l'crois, hein ? j't'avertis, si tu t'en vas, je - » Il se tait. Il ne sait pas en fait, ce qu'il fera, si Ilir en venait à partir. « Reste, connard. » Voilà, ça suffit comme ça. Felipe détourne les yeux, un peu vidé de ses forces, certainement, avant de les tourner vers Dali. Dali et deux hommes, là, en sa compagnie. Le mec du cimetière et un inconnu. « pourquoi ils sont là ? Le mec au fond fout les boules. »

Arlène est occupée à danser avec son compagnon improvisé. Faut pas non plus, trop faire d'espoir à Dali qu'elle a précédemment frôlé pour s'amuser. Arlène, elle ferme les yeux en ondulant son corps au rythme de la musique. Les mains trop collantes de son partenaire ne la retiennent plus quand elle entend Paul gueuler. Il est en colère. Son cœur rate un battement et elle chasse l'inconnu de ses pattes. Il ronchonne mais Arlène en a rien à faire. Ce qui l'importe c'est son ami Paul. Ni même le murmure de Dali dans le creux de son oreille la perturbe. Et pourtant, ça aurait put. En quelques gestes de la main, Arlène se retrouve à proximité de Paul et des autres. Tout le monde se concentre sur eux, ou plutôt le petit groupe qui semble concernés par l'histoire. La jolie blonde voit Fel, allongé par terre, le nez en sang. Arlène se pince la lèvre inférieure et n'a pas le temps de retenir Paul qu'il s'échappe déjà au loin. Malgré tout, Arlène le suit doucement mais sûrement. Elle a bien comprit qu'il est jaloux de Illir. Et puis qu'il ne supporte pas l'idée que son meilleur pote ne lui est rien dit sur son homosexualité. Au fond, Arlène s'en doutait mais elle n'était pas la mieux placée pour le dire après tout...
Arlène ralentit quand elle voit le frère de Dali aux côtés de Paul. Alors, elle se tâte. Elle s'est arrêté de marcher pour regarder Paul et Marcus s'éloigner. Quand leurs silhouettes ne sont plus visibles, elle revient sur ses pas. Arlène aperçoit le portable de Fel. Il traîne dans le blé coupé, à ses pieds. Elle s'agenouille pour le récupérer puis cogne légèrement l'épaule de Fel.
« Tu as laissé tombé ton portable Fel. » Elle lui adresse un sourire amical. Au fond oui, elle s'en fou du mec qui bosse au cimetière. Bien que son esprit soit flou, elle reste un minimum consciente pour contrôler ses faits et gestes. Ou presque. Pourquoi elle scrute le visage de Dali ? Elle est belle sous la lumière des étoiles.

Ce soir, Ted est complètement en retard. On peut lui excuser étant donné qu'il passe énormément de temps avec Louve. Avant de partir et entre deux baisers, il lui a proposé de le rejoindre plus tard dans la soirée, dans le champs. Pour danser pourquoi pas. Malgré que son frère puisse les voir. Ted commence a en avoir un peu marre de se cacher. Fel a toujours su au fond pour eux deux, mais est-ce qu'il accepterait l'idée que sa sœur puisse sortir avec l'un de ses anciens amis ? Surtout dans le contexte actuel. Tes espère voir Paul aussi. En fait, il espère voir beaucoup de monde. Cassandre entre autre. Ted se presse, court presque et arrive enfin à bon port. Il attrape une bière, l'ouvre et boit un peu en marchant. La musique est bonne, il y a du monde. Il arrive à hauteur d'un groupe, formée au milieu, quelque part de cette immense foule de fêtard. Là, où des voix s'élèvent. Un peu trop sèches, un peu trop graves. Cela attire l'attention de Ted. Son visage se dessine progressivement derrière Arlène. Et il regarde étrangement la scène. Felipe, ensanglanté. Il s'en pince les lèvres.

Les sourcils froncés, tu as laissé les portes de la grange, de ta grange, grande ouverte. Mauvaise idée ; tu vois déjà du coin de l'oeil quelques zombies qui se ramènent sans aucune gêne, sauf qu'ils souhaitent des ragots, eux, et non des cerveaux. Tu peux pas t'empêcher de serrer les dents, alors que tu verses un peu d'eau glacé sur une lingette, en pensant à la connerie des gens. Le linge bien humide, tu te retournes brusquement, fonçant automatiquement dans une personne traînant dans l'ombre. « bordel de merde - cerbère, fais attention. » Tu soupires, presque soulagée. Il ne te fait pas peur, toi, Cerbère. C'est un peu ton meilleur ami, mine de rien. C'est surement pour cela, au fond, que tu lui jette un regard de la tête aux pieds, voir si quelqu'un ne lui a pas lancer un verre d'alcool ou quoique ce soit à la tête. Saoul, les gens sont cons, après tout. Un soupir traverse tes lèvres, puis, prenant place devant le grand blessé, tu lui colles la lingette contre la lèvre fendue. Il couine, et quelqu'un tapote sur son épaule. Arlène. Tu hausse d'un sourcil, croise son regard un peu lubrique. Un fin sourire orne tes lèvres et tu te concentre sur ta tache. En déviant ton regard, tu vois encore un zombie, là, qui s'est ramené. « vous vous pensez à la foire aux monstres, ou quoi ?! putain, c'pas une putain d'attraction, et j'crois pas que Sabourand, il apprécie ! »

C'est fou mine de rien, la foule qui prend place, là, autour de lui. Felipe a cette envie de crier, au fond de sa gorge, mais il se tait pourtant, en reconnaissant une bonne partie des visages. Il sourit un peu à la blonde, lorsqu'elle lui remet son portable. Même Ted, lorsque ses traits se dessinent, il n'ouvre pas la bouche. Parce que ça fait du bien, dans un sens, de le savoir là, dans les environs, malgré leur amitié un peu effacée, par sa faute. Il se tait, Felipe. À cause de la fatigue, de son corps qui tremble. De son coeur qui danse sur les bords de ses lèvres, sans s'échapper, et des larmes, surtout, qui essaient de franchir ses prunelles. Il se sent faible, dénudé, et pourtant, particulièrement soulagé. Les gens savent. Ils sont au courant. Ses doigts resserrent ceux d'Ilir, à cette pensée. Il se dit, au moins, que les choses sont faites ; il pourra être avec lui, se montrer et ne plus avoir cette foutue peur, au fond des tripes, de le perdre comme il a perdu Gabin à cause de sa lâcheté. « C'est bon, je m'en occupe, merci beaucoup ! » C'est fou, quand même ; les étoiles, là, dans ses yeux. « Elsie... » Sa gorge est tristement nouée. Il est heureux, le petit, - car Felipe, il se sent petit, ce soir - de la voir, sa Elsie. Sa douce Elsie. Il l'observe comme si elle était une merveille, avec les yeux encore plus vitreux, peut-être. Les larmes, certainement. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ?  » Il se contente de grimacer, sans répondre. Il grimace et puis détourne le regard, se laisse traîner mollement quand Elsie le tire, là, à l'extérieur de grange. Ses doigts ne lâchent pas ceux d'Ilir. « viens » qu'il murmure tout bas, entre ses lèvres. La supplication se trouve au fond de ses yeux. Au final, le trio s'installe derrière la grange, à l'opposé de la fête, dans le noir un peu, et surtout, dans le calme.

« Reste, connard. » Le surnom affectueux quitte ses lèvres, fait trembler mon cœur, légèrement. Y a une part de mon être qui s'en veut d'avoir déclenché une telle merde ce soir mais une autre facette ne peut s'empêcher d'être satisfaite. Ça fait trop longtemps qu'on se bat contre nos secrets pour y survivre éternellement, ça nous bouffait, inévitablement. Les gens défilent autour de nous, c'est à peine si je les remarque. Fallait s'en douter, au fond, que tout allait partir en vrille. Les cris ne résonnent plus, c'est déjà ça, on se croirait même dans un moment de calme. Mes doigts s'attachent à ceux de Felipe alors que je reste silencieux. Les mots restent coincés au fond de ma gorge. Y a juste un baiser, léger, qui vient se perdre contre ses cheveux, pour lui donner un peu de force peut-être. Ça marchera certainement pas mais qu'importe, j'ai besoin d'un contact pour me persuader que ça va aller. Un nouveau visage se dessine dans la foule, plus familier que les autres. J'ai jamais vraiment pris le temps de connaître qui ce soit à Douvres et pourtant, elle, elle se dessine dans mes souvenirs. Oui bien sûr, Elsie. « viens » Sur le moment, j'suis pas vraiment sûr de vouloir le suivre, non, j'ai toujours envie de partir, malgré ses paroles. Je me sens soudainement fatigué de tout ça, du comportement des uns et des autres. J'ai perdu l'habitude de ces mouvements de foule. Pourtant, fatigué, mes pas suivent les siens. Mon regard jette un coup d’œil au ciel, aux étoile fixes, sereines. Un vent frais passe entre nous trois, y laisse une caresse glaciale. C'est à ce moment là que ma main se détache de la sienne pour se perdre dans son dos et le caresser doucement dans l'espoir d'y faire naître un peu de chaleur. Et pendant tout ce temps, je reste silencieux. Silencieux comme une tombe parce qu'au fond, tout le monde le sait : Ilir est de trop.

Il y a un frisson le long de sa colonne lorsque ses doigts le quittent ; son coeur qui s'emballe un petit moment, ses sourcils qui se froncent et son regard, noir, qui se tourne vers lui. Mais ilir glisse ses doigts dans son dos, doucement, pour calmer la tempête qui commence à faire rage. Un peu, pas suffisamment, pourtant. Les nerfs de Felipe sont nus, incapable de se rhabiller. Il pense à Paul et ses mots, encore, à l'écho qui résonne sans cesse et puis à Ilir qui semble inconfortable. « arrête de faire cette tête, putain, je - » Il grimace, Felipe, avant de froncer un peu plus des sourcils et puis de l'embrasse, un peu brusquement peut-être, rapidement, surement. « ça va, okay ? alors arrête de faire la gueule du mec coupable. le bordel, c'est d'ma faute. et tu l'sais parfaitement, pour le foutu nombre de fois où on s'est engueulé à c'sujet là. t'as toujours eu raison pour ça, j'ai pas voulu comprendre, et voilà, j'me le prends en pleine gueule. c'tout. donc arrête de faire cette putain de gueule, okay ? » Il ne crie pas, étonnamment. C'est presque étrange. Il est juste lassé, en colère un peu, peut-être. Un peu brusque, mais doux pourtant, dans ses mots. Il lui adresse un léger sourire. « c'pas comme ça que j'te connais, connard. j't'aime, aller. me regarde pas comme ça » Il lui tapote la joue du bout des doigts; de ses doigts tremblants, oui. Puis, ses prunelles se tournent vers Elsie. « elsie, ilir. ilir, elsie. meilleure amie, petit ami, 'fin, vous le savez déjà » Un peu moins confiant, cette fois. Un peu moins, oui.

Il n'a pas le temps de déboucher la bouteille qu'elle est déjà dans les mains de Paul. C'est peut-être pas plus mal, des fois que l'alcool arrangerait sa colère. C'est un peu le plan de Marcus, c'est fourbe mais bon, s'il a des remords il ira à la messe. Paul parle. Il se confie et Marcus écoute simplement. Comprendre ce qui a déconné dans la tête de Paul, c'est par là qu'il faut commencer nan ? Il grimace en l'écoutant, mais le comprends. C'est salaud, mais sa réaction n'en était pas moins humaine. Marcus, ce grand justicier. Il sourit, pose la main sur l'épaule de son pote. Un geste pour le réconforter, genre. " Je vois. " répond t-il, calmement. Marcus est hésitant sur ses mots, il ne veut pas non plus accabler Paul de reproche, le pauvre regrette déjà ce qui s'est passé. " Tu sais, enfin tu te doute. Si Fel te l'a caché, c'était pas par plaisir. Oui, il aurait du le faire plus tôt, mais comprend le' Tu sais bien qu'il est bloqué, c'est un gros handicappé quand ça touche à des trucs perso. Ca veut pas dire pour autant que t'es rien pour lui. "

« t’en veux ? » Elle dit pas non. Elle prend. Elle boit. Et tout finit par se passer comme elle l'a dit. Les gens se dispersent, la fête reprend, et le chouineur s'en va avec ses potes. Elle soupire, alors que la soirée allait enfin l'intéresser. On repassera pour Halloween. « J’vois ça. » répond Roméo, elle l'écoute à peine. Elle suit les autres des yeux, pour un peu plus de commérage puis une voix se tourne vers eux. « Aristée, lâche la blondasse et ramène toi, j'ai besoin de ton aide ! » Blondasse ? C'est elle qu'elle appelle " Blondasse " ? Comme si elle n'était qu'une de ces petites connes insipide. Le poing de Marie-Jeanne se cherche, ses lèvres sont prête à renvoyer l'insulte, puis Roméo lui parle, l’interrompt dans son entreprise. « La blondasse voudrait-elle avoir la suite de l’épisode ‘je défonce du gay’ ? Avec les commentaires exclusifs des protagonistes ! » Finalement, elle ne rouspète pas. Disons que Roméo sait parler aux filles, et rien que pour faire chier l'autre. " Oh Roméo ! Je suis pas du genre à m'intéresser aux commérages, mais je vais accepter. " Puis elle le suit, à l'écart. Et tout le monde est là. La goudou. Les deux gays. Roméo. Elle. Même le croque mort. " C'est que tu m'as invité à une vraie surprise party. " commente t-elle tout bas pendant que les autres parlent entre eux, que ça joue du sentiment. D'autres meufs arrivent et bla bla bla. Finalement, c'est pas ça la surprise party. Trop niais le moment. Elle se retourne prête à partir. " Ouais, Roméo, tu m'as embarqué dans une fête trop sentimental. Y'a tellement d'émotion ici que j'ai l'impression que tout le monde vient d'avoir ses règles. Je me casse. " Elle lui fait un clin d'oeil, puis se retire à nouveau là où il y'a foule. Voir ce qu'elle peut y découvrir.

Elle t’intrigue un peu ta jolie blonde. Avec son cynisme parfait et son sourire à la con. Et t’es là, elle plantée à coté de toi à essayer de comprendre ce que Dali veut de toi. Pas grand-chose visiblement. Si c’était juste pour que tu regardes, c’était bien la peine. Tu lâches un petit rire à la remarque tandis que tu termines ta cigarette. Que tu peux pas jeter ici pour éviter de cramer la grange. Et ton toit par la même occasion. « Ouais, Roméo, tu m'as embarqué dans une fête trop sentimental. Y'a tellement d'émotion ici que j'ai l'impression que tout le monde vient d'avoir ses règles. Je me casse. » Tu souris en la regardant partir un instant. Ton regard se pose sur Dali. Là, pas loin. Faut que tu passes devant elle pour sortir. Alors tu vas vers elle. Tu vois bien qu’elle est pas contente. Tes petits sourcils tous froncés. Alors tu lui souris. « superbe soirée princesse ! » Tu rigoles un peu avant de déposer un bisou sur sa joue. Tu sais bien qu’elle déteste que tu l’appelles par ce genre de surnom. Par tout type de surnom en fait. Ta main passe un instant sur sa peau. Et alors que tu t’éloignes déjà, tu changes d’avis et te retourne pour lui lâcher un peu plus sérieusement « …viens t’détendre un peu avec nous. Jcrois que t’en as besoin. » Tu hausses un peu les épaules, souriant. « on a tout ce qui faut pour ». Tu attends un instant sa réponse avant de rejoindre ta belle blondasse.